Matelas Softform Premier Active : d’accentuation ou d’atténuation une approche innovante Geoff Thompson RESUME Au Royaume-Uni on estime que près de 412 000 patients qui sont actuellement malades développeront à l’avenir des escarres (Bennett et Coll., 2004) qui sont des complications inutiles et coûteuses à traiter chez des patients déjà malades (Hitch, 1995). Un des moyens pour tenter de réduire ces risques consiste à investir dans des matelas appropriés. Les investigations que l’auteur a menées sur le stock de matelas existant dans les années 1996-97 illustraient combien les matelas standards du NHS étaient inappropriés (Santy, 1995 ; Fox, 1997). Des investigateurs (par exemple Richalia, 1993) reconnaissaient l’inadéquation du matelas de mousse rose marbré standard du NHS destiné à atténuer la pression (Direction des Dispositifs Médicaux, 1993 ; Dunford, 1994) et avaient ajouté des comptes rendus permettant de développer des directives en matière de prévention et de prise en charge des escarres (Coull, 2004) ainsi que de faire des recommandations en termes d’optimisation des ressources concernant l’acquisition de produits (Fletcher et Coll. 1994 ; Mise à jour de l’optimisation des ressources 1994) Cullum et Coll. 1995). Mots-Clefs : Escarres ; Positionnement des patients ; Programmes de soins Le groupe consultatif européen sur les escarres (EPUAP 1998) a défini les escarres comme étant une « surface de lésion localisée de la peau et du tissu sous-jacent provoquée par la pression, le cisaillement, le frottement et due à une combinaison de ces facteurs. » La pression est une force de charge verticale, comme les fesses appuyant sur le matelas ou le siège. Le cisaillement est une force de charge tangentielle ou parallèle par exemple quand le patient descend en glissant peu à peu vers l’extrémité du lit, mais sa peau colle au drap ou au matelas ce qui étire alors et distend les tissus en contact immédiats (Bliss, 1993). La friction décrit deux surfaces en contact se déplaçant en sens contraire comme lorsque le patient descend vers le bas du lit en glissant sans que la peau ne colle à la surface du drap, ou, les frottements qui se produisent entre une partie du corps et une autre, par exemple le talon descendant la crête tibiale. Plusieurs facteurs intrinsèques contribuent aussi à un risque accru d’escarres (Encadré 1). Les stratégies de soins infirmiers destinées à prévenir et à traiter les escarres supposent un plan holistique de soins, lequel doit inclure la vigilance, portée à décharger la pression des proéminences osseuses en redistribuant la pression atteinte et en repositionnant le patient, associée à une décision clinique visant à opter pour un type particulier de support de surface (Maylor, 2004, NICE, 2005). Geoff Thompson est un infirmier clinique spécialisé dans la prévention et la prise en charge des escarres et du soin des plaies Centre de Ressources Cliniques & des Equipements, Heart of England NHS Trust, Birmingham Heartlands Hospital, Bordesley Green East Pour maintenir les tissus sains, les cellules ont besoin d’un apport régulier en nutriments, en oxygène et les déchets métaboliques doivent être supprimés (Hubbard et Mechan, 1997). Quand une partie quelconque du corps est comprimée, ces exigences sont compromises et des signaux douloureux se manifestent. Chez le sujet normal qui n’est pas souffrant, ces signaux douloureux donnent lieu à un repositionnement du sujet lui-même, qu’il soit endormi ou éveillé, afin d’atténuer la pression, de soulager la douleur ou l’inconfort et de rétablir la circulation sanguine (Rutishauser, 1997). Quand un patient est incapable de se repositionner de lui-même, cette opération est effectuée par un auxiliaire de santé. Afin de réduire le risque de lésions tissulaires, l’établissement de santé doit disposer d’un ou plusieurs types de support de matelas, lesquels ont été évalués comme correspondant à leurs besoins. Il existe deux types principaux de surface de support des matelas qui peuvent être utilisés dans le cadre d’un programme de prise en charge et de traitement des escarres. Contexte Consécutivement à la publication d’une revue dans la littérature, une spécification des performances des produits a été rédigée et divers matelas de mousse ont été évalués au sein du Trust de l’auteur (équivalent d’une Caisse Régionale de Soins Médicaux en France). Le ‘’MSS Softform Original’’ a été acheté chez Systèmes de Support Médical (MSS) (maintenant dénommé InvacareMSS) en tant que matelas statique standard du Trust, pour tous les patients hospitalisés dans toutes les spécialités. Par ailleurs tous les matelas standards du NHS ont été collectés et détruits au terme d’une période de 14 mois. Ce stock de remplacement fait l’objet d’un suivi constant et un programme de remplacement par rotation a été mis en place en vue de remplacer le matelas Invacare-MSS Softform ‘’original’’ par le matelas plus récent Invacare-MSS Softform ‘Premier’ version statique. La mise à disposition pour tous les patients de ces matelas Softform Originaux en 1998 précédait les directives du NICE (2005) qui stipulent : ‘‘Tous les patients vulnérables, y compris ceux qui présentent une escarre de stade 1 et 2, devront disposer, au minimum d’un matelas de mousse ayant des spécifications élevées.’’ De temps en temps une évaluation des autres matelas Invacare-MSS et des autres systèmes de matelas statiques concurrents est menée et comprend l’évaluation des divers modèles de la gamme de matelas Softform. Cet article porte sur le matelas Softform ‘Premier Active’ d’Invacare-MSS, récemment développé dans la version statique. Notions fondamentales sur les matelas Certains des problèmes observés avec les matelas standards du NHS en mousse rose tenaient au fait que la housse n’était pas perméable à la vapeur ce qui British Journal of Nursing, 2006, Vol15, No11 accroissait les menaces pesant sur l’intégrité cutanée lorsque le patient transpirait. Les matelas standards du NHS ne peuvent pas s’étirer pour se conformer à la surface corporelle du patient, ce qui risquerait de donner lieu à un effet de hamac conduisant à des mesures de pression d’interface supérieure à 150 mm Hg (Direction de l’Equipement Médical, 1995). Les matelas sont des dispositifs permettant de redistribuer la pression sur la surface du support qui peuvent se répartir en deux groupes : Groupe 1 – Surfaces de support atténuant la pression : ce type de matelas vise à réduire la pression d’interface s’exerçant sur les proéminences osseuses en augmentant la surface de contact par rapport à la masse corporelle. Ces types de matelas existent sous deux formes de base : Des systèmes statiques, non électriques, en mousse viscoélastique, en gel ou de type liquide, en fibres ou en cellules d’air inertes. Des systèmes dynamiques électriques, avec une faible déperdition d’air, ou quelque forme de viscoélastique (Sarco Airform ) ou de mousse (Softform Premier Active), dotés de cellules d’air alternées intégrées supplémentaires. Groupe 2 – Surfaces de support atténuant la pression : ce sont des matelas à pression d’air alternées (APAM) qui permettent de supprimer la pression au niveau de l’interface située entre la surface du matelas et le corps du patient à l’aide d’un programme préétabli qui induit le gonflement et le dégonflement d’un ensemble de cellules d’air qui sont à l’interface entre le matelas et le point de contact. Les systèmes d’APAM existent en tant que surmatelas à air (APAM-Ov) qui sont directement placés sur un matelas de mousse, ou en tant que matelas à air (de remplacement) (APAMRm) qui se placent directement sur la base du lit. Dans la mesure où tous les matelas à pression d’air alternée sont électriques, ils peuvent être bruyants. De ce fait, leur fonctionnement est gênant notamment la nuit. Si ce sont des matelas à air de remplacement, ils présentent l’inconvénient d’être coûteux. Lorsque le patient est assis dans son lit, les systèmes d’APAM peuvent entraîner le glissement du patient ou la chute du patient de son lit à chaque cycle de gonflement et de dégonflement des cellules (Collins et Hampton, 2000). En outre, certains patients se plaignent de cinépathie et nombreux sont les patients à désapprouver les masses dures au moment où les cellules se regonflent. D’après l’expérience de l’auteur, ce dernier élément dont se plaignent les malades survient plus fréquemment avec les sur-matelas APAM qu’avec les matelas à air de remplacement APAM, une caractéristique que Nixon et Coll. (2006) ont également observée. Encadré 1. Facteurs de risque intrinsèques et extrinsèques Facteurs de risque intrinsèques Pathologie aiguë, pyrexie, traitement médical Ages extrêmes Mobilité réduite/immobilité Altération sensorielle Niveau de conscience Maladie vasculaire Maladie chronique sévère/terminale Antécédents d’escarres Malnutrition/déshydratation Humidité sur la peau en particulier Incontinence Facteurs extrinsèques Pression Cisaillement Frottement Adapté de Collier M (2004) Accentuation et attenuation Ces termes visent à qualifier la réponse en termes de soins proposée face à un risque accru de lésions tissulaires qui consiste à procéder à une évaluation des risques. Quand un patient présente un risque élevé, l’infirmier accentue les mesures préventives en orientant le patient vers un matelas doté de meilleures performances le faisant passer d’un matelas statique en mousse à un matelas APAM ; et vice-versa quand le niveau de risque du patient diminue, l’infirmier atténue ces mesures préventives. Aux fins de surmonter certains des inconforts rapportés, comme le glissement des patients dans leur lit ou la cinépathie observée avec les matelas APAM, la société Sarko Healthcare a introduit le matelas viscoélastique Airform doté de cellules d’air dynamiques. Ce matelas procure une surface modulable atténuant la pression. Ce type de matelas n’est pas considéré comme un véritable système APAM, dans la mesure où le patient demeure entièrement en contact avec le matelas comme avec toute autre surface atténuant la pression. Cependant, l’auteur a constaté que le matelas donnait des résultats cliniques positifs chez les patients qui sont réticents aux systèmes APAM traditionnels. Toutefois, le matelas Airform peut seulement être utilisé dans un mode dynamique ce qui en limite la souplesse et les applications au moment d’envisager une approche thérapeutique fondée sur une évaluation des risques. Dès qu’il a su que le matelas Softform Premier d’Invacare-MSS pouvait être utilisé soit en mode statique soit en mode dynamique-actif avec peu de perturbations pour le patient et l’équipe soignante, l’auteur a immédiatement perçu les possibilités qu’offrait un seul et même produit, utilisé dans une approche par étapes, pour la prise en charge des escarres. Softform Premier Active d’Invacare-MSS Le matelas Softform Premier d’Invacare-MSS statique atténuant la pression avait été introduit par la société Invacare-MSS depuis plusieurs années pour faire face aux nombreuses questions que posaient les soins des escarres. C’est un produit qui ne nécessite pas de rotations et donc diminue les risques liés aux manipulations. Ce produit, qui présente un revêtement plus épais, permet de réduire le risque de contamination croisée issue des encoches et des fentes du cadre et est British Journal of Nursing, 2006, Vol15, No11 plus résistant aux altérations par décollement (délaminage) à savoir lorsque la couche PU de la housse commence à s’abîmer, tout en étant apte à supporter les patients les plus lourds (jusqu’à 248 kg). Le système Softform Premier Active est un nouveau produit mis au point par la société Invacare-MSS pour offrir une surface modulable optionnelle et pouvoir supporter un patient dont le poids peut atteindre 248 kg et pour lequel l’évaluation des risques conduit à prévoir l’usage d’un matelas dynamique. Le matelas statique Softform Premier est composé d’une unité de base, en mousse, en forme de U dans laquelle est introduit un insert en mousse plus souple. Ce matelas est recouvert d’une housse perméable à la vapeur d’eau et étanche à l’eau. Le matelas Softform Premier Active renferme un ensemble de 10 cellules d’air alternantes opérant selon des cycles actionnant une cellule sur deux toutes les dix minutes. Ces cellules sont insérées, de manière permanente, entre l’insert de mousse et l’unité de base en mousse (voir Fig. 1 et 2). D’après l’évaluation clinique, lorsqu’il convient d’accentuer les mesures de soins en s’orientant vers un système dynamique, l’infirmier fixe un compresseur compact à un montage air-insert (Figure 3). Quand le niveau de risque encouru par le patient diminue, l’infirmier atténue les dispositions en termes de support de surface en débranchant le compresseur – une opération irréalisable quand on se sert de matelas traditionnels. Ce système de compresseur réduit la gêne occasionnée au patient puisqu’il n’est plus nécessaire de le repositionner sur un autre matelas ; il réduit le risque lié aux manipulations pour l’équipe soignante dans la mesure où il n’y a pas de transfert de lit à lit ou du lit au fauteuil ; la manipulation d’un matelas encombrant supplémentaire est supprimée ; il permet de raccourcir le délai entre le moment où l’on constate la nécessité d’une surface dynamique pour un malade et celui de la mise en place de cette surface. Figure 1. Matelas Softform Premier Active révélant l’ensemble interne des cellules d’air Méthodologie La Caisse Régionale de Soins Médicaux (PCT) dont dépend l’auteur s’appuie sur un algorithme pour le choix des matelas qui repose sur l’ensemble du stock existant ainsi que sur des données de la littérature de chaque article mises à disposition du personnel de service. La connaissance des caractéristiques du produit aide le clinicien à faire un choix éclairé pour la prise en charge des patients (Colins, 2004). L’évaluation suppose l’emploi de l’échelle de risques de Waterlow (Waterlow, 1995) qui sert à identifier les lésions tissulaires (EPUAP, 1998). L’avis clinique global comme le choix de matelas est du ressort de l’infirmier, de l’auteur (s’il est impliqué) et dépend des préférences des patients. Ce fut dans ce cadre que quatre matelas Softform Premier Active ont été achetés pour être, à la place du sur-matelas dynamique standard APAM du Trust, mis à la disposition d’un certain nombre de patients sélectionnés. Processus d’enrôlement des patients L’équipe soignante évaluait régulièrement les patients et pour ceux qui présentaient un score de Waterlow compris entre 18 et 30, avec ou sans escarres de stade 1 ou 2, une demande par téléphone était adressée au service de l’auteur en vue d’obtenir un sur-matelas dynamique APAM. S’il restait en stock un matelas Softform Premier Active, l’auteur communiquait par téléphone avec l’équipe du service pour vérifier les détails cliniques et s’assurer que le patient resterait effectivement allongé au moins pendant cinq jours. Figure 2. Matelas Softform Premier Active complet et gonflé. Figure 3. Matelas Softform Premier Active montrant la base comprenant l’insert à air. Cette évaluation avait pour but d’écarter d’éventuelles confusions dans l’interprétation des résultats concernant les performances du produit ; en effet si le matelas Softform Premier Active venait à être employé pour des patients qui étaient assis dans leur fauteuil et non allongés sur le matelas, il serait alors difficile voire impossible de distinguer toute nouvelle lésion tissulaire contractée par des patients comme étant la conséquence de leur alitement sur le matelas (Gebhardt, 2004). British Journal of Nursing, 2006, Vol15, No11 Avant l’installation effective du matelas, l’auteur se rendait au chevet du patient pour contrôler les détails cliniques et confirmer que le patient allait effectivement rester aliter pendant plusieurs jours, et, pour évoquer avec le patient les avantages potentiels que présente le système Premier Active. L’auteur a accordé une autorisation oralement et par écrit aux photographes pour que ces derniers photographient les régions clefs des escarres observées chez certains patients. Les patients avaient également la possibilité de refuser le matelas et de lui préférer un matelas standard APAM ou un matelas statique. Il convient de noter que plusieurs patients avaient été placés sur le matelas Softform Premier Active par l’équipe du service en particulier pendant le week-end lorsque des matelas Softform Actives, précédemment attribués dans le service, avaient été réattribués à mesure qu’ils se libéraient. L’auteur a recruté ces patients jusqu’à l’évaluation et à ce jour, 40 patients ont été soignés sur le matelas Softform Premier Active (voir encadré 3). CAS 1 : patiente atteinte d’une mucoviscidose Lucy, âgée de 30 ans, doit sa vie durant se rendre à l’hôpital pour y recevoir des soins en raison de la mucoviscidose dont elle souffre. Chaque année, elle doit être hospitalisée à plusieurs reprises, en raison principalement de complications respiratoires qui nécessitent une antibiothérapie agressive mais également pour y recevoir une physiothérapie intensive et un soutien alimentaire destiné à lutter contre la perte de poids pour laquelle un diététicien la suit presque quotidiennement. Lucy a présenté plusieurs épisodes de formation d’escarres de stade 2 (EPUAP, 1998) et sa peau se marque facilement si Lucy reste dans la même position pendant, ne serait-ce que, 30 minutes. Pendant toutes les années où elle a été soignée sur plusieurs types de systèmes de sur-matelas ou de matelas dynamiques, elle les a toujours trouvés inconfortables. Lors de cette hospitalisation précisément (février 2006), elle pesait 35 kg et présentait un indice de masse corporelle (IMC) de 14,5 ; Elle était émaciée avec des proéminences osseuses prononcées (Voir figure 4). Son score de risque de Waterlow était égal à 22 et la patiente présentait en de nombreuses régions de petites plaques d’érythème qui avaient tendance à pâlir sur le sacrum, les trochanters et les omoplates – nombre d’entre elles étaient linéaires à partir de simples rainures sur son pyjama. Il y avait au moins une petite cicatrice discrète d’environ 6 mm de diamètre au-dessus du coccyx qui résultait, comme elle l’a indiqué, d’une ancienne escarre datant de 3 ans auparavant. Lucy était clouée au lit à cause de la fatigue et était incapable de marcher, même avec de l’aide, sur plus de quelques mètres. Un apport permanent en oxygène avait été nécessaire pendant deux semaines environ avant son admission à l’hôpital. Elle avait besoin d’aide pour aller aux toilettes et même si Lucy pouvait s’asseoir dans un fauteuil cela ne durait guère plus de 10 minutes, bien que l’équipe soignante l’y aidât régulièrement. Elle sommeillait ou plongeait dans un sommeil profond la plupart du temps. De plus, elle avait besoin d’une physiothérapie respiratoire intensive, d’antibiotiques par voie intraveineuse (IV) et d’un soutien sur le plan diététique. L’équipe du service a demandé un sur-matelas dynamique en tant que précaution normale pour Lucy, mais quand le matelas Softform Premier Active lui a été présenté, elle a accepté l’opportunité d’essayer le matelas étant donné les nombreuses expériences d’inconfort qu’elle avait connues avec les systèmes dynamiques. Au cours d’une hospitalisation de quatre semaines, elle a repris progressivement du poids, est devenue moins dépendante de l’oxygénothérapie et lentement a commencé à remarcher dans les couloirs du service accompagnée du kinésithérapeute. Au cours de la troisième semaine, elle a commencé à pouvoir rester assise mais jamais plus de 30 minutes. Le matelas lui donnait toujours entière satisfaction et elle disait : « c’est le meilleur matelas que je n’ai jamais eu ». L’état de sa peau ne se détériorait pas (voir figure 5). Elle est rentrée chez elle avec ses services d’assistance médicale habituels et l’équipe du service a pris toutes les dispositions nécessaires afin que, lors de ses prochaines hospitalisations, elle puisse bénéficier du matelas Softform Premier Active comme support minimal. Encadré 3. Données recueillies Détails concernant le patient Profil clinique Niveau de risque d’escarre Etat de la peau/ état des escarres Photographie (choisies) Détérioration de la peau le cas échéant Modifications de la ou des plaies s’il y en a Métabolisme de base (sélectionné) Confort (émoticône souriant ou ‘smiley’) Cinépathie Lit engendrant un glissement du patient vers le bas Bruit de la pompe (appréciation subjective du sujet) Etat clinique pris en charge (n=40) Détérioration générale en rapport avec l’âge Cancer – phase terminale Mucoviscidose Traitement médical du surpoids Traitement chirurgical du surpoids Insuffisance rénale de stade terminal y compris le décès Insuffisance cardiaque au stade terminal y compris le décès Diabètes Convalescence postopératoire Figure 4. Lucy (région sacrée). Jour 1 sur le matelas Softform Premier Active British Journal of Nursing, 2006, Vol15, No11 CAS 2. Patient atteint d’une insuffisance rénale de stade terminal Peggy, âgée de 58 ans, présente une insuffisance rénale de stade terminal depuis plus de 10 ans secondaire à un diabète de type insulinodépendant. Quand elle est chez elle, elle est allongée sur un matelas APAM fourni par la collectivité et se rend au centre d’hémodialyse trois fois par semaine, soutenue par un ‘‘siège pour dialyse’’ et son propre sur-matelas Simcair viscoélastique (Hampton 2005). Quand elle est hospitalisée elle reste sur son propre lit et sur un APAM pendant la dialyse. Peggy présente de nombreuses complications médicales dont une neuropathie diabétique, une cécité au niveau de l’œil gauche due au diabète, une parésie diabétique s’accompagnant d’épisodes fréquents de vomissements, une maladie vasculaire cérébrale chronique, des douleurs chroniques de la paroi thoracique, une constipation chronique s’accompagnant d’épisodes fréquents de débordements fécaux et au fil des années de nombreux épisodes d’escarres de stade 1 à 4 (EPUAP, 1998) au niveau des fesses, du sacrum et des talons. Son dossier médical ne comporte pas moins de neuf volumes et mentionne plusieurs états médicaux critiques aigus ayant menacé la vie de la patiente dont un arrêt cardiaque. Figure 5. Lucy (région sacrée). Jour 26 sur le matelas Softform Premier Active Son époux est son proche soignant officiel, il consacre la plupart de son temps à lui prodiguer des soins. Il a acquis une compréhension fondamentale des risques d’escarres et est toujours très attentif à vérifier soigneusement les caractéristiques de tous les nouveaux types de matelas. Quand son degré de dépendance s’aggrave ou que certaines complications médicales deviennent trop difficiles à prendre en charge à domicile, Peggy est hospitalisée dans un service de médecine (3 à 4 fois par an) afin que son état se stabilise et ces hospitalisations durent 4 à 8 semaines voire même parfois plus longtemps. Peggy est bien connue de l’auteur, qui lui a fourni plusieurs types de matelas, et lui a prodigué des mesures préventives et des stratégies thérapeutiques contre les escarres pendant au moins trois ans. Elle est dépendante de son époux / des infirmiers et ne se plaint que très brièvement quand on lui retire les pansements sur ses escarres sensibles situées au niveau des fesses et du sacrum. Peggy avait été hospitalisée en février 2006 mais n’avait pas exigé de faire appel aux soins de l’auteur avant le 30 juin 2006 au moment où elle a développé des escarres au niveau du sacrum et des fesses. La région des fesses et du sacrum présentait du tissu cicatriciel résultant d’escarres cicatrisées de stade 3 et 4 et à cette occasion montrait un large mélange d’érythème blanchissant et de lésions de stade 1 et 2 avec quelques points hémorragiques (Voir Figure 6). Le score de Waterlow de Peggy était égal à 28. Son contrôle sphinctérien anal était restreint et le périnée comme le sacrum étaient fréquemment exposés à un mince filet aqueux d’origine fécale. Le traitement immédiat de la région sacrée a consisté à pulvériser le spray 3M Cavilon no-sting Barrier qui forme un film sur la peau et à appliquer un pansement adhésif le plus petit possible de la gamme Meplex Border sur les points hémorragiques (Mölnlycke Health Care). La patiente présentait depuis 3 mois également une escarre de stade 3 au talon droit recouvert d’une escarre tenace qui a été éliminée par ‘’maggot therapy’’ un traitement à base de vers stérilisés (lucilia sericata). Un régime de changement de position a été instauré et entretenu de façon satisfaisante par son époux et le personnel soignant à l’hôpital comme à la maison. Son état nutritionnel a été contrôlé par le diététicien. La cause, de l’apparition des escarres précédentes les plus récentes, est inconnue dans la mesure où aucun autre facteur n’a changé durant ces derniers mois. Figure 6. Peggy (région du sacrum). Jour 10 sur un matelas alternant à pression d’air et jour 1 sur un matelas Softform Premier Active. Peggy a jugé le matelas Softform Premier Active comme étant le matelas le plus confortable en attribuant un émoticône de satisfaction (ou ‘smiley’) sur l’échelle de la douleur et au cours des trente jours suivants Peggy a présenté une amélioration progressive de l’état de sa peau au niveau des fesses (voir figure 7). Discussion Ce nouveau matelas a montré, sur une période de plusieurs mois, qu’il était possible de soigner de façon British Journal of Nursing, 2006, Vol15, No11 satisfaisante un large éventail de patients atteints de diverses pathologies et différents degrés de dépendance – à condition que les soins soient bien adaptés afin de répondre aux besoins individuels de chaque patient. L’auteur a observé qu’il est possible d’utiliser le matelas Softform Premier Active à la fois pour une pathologie aiguë comme pour de multiples maladies chroniques. Dans quelques cas, il a été observé que ce matelas procurait un niveau de confort apprécié jusqu’au décès. Les scores de risques de Waterlow se situaient entre 18 et 30 tandis que les escarres de stade 1 à 4 s’amélioraient, ou ne s’étendaient pas jusqu’aux lésions existantes ou encore ne développaient pas de nouvelles altérations tissulaires. Seul un patient a indiqué que le matelas accentuait les douleurs qu’il éprouvait au niveau d’une lésion de stade 2 (l’auteur a découvert par la suite que le patient se levait pour aller s’asseoir sur un siège dur avec un pansement inapproprié placé sur son escarre). Une patiente obèse a indiqué, au bout de 24 heures passées sur le matelas, qu’elle redoutait de tomber du lit en roulant et a réclamé un matelas traditionnel APAM. Les autres patients n’ont pas formulé de critiques négatives à l’encontre de leurs matelas. En effet, tous les patients ont fait part de leur satisfaction en choisissant un émoticône de satisfaction (ou ‘’smiley’’) sur l’échelle de la Caisse Régionale de soins quand on leur demandait leur avis sur le matelas. Il n’a pas été signalé de glissement vers le bas du lit dû au fonctionnement des cellules, ni de cinépathie ; de plus, aucun patient ne s’est plaint de sentir des arrêtes dures sous le sacrum (une caractéristique de certains matelas APAM quand le patient est assis dans son lit). Les patients, qui ont le plus fait part de leur satisfaction oralement, étaient ceux qui avaient déjà essayé des matelas APAM auparavant et qui demandaient le Softform Premier Active en vue de leurs prochaines hospitalisations, ou, qui jugeaient que c’étaient le meilleur matelas d’hôpital qu’il leur avait été donné d’essayer. Implications pratiques L’auteur estime que ce matelas a le potentiel de diminuer la confiance placée dans les systèmes APAM dynamiques traditionnels sans compromettre l’intégrité de la viabilité tissulaire des patients. Figure 7. Peggy (région du sacrum). Jour 30 sur un matelas Softform Premier Active. Le matelas Softform Premier Active peut être utilisé afin d’accentuer ou de diminuer le niveau de pression du matelas à mesure que le niveau de risque du patient évolue, il a été utilisé pour un large éventail de dépendances, dont celui des soins en stade terminal, qui comportent des escarres de stade 4. Les risques liés à la manipulation tant pour le personnel soignant que pour le patient sont restreints dans la mesure où il est inutile de transférer le patient d’une surface à une autre pour faciliter l’installation du matelas APAM et de plus, ces matelas ne nécessitent pas d’être retournés. Dans la mesure où le matelas Softform Premier Active est d’une hauteur normale et qu’il peut être utilisé à la place d’un sur-matelas APAM, dans le Trust de l’auteur il n’y avait en effet pas de compromis possible sur la hauteur des barrières de sécurité des lits. Un hôpital récemment construit ou un hôpital doté d’un programme complet de remplacement de ses matelas statiques aurait intérêt à équiper tous ses lits du matelas Softform Premier Active dont les avantages ont été démontrés (version non Active). Certains Trusts peuvent se doter d’un système plus souple en achetant la version Softform Premier Active dans la mesure où ils pourraient partager les compresseurs entre les différents services sans avoir besoin de stocker des matelas statiques déplacés ou de transporter des matelas volumineux APAM à travers tout l’hôpital. Ces hôpitaux dotés des matelas existants Softform Premier statiques peuvent aussi tirer bénéfice de la version Active en demandant à la société de reconditionner leur stock de Premier en matelas de la version Premier Active. Conclusion L’auteur évalue les matelas statiques et dynamiques depuis de nombreuses années. De nombreux aspects négatifs des matelas APAM ont été signalés au fil de ces années : principalement l’inconfort, la cinépathie et le fait que les patients glissent en s’enfonçant vers le bas du lit ou tombent du lit à cause du procédé d’alternance du matelas dynamique. Le matelas Softform Premier Active a fait l’objet d’une évaluation menée auprès de 40 patients, dont la plupart d’entre eux n’avaient pas été plus particulièrement suivis par l’auteur (en tant qu’infirmier clinique spécialisé dans la prévention et la prise en charge des escarres) que s’ils avaient été soignés avec la gamme des sur-matelas APAM normaux du Trust. Cependant dix patients ont bénéficié d’un suivi plus soutenu, avec par exemple un examen cutané, des photographies, des entretiens plus approfondis parmi lesquels l’histoire choisie pour illustrer la souplesse et les avantages que présente le produit. L’auteur est convaincu que le matelas Softform Premier Active sera apprécié et accepté par les responsables de la viabilité tissulaire dans la mesure où il représente une avancée dans la prévention et le traitement des patients à risque élevé à condition que le matelas – comme c’est le cas avec tous les autres types de matelas – ne soit utilisé que comme un outil dans le cadre d’un plan général de soins devant inclure un régime de retournement et une attention constante portée à l’état de la peau. Les matelas sont attribués à l’unité des accidents vasculaires cérébraux aigus pour une évaluation des résultats à long terme. British Journal of Nursing, 2006, Vol15, No11 POINTS CLEFS Les infirmiers chargés d’évaluer les patients qui risquent de contracter ou de développer des lésions tissulaires préexistantes liés à la pression doivent se conformer à la politique en matière de prévention de leur Caisse Régionale de soins. L’emploi de matelas, en vue de prévenir / de traiter les lésions tissulaires liées à la pression, doit être considéré uniquement comme un outil dans un cadre de travail global de soins qui doit, au minimum, impliquer une période définie de réévaluation concernant les besoins du patient et comprendre une attention particulière portée aux soins cutanés dans leur ensemble et au traitement de toute lésion. Une approche graduelle en ce qui concerne l’usage du matelas nécessite de considérer la variabilité du degré de dépendance du patient conjointement à la somme des troubles affectant le patient, l’importance des ressources en personnel, les questions de stockage et de transport. Une procédure d’accentuation ou d’atténuation qui prend en compte des variations du degré de dépendance du patient en recourant au matelas Softform Premier Active de la société Invacare-MSS en mode statique ou dynamique devrait faciliter une telle approche avec des perturbations limitées pour le patient et une diminution des risques liés à la manipulation. Référence : Bennet G, Dealey C, Postnett J (2004) The Cost of pressure ulcers in the UK. Age Ageing 33(3): 217-8 Bliss M (1993) Actiology of pressure sores, Rev Clin Gerontol 3: 379-97 Collier M (2004) Effective prevention requires accurate risk assessment. J Wound Care/Therapy Weekly Supplement 12 (5):3 Collins F, A guide to the selection of specialist beds and mattresses. J Wound Care 13(5): 14-8 Collins F, Hampton S (2000) Use of Pressurease and Airform mattresses in pressure ulcer care. 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