feuille - Ville de Genève

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la
FEUILLE
VERTE
JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – VILLE DE GENÈVE
DÉPARTEMENT DES AFFAIRES CULTURELLES – N° 36 – DÉCEMBRE 2005
sommaire
BRÈVES ACTUALITÉS
Editorial / mot du magistrat – Transversalité
Présentations – Le nouveau Jardinier-chef
Passage de témoin
3
4
Contributions thématiques
Ambiguë, la relation plantes-insectes
Nouvelles du rucher du Jardin botanique
Lutte biologique aux CJB
5-6
7-9
9
CJB – Jardin
Les désinfections, pourquoi? comment?
4e voie CFF
Le Carrousel des Fables
10
10
11
Le Conservatoire
Préservation et conservation à la bibliothèque
12-13
L’herbier de Johannes Hedwig et son catalogue de types 14-16
Rétrospective
Le XVIIe congrès international de botanique
Rétrospective photographique annuelle
Rencontre annuelle de l’AJCBS
17
18-19
20
21-22
23
Education
Formation continue pour les enseignants aux CJB
Nouveaux projets pédagogiques «l’Art et les enfants»
24-25
25
Partenaires
La Flore de Suisse en ligne (CRSF)
Le billet du président de l’AAJB
Rapports amicaux ou masos entre asticots et végétaux
Les Fermes de l’Arche (PSR)
26
27
27
28
Coopération
Nouvelles du Jardin Ethnobotanique à Dakar
Projet EPY au Paraguay
impressum
Brèves
Plus précisément à Dakar, dans le Parc de Hann où nous avons créé
un Centre d’éducation à l’environnement. Voici quelques nouvelles de
notre cheffe de projet sur place, Altiné Traoré
ous avons un petit problème dans le parc.
Suite aux pluies diluviennes de la semaine
passée, la mare a débordé. Le centre et une partie du jardin botanique sont sous l’eau. Une toute
petite quantité d’eau est entrée dans les locaux.
Pas de dégâts. Je n’ai pas pu accéder au bâtiment.
C’est ce matin que j’ai demandé à ce qu’on me
sorte la machine pour que je puisse travailler sur
les rapports. Je l’ai déposée à la direction du parc
mais ces derniers ont des problèmes d’électricité.
C’est terrible mais au Sénégal, rien ne fonctionne
pendant l’hiver. Cette année, c’est pire parce qu’on
a voulu tester les pluies artificielles (un des fameux
projets du chef de l’Etat) et le résultat c’est une
inondation dans tout le pays.
Nos
Nous avons une cité derrière le parc, c’est cette cité
qui a été envahie par l’eau et les sapeurs pompiers,
en pompant ont tourné les tuyaux vers le mur du
parc. ce dernier s’est effondré et l’eau s’est dirigée
vers la mare et cette dernière a débordé.
La Direction des EF est en train d’évacuer l’eau
mais malheureusement nous sommes en période
hivernale et chaque fois qu’on évacue une partie
(trois moto-pompes ont été installées), il pleut
le soir ou le lendemain et la situation redevient
comme avant.
Nous espérons que la situation sera réglée sous
peu. (Courriel du 5 septembre 2005)
EXPOSITIONS
circulent…
Pour la première fois, les CJB produisent une exposition qui voyage
Programme 2006
Expositions et animation en 2006
A vos agendas!
Des INONDATIONS aussi en… AFRIQUE
es «Envahisseurs!», car c’est de cette
exposition qu’il s’agit, circulent depuis
cet été. L’exposition co-produite avec le Musée du
Léman est présentée en version bilingue dans
l’Espace nature du Bois de Finges (L’Ermitage),
en Valais près de Sierre, depuis le mois de juin.
Il en va de même pour l’exposition «Ambiguë, la
relation plante-insecte» qui, après avoir obtenu
un très grand succès l’été dernier dans la serre
tempérée du jardin botanique, a pu être présentée
en partie dans le cadre des Floralies du 10 au
20 novembre.
Une excursion a été dirigée dans ce cadre fin août,
par Daniel Jeanmonod, commissaire genevois de
l’exposition, sous le titre : «Les pestes: les plantes
envahissantes en Valais».
Une autre grande voyageuse est l’exposition «Cap au
Sud», ou plutôt une partie de celle-ci, qui sera présentée dès le printemps 2006, dans une version espagnole,
au Jardin botanique d’Asuncion au Paraguay.
un CONCERT classique
Donné dans le cadre de l’exposition «Ambiguë,la relation plante-insecte»
29
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2 & 31
Rédacteur responsable D. Roguet
Rédacteurs P. von Auw; B. Bäumler; C. Bavarel; F. Bieri; P. Boillat; A. Breda;
P. Clerc; D. Gautier; G. Gonzales; C. Lambelet; P.-A. Loizeau;
P. Martignano; B. Messerli; P. Mugny; J. Parra; A. Pin; M.-J. Price;
D. Roguet; R. Spichiger; F. Stauffer; M. Stitelmann; A. Traoré; R. Tripod
Photographies B. Renaud; D. Roguet
Conception graphique M. Berthod – G. Schilling
Impression Imprimerie Nationale, Genève
Le journal des Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève paraît une fois l’an.
© 2004 Conservatoire et Jardin botaniques, Genève.
Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou des illustrations de cette édition est
strictement interdite sans accord préalable auprès des CJB.
es nuisances sonores rendant difficile la
pratique de la musique classique dans le
cadre des Conservatoire et Jardin botaniques, c’est
à une grande première que nous avons assisté le
18 septembre dernier lors de notre exposition estivale en collaboration avec le Conservatoire de
Musique. Un concert était en effet programmé dans
le cadre des butinages proposés lors de l’exposition
et dans la grande salle de la Place-neuve : le trio
Desarzens-Ehinger-Fuchs (violoncelle, clarinette,
piano), avec au programme: Brahms, Tajcevic...
et une improvisation sur le thème «Ambiguë, la
relation plante-insecte».
Cette décentralisation de la manifestation fut une
réussite, comme les autres proposées dans le
cadre de notre exposition, et ne demande qu’à être
renouvelée.
FLORA ALPINA primé
e 19 novembre 2005, l’ouvrage Flora
alpina a fait l’objet d’une distinction spéciale lors de la XXIIIe édition du Prix Gambrinus
«Giuseppe Mazzotti» pour la littérature de montagne, d’exploration et de sciences naturelles. Une
cérémonie a eu lieu dans le Parc Gambrinus de
San Polo di Piave à Trévise. Le jury a relevé que
Flora alpina est un «livre complexe et rigoureux,
qui comble une lacune importante à propos des
connaissances sur le patrimoine végétal alpin, un
véritable catalogue officiel, utile au botaniste professionnel comme à l’amateur». Cette distinction
récompense les efforts des Conservatoire et Jardin
botaniques de la Ville de Genève sur une décennie pour élaborer Flora alpina (voir aussi La
Feuille verte 35: 11-16. 2004).
De juin à septembre derniers, les Conservatoire et Jardin botaniques ont proposé
une exposition au titre en forme de question: «Ambiguë, la relation plante-insecte»
e sujet, à mi-chemin entre les mondes
animal et végétal, pouvait également être
ressenti comme le signe de la transversalité
qui caractérise l’exposition et toutes ses
déclinaisons. En effet, autour de ce projet, le public a
également pu apprécier des expositions satellites, dont
l’«Herbier Humerose» – des photographies géantes
accrochées dans l’Allée des platanes. La visite se poursuivait avec «Concordances», une série de photographies
présentant en comparaison des photos prise au microscope électronique à balayage représentant d’une part
une section d’animal et un détail de végétal d’autre part.
Une troisième exposition, montrant le foisonnement des
insectes dans la bande dessinée, reflétait également la
collaboration entre le CJB, le Muséum d’histoire naturelle
et les Bibliothèques municipales.
Plus loin encore, c’est l’ensemble des institutions culturelles genevoises qui ont collaboré autour du thème du
monde des insectes, mais en fonction de leur patrimoine
ou de leurs compétences propres : aux Bibliothèques
municipales ou à la «Fureur de lire», avec des ouvrages
ou des spectacles sur le même thème, au musée de
l’Ariana, avec un «parcours-découverte» de céramiques
représentant des insectes, au Musée d’art et d’histoire,
avec des entretiens proposés sur le thème de la protection du patrimoine contre les insectes nuisibles, sans
parler d’Insectissimo, la grande exposition proposée par
le Musée d’histoire naturelle sur ce thème dès octobre,
à l’occasion du centième anniversaire de la Société Genevoise d’entomologie.
Dans le cadre de tels projets interinstitutionnels, la transversalité représente une véritable valeur ajoutée. En plus
de bénéfices évidents en matières didactique et pédagogique – avec des activités programmées de manière
concertée –, le fait que les diverses institutions participant au projet fassent référence les unes aux autres
permettent de démultiplier les occasions d’informer les
publics sur les expositions. Au plan médiatique, cette
convergence thématique et cette multiplication des points
de vue permet d’avoir un impact plus important avec une
communication commune particulièrement efficace suscitant l’intérêt au-delà des spécialisations dans lesquelles
certains journalistes sont quelquefois cantonnés (ex: art
contemporain, sciences naturelles, jardinage, etc.). Sans
mentionner, au plan interne – et à plus long terme – que
le succès de tels projets permettra d’encourager dans le
futur d’autres événements de même envergure.
Editorial
Transversalité
P. Mugny
conseiller administratif en charge du
Département des affaires culturelles
de la Ville de Genève
américaines (Asuncion, Sao Paulo, La Paz, Joao Pessoa)
avec pour principes de base la valorisation de la biodiversité naturelle et de la diversité culturelle qui lui est liée.
Cette volonté de partenariat culturel permet aux Conservatoire et Jardin botaniques, musée vivant de la cité, de
travailler depuis presque dix ans sur différents projets
de coopération liés au développement durable. Basé sur
la valeur patrimoniale de la transmission des savoirs
(botanique appliquée et ethnobotanique), ces microprojets utilisent l’éducation environnementale comme
vecteur privilégié. Ils sont financés, en grande partie et
sans intermédiaires, par le Fonds de coopération de la
Ville de Genève.
On le voit, le principe de transversalité – mis à profit par
le biais des expositions thématiques ou d’autres projets
pédagogiques au plan international, est particulièrement
fructueux.
Gageons que les Conservatoire et Jardin botaniques continueront sur cette voie dans les années qui viennent.
Plus globalement, la transversalité, c’est aussi, d’une
certaine manière, l’abolition des frontières. Des accords
de collaboration culturelle ont par exemple été signés
avec des villes africaines (Dakar, Ouagadougou) et latino-
Marié, deux enfants
Alexandre Breda, nouveau jardinier-chef. Extrait d’une biographie
près un cursus scolaire quelque peu en
dents de scie, Alexandre se tourne vers
l’Ecole d’Horticulture de Lullier où il
obtient son diplôme d’horticulteur paysagiste.
Pendant ses loisirs, il bricole des nichoirs à chouette,
se bat pour la protection des orchidées sauvages
du parc...
Mais il a pris goût aux études, à tel point qu’il décide
de les poursuivre à l’Ecole d’Ingénieurs de Lullier, d’où
il ressortira son diplôme d’ingénieur en gestion de
la nature en main. Il créé ensuite sa propre entreprise
avec deux collègues.
Membre du conseil d’administration, il est également
technicien/chef d’équipe dans le secteur «mise en
œuvre de projets environnementaux et paysagés».
A ce poste il gère les devis et les soumissions, s’occupant également de toute la gestion administrative
et financière de l’entreprise. Alexandre est ensuite
engagé comme technicien dans le «Secteur Vert» chez
Boccard Parcs et Jardins SA, tout en restant au conseil
d’administration de son entreprise. Il a alors l’occasion de démontrer ses aptitudes à mener ses équipes
de travail.
Une place de technicien en gestion des milieux
naturels est proposée à Alexandre à l’Etat de Genève
au sein du DIAE - Service des Forêt de la Protection
de la Nature et du Paysage. Il va pouvoir se donner à
fond pour la conservation de la nature à Genève.
Ce poste va rapidement évoluer et son rôle d’adjoint
au Conservateur de la Nature sera vite reconnu.
Pour ses vacances, la petite famille Breda se déplace
souvent en Italie, le plus près possible du parc national des Abruzzes afin de pouvoir y observer... les loups
et les plantes endémiques, bien sûr.
A part cela, la voile, c’est la grande détente sur le lac,
et le vélo.
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N° 36 – DÉCEMBRE 05 – PAGE N° 3
PASSAGE de témoin
Le 30 septembre 2005, Raymond Tripod, jardinier chef
des Conservatoire et Jardin botaniques partira à la retraite
après 38 ans passés au service de la Ville de Genève
ils d’un berger-fromager, Raymond Tripod a vécu son jeune
âge et son adolescence dans le
milieu rural. En campagne vaudoise, dans les années cinquante, des enfants
en dessous de 7 ans pouvaient être libérés temporairement d’une présence en classe pour suivre les parents durant les transhumances aux
alpages. Ainsi, sous le contrôle de l’inspectorat
des écoles et sous l’autorité parentale, on apprenait à lire, écrire et compter sur un coin de la
table du chalet. En dehors des devoirs scolaires
et des tâches journalières auxquelles ils
n’échappaient pas, les bambins avaient loisir
de gambader dans les pâturages, contexte très
favorable à l’éveil à la nature. Sans doute, cette
période a été décisive pour le choix du métier
que Raymond entreprendrait plus tard. Là-haut,
parmi les troupeaux et les grandes gentianes,
prélevant quelques pattes de chat, campanules,
benoîtes ou potentilles, Raymond se souvient
avoir jardiné d’éphémères plates-bandes ou
ronds de cailloux garnis de joubarbes.
Au printemps 1961, il est admis à l’Ecole
d’horticulture de Châtelaine. Au terme de trois
ans de formation, désirant se perfectionner, il
ira travailler au Jardin botanique de BerlinDahlem. Cette année de formation complémentaire dans le plus grand jardin botanique
du continent va lui procurer un excellent
bagage qui sera à l’origine d’un réseau professionnel aussi dense que solide.
Après avoir travaillé dans le secteur privé
en Suisse et en Allemagne, Raymond revient
définitivement en Suisse en 1967, engagé comme
jardinier aux CJB par Jean Iff. Il se voit confié
l’espace de multiplication des plantes de rocailles
et l’entretien de la parcelle de «La Console».
En 1969, on le charge de la formation des
apprentis et des stagiaires. Très disponible pour
transmettre des connaissances, il collabore avec
les centres de formation des métiers de la terre
et les milieux professionnels. Il donnera des
cours de floriculture et de botanique élémentaire. Afin de répondre aux conditions requises
pour la formation, il obtient le diplôme de
Maître horticulteur-floriculteur en 1977. Sollicité par l’Ecole d’horticulture de Lullier, il y
enseignera pendant une vingtaine d’années
dans la section d’architecture du paysage de
l’Ecole d’ingénieurs.
Ses compétences reconnues par tous en font
bientôt le bras droit du jardinier chef. Délégué auprès des bureaux d’architectes, il participe à l’élaboration des plans et des dossiers
de restauration du jardin (étape bot IV). De
1977 à 1985, une grande partie de son temps
est ainsi absorbée par les séances et réunions
de chantier.
R. Spichiger directeur
La bonne connaissance des parcelles et des
bâtiments, les expériences acquises durant son
parcours professionnel, la conscience précise
des exigences pour une bonne gestion du
jardin, tout cela le destine naturellement à la
succession de Jean Iff. En accord avec ce dernier, il postule à la fonction de jardinier chef.
Sur préavis de la direction, le Conseil administratif le nomme à partir du 1er mars 1985.
Il va poursuivre le travail de son prédécesseur
mais de nouvelles réalisations vont encore
élargir l’offre du jardin: la convention de
cession du Domaine de Penthes signée avec
l’Etat en 1989 permettra d’héberger l’Exposition nationale ProSpecieRara en 1996; sur la
Terre de Pregny, c’est l’installation du
Jardin des Senteurs et du Toucher, inauguré
en 1991; suite à une donation par l’Etat
de Genève, c’est la réhabilitation, entre 1994
et 1995, des anciennes serres du Baron
Rothschild; restauration entre 1997 et 1998
du Jardin d’hiver, la plus ancienne de nos
serres; enfin, l’aménagement paysager dans
le cadre des travaux de la construction de la
3e voie CFF Genève – Coppet.
Le jardinier chef est un personnage clé ; il
assure la marche quotidienne du service, la
conduite du personnel du jardin – environ
30% de l’ensemble du personnel –, la gestion des bâtiments, la planification des plantations, expositions, manifestations, etc. En
bref, l’image des CJB, leur rayonnement local
et international dépendent en grande partie
de l’investissement du jardinier chef. Il
va sans dire que Raymond Tripod a rempli
l’ensemble de ses tâches avec une conscience
professionnelle, un dévouement et une compétence scientifique et technique exceptionnelles.
Raymond est un des meilleurs connaisseurs
de la flore au sein des CJB. Il fait jeu égal avec
les meilleurs botanistes du Conservatoire, et
Dieu sait si notre institut regorge de spécialistes reconnus mondialement. Son savoir
englobe aussi bien les variétés horticoles –
en fait, le domaine de compétence des horticulteurs –, que les espèces sauvages.
Projetant et dessinant le jardin, organisant
l’emploi du temps de chacun, jonglant avec
les horaires, les remplacements et autres
absences prévisibles ou non, Raymond s’est
fait une réputation qui dépasse largement nos
frontières. Même le prestigieux Jardin des
plantes de Paris nous envie cet organisateur
hors pair. Ce sens de l’organisation mis au
service de la semaine de travail telle que
la conçoit Raymond, à savoir 7 jours sur 7,
garantissait un fonctionnement du jardin
sans faille. Il est vrai que le stakhanovisme
du jardinier chef n’avait pas grand-chose à
envier à celui de ses subordonnés directs. Bref,
avec de pareils collaborateurs, la direction n’a
pas eu de soucis à se faire.
En ce qui concerne la transversalité chère au
conseiller administratif (voir préface de M.
Mugny), Raymond a eu le constant souci d’intégrer le fonctionnement du jardin à celui du
conservatoire. Collaborant avec les scientifiques,
il a favorisé les initiatives originales consacrées
à la conservation d’espèces menacées et à la lutte
biologique. Il a également développé les relations
avec les autres services «verts» de la Ville et de
l’état, ainsi qu’avec les groupements de professionnels et d’amateurs (Société Genevoise d’Horticulture, Arboretum du Vallon de l’Aubonne,
Société des Roses, Associations des Jardins botaniques de Suisse, de France, etc). Depuis 1989,
Raymond supervise la gestion du Jardin alpin de
«La Linnaea» à Bourg-Saint-Pierre.
Dans le cadre des programmes de coopération
soutenus par la Ville de Genève, Raymond s’est
investi dans la création ou la restauration de
jardins botaniques au Sénégal et au Mali, et
cela parfois au péril de sa santé. Nos partenaires ont été impressionnés par sa puissance
de travail et sa modestie, lorsque sous le soleil
de Dakar, il prêchait par l’exemple le travail
bien fait auprès de jardiniers sénégalais qui
n’avaient pas l’habitude de voir les «patrons»
travailler la terre à leur côté.
Responsable de chefs de culture et d’horticulteurs hautement qualifiés, ses compétences scientifique et d’organisation, reconnues
de tous, lui ont permis d’être un patron
respecté malgré une gentillesse et une recherche du consensus parfois peu compatibles
avec une telle fonction.
Si je devais relever un point fort dans
ma carrière de directeur, je mentionnerais
l’excellente collaboration entre Raymond et
moi. Cette estime professionnelle a d’ailleurs
débouché sur une amitié réciproque qui a
permis de régler bien des problèmes. Je ne
peux que souhaiter à nos successeurs une
telle harmonie.
PAGE N° 4 – N° 36 – DÉCEMBRE 05 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES
la relation plante-insecte
e te mange. Tu me dégustes. Je t’aime. Tu
me repousses. Je me défends. Tu te fais belle.
Je te fais la cour. Tu me trompes. Tu as une
jolie trompe. J’adore ton parfum. Tu me fais
peur. Je ne peux me passer de toi. Tu as des couleurs
magnifiques. Je m’habille comme toi. Tu me nourris. Je
t’attrape. Tu me plais. Je te hais. Tu es le soleil de mes
jours. Je suis le bonheur de tes nuits. Je vais chercher mes
copines. Je préfère la fidélité. Tu me pollinises. J’agonise.
Tu me décoiffes. Je t’ai dans la peau. Tu aides ton
prochain. Je le repousse. Tu adores la société. Je vis
seul. Tu changes de vie. Je te survis. Tu survoles. Je me
cramponne. Je m’intègre. Tu résistes. Tu produis des
toxines. J’hallucine. Tu imites. Je mimétise. Tu t’éternises… Et si on se faisait une bonne bouffe…»
Allégorie de la vie, la relation plante-insecte est passionnelle.
Elle est riche en contradictions et pleine d’ambivalences.
Elle transcende notre vision de la nature et lui rend tout son
pouvoir de fascination. Cette exposition nous a fait entrer
de plein pied dans un monde fusionnel et sensoriel où se
mêlaient tour à tour couleurs, parfums et sons. L’attraction,
la répulsion, la fascination et le dégoût, autant de sentiments
mitigés, souvent incontrôlables qui prévalent lorsque l’on
aborde le sujet ou côtoie ces organismes vivants.
Nos collègues du Jardin botanique du Parc de la Tête d’Or
à Lyon (France) avaient commencé l’analyse de cette rencontre passionnante. Nous
l’avons poursuivie en changeant
de décor et en y ajoutant notre
grain de sel. Un grain de sel
qui s’est matérialisé dans
notre musée vivant par le travail de recherche d’une équipe
de scientifiques, qui s’intéresse
à la pollinisation et à la coévolution, ceci à l’exemple
d’une famille tropicale, les
Gesnériacées. Cette dernière
met parfaitement en exergue
la magie d’un processus évolutif parallèle. Une serre,
ouverte au public et interprétée, est consacrée à cette
famille botanique depuis l’hiver 2004.
La thématique de l’exposition était par essence transdisciplinaire, puisqu’elle se plaçait à la frontière entre
deux mondes, celui des insectes et celui des plantes.
Elle nous a poussés à trouver d’autres axes de vision, à
Syndrome floral et Gesneriacées
La grande diversité des formes florales des plantes tropicales a impressionné les premiers explorateurs. Au XIXe siècle, l’essor de la culture en serre a permis de faire connaître ces beautés exotiques à
un large public. Au-delà du côté esthétique de ces fleurs aux couleurs vives ou aux contours étranges,
le biologiste souhaite comprendre comment une telle diversité a pu être produite par la nature.
Darwin a montré dans sa théorie de l’évolution le rôle de la sélection naturelle qui conduit les organismes vivants à s’adapter non seulement aux conditions du milieu, mais aussi à d’autres organismes.
Parmi ces adaptations, l’influence des organismes pollinisateurs sur les plantes est reconnue comme
ayant contribué à la diversification des plantes à fleurs. Dans les forêts denses et luxuriantes des
tropiques, les rapports fleurs/pollinisateurs sont particulièrement variés. Des familles telles que celles
des Orchidées, Bromeliacées, Gesneriacées, des hyménoptères (groupe des abeilles), des papillons
de jour et de nuit, des coléoptères, des oiseaux nectarivores et même certaines chauves-souris jouent
un grand rôle dans la reproduction. Cependant, dans leur grande majorité, les rapports sont relativement peu spécifiques: une espèce de plante ne dépend pas que d’une espèce de pollinisateur,
mais est visitée par plusieurs organismes, dont certains sont des pollinisateurs effectifs. On observe
toutefois chez des fleurs appartenant à différentes familles une convergence des caractères morphologiques correspondant à une adaptation à des classes de pollinisateurs.
Ainsi, les corolles tubulaires et étroites, de couleur rouge, produisant du nectar et sans odeur sont
préférées par les colibris, tandis que les corolles très longues, de couleur crème et parfumées attirent
des papillons de nuit. Ces caractères floraux constituent des syndromes, c’est à dire un ensemble
de caractéristiques de forme, couleur, odeur ou sécrétion de substances telles que nectar ou résine,
qui correspond à un type de pollinisateur (tiré de A. Chautems, Feuille verte, 1999).
D. Roguet conservateur
Contributions thématiques
AMBIGUË,
susciter des collaborations, à tisser des liens et à construire
des passerelles avec d’autres acteurs culturels à Genève,
que ce soit dans les musées ou auprès des Bibliothèques
municipales et du Conservatoire de musique.
Il en a résulté un programme complet, ludique et éducatif qui a tissé sa toile (attention les araignées se sont
pas des insectes!) pendant tout l’été 2005, du 7 juin au
25 septembre, dans et autour de notre serre tempérée,
proche de la route de Lausanne. Cadre sublime pour
présenter différentes facettes de la relation ambiguë tissée entre insectes et plantes, la serre a abrité tout un
petit monde vivant d’insectes (sauterelles, coléoptères,
papillons, phasmes, abeilles) et de plantes (orchidées,
insectivores, mirmécophiles, mellifères) spectaculaires.
Une médiation a été assurée en continu grâce aux «jobs
d’été de la ville» pendant les mois de juillet et août.
Des ateliers d’été, montés en collaboration avec les autres
musées genevois pour le jeune public, ont été proposés
au début juillet. Une bonne façon de commencer ses
vacances, de cultiver son sens de l’observation et de
l’école «butinière»!
Des expositions artistiques, les «satellites», ont accompagné la présentation centrale en offrant des regards différents sur ce monde fascinant : photographies géantes
de l’«Herbier Humerose» accrochées dans l’Allée des
platanes; «Concordances», des microstructures végétales
et entomologiques photographiées au microscope électronique à balayage par Jean Wuest ; cheminement des
insectes dans la bande dessinée et sculptures d’insectes
géants en fil de fer.
Enfin des «butinages» ont complêté cet ensemble, thématique et éclectique tout à la fois. Prolongements des
expositions, ils ont accompagné votre été au Jardin
botanique, mais également bien au-delà dans différents
musées, fêtes et lieux culturels de la République. Musique,
porcelaine, «Fureur de lire», spectacles, lectures, conférences et carrousels ont prolongé la découverte par des
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N° 36 – DÉCEMBRE 05 – PAGE N° 5
moments de transversalité culturelle qui ont ravi nos
publics par des événements populaires, décalés, informatifs et ludiques. A l’occasion du 100e anniversaire de
la Société entomologique genevoise, les entomologistes
du Muséum d’histoire naturelle, ont concocté le plus
beau des prolongements à notre manifestation dans le
cadre de cette année consacrée à l’insecte: l’exposition
Insectissimo. Nous ne pouvons que vous encourager à
aller la visiter. Elle est ouverte depuis le 25 octobre et
jusqu’en septembre 2006. (Programme complet auprès
du Muséum d’histoire naturelle www.ville-ge.ch/mhng dès
le mois de septembre).
Revenons à nos insectes, ceux qui butinent mais qui
se font manger aussi par les «méchantes» plantes carnivores… des collections du Jardin botanique!
Sujet de recherche dans les domaines de la co-évolution,
de la phylogénie et de la pollinisation, ces insectes sont
omniprésents dans la vie des CJB. Pollinisateurs tout
d’abord, ils favorisent les croisements, parfois intempestifs
et non-souhaités. Ils produisent aussi, indirectement et
quasi-miraculeusement, fruits et graines de nombreuses
espèces végétales récoltées par notre grainier. Butineurs, ils
produisent le miel du jardin botanique et offrent un sujet
d’observation et d’études sans fin aux nombreuses classes
qui nous rendent une visite éducative. Ravageurs, ils pourraient occasionner des dégâts irréversibles aux collections
inestimables de notre bibliothèque et de nos herbiers, si un
contrôle et des désinfections drastiques n’étaient pas périodiquement effectués. Destructeurs, ils s’attaquent parfois
aux collections vivantes et doivent être combattus, le plus
souvent possible avec les moyens de la lutte intégrée, technique utilisant des prédateurs naturels de ces ravageurs.
Enfin bio-indicateurs de diversité et de salubrité, leur
simple présence donne toute sa dimension d’espace naturel de conservation au Jardin botanique, à deux kilomètres
seulement du centre ville.
Henri Fabre, éminent entomologiste français, aurait
apprécié cette dernière qualité.
Il nous prend par la main et nous emmène en balade :
«Devisant de choses et d’autres, par un sentier bordé
d’hièbles et d’aubépines, où déjà la Cétoine dorée s’enivrait d’amères senteurs sur les corymbes épanouis, on
allait voir si le Scarabée sacré avait fait sa première
apparition au plateau sablonneux des Angles, et roulait
sa pilule de bouse, image du monde pour la vieille
Égypte; on allait s’informer si les eaux vives de la base
de la colline n’abritaient point, sous leur tapis de lentilles aquatiques, de jeunes Tritons, dont les branchies
ressemblent à de menus rameaux de corail; si l’Épinoche, l’élégant petit poisson des ruisselets, avait mis sa
cravate de noces, azur et pourpre; si, de son aile aiguë,
l’Hirondelle, nouvellement arrivée, effleurait la prairie,
pourchassant les Tipules, qui sèment leurs œufs en
dansant; si, sur le seuil d’un terrier creusé dans le grès,
le Lézard ocellé étalait au soleil sa croupe constellée de
taches bleues; si la Mouette rieuse, venue de la mer à la
suite des légions de poissons qui remontent le Rhône
pour frayer dans les eaux, planait par bandes sur le
fleuve en jetant par intervalles son cri pareil à l’éclat de
rire d’un maniaque; si… mais tenons-nous en là; pour
abréger, disons que, gens simples et naïfs, prenant un
vif plaisir à vivre avec les bêtes, nous allions passer une
matinée à la fête ineffable du réveil de la vie au printemps.» (Jean Henri Fabre, Souvenirs entomologiques)
Cette exposition a rencontré un succès inégalé au Jardin
botanique. Beaucoup d’entre-vous ont fait la fête à
l’insecte, parfois ravageur, souvent séducteur et pollinisateur, parfois effrayant! Vous les avez découverts sous un
jour nouveau, tel un papillon sortant de sa chrysalide. Continuez cette initiation au delà de cette année entomologique,
suivez Fabre dans sa balade et laissez-vous surprendre par
une pairie, un tableau, une porcelaine ou une note de
musique évocatrice de ce monde tour à tour fascinant,
étonnant, parfois grouillant et affolant, mais toujours surprenant… Les artistes, et en particulier les écrivains, ont
souvent loué l’ambiguïté du monde de l’herbe et des feuillages, à l’exemple d’André Gide: «Les plus beaux sujets de
drame nous sont proposés par l’entomologie». C’est l’essence même de cette ambivalence du rapport planteinsecte, qui est souvent à l’image de notre monde!
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Contributions thématiques
Nouvelles du RUCHER
du Jardin botanique
M. Stitelmann & F. Bieri
Dans les autres colonies, la récolte de nectar
se poursuit sans problème. La profusion de
fleurs renouvelée chaque jour accentue la
croissance des colonies. Et les hausses à miel
se remplissent quotidiennement un peu plus.
Grâce à cette flore abondante, et à la présence
de grands arbres plus que centenaires qui
apportent nectar et miellat, je récolte un miel
de mille parfums différents dont on ne se
lasse jamais.
Juin
Ruches en bois fabriquées à la menuiserie du Jardin botanique
JOURNAL DE L’APICULTEUR
10 et 11 mars 05
Un long hiver laisse enfin la place à deux
journées ensoleillées et douces. Aux planches
d’envol des quatre ruches du Jardin botanique,
les ouvrières s’activent. Pour la première fois de
l’année, les abeilles sortent butiner. Les crocus
qui jusque-là rentraient la tête sous la neige
s’ouvrent enfin, offrant aux abeilles le pollen
dont elles ont besoin au sortir de la torpeur
hivernale. On peut effectivement voir des
abeilles rentrer à la ruche leurs pattes ornées de
belles pelotes de pollen, preuve que leurs reines
commencent à pondre. Les «anciennes» nées
en 2004 vont se dédier à l’élevage de la nouvelle
génération dès ces premiers beaux jours. En
soupesant une ruche à la fin de l’hiver, je peux
estimer s’il reste suffisamment de nourriture.
Fin mars
Je peux enfin ouvrir les ruches par une température supérieure à 15°C pour la première
visite de printemps, et je constate que tout
va bien. Le développement des colonies se
poursuit sans encombre.
Avril
La population augmente considérablement,
grâce à la floraison intense. Je donne aux
colonies des cadres de cire gaufrée à bâtir, et
je place les hausses en vue d’une future récolte
de miel. Cela m’aide à prévenir l’essaimage qui
est pénalisant pour l’apiculteur désireux de faire
une récolte de miel. En effet, avec l’essaim,
la plupart des butineuses quittent la ruche.
Je limite également l’essaimage en élevant
des reines sélectionnées pour leur douceur,
indispensable dans un lieu public. Leur jeunesse est aussi un atout, car il est préférable de
ne pas garder des reines de plus de trois ans
d’âge pour avoir des colonies vigoureuses.
Mai
Malgré ces précautions, le 11 mai, une ruche
essaime tout d’un coup. Je récupère tout ce
petit monde que j’introduis tout de suite dans
une ruche vitrée de démonstration, en vue de
l’exposition «Ambiguë».
Pour une fois, et pour peupler cette ruche,
l’essaim est bienvenu!
Au début juin, c’est le moment de la première
récolte. Le 15 juin, la floraison de tilleul
bat son plein. Tant mieux, cela calme les
abeilles qui sont un peu énervées par la
période de di-sette passagère qui suit souvent
la récolte. Chaque année, une seconde période
de miellée me permet de récolter à nouveau
vers le 15 août, alors que le moment est venu
de retirer les hausses à miel et de commencer
à préparer l’hivernage.
UN PEU D’HISTOIRE
C’est en 1998 que le rucher du Jardin botanique y a trouvé sa place, tout près du jardin
des plantes mellifères, au sein des Terrasses
La colonie au fil de l’année
ne colonie d’abeilles se constitue d’une reine (femelle fertile, mère de tous les individus de la colonie), de
milliers d’abeilles (encore appelées ouvrières, ce sont des femelles non fertiles; elles exercent de nombreux
métiers au sein de la colonie), et de quelques centaines de faux-bourdons (mâles). Une ruche est une
maison pour abeilles; chaque ruche abrite une seule colonie.
Le cycle biologique de la colonie d’abeilles est directement lié à celui de la végétation. La colonie hiverne de décembre à février environ, période durant laquelle la population et l’activité est réduite (normalement il n’y a pas de ponte
si la température est assez basse). La floraison massive printanière leur fournit pollen et nectar durant plusieurs semaines. Ces ressources induisent une ponte importante de la part de la reine, le nombre d’abeilles et de faux-bourdons
augmente de jour en jour. Enfin, la colonie d’abeilles se reproduit en essaimant. Ensuite, la population se stabilise, les
floraisons mellifères sont moins abondantes; par contre c’est la période des pucerons et de la production de miellat.
Enfin, les ressources diminuent drastiquement, la ponte également. Par conséquent, la population diminue.
Quand la température baisse pour l’hiver, la reine cesse de pondre. La colonie hiverne en grappe dans une ruche ou
une cavité. Les abeilles d’automne doivent survivre pour élever les jeunes au printemps. Les colonies consomment
beaucoup plus de réserves au premier printemps que durant tout l’hiver, parce que c’est à ce moment-là que de
nombreuses jeunes abeilles sont élevées, alors qu’il y a encore peu de butineuses. A la fin de l’hiver, l’apiculteur doit
estimer les réserves pour s’assurer qu’elles suffiront jusqu’à la nouvelle floraison.
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N° 36 – DÉCEMBRE 05 – PAGE N° 7
des Officinales et Utilitaires. La situation du
rucher favorise l’observation par les visiteurs
de ce qui s’y passe tout au long de l’année,
discrètement abrité des grosses chaleurs
d’été par un magnifique Sophora du Japon
ou «pagode japonaise» (Sophora japonica).
Cet arbre ne sort ses feuilles que tardivement,
permettant aux ruches de se réchauffer
aux rayons de soleil printaniers. De plus, il
offre aux abeilles une floraison abondante
dès juillet.
Pour contribuer à la sauvegarde de «l’abeille
suisse du pays» (Apis mellifera nigra), avec
l’antenne romande de Pro Specie Rara, une première colonie a alors été établie, provenant du
rucher d’un éleveur spécialisé de Suisse allemande. Ce type d’abeilles, réputé pour sa grande
facilité d’adaptation, a pourtant mal réagi aux
conditions genevoises. En conséquence, notre
première colonie a essaimé rapidement. Frédéric Bieri, jardinier et apiculteur, introduisit
Races d’abeilles
En plus de notre abeille à miel (Apis
mellifera), il n’existe que 6 autres
espèces appartenant au genre Apis.
Elle est représentée aujourd’hui de
par le monde par de très nombreuses races, qui se distinguent entre
elles par la coloration, de petites différences morphologiques et des différences de comportement. On peut
noter qu’elle était absente du continent américain jusqu’à son introduction par les Européens. A. mellifera mellifera est une race qui se
rencontre à l’ouest et au nord de
l’Europe. Elle est nommée parfois
«abeille noire» (Apis mellifera
nigra), et un type particulier appelé
«race du pays» est rencontré principalement en Suisse centrale. Apis
mellifera carnica (abeille grise ou
carniolienne) se rencontre habituellement au sud-est de la zone alpine,
mais elle s’est implantée chez nous
depuis très longtemps. Elle occupe
le nord, l’est et l’ouest de la Suisse.
(Source: «L’abeille et l’apiculture en Suisse», Cahiers
du MHN No. 4, éditions de la Girafe, CH-2300 La
Chaux-de-Fonds)
Récolte de miel durant l’Atelier vert sur le rucher
alors des reines de race carniolienne (Apis mellifera carnica) de son propre élevage à la tête
des essaims. Cette race d’abeilles a fait ses preuves depuis de nombreuses années en Suisse, tant
concernant sa docilité (peu d’essaimage) que
sa douceur (proximité au public). Si Frédéric
Bieri avait choisi de maintenir l’abeille du pays,
il aurait dû chaque année acquérir des reines,
en raison de l’essaimage fréquent des colonies.
Aujourd’hui, ce sont les abeilles de quatre colonies de carnioliennes qui butinent dans tous les
secteurs du Jardin botanique et ses alentours.
REPRODUCTION
A ce sujet, il convient de donner quelques
détails sur le phénomène de l’essaimage. Les
colonies d’abeilles se reproduisent en divisant
leur population, c’est-à-dire en essaimant. Si
la reine est bien la mère de tous les individus
d’une ruche, on peut dire, en quelque sorte,
que la colonie est la mère de l’essaim. Une
partie des ouvrières et des faux-bourdons
quitte la ruche avec la reine, laissant à l’autre
partie qui demeure le soin d’élever une nouvelle reine à partir d’un œuf fraîchement
pondu. Qui a déjà vu un essaim d’abeilles en
plein vol se souvient certainement tant du son
vrombissant que du nuage de points tournoyant. Et l’étonnement de découvrir un peu
plus tard une grappe d’abeilles (5 à 20000
individus) pendue à une branche d’arbre
restera dans la mémoire de tous les apprentis
apiculteurs. A Genève, c’est en mai que les
colonies essaiment, alors que les floraisons
sont intenses depuis déjà deux mois.
Encore une question à éclaircir: pourquoi
l’apiculteur aurait-il dû, pour maintenir l’abeille
du pays, acquérir chaque année des reines?
Parce que les jeunes reines d’abeille sont
fécondées en vol, tout de suite après la période
de l’essaimage. Les mâles qui les fécondent ne
sont pas forcément de la même race qu’elles,
parce que les faux-bourdons et les reines en
provenance de plusieurs kilomètres à la ronde
se «fréquentent» dans certains espaces aériens
privilégiés, aux conditions environnementales
particulières. Alors leur progéniture aura
donc les caractéristiques des deux, souvent un
comportement peu adéquat à une apiculture
moderne. Pour maintenir une race, il faut
contrôler la fécondation des reines, ce qui est
difficile. Toutefois, les apiculteurs ont trouvé des
moyens leur permettant d’obtenir de faire féconder les reines par des mâles sélectionnés. Ils
élèvent des reines à partir d’œufs de provenance
connue et sélectionnée, qu’ils mènent à des stations de fécondation isolées géographiquement,
où sont élevés des faux-bourdons également
sélectionnés. Un autre moyen plus utilisé pour la
recherche et la sélection que dans la pratique, est
l’insémination artificielle.
AUX VISITEURS
Si d’aventure vous avez la chance de passer près
du rucher au moment où l’apiculteur, avec son
voile blanc, lance discrètement de son enfumoir quelques volutes de fumée parfumée,
vous en oublierez probablement de vous hâter
vers vos occupations. Le charme de l’abeille
opère ainsi, dans une ambiance calme, bourdonnante, parfumée. C’est l’occasion rêvée
d’assister aux travaux saisonniers d’entretien
de nos colonies.
Celles-ci inaugurent ce printemps de nouveaux
logis! Le menuisier des CJB, Jean-Pierre Morier,
a fabriqué de toutes pièces quatre ruches,
en bois provenant exclusivement du Jardin
botanique. De type Dadant, les mesures standard sont respectées. Leurs chapiteaux sont
entièrement recouverts de tavillons en pin, au
nombre de 425 par bâtisse. Un beau travail
pour ce petit monde!
L’observation de l’activité d’une ruche au trou
d’envol est le meilleur moyen de savoir ce qu’il
s’y passe. Le va-et-vient des butineuses, légères
au décollage, plus lourdes au retour, les pattes
parfois ornées de pelotes de pollen… Les butineuses empruntent presque toutes le même
chemin entre les branches du Sophora; s’aventurer dans leur champ de vol, c’est risquer
une collision accidentelle, qui peut s’avérer
«piquante»! Parfois, à la belle saison (avril à
juillet), vous aurez la chance d’observer ce que
l’on appelle «le feu d’artifice». L’activité est
momentanément plus intense devant une des
ruches. De nombreuses abeilles volent face au
trou d’envol, avec un bruissement assez fort.
Elles ne s’éloignent guère, alors que les butineuses ne perdent pas de temps et vont droit
aux sources de nectar. Ce sont les jeunes
abeilles qui ont terminé leur période de travail
domestique, et se préparent à devenir butineuses à leur tour. Pour cela, il leur faut tout
d’abord apprendre à reconnaître leur ruche et
sa situation dans l’espace. Ce vol si particulier
est le signe d’une colonie à la population
vigoureuse et en croissance.
Vous pourrez aussi observer les mésanges,
postées sur la barrière du rucher, et qui plongent régulièrement au pied des ruches. Elles
ramassent les abeilles mortes. D’autres prédateurs nous rappellent l’équilibre de la nature,
comme les grenouilles dans les Rocailles, guettant les butineuses au pied des fleurs, ou encore
les frelons qui les happent en plein vol.
EDUCATION
Les abeilles sont très aimées de tous (bien que
seuls les «piqués» apprécient leur contact
rapproché). Au-delà du miel de nos tartines
et de nos tisanes, ces insectes ont une valeur
symbolique et spirituelle qui fait partie de notre
Fabrication d’une bougie durant l’Atelier vert
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aux CJB
C. Bavarel, jardinier aux Serres
La lutte biologique en collection botanique est pratiquée
au Jardin Botanique depuis l’an 2000
héritage culturel. Leur rôle économique, essentiel, de pollinisateurs d’un grand nombre
de plantes cultivées est bien connu. Il ne fait
certainement qu’accroître l’intérêt qu’on leur
porte de façon générale. Sans abeilles, plus de
nourriture à moyen terme! Avec une foule
d’autres agents pollinisateurs, nous leur devons
aussi la richesse de la diversité des plantes à
fleurs. D’ailleurs, c’est l’un des volets abordés
dans le cadre de l’exposition «Ambiguë, la relation plante – insecte» présentée à la Serre Tempérée au cours de l’été 2005, dans laquelle une
ruche transparente a été présentée au public.
Ainsi, on ne peut parler d’abeilles sans parler
de plantes. Notre rucher est une vitrine permanente qui rappelle ce lien très ancien dans
l’évolution du vivant. Les visiteurs montrent un
grand intérêt, notamment lorsque que l’apiculteur vient, devant eux, prendre soin de ses
protégées. Les opportunités d’échanger avec lui
et d’en savoir un peu plus sont variées: visite
guidée tous publics, Ateliers verts pour enfants,
médiation dans le cadre de projets d’écoles,
formation d’enseignants, et bien sûr, les rencontres au bord du chemin avec l’apiculteur.
Les enfants apprennent comment s’approcher
du rucher pour l’observer sans risque. Ils ont
moins peur de se faire piquer par la suite. Ils les
aimeront encore un peu plus, ayant observé
parmi les fleurs des Terrasses des Officinales
comment les abeilles dansent avec les fleurs une
danse d’amour et d’entraide. Certains auront
appris, à l’issue d’un atelier, à aimer le miel, car
ils auront humé et porté le rayon encore chaud
de la chaleur animale de la ruche. Les abeilles
feront désormais partie de leur vécu, et ils leur
prêteront une attention particulière quand ils
les croiseront sur leur chemin.
Si vous souhaitez des informations sur l’apiculture en Suisse, voici quelques suggestions
de sites Internet:
Société d’ Apiculture Romande (SAR):
www.abeilles.ch
Société Genevoise d’Apiculture:
www.abeilles-de-geneve.com
Section apicole de la Station fédérale
de recherche:
http://www.apis.admin.ch
Apiculture biologique:
www.apibio.ch
a lutte biologique en collection botanique
est pratiquée au Jardin Botanique depuis
l’an 2000. A l’intérieur des serres, nous
avons profité de l’arrivée d’une collection
de plantes en provenance de la nature, et de même origine géographique, pour mettre en place une protection phytosanitaire ne recourant pas aux produit de synthèse. En effet, les méthodes de luttes chimiques ne
nous donnaient plus de résultats satisfaisants vis-à-vis
de la mouche blanche et d’autres ravageurs. Nous étions
enfermés dans une spirale de traitement, ce qui nous a
poussé vers de nouvelles méthodes: la lutte biologique.
Celle-ci comporte deux méthodes principales: l’introduction d’auxiliaires (insectes, acariens ou autre entom
ophages, parasites, etc.), et la lutte au moyen de produits
issus de la nature (par ex. extrait de fleur de pyrèthre). Les
bons résultats obtenus sur cette culture nous ont poussé à
étendre l’expérience aux autres collections sous verres.
Ces collections avaient été cultivées de manière conventionnelle. Nous avons rencontré des difficultés dans
l’introduction des auxiliaires en raison vraisemblablement
de la forte rémanence des produits de synthèse utilisés
précédemment.
Dans une collection botanique, en raison du faible
nombre de plantes par taxon (entre deux et trois,
contre des milliers en cultures commerciales), nous
ne pouvons faire des expériences de cultures statistiquement valable et de ce fait, le jardinier est appelé
à utiliser son intuition (c’est-à-dire, la somme de
ses expériences et de ses savoirs kinesthésiques). Il
travaille par essai-erreur ainsi qu’avec un faisceau
d’informations qu’il peut réunir sur la plante à cultiver ou sur des plantes de même famille. Ce mode
de travail empirique est adapté à la situation mais
complique souvent la communication avec les milieux
scientifiques. L’approche de la lutte biologique que
nous avons eu au Jardin Botanique participe aux
mêmes démarches.
SEUIL DE TOLÉRANCE
En culture commerciale, il est relativement aisé d’établir des seuils de tolérance (moment où l’intervention
avec un produit biologique de type pyréthrine devient
indispensable), mais en collection botanique, du fait
du faible nombre de plantes par taxon, il est extrêmement difficile, voire impossible d’établir un seuil de
tolérance. Seul, le savoir des jardiniers et la confiance
dans les techniques de la lutte biologique rentrent en
ligne de compte. De plus, les plantes de collection,
sont souvent fragiles sous serre ou ex-situ car, il est
extrêmement difficile de reproduire exactement de
manière artificiel leur milieu naturel (par exemple, les
plantes de sous-bois de milieu tropical humide et les
plantes de canopée de milieu tropical humide dans la
même serre).
Contributions thématiques
Lutte biologique
PERMANENCE DES CULTURES
La pérennité des cultures nous aide dans les collections
botaniques. En effet, dans les cultures commerciales, il
y a une interruption de la culture qui créé un vide sanitaire utile en lutte chimique. En lutte biologique, la présence permanente de plantes dans nos serres
permet de conserver les populations d’auxiliaires.
Celles-ci hivernent dans nos cultures et seul un lâcher
d’appoint à l’automne et au printemps sont nécessaires. Nous avons donc une évolution plus au moins
parallèle des populations de ravageurs et d’auxiliaires.
Par exemple, lorsque la population de ravageurs augmente, la population d’auxiliaires trouvant plus de nourriture se met à croître aussi, jusqu’à exercer une pression suffisante sur la population de ravageurs qui
régresse et la population d’auxiliaires ne trouvant plus
suffisamment de nourriture régresse aussi.
CONTRÔLE DES COÛTS
Les deux ou trois premières années, l’explosion des coûts
due à la lutte biologique est manifeste; par la suite lorsque
les équilibres de population sont atteints, nous arrivons
à une similitude, voire une diminution de coût en comparaison avec la lutte chimique.
CONCLUSION
En collection botanique, les plantes sont spécialement
fragilisées. Leurs substrats de culture ne sont jamais parfaitement adaptés et le climat non exactement reproduit.
Les plantes sont spécialement sensibles aux attaques
des ravageurs. De plus, la rareté des plantes créé une
inquiétude chez le cultivateur.
La lutte biologique demande au jardinier de poursuivre
sa formation, de lire et de se documenter en permanence
sur les nouvelles découvertes en lutte biologique. Dans
les cultures, le jardinier se doit d’observer les ravageurs
et auxiliaires lors de contrôles réguliers. Il doit aussi effectuer des prélèvements afin de les observer à la loupe binoculaire. La lutte biologique lui demande de s’interroger
sur ses pratiques culturales et leurs influences sur l’état
phytosanitaires des plantes. Il doit enfin accepter la présence de quelques ravageurs sur ses plantes.
C’est plus d’une révolution culturelle qu’il s’agit que d’un
simple changement de technique.
Pour information, voici la liste des auxiliaires
lâchés dans nos cultures
Adalia bipunctata; Amblyseius cucumeris; Aphelinus abdominalis ; Aphidius ervi ; Aphidius colemani ; Aphidoletes
aphidimyza; Cryptolaemus montrouzieri; Macrolophus
caliginosus; Phytoseiulus persimilis.
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N° 36 – DÉCEMBRE 05 – PAGE N° 9
Les DÉSINFECTIONS,
pourquoi? comment?
P. von Auw, jardinier
La désinfection n’est pas la stérilisation comme on l’apprenait il y a
une trentaine d’années. La stérilisation détruit les ferments de toute
nature qui se trouvent dans le sol, alors que la désinfection est la purge
de ce qui infecte ce sol. Assainir ce dernier afin de le purifier
ésinfecter permet donc de laisser
en vie certaines substances utiles
pour les plantes, de ne pas les
détruire, comme l’humus et certaines bactéries
utiles à la végétation et de maintenir une proportion d’engrais. Il s’agit en fait de nettoyer
les quinze premiers centimètres du sol en éliminant les adventices, les bactéries, les champignons, les insectes et les larves de ces derniers.
Les plantes introduites par la suite dans un
terrain travaillé et propre ne sont pas concurrencées. Leur reprise est ainsi largement simplifiées et le plus souvent assurée.
Cette désinfection peut être effectuée par trois
moyens différents:
1. le premier, que nous employons beaucoup,
consiste à élever la température du sol, ou
du mélange terreux à l’aide de vapeur d’eau.
Au moyen d’une chaudière, munie d’un brûleur
à mazout, l’eau est chauffée jusqu’à la vapori-
sation. La vapeur surchauffée à cent dix degrés
(afin de maintenir l’état gazeux, la surchauffe
est obligatoire) est appliquée sur notre terrain à
nettoyer. Le terrain ameubli auparavant est
recouvert d’une bâche, qui nous permet d’élever
la température de notre surface jusqu’à quatrevingt cinq à nonante degrés. Cette opération procure un nettoyage sur douze à quinze centimètres d’épaisseur et pour une durée de trois mois
environ. Elle a certes l’inconvénient d’employer
des moyens techniques importants comme le
courant électrique et une citerne contenant le
mazout, (ou un récipient contenant du gaz, selon
le modèle de brûleur). Il faut aussi une alimentation en eau de la chaudière, des tuyaux pour
l’alimentation en eau et le transport de la vapeur,
des cloches ou des bâches et un diffuseur pour
répartir notre vapeur. Des précautions sont à
prendre également pour la chaleur, aussi bien
pour l’usager que pour l’environnement. Un
tuyau très chaud traversant une pelouse laisse
bien évidemment une trace jaune. Le dégagement de vapeur dans un arbre également. Le
grand avantage de cette méthode reste dans le
fait que dès que le refroidissement est terminé,
nous avons la possibilité de planter si besoin.
minimum, est suivi du «test du cresson». Si le
cresson germe après trois jours, on peut en principe remettre en culture. Une quatrième semaine
est ainsi à prévoir. Cette technique est très peu
utilisée au Jardin botanique.
2. la seconde méthode utilisée pour la désinfection des mélanges uniquement et des
petites quantités est le passage de la terre entre
des plaques chauffantes électriques. Si le
même résultat est obtenu, cela prend beaucoup de temps et la quantité d’énergie absorbée reste importante, même en opérant la nuit
où le coût énergétique est plus favorable.
3. troisième possibilité: le recours à la chimie.
Après le travail de surface on répartit sur celle-ci
un granulé chimique, que l’on introduit dans le
sol par binage ou crochetage, puis l’on arrose et
recouvre le sol d’un film plastique. Notre granulé
solide se transforme en gaz toxique qui agit par
asphyxie des éléments à détruire. Les inconnues
sont malheureusement nombreuses concernant
cette méthode. La régularité de l’épandage de la
matière première, celle de l’arrosage ou la température, autant de la toxicité de tel produits pour
l’usager et pour la faune sont mal connues. Le
temps d’action, en général de trois semaines
Désinfection à la vapeur
e
4 voie CFF
Une voie de chemin de fer dans un Jardin botanique:
un projet unique au monde! P. Clerc & C. Lambelet, conservateurs
e jeudi 16 juin 2005 les
Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève
ont inauguré la 4e voie CFF
située derrière la bibliothèque, le long de la
voie de chemin de fer Genève-Lausanne. Cette
inauguration a marqué l’aboutissement d’un
projet dont les détails ont déjà été rapportés
dans la Feuille Verte n° 34 en mars 2004.
UN NOUVEAU MILIEU DANS LE JARDIN
BOTANIQUE
C’est tout un milieu qui a été recréé à cet
emplacement, non seulement au niveau de
sa structure physique et biologique (sable,
ballast, gravier, pavés, mur de pierres sèches
naturelles), mais également au niveau visuel,
anthropologique (rails, butoir, petit wagon,
cloche, panneau indicateur, etc.).
LES PLANTES RUDÉRALES SONT
MENACÉES
Introduire une voie de chemin de fer dans un
Jardin botanique peut paraître complètement
loufoque au premier abord. Sauf si l’on sait
que ce milieu particulièrement sec abrite une
flore extrêmement intéressante, celle des plantes rudérales, et que cette dernière est sensiblement menacée sur le Plateau suisse. Les
plantes rudérales occupent le terrain que
l’homme laisse ouvert mais ne cultive pas
(bords de chemins, terrains piétinés, terrains
vagues, voies de chemin de fer, etc.).
Habitant primairement la campagne, elles
ont été sacrifiées au dogme de la rentabilité
par l’emploi d’herbicides, l’uniformisation des
milieux et le bétonnage. Après les plantes
aquatiques et de marais, les plantes rudérales
sont le type de plantes le plus menacé de Suisse
avec plus de 40% de ses espèces sur la Liste
Rouge. Il se trouve que les villes avec leur
richesse en milieux divers (dont les abords de
voies de chemin de fer) sont une excellente
zone de repli pour ce type de plantes. Malheureusement, là aussi, elles sont menacées, principalement par la poursuite obsessionnelle
d’un ordre parfait, d’une philosophie du «propre en ordre» assimilant l’apparition de ces
plantes à l’évidence d’un entretien négligé.
Alors, on cimente les joints, on bétonne, on
nettoye, on asphalte les chemins, etc.
Inauguration de l’espace rudéral
UN CONSERVATOIRE DE LA
BIODIVERSITÉ
Ce nouveau milieu rudéral au sein des CJB se veut:
1. Un endroit d’observation, de découverte et d’émerveillement. Assis sur un
petit banc dans une zone pavée colonisée par la
végétation, on pourra s’immerger dans ce
milieu au son des trains qui défilent quelques
mètres plus haut sur la voie de chemin de fer
Genève-Lausanne. C’est en entre avril et juin
que la diversité des espèces et des coloris est
maximale, avec plus de 60 espèces sur une
toute petite surface.
2. Une surface de conservation et de
protection avec une partie cultivée – on y
introduit des espèces menacées du canton
qui peuvent vivre ici en toute tranquilité – et
une partie ouverte à la colonisation spontanée par les espèces typiques de ce genre de
milieu. C’est l’un des endroits les moins
«contrôlés» du jardin où presque n’importe
quelle «mauvaise herbe» peut venir spontanément et librement s’installer sans risquer
de se faire arracher.
3. Une surface éducative dans laquelle
on peut montrer, d’une part que les milieux
urbains abritent, eux-aussi, de belles fleurs et
qu’il est nécessaire de les protéger, et d’autre
part qu’un peu de spontanéité et de désordre
sont favorables à la biodiversité, illustrant
combien les activités humaines sont importantes pour le maintien de cette biodiversité
qui nous tient tellement à coeur.
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P. Martignano, Copyrart
le Jardin
Le CARROUSEL des Fables
Plusieurs équipes ont travaillé sur ce projet devenu, au fil du temps,
la figure emblématique d’une Association: Copyrart
a construction a commencé en 1999. Il est
constitué de métal et de bois. Une équipe
de travail a dessiné et sculpté de grands
animaux mobiles, tout droit sortis des
Fables de La Fontaine, qu’il est permis de toucher,
caresser, chevaucher.
Cette réalisation a permis à un bon nombre de personnes (450) à la recherche d’un emploi, de s’exprimer
artistiquement et, pour la plupart d’entre elles, de
retrouver une activité professionnelle.
Pour améliorer la sécurité, quelques modifications et
une adaptation aux normes européennes de sécurité,
entrées en vigueur en 2002, ont été effectuées.
Chaque année, la population genevoise retrouve le Carrousel des Fables sur une place ou dans un parc de la
ville. En 2002, de septembre à novembre, le Carrousel trônait majestueusement sur la place du Rhône
pour la plus grande joie des passants et des usagers.
Durant l’été 2003, de juillet à octobre, il a été remonté
et installé, par les collaborateurs de Copyrart, au
Jardin Anglais.
D’avril à octobre 2004, dans le cadre du 100e anniversaire des Conservatoire et Jardin botaniques de
la ville de Genève, nous avons pu voir tourner les
nacelles du manège ; la population genevoise et les
enfants en particulier ont retrouvé avec bonheur cette
magnifique construction. Pendant cette période, les
animaux du manège ont accueilli 22 686 personnes.
Par ailleurs, des classes enfantines sont venues tourner sur les animaux pendant leurs courses d’école.
L’accueil des enfants était organisé par 12 personnes
provenant du RMCAS, grâce à l’excellente collaboration dont nous disposons avec leurs conseillers ou
conseillères.
Durant l’automne et suite au bilan positif de notre collaboration avec le Jardin botanique, nous avons pu signer
une convention avec la ville de Genève afin que le carrousel des Fables retrouve cet endroit idyllique dans les
années à venir. Nous souhaitons remercier ici la direction du Jardin botanique et l’appui qu’elle nous a fourni
tout au long de l’année.
En 2005, il a retrouvé la pelouse du Jardin botanique.
D’avril à juin 2005, nous avons ouvert 27 demi-journées.
5887 enfants et adultes ont tourné sur les animaux.
Beaucoup d’écoles du canton de Genève sont venues au
Jardin botanique pour effectuer leurs course d’école de
fin d’année. Nous avons ouvert spécialement pour eux le
carrousel, 806 enfants ont été accueillis sur une période
de 15 jours.
Le carrousel de Copyrart au Jardin botanique
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N° 36 – DÉCEMBRE 05 – PAGE N° 11
Préservation et conservation à la bibliothèque:
du temps des CONSTATS
aux ACTES CIBLÉS
L’entretien d’une collection documentaire exige
une veille constante et la mise en place de stratégies
multiples. La transmission du Savoir et l’avancement
de la Science en sont à ce prix
ent quatre-vingt-une années
d’accumulation d’ouvrages
documentaires à la bibliothèque des Conservatoire et
Jardin botaniques correspondent à trois
kilomètres linéaires de rayonnages occupés aujourd’hui. Au risque de véhiculer une
image peut reluisante de notre bibliothèque par l’utilisation du terme «accumulation», ce dernier illustre cependant
une réalité fondamentale du lieu : tout
ouvrage enregistré et intercalé dans nos
collections l’est à titre définitif. Cette
«contrainte» se justifie par la perpétuelle
actualité des ouvrages réputés anciens
pour la recherche scientifique actuelle. La
Science demeurant toujours demandeuse
de ceux-ci, il est donc nécessaire de les
conserver ad vitam aeternam.
Les grands principes étant posés, très vite,
néanmoins, la réalité nous rattrape et nous
précipite dans une lutte inéquitable où
le facteur temps tient le premier rôle. Inévitablement, l’entropie aidant, nos trésors
retourneront à l’état de poussière. Notre
devoir est donc de retarder autant que faire
se peut ce processus irrémédiable, source de
cauchemardesques prospectives pour qui
regarde un tant soit peu vers l’horizon du
futur. Si le combat est permanent, il offre
quand même moult compensations. Le
doyen de nos livres, un incunable de 14851,
tient bon contre Chronos. On ne saurait en
dire autant de certains opuscules de la
seconde moitié du XIXe siècle. Car la lutte
n’est pas linéaire; un grand âge ne signifie
pas forcément une plus grande sénescence.
La qualité des matériaux composant l’objetlivre constitue bien le nerf de la guerre et la
cause de nos plus grands soucis. L’application cohérente d’une politique préventive de
conservation offre l’arme la plus efficace
contre ces périls.
Toutes nos précautions ne peuvent exclure
une donnée fondamentale: l’environnement.
Les livres ne gravitent pas dans un univers
aseptisé. Bien au contraire. Et les interactions
avec cet environnement, si ce dernier est
délétère, auront des incidences profondes et
durables sur nos livres. Et là, nous sommes
perdants. Certes la bibliothèque n’est pas
soumise directement aux caprices météorologiques – entendez par là qu’un toit et des
murs englobent l’ensemble. Certes encore, la
collection a échappé jusqu’à présent à ses
deux pires ennemis que sont le feu et l’eau.
Cependant, les bâtiments hébergeant les
bibliothèques de phanérogamie et de cryptogamie raillent, avec abnégation et constance,
depuis plus de 30 ans pour l’un et 100 ans
pour l’autre, quasi toutes les normes de
conservation internationalement reconnues.
P. Boillat, bibliothécaire principal
A l’image des herbiers bien protégés dans
leur blockhaus souterrain, les livres exigent
aussi un milieu climatique stable, tant des
points de vue de la température que de l’humidité relative et une luminosité indirecte
et tamisée. Les utilisateurs réguliers de la
bibliothèque souriront à l’évocation de ces
contraintes, tant l’enveloppe architecturale
les bafoue allègrement.
Le décor étant posé et les faiblesses du cadre
bâti prises en compte comme contraintes
incontournables, comment maximaliser les
chances de conservation et de préservation
de la collection ? La quantité – trois kilomètres linéaires de livres – et la conservation pour l’éternité nécessitent de développer des stratégies de lutte, d’une part, dans
la limite des budgets disponibles en regard
des besoins de la collection et, d’autre part,
s’inscrivant dans la durée avec des répercussions négatives sur les documents les plus
ténues possibles.
A l’immobilité faussement sécuritaire du
document endormi paisiblement sur son
étagère et semblant traverser langoureusement les ans répond une surveillance obligée de la collection quand bien même cette
dernière est peu manipulée comme c’est
généralement le cas aux CJB. A l’exclusion
des éléments atmosphériques déjà énoncés,
le bibliothécaire s’attaquera à la redoutable
et insidieuse poussière qui par accumulation se métamorphose en garde-manger
potentiel à des myriades de petites bêtes qui
en appelleront de plus massives et plus gloutonnes. C’est la fameuse pyramide alimentaire. Ces animaux, d’ailleurs, savent apprécier l’objet-livre non pour son contenu
mais pour son contenant : cuirs, cellulose
(papier), colle sont des friandises recherchées. N’en déplaise à nos collègues mycologues, les champignons sont aussi de
redoutables et redoutés ennemis. La prohibition drastique de toutes victuailles ou boissons dans l’enceinte de la bibliothèque
concourt à maintenir cette bonne hygiène.
L’achat d’un aspirateur portable en 2004,
à la fois puissant et doux, a accru notre
efficacité dans le dépoussiérage des rayonnages et aussi directement des ouvrages.
S’il est une partie du livre plus exposée aux
aléas du temps, c’est bien la reliure. L’ancienneté de notre collection nous offre
quantité de cuirs. Ce matériau vieillit
fort mal. Heureusement des campagnes
régulières pour nourrir les cuirs avec des
baumes proposés par des institutions
reconnues, notamment la Bibliothèque
nationale de France, redonnent un lustre
et une robustesse bienvenus aux dos et aux
plats. Pour soulager les reliures de l’usure
De gauche à droite
Fig. 1 Dos et deuxième plat avant restauration de l’ouvrage ACHART, A. Dj.
– Quinze cents plantes dans l’Inde – Pondichéry: [s.n.], 1905
Fig. 2 Dos et deuxième plat après restauration du même
ouvrage, accompagné de son emboîtage
PAGE N° 12 – N° 36 – DÉCEMBRE 05 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES
Catalogue de la
BIBLIOTHÈQUE
vers
une
INFORMATISATION
totale
La valorisation de la
collection hébergée par la
bibliothèque des CJB passe
inévitablement par la
création d’outils recensant
son contenu documentaire
physique et chimique (acidité), la bibliothèque ambitionne d’habiller les ouvrages
les plus précieux d’un emboîtage en
carton neutre. Un premier lot de ces protections a été acquis en 2003. 2005 voit
se poursuivre ce programme. Certains fascicules de périodique, non encore reliés,
sont entreposés dans des boîtes vétustes à
la qualité douteuse (encore une fois la problématique de l’acidité). Depuis 2004, leur
remplacement est en cours par des boîtes
dites d’archives, en carton neutre.
Certains livres requièrent des traitements
plus incisifs qui entraînent l’hospitalisation
des documents chez un restaurateur. Des
interventions plus ou moins lourdes, mais
toujours proportionnées, renforcent ou réparent des ouvrages menacés de déliquescence
(fig. 1 et 2); nous sommes loin de l’époque,
somme toute pas si éloignée, où l’on refaisait quasi à neuf un livre au mépris de son
histoire et de son identité2. Ces opérations
sont néanmoins condamnées à demeurer
ponctuelles à l’échelle de la collection, ne
serait-ce que pour des raisons trivialement
pécuniaires.
La préservation et la conservation de ce
patrimoine documentaire s’inscrivent également dans des actions plus pointues,
mais concourant toujours à élever un
cadre favorable à cette politique.
Ainsi, l’achat en 2004 de signets en carton
neutre nous évite de devoir coller les codesbarres – éléments essentiels à la gestion de
la bibliothèque3 – directement sur les livres
les plus précieux en les apposant plutôt sur
ces petits cartons qui sont ensuite glissés
entre les pages (fig. 3). Cette mesure épargnera aux livres des dégâts ultérieurs produits par les colles, véritables fléaux dont
même les restaurateurs aguerris peinent à
contrer les balafres.
La manipulation des ouvrages précieux ou
de grand format occasionne souvent des
accrocs ou la fragilisation de parties plus
exposées à l’usure mécanique, telles que les
charnières des reliures. L’acquisition en
2004 de sets de lutrins en mousse répond
au souci de maintenir la consultation de
ces livres dans de bonnes conditions, tant
pour le confort du lecteur que pour l’intégrité du livre. Issus du monde muséal, ces
prismes en mousse épousent la forme du
livre et garantissent un angle d’ouverture
inférieur à 180°, soulageant le codex d’un
brutal couchage à plat (fig. 4). Les trois
grandeurs de ces supports s’adaptent merveilleusement à quasi tous les formats de
la collection.
On l’aura bien compris, la gestion d’une
collection documentaire exige une action
préventive globale afin d’assurer des conditions minimales de bonne conservation.
Les politiques de préservation et de conservation ont définitivement le vent en poupe.
L’élan impulsé aux CJB face au joyau que
constitue ce patrimoine doit se poursuivre
avec plus de force.
S’il est un chantier à envisager dans un
avenir proche, c’est bien celui de la désacidification en masse des ouvrages publiés
sur un papier de mauvaise qualité – grosso
modo pour la période 1850-1950. Cet intervalle temporel donne la mesure de la tâche
qui nous attend. Les remèdes sont connus
et éprouvés. Heureusement, car ce mal
aurait condamné un pan de notre richesse
à l’effritement!
Travail de longue haleine, la préservation
et la conservation repoussent toujours plus
loin les griffes du temps. C’est là notre mission première.
De haut en bas
Fig. 3 Signet avec cote et code-barres du
ACOSTA, Père José de. – Histoire naturelle
et moralle des Indes, tant orientelles
qu’occidentelles… – Paris: M. Orry, 1598
Fig. 4 Lutrin en mousse présentant le
THEVENOT, Jean. – Relation d’un voyage fait
au Levant… – Paris: L. Billaine, 1665
Notes
1. Herbarius Patavie impressus anno demi
et cetera lxxxv. – Passau: J. Petri, 1485.
2. Pour la description précise des étapes
d’une restauration, le lecteur peut se reporter à l’article rédigé par F. Maiullari dans la
Feuille verte n° 33(2003), pp. 8-10.
3. L’importance des codes-barres pour la
gestion de la bibliothèque a fait l’objet d’un
entretien dans la Feuille verte n° 34 (2004),
p. 20.
Figure 1 Reproduction de l’«Atelier de
restauration Netz», avec autorisation
de Mme et M. Netz pour la publication
Figure 2, 3 et 4 Photographies de
B. Renaud (CJB)
es catalogues demeurent
les voies privilégiées pour
«entrer» dans une telle collection. Longtemps constitués de fiches
papier intercalées dans d’innombrables
tiroirs, les catalogues sont, de nos
jours, généralement informatisés. Les
CJB n’échappent pas à cette règle et ont
d’ailleurs effectués le saut du numérique fin 1984. Cependant, la masse
d’information antérieure à 1984 du
catalogue papier excluait sa migration
vers l’électronique sans un renfort de
l’équipe de bibliothécaires.
Depuis le milieu des années quatrevingts, l’utilisateur était donc condamné
à recourir aux deux catalogues pour
effectuer ses recherches.
La fusion de ces deux catalogues constituait bien un objectif majeur pour la
bibliothèque. Ce dernier est en train de
devenir une réalité, grâce à l’octroi d’un
budget extraordinaire par le Conseil
municipal de la Ville de Genève. Ce budget nous permet d’engager deux bibliothécaires à 50 % pour une durée de
deux ans qui, nous l’espérons, viendront
à bout des quelques 15 000 à 20 000
volumes de monographies recensés sur
fiches.
Néanmoins, il ne sera pas possible de
ressaisir le contenu de toutes les fiches
du catalogue papier. Effectivement, les
tirés-à-part, au nombre de 60 000, ne
pourront être traités lors de ce financement, par manque de temps.
Rendez-vous donc en été 2007
pour un catalogue
en ligne – presque – unifié!
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 36 – DÉCEMBRE 05 – PAGE N ° 13
L’HERBIER de Johannes Hedwig
AUX
CONSERVATOIRE
ET
JARDIN
BOTANIQUES DE LA
VILLE
et son CATALOGUE DE TYPES
DE
GENÈVE
M. J. Price, conservatrice
L’herbier de Johannes Hedwig est l’un des plus précieux herbiers bryologiques au monde.
Nous présentons son histoire, son importance internationale et son influence sur
la taxonomie et la systématique actuelle. Le travail que nous avons mené sur cette
collection a permis de fournir un catalogue des types avec une version informatisée
disponible sur le site Web des CJB
‘herbier des Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève comprend des
collections de plantes vasculaires (plantes
à fleurs et gymnospermes), de cryptogames
vasculaires (fougères) et de cryptogames (algues, lichens,
bryophytes). Vous trouverez une introduction sur les plantes cryptogamiques (les organismes, les collections de
cryptogames et la recherche) dans un article récemment
paru dans la Feuille Verte (volume 35, pages 4-10).
Johannes Hedwig est né en 1730 en Hongrie (à cette
époque la Transylvanie). Il a vécu à Vienne, Chemnitz et
Leipzig avant sa mort en 1799. Hedwig a pratiqué la
médecine mais a entretenu un intérêt actif pour la botanique tout au long de sa vie, en particulier pour l’étude
des bryophytes (Florschütz, 1960; Geissler, 2000). Il était
à Chemnitz lorsqu’il a débuté ses nombreuses récoltes,
en commençant par les plantes à fleurs, puis a porté son
attention sur les bryophytes.
Pour ses études en bryologie il avait besoin d’un microscope qu’il reçut en cadeau de son ami et collègue Johann
Daniel Schreber (1739-1810). Ce premier microscope,
un «Rheintalersches Mikroskop», ne possédait qu’un
grossissement 50 x. L’acquisition d’un microscope à plus
fort grossissement (170-290 x) permit plus tard à
Hedwig d’étudier les détails microscopiques des bryophytes et d’ouvrir de nouvelles perspectives pour la taxonomie et la systématique de ce groupe de plantes. Il fit
de nombreuses découvertes, par exemple il fut le premier
à observer, dessiner et décrire les organes sexuels mâles
et femelles des mousses (anthéridies et archégones).
Hedwig a publié ses observations innovatrices (et révolutionnaires pour l’époque) sur les bryophytes dans ses
ouvrages, incluant les anthéridies, les archégones, le protonéma et sa croissance et les sporophytes des bryophytes
(figures 1 et 2). Il a également décrit quelques nouvelles
espèces de mousses.
Sa plus grande contribution à la bryologie fut son ouvrage
Species Muscorum Frondosorum (figure 6), publié à
titre posthume en 1801 par Christian Freidrich Schwägrichen (1775-1853), un de ses étudiants.
Cet ouvrage de Johannes Hedwig contient les descriptions
de 372 espèces de mousses venant essentiellement d’Europe et d’Amérique du Nord, ainsi que quelques espèces
tropicales. Toutes les descriptions d’espèces ont été basées
sur les spécimens issus de sa propre collection. Hedwig
a décrit et nommé 75 nouvelles espèces dans Species
Muscorum Frondosorum. Cependant la plupart des noms
d’espèces employés dans cet ouvrage étaient ceux donnés par d’autres auteurs comme Bridel (Muscologia
Recentiorum, 1798), Dillenius (Historia Muscorum,
1741), Linnaeus (Species Plantarum, 1753, 1762), ou
encore par Hedwig lui-même (Stirpes Cryptogamicae,
1787-1797). Tous ces noms d’espèces ont plus tard été
attribués à Hedwig lorsque son Species Muscorum Frondosorum fut désigné comme point de départ pour les
noms de mousses par la communauté scientifique.
Des informations détaillées sur Hedwig et Species Muscorum Frondosorum ont été publiées par Florschütz
(1960) et Margadant (1968) ainsi que dans les contributions au «2000 Hedwig Symposium». Différents articles contiennent des informations sur sa vie et son travail
(Frahm, 2000; Wagenitz, 2000; Wissemen, 2000), sur
l’herbier d’Hedwig-Schwägrichen
(Geissler, 2000) ainsi que sur l’influence qu’il a exercé sur la classification actuelle des mousses (Vitt,
2000).
DE L’IMPORTANCE DE SPECIES
MUSCORUM FRONDOSORUM
ET DE L’HERBIER D’HEDWIG
L’ouvrage Species Muscorum Frondosorum a donc été désigné par
la communauté internationale des
bryologues comme le point de départ
de la nomenclature des mousses
(sauf pour le genre Sphagnum L). La
collection d’Hedwig est aujourd’hui
d’importance internationale, en particulier les spécimens utilisés pour
la description des noms donnés par
Hedwig dans Species Muscorum
Frondosorum. Cette collection exceptionnelle est déposée dans l’herbier
général des Conservatoire et Jardin
Fig. 1 Encalypta streptocarpa Hedw.
dessinée par Hedwig lui-même
Fig. 2 Illustration des organes sexuels
de quelques espèces de mousses
PAGE N° 14 – N° 36 – DÉCEMBRE 05 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES
Fig. 3-4-5
Quelques publication d’Hedwig parues
entre 1782 et 1801
LES PRINCIPALES PUBLICATIONS PAR JOHANNES HEDWIG SUR LES
CRYPTOGAMES ET LES BRYOPHYTES
HEDWIG, J. 1782. Fundamentum historiae naturalis muscorum frondosorum
HEDWIG, J. 1784. Theoria generationis et frutificationis pantarum cryptogamicarum
HEDWIG, J. 1787-1797. Descripto et adumbratio
microscopico-analytica muscorum frondosorum
ou également sous le titre «Stirpes cryptogamicae
novae aut dubiae iconibus adumbratae, additaque
historia analytica»
HEDWIG, J. 1798. Theoria generations et frutifications
plantarum cryptogamicarum
HEDWIG, J. 1799. Filicum genera et species recentiori
methodo accomodatae analytice descriptae a Ioanne Hedwig
Tous ces livres ont été brillament illustrés par Hedwig
lui-même
botaniques de la Ville de Genève. L’herbier d’Hedwig a été
acheminé à Genève indirectement: d’abord acheté par
Schwägrichen après la mort du fils d’Hedwig; il a ensuite
été racheté, à la mort de Schwägrichen, par Jean-Etienne
Duby (1798-1885), un ami du botaniste Augustin-Pyramus
de Candolle (1778-1844). Enfin William Barbey (18421914) acquit une partie de la collection de mousses de
Duby pour l’herbier Boissier, une des collections les plus
importantes en termes historiques de l’herbier de Genève.
Schwägrichen a aussi rédigé les volumes supplémentaires de Species Muscorum Frondosorum (Schwägrichen,
1811-1816, 1823-1827, 1827-1830, 1842) et il a ajouté
ses propres spécimens dans l’herbier d’Hedwig. Pour
cette raison l’herbier d’Hedwig est aujourd’hui nommé à
plus juste titre l’herbier d’Hedwig-Schwägrichen.
UN CATALOGUE DES TYPES
Un catalogue de types est une liste du matériel d’herbier représentant les types des espèces d’une collection donnée (par
exemple le catalogue de types de l’herbier d’un individu ou
de l’herbier d’un jardin botanique). Pour la notion de type
(voir l’encadré en page 16) «Les types d’herbier: quelques
définitions». Un spécimen type est le matériel d’origine qui a
été utilisé pour la description d’une nouvelle espèce. Ce même
spécimen type est cité dans la description originale de l’espèce
(protologue). Les types sont conservés dans les collections
des conservatoires, des jardins botaniques, des universités
ou des musées d’histoire naturelle. Ils sont importants
pour l’établissement d’une nomenclature stable, concrétisée
par l’étude des espèces et des relations entre elles (taxonomie
et systématique), ainsi que pour l’intérêt historique des collections.
LE CATALOGUE DES TYPES DE LA COLLECTION
D’HEDWIG
Un catalogue de types provenant de la collection d’Hedwig a
été compilé avec une base de données des spécimens ainsi
que des images de planches d’herbier (figure 7). C’est une
liste de tous les types, ou types potentiels de sa collection présents dans l’herbier général des CJB. Ce catalogue servira de
référence pour le matériel (types ou types potentiels) de l’herbier d’Hedwig. Il présente toutes les données nécessaires sur
ce matériel et comprend donc le statut de typification des
noms. Tous les noms de types sont donc présentés dans le
catalogue, incluant l’information des protologues et les détails
des étiquettes originales. Les typifications publiées pour 210
noms de mousses donnés par Hedwig ont été listées. Un total
de 351 photographies de planches d’herbier d’Hedwig est
disponible dans le catalogue. Il faut noter que pour
43 espèces du catalogue la collection ne comprend pas de
spécimens d’herbier. L’information fournie dans ce catalogue
sera bientôt publiée dans Boissiera (Price, 2005). Les données sont d’ores et déjà disponibles dans une base de données accessible sur le site Web des CJB (Price et al., 2004:
http://www.ville-ge.ch/cjb/ - rubrique «bases de données»).
Ces deux formes de publication – papier et électronique –
faciliteront la conservation à long terme de cette importante collection de bryophytes. Ce projet sera poursuivi
avec la rédaction du catalogue concernant la partie
Schwägrichen de la collection (voir ci-après).
PROJET EN COURS UTILISANT LES DONNÉES DU
CATALOGUE DES TYPES DE L’HERBIER D’HEDWIG
L’étude des spécimens et des types (holotype, isotype,
syntype, lectotype…) contribue largement à la systématique. Comme l’ouvrage Species Muscorum Frondosorum
avait été désigné comme point de
départ de la nomenclature des
mousses, il fallait désormais examiner tous les spécimens de sa
collection de façon critique, et les
typifier. Certaines études sur les
typifications de ces noms ont déjà
été faites par des chercheurs
internationaux (Cardot, 1899;
Hedenäs & Geissler, 1999; Koponen, 1979; Geissler, 2000; Pursell, 1986) mais il reste beaucoup de noms à typifier. Ceci est
d’ailleurs l’objet d’un projet spécifique qui sera mené tout prochainement aux CJB. Un exemple
de typification de noms donnés
par Hedwig est illustré ici par
Weissia calycina Hedw., une
espèce tropicale décrite par
Hedwig dans Species Muscorum
Frondosorum (page 70). Cette
typification est basée sur les spécimens de Jamaïque récoltés par
Olof Swartz de Stockholm, Suède.
Cette espèce est aujourd’hui
reconnue comme Holomitrium
calycinum (Hedw.) Mitt.
Descript. Stirps erectiuscula,
declinataque, divisa. Folia e
latiuscula, concavula basi
imbricata, in linearem processum, ductulorum fasciculo
quoque percursum, protensa:
perigonialia longissima, interiora fructum exsuperantia.
Pedunculus semuncialis, pallidus. Sporangium ventricoso
oblongum, erectum.
Hedwig, 1801 – Species Muscorum Frondosorum, p. 70.
Lorsque la planche d’herbier originale de Weissia
calycina Hedw. fut examinée en 2002, en fonction des
critères de la taxonomie moderne, deux espèces différentes ont été distinguées parmi les quatre échantillons
examinés (Holomitrium calycinum (Hedw.) Mitt. et
Holomitrium olfersianum Hornsch.). Un des deux
échantillons d’Holomitrium calycinum (Hedw.) Mitt.
devait être désigné comme type. Pour le nom Weissia
calycina Hedw. (Price, 2002), un lectotype a été choisi
après une vérification taxonomique, et l’examen de
l’illustration (figure 8) et de la description originales
(Price, 2002).
Fig. 5 Trichostomum fontinaloides
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 36 – DÉCEMBRE 05 – PAGE N ° 15
LES TYPES D’HERBIERS: QUELQUES DÉFINITIONS
La notion de type s’applique aux spécimens employés par des auteurs pour donner un nom
à une nouvelle espèce (holotype…), ou au matériel de type qui n’est pas clairement défini
au début, afin de désigner un spécimen comme type (lectotype)
Holotype L’holotype du nom d’une espèce ou d’un taxon infraspécifique est le seul spécimen ou
l’illustration que l’auteur a utilisé pour sa description
Isotype Un isotype est un double quelconque de l’holotype; c’est toujours un spécimen
Syntype Un syntype est un des spécimens cités dans le protologue lorsque aucun holotype n’a été
désigné, ou lorsque un ou plusieurs spécimens ont été désignés simultanément comme types
Paratype Un paratype est un spécimen cité dans le protologue qui n’est ni l’holotype, ni un isotype, ni
un syntype mais constitue deux spécimens ou plus qui ont été désignés simultanément comme types
Lectotype Un lectotype est un spécimen ou une illustration désigné parmi le matériel original comme
type nomenclatural. Il est sélectionné si aucun holotype n’a été indiqué au moment de la publication,
ou si l’original est manquant ou semble appartenir à plus d’un taxon
UN PROJET À RÉALISER PROCHAINEMENT:
LE CATALOGUE DES TYPES POUR LA COLLECTION
DE SCHWÄGRICHEN
Les informations concernant les spécimens de la collection de Schwägrichen ont déjà été introduites dans
la base de données en préparation pour la publication
du Catalogue des Types de Schwägrichen, planifiée pour
2006-2007.
QUELQUES RÉFLEXIONS
La contribution d’Hedwig à l’étude des bryophytes, et,
particulièrement des mousses, est considérable. Ses publications illustrées avec talent et sa collection de mousses ont
une grande importance historique. Après la désignation
de son livre Species Muscorum Frondosorum comme
point de départ de la nomenclature des mousses, l’herbier
d’Hedwig, déposé dans l’herbier général des Conservatoire
et Jardin botaniques de la Ville de Genève, a pris une place
d’importance internationale. Un équivalent de l’herbier
original de Linnaeus, dans le domaine de la bryologie.
REMERCIEMENTS
Patrick Perret et Patrick Bungener (éditions CJB – Boissiera); Matthieu Berthod et Gérard Schilling (graphisme
Fig. 7 Type de Mnium cuspidatum Hedw.
et mise en page du catalogue) ; Laurent Kneubuehl
et Raoul Palese (informatique et site Web); Carol Price
et Eva Maier (vérification des données et relecture des
étiquettes originales); Ariane Cailliau et Matthieu Chabanon (corrections en français) et Magali Stitelmann pour
la relecture du texte. Enfin, l’équipe des bryologues des
CJB (Laurent Burgisser, Ariane Cailliau, Matthieu Chabanon, Eva Maier, et Anne Streiff) pour leur enthousiasme.
RÉFÉRENCES
BRIDEL, S. E. 1798. Muscologia Recentiorum. Volume 2 (1). C.G. Ettinger: Gotha,
Germany.
CARDOT, J. 1899. Études sur la flore bryologique de l’Amérique du Nord. Révision des types d’Hedwig et de Schwaegrichen. Bull. Herb. Boissier 7: 300-336,
338-380.
DILLENIUS, J. J. 1741. Historia muscorum. Oxford: England.
FLORSCHÜTZ, P. A. 1960. Introduction to Hedwig’s «Species Muscorum», pp. VXXII. In Facsimile edition to J. Hedwig’s Species Muscorum Frondosorum. H. R.
Engelmann (J. Cramer), Weinheim.
GEISSLER, P. 2000. The Hedwig herbarium and its importance for the nomenclature of mosses. Nova Hedwigia 70: 15-23.
HEDENÄS, L. & P. GEISSLER. 1999. Lectotypification of Hedwig names: holarctic pleurocarpous mosses. Candollea 54: 417-432.
HEDWIG, J. 1782. Fundamentum historiae naturalis muscorum frondosorum,
concernens eorum flores, fructus, seminalem propagationem, adjecta generum
dispositione methodical, iconibus illustrates. 2 vols. Lipsiae [Leipzig].
HEDWIG, J. 1784. Theoria generationis et frutificationis plantarum cryptogamicarum Linnaei mere propriis observations et experimentis superstructa; dissertation quae praemio ab Academia imperiali Petropolitana pro anno 1783 proposito ornate est; auctore Joanne Hedwig…Petropoli [St. Petersberg]
HEDWIG, J. 1787-1797. Descripto et adumbratio microscopico-analytica muscorum frondosorum nec non aliorum vegetantium e classe cryptogamica Linnaei
novorum dubiisque vexatorum auctore Joanne Hedwig. M.D. 4 vols. Lipsiae [Leipzig]. NB. Published in four volumes under title ‘Stirpes cryptogamicae novae aut
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HEDWIG, J. 1798. Theoria generations et frutifications plantarum cryptogamicarum Linnaei, retracta et aucta. C. tab. Coloratis. Ed. 2. Lipsae [Leipzig].
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analytice descriptae a Ioanne Hedwig… iconibusque ad naturam pictis illustratae a Romano Adolpho filio… Lipsae [Leipzig].
HEDWIG, J. 1801. Species muscorum frondosorum descriptae et tabulis aeneis
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Fig.8 Weissia calycina Hedw.
PAGE N° 16 – N° 35 – DÉCEMBRE 04 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES
e
Le XVII Congrès
INTERNATIONAL de Botanique
P.-A. Loizeau, sous-directeur des CJB
La communauté des scientifiques botanistes s’est retrouvée
à Vienne en Autriche, du 11 au 23 juillet 2005. Huit collaborateurs
des CJB, à des titres divers, ont fait le déplacement.
Ce congrès, organisé par l’International Association for Plant
Taxonomy (IAPT), a lieu tous les 6 ans
a première semaine est traditionnellement consacrée à la
révision du Code de Nomenclature, l’ouvrage de référence
qui depuis 1867 règle la façon dont on
nomme les plantes. Il faut ici rappeler que le
premier Code de Nomenclature a été publié à
cette date par Alphonse Louis Pierre Pyramus
de Candolle, fils d’Augustin-Pyramus de
Candolle. Ce code est revu pratiquement
tous les 6 ans depuis une centaine d’années.
Ce ne sont pas moins de 626 propositions
de modifications qui étaient soumises au vote
de près de 250 membres de l’IAPT.
RECONNAISSANCE DE GENÈVE
Chaque membre présent a droit à une voix.
Les représentants des institutions ont droit en
plus à un nombre de voix proportionnel à la
dimension de leur herbier et à une estimation
de l’activité taxonomique de leurs chercheurs.
Genève obtient le maximum de voix, à savoir
7 voix. Cette dotation est une reconnaissance
internationale de la valeur de nos collections
et de la qualité de nos recherches.
LE LATIN DES DIAGNOSES
La procédure de vote est la suivante: un premier tour est effectué par courrier avant la session. Seuls les votes des membres sont sollicités à ce stade. Toutes les propositions qui sont
refusées par plus de 75% des votants sont rejetées d’office. Parmi celles-ci, on notera le rejet
de la suppression du latin au profit de l’anglais comme langue originale pour la publication des nouvelles espèces. Le latin reste
donc obligatoire au moins encore pour 6 ans.
Personnellement, je pense que même si l’anglais est manifestement la langue de communication des scientifiques, le fait d’obliger
les botanistes à effectuer tout ou partie de la
diagnose originale en latin renforce la dimension universelle et intemporelle des fondements de la botanique.
PUBLICATION ÉLECTRONIQUE SOUS
CONDITION
Une proposition qui avait été rejetée lors du vote
préliminaire a été réétudiée grâce à une motion
émanant de l’assemblée. Il s’agit de la possibilité de publier de nouvelles espèces dans des
journaux électroniques (et consultables à travers Internet). La majorité des chercheurs des
CJB, sinon tous, est opposée à cette solution. En
effet, la pérennité de l’information n’est pas
assurée par son stockage sous forme électronique. Or nous publions des références qui
devront être consultables dans des dizaines ou
des centaines d’années. Que pouvons-nous lire
des documents stockés sur disquettes 5 pouces
il y a seulement 15 ans, dans des formats qui
ne ressemblaient en rien aux traitements de
texte actuels? La version imprimée de ces documents est encore et toujours accessible, avec un
coût de stockage relativement faible, alors que
le transfert de la version électronique et le maintien de l’information dans un format moderne
demanderait beaucoup plus d’investissement,
ce travail étant sans fin et augmentant en
volume avec les années.
Une solution intermédiaire a été trouvée dans
la recommandation suivante: une version
électronique ne peut être l’unique support
d’une nouvelle espèce. Par contre, s’il y a
publication électronique, il doit y avoir obligatoirement publication antérieure d’une version papier, les deux versions étant identiques
et la version papier largement distribuée. Dès
lors, la consultation d’une référence électronique peut être admise, ce qui pourrait faciliter dans une certaine mesure la diffusion de
l’information, particulièrement vers les pays
émergeants, qui ont de plus en plus souvent
un lien Internet avec le monde, mais pas de
bibliothèque botanique de référence.
LES ACACIAS RESTENT AUSTRALIENS
Un autre point important fut largement
débattu: le changement du nom de genre
Acacia. En effet, des études phylogénétiques
montrent que le genre devrait être séparé en
deux, avec d’un côté les Acacias africains et
sud-américains, et de l’autre les australiens,
10 fois plus nombreux. Selon le code de
nomenclature, le nom Acacia aurait dû être
attribué à la branche africano-sud-américaine pour des questions d’antériorité
de date de publication du nom original.
Mais pour des raisons économiques, tant au
niveau agro-forestier que touristique, la
commission spécialisée en charge de la préparation de ce dossier a proposé de conserver le nom Acacia pour les espèces australiennes. L’assemblée plénière, après moult
joutes oratoires, et la consultation de centaines de courriels de soutien, affichés dans
les couloirs de la session, envoyés essentiellement par des scientifiques et des politiciens
australiens, a voté pour la conservation à
une courte majorité. Ainsi les Acacias restent australiens, et les espèces africaines et
sud-américaines devront changer de genre!
A moins que des études complémentaires ne
présentent d’autres conclusions.
Quelques-uns des 4000 congressistes présents à Vienne
1600 CONFÉRENCES EN UNE SEMAINE
La seconde semaine a vu affluer à Vienne
plus de quatre mille congressistes venant
du monde entier. Il s’est tenu jusqu’à 17
sessions en parallèle, traitant de tous les
aspects de la botanique, en allant de la
génétique moléculaire, à la conservation
des plantes, en passant par la biologie des
populations, la phytochimie, l’écophysiologie, la morphologie, la systématique, les
effets du climat, l’ethnobotanique, etc. La
palette était immense et les choix douloureux. A raison de 3 conférences par heure
et par session, les congressistes ubiquistes
auraient pu assister à 50 conférences par
heure. Près de 1600 conférences ont été
données, dont 32 conférences magistrales.
Ceci dit, il n’était matériellement pas possible d’assister à plus de 106 conférences,
soit 6,6% de l’offre.
Nous sommes rentrés de Vienne la tête foisonnant d’informations, desquelles surgiront
peut-être les idées permettant de faire avancer la recherche de chacun. Certains d’entre
nous ont aussi eu l’occasion de présenter leur
recherche par le biais de conférences ou de
posters.
L’organisation de tels congrès demande des
moyens de plus en plus importants. Les
coûts de participation semblent augmenter
en proportion. Cette «Grand messe» permet
aux scientifiques du monde entier de communiquer. Pourtant on peut se demander si
les dimensions ne deviennent pas ingérables,
tant du point de vue de l’organisation que
de la possibilité pour le simple congressiste
de participer à tout ce qui pourrait l’intéresser et d’absorber toute l’information
dispensée.
SIX RÉSOLUTIONS FINALES
L’assemblée générale de fin de congrès prend
habituellement un certain nombre de résolutions. Pour ce congrès de Vienne, la première
consiste à entériner les décisions prises pendant la session de nomenclature.
La seconde s’inquiète de l’augmentation
du dioxyde de carbone dans l’atmosphère et
sollicite des fonds pour des études à l’échelle
des écosystèmes.
La troisième affirme que l’évolution est le
principe central de la biologie moderne, affirmation rendue nécessaire dans le cadre du
débat propre aux américains entre créationnistes et évolutionnistes.
La quatrième insiste sur l’importance de la
taxonomie, comme base de tout travail de
gestion d’espèces et de conservation, et sollicite des efforts particuliers pour la publication
de flores régionales et mondiale.
La cinquième rappelle que les deux tiers des
espèces seront menacées d’extinction au cours
du 21e siècle, et que des déclarations ont été
faites par de nombreux gouvernements pour
diminuer la perte de biodiversité.
Le congrès demande donc que toutes ces
déclarations se concrétisent entre autres par
des appuis financiers des gouvernements et
des sponsors afin d’assurer l’étude et un suivi
de l’évolution de la biodiversité, par la mise
en place de stratégies de conservation, ou par
un soutien renforcé aux musées en charge de
la conservation de spécimens d’herbier et de
littérature.
La dernière résolution fixe le prochain
congrès de l’IAPT du 23 au 30 juillet
2011 à Melbourne en Australie
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 35 – DÉCEMBRE 04 – PAGE N ° 17
3
4
5
Exposition «Ambiguë,
la relation plante-insecte»
6
1 Ambiguë, cette mouche
géante qui vous dévisage
à l’entrée de l’exposition?
2 Reprise de l’exposition dans le
cadre des Floralies
1
2
3 Un public d’adolescents très
intéressé par un «butinage BD»
4 Les magnifiques suspensions
photographiques d’Alan
Humerose
5 Visite guidée par le commissaire de l’exposition «Ambiguë»
6 Un nombreux public (plus de
50000 visiteurs), passionné par
les insectes
Fidèle à sa tradition, la Feuille Verte
vous présente une rétrospective
photographique des événements
marquants l’année écoulée
Rétrospective
Evénements aux CJB
7 Visite guidée pour les parlementaires fédéraux (juin 2005)
8 Stand d’UNI GE et des CJB au S-Dev (plateforme internationale pour
un développemment durable à Palexpo du 11 au 13 octobre 2005)
9 Inauguration de notre exposition sur la Flore alpine (mai 2005)
10 La basse-cour des CJB en quarantaine, en prévision de l’arrivée de la
grippe aviaire… (octobre 2005)
11 Passage de témoin et repas champêtre
12 Cours professionnel interservice (CJB – SEVE): une première!
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L’art, les enfants et des spectacles
13 L’art, la science et les enfants: créations automnales et land art aux CJB (collaboration: DIP)
14 Parterre de fleurs artificielles pour l’expo «L’art et les enfants» (DIP) à la Salle du Chêne
15 Spectacle de la Chorale des Bains fort réussi aux serres de Pregny (septembre 2005)
16 Aubert & Siron butinent en serre pour la Fureur de lire (septembre 2005)
17 Catherine Gaillard conte au Jardin botanique pour la Fureur de Lire
C’est notre manière de relater la multiplicité des
rapports que nous entretenons avec nos différents publics.
Qu’ils en soient ici remerciés!
ANNUELLE
Ateliers, variations botaniques
et formation continue
18 Stage de formation continue
des enseignants du DIP
19 Variation botanique
(visite guidée) autour de l’arbre
20 Atelier vert sur l’herbier:
une vocation précoce?
21 Les animaux: un sujet d’atelier
toujours très prisé
18
20
21
19
22 Le «théâtre des oiseaux»
(atelier vert, 2 novembre)
22
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 36 – DÉCEMBRE 05 – PAGE N ° 19
RENCONTRE annuelle 2005
de l’Association des JARDINS
et COLLECTIONS botaniques suisses
Depuis 1972, les responsables techniques des jardins botaniques
suisses se réunissent régulièrement
Raymond Tripod, chef jardinier
et organisateur de ces journées
n 1998, pour renforcer leur
action, une association a été
créée sous le nom de «Hortus
Botanicus Helveticus» H.B.H.
Sans but lucratif, ses objectifs visent principalement à:
La mise en valeur des capacités techniques
et du savoir faire des institutions et jardins
membres, ainsi que de leur personnel en
matière de façons culturales, de gestion
des collections, de sauvegarde des espèces
menacées, de l’aménagement du paysage,
de pédagogie, d’échange des informations
avec les différents réseaux de jardins botaniques européens et hors continents.
La conservation et le développement de
collections botaniques au niveau national
et international.
La promotion d’actions d’intérêt public en
étroite collaboration avec les directions
respectives des jardins botaniques suisses.
Le développement d’un réseau actif pour
l’échange des compétences et du personnel.
La mise sur pied de journées techniques
pour la formation continue du personnel
spécialisé de ses membres.
La promotion et la publicité des jardins
botaniques auprès des Autorités et des offices du tourisme.
Enfin, pour toutes les collections publiques
et privées du pays, elle est le partenaire
de l’Office Fédéral de l’Environnement,
des Forêts et du Paysage (O.F.E.F.P.) pour
la mise en œuvre et l’application de la
«Convention sur la diversité biologique»
(C.D.B.), générée par la Conférence de
Rio 1992, ratifiée par la Suisse en 1993.
Aujourd’hui, l’association réunit 20 membres collectifs, 37 individuels, 15 bienfaiteurs
représentant l’ensemble des institutions officielles publiques et la quasi-totalité des collections d’initiatives privées. Chaque année,
il incombe à un responsable technique de proposer un programme pour la rencontre
annuelle des adhérents dans lequel l’assemblée générale tient une place prépondérante.
Organisée cette fois-ci aux Conservatoire
et Jardin botaniques, du 14 au 16 septembre
derniers par notre jardiner-chef, ce ne sont pas
moins de 83 participants qui se sont déplacés
pour tout ou partie de ces journées d’échange.
Le 1er jour comprenait un parcours dans la
Terre de Pregny, le Domaine de Penthes et une
visite des ex-serres du Baron Rothschild à
Pregny où chacun, en complément des aspects
conservation, a eu loisir de goûter à la palette
des fruits et raisins présentés pour l’occasion
sous forme d’une échoppe botanique dans la
plus grande des serres. Après une courte restauration à la cafétéria du B.I.T. et un déplacement en train régional jusqu’à Versoix, le
groupe a été accueilli par Madame Véronique
Schmied, Maire, dans le parc de la Mairie
pour un bref historique du lieu, agrémenté
d’un verre de l’amitié.
Puis, au fil de l’eau, sur un bateau «Belle
époque» de la C.G.N. à destination d’Yvoire,
les participants ont été reçus au «Jardin des
Cinq Sens», dans l’ancien potager du château, par Madame Anne-Monique d’Yvoire
pour une présentation détaillée des plantations et du labyrinthe végétal inspirés des jardins clos du Moyen-Age. Incités à la méditation, les sens en éveil, contemplatifs, nous
avons apprécié la disposition des thèmes et
la maintenance exemplaire de l’aménagement. Nul ne saurait quitter la paisible cité
médiévale sans avoir savouré les tradition-
nels filets de perche, spécialité de l’endroit.
Tel fut le cas avant d’embarquer pour un
retour dans la rade illuminée de Genève.
La matinée du jeudi, sous la conduite des
chefs de culture aidés de conservateurs
et scientifiques, a été consacrée à la visite des
collections vivantes de notre jardin, des heures privilégiées pour les cultivateurs. C’est sur
l’esplanade du jardin d’hiver que s’est clôturé
ce volet, moment pour notre direction qui
avait accepté d’être le support de ces journées,
à Monsieur Spichiger d’accueillir officiellement les participants et de livrer un message
de circonstance. Au cours de l’apéritif servi
pour l’occasion, Madame Suzanne Bollinger,
vice-présidente de l’Association adressa, au
nom de tous, de chaleureux remerciements
aux Conservatoire et Jardin botaniques. Puis,
dans le cadre enviable de la buvette, un repas
apprêté par la Famille Berron précéda la
présentation des herbiers et la bibliothèque,
des biens culturels botaniques inestimables,
propriété de la Ville de Genève, que plus d’un
n’avaient pas encore découvert.
En prolongement et conformément aux
dispositions statuaires l’assemblée générale
prévoyait l’élection d’un comité pour un
nouveau mandat de deux ans. Déposant le
sien, pour cessation d’activité et après dix années
de présidence, le soussigné
ne s’est pas représenté.
Pour lui, ce fût l’heure de
remercier vivement ses
collègues pour le travail
réalisé au profit de tous les
jardins du pays. Il s’agissait, en plus, d’élire un
représentant-observateur
des jardins botaniques
suisses au Consortium
des jardins botaniques
européens. De notre institution, Madame Sophie
Dunand-Martin, adjointe
au jardinier-chef, a été
appelée pour cette fonction. Honorés de la présence de Madame Maîté
Delmas, Présidente des
Jardins botaniques de
France, cette riche journée
s’est terminée dans le
vignoble de Satigny, une
façon de proposer, dans la
convivialité, des saveurs spécifiques au terroir genevois à nos collègues francophones,
d’outre Sarine et du Sud des Alpes.
Le lendemain, dernier jour, une excursion
au jardin botanique du Parc de la Tête d’Or
de la Ville de Lyon a clôturé le programme
de cette rencontre 2005. Nous étions 52 présents pour l’accueil réservé par Monsieur
Frédéric Pautz, Directeur, accompagné de
ses proches collaborateurs qui composèrent
plusieurs groupes. Tour à tour, guidés dans
les grandes serres d’exposition, de plantes
succulentes, d’orchidées, de broméliacées,
d’insectivores, de Madagascar ou d’Afrique du
Sud, dans le jardin mexicain extérieur, les secteurs alpin et floral, l’école de botanique, les
locaux de la graineterie et du laboratoire de
culture, chacun trouva réponse à ses intérêts.
Pour honorer cette très complète visite, les
participants ne se sont contentés que d’un
pique-nique emporté, consommé à l’ombre
du platane ancestral du Parc.
Comblés par nos collègues, reconnaissants
pour leur grande disponibilité et la foison
d’informations données, des remerciements
d’usage ont clôturé l’après-midi de ce
rapprochement dont chacun conservera
un vivant souvenir.
PAGE N° 20 – N° 36 – DÉCEMBRE 05 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES
Le programme des expositions et animations aux CJBG pour 2006 s’annonce fort
intéressant. Axé sur les diversités, il mettra principalement en scène, en collaboration
avec nos collègues du Musée d’histoire naturelle, deux expositions-promenades qui
feront écho sur la rive gauche à l’exposition «Toile de vie» du Museum
omme l’an dernier et probablement comme pour
les années qui viennent, nous présenterons à
nos public, autour d’une ou plusieurs expositions,
la palette de collaboration culturelle la plus large
possible. Ces regards croisés sur une thématique ont magnifiquement fonctionné pendant la manifestation «Ambiguë, la relation plante-insecte» de l’été 2005. Le grand public a particulièrement apprécié ces éclairages scientifiques, mais aussi tour à tour
musicaux, plastiques, théâtraux ou littéraires. «Une année – une
thématique», cela pourrait être notre slogan pour les années à
venir, tant nous nous efforcerons de proposer des visions, certes
multiples et transdisciplinaires, mais surtout cohérentes d’un
même sujet tout au long de notre «saison» (avril à novembre).
C’est ainsi que pendant ce «long été», nous proposerons,
souvent en collaboration avec nos collègues des autres musées,
tout un florilège de rencontres pédagogiques (ateliers d’été ou
ateliers verts, formations continues, forums, visites thématiques,
etc.), d’animations ludiques ou scientifiques (goûters, cinéma,
conférences, Nuit de la science, etc.) ou de moments artistiques
(expositions d’artistes, vernissages, installations, etc.) autour
du thème des diversités.
Vous en trouverez une liste provisoire ci-dessous mais
nous vous prions de vous référer au programme officiel de
«DIVERSITE(S)» qui sera disponible dès février 2006 et sur
notre site http://www.ville-ge.ch/cjb/
Programme 2006
Programme 2006
EXPOSITIONS-PROMENADES
ANIMATIONS
Biodiversité et Humanité / 9 mai – 22 octobre
Proposée sous l’égide de la Fondation Nicolas Hulot pour la
Nature et l’Homme et l’Association Noé-Conservation, cette
exposition internationale sera présentée en grande première
hors des frontières françaises dans les collections du Jardin
botanique
Nuit de la Science / 8 et 9 juillet
(thème «Evolution et révolution»)
Les CJB auront un stand commun avec le MHN pour cette
6e Nuit de la Science. Nous présenterons lors de ces deux
journées (et nuit) un espace dédié à la biodiversité et une
question existentielle: «sommes-nous en train de vivre la 6e
extinction?».
Jeux, expositions, interactions avec des experts scientifiques
seront au programme.
Diversité végétale en Suisse,
état de la question / 9 mai – 22 octobre
Exposition maison, ce parcours proposera aux visiteurs une
vision imagée de la phytodiversité en Suisse et des menaces
qui pèsent sur elle
Parcours Alph@:
Questions de conscience / 5 – 21 juin
Troisième parcours à thème créé par le Réseau romand
Science et Cité, cette série de panneaux stimulant l’imagination et l’intérêt pour les sciences sera présenté pour la première
fois à Genève, dans le Jardin botanique, en juin 2006
Ateliers verts et variations botaniques
(selon programmation, voir www.ville-ge.ch/cjb)
Atelier des musées en été (21 - 25 août 2006)
Programmation musicale, contes,
carrousel et jeux pour enfants
(Dates et heures selon programmation ultérieure)
Diversité(s)
En collaboration avec le Musée d’Histoire naturelle et sa programmation centrée sur
la diversité biologique (exposition «Toile de vie»), les Conservatoire et Jardin botaniques
proposeront dès le printemps 2006 des éclairages sur la biodiversité en général, son
rapport avec l’homme et plus particulièrement avec le monde végétal
La Biodiversité est-elle si importante à
conserver?
Cette question provocatrice n’est pas sans échos dans
le monde politique et il nous est apparu comme très
important de donner les clés qui permettent au public
de répondre à ce type de questionnement en connaissance de cause et de manière objective.
Cette réflexion s’inscrira muséologiquement dans les
collections du Jardin botanique à travers deux expositionspromenades:
– Diversité végétale en Suisse, état de la question (production CJB)
– Biodiversité et humanité (Ministère français
des affaires étrangères)
Des panneaux, de magnifiques photographies, toute une
muséographie de plein air seront proposés aux publics
pour une balade initiatique dans nos collections à la
découverte de la phytodiversité régionale et des enjeux
liés à sa drastique diminution au niveau planétaire.
1. Diversité végétale en Suisse, état de la question
Les 10 panneaux qui composent cette évocation de la
richesse du monde végétal en Suisse seront présentés
dans le Jardin botanique. De petits jardins suspendus
évoqueront le monde des mousses, des hépatiques, des
lichens, des fougères et des plantes à fleurs.
Un éclairage particulier sera consacré aux listes rouges,
aux espèces menacées, à la conservation et aux espèces
néophytes envahisseuses (sujet fétiche des CJB).
Un choix d’ouvrages sur la flore régionale et sa conservation seront présentés par la bibliothèque, ainsi qu’à
notre boutique.
Une mise à plat des connaissances objectives en la
matière, mais aussi une interpellation très forte sur notre
rôle et celui de notre civilisation souvent décadente,
gaspilleuse et irrespectueuse du patrimoine naturel et des
valeurs qui lui sont liées. Processus irréversible ou non,
c’est à nous et à vous de jouer. Les Conservatoire et
Jardin botaniques de la Ville de Genève jouent un rôle de
pointe, souvent primordial et pionnier, ici et là-bas, dans
la connaissance et la gestion raisonnée des ressources
végétales naturelles.
2. Biodiversité et humanité
Cette exposition, produite par La Fondation Nicolas Hulot et
l’association Noé-Conservation pour le Ministère français des
affaires étrangères et grâce à l’aide de nombreux scientifiques
de renom, est tout à fait remarquable. Elle dresse un bilan
thématique de la situation environnementale et de ses rapports conflictuels avec le monde des humains qui gère la planète. La biodiversité contribue au bien-être de l’humanité.
Déclarations et conventions internationales le réaffirment.
Sa conservation reste pourtant un des défis du XXIe siècle.
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 36 – DÉCEMBRE 05 – PAGE N ° 21
L’affaire de tous
La biodiversité nous fournit abri, nourriture, eau potable,
vêtements et médicaments. Dans sa diversité et sa complexité, elle garantit le bon fonctionnement des écosystèmes, qui rendent des services irremplaçables à l’humanité.
Patrimoine naturel, elle est le pendant de nos monuments
et œuvres d’art au niveau culturel. Elle a forgé la diversité
de nos sociétés et remplit des fonctions récréatives, esthétiques et spirituelles qui n’ont pas de prix. Héritage pour
les générations futures, il est de notre responsabilité et de
notre intérêt de la protéger.
Une affaire d’États
Le Sommet de la Terre de Rio, en 1992, marque la signature de la Convention sur la Diversité Biologique. Ce traité
définit 3 objectifs: la conservation de la diversité biologique, la valorisation durable des ressources et le partage
équitable des bénéfices provenant de son utilisation. Dix
ans après, en 2002, les États s’engagent à nouveau, lors
du Sommet de Johannesburg, à une «réduction substantielle de la perte de la diversité biologique d’ici 2010».
La conservation de la biodiversité, qui a pourtant un
coût, n’est pas ressentie comme une priorité à court
terme dans les stratégies de développement. Cet investissement à long terme doit être partagé dans les efforts
de solidarité internationale, pour l’émergence d’une
civilisation planétaire écologique et diversifiée.
50% de la surface de la terre a été modifié par l’usage de
l’homme, et il n’existe pratiquement plus de territoires
véritablement vierges.
Un premier geste pour la planète:
consommer moins!
L’empreinte écologique mesure la pression qu’exerce
l’Homme sur la nature. L’unité employée correspond
au nombre d’hectares de terre nécessaire pour produire
les aliments et le bois que consomment les habitants,
l’équipement qu’ils utilisent, et pour absorber le CO2
produit par les combustibles fossiles.
Le prix à payer
Selon le WWF, si tout le monde vivait comme un Français
ou un Suisse, il faudrait 3 planètes. Et si tout le monde
avait le mode de vie d’un Américain, il en faudrait 5!
La croissance démographique et l’augmentation de
la consommation accentuent la pression sur les ressources naturelles et les espaces sauvages. La pauvreté
amplifie la spirale de dégradation de l’environnement.
«Il ne sert de rien à l’homme de gagner la lune, s’il
vient à perdre la Terre.»
François Mauriac, écrivain français (1885-1970)
PARCOURS Alph@:
Des énigmes sur la
conscience aux CJB
Un sentier didactique et ludique – le Parcours Alph@ – sera mis en
place au printemps 2006 par le Réseau romand Science et Cité (RRSC)
aux Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève
rente-quatre affiches au format mondial
vous inviteront à vous dégourdir l’esprit, à vous
muscler les neurones, sous le titre Questions de
conscience: des énigmes pour petits et grands
sur les mystères du cerveau, les illusions d’optique, les
perceptions humaines et animales…
Petit cousin du célèbre Parcours Vita, le Parcours Alph@, est une
sorte de quiz géant, un Trivial Pursuit® en plein air, qui vise à
populariser les sciences de la nature et les sciences humaines.
Une création collective à laquelle ont collaboré dix-huit musées
ou centres de culture scientifique, membres du RRSC. Créé
en 2002 à l’initiative de l’Université de Lausanne et de la
Fondation Science et Cité, le Réseau regroupe actuellement
31 partenaires des six cantons romands, des institutions qui
sont en majorité des musées, mais aussi des hautes écoles, des
centres de nature et des jardins botaniques.
Le Réseau romand Science et Cité souhaite contribuer à la
démocratisation des sciences et des techniques de diverses
manières – notamment par la création d’un site Internet qui
donne un agenda très complet des manifestations de culture
scientifique en Suisse romande (www.rezoscience.ch). Des
créations comme le parcours Alph@ montrent qu’il est
possible de faire descendre les sciences dans la rue, dans
l’espace public, de les faire s’évader des murs des institutions
qui les abritent pour les rendre accessibles aux promeneurs.
Le Parcours Alph@ a été inauguré en juin 2004 simultanément à Lausanne et à Genève, lors de la Nuit de la science,
avec deux premiers modules thématiques: Mystères du
quotidien et Matières à réflexion. Démontables et réutilisables,
ces installations nomades ont ensuite circulé à Nyon,
Neuchâtel, Yverdon-les-Bains et Vevey.
Questions de conscience est la troisième thématique développée par le RRSC, à l’occasion du dernier Festival Science
et Cité (2005). Il n’a jamais été présenté à Genève.
Toutes les énigmes de ces trois parcours thématiques sont en
ligne sur le site www.rezoscience.ch, avec des réponses souvent
plus développées que sur les panneaux d’affichage.
Le Parcours «Questions de conscience» sera présenté
au Jardin botanique de Genève du 5 avril au 21 juin.
Pour tout renseignement : [email protected] (021 692 20 69)
PAGE N° 22 – N° 36 – DÉCEMBRE 05 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES
ATELIERS VERTS
du jardin botanique
1.3.05
Palmiers, dattiers et compagnie 3.5
Jeux de piste dans les rocailles
Promenade et observations scientifiques
Découvre la diversité des plantes de
montagne des quatres coins du monde
Expériences au laboratoire de
biologie moléculaire des CJB 10.5
8.3
Découverte de la cellule d’une plante
et de l’extraction de son ADN
Mousse-tic, mousse-haillon,
mousse au chocolat… et pourquoi pas mousse tout court!
Promenade et observations scientifiques
15.3
Voyage en Amazonie
Sensibilisation à la diversité
naturelle et culturelle
17.5
Programme 2006
A vos AGENDAS!
VARIATIONS BOTANIQUES - VISITES GUIDÉES
Le désir d’en savoir plus sur le monde végétal qui nous entoure ou simplement une envie
de prendre un bol d’air? Que diriez-vous d’une visite thématique de notre musée
vivant et de ses collections par un spécialiste, horticulteur, botaniste ou conservateur?
Venez découvrir nos «VARIATIONS BOTANIQUES», les visites guidées thématiques du
Jardin botanique Le mardi de 12h30 à 13h30
Programme disponible sur notre site Internet http://www.ville-ge.ch/cjb/
Ces visites sont offertes gratuitement et sur inscription par téléphone (022 418 51 00)
ou par email ([email protected])
Les familles sont les bienvenues.
Rendez-vous devant la Villa du Chêne (proche du parc aux animaux, entrée nord-est du
Jardin botanique, ch. de l’Impératrice 1)
1+1=1, une addition qui est
juste… chez les lichens!
Découvre des organismes surprenants
22.3
Collectionne les plantes et
réalise un herbier (1)
31.5
Récolte et séchage
29.3
Apprends à cuisiner des plantes qui
sentent bon
Un jardin de légumes
oubliés (1)
Etonne tes amis en cultivant des
plantes potagères menacées
7.6
Prépare des abris et cultive des
plantes pour les accueillir
26.4
Collectionne les plantes et
réalise un herbier (2)
Cactus et succulentes: le
monde des plantes à épines
A la découverte des plantes des
régions désertiques
Un jardin pour les insectes
5.4
Des odeurs et des couleurs
pour tous les goûts
14.6
Un jardin de légumes
oubliés (2)
Etonne tes amis en cultivant des
plantes potagères menacées
Réalisation d’un herbier
EXPOSITIONS À LA SALLE DU CHÊNE
Le succès des Ateliers Verts est renouvelé chaque année! Le goût des
bénévoles de l’Université de troisième âge à transmettre leur passion pour la nature
aux plus jeunes n’a d’égal que la curiosité et l’attention que ceux-ci leur démontrent!
C’est avec enthousiasme que nous suscitons l’intérêt pour notre environnement et ce
travail est jalonné de belles rencontres avec de jeunes vocations: artistes, botanistes,
entomologistes, connaisseurs de plantes magiques et j’en passe!
21 mars – 9 avril
Claudine de Montmollin
4 juillet – 6 août
«Natures calmes» sur bois ancien
Valérie Glasson
«Comme un herbier»
Deux suites gravées:
«Sous la voûte des cerisiers en fleurs»,
«Rouge est le sang de l’érable»
«Vibrations», Peintures de fleurs
Encres et gouaches
8 août – 27 août
11 avril – 30 avril
L’observation, le jeu ou le dessin; multiples seront les moyens interactifs proposés en
collaboration avec les médiateurs des CJB pour favoriser la rencontre de nos jeunes
participants avec le monde des spécialistes des mousses, des lichens et des palmiers.
Côté jardin et ethnobotanique également, nous proposons plusieurs nouveautés grâce
à diverses collaborations.
Olivier Delhoume
Liliane Stucki
2 mai – 21 mai
Céramiques
Jérôme Blanc
Les ateliers verts du Jardin botanique débutent dorénavant en octobre, ceci en collaboration avec UNI3, l’AAJB et le SLJ (D.I.P.) et la collaboration ponctuelle du CAD (HG).
Vous trouverez le programme des ateliers de ce printemps ci-dessus. Le programme
annuel figure sur un dépliant que vous pouvez obtenir à la réception du Jardin botanique ou auprès d’UNI3, ainsi que sur notre site internet: www.ville-ge.ch/cjb/
Tournage sur bois contemporain
Renseignements et inscriptions auprès du secrétariat d’UNI3 les mardi
et vendredi matin de 9h30 à 11h30, tél.: 022 379 70 68
13 juin – 2 juillet
29 août – 24 septembre
Beat Bäumler & Andreas Gygax
23 mai – 11 juin
Yatchi Itoh
«Jardin de paradis»
«Oiseaux de Suisse» Photographies
Présentation du livre («Les oiseaux
de Suisse»): Lionel Maumary, Laurent
Vallotton & Peter Knaus
Wendy Gibbs
26 septembre – 15 octobre
«Une année en Provence» Aquarelles botaniques & Master classes
Verena Darmon
Sculptures
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 36 – DÉCEMBRE 05 – PAGE N ° 23
FORMATION continue
pour les enseignants aux CJB
Afin de répondre au mieux à la demande des enseignants,
plusieurs modules de formation ont été mis sur pied
M. Stitelmann, médiatrice scientifique
Fig. 1 Visite interactive du Jardin d’hiver
Fig. 2 Transmettre des connaissances relatives
aux collections
Fig. 3 Aborder l’éducation environnementale
et citoyenne en partant de la plante utile
ombreux sont les enseignants
des trois ordres de l’enseignement public qui nous contactent afin de savoir ce que les CJB
proposent en termes d’animation pédagogique et d’aide à la visite des collections.
En effet, si la visite de notre musée vivant est
agréable et intéressante en soi, faire partager
cette expérience à une classe et intégrer cette
démarche dans les objectifs pédagogiques est
une tâche qui requiert une préparation bien
pensée!
Le secteur d’Education environnementale
répond actuellement à ces demandes de médiation en proposant des modules de formation
continue (www.webpalette.ch). Par ce biais, les
enseignants sont amenés à guider et animer
eux-mêmes la visite de leurs classes. Ils ont
ainsi la possibilité d’adapter le contenu et le
discours de façon personnalisée à leur projet
de classe ou d’école.
Au cours d’une journée de formation, nous
leur présentons tout d’abord les Conservatoire
et Jardin botaniques, leurs rôles, leurs missions. Dans un second temps, nous portons
tout d’abord un regard d’ensemble sur les
espaces et les collections, puis plus spécifique
selon le thème de la formation. Nous abordons ensemble les contenus techniques et
scientifiques qui y sont liés. Enfin, des propositions d’activités à réaliser avec les classes leur
sont soumises. Les expériences de participants
des volées précédentes sont mises en commun.
Cette approche favorise les collaborations
entre enseignants d’une même école pour
des projets multidisciplinaires. En premier
lieu, les nouveaux aménagements muséographiques du Jardin d’hiver ont inspiré un
programme intitulé «Plantes et société : à
la découverte des plantes utiles du Jardin
d’hiver». Pour la deuxième année scolaire
consécutive, nous avons proposé en février
2005 une journée de formation continue sur
ce thème pour les enseignants du primaire
genevois. Cette offre permet aux enseignants
d’exploiter le Jardin botanique durant la
saison froide.
RÉPONDRE À L’IMPORTANTE
DEMANDE DES ÉCOLES
Transmettre des connaissances relatives aux
collections aux enseignants, expérimenter
ensemble in situ les activités à réaliser avec leurs
classes, les rendre le plus autonome possible
dans leur visite au Jardin, bénéficier d’un retour
d’information de leur part et à l’attention de
leurs collègues: la liste des objectifs est longue
pour ces intenses journées. Pour approcher les
plantes utiles du Jardin d’hiver, histoire, géographie, développement durable et commerce
équitable font bon ménage avec la botanique
et l’horticulture. De même l’expérimentation
sensorielle et artistique avec les mathématiques
et les langues. Aborder l’éducation environnementale et citoyenne en partant de la plante
utile, c’est aussi favoriser un travail pédagogique élargi qui s’orientera vers un projet
d’école, entre deux ou plusieurs classes, voire
la constitution d’un groupe de travail pour
produire des outils pédagogiques.
Plus de 60 enseignants ont déjà participé à cette
formation, et une nouvelle session à eu lieu à
la rentrée scolaire 05. Nombre d’entre eux
sont rapidement passés à la pratique avec leurs
classes. Par exemple, Mesdames J. Cornioley
et I. Jeanneret, enseignantes à l’école de la
Roseraie, ont trouvé un large écho parmi leurs
collègues pour un projet sur le thème de la
Route des Epices (géographie, histoire, sciences, français, chant, arts plastiques…). Incluant
l’école entière durant l’année scolaire 2004-05,
le projet a démarré par une visite dans le Jardin
d’hiver. Par la découverte des plantes vivantes
et de leurs produits, une sensibilisation in situ
sur le thème des plantes à épices est proposée
aux élèves. A l’école de la Roseraie, l’année a
été dense en travail et en réalisations. Madame
Cornioley raconte: «… Nous avons quitté les
épices après la visite au Jardin Botanique pour
nous consacrer à l’élaboration de dossiers de
lecture: l’un sur la Route des épices et leur commerce, un autre sur le ver à soie (Route de la
Soie) et le troisième sur Marco Polo. Ensuite
nous avons travaillé à l’écriture d’une pièce en
5 tableaux qui raconte le voyage de Marco Polo
en Orient. L’écriture et la mise en scène ont été
faites par les enseignants. Les représentations
pour les parents ont eu lieu 2 soirs, les 25 et
26 avril. Ce travail a été titanesque puisque nous
avons réalisé une partie des costumes et des
décors (dans notre salle de gym) avec l’aide des
maîtres spécialistes. Certains costumes ont été
empruntés au Grand Théâtre. Avec la maîtresse
de couture, les élèves ont confectionné des
coussins en soie et batik (teintures végétales),
et des classeurs recouverts de jute brodée pour y
mettre les dossiers étudiés. Ils ont aussi fait
divers bricolages avec l’enseignante de travaux
manuels (une partie des accessoires pour la
pièce ont été faits avec ses élèves). Une petite
exposition de ces travaux d’élèves a été réalisée.
Le professeur de gymnastique a travaillé les
numéros de jonglage et les chorégraphies de
batailles avec les enfants. Notre professeur de
chant a travaillé la musique et les percussions
avec eux. Enfin, une collègue douée en danse a
proposé et fait travailler les chorégraphies des
danses (arabes et des ombrelles chinoises)…
Ainsi, en fin de compte, le départ «épices» nous
a mené dans une aventure beaucoup plus large!
Nous avons surtout travaillé la lecture, la compréhension écrite et orale, l’expression orale,
l’apprentissage par coeur (textes de la pièce), la
collaboration et la discipline dans le groupe, la
posture et la tenue (et la patience!). Nous espérons aussi avoir développé l’imaginaire et nourri
la culture générale des élèves!».
Dans une autre école, deux enseignants ont
travaillé ensemble avec deux classes
de degrés différents (E et 6P). Ils ont fait
des plantations en classe, et le travail de
l’année a culminé par une visite interactive
du Jardin d’hiver sur le thème des fruits
et des épices. Chaque petit élève à la main
d’un grand, les enfants sont partis à la
découverte d’une plante utile munis d’une
photographie récente. Une fois cette plante
trouvée, ils ont goûté un produit provenant
de cette plante.
Au cours de ces visites de classe, les classes
ont souvent l’occasion de rencontrer les
horticulteurs(trices) du secteur des serres.
C’est toujours un moment très riche pour les
élèves. Il arrive qu’une gousse de vanille
soit prête à être cueillie, ou qu’un régime
de banane caché derrière le feuillage soit
dévoilé aux enfants, enchantés. Faire la
connaissance de la personne qui fait pousser la plante qu’ils viennent découvrir (le
vanillier par exemple) suscite chez les
enfants un intérêt accru. Une fois, un petit
garçon soudain s’est exclamé : «…mais,
comment elles poussent les plantes ?…»!
Quelque chose s’est passé pour lui au cours
de cette visite ; notre objectif est atteint.
PAGE N° 24 – N° 36 – DÉCEMBRE 05 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES
«l’ART et les ENFANTS»
NOUVELLE OFFRE DE FORMATION
CONTINUE POUR LE CYCLE
D’ORIENTATION
Les enseignants du secondaire sont également
demandeurs de formation continue aux
Conservatoire et Jardin botaniques car ils souhaitent pouvoir proposer à leurs élèves des
visites et des activités en lien avec le monde
végétal. Pour la première fois plusieurs cours
à leur attention figurent au programme de la
rentrée 05, grâce à la collaboration des intervenants qui développeront les intitulés suivants: Utiles tropiques; Identification des
plantes; Initiation à l’apiculture; Ethnologie,
matériaux et botanique (ce dernier en collaboration avec le Musée d’Ethnographie).
LA COLLABORATION CJB – DIP AU
BÉNÉFICE DES CLASSES D’ACCUEIL
DU CO EST RELANCÉE
Toujours au secondaire, les classes d’accueil
visitent beaucoup les CJB. En effet, pour les
enseignants qui souhaitent favoriser l’intégration et l’apprentissage chez les jeunes qui
arrivent à Genève de tous les pays du monde,
le Jardin botanique est un support pédagogique privilégié. Le végétal est omniprésent
dans la vie quotidienne de chacun, sur tous
les continents!
Notre Direction a reçu une demande de la
part de M. Gianadda, coordinateur des classes d’accueil du Cycle d’Orientation du Canton, pour que des activités conjointes soient
reprises. En effet, plusieurs projets avaient
été développés par le passé (Roguet, D.,
2004). Plusieurs enseignants ont continué
à pratiquer les modules mis sur pied précédemment. Ils souhaitaient les remettre
à jour, voir proposer de nouvelles idées.
D’autres, novices aux CJB, avaient exprimé
un intérêt et des attentes.
Leur coordinateur et le secteur d’Education
environnementale du Jardin botanique les
ont donc invités à une réunion préliminaire.
Au cours de celle-ci, il a été convenu qu’un
groupe de travail sera formé à la rentrée.
Celui-ci définira des objectifs et fera des
choix pour préparer des outils pédagogiques
à l’attention de l’ensemble des enseignants
de classes d’accueil. Ces outils une fois prêts,
un module de formation continue in situ
pourrait être proposé aux enseignants
des classes d’accueil du CO qui souhaiteront
les utiliser, afin de les aider à en prendre
possession.
Bibliographie
Roguet, D. (2004). Education environnementale aux CJB et instruction publique.
La Feuille Verte no 34: 32-33.
Une journée de formation a eu lieu le 1er septembre 2004 aux
Conservatoire et Jardin botaniques à l’attention des maîtres
spécialistes du Service d’art visuel, rythmique et musique du
Département d’expression plastique du DIP
ne journée de formation
a eu lieu le 1er septembre
2004 aux Conservatoire
et Jardin botaniques à
l’attention des maîtres spécialistes du
Service d’art visuel, rythmique et musique
du Département d’expression plastique du
DIP. Après le départ à la retraite de
Monsieur M.-A. Thiébaud, conservateur,
les stages proposés avec sa participation
scientifique dans le cadre de «l’Art et les
Enfants» n’ont pu être maintenus au programme. Il s’agissait dès lors de mettre en
commun les envies respectives des enseignants et des médiateurs pour renouveler
l’offre de stages au Jardin botanique.
Dans un premier temps, les enseignants des
différentes disciplines artistiques se sont
réunis avec les médiateurs des CJB afin
d’explorer ensemble les propositions et
envies respectives. Nous leur avons présenté
notre musée vivant, ses espaces et ses
collections. Nous avons abordé quelques
thématiques d’approche au végétal de notre
intérêt. Ensuite, les enseignants ont travaillé
en groupe pour élaborer des concepts
de projet en fonction de leurs spécialités,
et développer la partie logistique.
Après cette journée de travail en commun,
le suivi nécessaire pour concrétiser
ces projets a été mené à bien. La section
du Jardin a répondu favorablement à la
demande de collaboration pour la mise en
place d’un espace planté spécifiquement
pour ces projets. Les efforts fournis de part
et d’autre ont enfin permis d’offrir trois
nouveaux stages aux classes genevoises qui
figureront dans le catalogue de «l’Art et les
Enfants» 05-06. Un premier stage alliant
Education
Nouveaux projets pédagogiques
M. Stitelmann, Med-SCI
la sensibilisation au végétal avec les
arts visuels, l’éducation musicale et la
rythmique s’intitule «À l’écoute des Aulnes
glutineux et du Micocoulier goulu». Pour
ce projet, un espace interactif – jardin
musical – a été planté par le secteur EEGD
du Jardin, le long de la route qui longe les
voies CFF.
Un deuxième stage intitulé «Art floral»
proposera aux classes du dessin d’observation dans les collections vivantes et les
mènera dans un deuxième temps au
Musée de l’Ariana, pour y découvrir les
motifs de l’Art floral dans la collection de
céramique. Enfin, le stage intitulé «Le tapis
de saison» donnera aux élèves l’occasion
de redécouvrir les matériaux végétaux
tels que feuilles, pives, pétales, morceaux
de branches, pour réaliser une œuvre
d’art impermanente.
ÉCOLES/ MUSÉES
Le numéro précédent de la «Feuille verte» annonçait la mise
sur pied de la Commission écoles – musées (DIP – DAC)
La création et mise en ligne d’un portail Internet était la
première des tâches que ce groupe proposait de réaliser
afin d’atteindre ses objectifs. (Lire FV no 35, p. 35-36).
Le 25 avril 2005, le site a été officiellement lancé. S’il est
conçu en premier lieu pour les enseignant-e-s, il s’adresse
également à tout amateur de musée. Ce site donne
les dernières informations en matière de projets écoles-
musées, des adresses et des idées pour visiter les musées
de la Ville de Genève. A visiter:
www.geneve.ch/ecoles-musees/
Le groupe de travail diffuse également une feuille
d’information périodique, «Antenne», disponible sur le
site en question. Pour s’abonner, vous êtes prié d’envoyer
votre adresse électronique à: [email protected]
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 36 – DÉCEMBRE 05 – PAGE N ° 25
RÉTROSPECTIVE
& PERSPECTIVES
La Flore de
la Suisse EN LIGNE
Une mise à jour importante de l’Atlas de distribution de la flore
de Suisse disponible sur le nouveau site internet du CRSF
hargé de centraliser l’ensemble des données floristiques de notre pays, le Centre du
Réseau Suisse de Floristique (CRSF) s’est
aussi donné comme objectif la valorisation
des informations contenues dans sa base de données, ce
qu’il effectue par le biais de publications telles que la
seconde édition de la Liste rouge [1], les Fiches pratiques
pour la conservation d’espèces rares et menacées de
Suisse [2] ou encore l’Index synonymique de la Flore de
Suisse[3], dont une seconde édition est actuellement
en préparation.
Le site internet du CRSF [4] est son autre vitrine sur
l’extérieur. Une version entièrement remaniée du site est
prévue pour l’automne 2005 : outre des informations
générales sur le CRSF, il offrira au public diverses données scientifiques liées aux plantes suisses telles que leur
écologie, leur degré de menace et de protection ou encore
leur synonymie. Pour certaines d’entre elles, des photographies seront également visualisables, leur nombre
devant augmenter avec le temps.
Une nouveauté importante du site sera également la possibilité de consulter en ligne les cartes de distribution
des espèces de la flore de Suisse, qui seront présentées
sous deux formes. Le premier type de cartes reprendra
les données de l’Atlas de distribution de Welten &
Sutter [5] (qui constitue toujours la référence plus de
25 ans après sa parution), tout en y intégrant les informations plus récentes (figure 1). Cependant, la distribution des espèces sur ces cartes étant basée sur des
secteurs «naturels» de 60 à 100 km2 de superficie, elles
ne permettent pas de mettre à profit la précision des
données actuelles stockées dans la banque de données
du CRSF. Ces données y sont en effet enregistrées avec
leurs coordonnées géographiques précises.
Pour remédier à cette lacune, un second type de cartes
a donc été élaboré, présentant les données selon un
maillage de 4 km x 4 km (figure 2). Les données «secteurs naturels» des cartes de l’Atlas y ont été converties
en points, leur nombre pour un secteur donné correspondant au nombre de mailles qui le recouvrent. Pour
les données de l’Atlas, l’intérêt d’une telle conversion semble limité, si ce n’est que les cartes sont ici basées sur un
système de mailles toutes identiques de 16 km2 plutôt que
sur des secteurs hétérogènes. Mais le réel avantage de ces
cartes est de permettre de cartographier toutes les nouvelles données reçues beaucoup plus finement que ne le
permettait le système de secteurs de l’Atlas.
Cette précision accrue met par ailleurs en valeur le travail
effectué par les nombreux botanistes de terrain du pays
dans des cadres divers: inventaires fédéraux (comme le
Monitoring de la biodiversité en Suisse [6] ou l’Inventaire
des prairies sèches [7]) ou cantonaux (par exemple Genève
[8]), travaux scientifiques (Bâle [9], Fribourg [10],
Neuchâtel [11]) ou tout simplement herborisations de
bénévoles soucieux de communiquer leurs découvertes.
A noter que ce nouveau service proposé sur internet en trois
langues se fait en accord avec «swiss web flora» [12], qu’il
A A J B
2004 – 2005
RETROSPECTIVE AAJB 2004 – 2005
Cours
B. Bäumler, directeur
remplacera à terme. L’élaboration d’un nouveau cadre pour
la cartographie des espèces de la flore suisse pourrait
d’ailleurs être le point de départ pour un nouvel inventaire
au niveau national. Il est permis de rêver…
1. MOSER, D., A. GYGAX, B. BÄUMLER, N. WYLER & R. PALESE (2002). Liste Rouge des
fougères et plantes à fleurs menacées de Suisse. Ed. Office Fédéral de l’Environnement,
des Forêts et du Paysage (OFEFP), Berne; Centre du Réseau Suisse de Floristique (CRSF),
Chambésy; Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève (CJBG), Chambésy.
Série OFEFP «L’environnement pratique».
2. KÄSERMANN, C. & D. M. MOSER (1999). Fiches pratiques pour la conservation –
Plantes à fleurs et fougères. OFEFP, série «L’environnement pratique».
3. AESCHIMANN, D. & C. HEITZ (1996). Index synonymique de la flore de Suisse et
territoires limitrophes. CRSF/ZDSF.
4. http://www.crsf.ch
5. WELTEN, M. & R. SUTTER (1982). Atlas de distribution des Ptéridophytes et des
Phanérogames de la Suisse. 2 tomes. Birkhäuser, Bâle.
6. http://www.biodiversitymonitoring.ch
7. EGGENBERG, S., T. DALANG, M. DIPNER & C. MAYER (2001). Cartographie et
évaluation des prairies et pâturages secs d’importance nationale. Rapport technique.
Série OFEFP «Cahiers de l’environnement».
8. THEURILLAT, J.P. & C. LATOUR (à paraître). Atlas de la flore du canton de Genève.
WWF Genève – Soc. Bot. Genève – CJBG.
9. BRODTBECK, T., M. ZEMP, M. FREI, U. KIENZLE & D. KNECHT (1998). Flora von Basel
und Umgebung 1980-1996. Teil I+II. Verh. Naturf. Ges. Basel 2+3.
10. PURRO, C. & G. KOZLOWSKI (2003). Flore de la ville de Fribourg. Société fribourgeoise des sciences naturelles, Fribourg.
11. PAROZ, R. & M.-M. DUCKERT-HENRIOD (1998). Catalogue de la Flore du Canton
de Neuchâtel. Editions du Club Jurassien, Neuchâtel.
12. http://www.webflora.ch
Connaissance des champignons Les 18, 25 octobre
et 1er novembre 2005, sortie le 22 octobre, avec la Société
Mycologique de Genève
Détermination des plantes Les 2, 9, 23 et 30 mai,
6 et 13 juin, avec Laurent Burgisser
Détermination des bourgeons le 24 février 2005
avec Laurent Burgisser
Voyages et autres sorties botaniques
Dardagny, l’automne dans les vignes
«4-Saisons» octobre 2005, avec Christine Kürsner
Heurs et malheurs des plantes ligneuses
en ville (Lausanne) septembre 2005,
avec Alain Dessarps et Bernard Messerli
Lötschberg 30-31 juillet 2005, avec Robert Badoux et
Christian Guerne
Dardagny, l’été dans les vignes «4-saisons»
9 juillet 2005, avec Christine Kürsner
Distillerie de Bassin 2 juillet 2005, avec Bernard
Messerli
Les Colombiers, plantes méditerranéennes
18 juin 2005, avec François Roman et J.-P. Frez
Dardagny, le printemps dans les vignes «4-Saisons»
30 avril 2005, avec Christine Kürsner et Christiane Guerne
l’Etournel, sortie bourgeons 6 mars 2005, avec
Laurent Burgisser et Ariane Cailliau
Le Rhône (les Tattes de Verbois) «4-Saisons»
botanique et ornithologie, 27 novembre 2005, avec
Roméo Gex, Daniel Vité et André Schlüssel
Coups de cœur du jeudi
Ceux qui ont bâti la science du végétal
9 décembre 2004, avec Joëlle Magnin-Gonze
Tour des modes (de multiplication des plantes)
en 80 minutes 18 novembre 2004, avec Bernard
Messerli
Le Bhoutan 14 octobre 2004 avec Christiane Guerne
PERSPECTIVES: PROJETS AAJB 2005 – 2006
Cours
Détermination des arbres en hiver par les
bourgeons 15 février 2006, avec Laurent Burgisser
Flore et végétation des Alpes Les 7, 14 et 28 février
2006, avec David Aeschimann
Détermination des plantes au printemps 2006 *
Voyages et autres sorties botaniques
Fig. 1 Exemple de carte de répartition par «secteurs naturels»
Arboretum d’Aubonne sortie écorce, 26 novembre
2005, avec Bernard Messerli
Dardagny, l’hiver dans les vignes «4-Saisons»
février 2006, avec Christine Kürsner
Pâturages boisés au Marchairuz 17 juin 2006,
avec Pascal Vito et Bernard Messerli
* Les dates seront fixées ultérieurement. On les trouvera
sur le site www.cjb.unige.ch (puis Hôtes, puis AAJB)
Fig. 2 Exemple de carte de répartition par mailles de 4x4 km
Sortie du cours de détermination, juin 2005
PAGE N° 26 – N° 36 – DÉCEMBRE 05 – LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES
Vous en prendrez
bien une TRANSE…
Partenaires
AAJB – Le billet du président
«Transdisciplinaire», «transcende», «transversalité». Ces trois mots transités au hasard
des discours qui ont marqué le vernissage de l’exposition «Ambiguë, la relation planteinsecte» ont subi un transfert particulier en mon attention transitoire
B. Messerli, président
a thématique de l’exposition est par essence
transdisciplinaire, puisqu’elle se trouve
entre deux mondes, celui des insectes
et des plantes». Le philosophe Basarab
Nicolescu (dans son livre «La transdisciplinarité») en a
donné une définition large : «La transdisciplinarité
concerne ce qui est à la fois entre les disciplines, à
travers les différentes disciplines et au-delà de toutes disciplines». Ce qui joue assez bien, en l’occurrence, puisque
la présentation (botanique et entomologique ; francosuisse) a suscité des collaborations avec des acteurs de
secteurs culturels, éducatifs, ludiques…
«Allégorie de la vie, la relation plante-insecte est complexe
et pleine d’ambivalence. Elle transcende notre vision de la
nature…». Nous voilà ici projetés dans un état supérieur,
difficultés extrêmes, forment ce que l’on nomme des interprofessions, interfaces entre milieux de la production, de
la transformation et de la distribution.
Au moment où je m’apprête à passer la main côté présidence de l’AAJB, je repense à ces fructueux échanges, transferts de connaissances entre naturalistes de tous poils.
Comme fugacement expliqué lors de notre assemblée générale, dans un esprit «trans», j’avais imaginé la mise en
place d’une plateforme entre sociétés sœurs. Le projet
n’a pas émergé. D’une vision positive, on peut se dire que
la situation n’exige pas de trans et que l’on peut encore
se contenter de cis (chacun de son côté). Le brassage de
réflexions autour de feu la plateforme tricéphale est en
passed’induire un effet cis-trans, promesses de nouvelles
synergies. Sic transit…
au-delà de l’approche habituelle, nous dégageant des principes de base, des habitudes de conception… Quitte à
transpirer un peu!
«En marge de l’exposition, des «butinages» proposent de
compléter notre regard par des moments de transversalité
culturelle que nous espérons populaires, décalés, informatifs et ludiques». Sûrs qu’ils seront décalés dans leur
axe; à 90 degrés, pour répondre à la transversalité.
Voici maintenant la raison de ma «transe» réflexive.
L’exposition, dans sa riche complétude, reflète bien le
transvasage des trois vocables susmentionnés, confirmant
que l’union fait non seulement la force, mais aussi la
beauté, subtilité, pédagogie et autres bénéfices. Cela
me conforte un peu quant aux sentiments tirés de trois
ans d’observations chez les agro-bipèdes qui, face à des
Relation plante-insecte au Jardin botanique
Rapports AMICAUX ou MASOS
entre asticots et végétaux
«AMBIGUË, La relation plante-insecte»: sous ce titre plein de promesses, les CJB ont proposé
une exposition assortie de présentations satellites, sous le signe de la transversalité
e qui différencie la plante
de l’animal, c’est la mobilité.
Les plantes ont souvent utilisé
les insectes pour compenser
leur manque en ce domaine». Le directeur des
Conservatoire et Jardin botaniques de Genève
(CJB) ajoute qu’on ne peut parler de physiologie ou de biologie végétale sans aborder ces
sciences sous l’angle animal. «Lorsque disparaît une espèce végétale, on perd une dizaine
d’espèces animales, voire plusieurs dizaines
pour les arbres». Pour faire ressentir la diversité
de ces rapports pleins d’ambiguïtés, les responsables de l’exposition ont utilisé, façon comptine, une série de phrases imagées: «Tu me
plais. Je te hais. Tu es le soleil de mes jours. Je
suis le bonheur de tes nuits…». Les panneaux
didactiques sont plus explicites: «A travers un
cheminement dans notre serre tempérée,
nous vous proposons de découvrir les différentes
facettes de la relation plante-insecte. Laissez-
vous émerveiller par ce monde d’interactions,
où l’animal et le végétal rivalisent d’astuces
pour gérer leurs conflits ou établir des alliances». Côté conflits, on met en avant les explosions démographiques du criquet pèlerin en
Afrique du nord, du hanneton dans nos régions
et du phylloxéra sur les racines des vignes.
Sans entraide, pas de fruits
se présente principalement sous la forme de
nectar… Au gré de leur butinage, ces visiteurs transporteront malgré eux le pollen
entre fleurs de même espèce, assurant ainsi
la reproduction croisée des plantes». A ce
sujet, Matthieu Perret, commissaire scientifique de l’exposition, précise que sans les
pollinisateurs on ne mangerait ni pomme
ni cerise. Ce chercheur et son équipe sont
un peu les pères spirituels de la manifestation. A force de chercher les molécules
responsables de l’attraction des colibris,
abeilles et chauves-souris par un groupe
de plantes (les gesnériacées) dans le but
d’expliquer la co-évolution animal-plante,
ces spécialistes ont stimulé et encadré les
présentations.
Côté alliances, on mentionne «Le cas d’entraide le plus célèbre est le rôle pollinisateur
de nombreux insectes. Ceux-ci cherchent
dans les fleurs leur source de nourriture qui
«Ce qui réjouit, c’est la transversalité!». Le
conseiller municipal à la tête de la culture
genevoise, Patrice Mugny, relève les multi-
Avec un éclairage particulier sur ce dernier
point en montrant le greffage de vignes
européennes, sensibles au puceron des racines, sur des pieds américains résistants;
illustration de la sélection agronomique
orientée vers des plantes résistantes, sinon
tolérantes aux attaques de ravageurs.
ples collaborations (Jardin botanique de
Lyon, Université de Neuchâtel, Papiliorama
de Chiètres…) qui ont permis la richesse et
diversité offertes au public.
On mentionnera notamment Concordances, photos prises au microscope
électronique à balayage par Jean Wüest
du Muséum d’histoire naturelle qui fascinent par l’analogie de structure entre
des détails observés sur l’œuf et la graine,
les poils et les crochets de feuilles et de
pattes…
Quant à ceux qui auront voulu se prendre
pour un insecte abordant le monde végétal,
ils n’auront pas eu besoin de se réduire
comme Alice au pays des merveilles et de se
blottir sous une touffe de graminées, les
étonnantes photos d’Humerose leur auront
facilité l’exercice!
LA FEUILLE VERTE – JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – N ° 36 – DÉCEMBRE 05 – PAGE N ° 27
Les FERMES de l’ARCHE
ProSpecieRara
Ni zoo, ni cabinet de curiosité animale, les «Fermes de l’Arche» ProSpecieRara offrent à tous ceux
qui s’intéressent aux animaux rares l’occasion d’aller à leur rencontre dans une exploitation agricole
as d’observation derrière des
barrières d’exposition, mais
un moment de partage avec
les animaux et leurs éleveurs.
Les Fermes de l’Arche sont des exploitations
agricoles qui intègrent le travail de sauvegarde de races animales et de variétés végétales menacées au sens de ProSpecieRara.
Elles proposent des activités didactiques à la
découverte du monde fascinant des animaux
de rentes et des plantes cultivées. Elles offrent également à la dégustation et en vente
directe de savoureux produits issus de leur
exploitation.
Ce projet a été inauguré officiellement en
mai 2005, avec la pose de la première enseigne «Ferme de l’Arche ProSpecieRara» à
Düderhof dans le canton de Lucerne. En
Suisse romande, l’exploitation la «Licorne
bleue» c’est jointe à ce réseau. Cette ferme,
située à La Joux, dans la Glâne fribourgeoise, au carrefour entre Romont et Bulle,
offre un magnifique panorama qui s’étend
de l’Oberland bernois jusqu’au Mont-Blanc.
Ce domaine est exploité par deux femmes:
Evelyne, qui travaille partiellement en tant
que psychologue à l’université de Fribourg,
et sa fille Tatjana, qui a son atelier de céramiste sur place. Elles proposent un projet
pédagogique, thérapeutique et divertissant,
une manière «d’alphabétiser les ignorants
de leurs émotions et de celles des autres en
développant leurs compétences émotionnelles et relationnelles». Les animaux sont au
centre de cette approche et en particulier les
races menacées ProSpecieRara réputées pour
leur calme et leur docilité (cheval des Franches-Montagnes originel, cochon laineux,
skudde, chèvre d’Appenzell, chèvre paon, oie
de Diepholz, canard de Poméranie, poule
appenzelloise huppée et barbue). A la
«Licorne bleu», tous les animaux peuvent
être caressés, pour autant que le bien-être
soit réciproque.
La ferme est ouverte au public le premier
week-end de chaque mois, de 14h à 15h45.
Sur demande, il est possible de participer à des
veillées de contes, des sorties à cheval ou des
cours de céramique. Il est également possible
de loger sous tipi et, durant les vacances
scolaires, de participer à des camps.
1
D. Gautier, antenne romande PSR
Ce vaste programme a été présenté en mai
dernier à «Cropettes en campagne», une
manifestation organisée dans le parc se
trouvant derrière la gare de Cornavin. Une
occasion de mettre en relation le rat des
villes avec son frère des champs et durant
laquelle les canards de Poméranie des
Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville
de Genève (CJB), qui avaient fait le déplacement pour l’occasion, ont fait la joie des
petits et des grands.
POUR EN SAVOIR PLUS
Localisation et adresses complètes des différentes Ferme de l’Arche ProSpecieRara sur
le site:
www.ville-ge.ch/cjb/psr/fermedel’arche
2
3
1 «Cropettes en Campagne»: Les canards de Poméranie des CJB
2 La «Licorne bleue», une Ferme de l’Arche ProSpecieRara
3 «Cropettes en campagne»: Jeu de Memory géant
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Un SUPPORT PÉDAGOGIQUE pour les écoles
de la VILLE DE DAKAR
A. Traoré coordinatrice du CEEH
M. Stitelmann médiatrice scientifique
Une application pratique et interactive des cours scolaires
RAPPEL HISTORIQUE
e Jardin botanique de Dakar fut créé en
1934 par l’ingénieur Guy Marcailloux originaire d’Arméric pour développer l’introduction et la recherche sur l’acclimatation
d’espèces végétales en Afrique Occidentale Française.
De nombreuses espèces y transitèrent pour être ensuite
envoyées à l’intérieur du pays et vers les pays voisins.
En 1950, le jardin botanique fut placé sous l’autorité
du Gouverneur général de l’A.O.F (Afrique Occidentale
Française). Ce jardin botanique est situé au sein des Parcs
Forestier et Zoologique de Hann (PFZH) dont il fait
partie intégrante, lesquels dépendent du Ministère de
l’Environnement. Il a été laissé à l’abandon pendant plus
d’une décennie, puis a été réhabilité grâce à l’appui
de la Mairie de Genève par le biais des Conservatoire
et Jardin botaniques de la Ville de Genève (CJBG), ce dans
le cadre du programme cadre pour un développement
durable au Sud. Un ancien bâtiment a également été réhabilité pour abriter le Centre d’éducation à l’environnement
du Parc de Hann (CEEH).
PRÉSENTATION DU JARDIN ETHNOBOTANIQUE
Le Jardin s’étend sur deux hectares et il est entretenu
actuellement par six jardiniers dont trois sont subventionnés par la Ville de Genève. Aujourd’hui, ce jardin botanique se consacre principalement à la présentation de
plantes utilisées par l’Homme, et des différentes utilisations qu’il en fait. C’est pourquoi il a été renommé Jardin
Etnobotanique. Comme le montre le plan ci-dessous,
treize secteurs thématiques y ont été mis en place selon
la proposition de MM. Raymond Tripod et Didier Roguet
respectivement Jardinier chef et Conservateur - Ethnobotaniste aux CJB. De nombreuses espèces ont été introduites pour y être conservées et présentées au public.
Dûment étiquetées et documentées par des panneaux
explicatifs, ces collections permettent aux visiteurs de renforcer leurs connaissances sur le monde végétal.
Le Jardin Ethnobotanique commence donc maintenant à
remplir une de ses fonctions à savoir l’éducation des
populations et en particulier des jeunes. Sa réhabilitation
et le renforcement de sa collection botanique vivante, en
harmonie avec les différentes conventions internationales en particulier celle de Rio, contribueront à améliorer
le cadre de vie des populations, à préserver et à conserver la diversité biologique.
LES ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES DU CEEH AU JARDIN
ETHNOBOTANIQUE
Le Jardin Ethnobotanique du Parc de Hann, à l’image des
autres jardins botaniques du monde, abrite des collections vivantes de végétaux à des fins d’éducation mais aussi
de conservation, de recherche scientifique et d’exposition, d’où l’importance des visites qu’il reçoit.
Les collections du Jardin Ethnobotanique de Hann
permettent aux professeurs d’élargir leurs enseignements
par une application pratique et interactive de leurs cours.
De nombreux enseignants et élèves visitent le Jardin
Ethnobotanique et y réalisent différentes activités proposées par le personnel du CEEH. En voici quelques-unes:
– Atelier de jardinage avec les élèves au niveau de
la maternelle (apprendre aux enfants comment
préparer la terre, semer une graine et récolter des
fruits ou légumes)
Coopération
Le Jardin Ethnobotanique du Parc de Hann :
– Séquence pédagogique sur l’importance des arbres,
en tant que plantes alimentaires, médicinales, et productrices de bois d’œuvre, de service et de chauffe
– Séquence pédagogique sur les menaces qui reposent
sur certaines plantes (plantes à protéger pour la
Conservation de la biodiversité)
– Séquences pratiques lors de Travaux Pratiques (TP)
de biologie et de botanique, ou récolte de matériel
végétal pour la confection d’herbiers ou TP
– Exercices d’identification d’espèces végétales, ou transmission des savoirs sur certaines espèces
Plus de 24 enseignants et 850 élèves ont bénéficié de
l’offre pédagogique de l’équipe du CEEH et son Jardin
Ethnobotanique, soit visites, ateliers et pratiques botaniques, de janvier à avril 2005. Ils ont étudié les plantes
utilisées en médecine traditionnelle au Sénégal, les plantes de cueillette et les espèces fruitières et forestières.
L’accueil pédagogique comprend aussi bien un enseignement en botanique et biologie, que la transmission de
pratiques horticoles et la sensibilisation à l’omniprésence
du végétal dans notre vie quotidienne et l’importance de
sa sauvegarde. D’autres visiteurs ont été reçus récemment
au Jardin Ethnobotanique de Hann, qu’il s’agisse de
visites officielles, ou émanant d’instituts, ou encore de la
population dakaroise en général, par les soins du responsable du Jardin ou ceux des jardiniers qui l’entretiennent.
Nous souhaitons élargir cet accueil afin de toucher un
public le plus large possible.
Plan du jardin botanique
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Projet «Etnobotanica
PARAGUAYA» (EPY)
Cultivons pour conserver: des pépiniéristes
en formation pour consolider
leurs «pharmacies communautaires»
epuis 2001, le projet «Etnobotánica Paraguaya – EPY» soutient la formation de nombreux pépiniéristes membres de l’organisation nommée Tesaî Reka Paraguay – TRP
(ce qui veut dire «à la recherche de la santé»). EPY est
largement subventionné par la Ville de Genève dans le
cadre du Programme cadre pour un développement durable des Conservatoire et Jardin botaniques. Par l’intermédiaire de la Croix-Rouge Suisse au Paraguay, EPY est
rentré en contact avec cette organisation TRP dans le but
de fournir un soutien pour la culture de plantes médicinales, et l’établissement et la gestion de jardins communautaires de plantes médicinales. Le siège de TRP se situe dans
le département de San Pedro (Punta Suerte-San Estanislao), au nord du pays.
Les membres d’EPY planifient au début de chaque année les
ateliers qui seront réalisés, ainsi que les visites de supervision
des jardins. Une partie des modules de formation est conduite
dans la collection médicinale centrale, située au sein du
Jardin botanique de la Ville d’Asunción. La formation y est
assurée par le personnel du Centre d’éducation et de conservation environnementale (CCEAM) de la Direction Environnementale de la Ville d’Asunción.
A ses débuts, avec 19 organisations communautaires, TRP
démarra en tant que Programme pour la promotion de la
santé communautaire. Aujourd’hui, TRP est devenue une
organisation non gouvernementale (à but non lucratif), qui
regroupe 27 organisations réparties dans sept départements
de la région orientale du pays.
A. Pin (EPY),
G. González (EPY)
J. Parra (TRP) Paraguay
M. Stitelmann (CJB) traduction
Les objectifs de Tesaî Reka Paraguay sont de conserver les
connaissances et de promouvoir l’utilisation des plantes
médicinales ; d’établir des jardins de plantes médicinales
pour que les familles et les communautés disposent de leurs
propres «pharmacies» et sachent utiliser correctement les
plantes qui y poussent, en fonction des besoins qui se présentent au quotidien, conservant par là-même cette pratique
culturelle paraguayenne de grande valeur. Pour 2005, TRP
a décidé de réorganiser la coordination des jardins de
plantes médicinales. Ceux-ci dépendent désormais du département de production de TRP. De plus, six jardins régionaux
situés géographiquement à équidistance ont été choisis pour
y mener les formations. Cette nouvelle organisation facilite
les déplacements pour les supervisions de travaux et les
journées de formation des pépiniéristes. De plus, il est ainsi
possible de concentrer les efforts pour conserver des
espèces indigènes représentatives des différents milieux
naturels de chaque région.
Au cours de l’année écoulée, trois modules de formation
d’une durée de trois jours chacun ont eu lieu à San Pedro
et Asunción alternativement. Des visites techniques de suivi
ont été réalisées auprès des jardins de plantes médicinales
de Caaguazu, Canindeyu, Concepción, San Pedro et
Itapua. Au cours du mois de juin 2005, le contenu des
modules de formation a été revu et mis à jour, ce avec la
participation de Madame Dominga Noguera. Dirigeante
communautaire, technicienne en médicine naturelle
et agent promoteur de santé de TRP, elle a été désignée
par Tesaî Reka Paraguay tout particulièrement pour
travailler ce sujet avec l’équipe du projet EPY.
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BRÈVES ACTUALITÉS
«Flore-Alpe»
«La Linnaea»
À L’HONNEUR
A Aigle, du 20 au 24 avril, s’est tenue la
9e édition du Comptoir d’Aigle et du Chablais
R. Tripod, Chef jardinier
6e réunion du réseau EUNOPS
Les 27 et 28 mai 2006, la sixième réunion du réseau
EUNOPS (European Network of Palm Scientists) aura lieu aux
Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève
F. Stauffer, conservateur
et évènement, qui se tient
chaque année dans un pays
européen différent, réunira
les spécialistes de la famille Palmae les
plus renommés de ce continent.
L’objectif principal de la réunion est
l’échange de connaissances scientifiques
associées au groupe des palmiers, sur
divers thèmes allant de la phylogénie
moléculaire à la biologie structurale et
l’écologie. L’événement représente une
tribune importante non seulement pour
les chercheurs confirmés mais également pour les étudiants de master et de
doctorat des universités européennes.
EUNOPS a été créé en 2001, et depuis
cette date le réseau s’est réuni chaque
année au Danemark, en Angleterre, en
Espagne et en France. Des chercheurs de
quelque 12 pays européens ont ainsi eu
l’occasion de présenter des résultats
intermédiaires de la recherche qu’ils
mènent sur le groupe des palmiers. S’il
s’agit effectivement d’une réunion de
chercheurs européens, les résultats obtenus le sont hors limites géographiques
et incluent tous les palmiers du monde,
particulièrement de régions à grande
diversité taxonomique comme les zones
tropicales asiatiques et américaines.
ette manifestation organisée tous les deux ans, a
rassemblé quelques 180 exposants de tous les milieux
de la région. Hôte d’honneur: le Pays du Saint-Bernard.
Sur une plate forme réservée, l’office du tourisme réunissant les
Communes d’Orsières, Liddes, Bourg-Saint-Pierre, La Foully et
Champex, regroupait la promotion de l’Entremont.
Au cœur de l’exposition, les vallées d’Entremont et de Ferret disposaient d’une grande surface pour les activités locales, la mise en
valeur du patrimoine, les coutumes et spécialités du terroir montagnard. Un espace idéalement placé, dans un passage obligé, a
été le théâtre d’animations temporaires et de productions ponctuelles : l’artisanat, la fromagerie d’alpage, l’apiculture en
altitude, les coutumes et chorales, etc. Le plateau de présentation
des incontournables chiens de race de l’Hospice du Grand-SaintBernard n’échappait pas aux regards attendris des visiteurs et une
porte ouverte du Fort de Champex illuminant les yeux des anciens,
livrait quelques secrets aux plus jeunes. La devanture de cette cour
d’honneur a été proposée aux deux jardins alpins valaisans avec
lesquels les CJB entretiennent d’étroits liens, une opportunité de
composer ensemble et de réaliser à trois un stand commun
de valorisation des sites. De plus, la richesse de la palette florale
printanière permettait, sans difficulté, la garniture colorée d’un
aménagement paysager rocailleux.
Les idées réunies, le projet planifié, Jean-Luc Poligné, responsable
à Flore-Alpe, a rassemblé la majeure partie des matériaux et sélectionné un assortiment de plantes saxatiles de la collection en
poterie. Une délégation de l’équipe des rocailles des CJB, tout en
assurant la logistique et l’apport des végétaux ligneux en bacs a
prêté main forte à la mise en œuvre. A très peu de frais, un bijou
en résultat et une carte postale de deux clins d’oeils juxtaposés de
ces jardins en altitude. Saxifrages et autres genres des rochers pour
l’un, assortiment de la flore locale pour l’autre, les deux entités
mariées laissaient aisément deviner leur complémentarité. Durant
la manifestation, chacun des partenaires s’était engagé à une
présence ponctuelle de diffusion d’informations.
De l’expérience dans cette exposition à caractère essentiellement
commercial et agricole, nous retenons l’exemplaire respect
des visiteurs qui se sont attardés sur les quelques 10 m2 de ces
jardins en miniature. A portée de mains, sans protection, aucune
plante, aucune étiquette n’a été déplacée ou prélevée et les posters, pourtant situés dans les accès, n’ont pas été endommagés.
Visiblement, un témoignage d’intérêt de la population s’est dégagé
envers notre participation commune. Cela n’a pu être que bénéfique à une fréquentation accrue à «Flore-Alpe» et à «La Linnaea»
durant toute la saison.
Merci aux organisateurs de l’événement de nous avoir proposé un
rôle promotionnel.
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