écosystème
nos édifices comme la corydale jaune, le
polypode vulgaire et la doradille rue-de-
muraille. Dans le nord de l’Europe
nord-occidentale qui n’a ni reliefs monta-
gneux ni régions karstiques, les vieilles
maisons, bâtiments anciens et remparts
historiques aux joints disjoints présentent
ainsi des opportunités pour les espèces
cavernicoles ou rupicoles. Les autres
espèces de la ville qui présente une très
forte hétérogénéité de milieux, sont souvent
des taxons résistants et ubiquistes qui tolè-
rent ou supportent le piétinement, les
maigres ressources présentes dans les
anfractuosités des trottoirs ou au pied des
murs, la pollution ou les traitements herbi-
cides répétés. On rencontre ainsi en abon-
dance les capselle bourse à pasteur,
pissenlit, céraiste commun, sagine couchée,
véronique de Perse, séneçon commun,
cardamine hérissée, plantains divers,
renouée des oiseaux… De nombreuses
démarches d’inventaire et de suivi sont
entreprises pour mieux connaître cette flore
et cette « nature urbaine ». Elle est en partie
constituée d’espèces rudérales caractéris-
tiques des espaces abandonnés et riches en
éléments fertilisants (déjections animales et
humaines, déchets organiques, dépôts
divers, chaux et ciments) comme les ortie
dioïque, mercuriale annuelle, armoise
commune, morelle noire, laiteron rude,
amarante livide, matricaire commune…
La friche, un espace de liberté
La ville présente des cortèges botaniques
particuliers liés à certains milieux. Ainsi, les
friches et délaissés urbains sont des
espaces fortement minéralisés (remblais,
pavés, gravats, ballasts, zones remblayées
de cailloux). Dans ces espaces où l’activité
a cessé, la nature reprend rapidement ses
droits. Les dynamiques de (re)conquête y
sont remarquables. Les plantes pionnières
herbacées souvent xéro-thermophiles s’y
installent dans un premier temps
( molènes, millepertuis, vipérine, diplotaxis,
saxifrage tridactyle, centranthe rouge, laitue
scariole, picrides, pourpier potager, laitue
des murs, linaire commune, etc. ). avant
l’arrivée progressive des espèces ligneuses.
Espaces de spontanéité et de liberté, c’est
probablement ici, et de façon paradoxale,
sur ces espaces très anthropogéniques,
que la « nature en ville » prend toute sa
dimension.
Les grandes villes, lieux cosmopolites par
excellence, accueillent aussi une quantité
d’espèces exotiques. Renouée du Japon et
renouée de Sakhaline, ambroisie, solidage
du Canada, séneçon du Cap, séneçon
luisant, matricaire discoïde, amarante réflé-
chie, galinsogas cilié et à petites fleurs,
onagres, passerages, herbe de la pampa,
etc. ne sont que les débuts d’une très
longue liste de xénophytes qui colonisent
nos espaces perturbés et principalement
urbains. Après la flore herbacée, les
espèces ligneuses ne sont pas en reste.
22 La Garance voyageuse n° 104
Les mots pour le dire
-Production primaire :
production de matière
organique réalisée par les
plantes, à partir de la matière
minérale et l’énergie solaire.
Il s’agit du premier maillon
des chaînes alimentaires.
-Rudéral : adj., se dit d’une
plante qui pousse dans les
décombres, à proximité de
lieux habités par l’homme.
-Xérothermophile : adj.,
qui aime la sécheresse et
la chaleur.
-Anthropogénique : adj.,
créé par l’homme
Galinsoga cilié
(Galinsoga quadriradiata)