Tout en lisant l’encyclique Laudato Si’, qui traite d’écologie, je méditais sur les événements de l’« écologie
humaine » actuelle. Dans son encyclique, le pape parle d’écologie au sens large, à la lumière de la foi :
« L’environnement est un bien collectif, patrimoine de toute l’humanité, sous la responsabilité de tous. Celui
qui s’approprie quelque chose, c’est seulement pour l’administrer pour le bien de tous. Si nous ne le faisons
pas, nous chargeons notre conscience du poids de nier l’existence des autres » (§ 95). Il dénonce une « culture
du déchet, qui affecte aussi bien les personnes exclues que les choses, vite transformées en ordures » (§ 21).
Or, en ce moment, des centaines de milliers de réfugiés se pressent aux portes de l’Europe, et suscitent une
peur en partie compréhensible, en partie irrationnelle. Certes il serait préférable pour leurs pays que ces gens
puissent y rester (en paix), ou que le Programme Alimentaire Mondial ait plus de 50 centimes par personne et
par jour pour les aider dans les pays voisins ; mais il se trouve que ce n’est pas le cas et que des familles
entières perdent espoir et viennent là où l’on peut vivre. Quelle est alors notre réaction ? Nous pouvons avoir
un réflexe de consommateurs qui regardent ces arrivants comme des déchets encombrants, ou qui nient en
quelque sorte leur existence, pour reprendre les paroles du pape. On brandit même notre « civilisation
chrétienne » pour rejeter ceux qui n’y appartiennent pas… Mais nous pouvons aussi montrer la vitalité
intérieure de cette « civilisation chrétienne », et donner l’occasion de la découvrir à ceux qui ne la connaissent
pas. Nous croyons que dans le Christ nous connaissons à la fois Dieu et l’homme : montrons donc que le
christianisme ne bâtit pas une société inhumaine. Dans notre rencontre décisive, Jésus nous dira-t-il : « J’ai eu
faim et vous ne m’avez pas donné à manger, j’ai eu soif et vous ne m’avez pas donné à boire, j’étais un
étranger et vous ne m’avez pas accueilli » (Mt 22,42-43) ? Eh bien, s’il nous parle ainsi, nous aurons vraiment
raté notre vie ! On a toujours un peu vu la sagesse de Dieu comme une folie, inapplicable par des réalistes qui
ont les pieds sur terre… Mais nous croyons que « ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes » (I Co
1,25).
Charles Morerod OP
Assemblée ordinaire de la Conférence des évêques suisses
Les évêques suisses se sont réunis du 31 août au 2 septembre à Givisiez pour leur assemblée
ordinaire. Ils ont rappelé dans le contexte actuel que l’aide aux réfugiés est un devoir chrétien.
Ils ont également nommé Mgr Morerod à la présidence de la CES, pour un mandat de 2016 à
2018. Plus d’info :
http://www.eveques.ch/documents/communiques/l-aide-aux-refugies-est-un-devoir-pour-les-chretiens