Jusqu’ici, il fallait attendre des signes
de démence et avoir exclu des causes
comme un accident vasculaire
cérébral ou des troubles hormonaux,
pour que soit évoquée la maladie
d’Alzheimer. À ce stade, « la maladie
était souvent très évoluée », souligne
Bruno Dubois, professeur de
neurologie et directeur de recherche à
l’Inserm. Le diagnostic de maladie
d’Alzheimer pouvait même être posé
chez des patients qui en présentaient
les symptômes alors qu’ils étaient en
réalité atteints d’une autre maladie.
La seule façon de confirmer la maladie
d’Alzheimer était en fait de pratiquer
une biopsie post-mortem. Mais
aujourd’hui, fini ce flou diagnostique :
le Pr Dubois a publié l’automne
dernier, dans la revue Lancet
Neurology, une nouvelle définition de
la maladie d’Alzheimer. « En associant
deux tests – des tests mettant en évidence
les troubles de la mémoire spécifiques à
la maladie d’Alzheimer, et des mesures
biologiques par analyse du liquide
céphalo-rachidien ou par imagerie
médicale (PetScan, IRM) – on peut
alors pratiquement identifier à 100 %
Rarissime il y a un siècle, l’asthme
allergique affecte aujourd’hui un
million de Français. Chez eux,
certaines cellules immunitaires,
les lymphocytes T qui assurent
normalement la défense de
l’organisme contre les virus et
les bactéries, quittent la circulation
sanguine et s’installent dans
les poumons. Ils y provoquent
une inflammation chronique qui
déclenche les symptômes de l’asthme
(toux, sifflements dans la poitrine,
gêne respiratoire…). Mais comment
ces lymphocytes se logent-ils dans
les poumons et y survivent-ils ?
En étudiant des souris asthmatiques
sensibilisées à divers allergènes
(acariens, pollens, etc.), des
chercheurs de l’Inserm de Nice
ont trouvé une protéine à la surface
des lymphocytesT. Son nom de code :
CX3CR1. « Cette protéine contribue à
prolonger anormalement la survie des
lymphocytes infiltrés dans les tissus
pulmonaires », explique Valérie Julia,
chargée de recherche. D’où l’idée de
la cibler pour mieux traiter l’asthme…
« Des médicaments dits antagonistes
pourraient bloquer cette protéine
CX3CR1. Administrés en aérosol par
exemple, ils pourraient entraîner la mort
des lymphocytesT qui infiltrent les voies
respiratoires et sont à l’origine de la
maladie. » Un médicament de ce type a
déjà été testé : il a permis de prévenir
l’inflammation des voies respiratoires.■
Source : Nature Medicine, novembre 2010.
Alzheimer
Un diagnostic fiable à presque 100 %
6LA RECHERCHE EN DIRECT 7
Une personne séropositive (infectée
par le virus du sida) sur300 ne
développe pas le sida. Même sans
traitement, ces patients conservent
un taux de VIH pratiquement
indétectable dans le sang…
Les chercheurs les appellent « des
contrôleurs du VIH ». On savait déjà
que ces personnes développent
une forte réponse immunitaire. Elles
produisent des globules blancs qui
reconnaissent et détruisent les cellules
infectées par le virus. Mais comment
mettent-elles au point une réponse
immunitaire si efficace ? Pour le
savoir, des chercheurs américains ont
analysé et comparé le génome d’un
millier de ces patients avec celui de
2 600 malades du sida. Ils ont mis au
jour plus de 300variations génétiques
chez les porteurs de cette immunité
naturelle. Toutes sont situées sur
le chromosome6 au niveau des gènes
HLA (Human Leucocyte Antigen).
Ces gènes permettent la production
de molécules qui aident le système
immunitaire à distinguer les cellules
de notre organisme et à s’attaquer
spécifiquement aux intrus. Cette
découverte va aider à comprendre
comment l’organisme de ces patients
s’attaque au virus et évite sa
multiplication. Une piste pour
de futurs traitements. ■
Source : Science, octobre 2010.
N° 126 / 2e trimestre 2011 2e trimestre 2011 / N° 126
Des chercheurs niçois ont découvert une protéine qui joue un
rôle déterminant dans le développement de l’asthme allergique.
Bientôt un médicament pour lutter contre cette maladie ?
Le streptocoque du groupeB est la
principale cause de méningite chez
le nouveau-né. Cette maladie grave
survient quand cette bactérie,
normalement présente dans la flore
microbienne intestinale des adultes,
franchit la barrière de l’intestin, pour
rejoindre la circulation sanguine, puis
la barrière qui sépare le sang du
système nerveux central (cerveau et
moelle épinière). Trois laboratoires
français, dont deux équipes ayant
reçu le label «Équipes FRM» (Claire
Poyart en 2010, Marc Lecuit en 2008),
viennent de montrer qu’un type
particulier de streptocoque (le ST-17)
est responsable de la majorité des
infections néonatales et des
méningites. En cause : une protéine à
la surface du streptocoque lui permet
de coloniser l’organisme. Cette
découverte pourrait être utile à de
nouveaux outils diagnostiques. La
protéine serait aussi une cible pour un
vaccin contre
ce type de
méningites.■
Source :
Journal of
Experimental
Medicine,
octobre 2010.
VIH
Un facteur naturel de résistance au sida
Méningite
Prévenir
la méningite
du tout-petit
la maladie, et à un stade relativement
précoce. » Ces examens restent trop
coûteux pour être utilisés aujourd’hui
à grande échelle. Mais on les utilise
déjà pour sélectionner les patients
qui participent aux essais cliniques.
«Grâce à ces tests, les chercheurs peuvent
axer leurs études sur des personnes
Peut-être un vaccin contre la méningite due
au streptocoque B…
Dans la maladie d’Alzheimer, les protéines tau, naturellement fabriquées
par l’homme et essentielles à la stabilisation des cellules, s’accumulent dans les
neurones. Elles concourent à leur dégénérescence et aux troubles associés
à la maladie. Des chercheurs allemands ont montré in vitro qu’une molécule
habituellement utilisée dans le traitement du diabète, la metformine, empêche
le fonctionnement de l’enzyme qui intervient dans l’accumulation anormale des
protéines tau dans le cerveau. La metformine pourrait donc avoir un effet
bénéfique pour traiter les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
Source : Proceedings of the National Academy of Sciences, novembre 2010.
La maladie d’Alzheimer peut dorénavant être diagnostiquée
avant le stade de démence. Le Pr Bruno Dubois propose des
critères diagnostiques plus fiables et plus précis de la maladie.
diagnostiquées “ Alzheimer ” plus jeunes,
avec des symptômes moins marqués,
et identifier des patients dont les troubles
cognitifs et de démence ne sont pas dus
à Alzheimer –qui serviront de témoins
dans l’essai clinique. » Ces patients
diagnostiqués précocement ne
présentent donc pas les symptômes
des maladies du grand âge (sénilité,
pertes de mémoire...) qui
compliquaient jusqu’ici les
observations des chercheurs.
Objectifs de ces études : mieux
comprendre les mécanismes de
la maladie d’Alzheimer et tester
de nouveaux médicaments sur
des personnes avant que leurs lésions
ne soient trop importantes. ■
Source : The Lancet Neurology,
septembre 2010.
Une protéine
mal éliminée
chez les malades
La maladie d’Alzheimer
s’accompagne de l’accumulation,
dans certaines zones du cerveau,
d’une protéine appelée bêta-
amyloïde. On pensait que la
production de cette substance était
excessive chez les patients, mais
des chercheurs américains viennent
de montrer qu’elle est similaire à
celle des personnes saines. En
revanche, chez les malades
d’Alzheimer, l’élimination de la
protéine est ralentie de 30 %.
Il s’agit peut-être d’un nouveau
moyen de diagnostiquer la maladie,
voire d’une piste pour la soigner.
Source : Science, décembre 2010.
BSIP/BL
Phanie
Un traitement du diabète
efficace pour la maladie d’Alzheimer
IRM du cerveau d’une personne
atteinte de la maladie d’Alzheimer.
Vos dons
en actions
C’est le financement reçu par
l’équipe de Claire Poyart, labellisée
Équipe FRM en 2010. Un de ses
jeunes chercheurs a également
reçu 19 200 € en 2008
pour ce projet.
300 000
Vos dons
en actions
C’est le montant consacré
par la FRM à ce projet en 2004.
282 500
Liquide céphalo-rachidien : fluide riche en
protéines baignant le cerveau et la moelle
épinière.
Génome : ensemble de l’ADN présent dans
chacune des cellules d’un organisme.
Asthme
Empêcher la survenue
de l’asthme allergique