cas-image
L’herpesvirus aviaire de la maladie de Marek :
discordance entre infectiosité et particules virales
physiques observées en microscopie électronique
C. Denesvre
C. Blondeau
Laboratoire de virologie moléculaire,
INRA, UR1282,
Infectiologie animale et Santé publique,
IASP, 37380 Nouzilly
Le virus de la maladie de Marek aussi appelé Gallid herpesvirus de type 2,
est un alpha-herpesvirus, qui présente des propriétés biologiques parti-
culières par rapport aux autres virus de cette sous-famille : oncogénicité,
tropisme pour les lymphocytes et infectiosité strictement associée aux cellules
vivantes en culture cellulaire. Ce virus pour lequel on n’a jamais détecté
d’infectiosité dans les surnageants de culture se propage cependant efficace-
ment en culture cellulaire. Les infections ne peuvent donc être réalisées que par
coculture à partir de cellules infectées vivantes. De ce point de vue, le MDV est
très proche d’un autre alphaherpesvirus, le virus humain de la varicelle et du
zona (VZV). Cependant, à la différence du VZV, il n’est même pas possible
actuellement d’obtenir des particules de MDV infectieuses à partir de lysats de
cellules infectées. Cela a une conséquence directe dans le procédé de fabrication
des vaccins MDV homologues utilisés en élevage aviaire. En effet, ceux-ci sont
constitués de cellules infectées et doivent donc être conservés en azote liquide.
Afin de mieux comprendre à quoi attribuer cette infectiosité restreinte du MDV,
nous avons entrepris d’étudier la morphogenèse de ce virus, jamais décrite
jusqu’alors.
Les herpesvirus présentent un processus de morphogenèse
complexe et unique au sein des virus enveloppés, débattu
depuis plusieurs années. Le processus le plus couramment
admis est celui du double enveloppement : les nucléocap-
sides assemblées dans le noyau bourgeonnent au niveau de
la membrane nucléaire interne dans l’espace périnucléaire
des cellules infectées. Les virions issus de ce premier
enveloppement, aussi appelés virions primo-enveloppés,
fusionnent avec la membrane nucléaire externe libérant
ainsi des capsides « nues » dans le cytoplasme. Ces capsi-
des s’enveloppent enfin une seconde fois au niveau du
complexe de Golgi, du réseau trans-golgien ou des endo-
somes. Les particules enveloppées matures sont alors
exportées vers la surface cellulaire et libérées dans le milieu
extérieur. L’ensemble de ce processus est très bien décrit et
discuté dans plusieurs revues [1, 2].
Afin d’étudier la morphogenèse du MDV, nous avons pro-
duit un MDV recombinant fluorescent dont la protéine de
tégument VP22 était fusionnée à la protéine fluorescente
EGFP. La VP22 est spécifique des alpha-herpesvirus et
aucune mutation dans cette protéine n’a jamais été associée
à une inhibition de la formation des particules virales. Ce
virus recombinant, qui se réplique efficacement en culture
Tirés à part : C. Denesvre
Figure 1.Vue par microscopie à épifluorescence de cellules
primaires de poulet infectées par un virus recombinant de la
maladie de Marek, le Bac20 EGFPVP22. Ce virus exprime une
protéine de tégument VP22, codée par le gène UL49, fusionnée en
N-terminal à la protéine fluorescente, GFP. Les cellules ont été
triées par cytométrie de flux sur la base de la fluorescence verte et
ré-ensemencées sur des lamelles de verre pendant 1 h 30 avant
fixation. Les images ont été prises avec un microscope Zeiss
équipé d’un système apotome. Les cellules triées sont positives
pour la protéine majeure de capside. Le niveau d’expression de la
protéine VP5 et sa localisation montrent que les cellules triées sont
à un stade tardif du cycle viral. VP22, vert ; VP5, rouge ; ADN,
bleu. barre, 20 lm.
Virologie 2007, 11 (6) : 471-3
doi: 10.1684/vir.2007.0133
Virologie, Vol. 11, n° 6, novembre-décembre 2007
471
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