PHI 2421
Éthique et politique à l’âge classique
Automne 2017
Lundi 16h/19h
Professeur : Christian Nadeau
L'objectif de ce cours est à la fois d'introduire les étudiants aux débats fondamentaux sur les notions de morale et de
politique à l'âge classique, soit de la fin du Moyen Age au début du XVIIe siècle, et de proposer certains modèles
d'interprétation pour lire les textes du passé. Un des enjeux important du cours est d'étudier la thèse selon laquelle il
y aurait eu une rupture à la Renaissance avec une conception de l'ordre politique fondé sur des préceptes néo-
aristotéliciens : la rationalité politique serait par la suite pensée de manière autonome, indépendamment des
préceptes de la morale ou de la théologie. Nous verrons les limites d'une telle conception des choses en montrant
également toute l'importance des théories de la loi naturelle à la Renaissance, en France notamment. Mais pour
savoir si oui ou non il est possible de parler d'une rupture entre l'ordre moral et celui de la politique à l'âge classique,
il faut également savoir de quelle morale il est question exactement. C'est la raison pour laquelle nous étudierons les
thèses morales associées à l'humanisme de la Renaissance et de la fin du Moyen Age, de Pétrarque à Montaigne en
passant par Pic de la Mirandole (concept de dignitas hominis )Érasme et Calvin (débat sur le libre arbitre et la
prédestination).
En raison de leur importance pour l'élaboration des concepts de liberté politique, d'« État » ou pour l'évolution du
constitutionalisme, nous nous concentrerons sur les auteurs italiens associés au mouvement de l’« humanisme
civique » (Bruni) et à leur critique, ce qui signifie que nous devrons également prendre en considération l'histoire
politique des Cités-États de Florence et de Venise à la Renaissance. C'est alors que nous étudierons les oeuvres de
Guichardin et Machiavel. Nous étudierons également l’influence du scepticisme et du stoïcisme sur la philosophie
morale et politique de la Renaissance, notamment par l’intermédiaire des œuvres de Montaigne, de Guillaume du
Vair et de Juste Lipse.
Enfin, nous étudierons la naissance du concept moderne de souveraineté chez Bodin, au moment du débat entre les
constitutionalistes français lors des guerres de religion.