4
représentation des minorités
L’auteur s’empare de ce sujet, emprunt du questionnement de la représentation des
minorités ethniques et de leur histoire sur nos plateaux de théâtre. Il questionne sa
légitimité à parler de là-bas, en tant que français de souche, tout en questionnant
l’illégitimité que constituerait le fait de ne pas en parler.
Pour poursuivre la réflexion sur cette problématique, et permettre au public de débattre
avec des invités concernés par la question, le POCHE / GVE propose un forum de deux
jours, les 14 et 15 octobre 2016. Vous trouverez le programme de ce forum sur notre site,
dès le début de la saison.
écriture
Guillaume Poix insiste sur la nécessité de permettre à ses personnages de retrouver leur
dignité perdue, et c’est au travers de la langue qu’ils y parviennent. L’auteur leur invente
une // langue de la décharge, où, comme dans une poubelle, tout cohabite// . Cette
langue n’est pas normée, n’appartient qu’à ce lieu, est faite de déchets d’autres langues,
de néologismes, de remaniements, et comporte sa syntaxe propre; tout l’inverse de ce
qu’on appellerait une langue petit nègre. Cette langue nous déroute un peu, produit des
images puissantes, choque notre imaginaire, et produit de l’énergie de vie grâce à un
rythme qui semble calqué sur les pulsations du cœur des personnages, une énergie qui
leur permet de résister au climat apocalyptique dans lequel ils évoluent. Malgré la gravité
du propos, la langue que développe Guillaume Poix, provoque de l’humour et développe
une force symbolique qui crée une distanciation avec le réel trop brut du sujet, nous
permettant dès lors de nous identifier à ses personnages.
transposition scénique
Pour mettre en scène ce texte, Mathieu Bertholet a fait appel à Johanny Bert, metteur
en scène qui a développé un langage théâtral très personnel, mêlant acteurs et
marionnettes. Les marionnettes avec lesquelles il travaille sont faites de tous types de
matériaux, pouvant être de simples morceaux de papier, des ombres, des personnages
fabriqués en métal et d’une facture relativement complexe ou des morceaux de corps
rajoutés aux corps des acteurs. Pour Johanny Bert, la présence de ce corps délégué,
plutôt qu’une forme artistique déterminée, est intimement liée à un questionnement
de dramaturgie et de sens. Les quatre acteurs sur le plateau vont donner vie aux
huit personnages de la pièce, tantôt avec leur propre corps, tantôt avec diérentes
marionnettes de bois et de cire, conçues spécialement pour le projet par Christophe
Kiss, artiste travaillant régulièrement pour le Théâtre de Marionnettes de Genève depuis
1993. Dans ce projet, la marionnette va opérer une transposition vers une dimension
symbolique allant complètement dans le sens du travail sur la langue.