« combattante, libre et victorieuse » est un atout pour les Alliés mais aussi un appui pour la
France. 3
Le but de la conférence est d’adopter le plan général d’attaque des possessions italiennes
d’AOI. Le seul sujet de débat un tant soit peu délicat était en fait le rôle des forces irrégulières
éthiopiennes, en raison de la mauvaise volonté du général Platt, peu désireux de les intégrer
aux actions des troupes régulières alliées. Mais sur l’insistance du Foreign Office et du
gouvernement français, ces troupes ont fini par recevoir un encadrement et un soutien
matériel. Par ailleurs, des soldats éthiopiens forment une grande partie de la Force Gédéon
(d’après le Gédéon du livre des Juges de la Bible). Cette unité tri-nationale (éthiopienne,
britannique et française) va semer le trouble sur les arrières italiens sous l’impulsion
d’officiers promis à un bel avenir, comme le major Orde Wingate et le commandant Raoul
Salan.
L’état major allié prévoit de déclencher à partir du 15 décembre une offensive coordonnée sur
quatre et même cinq fronts.
À partir de Kassala, au Soudan, les forces du général Platt, composées de la 4e Division
indienne (5e, 7e et 11e Brigades, major-général Heath), qui vient d’être redéployée après la
campagne de Libye, de la 5e Division d’Infanterie indienne (9e, 10e et 29e Brigades, major-
général Beresford-Peirse), de la 6e Division d’Infanterie australienne (16e, 17e et 19e Brigades,
major-général Mackay) et des premiers éléments de la 7e DI australienne doivent entrer en
Éthiopie, ou plus exactement en Erythrée, et se diriger vers l’est. L’infanterie est appuyée par
un solide contingent de chars et d’automitrailleuses, la Force Gazelle (colonel Messervy).
Passant par Agordat et Keren, ces troupes doivent prendre Asmara puis Massaoua afin de
couper l’Ethiopie de toute communication maritime, avant de descendre vers le sud.
La 1ère Brigade de la Force Publique, portée à huit bataillons sous le commandement direct du
lieutenant-général Paul Ermens, partant de la région de Gedaref, doit avancer vers le sud-est
en direction de Gondar, l’ancienne capitale, étape clé sur la route d’Addis-Abeba. De son
côté, la 2e Brigade, réduite au 5e RI durement éprouvé par les combats précédents, reste en
réserve sous le commandement du major-général Auguste Gilliaert, reste en réserve dans la
région de Malakal. Elle doit se tenir prête à intervenir vers Gambela et Saïo pour servir
d’enclume au marteau des forces alliées venant du nord, une fois que les voies de
communication vers l’Ethiopie seront à nouveau praticables fin janvier, après la saison des
pluies.
A partir de Djibouti, le général Legentilhomme a une double mission. D’une part, avec ses
unités françaises, il doit fixer le maximum de troupes italiennes en s’efforçant de lever
l’encerclement de la Côte Française des Somalis. En cas de percée, il doit progresser vers
l’ouest le long de la voie ferrée reliant la colonie française à la capitale éthiopienne.
D’autre part, avec les unités britanniques évacuées du Somaliland et celles venues d’Aden,
Legentilhomme doit appuyer par une manœuvre de diversion sur son flanc sud la reconquête
du Somaliland par les forces britanniques du brigadier-général Chater qui s’apprêtent à
débarquer à Berbera.
Enfin, à partir du Kenya, les troupes du général Cunningham doivent prendre le contrôle de la
Somalie italienne, avec l’appui de la Royal Navy. Leur objectif principal est Mogadiscio,
mais il leur faudra d’abord sécuriser leur flanc nord. La capture de Moyal! figure en tête de
liste des objectifs de Cunningham. Ce dernier dispose de la 1ère Division sud-africaine (1e, 2e
et 5e Brigades, major-général Brink), de la 11e Division africaine (21e et 26e Brigades est-
africaines, 23e brigade nigériane, major-général Wetherall), de la 12e Division africaine (22e et
3 Le général Denis, Ministre de la Défense Nationale belge, devait venir d’Alger pour participer à la conférence.
Mais ses moment d’absence lors de la visite des ministres belges en Afrique du Nord ont inquiété ses collègues.
Ces derniers se sont arrangés avec les autorités françaises, témoins elles aussi du comportement erratique de
Denis, pour prétexter des problèmes de transport imprévus et éviter ainsi des incidents plus sérieux.