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SANTÉ : CONJUGUONS LE FUTUR
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e JOURNÉES PHARMACEUTIQUES
VENDREDI 28 ET SAMEDI 29 NOVEMBRE 2014
SYNTHÈSE DES CONFÉRENCES
SANTÉ : CONJUGUONS LE FUTURSANTÉ : CONJUGUONS LE FUTUR
IMPÉRATIF ET CONDITIONNEL
Président de séance : Michel Guizard, Pharmacien, Praticien hospitalier – CH Meaux
3 L’hôpital du futur
Interview de Philippe Domy, Directeur Général – CHU Montpellier
5 Le malade immortel
Laurent Alexandre, Président de DNAVision
FUTUR PROCHE OU FUTUR ANTÉRIEUR
Président de séance : Professeur Jean-François Bergmann, Praticien hospitalier, Chef du service de Médecine
Interne Hôpital Lariboisière, AP/HP
LES TECHNIQUES DU FUTUR
8 Des images médicales au patient numérique
Professeur Nicholas Ayache, Membre de l’Académie des sciences, Directeur de recherche Inria,
Titulaire de la Chaire Informatique et sciences numériques au Collège de France, Directeur scientifique
de l’Institut Hospitalo-Universitaire de Strasbourg
11 Stents-Grafts personnalisées : à chacun son tuyau
Professeur Fabien Koskas, Professeur Universitaire UPMC, Praticien hospitalier, Chef du service Chirurgie
vasculaire – Groupe Hospitalier Pitié-Salpétrière, AP/HP
Docteur Julien Molina, PharmD & PhD, Enseignant, UPMC, Praticien hospitalier, Responsable de l’unité
de Stérilisation centrale – Hôpital Robert Debré, AP/HP
13 Robots chirurgicaux : y a-t-il un pilote ?
Professeur Guy Vallancien, Chef du département d’urologie – Institut Mutualiste Montsouris, Paris
FUTUR PROCHE OU FUTUR ANTÉRIEUR
Président de séance : Frédéric Pinguet, Pharmacien, Praticien hospitalier – Institut du Cancer, Montpellier
LES THÉRAPIES NOUVELLES
15 Progrès en oncologie : demain et après-demain
Professeur Alexander Eggermont, Directeur Général – Institut Gustave Roussy, Villejuif
17 Innovations dans la thérapie du diabète de type 1 : aujourd’hui est déjà demain
Professeur Eric Renard, Praticien hospitalier, Coordonnateur du département d’Endocrinologie Diabète,
Nutrition, CHU de Montpellier. Institut de Génomique Fonctionnelle – Université de Montpellier
19 Thérapies du futur : le modèle des maladies génétiques
Professeur Alain Fischer, Membre de l’Académie des sciences, Directeur scientifique de l’Institut des Maladies
génétiques Imagine, Hôpital Universitaire Necker-Enfants malades, AP/HP, Titulaire de la chaire Médecine
expérimentale au Collège de France
FUTUR : IMPARFAIT ET PLUS QUE PARFAIT
Président de séance : Professeur Gérard Viens, Économie et Gestion de la Santé – ESSEC
22 Protection sociale : où trouver le financement pour les dépenses de santé de demain ?
Christian Charpy, Secrétaire Général de la Commission des Comptes de la Sécurité Sociale
24 Heureux, chez soi : comment aménager pour ne pas avoir à déménager !
Docteur Jean-Marie Vetel, Directeur médical du groupe Dolcea
26 Retour vers le futur : les grandes tendances du numérique
Thierry Happe, Cofondateur et Président – NetExplo
28 La e-santé, pour vieillir plus jeune
Professeur Joël de Rosnay, Conseiller de la Présidente d’Universcience (Cité des sciences et de l’Industrie
et Palais de la découverte), Président Exécutif de Biotics International, Auteur et Prospectiviste
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e JOURNÉES PHARMACEUTIQUES SANOFI SANTÉ : CONJUGUONS LE FUTUR
SANTÉ : CONJUGUONS LE FUTURSANTÉ : CONJUGUONS LE FUTUR
Philippe Domy, comment voyez-vous l’hôpital
d’après demain ?
L’hôpital d’après-demain peut être envisagé
au travers de trois thématiques : l’institutionnel,
le structurel et le virtuel. Concernant l’institution-
nel, deux éléments sont à mettre en avant. Tout
d’abord, la situation que nous vivons aujourd’hui
n’est pas viable ou ne le sera plus longtemps. Nous
avons un système de santé que beaucoup nous
jalousent. C’est en effet le seul système au monde
qui concilie la liberté de choix de son praticien trai-
tant et de son établissement de traitement, et la
socialisation du risque. En d’autres termes, qui que
l’on soit, on choisit librement son médecin, son hô-
pital ou sa clinique, quels que soient le prix de la
prestation et son revenu. Il s’agit d’une liberté de
choix réelle et nous y sommes tous très attachés. Il
faut toutefois qu’existe une offre plurielle, une plu-
ralité d’exercices pour qu’il y ait une vraie liberté
de choix. C’est quelque chose à préserver abso-
lument, c’est notre originalité mais cette préserva-
tion a un prix. Or, il y a la menace de la « poule aux
œufs d’or » et, avec elle, celle de voir disparaître
le système. Aujourd’hui, notre système montre de
nombreux dysfonctionnements, avec des intérêts
contradictoires et divergents : cela ne peut pas
durer, on ne peut avoir un tel dispositif et afficher
ensemble la socialisation du risque et solidarité.
Autre élément à considérer : si l’on part du principe
que la santé est un coût de PIB* mais qu’elle est
surtout une capacité de production de richesses
puisqu’elle participe du PIB et créé de la richesse,
toute les consommations intermédiaires que nous
engendrons par nos différents fonctionnements
sont créatives de valeur ajoutée et participent à
la dynamique économique. Le système de santé
pèse 11 points du PIB mais il participe à 6-7 points
de création de valeurs. Donc le système de santé
a un coût mais il est productif de valeurs et il faut
le dynamiser. Toutefois, on ne peut le dynamiser
si l’on reste en l’état, avec d’un côté des hôpi-
taux publics qui sont dans un carcan légal et ré-
glementaire, empêtrés dans les corporatismes, et
de l’autre un secteur privé qui a une plus grande
liberté de manœuvre et qui, en plus, en tire un bé-
néfice et un profit.
Quelle orientation doit prendre l’hôpital, dès
lors, pour permettre aux dépenses publiques
de santé d’être une ressource sociétale ?
Si l’on veut maîtriser les dépenses de santé et
faire en sorte que ces dépenses publiques - soit
l’argent de l’Assurance maladie - soient une res-
source au bénéfice de tous, il faut faire sauter le
statut de droit public de l’hôpital public et arrêter
de confondre secteur public et service public car
on en voit toutes les limites et les contradictions. La
solution est donc d’aller vers une unicité de statut,
d’intérêt collectif. Dans le même temps, tous les
acteurs doivent passer sous le régime du droit
privé (du contrat et de la convention), les activi-
tés de service public ou d’intérêt général doivent
être forfaitisées et éligibles à tout opérateur, les
engagements sur l’accomplissement des missions
de service public ou d’intérêt général obéissent
à l’obligation de résultats et non de moyens. Aller
dans ce sens représente tout un potentiel de
changement dans les organisations publiques et
implique de sortir des autonomismes culturels et
des corporatismes.
Avec le statut public, nous n’y arriverons pas. Je
fais plus confiance à une uniformisation de sta-
tuts institutionnels uniques et à l’émulation entre
les acteurs, avec la sanction de l’engagement
sur résultat. Supprimer les rentes de situation dans
la gestion des carrières est une autre nécessité.
Notre niveau de protection participe à l’érection
de l’immobilisme et cela est délétère. Il nous faut,
en revanche, de la flexibilité, de la souplesse, de
la réactivité. Sans cette capacité autonome à se
remettre en cause, nous serons balayés.
Si l’hôpital d’après-demain veut être efficace, il
doit éradiquer le système tel qu’il est aujourd’hui,
basculer dans le monde du contrat, de la conven-
tion, de l’initiative et de l’autonomie, et passer de
l’obligation de moyens à celle de résultats. C’est
une conviction forte et je mesure la distance
qu’il y a pour y arriver. Mais il s’agit de préserver
notre originalité. Autre certitude : la confiance
est au centre de ce bouleversement. Il faut faire
confiance aux hommes et au management pour
gérer le changement. In fine, c’est la qualité des
hommes qui fera la qualité des institutions.
IMPÉRATIF ET CONDITIONNEL
Président de séance : Michel Guizard, Pharmacien, Praticien hospitalier – CH Meaux
L’hôpital du futur
Interview de Philippe Domy, Directeur Général – CHU Montpellier
* Produit intérieur brut
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e JOURNÉES PHARMACEUTIQUES SANOFI SANTÉ : CONJUGUONS LE FUTUR
Comment la structure hospitalière doit-elle
évoluer sur le plan structurel ?
Les CHU associent trois aspects : hôtelier, hospita-
lier et technologique. Or, ce sont des modèles ob-
solètes. Dans l’hôpital d’après-demain, je vois une
fonction hôtelière extrêmement diminuée, remise
à des gens du métier, et une fonction de soins
confiée à des hospitaliers. Un certain nombre de
fonctions périphériques doivent donc être exter-
nalisées. Ce qui signifie que le dimensionnement
structurel de l’hôpital sera fondamentalement le
plateau technique, avec tous les moyens d’in-
vestigation, de diagnostic, d’exploration fonc-
tionnelle. Ceci devant permettre de poser un
diagnostic le plus fiable, le plus précoce et dans
les meilleures conditions possibles, d’engager
toute latitude thérapeutique, avec des patients
de moins en moins couchés et de plus en plus
debout. Le défi que l’hôpital a à relever est que,
lui-même, doit bouger : avec le développement
des réseaux, il doit être au plus près du patient, et
principalement pas à l’hôpital. C’est une révolu-
tion complète des modes d’appréhension de la
prise en soins des patients. Et ce n’est pas avec
des structures rigides que l’on y arrivera : là aussi, il
faut de la flexibilité et de la souplesse.
La structure hospitalière sera donc réduite archi-
tecturalement, essentiellement consacrée au
plateau technique, avec une capacité à antici-
per les évolutions. Toute évolution technologique
entraîne, en effet, un changement d’organisa-
tion et l’enjeu est de créer les possibles. De fait,
il y a, là aussi, une révolution culturelle à opérer,
extrêmement forte. Tout comme l’égalité d’ac-
cès et de traitement et la continuité du service, le
devoir d’adaptation de l’hôpital est une obliga-
tion de service public, un service qui sert l’intérêt
général. Les professionnels du service public ont
donc le devoir de se préparer, d’être en veille sur
l’évolution des besoins et d’imaginer les réponses
à ces besoins quand ceux-ci vont émerger. Or,
c’est tout l’inverse aujourd’hui. L’hôpital d’après
demain doit donc trouver, dans ses modes de
fonctionnement, les ressorts de la véritable antici-
pation. Les révolutions techniques et scientifiques
nous y obligent. Là encore, cela exige beaucoup
plus de mobilité et de flexibilité, dans les processus
de décisions et dans les conduites managériales.
Pour résumer, quels sont les mots clés de la
réussite de l’hôpital du futur ?
La voie dans laquelle nous devons nous engager
est celle d’un hôpital flexible, adaptable, mobile
et anticipateur, dans une construction basée
sur la confiance. J’ai entièrement confiance en
l’avenir, et en l’avenir de l’hôpital en particulier.
IMPÉRATIF ET CONDITIONNEL
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e JOURNÉES PHARMACEUTIQUES SANOFI SANTÉ : CONJUGUONS LE FUTUR
Les technologies NBIC - nanotechnologies, bio-
technologies, informatique et cognitique (qui re-
groupent l’intelligence artificielle, la robotique et
les sciences du cerveau) - arrivent aujourd’hui
à maturité et sont pleines de promesses. Maîtres
de ces technologies, Google, Apple, Facebook,
Amazon – regroupés sous l’acronyme de Gafa
– montent en puissance. La zone Asie-Pacifique,
très perméable à la transgression biotechnolo-
gique, à l’eugénisme et à toutes les modifications
du corps, se développe, quant à elle, considé-
rablement. Dans le même
temps, l’idéologie transhu-
maniste de la Silicon Valley
se propage. Une idéolo-
gie qui défend l’idée qu’il
existe trois urgences dans le
monde : tuer la mort, déve-
lopper l’intelligence artificielle et interfacer celle-ci
avec notre cerveau via des implants intracéré-
braux. La conjonction de ces éléments a ainsi fait
surgir une perspective jusqu’alors inconcevable :
celle de notre immortalité, à relativement brève
échéance.
Faire reculer la mort de manière importante
dès le XXIe siècle
Les NBIC ont énormément progressé ces dernières
années et la médecine commence aujourd’hui à
en bénéficier. Pour exemple, en dix ans, le coût
du séquençage ADN a été divisé par trois millions.
En parallèle, l’ingénierie génétique (reprogram-
mer les cellules par thérapie génique), cellulaire
(régénérer un tissu par cellules souches, fabriquer
des organes entiers) ainsi que celle du vivant dé-
montrent leur évolution. Pour preuve, dans le do-
maine de l’ingénierie génétique, les nucléases
(enzymes capables de couper l’ADN) ont vu leur
coût divisé par dix mille en six ans. La technologie
permettant de modifier notre ADN est donc quasi
à disposition. Quant à la nanotechnologie et à la
nanomédecine, si leur progression va encore pro-
bablement s’étaler dans le temps, elles démarrent
entourées déjà d’extraordinaires promesses. Au
final, si l’on effectue un déroulé dans le temps
de l’arrivée sur le marché des technologies NBIC
antivieillissement, le séquençage ADN et sa démo-
cratisation, c’est tout de suite, les cellules souches
et la thérapie génique, c’est à partir de 2020, la
nanomédecine, c’est dès 2025. Autrement dit, à
l’échelle des temps géologiques, ces progrès sont
pour demain. Des progrès qu’il faut associer à une
autre avancée : l’allongement continu de la durée
de la vie, qui a triplé depuis 1750. Persuadés que
l’espérance de vie va exploser dans les années qui
viennent, les acteurs de la Silicon Valley entrent,
par conséquent, massivement dans le monde
de la santé. Avec une seule
conviction : la première per-
sonne qui vivra 1 000 ans est
déjà née, non pas évidem-
ment avec la technologie
de 2017 mais avec celle de
2050 puis de 2100, etc. Et
avec une ambition : faire reculer la mort de façon
spectaculaire dès le XXIe siècle, rendre l’humain
immortel. Une vision entretenue par Ray Kurzweil,
directeur du développement et ingénieur en chef
de Google mais aussi pape du transhumanisme.
Le transhumanisme ? Un courant de pensée en
pleine ascension qui prône «l’augmentation» du
genre humain par la technologie.
Informatisation de la médecine et le pouvoir
des algorithmes
L’impact de ces technologies, que celles-ci aug-
mentent rapidement ou non l’espérance de vie,
constitue un point extrêmement important pour le
système de santé. Car celles-ci vont profondément
modifier l’exercice professionnel, qu’elles réus-
sissent ou qu’elles échouent. Alors qu’aujourd’hui
la médecine traite les malades avec quelques poi-
gnées de data, demain, les technologies d’ana-
lyse cérébrale génèreront des quantités abyssales
de données, le séquençage complet d’une
tumeur produira vingt mille milliards de données
biologiques et génomiques, les objets connectés
fourniront des milliards d’informations par patient
et par jour issues de la mesure de variables biolo-
giques, etc. Particulièrement vraie dans le cas du
cancer, cette explosion du big data laisse entre-
voir une démarche indispensable : l’informatisation
Le malade immortel
Laurent Alexandre, Président de DNAVision
Technologies NBIC arrivées à maturité, montée en puissance des Gafa, développement de la zone Asie-
Pacifique, idéologie transhumaniste : la convergence de ces quatre éléments conduit vers un choc tech-
nologique et idéologique et fait jaillir l’idée que l’humain peut être immortel, à brève échéance.
IMPÉRATIF ET CONDITIONNEL
« Le transhumanisme est une
idéologie révolutionnaire et
la révolution n’est pas toujours
bonne. Mais quand la révolution
est partie, on ne l’arrête plus. »
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