Compte rendu de la sortie botanique du lundi 7 octobre 1996 Le

Compte rendu de la sortie botanique du lundi 7 octobre 1996
Le ried et les hautes Vosges
I. Le ried
Le mot ried en vieil allemand signifie roseau. Il correspond donc à un paysage humide dominé par
les roseaux. La présence de cette humidité est intimement liée à l’histoire du Rhin et de sa région..
Le Rhin aux époques glaciaires et postglaciaires.
L'ère tertiaire est une ère pendant laquelle la plaine d'Alsace subi un effondrement. Le quaternaire
est quant à lui marqué par quatre glaciations qui portent les noms de GUNZ, MINDEL, RISS et WURM.
Ces glaciations alternent avec des périodes de réchauffement, pendant lesquelles le Rhin entre en crue.
Avant le quaternaire le Rhin allait rejoindre le Danube qui lui-même se jetait dans la mer Noire. Et ce
n'est que depuis 2 millions d’années que le Rhin (qui provient de la confluence de trois rivières : le Rhin
alpin venant des Alpes cristallines, l’Aare et le Reuss provenant des Préalpes et du Jura calcaires) envahit
la plaine d'Alsace pour se jeter comme il le fait encore actuellement dans la Mer du Nord. Ce n'est
qu'après le Mindel que le Rhin dépose de grosses alluvions et après le Würm qu’il dépose des dépôts
calcaires de la Hardt qui conjointement avec les diapirs de sel au nord de Mulhouse feront barrage à l’Ill et
aux rivières vosgiennes qui ne pourront se jeter dans le Rhin qu’au nord de Strasbourg.
Le profil actuel du Rhin
Voici différentes épaisseurs des dépôts :
235m. à Colmar
75m. à Strasbourg
8m. à Seltz
A mesure que l’on va vers le nord, le dépôt devient moins épais et moins grossier. La pente est de ce fait
de 0.1 % de Bâle à Markolsheim (près de Colmar), 0,08% de Markolsheim à Strasbourg et de 0.06%
jusqu’à Seltz.
Le fait qu’au sud (entre Bâle et Markolsheim) le Rhin creuse la vallée et que les graviers sont
grossiers et perméables fait que les eaux sont profondes (entre 15 et 20 mètres) et que le substrat reste sec.
La Hardt (alt. 200 mètres) est ainsi recouverte d'une forêt à substrat sec (forêt xérophile avec des
caractères méditerranéens).
Entre Markolsheim et Strasbourg on a un ried conditionné par les eaux souterraines. La nappe
phréatique qui se situe à de 1 à 1,5 mètres sous le sol, constitue le plus grand réservoir d'eau d'Europe
avec ces 60 milliards de mètres cubes d’eau pour l’Alsace. Elle est alimentés par les eaux météoritiques,
les rivières, et par le Rhin avec lequel elle était en communication avant la construction du grand canal
d’Alsace. Cette eau circule donc entre les graviers déposés par le Rhin vers le nord à une vitesse de 2 m.j-1.
Sur ces graviers rhénans c’est déposé une couche de gley (limon argileux, imperméable), provenant des
rivières vosgiennes. Elle sépare une eau non calcaire provenant des rivières vosgiennes, de la nappe de la
plaine calcaire. Le gley peut présenter des points de moindre résistance faisant apparaître l'eau de la nappe
de la plaine à la surface. Ainsi à la «Belle Source» près de Herbsheim on peut trouver une telle résurgence
de l'eau maintenue captive sous la couche de gley que l'on nomme « Donnerlöcher ». Appelées ainsi
parce-que autrefois les gens croyaient que le tonnerre les provoquaient. En l'absence d'oxygène le font de
l'eau présente une couleur bleu-gris due au fer réduit. Correspondant à l'oxydation du fer, des taches de
rouilles à la teinte parfois contrastée apparaissent lorsque le niveau de l'eau fluctue. Par endroits ces
résurgences peuvent également apparaître sous forme de rivières phréatiques (ex. Trulygraben à
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Herbsheim) très limpide dont la température ne dépasse pas les 14 degrés en été et ne descend pas sous les
9 degrés en hiver. Il existe quatre types de sol dans le ried selon la proximité de la nappe phréatique :
-Le ried noir avec de la matière organique peu décomposée, peu oxygénée, que l'on retrouve
surtout dans les creux. Ex. Herbsheim
-Le ried gris=ried de l’Ill=ried illien. La décomposition est peu poussée. II y a
alternance de phases aérobie et anaérobie. Les sels minéraux sont dissous. Ex. Bruch de l'AndIau
-Le ried brun. La couleur est due à la présence de fer ferrique apportée par la couche de grès. On
trouve ce ried brun plus vers le nord entre l’Ill et le Rhin. Il correspond à une levée de terrasse würmienne
(sommet du bombement).
-Le ried blond doit sa couleur au calcaire apporté sous forme d’alluvions tout le long du Rhin. La
nature de la terre et l'abondance de l'eau règle la végétation et en fait une mosaïque. C'est ainsi que l'on
trouve des espèces végétales provenant d'autres régions. Par exemple la Linaigrette vient de l'Arctique,
l'Iris de Sibérie d'Eurasie, le Potamot coloré d'Atlantique et 1'0phrys de Méditerranée. En plus des prairies
on y trouve des forêts d'Ormes et de Hêtres.
II. La flore du ried
1) Le ried noir d'Herbsheim à « la belle source »
a) Les plantes herbacées :
Différentes espèces végétales peuvent y être répertoriées dont en voici certaines avec leurs caractéristiques
-Heracleum sphondylium Apiacées Présente des ombelles doubles. Provoque la dermite des prés en raison
de la phototoxicité de ses feuilles,
-Achillea millefolium Astéracées=Millefeuille. Présente des effets hémostatiques.
-Inula salicina Astéracées=Inule. Tiges et feuilles presque glabres, Fleurs jaunes.
-Centaurea jacea Astéracées
-Leucanthemum vulgare Astéracées (Composées)=Marguerite des près.
-Bidens tripartita Astéracées=Chanvre d'eau
-Galeopsis tetrahit Lamiacées
-Dactylis glomerata Poacées
-Phragmites australis Poacées=Roseau
-Trifolîum partense Papilionacées. Trèfle des prés. Fleur violette en glomérule.
-T. repens=Trèfle rampant. Fleur blanche.
-Urtica dioica Urticacées=Grande Ortie
-Prunella vulgaris Labiées=Brunelle commune. Fleurs violettes.
-Stachys silvatica Labiées=Epiaire des bois. Limbe large 4-9 cm, très velu à souche rampante
-Potamogeton coloratus=Potamot coloré (dans le truligraben). Cette plante robuste et ramifiée forme des populations denses dans
les eaux stagnantes calmes ou légèrement fluentes riches en calcaire mais pauvres en autres éléments minéraux (eaux oligotrophes) Le limbe des
feuilles immergées est lancéolée à ovale. II mesure jusqu’à 13 cm de longueur sur 6 cm de largeur et se rétrécit en un pétiole court de 1 a 2 cm.
Les feuilles nageantes sont toujours présentes. Le Potamot coloré se distingue de toutes les espèces apparentées par le limbe de ses feuilles
nageantes 2 a 4 fois plus long que le pétiole presque toujours mince membraneux souvent rougeâtre et pourvu d’un réseau de nervures très
marqué. Les fleurs sont groupées en un épi mince émergeant de l’eau. Cet épi mesure 2 a 4 cm de longueur pour un diamètre d’environ 3 mm. Il
est porté par un axe pouvant atteindre 13 cm de longueur. La floraison a lieu de juin à septembre. Les fruits ovoïdes sont les plus petits des
espèces de nos régions (1 a 1,75 mm de longueur). En Alsace cette espèce est observée dans les ruisseaux les flaques des tourbières et dans les
fosses des prairies des Rieds : Ill-haeusern, Eisenheim, Ohnenheim Heidolsheim, Benfeld-Obenheim, Meistratzheim, Schaeffersheim. Elle est
extrêmement sensible à la présence d’ions ammonium et de ce fait se trouve en général confinée dans les ruisseaux à eau pure proche de la source.
II n’est pas étonnant qu’elle régresse en raison de la pollution. C’est une espèce atlantique qui se plait bien car l’eau ne descend jamais sous les 9
°C.
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-Colchicum autumnale=Colchique Liliacées. Le gynécée est enfoncé de 15 cm dans le sol
b) Les plantes ligneuses :
-Cory/us avellana BétuIacées=Noisetier Sur un même individu on peut observer les chatons mâles et
femelles. Espèce monoique
-Alnus glutinosa Bétulacées=Aulne
-Cornus sanguinea Cornacées=Cornouiller. A des nervures latérales qui n'arrivent jamais à la marge de la
feuille Le tronc est rouge.
-Prunus padus Rosacées=Merisier à grappes. II a une odeur peu agréable.
-Fraxinus exelsior Oléacées=Frêne. Folioles opposées, décussées, imparipennées. (Nombre impair de
feuilles, repérable à son foliole terminal). En hiver il a des bourgeons noirs pyramidaux.
-Ligustrum vulgare Oléacées=Troène. Feuilles opposées. Fruit noir utilisé comme teinture.
-Ulmus campestre Buxacées=0rme
-Acer pseudoplatanus Acérinées=Erable sycomore. Feuille palmée
-A. platanoides=Erable plane. Discernable par ses dentelures très pointues..
-Quercus robur Fagacées=Chêne pédonculé dont le pétiole est très court et dont le gland est pédonculé, à
l'opposé de Quercus petrae=Chêne sessile ou Chêne rouvre, Q. robur est une espèce qui supporte l'excès
d'eau et qui résiste aux gelées.
-Crataegus monogyna Rosacées==Aubépine
-Populus tremula Salicacées=Tremble commun. Pétiole aplati.
-Rhamnus frangula Rhamnacées=Bourdaine. Baies noires purgatives.
-Salix aurita Salicacées=Saule
-Evonymus europaeus Célastracées=Fusain d'Europe
-Viburnum opulus Caprifoliacées= Viorne, Obier. Baies rouges, goût fade
II existe trois types de lianes :
-Clematis vitalba Renonculacées=Herbe-aux-gueux car les mendiants l'utilisaient pour se faire des
urticaires afin d'apitoyer les passants.
-Humulus lupulus Cannabacées=Houblon
- Vitis silvestris Vitacée=Vigne sauvage
2) Ried gris ou ried illien dans le Bruch d'Andlau
-Impatiens noli tangere Balsaminacées=Impatiente, car son fruit explose pour libérer ses graines. Importé
d'Himalaya.
-Galium boreale Rubiacées=caillelait. stipules verticillées. Petites fleurs blanches.
-Knautia dipsacifolia Dipsacées= Scabieuse des champs. Fleurs violettes en glomérule sur un long
pédoncule.
-Lappa lappa Astéracées=Bardane. Fleurs tubuleuses. Tige creuse.
-Lycopus europeus=pied de loup
-Achillea ptarmica Astéracées=Herbe à éternuer
-Ptantago lanceolata Plantaginacées= Plantain
L'Arbre typique :
-Prunus spinosa Rosacées=Prunellier. Les fruits sont récoltés après les premières gelées pour en faire des
sirops, du schnaps...
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III. Les hautes Vosges
1) La hêtraie-sapinière
L’étage montagnard des Vosges alsaciennes est le royaume du Sapin (Abies alba). les Sapinières forment une ceinture
presque ininterrompue qui débute vers 500 m sur les versants ouest et nord, vers 700 m sur les versants sud et est et qui monte
parfois en fonction de l’exposition jusqu’à une altitude comprise entre 1 000 à 1100 m empiétant sur l’étage forestier supérieur.
Le Sapin associé au Hêtre domine de multiples groupements végétaux.
a) Les plantes herbacées
-Solidago virgaurea Astéracées= Verge d'or. Fleurs jaunes
-Melampyrum pratense Scrofulariacées. Plante semi-parasite
Des fougères :
-Dryopteris filix mas=Fougère mâle. Présence de pennes et pinnules
-Blechnum spicant. Deux frondes, l'une stérile (trophophylle), l'autre fertile(sporophylle).
-Pteridium aquilinum=Fougère aigle. Grande Fougère de 2 mètres.
-Huperzia selago Lycopodiacées. Vit sur les pentes de rochers humides. C'est une relique du Dévonien.
Croissance dichotome. N’a ni racine, ni bourgeon. Sur le même axe il y a l'aspect végétatif et reproductif
avec des microphylles qui portent des spores jaunes assurant la multiplication sexuée très longue
puisqu'elle nécessite 15 ans. Des bourgeons caducs formés à l'aisselle des feuilles assurent la reproduction
végétative. C'est une espèce rare ce qui en fait une espèce protégée.
2) La forêt du champ du feu (Hêtraie altitudinale)
a) Les plantes herbacées
-Prenanthes purpurea Astéracées. Plante robuste, glabre, glauque et molle.
-Galeopsis tetrahit Lauriacées. Chanvre sauvage. Fleurs blanches. Jusqu'à 1m.
-Galium saxatile Rubiacées. Plante gazonnante. Noircit au séchage.
-Vaccinium myrtillus Ericacées
-Digitalis purpurea Scrofulariacées=Digitale
b) Les plantes ligneuses :
-Sorbus aucuparia=Sorbier des oiseleurs. Feuilles imparipennées dentelé. Fruit rouge-orangé.
-Sambucus racemosa=Sureau. Bais rouges. Moelle brune. Folioles non dentées.
-Epilobium angustifolium Oenothéracées=Laurier ou osier fleuri. Il a une inflorescence en
épis.
3) Tourbière du champ du feu
Les tourbières sont des endroits humides où les précipitations y apportent l'eau qui est mal
drainée. Par exemple au Hohneck il tombe 2000m./an d'eau avec 168 jours durant l'année pendant lesquels
il fait un temps brumeux, c'est-à-dire la moitié du temps. La matière organique se décompose très
lentement et s'accumule en donnant un dépôt brun au point de contenir plus de 50% de carbone et servir
de combustible. On qualifie la tourbière du champ du feu de tourbière ombro-soligène, formé par l'eau des
précipitations et d'eau de ruissellement. La formation d'une tourbière débute par une cuvette qui sera
envahie d'abord par le bord pour ensuite couvrir toute l'étendue d'eau par les sphaignes, s'est le stade
muscinal. Il existe une cinquantaine d'espèces de sphaignes difficiles à distinguer. Toutes possèdent la
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particularité grâce à l'existence de leur tige et à leurs feuilles composées de cellules spécialisées
(hydrocytes), d'absorber et de retenir des quantités d'eau considérables, jusqu'à 20 fois leur poids sec. Elles
ne vivent que dans des eaux acides ou tout au moins neutre. L'acidité du milieu est maintenue par l'activité
des sphaignes elles-mêmes. Après plusieurs générations de sphaignes, il peut s'installer des plantes
herbacées comme la Linaigrette puis les Vaccinium et enfin des arbres.
-Campanula persicifolia Campanulacées=Campanule
-Vaccinium vitis idaea Ericacées=Airelle rouge.
-V. uliginosum=Brimbelle des marais. Ressemble aux myrtilles.
-V. oxycoccos=Canneberge. Gros fruit rouge pour de petites feuilles. Elle se nourrit grâce à la symbiose
avec un champignon.
-Calluna vulgaris Ericacées=Bruyère. Surtout représentée dans les chaumes.
-Eriophorum latifolium Cypéracées=Linaigrette. Tige triangulaire ce qui la différencie des Poacées. Le
bout de la hampe florale est une boule à l'aspect cotonneux.
-Joncus sp. Joncacées=Jonc
-Luzula albida Joncacées=Luzule
-Sphagnum .sp.=Sphaigne
-Angelica sylvestris Apiacées (Ombellifère)=Angélique. Plante glabre de 2m. de haut.
L'arbre :
-Sorbus aria=Alisier. Feuilles rouges au-dessus et blanches en-dessous.
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