N° D'ORDRE
311 THÈSES
PRÉSENTÉES
A
LA
FACULTÉ
DES
SCIENCES
DE
PARIS
POUR
OBTENIR
LE GRADE DE DOCTEUR ÈS SCIENCES NATURELLES
PAR
MAURICE GIRARD,
Professeur
de
physique
et
d'histoire naturelle
nu
collège Rollin.
1re
THÈSE.
ÉTUDES
SUR LA
CHALEUR LIBRE DÉGAGÉE
PAR LES
ANIMAUX
INVERTÉBRÉS ET SPÉCIALEMENT LES INSECTES.
2e
THÈSE.
QUESTIONS PROPOSÉES
PAR LA
FACULTÉ.
Soutenues
le ,
juillet
1869
devant
la
Commission d'Examen.
MM. MILNE EDWARDS,
DUCHARTRE,
HÉBERT,
Président;
Examinateurs.
PARIS
VICTOR MASSON
ET
FILS
PLACE
DE
L'ÉCOLE-DE-MÉDECINE
1869
ACADÉMIE DE PARIS
FACULTÉ DES SCIENCES DE PARIS.
Doyen MILNE EDWARDS, Professeur. Zoologie, Anatomie, Phy-
siologie.
DUMAS.
Professeurs honoraires . BALARD.
(
DELAFOSSE Minéralogie.
CHASLES Géométrie supérieure.
LE VERRIER Astronomie.
DUHAMEL Algèbre supérieure.
LAMÉ Calcul des probabilités, Phy-
sique mathématique.
DELAUNAY Mécanique physique.
P.
DESAINS Physique.
i
LIOUVILLE ... Mécanique rationnelle.
HÉBERT Géologie.
PUISEUX Astronomie.
DUCHARTRE Botanique.
JAM1N Physique.
SERRET Calcul différentiel et intégral.
H. SAINTE-CLAIRE DEVILLE. Chimie.
PASTEUR Chimie.
LACAZE-DUTHIERS Anatomie, Physiologie com-
parée, Zoologie.
. N Physiologie.
/BERTRAND (Sciences mathématiques.
Agrégé» J. VIEILLE
( PELIGOT Sciences physiques.
Secrétaire PHILIPPON.
PREMIÈRE THÈSE.
ÉTUDES SUR LA CHALEUR LIBRE
DÉGAGÉE PAR LES ANIMAUX INVERTÉBRÉS
ET SPÉCIALEMENT LES INSECTES.
§ 1.
Historique de la chaleur animale des Invertébrés et spécialement des Insectes.
On donne le nom de
chaleur animale
à
la chaleur développée
à l'état libre, à un degré variable, dans les tissus et dans les
organes des animaux. Elle peut être parfois mesurée en calories
ou appréciée, dans plus de cas encore, par les thermomètres.
Cette chaleur propre fait que les animaux ne sont pas à l'égard
des corps bruts extérieurs, ni des milieux fluides qui les entou-
rent, dans les conditions de matières inertes : ce sont des sources
plus ou moins puissantes de chaleur qui interviennent pour
mettre obstacle à l'équilibre physique que tendent sans cesse à
amener les lois du refroidissement. C'est par comparaison avec
l'état calorifique de nos organes du toucher, principalement du
dessous de nos doigts, que le contact des animaux nous fait
éprouver les sensations de
chaud
et de
froid physiologique ;
elles
sont, au reste, liées d'une manière moins directe qu'on ne croi-
rait d'abord à la chaleur thermométrique.
L'existence de ces sensations a appelé de tout temps l'atten-
tion sur la production de chaleur dans certains animaux et sur-
tout chez l'homme, et,s la plus haute antiquité, les médecins
cherchaient à expliquer le dégagement de la chaleur humaine,
le refroidissement des cadavres avec la mort, les variations dans
la sensation calorifique qu'ils éprouvaient au contact de l'homme
ain ou de l'homme en état de fièvre, les diverses impressions
de chaud ou de froid que nous présentent nos organes suivant
certains états de leur physiologie normale ou pathologique; en
1
un mot, ces nombreux faits qui se rattachent plus ou moins
directement à une production de chaleur libre. Pendant de longs
siècles, ou se complut
dans
une de
ces
explications commodes qui
abondent chez les anciens, complétement étrangers à toute
science des causes, bien que, parfois, si délicats observateurs
des effets et si exacts dans leurs descriptions. La chaleur naissait
chez l'homme et chez les animaux supérieurs avec la vie et
s'éteignait avec elle. Elle en était la conséquence intime et
forcée, et son siège résidait dans le cœur, sans qu'on songeât à
se demander pourquoi et comment elle
y
prenait naissance. Cer-
tains même soutenaient que, chez un animal vivant, le dégage-
ment de cette chaleur par le cœur était assez intense pour
impressionner douloureusement la main quit pu le toucher
à l'intérieur du corps; c'est cette vieille doctrine d'Hippocrate,
d'Aristote, de Galion, qui a laissé ses traces dans le langage
religieux ou mystique, où se rencontrent si souvent les expres-
sions de
cœur
ardent,
cœur brûlant, cœur
embrasé
ou enflammé.
De. les images allégoriques de cœurs d'où parlent des flam-
mes.
On attribua ensuite l'origine de la chaleur animale aux
actes digestifs accomplis dans l'estomac, ou au frottement des
organites hématiques du sang dans les vaisseaux, surtout
les capillaires. Si Priestley reconnut le premier dans l'oxygène
le véritable agent de la combustion et de la chaleur animale,
c'est Lavoisier, débarrassé du phlogistique, qui démontra la
vérité de cette origine, vérité que les expériences subséquentes
ne firent que confirmer. Il faut remarquer combien les hommes
de génie restent grauds, même dans leurs erreurs, puisque c'est
du rôle physiologique, si justement spécial, de l'oxygène que
résultent les anomalies de la nomenclature chimique. Une hypo-
thèse de certains physiologistes donnait pour cause à la chaleur
animale une action directe du système nerveux. C'est ce qu'a-
vança Brodie avec réserve, puis M. Chossat. Il est certain que
toute lésion dans l'encéphale ou dans la moelle a une influence
grave et immédiate sur la chaleur propre de l'animal
;
mais il
est fort difficile de décider si l'on a atteint réellement la cause
de la calorification ou si l'on ne fait que produire indirectement
un désordre capital dans la grande fonction de nutrition géné-
rale d'où dépend la chaleur des animaux. Il faut, évidemment,
bien remarquer que la doctrine de la chaleur animale par la
combustion respiratoire ne doit pas être prise dans un sens trop
absolu, comme toutes les applications de la physique' et de la
chimie à la physiologie. L'être vivant n'est jamais complétement
assimilable soit au bain électrique dans lequel le courant fait
déposer les métaux, soit à la cornue ou au creuset où s'opèrent
les combinaisons et les décompositions.
Cela n'empêche pas que la chaleur animale n'ait incontesta-
blement pour cause la combustion et qu'elle ne soit liée d'une
manière proportionnelle à l'énergie de la respiration. Les Insec-
tes et, les Articulés, en général, sont des animaux non moins
propres à démontrer ce grand principe que les expériences,
bien plus nombreuses, faites sur les Vertébrés. C'est le résultat
important et fondamental du travail si remarquable, bien qu'un
peu confus et prolixe, de Newport. Je dirai d'avance que les
vérifications des menus faits par d'autres méthodes, et l'addi-
tion de faits nouveaux mais conformes, constituent le travail
personnel que je me propose d'exposer. Je dois me déclarer
heureux de pouvoir apporter quelques confirmations nouvelles à
la vérité des grands principes qui ont illustré les Lavoisier, les
Spallanzani, les W. Edwards, sans qu'il soit besoin d'invoquer,
malgré certaines différences essentielles (que nous offriront les
animaux articulés, aucune autre loi que les effets physico-chi-
miques de la combustion.
Nous pouvons, sans avoir besoin de plus longs préliminaires,
aborder le sujet de nos études, en laissant d'abord de côté les
deux grands groupes de Vertébrés à température constante
(Mammifères et Oiseaux) et à température variable (Reptiles,
Amphibiens, Poissons). Nous écarterons aussi les Annélides et
les embranchements des Mollusques, des Rayonnés, des Spon-
giaires. Ce sont incontestablement et toujours des animaux à
température variable. On a le plus souvent constaté chez eux
de légers excès de température au-dessus du milieu ambiant, en
général, l'eau de mer; c'est ce qui résulte des expériences de
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