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AVANT-PROPOS
Si J. -F. Lyotard, qui est un des représentants d’un courant de la pensée française
dit post-modernité, met en problème la raison universelle et unificatrice, P.
Thévenaz, se situant dans la période juste avant l’apparition du postmodernisme, vise
à mettre en cause la raison essentiellement humaine. Pour nous qui vivons au temps
postmoderne, il est important de mettre en question la légitimité de cette « idéologie
intellectuelle » qui s’appelle « postmodernisme ». Notamment, à cause de
l’expiration de la raison universelle et de la négation de la subjectivité, selon
Lyotard, le problème de la communication doit être réexaminé. Il s’agit donc
d’interroger la possibilité de la rationalité du postmodernisme, considéré selon des
penseurs anglophones comme néo-irrationalisme. Le trait essentiel de la philosophie
de Lyotard consiste justement en une évaluation nouvelle des phénomènes de la
modernité. Si l’on accepte la perte de la crédibilité des grands récits comme l’idée de
l’émancipation de l’homme que Lyotard déclare, on se heurte à la délégitimation du
savoir. Il s’agit donc de connaître le fondement de la légitimité après le déclin des
métarécits et la perte de la raison universelle qui les rend possibles. C’est notre
problématique. Si nous refusons la raison universelle théoriquement, ainsi que
pratiquement, nous ne pouvons manquer de déclarer la mort de la philosophie au
sens où nous devons cesser de philosopher. C’est pourquoi il faudra réviser le statut
de celui qui pose la question.
Si le pessimisme spéculatif est un aboutissement de la réflexion philosophique et
celui de la recherche philosophique de Lyotard qui efforce de remplir l’exigence de
la légitimité du savoir, ne faudrait-il pas dire que dans la philosophie qui se fonde sur
la sagesse humaine, il n’y a aucun salut ni aucune solution. A proprement parler, la
philosophie, c’est, sans cesse, contester, poser la question. Néanmoins, si les
philosophes s’efforcent de trouver un salut philosophiquement conquis, ils aboutiront
soit à se diviniser pour leur attribuer une pleine puissance (par l’assimilation à Dieu
comme chez Platon, par la science et la technique qui permettent de dépasser notre
condition, etc.), soit à confirmer leur impuissance. La divinisation de l’homme ou
son absolutisation n’est possible que si nous ayons confiance en la sagesse de
l’homme, à savoir la sagesse de la chair. Mais, selon le terme de Sartre, elle n’est
qu’un mensonge à soi, à savoir l’ignorance de soi. En ce sens, la croyance qui est à