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Textes fondateurs sur l’évangélisation
lundi 27 avril 2009, par Père Pierre Le Bourgeois
L’Église existe pour évangéliser, c’est-à-dire pour annoncer le Christ. Depuis sa fondation, à
travers le monde et dans tous les âges, l’Église est missionnaire, elle annonce la Bonne Nouvelle
du Christ ressuscité. Lors du Concile Vatican II, l’Église a pu formuler théologiquement ce
qu’elle vivait depuis 2000 ans. Cela sera développé dans différents textes du magistère de
l’Église qui nous invite à nous former sur le sens réel de l’Évangélisation
Traversons différents textes du Magistère de l’Église afin de nous aider à saisir ce que l’Église
veut nous dire lorsqu’elle parle de la Nouvelle Évangélisation.
Ecclesiam suam
Vatican II
Synode de 1974 sur l’évangélisation : Le « Document Bleu »
Evangelii Nuntiandi (Paul VI – 1975)
Jean-Paul II – La « Nouvelle Évangélisation »
D’autres textes
Il est bon de regarder ce que l’Église nous dit de la Nouvelle Évangélisation.
En premier lieu, notons que depuis ses débuts, l’Église vit sa mission du fait du mandat missionnaire du
Christ : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et
du Saint Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit » (Mt 28, 19-20). Ainsi, à
travers l’Église, le Christ veut rejoindre toutes les époques, tous les lieux et tous les milieux de la société,
et atteindre chacun, pour que tous deviennent un seul troupeau sous un seul Pasteur (cf. Jn 10, 16).
Lors du Concile Vatican II, l’Église a pu formuler théologiquement ce qu’elle vivait depuis 2000 ans.
Ici, il faut faire une remarque. En convoquant le Concile, le Pape Jean XXIII désirait que celui-ci ouvre
l’Église au monde moderne. Pour lui, il n’était pas question de réinventer la doctrine mais de lui donner
une nouvelle formulation afin qu’elle soit entendue dans le monde de ce temps. Ce Concile est donc un
Concile pastoral entièrement tourné vers la mission d’évangélisation de l’Église : accueillir la Révélation
pour en vivre afin de l’annoncer. C’est pourquoi le texte central, qui donne tout le mouvement théologal
du Concile Vatican II, est celui de la Constitution dogmatique sur la Révélation divine, Dei Verbum, qui fut
promulgué le 18 novembre 1965 après bien des discussions.
Les grands documents conciliaires sont bien évidemment préparés par toute la Tradition de l’Église et
seront également déclinés dans différents textes du magistère de l’Église. Si nous les regardons dans
notre parcours sur la Nouvelle Évangélisation c’est qu’il nous sont donnés pour pouvoir à notre tour vivre
de la mission de l’Église dans un dialogue authentique avec le monde.
Ecclesiam suam (Paul VI – 1964)
Il s’agit de la première encyclique de Paul VI. Il l’a écrite entre deux sessions du Concile Vatican II
manifestant ainsi à toute l’Église, et en particulier aux Pères Conciliaires, ses propres préoccupations au
début de son pontificat.
Trois pensées concernant l’Église occupent l’esprit du Pape :
L’Église prend conscience d’elle-même :
« L’heure sonne pour l’Église d’approfondir la conscience qu’elle a d’elle-même, de méditer sur le mystère
qui est le sien, d’explorer pour sa propre instruction et sa propre édification, la doctrine qu’elle connaît
déjà et qui a été en ce dernier siècle précisée et répandue, concernant sa propre origine, sa propre
nature, sa propre mission, son propre sort final, doctrine cependant jamais assez étudiée et comprise » (n°
10).
En prenant conscience de ce qu’elle est, l’Église voit tout le chemin de conversion que ses
membres sont appelés à vivre :
« De cette conscience éclairée et agissante, dérive un désir spontané de confronter à l’image idéale de
l’Eglise, telle que le Christ la vit, la voulut et l’aima comme son Epouse sainte et immaculée. (Ep 5,27), le
visage réel que l’Eglise présente aujourd’hui. Celui-ci est fidèle, par la grâce de Dieu, aux traits que son
divin Fondateur lui imprima et que le Saint-Esprit vivifia et développa dans le cours des siècles en une
forme plus ample et correspondant mieux d’une part au concept initial, de l’autre à la nature de
l’humanité qu’elle évangélisait et assumait ; mais, jamais, il n’est assez parfait, assez beau, assez saint et
lumineux pour être conforme au concept divin qui constitue son modèle. De là, naît un désir généreux et
comme impatient de renouvellement, c’est-à-dire de correction des défauts que cette conscience, en
s’examinant à la lumière du modèle que le Christ nous en a laissé, dénonce et rejette. Quel est donc le
devoir actuel de l’Eglise de corriger les défauts de ses propres membres et de les faire tendre à une plus
grande perfection, et quelle est la méthode pour arriver avec sagesse à un renouvellement si important »
(n° 11-12).
Du fait de sa situation, l’Église vit dans le monde, sans être du monde, mais étant appelée à
entrer en dialogue avec lui. C’est la démarche missionnaire qui est ici mis en lumière :
« Si vraiment l’Eglise, comme Nous le disions, a conscience de ce que le Seigneur veut qu’elle soit, il
surgit en elle une singulière plénitude et un besoin d’expansion, avec la claire conscience d’une mission
qui la dépasse et d’une nouvelle à répandre. C’est l’obligation d’évangéliser. C’est le mandat missionnaire.
C’est le devoir d’apostolat. Une attitude de fidèle conservation ne suffit pas » (n° 66).
Paul VI rappelle que nous devons continuer le dialogue que Dieu a inauguré avec l’humanité. C’est un
dialogue qui est pour tous mais qui doit être vécu dans le respect de la conscience, de la liberté de
chacun. En d’autres termes, ce dialogue est une conversation au cours de laquelle on est appelé à faire
des propositions d’une manière claire tout en attendant avec confiance l’heure de Dieu. Il important d’être
à l’écoute, de s’adapter à l’interlocuteur, afin de l’aider, avec douceur et prudence, à accueillir cette heure
de Dieu.
Le Pape définit trois cercles concentriques qui déterminent ceux avec qui le dialogue est appelé à ce
faire. A chacun de ces cercles correspond, bien évidemment, un mode particulier de dialogue.
Avec l’humanité tout entière car tout ce qui est humain nous touche puisque le Christ appelle tout homme
: « Et moi, une fois élevé de terre, j’attirerai tout homme à moi » (Jn 12, 32).
Avec tous ceux qui croient en Dieu : « par devoir de loyauté, nous devons manifester notre conviction que
la vraie religion est unique et que c’est la religion chrétienne, et nourrir l’espoir de la voir reconnue
comme telle par tous ceux qui cherchent et adorent Dieu » (n°111)
Avec les Frères Chrétiens séparés. Ce dialogue prend le nom d’œcuménisme et est déjà engagé, avec en
certain lieu des approches positives.
Vatican II
A la demande de Jean XXIII, le Concile avait pour but d’aider l’Église à vivre et annoncer la vérité de la
Foi dans un monde qui avait changé en profondeur. C’est pourquoi, Vatican II fut essentiellement un
Concile Pastoral, sans condamnation ni définition dogmatique particulières, mais invitant l’Église a
redécouvrir le fondement de ce qu’elle est, de ce qu’elle vit et de ce qu’elle célèbre pour l’annoncer d’une
manière audible au monde. C’est pourquoi, il faudrait considérer l’ensemble du Concile car chacun des
documents ouvrent à la réalité de l’évangélisation.
Ayant conscience de cette réalité conciliaire, le Pape Jean-Paul II, qui fut un grand acteur du Vatican II, a
pu écrire aux numéros 18 et 20 de sa Lettre Apostolique de 1994, A l’aube du Troisième Millénaire :
« On peut affirmer que le Concile Vatican II constitue un événement providentiel par lequel l’Église a
commencé la préparation immédiate du Jubilé du deuxième millénaire. Il s’agit en effet d’un Concile
semblable aux précédents, et pourtant très différent ; un Concile centré sur le mystère du Christ et de son
Église, et en même temps ouvert au monde. Cette ouverture a été la réponse évangélique à l’évolution
récente du monde, avec les bouleversements qu’a connus le XXe siècle éprouvé par une première puis une
deuxième guerres mondiales, par l’expérience des camps de concentration et d’effroyables massacres.
Tout ce qui est arrivé montre plus que jamais que le monde a besoin de purification, qu’il a besoin de
conversion. »
(…) « Une grande richesse de contenu et le ton nouveau, inconnu jusqu’alors, avec lequel les questions
ont été présentées par le Concile constituent comme une annonce de temps nouveaux. Les Pères
conciliaires ont parlé le langage de l’Évangile, le langage du Discours sur la montagne et des Béatitudes.
Dans le message du Concile, Dieu est présent dans sa seigneurie absolue sur toutes choses, mais aussi
comme garant de l’authentique autonomie des réalités temporelles. »
On ne peut présenter, ici, l’ensemble du Concile en montrant comment il nous parle de l’évangélisation.
Une lecture générale permet de déterminer des lignes de force traversant les textes conciliaires. Certes,
ces différents thèmes seront développés suivant les documents dans lesquels nous les retrouverons. Mais
ils se trouvent comme synthétisés dans le décret Ad Gentes, sur l’activité missionnaire de l’Église, qui fut
promulgué au terme du Concile le 07 décembre 1965. Je présenterai donc ce texte.
Dès le préambule de ce document, nous avons un résumé fulgurant de ce qui sera développé tout au long
du texte, dans le reste des numéros :
« Envoyé par Dieu aux peuples pour être "le sacrement universel du salut", l’Eglise, en vertu des
exigences intimes de sa propre catholicité, et obéissant au commandement de son Fondateur (cf. Mc 16,
15), est tendue de tout son effort vers la prédication de l’Evangile à tous les hommes. Les Apôtres eux-
mêmes, en effet, sur lesquels l’Eglise a été fondée, ont suivi les traces du Christ, "prêché la parole de
vérité et engendré des églises". Le devoir de leurs successeurs est de perpétuer cette oeuvre, afin que "la
parole de Dieu soit divulguée et glorifiée" (2 Thess. 3, 1), le Royaume de Dieu annoncé et instauré dans le
monde entier.
Mais, dans l’ordre actuel des choses, dont découlent de nouvelles conditions pour l’humanité, l’Eglise, sel
de la terre et lumière du monde (cf. Mt. 5, 13-14), est appelée de façon plus pressante à sauver et à
rénover toute créature, afin que tout soit restauré dans le Christ, et qu’en Lui les hommes constituent une
seule famille et un seul peuple de Dieu. »
Depuis son origine jusqu’à la fin des temps, l’Église vit un dialogue avec le monde afin d’annoncer le salut
apporté par le Seigneur Jésus. C’est dans sa nature et elle est envoyée pour cela. Il lui faut donc mettre en
œuvre la réalité profonde de son être tout en cherchant à connaître le monde auquel elle s’adresse.
La mission se fonde sur l’identité même de l’Église dont le mystère s’enracine dans la Trinité
Sainte.
« De sa nature, l’Eglise, durant son pèlerinage sur terre, est missionnaire, puisqu’elle-même tire son
origine de la mission du Fils et de la mission du Saint-Esprit, selon le dessein de Dieu le Père. » (n° 2).
Ainsi la mission de l’Église est en quelque sorte la prolongation des missions trinitaires :
L’Église est envoyée en vertu du mandat du Christ. Aussi, c’est lui qui est toujours à l’œuvre au cœur1.
de la mission de l’Église qui est appelée à annoncer à toute la Terre le salut apportée par le Christ.
La mission ne peut s’accomplir sans l’œuvre de l’Esprit Saint qui vient vivifier les membres de l’Église.2.
Aussi, tous les membres de l’Église sont appelés à être des missionnaires (cf n° 35).
Tout au long de l’histoire du salut, la mission est toujours la même mais les circonstances
changent.
En effet, dans sa vie, l’Église dialogue avec Dieu (accueil de la Révélation et de la Tradition) et, étant
envoyée, elle part dialoguer avec le monde qui évolue au gré de l’histoire. C’est pourquoi, il est nécessaire
pour l’Église de savoir s’adapter à ces nouvelles données du dialogue avec le monde.
Il faut être à l’écoute des nouvelles conditions dans lesquelles s’accomplit la mission. Cela est vrai non1.
seulement en ce qui concerne la notion de temps mais également pour ce qui concerne les différents
lieux de la planète. L’Église est appelée à suivre le mouvement même de l’Incarnation du Christ dans
une démarche d’authentique inculturation.
Le ministère de la diakonie est très important comme préparation à l’accueil de l’Évangile. Ce2.
ministère de la Charité est une manifestation de la présence du Christ qui parcourait les villes et les
villages en guérissant de toute langueur et de toute maladie (cf n° 12).
Le Christ a voulu que l’annonce du salut passe par l’Église.
Il est donc important de manifester sa présence au travers des différents ministères qui la composent
(évêques, prêtres, diacres, vie consacrée, fidèles laïcs). Mais de plus, il est important de respecter les
chemins que le Seigneur seul connaît. En d’autres termes, il faut respecter les Semences du Verbe
largement répandues dans le cœur de l’homme. Ce sont de véritables pierres d’attentes de l’Évangile sur
lesquelles ont peut s’appuyer pour annoncer le salut apporté en Jésus-Christ.
L’évangélisation doit respecter profondément la grandeur de l’homme et de sa conscience qui ne peut
être violée.
Connaissant le dessein du Père, tout baptisé est appelé à coopérer dans le respect du charisme
de chacun. De cette dimension découle la nécessité pour chaque fidèle du Christ de se former afin
d’annoncer l’Évangile et non une Sagesse humaine particulière. Il en découle également l’exigence de la
sainteté car l’évangélisation se fait non seulement dans une annonce explicite de la Foi mais également
dans un témoignage de vie qui est appelée à être conforme à ce qui est annoncée.
Synode de 1974 sur l’évangélisation : Le « Document Bleu »
Ce Synode des évêques a été réuni à Rome en Octobre et Novembre 1974. Les évêques venaient de toutes
les régions du monde et avaient chacun des préoccupations particulières, diverses et variées. Au moment
de faire la synthèse des interventions, le cardinal Wojtyla, archevêque de Cracovie, a accepté de rédiger
ce travail en accueillant une matière où les concepts semblaient opposés ou paradoxaux. Il fallait réussir à
tenir ensemble la complexité de la matière, sans rejeter l’une ou l’autre proposition ou intervention, car
chacune était l’expression de la préoccupation des différents pères synodaux. C’était en quelque sorte une
présentation complexe de la préoccupation missionnaire de l’Église universelle.
Le travail de synthèse du cardinal Wojtyla, appellé communément le « Document Bleu », marque un
tournant dans le mode de réflexion théologique en ce qui concerne la mission.
« Très saint Père, Vénérables Pères,
Il me revient de proposer à votre attention la synthèse des interventions que nous avons entendus dans
l’aula, mais aussi des notes écrites communiqués au secrétariat du Synode. Ceci afin de choisir les thèmes
proposés à la discussion des groupes de travail (circuli minores)
En écoutant ou en lisant vos interventions, j’ai été sensible à la crainte de négliger quelqu’un de éléments
de cette donnée complexe que nous désignons sous le nom "d’évangélisation" : il est très important de
rassembler tous les traits que vous avez notés. Et il ne suffit pas de les aligner, car ils se complètent
mutuellement, en sorte qu’il faut les réunir pour obtenir un concept intégral d’évangélisation.
Pour mieux mettre en lumière la complémentarité d’éléments apparemment opposés, nous allons nous
efforcer de proposer en conjonction ces concepts qui s’appellent mutuellement ».
Après cette introduction, suivent sept paragraphes dont il faut citer les titres :
L’Esprit Saint et la dimension humaine1.
Proclamation du message et témoignage de vie2.
Unité et pluralisme3.
Intégrité et adaptation du message évangélique4.
Continuité et rupture vis-à-vis des mentalités5.
Sécularisation et religion6.
Peuple de Dieu et hiérarchies7.
En conclusion, le cardinal Wojyla montre la réalité paradoxale et vaste de la notion d’évangélisation :
depuis l’annonce missionnaire du salut aux non chrétiens, jusqu’au fait que ce mot désigne l’ensemble de
l’activité de l’Église.
Il semble que, pour le Karol Wojtyla, le Concile Vatican II a été une période charnière dans l’évolution du
sens du mot évangélisation. Cette évolution du sens a certainement rendu perplexe les Pères Synodaux
d’où la difficulté de synthèse. Mais cela aura eu un élément bénéfique qu’est l’enrichissement du concept.
En effet, il ne s’agit plus d’opposer mais d’intégrer les différents aspects afin de s’enrichir mutuellement.
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