AVANT-PROPOS.
Lorsqu'on étudie avec quelque attention l'histoire des trois premiers siècles de
l'Eglise, il est une question qui se présente naturellement à l'esprit, c'est celle-ci
:
Pourquoi les Empereurs Romains ont-ils persécuté avec tant d'acharnement les
confesseurs du Christ ? Pourquoi les meilleurs d'entre ces Empereurs se sont-ils
associés eux-mêmes à ces persécutions ? Les Chrétiens ne se révoltaient pas ;
ils se contentaient de propager leur doctrine. La prédication apostolique était
sans doute un fait nouveau, et sans précédents dans l'humanité. Mais en quoi ce
fait pouvait-il blesser si étrangement les maitres du inonde ?
La ville de Rome, cette reine souveraine du monde ancien, réunissait au premier
siècle de l'Ère Chrétienne le mélange le plus bizarre, l'assemblage le plus confus
de cultes et de doctrines qui ait paru sous le soleil. D'oh vient que le culte de
Jésus crucifié, s'ajoutant comme un levain à tous ceux qui existaient déjà, a mis
tout en fermentation, et suscité contre lui un tel débordement d'animosités et de
haines
C'est là dessus que je désire d'abord attirer l'attention, et pour cela il me parait
nécessaire de remonter à l'origine même de la foi Chrétienne.
LA ROYAUTÉ DE N-. S-. JÉSUS-CHRIST.
La Royauté fut dès le commencement un caractère essentiellement inhérent à la
personne de N.-S. Jésus-Christ.
A peine est-il couché dans la crèche de l'étable où il vient de naître, lorsqu'il
repose encore tout enveloppé de ses langes, voici qu'après les Bergers,
représentant les âmes pures et simples, les Rois Mages de l'extrême Orient,
guidés par une étoile mystérieuse, accourent se prosterner à ses pieds, lui
apportant le tribut de leurs adorations avec l'or, l'encens et la myrrhe : toute la
ville de Jérusalem s'émeut comme par un pressentiment surnaturel, et le roi
Hérode, en qui se personnifiait alors la puissance Romaine dans la Judée, à la
vue de cette émotion instinctive de tout un peuple, au bruit de la naissance à
Bethléem d'un futur roi d'Israël, prend l'alarme, et dans sa fureur jalouse, pour
étouffer par avance le germe de cette royauté indéfinie qui lui porte ombrage,
ordonne sans pitié le massacre des Innocents, ces premiers martyrs immolés
pour N.-S. Jésus-Christ.
Or d'où le Christ pouvait-il tirer ses droits à cette Royauté Supérieure, devant
laquelle devaient s'incliner toutes les couronnes de la terre, si ce n'est de ce qu'il
était, par sa nature Divine, le Verbe de Dieu fait homme, la parole Éternelle
incarnée sous une forme humaine ?
Chose digne de remarque ! nous dit Bossuet.
Cette Royauté qu'il sait lui appartenir, il ne la réclame pas pendant tout le cours
de sa vie terrestre : il n'en prend possession qu'en apparence, à la veille de son
supplice ignominieux, lors de son entrée solennelle à Jérusalem ; mais il ne la