Economie de l`attractivité - Internet Services de l`Etat en Hautes

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UNE ÉCONOMIE DE L'ATTRACTIVITÉ APPROCHE SUR LE CAS DES HAUTES-ALPES | DDT 05
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Une économie de l'attractivité
Approche sur le cas des Hautes-Alpes (étude 2008)
La plupart des approches économiques territoriales se font à
partir des emplois. Cela résulte du fait que les données sur
l’emploi sont nombreuses, détaillées et régulièrement mises à
jour. Elles permettent donc d’alimenter des analyses très riches.
Pourtant, analyser le fonctionnement d’un territoire en ne
prenant en compte que ces données d’emploi ne permet de le
décrire que de manière partielle. C’est ce que font remarquer
certains économistes qui ont constaté qu’il existait des zones
assez dépourv ues de pôles productifs gros fournisseurs
d’emplois, et qui néanmoins parv enaient à un fonctionnement
économique très satisfaisant.
SOMMAIRE
La méthode
p. 2
L'économie de l'attractivité
p. 3
Les différents territoires
p. 5
Spécialisation ou
diversification
p. 7
Quelques enjeux identifiés
p. 8
En effet, l’analyse exclusiv ement par l’emploi n’intègre pas
certaines ressources bien réelles comme par exemple :
● les retraites,
● les dépenses touristiques, en général issues de personnes
externes au territoire,
● les masses financières issues de la redistribution sociale.
D’où l’idée d’essayer d’analyser ce département sous un angle
différent, celui des flux financiers entrants.
LA MÉTHODE
Une analyse par les flux
financiers
Le principe est d’identifier l’ensemble des
masses financières arrivant dans le
département, que ce soit via le revenu d’un
haut-alpin ou par tout autre mécanisme. Ces
flux financiers ont été regroupés en quatre
classes, appelées bases :
• base productive,
• base publique,
• base sociale,
• base attractive.
Le productif comprend l’ensemble des
revenus des activités générant des
productions potentiellement consommables
en dehors du territoire départemental. Il inclut
les revenus issus des sphères industrielle et
agricole, mais aussi ceux des activités
DDT 05 | UNE ÉCONOMIE DE L'ATTRACTIVITÉ APPROCHE SUR LE CAS DES HAUTES-ALPES
tertiaires et des professions libérales et
artisanales.
Le public couvre les revenus des agents des
différentes fonctions publiques, y compris
l’armée.
Le social est alimenté par l’ensemble des
prestations à caractère social (chômage,
santé, allocations familiales, ...).
L’attractif regroupe les flux que le
département parvient à capter en raison de
son attractivité (retraités, tourisme) et les
revenus des emplois de portée locale
(services de proximité). Ces flux se
caractérisent par le fait qu’ils ne produisent
pas de biens externalisables, mais qu’en
même temps ils pourraient arriver sur
3
n’importe quel autre territoire. Ce sont donc
des masses financières à la fois très
localisées et très soumises à la concurrence
territoriale.
La conjonction des mécanismes de
redistribution et des phénomènes de mobilité
des flux permet de faire vivre des territoires
quasiment vierges d'activités productives.
A travers cette démarche, le poids des
revenus liés à l’attractivité dans l'économie
des Hautes-Alpes peut être estimé, l'objectif
étant de comprendre comment un territoire
de montagne situé en dehors des
dynamiques métropolitaines classiques
parvient (ou peut parvenir) à se développer.
Les territoires d'analyse
Même si la grande variété des bases de
données utilisées pour cette étude ont été
réparties au niveau communal, ce niveau
n'est pas idéal pour faire ce type d'analyse :
d'abord parce que les flux financiers sont
parfois fournis en référence à l'habitant et
d'autres fois au salarié (or les déplacements
domicile-travail n’ont pas été pris en compte),
ensuite parce que certaines clefs de
répartition touchent leurs limites d'utilisation
quand elles sont appliquées à la commune.
Le territoire le plus pertinent pour analyser
cette économie de l’attractivité semble plutôt
le bassin de vie défini par l'INSEE comme
« le plus petit territoire sur lequel ses
habitants ont un accès aux principaux
services et à l'emploi ».
L'ÉCONOMIE DE
L’ATTRACTIVITÉ
dans les Hautes-Alpes
UNE BASE ATTRACTIVE
DOMINANTE
L'ANALYSE DES CHIFFRES
ÉCONOMIE DE L’ATTRACTIVITÉ
L'économie du département est fortement
liée à la base attractive (2/3 du total). Elle est
nettement plus forte qu'au niveau national.
Des confirmations
Base
Hautes-Alpes
France
11,8 %
≈ 20 %
13 %
≈ 20 %
Sociale
10,9 %
≈ 20 %
Attractive
64,3 %
≈ 40 %
Productive
Publique
Cette valeur de 64,3 % de la base attractive
est de plus certainement sous-estimée car
une part significative de l'emploi salarié et
non-salarié est de fait très liée au tourisme
(BTP, artisans et commerçants, professions
libérales, immobilier, ...). Ces salaires du
productif n'ont pas été extraits de la base
productive pour être intégrés dans la base
attractive car cela aurait nécessité de faire,
pour chaque profession, un choix un peu
arbitraire pour déterminer
sa part liée à l’attractif
(l'agent
immobilier
travaille beaucoup pour le
tourisme, mais pas
exclusivement).
Cependant, cette question
se pose aussi pour les
autres bases : par exemple,
une part de la fonction
publique est dédiée à suivre
ou encadrer l'activité
touristique. Faut-il pour
autant l'extraire de la base
publique ?
• La faible part des flux productifs
industriels
Après les fermetures industrielles dans les
années 1985 / 1990 et les tentatives avortées
plus récentes, les activités productives
classiques sont peu représentées et
s'appuient essentiellement sur un tissu de
petites PME.
• L'impact de la population « présente »
sur le département
Cette
donnée
est
importante
pour
comprendre les dynamiques territoriales et
l'incidence sur les besoins en services
publics, médecins, commerces et
équipements divers.
Les Hautes-Alpes bénéficient d'un taux de
présence moyen annuel de 150 (c'est à dire
qu'il y a, par rapport à la population
recensée, 50 % de personnes en plus à
l'année dans le département).
Cette valeur moyenne masque des ratios
encore plus forts en période de pointe
touristique. Lors de certaines périodes de
vacances scolaires, c'est une population
presque 3 fois plus importante que la
population résidente qui est présente sur le
département, voire davantage sur certaines
zones.
Les Hautes-Alpes ont une capacité
d’accueil très importante : plus de 338 000
lits, correspondant à l’équivalent de près
de 62 000 habitants supplémentaires à
l’année, alors que la population hautalpine s’établit à 133 000 habitants.
UNE ÉCONOMIE DE L'ATTRACTIVITÉ APPROCHE SUR LE CAS DES HAUTES-ALPES | DDT 05
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Des surprises
importante
• L'importance économique des retraites
Dans quasiment tous les bassins de vie, les
retraités apportent plus de revenus que le
secteur productif. Ils sont porteurs de
richesses dans les territoires ruraux et
urbains des Hautes-Alpes et alimentent ainsi
une « économie des retraites ». La question
de l'attractivité de ces flux mérite d'être posée
pour le département. En effet, si une part
importante des retraités ne change pas de
résidence au moment de la retraite (en
particulier les agriculteurs), il y a de
nombreux retraités qui viennent de l'extérieur
du département et qui ont le choix de
s'installer à leur guise sur le territoire français.
Ces retraités qui changent de
cadre de vie...
Parmi les retraités vivant dans les Hautes-Alpes, 8,4 % d'entre eux habitaient dans un autre
département 5 ans auparavant. Ce taux est nettement plus élevé que celui observé en
France métropolitaine (4,7 %) et en PACA (6 %). Dans les autres départements de la région
PACA, les Alpes de Haute-Provence et le Var sont encore plus attractifs pour les retraités
(respectivement 10,7 et 9,4 % des retraités y résidant habitaient un autre département 5
ans auparavant), le Vaucluse et les Alpes-Maritimes se situant au niveau régional, tandis
que les Bouches-du-Rhône n'attirent guère les retraités (moins de 3 % des retraités
concernés).
Dans les Hautes-Alpes, cette situation de mobilité géographique forte concerne
principalement les anciens cadres et professions intermédiaires (12 % des retraités de
cette catégorie), mais également les anciens employés, ouvriers, artisans, commerçants et
chefs d'entreprise (presque 8 % de ces catégories). Inversement, les anciens agriculteurs
sont traditionnellement moins mobiles (seuls 2 % concernés).
Sou rce : INSEE, Recensement de la Population 2007
Savoir pourquoi et comment un retraité
décide de s'installer là et pas ailleurs est
donc une question importante pour un
territoire tel que les Hautes-Alpes.
Il est certainement utile que les élus du
département
soient
conscients
de
l’importance financière de ce poste dans leur
économie.
Pour autant, il ne faut pas miser sans
discernement sur la captation des revenus
des retraités car, même si le nombre de
ceux-ci doit augmenter ces prochaines
années (le rapport entre actifs et retraités
pourrait passer de 2,6 en 2005 à 1,4 en
2050), le phénomène de dépendance lié à
l'amélioration de l'espérance de vie générera
de fortes interventions financières pour les
collectivités. Il faudra donc voir si, dans le
futur, ce flux des retraites sera encore très
majoritairement issu d'un système de
redistribution ou s'il incombera pour une part
aux familles, ce qui changerait alors la
perception de ce flux en terme économique.
• La faible part de l'agriculture
Les Hautes-Alpes sont très souvent
présentées comme un département rural. Si
par rural on entend un territoire où l'activité
agricole est importante, alors le département
n'en fait, à l'évidence, pas partie. Il serait
alors plus pertinent de décrire le département
comme territoire d’industrie touristique.
L ' a g r i c u l t u r e n e r e p r é s e n t e e n e ff e t
aujourd’hui que 2% du total des flux
financiers.
Même si ce chiffre n'est pas représentatif de
l'importance de l'activité agricole en terme de
gestion et d'entretien de l'espace (paysage,
lutte contre les risques naturels, entretien du
patrimoine, …), il n'en demeure pas moins
qu'en termes purement économiques,
l'activité agricole seule n’a plus un poids
économique significatif sur le département.
Seuls les territoires les plus provençaux (Val
de Durance, Laragnais et Buëch) peuvent
revendiquer une agriculture significative,
grâce à l'activité arboricole.
• La forte hétérogénéité des composantes
attractives
Même si le pourcentage du flux attractif est
finalement assez constant sur l’ensemble des
bassins, les éléments qui contribuent à ce
flux varient beaucoup suivant les territoires.
Certains bassins sont des déserts de
ressources financières venant des retraités
(Queyras, Guillestrois), alors que d’autres en
font une ressource vitale (Laragnais,
Gapençais et à un degré moindre Buëch et
Embrunais).
De la même façon, le flux financier des
dépenses touristiques varie de 5 % sur le
Gapençais à 66 % dans le Queyras !
Sous une apparente homogénéité se cachent
des modes de développement très
différenciés.
DDT 05 | UNE ÉCONOMIE DE L'ATTRACTIVITÉ APPROCHE SUR LE CAS DES HAUTES-ALPES
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LES DIFFÉRENTS TERRITOIRES
Analyse de quelques bassins
de vie
L’analyse comparée de quelques bassins de
vie du département vis à vis du concept
d’économie de l’attractivité permet de
caractériser ces espaces. Les exemples
détaillés ci-après concernent les bassins
éloignés de la moyenne départementale.
Le cœur urbain : le Gapençais
Gapençais
Hautes-Alpes
Productive
17 %
12 %
Publique
23 %
13 %
Sociale
13 %
11 %
Attractive
47 %
64 %
Le poids relativement fort du secteur public
s'explique par l’absence d’autre pôle urbain
départemental significatif et par l’éloignement
des métropoles régionales (PACA et RhôneAlpes). Les représentations administratives
sont toutes regroupées sur Gap, chef-lieu
des Hautes-Alpes.
Même modeste en regard des standards
nationaux, l’attrait économique du secteur par
rapport au reste du département apparaît.
C’est la seule zone où une activité de type
industriel est un peu présente.
La base attractive est très particulière :
Les dépenses touristiques y sont très faibles,
ceci s’explique par l’absence de stations de
ski ou de sites touristiques renommés. Par
contre, la part des salaires du tourisme et des
services associés est forte, similaire à ce que
l’on trouve dans les secteurs les plus
touristiques. En effet, Gap concentre une part
importante des effectifs du tourisme, alors
même que cette activité ne se passe pas sur
son périmètre.
La part des retraites est importante et montre
l’importance de la présence de services pour
les retraités. Le secteur Gapençais n’est pas
forcément le plus attractif en terme de
paysage ou d’activités de pleine nature ; c’est
pourtant lui qui draine le plus de retraités.
Un certain équilibre : le Laragnais
Laragnais
Hautes-Alpes
Productive
21 %
12 %
Publique
13 %
13 %
Sociale
15 %
11 %
Attractive
51 %
64 %
productifs constituent un flux non
négligeable. Ce secteur a fortement évolué
ces dernières années avec l'arrivée de l' A51
à Sisteron et les aménagements
hydroélectriques sur le Buëch, qui ont permis
la p l a n t a t i o n d e v e r g e r s i r r i g u é s .
L'arboriculture est la seule activité agricole
qui embauche des salariés, des saisonniers
principalement.
Le secteur attractif s'appuie sur les revenus
des retraités et un tourisme principalement
estival et plus diffus dans l’espace.
L’ultra-touristique : le Briançonnais
Briançonnais
Productive
Publique
Sociale
Attractive
Hautes-Alpes
7%
12 %
12 %
13 %
9%
11 %
72 %
64 %
Archétype
du
bassin
touristique,
le
Briançonnais
compte
plusieurs
sites
touristiques de renommée internationale
(stations de Serre Chevalier et La Grave,
routes du Galibier et de l’Izoard, …). La
proximité du Parc National des Écrins, le
classement au patrimoine mondial UNESCO
des sites Vauban et de la vallée de la Clarée
en Grand Site expliquent également la très
forte prégnance de la base attractive sur ce
secteur.
Si la part des dépenses touristiques est
importante (42 % du total), il faut néanmoins
souligner que la part de retraités n’est pas
négligeable. L’altitude élevée de ce bassin et
la réputation plutôt sportive de ses stations
ne suffit donc pas à éloigner les retraités
comme le laisserait penser la faiblesse de
cette population dans le Queyras et le
Guillestrois (le Pays des Écrins partage avec
le Briançonnais cette caractéristique) .
L'attrait de ce bassin s'appuie sur la diversité
des activités : développement des activités
de pleine nature liées à l'air, à l'eau,
patrimoine historique, double saisonnalité, ...
Il s'agit d'un bassin de vie provençal plus
rural. Seul bassin à disposer d’une activité
agricole proche de 10 %, ses revenus
UNE ÉCONOMIE DE L'ATTRACTIVITÉ APPROCHE SUR LE CAS DES HAUTES-ALPES | DDT 05
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Un exemple extrême : le Queyras
Un équilibre masqué : l’Embrunais
Queyras
Embrunais
Hautes-Alpes
Productive
7%
12 %
Productive
Publique
4%
13 %
Sociale
6%
82 %
Attractive
9%
12 %
Publique
10 %
13 %
11 %
Sociale
10 %
11 %
64 %
Attractive
71 %
64 %
Plus petit territoire des Hautes-Alpes en
terme de flux financier global, le Queyras
souffre (ou bénéficie) de son isolement
géographique. A l’abri de ses remparts
naturels (gorges du Guil, frontière francoitalienne), il a pu conserver un paysage et
des villages peu modifiés par le tourisme
industriel. Bien que l’agriculture y soit aussi
peu importante que dans le reste du
département, elle impose son empreinte
visuelle dans un paysage constitué
principalement d’alpages et de forêts.
Territoire de « monoculture touristique », les
deux-tiers des flux financiers proviennent des
visiteurs extérieurs. Cette manne financière,
assez bien répartie entre l’été et l’hiver, rend
ce bassin très dépendant de cette activité.
C’est à l’évidence une fragilité alors que
plusieurs facteurs peuvent faire évoluer à la
baisse la fréquentation touristique en
montagne : coût de l’énergie, réchauffement
climatique, vieillissement global de la
population, « désamour » des vacances en
montagne...
BASES ÉCONOMIQUES
uelques bassins de vie
DDT 05 | UNE ÉCONOMIE DE L'ATTRACTIVITÉ APPROCHE SUR LE CAS DES HAUTES-ALPES
Hautes-Alpes
Si l’on s’en tient aux chiffres bruts,
l’Embrunais n’est pas différent d'autres
territoires touristiques du département avec
une base attractive représentant 71% du
total, dont 42% de dépenses touristiques.
Ce qui est spécifique à ce bassin, c’est le bon
équilibre entre les activités d’été, centrées
sur le lac de Serre-Ponçon, et celles d’hiver
(stations des Orres et à un degré moindre de
Crévoux et de Réallon). Cette diversification
temporelle rend le territoire moins fragile
vis-à-vis
d’éventuelles
fluctuations
de
fréquentation.
Les autres bases (retraités, productif, public)
sont un peu mieux représentées que sur les
bassins touristiques avoisinants.
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SPÉCIALISATION OU
DIVERSIFICATION
Quel équilibre économique ?
Si
les
chiffres
montrent
bien
la
prépondérance de la base attractive dans
l’économie des Hautes-Alpes, ils ne
permettent pas de répondre à la question :
peut-on (ou faut-il) miser sur une autre base
économique ?
Ceci pourrait se traduire par trois types
d’actions :
Capter des flux significatifs venant d’une
autre base n’est pas évident pour les HautesAlpes. Les activités productives industrielles
ont tendance à s’épanouir à proximité des
zones densément peuplées et bien
desservies. Le département ne semble pas
posséder d' avantage concurrentiel fort pour
attirer des industriels. Les nouvelles
orientations de la PAC ne sont pas de nature
à augmenter sensiblement la valeur ajoutée
de ce secteur.
Les services publics de l’État se retirent
progressivement des espaces ruraux (départ
du tribunal et de l’armée à Briançon,
représentations territoriales de l’État, ...) dans
le cadre de la révision générale des
politiques publiques.
La part sociale n’a pas vocation à augmenter
au delà de l’augmentation de la
démographie.
Le
département
vient
d’être
classé
récemment dans une enquête d’un grand
hebdomadaire comme premier département
français pour les seniors.
Les retraités contribuent pour une part
importante dans l’économie des territoires.
Pour autant, il ne suffit pas d’avoir un
territoire attractif en terme de paysage pour
capter cette clientèle. La présence de
services, en particulier les services à la
personne et la diversité des activités offertes,
est une condition tout aussi fondamentale
pour l’accueil de retraités.
Sur ces questions, les Hautes-Alpes peuvent
encore
certainement
améliorer
leurs
résultats ; cela passe par une sensibilisation
des décideurs locaux sur l’intérêt stratégique
de cette question..
Le département semble donc condamné à
moyen terme à conserver une base attractive
hypertrophiée.
Si tout ce qui sera fait pour augmenter (ou
maintenir à leur niveau actuel) les autres
bases doit être vu comme favorable à
l’équilibre global du territoire, on peut aussi
se demander s’il ne faut pas rechercher une
nécessaire diversification à l’intérieur même
de la base attractive.
Rendre le territoire plus attirant
pour les retraités
Capter des revenus touristiques en
dehors des périodes de pointe
L’activité touristique du département est trop
largement concentrée sur les vacances
scolaires (71 % des nuitées).
Parvenir à capter des séjours hors de ces
vacances présente le triple avantage
d’augmenter les revenus du tourisme, de
diminuer la précarité des emplois liée à la
saisonnalité sans pour autant augmenter
fondamentalement
les
infrastructures
existantes. Par ailleurs, une meilleure
présence des services tout au long de
l’année, est de nature à amener une clientèle
d’urbains sans enfants ou de « retraités
actifs » à venir passer des séjours dans les
Hautes-Alpes.
Il faut convaincre les professionnels qu’une
période d’activité aussi limitée dans l’année
est un facteur de déséquilibre majeur.
Les tendances actuelles ne sont guère
favorables à ce scénario puisque la
montagne en général, et les Alpes du Sud en
particulier, p e r d e n t r é g u l i è r e m e n t d e s
v i s i t e u r s , principalement en été.
Par ailleurs il paraît important de se poser la
question de l'adaptation de l'offre actuelle des
produits touristiques par rapport à l'évolution
des comportements et des attentes de la
clientèle, mais aussi de l'évolution de la
marge de manœuvre financière de la dite
clientèle.
Diversifier le tissu économique
Dans un contexte de mondialisation et de
concurrence accrue, les Hautes-Alpes ne
disposent que de faibles avantages
comparatifs en matière de base productive :
• éloignement des grands axes d'échanges
et de communication (A51 inachevée,
desserte ferroviaire peu compétitive, loin du
TGV et des aéroports importants) ;
• situation hors de la zone d'influence
immédiate des aires métropolitaines de
PACA ou de Rhône-Alpes ;
• faible présence de compétences et savoirfaire
spécifiques
(recherche
et
développement, ingénierie financière, …).
Si un accroissement sensible de l’activité
industrielle semble peu réaliste dans le
département, une certaine diversification du
tissu économique ne paraît pas hors de
portée
des
acteurs.
Les
quelques
expériences des Pôles d'Excellence Rurale
ont démontré que l'on pouvait rechercher des
"niches" économiques dans des filières
axées sur la valorisation et/ou l’exploitation
des ressources naturelles (air, eau, bois,
énergies renouvelables, agro-alimentaire, …)
ou patrimoniales.
UNEÉCONOMIE
ÉCONOMIEDE
DEL'ATTRACTIVITÉ
L'ATTRACTIVITÉAPPROCHE
APPROCHESUR
SUR
CASDES
DESHAUTES-ALPES
HAUTES-ALPES|| DDT
DDT 05
UNE
LELECAS
8
QUELQUES ENJEUX IDENTIFIÉS
pour les Hautes-Alpes
L'avantage comparatif des Hautes-Alpes
pour
attirer
des
revenus
réside
essentiellement du côté de la qualité du
paysage, du climat, du patrimoine local et de
la possibilité d’avoir des activités touristiques
quelle que soit la saison.
À partir de ce postulat, quelques questions
constituant des enjeux forts pour ce territoire
en matière d’économie de l’attractivité
apparaissent.
Trouver des scénarios alternatifs au
« tout-tourisme »
La part importante du flux touristique, vitale
dans les bassins de vie « ultra-touristiques »,
fait craindre que des difficultés apparaissent :
• face au développement de l'offre
concurrentielle dans un contexte de
mondialisation à faible coût accrue
(destinations étrangères ou sports d'hiver en
pays de l'Est) et à l'érosion de la demande
touristique en montagne, l'été notamment ;
• face au renchérissement du prix de
l'énergie qui va agir sur le coût des
déplacements et sur le budget de fonctionnement des stations de sports d’hiver ;
• face à la difficulté de maîtriser une
clientèle de plus en plus volatile et
exigeante : progression des courts séjours,
recherche de tarifs compétitifs, recherche de
qualité, de plus de sécurité ;
• face au vieillissement de la population,
alors que les activités montagne sont encore
peu dédiées aux clientèles des seniors et
des non-skieurs ;
• face aux évolutions liées au
réchauffement climatique qui va pénaliser en
premier les stations de moyenne montagne.
De plus, la relative faiblesse des revenus
réels et des qualifications des travailleurs
saisonniers ainsi que leur impression de
précarité globale sont une source de tension
dans les communes stations, renforcée par la
difficulté de loger les jeunes locaux ou les
saisonniers en station.
Enfin, les pressions environnementales et
foncières engendrées par ces dynamiques
génèrent des dysfonctionnements sur le
marché du logement en sites touristiques,
une banalisation du paysage et une surfréquentation en haute saison dans des
endroits fragiles.
Sans céder au catastrophisme, il faut être
conscient que la pérennité des revenus
touristiques n’est pas garantie.
La perte d’attractivité constitue un
risque réel
L’économie attractive n’a pas que de bons
côtés ; elle a tendance via une forte demande
en habitat individuel à consommer des
espaces naturels souvent fragiles et de
qualité.
• Le
développement
rapide
de
l'urbanisation et du mitage, source de
gaspillage d'espaces naturels ou agricoles,
de conflits d'usage et de banalisation des
paysages, réclame une réelle planification
« durable » supra-communale. Il n'y a, à ce
jour, aucun SCOT opposable dans les
Hautes-Alpes.
• La multiplication des zones d'activités
« fourre-tout » à l'entrée des villes et le long
des principaux axes de communication (RN
85 Sud et RN 94 Est de Gap, RN 94 Sud
Briançon et vallée de la Guisane), décidées
sans réelle réflexion économique à l'échelle
d'une intercommunalité « pertinente », ni
schéma d'aménagement d'ensemble ou
intégration paysagère et architecturale
amène de vraies dégradations du paysage
qui rendent des secteurs entiers peu attractifs
pour de la population retraitée ou touristique,
alors que leur positionnement en périphérie
urbaine le permettrait. Ce qui est en cause
n’est pas l’utilité de ces zones, mais bien leur
dissémination
peu
efficace
et
trop
pénalisante pour le paysage.
• Dans la plupart des stations « intégrées »,
les hébergements sont vieillissants, d'un
confort insuffisant et les espaces publics sont
trop souvent dédiés à l'automobile.
Si on souhaite maintenir une forte attractivité
du département, il faut veiller à ce que le
paysage, dans toutes ses composantes,
continue à donner l’envie d’y venir. Le
nécessaire développement économique ne
doit pas se faire contre l’attractivité
touristique mais autour.
Le développement de l'attractivité ne peut
s i m p l e m e n t s ' a p p u ye r s u r u n e r e n t e
paysagère ou climatique.
La diversification de l'économie des stations
(activités complémentaires au « tout ski »,
sports de pleine nature, thermo-ludisme,
centre de remise en forme, tourisme culturel)
est aussi une nécessité pour éviter que ne
s’érode l’envie des visiteurs de venir sur le
département.
De même, la requalification urbaine des sites
touristiques reste un enjeu pertinent : travail
sur les espaces publics, promotion des
modes de déplacement doux, ... en bonne
articulation avec la réhabilitation du parc des
meublés vétustes et inadaptés aux exigences
de la clientèle.
Cela pourrait passer par la mise en place
d'un schéma des activités touristiques
(opposable ?) permettant un meilleur accueil
et une réelle protection et valorisation des
sites naturels (en dehors des zones déjà
protégées). Cette politique à inscrire dans
une logique globale de vallées, peut passer
par un contrôle des aménagements et la
recherche d'une meilleure répartition des
résidents (permanents ou temporaires) dans
l'espace. Par exemple, l'offre hivernale reste
encore trop centrée sur les stations et
n ' i n t è g r e p a s a s s e z l e s o ff r e s
complémentaires des vallées.
Une vraie politique de l’habitat
est indispensable à l’activité
touristique
Une des caractéristiques du fonctionnement
de l'économie touristique, c'est qu'elle est
générée par une clientèle au pouvoir d'achat
globalement supérieur à celui des actifs
locaux, avec des phénomènes de distorsion
dans l'habitat entre les niveaux de prix
pratiqués et les capacités dont disposent les
acteurs locaux.
En l'absence d'intervention de la puissance
publique pour tenter de réguler le marché,
c'est probablement l’essor du tourisme et des
services qui est fragilisé, car les actifs du
tourisme ne peuvent plus trouver à se loger.
Cette contrainte est déjà ressentie par
certains des acteurs hauts-alpins mais il reste
à la faire partager par le plus grand nombre
pour qu’elle s’affiche nettement comme une
condition sine qua non d’un développement
pérenne de l’activité touristique.
Direction départementales des territoires
Service de l'aménagement soutenable
3 place du Champsaur - BP 98 - 05007 GAP Cedex
Tél. 04 92 40 35 00 | Courriel : [email protected]
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