DISCOURS SUR L’ASTROLOGIE
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Condren savait ne pouvoir mener à son terme la ré-
flexion demandée. Non par absence de maîtrise du su-
jet, mais parce que les conséquences répressives, atta-
chées à son analyse, étaient susceptibles de conférer,
aux crapules, un statut que l’oratorien estimait in-
digne d’elles. En se dispensant de conclure son pen-
sum, pour le cardinal de Richelieu, Charles de Condren
refusait d’accorder aux astrologues la considération
qui leur revenait pour leurs activités. L’oratorien préju-
geait de leur déshonneur, pour des motifs religieux, en
condamnant ainsi leurs crimes, par avance, par le refus
de son pardon. Ainsi, la bienveillante attention initiale
exprime un jugement parfaitement égoïste.
Après avoir développé un propos, discutable, sur plus
de 80 pages, Charles de Condren trouva que cela suffi-
sait. Le sujet, de son point de vue, ne méritait pas tant
d’attention. Il se dispensa de conclure, afin de dissua-
der aussi, à l’avenir, les autorités politiques, auxquelles
il était soumis, de le consulter davantage. Par esprit
d’indépendance ? En réaction au pouvoir monarchique
détenteur du pouvoir exécutif ? Charles de Condren,
sans être un original, ni non plus une forte tête, s’était
composé une personnalité artificielle, aux réactions
imprévisibles. On lui demandait un service, sans rece-
voir l’assurance qu’il y donnerait suite. Car il avait, l’art
et la manière, de répondre par une pirouette, avec un
humour enrobé d’édifiantes références religieuses,
afin de couper court aux sollicitations dont il était
l’objet. Ainsi au commandeur de Sillery, lui demandant
des instructions, il répondit qu’après en avoir conversé
avec dieu, sans recevoir de réponse de sa part, il n’avait
rien à lui dire. C’était l’ordre divin, il fallait faire avec. Un
cocasse pied de nez, à défaut d’un caprice, afin d’expri-
mer l’expression d’un trouble de la personnalité. Tout
enfant déjà, Charles de Condren avait un problème