CRITIQUE DE LA RAISON VUE A TRAVERS DES PENSEES DE J

UNIVERSITE PARIS VIII VINCENNES-SAINT-DENIS
Département de philosophie
LIEUX ET TRANSFORMATIONS DE LA PHILOSOPHIE
CRITIQUE DE LA RAISON VUE A TRAVERS DES
PENSEES DE
J. -F. LYOTARD ET P. THEVENAZ
Présentée et soutenu publiquement par
Lee Chul-Woo
le 30 janvier 2007
Directeur de thèse : M. Jacques Poulain
Jury
M. Olivier Abel Président Faculté libre de théologie Protestante de Paris
M. Domenico Jervolino Université de Naples
M. Henri Blocher Faculté de théologie évangélique de Vaux-sur-Seine
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AVANT-PROPOS
Si J. -F. Lyotard, qui est un des représentants d’un courant de la pensée française
dit post-modernité, met en problème la raison universelle et unificatrice, P.
Thévenaz, se situant dans la période juste avant l’apparition du postmodernisme, vise
à mettre en cause la raison essentiellement humaine. Pour nous qui vivons au temps
postmoderne, il est important de mettre en question la légitimité de cette « idéologie
intellectuelle » qui s’appelle « postmodernisme ». Notamment, à cause de
l’expiration de la raison universelle et de la négation de la subjectivité, selon
Lyotard, le problème de la communication doit être réexaminé. Il s’agit donc
d’interroger la possibilité de la rationalité du postmodernisme, considéré selon des
penseurs anglophones comme néo-irrationalisme. Le trait essentiel de la philosophie
de Lyotard consiste justement en une évaluation nouvelle des phénomènes de la
modernité. Si l’on accepte la perte de la crédibilité des grands récits comme l’idée de
l’émancipation de l’homme que Lyotard déclare, on se heurte à la délégitimation du
savoir. Il s’agit donc de connaître le fondement de la légitimité après le déclin des
métarécits et la perte de la raison universelle qui les rend possibles. C’est notre
problématique. Si nous refusons la raison universelle théoriquement, ainsi que
pratiquement, nous ne pouvons manquer de déclarer la mort de la philosophie au
sens nous devons cesser de philosopher. C’est pourquoi il faudra réviser le statut
de celui qui pose la question.
Si le pessimisme spéculatif est un aboutissement de la réflexion philosophique et
celui de la recherche philosophique de Lyotard qui efforce de remplir l’exigence de
la légitimité du savoir, ne faudrait-il pas dire que dans la philosophie qui se fonde sur
la sagesse humaine, il n’y a aucun salut ni aucune solution. A proprement parler, la
philosophie, c’est, sans cesse, contester, poser la question. Néanmoins, si les
philosophes s’efforcent de trouver un salut philosophiquement conquis, ils aboutiront
soit à se diviniser pour leur attribuer une pleine puissance (par l’assimilation à Dieu
comme chez Platon, par la science et la technique qui permettent de dépasser notre
condition, etc.), soit à confirmer leur impuissance. La divinisation de l’homme ou
son absolutisation n’est possible que si nous ayons confiance en la sagesse de
l’homme, à savoir la sagesse de la chair. Mais, selon le terme de Sartre, elle n’est
qu’un mensonge à soi, à savoir l’ignorance de soi. En ce sens, la croyance qui est à
2
même de frayer, par la réflexion philosophique de l’homme lui-même, une voie du
salut ou de la solution, ce n’est qu’une illusion.
Face à la crise de la raison, Lyotard en arrive à déclarer la mort de la philosophie
par les voies de post-modernité expérimentale, alors que Thévenaz en vient à
prétendre la nécessité de la philosophie par l’analyse flexive dans une perspective
chrétienne et à élaborer en fin de compte l’autonomie de la philosophie. Notons ici la
différence et l’importance de la perspective et de la méthode qui définissent le
contenu et la direction de la philosophie. Il s’agit d’un passage d’un philosophe
incroyant à un philosophe croyant. A travers l’expérience-choc qui suscite la
transformation radicale de la direction de la pensée, nous ne pouvons manquer de
remarquer le rôle crucial du motif religieux dans la réflexion philosophique. C’est le
protestantisme qui est le motif central de la pensée thévenazienne. L’imputation de
folie «la sagesse de ce monde n’est que folie devant Dieu » pénètre dans toute la
démarche de sa pensée philosophique. En contestant radicalement la raison elle-
même, elle rend possible l’explicitation de la conscience de soi et la radicalisation de
la philosophie. Par l’accusation de folie, la raison prend conscience de l’ignorance de
soi et son autisme éclate à son tour par la prise de la conscience de soi. Lorsque
l’autisme éclate, la raison prend une nouvelle conscience de soi : la raison se trouve
en condition, à hauteur d’homme. Elle se révèle pour la première fois à découvert
devant Dieu, à proprement parler dans le rapport à Dieu. Dans une telle démarche, la
raison en condition humaine rencontre les tentations majeures : celle de la neutralité,
de l’indifférence, de la restitution de l’absoluité et des limites. Pour éviter ces
tentations et atteindre l’autonomie de la philosophie, il faut la conversion de la
raison. Car seule la raison, qui est en condition et qui prend conscience de sa
vocation qu’évoque l’impulsion protestante, peut être libérée de ces tentations
permanentes, de la charge de la foi philosophique qui fait de Dieu ou de l’absolu
l’objet de la réflexion. A partir de cette perspective chrétienne, qui est la philosophie
de la vocation et de la responsabilité, surgit la philosophie autonome. Notre thèse
sera donc à la fois une approche anthropologique sur l’homme et la réexamination du
statut ontologique de la raison dans cette perspective chrétienne.
3
Remerciements
Je tiens à remercier vivement ma femme Yoon-Joo pour son soutien laborieux,
mes parents, ma tente Yoon-Jeong Sherry-Moon, monsieur le professeur Jacques
Poulain de Paris VIII, qui a dirigé ma réflexion philosophique depuis le DEA, et mes
amis : Sang-Woo qui m’a conduit à Jésus-Christ, Rosny, Daniel, Emmanuel, Martine,
Yvelise, Christophe et Julie, Marlaine, Clotilde et Renée-Lyse pour la lecture et la
correction de cette thèse, tous ceux qui m’ont aidé pour que cette thèse voie le jour,
et mon Seigneur, Dieu de Jésus-Christ qui a inspiré à ma pensée.
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CRITIQUE DE LA RAISON VUE A TRAVERS DES PENSEES DE
J.F. LYOTARD ET DE P. THEVENAZ
TABLE DES MATIERES
Avant-propos 1
Remerciements 3
Sommaire 4
Liste des sigles
9
Introduction
11
I. La philosophie et le christianisme 11
II. Division du sujet
18
III. Méthodologie 35
1. Dialectique ou antithèse 35
2. Participation ou séparation 40
Première partie
De la modernité à la postmodernité
46
Chapitre I : Sources de la modernité
47
1. Aufklärung 47
2. Absolutisation de la raison 55
3. La pensée de « se retourner » et la rationalité 57
4. Humanisme 62
Chapitre II : Le passage du modernisme au postmodernisme
63
1. Ligne de démarcation : modernité et post-modernité 63
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