ROLE DES AMPHIBIENS

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PUBLICATION DU PROGRÈS ABRICOLE ET VITICOLE
ROLE DES AMPHIBIENS
EN AGRICULTURE
DE
SAINT-PÉTERSBOURG
MONTPELLIER
lMPRIMERIE GROLLIER ET FILS,
1886
BOULEVARD
DU' PEYROU
.
ROLE DES AMPHIBIENS
EN AGRICULTURE
Ce petit travail est la suite d'un autre que j'ai publié en 1884 (1).
J'ai essayé, dans le travail précédent, de démontrer que dans les régions
qui nous intéressent il n'y a, parmi les reptiles, que deux ou trois espèces
de vipères dontla morsure peut présenter pour l'homme quelques dangers
sérieux; qu'aucune autre espèce
sujet en l'apercevant, soit dans
aux
champs, etè. ;
Que les reptiles
qu'ils inspirent
payent trop
ne
ne
méritent pas
et que,
mérite la crainte à
ses
promenades,
soit
laquelle l'homme est
pendant son travail
.
non
plus
malheureusement
la
pour
répugnance
eux
sans
et pour nos
,
fondement
récoltes,
ils
souvent de leur vie.
parmi les reptiles il y a quelques espèces à craindre, les amphibiens
sans exception inoffensifs et utiles à
l'agriculteur.
Il n'y a pas parmi eux, comme chez les serpents, des animaux de grande
taille capables de ravager ses basses-cours (couleuvres), ou de lui dérober
des perdreaux et des lapereaux; enfin aucun amphibien ne possède de venin,
dont l'action pourrait entraîner des suites fâcheuses ou même funestes
autant pour l'homme que pour les animaux domestiques, ainsi q1:,le cela
arrive (quoique rarement) à la suite de morsurea de vipères.
Tandis que, parmi les reptiles, quelques-uns par leurs proportions pour­
raient effrayer 'une personne non accoutumée à la vue de ces animaux, et
que d'autres, quelques espèces de lézards et de couleuvres, en s'élançant
sur leurs agresseurs pour les mordre avec. acharnement, pourraient les
épouvanter, ignorant qu'elles sont sans venin; parmi les amphibiens on ne
trouve rien de tout cela. Aucun amphibien ne mord et ne peut mordre grâce
à la conformation de ses mâchoires, qui sont ou dépourvues de dents, ou
garnies seulement de petites dents presque imperceptibles et qui ne peu­
vent même pas pénétrer dans la couche mince de l'épiderme. Les mâchoires
sont flexibles chez tous les amphibiens. Il n'y a donc pas à craindre
l'effet mécanique. d'une morsure, si toutefois celle-ci pouvait être faite �
quant à l'action physiologique ou plutôt pathologique d'une morsure, même
Si
sont
,
.
(f)
J. de Fischer.
-
Rôle des
reptiles
en
agriculture. :Montpellier, i884.
-4admettant que les grands tritons du Japon (C'Pyptobranchus Japonicus)
aient renvie de mordre, cette action n'existe pas., grace à l'absence absolue
en
de toute
glande vénéneuse et de tout principe toxique dans la salive.
Pourquoi donc', se demanderait-on" craint-on tant les crapauds, les
sala­
mandres et les tritons?
La
question est bien
fa-cile à résoudre. Cette crainte
engendrée
l'a­
avec
.version, l'une tout aussi mal fondée que l'autre et qui sont issues toutes les
deux de l'ignorance de I'hommeetd'une imagination souvent inconséquente,
mais
toujours
base;
sans
celte crainte est la
conséquence d'une instruction
défectueuse.
Notre
imagination
se
plait
à trouver laid le
crapaud
parce que
sa
peau
est verruqueuse, et la salamandre parce que lasienne est visqueuse. Quoique
laid, joli et beau soient des termes absolument relatifs, il est très facile de
démontrer ,que c'est sur ce point 'justement que les gouts et les appré­
ciations humaines sont le plus inconséquentes du monde. Ainsi on craint
la couleuvre parce
qu'elle
vipère et que celle-ci peut devenir
animaux domestiques.
les
pour
salamandre ou un triton!
ressemble à
une
dangereuse pour l'homme, ainsi que
Mais craindre
un
.
crapaud,
une
Y a-t-il de la ressemblance entre
Pourquoi?
scorpion ou tout
ces
animaux' et une vipère,
un
Non, certainement non .. Pourquoi
alors tuerou même fuir ces animaux inoffensifs, qui tous sans exception sont
utiles à ·l'agriculteur et à l'horticulteur, et par conséquent à tout le genre
humain, puisque l'agriculture nourrît les hommes. Err recherchant les cau­
ses,
nous
autre animal venimeux.
tomberons fatalement
gination,
fi savoir:
une sœur
cadette.
l'ignorance,
sur
le
les trois facteurs funestes de notre ima­
préjugé
.'
et la
crainte, dont
le
dégoût
est
reptiles et les amphibiens DÉGOUTANTS» paree que leur peau
quelquefois visqueuse. Mais les poissons, l'anguille en première
ligne, les limaces, les sèches, les poulpes, les' escargots" les coquillages
sont-ils, si l'on veut être conséquent, moins dégoûtants qu'une salaman­
dre, dont ils ont 'toutes les qualités externes, que nous nous plaisons à'
trouver déqoûtasü? C'est donc un préjugé sans base sérieuse.
Dans beaucoup de contrées de l'Europe on ne mange pas le lapin, mais,
on estime fort le lièvre; on
répugne à manger du cheval, tandis qu'on se
la
de
viande
de
Encore
une "preuve que l'imagination est varia­
gorge
pore.
ble et capricieuse, donc Inconséquente. Un Allemand ou uri Russe ne tou­
chera pas du bout des doigts à un plat d'escargots., un Chinois ne mangera
pas du fromage, qu'il-qualifie de 'lait pourri; et tout autre que je pourrais citer.
Et tous croient avoir raison. Ainsi le dégoût et l'aversion sont des senti­
On trouve les
«
est froide et
.
ments indéterminables.'
On mange des grenouilles, mais on se refuse de goûter du crapaud, et
n'ai pas trouvé beaucoup de différence entre l'aspect d'un plat de gre­
nouille et celui de certain plat de crapaud que j'ai vu servir à Naples sous le
je
de
Rospo ».
sujet de répugnance semble digne, d'être pris en considération;
paralt redoutable aux ignorants. sans l'être pourtant.
C'est la sécrétion laiteuse de certaines glandes sus-cutanées qui fait croire
nom
«
Un seul
il
.,.
_
-5-
'que l'animal
est venimeux. Et
c-ependant
rien de
plus
faux. Il n'existe
aucun
d'intoxication d'un homme par un amphibien. Il est vrai que la
sécrétion cutanée mise en contact avec les parties du corps dépourvues
exemple
d'épiderme, telles que l'œil, les lèvres, etc., produit un
son, qui dure 1 ou 2 minutes au plus ;, mais, c'est tout.
Il est bien facile d'éviter le contact de la main
de toucher
crapaud,
un
une
salamandre,
rainette, deux animaux que personne
l'œil
D'ailleurs l'a
etc.
ou
avec
eft''Ct de
démangeei­
lorsqu'on vient
grenouille, la
presque 'peli'sonne
ne
craint,
fortement les mêmes
visqueuse qui produit
effets. Le produit des glandes appelées à tort parotides peut devenir funeste
aux
petits animaux, comme les rossignols, les serins, etc. ; mais il faut
sécrètent
une
matière
une
assez
préparation préalable
sang.
On cite
vase au
des racontars de
opérer ensuite
injection
une
directe dans le
quelqu'un qui serait mort pour avoir bu de l'eau ou
duquel on avait trouvé une salamandre. Ce sont
vieilles commères, qu'il faut laisser dans le domaine des
l'exemple
'du vin d'un
et
de
fond.
fables.
Si une. personne s'est trouvée malade après avoir bu du vin ou de l'eau où
l'on aurait trouvé une salamandre, if faut considérer ce cas comme une
coïncidence et chercher ailleurs la véritable
simple
de la
mort.
lignes,
et
car
D'ailleurs, s'il
en
était
ainsi, je
souvent bu de l'eau dans
j'ai
dans des bocaux
plus loin: J'ai
essayer de persuader à
J'ai été
laquelle
servaient à transporter
qui
de la maladie
cause
ou
pas écrire ces
les salamandres pullulaient.
ne
pourrais
ces
animaux inoffensifs.
introduit des salamandres dans
ma
bouche pour
d'amphibiens de ne pas les craindre
Jamais
m'en
de
et
j!e n'éprouvais un malaise quelconque, sauf une
apporter.
aux lèvres,
quand elles étaient écorchées par suite de
légère démangeaison
mes
chasseurs
l'action du vent, du froid, etc.
Certes, mes exemples auraient été suffisants pour persuader, un homme'
intelligent et instruit de l'innocence des bêtes en question; mais ils sont
résultats vis-à-vis d'Cs hommes
restés
sans
yeux
desquels je
passe pour
un
sorcier
préserver du venin. J'étais donc peu
ignorants et superstitieux, aux
possédant seul le secret de me
avancé dans
mes
tentatives de
couver­
S1On.
peuvent être mangées impunément: voici pour le
ple cité par Fatio dans sa Faune des vertébrés de la Suisse.
Les salamandres
démontrer un
exem
Une aimable
qu'elle
et
trouvait
affectueuse épouse, voulant se débarrasser de son mari
de lui servir un potage à la Salaman­
grincheux, Imagina
dre. Le mari le mangea de fort bon
lendemain,
au
grand ébahissement,
appétit,
et
et
surtout
ne
au
s'en porta que mieux le
grand désappointement
de la darne.
anecdote, d'ailleurs absolument authentique, et qui a déjà été citée
Fatio par Laurenti (Specimen Medicum) , prouve. que les salamandres
ne contiennent aucun venin dangereux pour l'homme; il en est de même
des. crapauds et de tous les autres batraciens; on ne peut citer d'une ma­
Cette
avant
de mort, ni même de maladie de l'homme, causée
ces
de
animaux.
par la sécrétion
nière certaine
aucun cas
"
-6Pour obtenir
quelques
effets du
nécessaire 'd'opérer avec de
prétendu venin des amphibiens, il est
grandes quantités de la sécrétion extraite des
«
»
et qu,e Fon inocule à forte dose directement dans le sang,
que l'on fait avaler par l'animal en expérience. Même dans ces condi­
tions, la sécrétion ne produit d'effets dangereux que sur les animaux de
glandes cutanées,
ou
très-petite
taille.
Dans tous les cas,
phibiens
sont
peut poser ce principe que: Non-seulement les am­
inoffensifs pour l'homme, mais qll'�tant insectivores, on doit les
on
considérer comme essentiellement utiles
Tout
.
propriétaire qui
amphibien ou le chasse de son domaine, jar­
lèse
ses
bois,
etc.,
dins.ichamps,
propres intêrèts.
Tous lesamphibiens, sans exception, se nourrissent habituellement d'in­
sectes, de colimaçons, de cloportes, de lombrics, etc.; et comme ils sont
doués d'un appétit véritablement prodigieux, ils détruisent un nombre fabu­
leux, d'insectes, nuisibles à l'agriculture. Ce sont donc des animaux très
précieux. Les anglais ont su depuis longtemps en apprécier les services, et
tous le monde sait que l'importation des crapauds donne lieu, en Angle·terre, a lm commerce important et régulier. J'a:i fait moi-même, à.Anvers,
la connaissance d'un marchand d'oiseaux, qui m'assurait que l'expédition
descrapauds en Angleterre constituait la branche la plus lucrative de son
industrie ; la vente des oiseaux n'était pour sa maison que d'une importance
tue
un
.
très secondaire.
Que n'a-t-on pas reproché
à ce pauvre crapaud 'f Combien de crimes ima­
lui a-t-on pas attribués? Tantôt on l'accuse d'empoisonnee le
lait des vaches ou J'eau. des puits; où bien de sauter à la figure des enfants,
ginaires
ne
d'empoisonner
etc.,
les
plats,
de dévorer les abeilles 'et de détruire les
etc. Pures calDmnies que tout
entretenues par
nos
'
préjugés
et
cela, qui sont
nées de notre
propagées par les'
racontars
ruches,
ignorance,
des bonnes
d'enfants.
Il est vrai que le crapaud,
comme la grenouille et la rainette,
si on
vient à le saisir, urine immédiatement; et que si ce jet de liquide atteint
une partie ducorps dépourvue d'épiderme (tels
que l'œil ou les lèvres), il y
-
--,-
légère démangeaison. Mais il n'y a là qu'un effet purement
mécanique, que produirait également l'urine humaine et cene des autres
animaux, ou simplement de l'eau salée ou sa:vonneuse. Il n'ya donc pas lieu
de s'arrêter à cette objection.
Reste le prétendu tort que I.e crapaud causerait aux agriculteurs, en se
plaçant devant les ruches, le soir, quand les abeilles rentrent, pour en hap­
per quelques-unes au passage. Mais un simple aperçu comparatif du genre
de vie de l'abeille et du crapaud suffira à montrer que s'il'y a dommage
causé aux ruches, ce dommage est insignifiant.
Le crapaud est, en effet, un animal essentiellement nocturne, ou au moins
crépusculaire, et qui ne sort habituellement qu'à la tombée de la nuit. Ce
n'est qu'au printemps, lorsque l'amour l'agite, qu'on le trouve en pl-ein jour
dans les mares d'eau stagnantes ou à faible courant, qu'il recherche pour
s'y M'coupler et y pondre ses œufs. Mais pendant le temps des amours, le
crapaud ne cherche pas à manger; et en eût-il envie qu}l en serait' fort
provoque
une
7
empêché,
mettre
car
sous
à cette
la dent
époque il ne trouverait rien qui lui convienne à se
en avait, car le crapaud ne possède
pas la moindre
(s'il
dent).
L'abeille,
contraire,
au
étant essentiellement
lever du soleil, juste au moment où le
de limaces, rentre chez lui, le plus souvent
qu'au
diurne, ne sort de sa ruche
crapaud, bourré de lombrics et
sous une pierre,
pour y dormir.
crapaud reste abrité tout le jour, car la chaleur et la sécheresse le tue­
raient; et pendant ce temps l'abeille prend ses ébats, e;t elle est déjà rentrée
dans sa ruche, vers le soir, lorsque le crapaud ne songe pas eneore à se
Le
'
mettre en
chasse.
Ce n'est que pendant les orages, ou après des pluies chaudes, que le cra­
paud se décide à quitter son gîte en plein jour; et toutle monde sait qu'à ce
abeilles, averties par leur instinct, sont rentrées précipitamment
dans leurs ruches; et quant aux retardataires qui peuvent être surprises
par les crapauds, elles auraient, péri sans lui,
moment les
Le
crapaud
pourraient-ils
dort donc
quand
l'abeille
veille,
et
réciproquement.
Comment
rencontrer, à, moins que le crapaud ne pénètre dans les
ruches pour y chercher sa proie?' Mais la chose est impossible; l'entrée des
ruches est trop petite pour que.le crapaud puisse s'y introduire; et d'ailleurs.,
s'il y parvenait, il serait promptement tué par les abeilles.
se
grenouille elle-même, qui pourtant nous fournit ses cuisses délicates
appréciées par les gourmets, n'a pas échappé à de graves accusations;
Les pisciculteurs, ou mieux les pêcheurs, l'accusent de dévorer les jeunes
poissons. C'est tout simplement une absurdité. Il suffit pour s'en convaincre
d'examiner de quelle façon les amphibiens, et les grenouilles en particulier,
saisissent leur proie.
Comme je suppose que l'on ignore généralement de quelle manière ces
animaux s'emparent de leurs victimes, une courte description du méca­
.nisme buccal ne sera pas déplacée ici, pour prouver qu'une grenouille n'a
jamais pu saisir un poisson dans l'eau.
Tandis que la langue, chez la plupart des vertébrés (sauf les poissons)
est libre dans sa partie antérieure et soudée parsa partie postérieure. chez
les grenouilles et les crapauds, c'est justement le contraire: Ia langue est
soudée par devant, et n'est libre que dans sa partie postérieure. Des mus­
cles speciaux la font projeter de l'intérieur de la cavité buccale en dehors de
Là
si
la
bouche,
comme
extrêmité libre
est
la lame d'un canif que l'on ouvre. La surface de cette
gluante et collante. Lorsqu'il aperçoit une. mouche, un,
papillon de nuit,etc., le crapaud (ou la grenouille} fixe la proie qu'il convoite, et,
projette en avant sa langue, qui, par sa partie postérieure libre, atteint I'in-.
secte qui s'y trouve collé, grâce à la substance gluante dont nous avons parlé.
Immédiatement après, la langue, comme si elleétait munie d'unressort, se
replie avec rapidité dans l'intérieur de la bouche, et l'insecte est avalé.
Les choses
langue perd
se
sa
touche, tels que
grenouille
un
passent ainsi sur terre; mais dans reau, la sécrétion de la
ne peut
plus adhérer: aux corps submergés qu'elle
viscosité et
les
que s'ils
Les poissons ne peuventdonc être saisis par la
trouvent hors de Feau ; et UTl poisson hors de l'eau est,
serait mort sans qu'il soit besoin d'une grenouille pour
poissons.
se
poisson perdu, qui
-8Te devorer. Ni la
proie
avec
grenouille,
ni le
crapaud,
ne
peuvent
elfet
en
saisir
une
leurs machoires,
imaginé une autre calomnie cûnl�e cette pauvre grenouille, que nous
périr avec plus de cruauté que les Peaux-rouges n'ont jamais traité
leurs victimes, en lui détachant les cuisses alors qu'elle est encore vivante.
Les pisciculteurs, au Heu de chercher les auteurs des mésaventures qui
leur arrivent dans leurs opérations d'incubation, parmi les insectes aquatiques,
reprochent à la, grenouille de dévorer les œufs de poissons. Ils apprendront
peut-être avec étonnement que ni la grenouille, ni lecrapaud, pas plus qu'au­
cun autre amphibien, ne peut apercevoir quelque objet que ce soit lorsque
celui-ci est immobile; et comme je ne sache pas que les œufs de poissons
soient mimis de pattes ou d'ailes qUI leur permettent de courir ou de voler,
ils restent absolument invisibles pour tous l� batraciens.
On
a
faisons
.
Le fait est facile à contrôler.
Enfermez
ner
une
10
pendant
:t.
grenouille dans une
15 jours. Jetez-lui
ou
cage oirdans un bocal, Laissez-la jeù­
'alors des mouches mortes. EUe n'y
touchera pas, parce que, comme chez tousles
l'œil est imparfaite, et elle n'aperçoit que les
n'existe pas
quelques
lancera
batraciens, la structure de
objets qui remuent. L'odorat
plus' chez ces animaux. Jetez, au' contraire, dans le bocal
quelques mouches vivantes, et aussitôt la prisonnière s'é­
eux, en projetant sa petite langue blanche, et aura vite fait de
non
vers ou
vers
les dévorer.
On
pourrait ajouter cette
poissons,
étant
autre raison
toujours submergés,
ne
non moins bonne, que les œufs de
peuvent adhérer à la langue des ba­
traciens.
Bien ,que ces faits puissent être facilement vérifiés, l'opinion que les gre
nouilles dévorent les œufs de poissons est tellement ancrée dans l'esprit des
..
pisciculteurs, qu'ils les détruisent par tous les moyens possibles, même dans
les pays où on ne les mange pas, et où par conséquent cette chasse sans
trève n'a pas pour excuse un intérêt commercial.
Nous
venons
fensifs et utiles
de voir que les
préjugés qu'ont inspirés
sont aucunement
ces
animaux inof­
motivés. Avant d'aborder la
description
qui intéressent notre région, nous dirons
quelques mots sur leur mode de multiplication et leur développement.
Chez tous les vertébrés (quelques espèces de poissons exceptées), les petits
naissent ou sortent de l'œuf avec un développement plus ou moins parfait,
mais aussi avec une conformation toujours semblable à celle des parents; au
contraire, le corps du jeune amphibien, sorti de l'o.uf ou né à l'état larvaire,
ne
des différentesespècesde batraciens
en rien à celui de ses parents, comme cela arrive pour les in­
sectes; l'animal ne prend la forme, des adultes que par une métamorphose
lente et graduelle. Ainsi la grenouille, que nous entendons chanter, est loin
d'ètre ce qu'elle était au sortir de l'œuf pondu par sa mère; c'était alors un
'ne ressemble
petit animal, une larve, que nous appelons têtard et semblable à un poisson
puisqu'il vit dans l'eau, et muni d'une nageoire au lieu de pattes, respire
seulement.l'oxygène de l'air contenu dans l'eau comme les poissens et pos­
sède ,une queue comprimée; après un certain laps de temps, on voit sedéve­
Jopper successivement chez le tétard une et puis deux. pattes de derrière,
-9une
et
puis
deux pattes de devant: l'animal
forme d'une
cette
larve'
nous apparaît peu après sous la
munie d'une queue plus ou moins longue; pendant
de la transformation, les branchies au moyen desquelles la
grenouille
période
respirait,
s'atrophier
à
commencent
finissent
et
par
.disparaltre.
L'animal, moitié grenouille et moitié poisson, est alors obligé de venir à la
surface de l'eau pour rejeter une ou deux bulles d'air, privé de son oxygène,
et
en
'faire
à peu 'les poumons, restés à un point
forment, se perfectionnent, et la petite
nouvelle
une
provision; peu
de
développement peu avancé, se
bête, dépourvue déjà de sa nageoire, mais toujours munie de son appendice
caudal, quitte l'eau pour y retourner seulement dans ses moments de
frayeur. Après cette dernière métamorphose, au bout de quelques heures ou
jour (selon l'espèce), la queue se déssècheet l'a jeune grenouille acquiert
jusque dans les plus petits détails des formes absolument semblables à celles
d'un
de
ses
parents.
Il ya,
comme
il est
dans toutes les classes
mais
vrai,
toujours
petite grenouille, le Coqui
«
(Hylodes martinicensis) qui
»
se
Martinique une
métamorphose
p-arfait deeonformation, comme cela arrive
beaucoup de reptiles et pour les oiseaux. La Salamandre Noire des
Alpes l Salamandra atra) ,se forme dans Te corps de la mère, et le petit sort
semblable à ses pères, comme les jeunes mammifères, quelques reptiles,
quelques poissons, etc.; mais ce sont là les deux seules exceptions que l'on
connaisse. En général, le développement se produit après une suite de trans­
formations plus ou moins graduées et rapides.
La plupart des amphibiens sont ovipares, la femelle pond des œufs qu'elle
dépose ordinairement dans l'eau (étangs, mares, fossés, ruisseaux, etc.).
On ne trouve que très peu d'exceptions à -cette règle. Nous pourrions citer
cependant le
Coqui » dont j'ai parlé plus haut: il place, entre l-es feuilles
des Amarilles, ses œufs enveloppés d'une matière cotonneuse; le crapaud
Pipa (Pipa américanaï, dont les œufs se développent dans des alvéoles, sur
dans l'œuf
,
d'animaux, des exceptions fort rares
bien prononcées. Ainsi il existe à la
et en sort
dans
un
état
pour
H
]e dos de la femelle ; il y aurait quelques autres exceptions à indiquer, mais
sont des animaux habitant les pays tropicaux, et notre travail a seule­
ce
amphibiens de la région.
d'amphibiens vivipares, les petits naissent
à J'état larvaire, comme la Salamandre Terrestre, ou à l'état parfait comme
la Salamandre Noire des Alpes.
Si nous voulons chercher la distribution géographique des 28 espèces
d'amphibiens que possède l'Europe, nous trouvons le tableau suivant, dans
lequel la France occupe le premier rang:
de faire connaitre les
ment pour but
Il y
a un
nombre très restreint
La France
nourrit,
La Péninsule
compter les variétés.
sans
Ibérique (Espagne
L'Italie
..
'
L'Allemagne
La Belgique et
•
.
Portugal)
et
•
.
.
•
.
21
.•
.
.
�
,
..
16
'
15·
......•..•...•.........•....•.....•..
La Russie.
.
.
.
_
les
.
.
.
Pays-Bas
.
.
•
•
.
•
.
La Péninsule Scandinave
L'Angleterre
et
l'Irlande.
...•..••••••.•••...•••..••
12
••
11
..••..•••..•..•...•••.•......
11
..
•
.
.
•.....••.••.•
.
.
•
.
•
.
.
.
.
.
.
.
.
.
•
�
.
.
•
.
•
..
.
.
.
•
.
espèces.
18
•••.•••.•••
•
.
•
.
•
.
.•
.
.
.
.
7
-10LèS
amphibiens
divisent
se
10 Les An,()ures
trois ordres:
en
Ce
grenouilles, rainettes, crapauds, etc.).
sont des animaux au corps trapu, dépourvus de queue et toujours munis de
quatre membres, dont ceux de derrière sont plus longs que ceux de devant;
A. l'état parfait, ils respirent p'ar des poumons et jamais par des branchies;
l,el,lI' I�eau est nue et. plus ou moins visqueuse, tantôt lisse, tantôt verru­
(Anura
;.
-
queuse.
2° Les Urodèles
(Urodelà:
salamandres, tritons, protées, etc.).
corps allongé, rappelant celui des lézards, une peau nue et
visqueuse, une longue queue et quatre pattes, d'une longueur égale Je plus
souvent; il est rare d'en rencontrer qui ne possèdent que les deux pattes
Ceux-ci
ont
-
un
antérieures.
Animaux sans queue ni
Apodes iPeromela : céciles, etc.).
au corps allongé, vermiforme, à pea:u recouverte de très petites
écailles formant des anneaux. Je passerai sous silence ce dernier ordre, car
les animaux qui en font partie n'habitent pas notre contrée et n'ont été
trouvés jusqu'à ce JOUi' que dans l'Amérique du Sud et les Indes Orientales.
3° Les
-
membres,
J. ORDRE
DES
Anoure.s
(AnJtra).
Tout le monde connats les caractères généraux des espèces appartenant à
J'ordre des Anoures, je me bornerai donc à dire quelques mots sur leur mé­
tamorphose et à décrire les principales espèces habitant la région, après
.
avoir parlé de leur classification
.
Les Anoures habitent les endroits
.
res, des
eomme
humides, les prairies,
)e bord des riviè­
fossés, des mares, etc et les lieux frais et ombragés,
étangs,
les forêts A l'époque de leur rOTH:e, ils recherchent l'eau pour s'y
des
..
..
et déposer leurs œufs enduits d'une matière claire et gluante.
Ces œufs éclosent après une durée variant suivant l'espèce et la tempé­
rature, il en sort des. têtards, dont la plupart n'ont pa!3 encore de bouche et
dans leur corps en naissant;
se nourrissen t d'aliments emmagasinés
accoupler
ils sont
encore
trapus, leur
touses leur servant à
tête se
confond
tenir collés
avec
le tronc; ils ont des ven­
et aux pierres. La queue
plantes
cornprimëe en lame de couteau avec la forme d'une nageoire; les branchies
extérieures se développent sous forme de ramifications et la bouche s'ouvre;
quelque temps après les lèvres se garnissent de petites enveloppes cornées,
et Je retard est alors. en état de ronger des substances plus consistantes.
Les branchies externes s'atrophient, il ne reste que celles de l'intérieur
se
aux
est
,
aboutissant il. des ouvertures branchiales servant de passage à l'eau. 'Le
tétard se développe, les membres postérieurs sortent, la respiration bran­
respiration pulmonaire; les membres antérieurs se
s'agrandissent, l'enveloppe cornée
des lèvres tombe, et tout le corps prend les mêmes caractères que celui des
parents avec la queue de plus, mais cene-ci se dessèche et disparaît bientôt
après-que l'animal a quitté l'eau.
Pendant .les premières semaines qui suivent .l'éclosion, les tétards se
chiale fait
place
montrent
bientôt après, alors les yeux
à la
-IInourrissent de
végétaux, de petites plantes aquatiques, comme les algues,
jeunes pousses et de feuilles en décomposition, etc.
Peu à peu la nourriture animale remplace la nourriture végétale, l'es
tétards poursuivent de petits animalcules microscopiques, rongent la queue
de leurs pareils et s'attaquent quelquefois à leurs cadavres. Plus l'animal
grandit, plus il devient vorace et carnivore. Comme tous les amphibiens,
de
,
fois sortis de l'eau, ne reviennent jamais à la nourriture
partir de ce moment, ils se nourrissent exclusivement d'insectes,
les Anoures,
à
une
végétale;
mollusques,
de
de vers, etc.
Les Anoures habitant la
région qui
nous
intéresse,
se
divisent
en
quatre
familles distinctes.
Première famille: Les Grenouilles proprement dites
(Ranida).
(Pelobatiila)" qui tiennent
Deuxième famille: Les Pelobates
entre les
grenouilles
et
les
Troisième famille: Les
le milieu
crapauds.
Crapauds (Bul'onida).
Quatrième famille: Les Rainettes (Hylida).
10 FAMILLE
Les
svelte,
DES
GRENOUILLES
à peau ordinairement lisse
plus
ou
moins
peu verruqueuse et sans parotides,
moins visibles des deux côtés de la tête.
.glandes plus ou
postérieurs sont longs
développée.
dite
Verte,
(Ranida)
ou
Les membres
Grenouille
DITES
dites sont des animaux à corps
grenouilles proprement
c'est-à-dire sans
bien
PROPREMENT
et,
généralement
munis d'une
'
palmure
comptible (Rana esculenta)
Tête
triangulaire. Tympan (membrane, qui recouvre
apparent, de la grandeur de l'œil. Les pattes postérieures
le méat
sont
auditif)
munies de
fortes membranes natatoires.
Tout le monde connaît cette
grenouille
dont les cuisses sont
un
mets
fort
recherché par les gourmets. Elle est par dessus d'un vert plus ou moins vif,
parsemée de taches brunes ou noires de formes et de nuances différentes. L�
jaunes longitudinales parcourent le dos. Le dessous
quelques taches ou marbrures de couleur grisâtre oubrunà­
tre. Sa longueur est de 7 à 12 centimètres.
Elle habite toute l'Europe, une partie de l'Asie et de l'Afrique, et se trouve
presque toujours en grande compagnie. Ce sont les mares herbues qu'elle
recherche de préférence, quoiqu'on la rencontre aussi souvent sur les
bords des ruisseaux, des rivières, etc. Le soir elle fait entendre son coasse­
ment varié,
qui, s'élevant à travers les roseaux, égaie ou agace le promeplus
souvent
est blanc
trois raies
avec
.
neur
solitaire.
Le mâle est muni de deux vessies
vocales, qui pendant
tent des deux côtés de la tête. La femelle
entendre
Elle
se
les, J'ai
qu'un grognement
dépourvue de
le coassement
ses
vessies
ne
sor­
fait
sourd.
nourrit d'insectes, de vers, de limaces.et même de jeunes grenouil­
des grenouilles vertes dévorer leur propre progéniture.
vu
l��-
-
On accuse cette espèce de manger les petits poissons, mais c'est à tort,
je l'ai démontré dans les pages précédentes.
comme
Sa chair délicate et succulente est cause qu'on lui fait la chasse partout
a des
gou.rmets. Mais on a tort de la torturer pour se procurer les.
où il y
les
parties
de son corps, les cuisses par exern ple. Dans
leur coupe avec des ciseaux l'échine au-dessus du bas,
soucier de leur convulsions, on jette le restant de leur corps
plus
savoureuses
certaines contrées
sin et
sans se
encore
palpitant
on
à l'endroit où onles
a
prises.
Les pauvres bêtes ainsi mutilées vivent quelquefois plusieurs jours dans
cet état de souffrance avant 'que la mort ou quelque animal compatissant
(loutre, héron, cigogne, etc.),
.
.
.
dans
sa
gloutonnerie,
ne
viennent mettre fin
,
à ce
martyre.
Dans d'autres régions
on
est encore
plus
cruel. On
prend tes' deux pattes
postérieures de la grenouille, chacune avec une main, on les écarte et l'on
imprime au corps de la victime un mouvement de rotation dont J'axe se
trouve dans les
pattes de derrière, puis
on
écarte violemment les
mains,
pour arracher les cuisses; cela fait on jette le corps où la vie n'est pas en­
core éteinte. La petite bête souffre autant
que l'homme ou tout autre animal
à
qui
on
ferait supporter la mèrne
opération,
et la loi
Grammont, d'ailleurs
peu connue et peu appliquée, reste impuissante devant
la grenouille n'étant pas un animal domestique.
Grenouille R01.ISSe
Celle-ci foct commune dans le Nord
disparaît même complétement
où elle
.
une
pareille cruauté,
(Rana temporaria)
est
,
plus rare dans les plaines
apparaitrè de nouveau
pour
endroits montagneux et frais.
Sa couleur est très variable, et il est. difficile d'en
d'une coloration semblable. Cette couleut est
trouver une
du Midi
dans les
douzaine
dessus brune, fauve, brique,
jaunâtre, roussâtre, roux, enfin très variée. Le dessus 'est blanc chez le
mâle, tacheté de brun ou de fauve chez la femelle, chez laquelle le fond est
quelquefois lavé de rose.
Sa longueur varie de 7-11 centimètres.
On trouve (sauf à l'époque des amours; où elle recherche l'eau) cette espèce
en
dans lesb
ois, dansles prairies, etc., et elle se rend très utile en détruisant une
grande quantité d'insectes, de vers, etc., nuisibles à l'agriculture.
Son cri est un grognement, qui pourrait être rendu par un
courrre
«
plus
ou
H
moins sourd.
Sa chair est comestible comme. cene de
Disçlocosse
En
Peint
l'espèce précédente.
{Discoglossus rictus)
Europe cette belle grenouille ne se trouve qu'en Corse, en Sardaigne, en
en Espagne; mais elle est très abondante en
Algérie, principalement
dans les environs d'Alger, où elle est excessivement commune. Sa longueur
Sicile 'et
est de 7-9 centimètres.
13-
-
Sa coloration est très peu constante, généralement elle est sur le dessus
brun plus ou moins foncé avec des. raies longitudinales d'un jaune
d'un
fauve
ou
brunâtre,
blanc pur
ou
marbrée de taches
ou
irr-égulières.
Le dessous .est d'un
'
Jaunâtre.
Pelodqte
Ponctué
(Pe}odyt,es 'punctatus)
Cette jolie peti te grenouille habite la France quelques con t rées de l'Espagne.
Mais la France est le pays où on l'a découverte et décrite pour la première
fois, et on peut la regarder comme une espèce presque essentiellement fran­
çaise.
On la trouve
où elle
se
sur
les bords des mares, des fossés, des ruisseaux, des étangs
en faisant entendre le soir son « quèrre-quèrre »
cache dans l'herbe
petit cri, qui n'a rien de désagréable comme celui des rainettes ou des
grenouilles vertes. Elle a la faculté comme la rainette de grimper sur des
plantes qui bordent les eaux, pour se chauffer au soleil.
Elle ne mesure que 3-5 centimètres. Le dessus est d'un gris ou d'tin vert
brunâtre ou d'un brun verdâtre, parsemé de petites taches vertes plus ou
m'oins foncées. Le dessus est blanc opalescent, quelques fois tirant sur le
rose. La peau est.couverte de petites verrucules.
un
2°
FAMILLE:
PELOBATES
DES
(Pelobatida)
amphibiens appartenant à cette famille est moins svelte que
grenouilles proprement dites et moins trapu que celui des crapauds.
Cependant les caractères extérieurs se rapprochent plutôt de ceux des
crapauds que de ceux des grenouilles.
La peau, quoique verruqueuse, l'est moins que chez les crapauds. Les
parotides sont plus ou moins distinctes. Les membres postérieurs sont plus
longs que ceux des crapauds, mais plus robustes et moins longs que ceux
des grenouilles proprement dites, car ils ne sont. guère plus longs que les
Le corps des
celui des
.
antérieurs.
Crapaud
Accoucheur
(Alytes obstetricans)
Le corps de cet anoure est trapu, Tes membres sont courts. La peau est
verruqueuse. Le tympan et les parotides distincts. Les orteils sont munis
d'une
palmure
courte.
Les
doigts
sont
libres.
Cette espèce, une des plus intéressantes de tous les amphibiens, a son
centre de distribution géographique en France, d'où elle s'étend en Suisse,
dans l'Italie du Nord et l'Allemagne de l'Ouest, ainsi que dans la partie sep­
tentrionale de la
péninsule ibérique.
Sa taille est de 4-6 centimètres.
Sa coloration variable est
quefois
quelles
se
bleuâtre
en
général
d'un
gris roussâtre, brunâtre, quel­
le dessus, couverte de taches brunes, entre les­
trouvent parsemés de petits points rougeâtres. Le dessous est
même
sur
b1anc, quelquefois tacheté de noir.
C'est
un
animal
essentiellemen(nocture,
et on le rencontre fort rarement
pendant
Il
se
le
cache
jour, après des pluies abondantes ou à l'époque de ses amours.
pendant le jour sous des pierres, dans des crevasses de rochers,
de murs, dans des vieux trones d'arbre, etc., 'et ne sort que la nuit. Il se
creuse aussi des petits terriers avec une grande dextérité et
peut s'enterrer
à
une
cet
relativement considérable. Mais
profondeur
animal sort de
aux
limaces et
rendant
la
nuit, quand
cachette pour faire la chasse aux insectes, aux vers,
différentes larves, on l'entend bien loin, grâce à son
sa
aux
timbre d'e voix
argentin, qu'il fait sonner dans les belles nuits de printemps
avertir
sa
pour
,compagne qu'il est prêt pour l'amour. Ce chant qui.pour-moi
du moins, a comme celui du Crapaud Sonneur quelque chose de suave, et que
je me plais bien souvent à écouter mes captifs pendant que je travaille dans
la nuit; ce chant qu'on peut rendre par un pinque répété à des intervalles
réguliers, peut être comparé au son que rend un verre de cristal en le frap­
pant
d'un timbre
en os ou en
ivoir-e ; il
est assez
fort et peut être entendu à
une distance
assez grande.
Crapaud Accoucheur doit son nom à la. manière étrange dont il
multiplie. Ce qui lui a valu l'intérêt de tous les grands naturalistes qui
Le
sont
se
se
occupés de lui.
Tandis que toutes les grenouilles, rainettes 'et les crapauds de l'Europe,
après avoir pondu, abandonnent leurs œufs aux intempéries de l'air, aux
dangers et aux hasards de l'éclosion, ne se souciant pas de leur progéni­
ture, le mâle du Crapaud Accoucheur fait une exception digne de louange.
Au
printemps, lorsque les nuits sont belles, le Crapaud Accoucheur mâle,
sa voix
Iangourouse et plaintive, pousse son cri d'amour et
va à la recherche de celle
qui doit le rendre père. A-t-il trouvé une compa­
de
il
gne digne
lui, s'accouple avec elle, il enroule autour de ses jarrets les
d'œufs
sortis du corps de sa femelle, puis il emporte ce fruit de
chapelets
leur union sous une pierre ou dans un terrier qu'il a creusé lui-même, et là,
solitaire pendant un mois environ, se privant du boir-e et du manger, il
garde son précieux fardeau.
Quand l'époque de l'éclosion est venue, il sort de son trou, va à l'eau; et
des œufs qui d'abord étaient d'un blanc jaunâtre, devenus ensuite d'un gris
brunâtre, on voit sortir les tétards presque instantanément; après quoi le
père se retirepour ne plus songer à sa progéniture sur laq ueUe il a conscien­
cieusement veillé jusqu'au moment dé l'éclosion.
N'est-ce pas une sollicitude toute paternelle, déjà assez grande, que de
jeûner et de rester immobile pendant un mois par amour pour ses enfants?
On trouverait difficilement un exemple analogue dans le genre humain.
Le Pelobute Brun (Pelobates fuscus) et le Pelobate Cultripède (Pelohates cul­
tripes) sont des batraciens de 5 à 8 centimètres de longueur, ayant un
faisant entendre
.
corps fort
trapu Ils
..
se
ressemblent
beaucoup 'par leur coloration, mais ils
distinguent aisément par la couleur de leurs éperons, c'est-à-dire de deux
lames cornées qu'ils possèdent à leurs talons. Chez le premier l'éperon est
brun ou d'un blanc jaunâtre, chez le second absolument noir.
Le dessus est d'un gris brun plus ou moins clair, quelquefois verdâtre,
parsemé de taches d'un brun marron. Le' dessous est d'un blanc sale, quel­
quefois tacheté de gris ou de noir.
se
15-
-
Le Pelobate Brun habite le Nord et le Centre de Ia
France, l'Allemagne
pays de l'Autriche, tandis que le Pelobate Cultripède ne se
trouve que dans le Midi de la France, et seulement -dans le Nord de la Pé­
ninsule Ibérique.
et
quelques
Les deux
des
.
espèces habitent des endroits humides: à proximité des
étangs
mares
ou
.
leurs œufs. Ce sont des animaux essentielle­
où ils vont
déposer
ment nocturnes, qui fuient le jour pour ne sortir qu'à la nuit tombante. Leur
chant rappelle fort le glapissement de la poule, Pendant le jour lis dormen t
sous des pierres ou dans la terre, où ils
pénètrent avec beaucoup d'adresse.
Leurs éperons leur servent à s'enfuir dans un laps de temps fort court. Ils
commencent par gratter le sol de leU1'8 talons munis de lames cornées (épe­
rons), en tournant sur eux-même en spirales ils descendent ainsi jusqu'à
leur complète disparition de la surface du sol; la terre fralchement remuée
les
immédiatement et tombant de son propre poids, il est alors
de trouver l'endroit où ils dorment. C'est Je soir seulement qu'ils
recouvre
impossible
relèvent de leur tète
aux
insectes
et
aux
plate la terre qui
Sonneur
Crapaud
Ce
batracien
petit
les cache et sortent pour faire la chasse
différents animaux inférieurs.
a
(Bombinator bombinus)
le corps trapu,
sa
peau est très verruqueuse,
ses
membres sont' ramassés.
Le dessus du corps est d'un brun grisâtre ou .oliv àtre. Les doigts et les
sont couverts de petites taches irrégulières et de bandelettes trans­
orteils
versales noires. Le dessous est d'un beau
pur ou bleuâtre.
La longueur des individus de cette
et
jaune
espèce
ne
très
vif,
dépasse
marbré d'un noir
pas 4 centimètres
demi.
Cette espèce habite
jusque dans les
Suède
grande partie de l'Europe, depuis le Midi
Pyréné-es, et depuis l'Océan Atlantique jusquà
une
de la
la Si­
lésie Autrichienne.
Le
Crapaud
stagnantes.
plus
Sonneur vit dans les fossés
Il
préfère
facilement
l'eau bourbeuse
ou
dans les
mares
avec'
'laquelle
sa
et autres
couleur
claires. Son chant est pour
celui qui a fe plus de charme.
limpides
aux eaux
celui du
crapaud accoucheur,
Étant nocturne et crépusculaire
qui ressemble ou son d'une petite
et
on
entend
son «
pounque »),
cloche
«
on a un
concert de voix
.
dirait _un
petit
Les
Crapauds,
lourds. Ils
les rainettes.
moi, après
pounque »,
ou
pen­
la hauteur
variées,
on
carillon.
36 FAMILLE. CRAPAUDS
et
eaux
confond
la nuit
éloignée pendant
printemps et de l'été. Comme
dant les soirées calmes et belles du
du son varie d'après l'âge du chanteur,
se
ne
PROPREMENT
DlTS
(Bufonida)
que tout le monde connaît, sont des animaux gros,
peuvent pas sauter
comme
les-
grenouilles, grimper
trapus
comme
16-
-
Ils ont la démarche lente; leurs sauts sont lourds et de courte distance.
est très verruqueuse. Lès parotides sont grandes, fortement
Leur peau
développées
saillantes. Les membres sont gros
est très
La France nourrit trois
Crapaud
espèces de erapauds
Variable et le Crapaud Calamite.
Crapaud
Commun
Le dessus est d'un brun
claires de forme
Longueur:
plus
irrégulière.
eu
:
le
et courts.
le
Crapaud Commun,
(Bufo vulgaris)
moins foncé
ou
grisàtre,
avec
des taches
.
7 à 16 centimètres.
Il habite toute
l'Europe, le
Nord de
l'Afrique
Variable
(Bufo vaeiabilis)
et
une
partie
de l'Asie
jus­
qu'au Japon.
Crapau�
De coloration fort
variable, ordinairement Je dessus est d'un blanc sale
couvert de taches d'un vert foncé et de petits points
rougeâtres. Le. dessous est blanc, quelquefois moucheté d'un gris noirâtre.
ou
d'un
gris brunâtre,
Longueur:
7 à 13 centimètres.
Cette espèce habite aussi toute l'Europe, tout le littoral méditerranéen
de l'Afrique, ainsi que l'Ouest de l'Asie.
Crapaud
Par
et
sa
Calamite
coloration fort ressemblant
(Bufo calamita)
précédent, mais le fond plus foncé
points rouges plus nombreux. Le plus sou­
une Iigne médiane d'un jaune soufré.
au
les taches moins vives. Les
vent
sur
le dos
.
,5 à 8 centimètres.
Longueur:
Il habite toute
l'Europe depuis la Péninsule scandinave jusqu'à la Pénin­
Ibérique,
depuis l'Océan Atlantique jusqu'à la Russie (celle-ci com­
prise), manquant par place et ne dépassant pas la Méditerranée.
Comme j'ai dit dans I'introduction de ce travail, les crapauds sont des
animaux nocturnes, qui se cachent le jour dans les crevasse des murs, dans
des carrières, dans des caves, sous des pierres, etc., ne sortant que le soir,
sule
et
où ils font
une
chasse acharnée
aux
insectes,
aux
limaces,
aux
vers, etc.
Ils sont d'une utilité incontestable 'et font
l'objet d'un commerce spécial.
On les exporte dans toutes les parties du globe pour peupler les jardins où
ils détruisent les animaux invertébrés nuisibles à l'agriculture.
Crapaud
D'un
gris
ou
d'un brun
PantMt',in
(Bufo pantherina)
fauve, parsemé de taches
brique foncé par dessus, blanc uniforme
Longueur: 12 à 13 centimètres.
Le
"crapaud
ou
Panthérin habite les endroits humides de
et de 'l'Ouest de l'Asie.
brunes couleur de
moucheté de noir
en
dessous.
l'Afri,que
du Nord
17-
....;.
chant, qui ressemble au rugissement lointain
crapauds que je tenais en captivité. empê­
chaient de dormir toute la maison car on entendait leur chant jusqu'au
troisième étage. Ils y tenaient le monde en éveil pendant des mois entiers.
Il laisse entendre le soir
son
d'un lion. Une trentaine de
ces
,.
4e FAMILLE. RAINETTES
(Hylida)
Les rainettes se distinguent parfaitement de toutes les autres espèces de
grenouilles par leur corps plus élancé, leurs membres postérieurs longs et
minces, par les doigts et les orteils dilatés à leur extrémité, qui, grâce à leur
sécrétion
même
leur permet de
visqueuse,
sur
membranes natatoires); ainsi
(il
est seul à la
boule
gl'irnper
(les
des surfaces absolument lisses
posséder)
plus grande
que
La Rainette est
les
arbres, les feuilles
et
orteils sont munis de fortes
par leur vessie
sort de la gorge sous le
vocale, qui chez le mâle
menton,
sous
forme d'une
que la tête.
Rainette Commune
frais
sur
connue
de
tout
le
(HyJa arborea).
monde" gràc"e
à
sa
robe d'un vert vif et
dessus. En hiver et avant la mue cette couleur verte se ternit et
devient olivâtre ou même brune, quelquefois tachetée. Elle est blanche en
dessous. Le mâle possède une vessie vocale qui, en se gonflant, est d'un
en
jaune brunâtre,
a
à l'état normal d'un brun
plus
ou
moins foncé. La femelle
la gorge blanche.
La
Rainette, dont la longueur varie entre 4 à 6 centimètres: habite
le Nord de l'Afrique et une partie. de l'Asie jusqu'au Japon.
toute
l'Europe,
Son chant est fort
.
qu'elle
et connu
de tous. Elle
à mêler à celle de
prodigue
sa
voix
pénétrante,
congénères pendant la bene saison.
C'est un animal très utile, plus utile même que tout autre batracien, car,
pouvant grimper et sauter' avec adrësse, il détruit non-seulement les insec­
tes qui habitent le dessus du sol, mais aussi ceux qui vivent sur les arbres;
elles les poursuit jusqu'aux cimes J'es plus élevées. Loin d'être craintive, sa-.
chant
se
plait
ses
n'est pas facile de la découvrir quand elle est assise sur une
se confond avec la sienne, elle ne cherche pas à; fuir
à l'approche de l'homme comme ses
congénères. Elle se blottit au contraire,
qu'il
feuille dont la couleur
reste
immobile
effrayée,
tion
vers
on ne
et
parvient
ainsi à
échapper Jacilement
à la vue.
elle saute dans l'eau où elle se cache en nageant avec
le fond, ou bien se blottit dans les herbes du bord, parmi
peut la distinguer grâce à
sa
précipita­
lesquelles
couleur.
II. ORDRE Urodèles
Les Urodèles que
Est-eUe
(Urodela).
j'ai déjà décrits, présentent au premier abord une
qui rappelle celle des lézards. Les urodèles no-mm-és vulgaire­
ment Blandes. sont des animaux à quatre, rarement à deux pattes, munis
d'une queue arrondie ou comprimée, à peau absolument nue, tantôt verru­
queuse, tantôt lisse, mais presque toujours plus on moir s visryueusc.
conformation
«
18
-
-
Comme les Anoures, les Urodèles _hahitent les endroits humides, les fo­
ou l'eau, dans Iaquelte elles sont obligées de se retirer pour s'accon
rêts
....
pler, pondre
leurs œufs
ou
mettre bas. Dans
ce
cas,
quelques-uns préfèrent
les mares, les fossés, tandis q<lle d'autres recherchent les ruisseaux et les
sources fratches.
Sauf
quelques exceptions,
que
fère
étudié,
il y
a
chez les Urodèles
dans l'ordre
cependant dif­
comme
dont la marche
métamorphose
œufs sont déposés un à un sur ou
auxquelles ils se fixent au moyen
d'où
les.
et
enveloppe agglutinante'
petits naissant sont confiés à
nous avons
une
peu de celle des Anoures, Leurs
entre des feuilles de plantes aquatiques,
un
de leur
quelque
eau
semble dans
-
ou stagnante. Le tétard
qui sort de l'œuf ou naît res­
forme générale à l'animal adulte plus que ceux des Anou­
courante
sa
; mais il est
dépourvu de tous membres. Son corps est plus allongé; les
plus développées restent plus longtemps visibles. Ces branchies
externes s'atrophient chez la plupart, mais dans quelques rares exceptions
elles persistent pendant toute leur vie, de sorte que l'animal, même adulte,
continue, dans 'ces cas, à respirer par des branchies. Mais' la plus grande
partie, ainsi que les Anoures, perdent en grandissant ces organes et finis­
sent par acquérir une respiration pulmonaire.
Chez les larves desUrodèles, tes membres apparaissent dans un ordre
contraire à celui des larves, des Anoures. Ici ce sont les pattes de devant qui
percent d'abord la peau, et ce n'est que plus tard que les postérieurs appa­
res
.
branchies
raissent;
animal
les branchies externes tombées, la lar-ve, en .se transformant en
l'eau pour n'y retourner qu'à l'époque de ses amours.
parfait, quitte
Néanmoins il y
l'animal adulte
a
de nombreuses
exceptions où
durant toute
existence
son
conséquent n'abandonne jamais
branchies,
garde
aquatique. Les larves ne débutent pas, 'comme celle des Anoures, par'
une nourriture végétale; elles sont carnivores dès l'heure même de leur
naissance. Chassant dans les premiers jours des infusoires, des crustacés
et des vers microscopiques, elles finissant par s'attaquer même à leurs sem­
blables et leur rongent la queue et les ramifieations branchiales, ce qui
sa
et par
ses
vie
.
entralne fatalement la mort de ceux-ci.
Les Urodèles, très agiles dans l'eau, sont d'une locomotion lente une fois
sur terre, Ils changent en quittant reau ; ils se transforment pour ainsi
dire. Leurs couleurs se ternissent, les membranes natatoires disparaissent,
la queue comprimée auparavant s'arrondit} le corps devient plus verruqueux.'
région se divisent en 3 familles;
(Salamandrida) ;
Plethodontes (Pletlwdontida) ;
Protées (Proteida).
Les Urodèles de notre
10 Salamandres etTritons
20
.
30
1re FAMILLE. SALAMANDRES
Les animaux de cette
famille, .bien
ET
TRITONS
connus sous
(Salamandl'ida).
le
nom
collectif de Sala­
redoutés par des gens ignorants.
Leur corps est verruqueux chez les uns, lisse chez les autres; la peau est
presque toujours visqueuse et humide. Pendant la belle saison, la plupart
mandres, Tritons, Blandes, etc.,
sont à tort
-19de
ces
animaux
séjournent dans l'eau,
où
ils
plongent
avec
infiniment
d'adresse. Ce n'est que pour respirer qu'ils sont obligés de remonter à la
surface. Ils rejettent alors avec un petit murmure guttural quelques bulles
d'air
et font une nouvelle
épuisé,
Salamandre Terrestre
Cette salamandre, bien
connue
de
déjà
des
anciens,
est
d'une taille de 20 à 25
sort que le soir, ou après des
trouve dans toute l'Europe et dans une
ne
pluies
partie
que les pays deviennent plus chauds" elle ne se
guère que
plateaux élevés et dans les montagnes.
Le corps est d'un beau noir luisant, couvert de taches irrégulières, d'un
l'Algérie;
mais à
se
respirable.
(Salamandra màculosa).
centimètres. Elle habite les forêts et
abondantes 'et tièdes. Elle
d'air
provision
trouve
beau
mesure
sur
jaune
doré
ou
des
orangé. Les parotides,
très
saillantes,
sont
pour la
plu­
part d'un jaune vif.
Cet animal utile et inoffensif est redouté de tous, les hommes
Les
uns
lui attribuent la faculté
de faire avorter les
vaches,
et
ignorants.
d'empoisonner l'eau, le vin, etc., les autres
même (les plus stupides) d'ensorceler les
hommes par son regard.
Cette espèce ne va à l'eau
qu'à J'époque de son accouplement et son accon­
chement, qui s'accomplissent dans des ruisseaux frais et dont le coura nt est
assez
rapide.
La salamandre ne pond pas d"œufs, mais elle met bas des petits à l'état
larvaire, avec leurs branchies externes. Les jeunes salamandres mènent
une
vie cachée
et sont
difficiles à trouver.
Leur nourriture favorite à l'état
terres)
et de
parfait
se
compose de lombrics
(vers
de
limaces.
Salamandre Noire des Ac lpes
(Salamandra atra)
Cette salamandre, qui n'habite que les montagnes d'une certaine altitude,
trouve, dans le Midi, que dans les Alpes de la Savoie et du Piémont.
En Suisse eHe est très commune à une hauteur de 1000 à 2500!mètres" et
elle ne descend que rarement au-dessous de 1000 mètres. On la trouve' en­
ne se
core en
Antrlche. Elle
mesure
12 centimètres
.
environ,
et elle est d'un beau
noir fort
luisant, comme vernie.
reproduction de cette espèce est fort remarquable, comme exception à
la règle générale.·
Elle ne pond pas d'œufs comme les anoures ou comme les tritons, eHe
ne met pas bas des
jeunes à l'état larvaire sous forme de' tétard comme J'es­
pèce précédente, mais ses petits naissent à l'état parfait tout-à-fait sembla­
bles à' leurs parents,
respirant comme eux par des poumons, et 'possèdent
déjà 4 pattes bien développées.
La
'
20-
-
Salamandre à
CeW:�
à la faune italienne et se trouve
jolie espèce appaetient
nombre
Le
Lune�tes (Sah1mal�drina perspicillata)
aux
alentours de Gênes. Elle
d,es�lls du corps est
triangle isocèle
d'un noir l'nat.
forme de
en
grand
que 8 à 9 centimètres.
Sur la tète se trouve un dessin
ne mesure
en
d'un blanc brunâtre,
jaune
où l'on peut trouver avec un peu de bonne volonté une certaine ressem­
blance avec des lunettes ou avec un pince-nez. Le dessous est d'un beau
de couleur
rosâtre
ou
blanc nuage de taches noires.
Le dessous des quatre membres et de la queue est d'un splendide vermil­
lon vif. Comme tous les amphibiens, elle est absolument inoffensive, quoique
.
Italie
en
ait la mauvaise
eH�
du
Chioglosse
Cet urodèle est
un
des
Portuqal (Chioglossa Iusitanica)
plus beau
1� à 15 centimètres. Sur
bronzées à reflet
sant à
réputation d'empoisonner l'eau.
métallique
l'origine de la queue,
Le reste du corps est noir.
·queue est très
Sa peau est
longue,
nue
est
de tout
bell� espèce
Ibérique.
Il
mesure
Tout,
l'animal, qui
'est très élancé et dont la
d'un noir luisant.
,
.et "lisse, fortement
Cette
l'ordre des amphibiens.
fond noir, deux bandes brunes cuivrées ou
parcourent parallèlement le corps en se réunis­
un
ne se
trouve
Pleurodèle
Cet étrange animal,
Espagne, où il est très
visqueuse.
Les .yeux sont très saillants
que dans certaines
parties
de la Péninsule
(Pleurodeles Waltlii)
qui mesure 19 à 25 centimètres, est très commun en
l'épandu dans les en virons de Madrid,' et il se trou ve
aussi dans le Maroc.
Sa tête est
berc.iles
sur
plate et large. Son corps cy lindrique avec deux
les deux côtés. Il est d'un brun olivâtre ou d'un
Le dessous est
et
plus
ou
plus clair. Tout
irrégulières.
gris
tu­
brunâtre.
te corps est parsemé de taches nou-es,
petites
moins
Triton à Crête
.
rangées de
(Triton cristatus)
Avec cette espèce j'aborde un groupe d'animaux de la classe des amphibiens dont le genre de vie est presque le même. Pendant une grande partie
de la belle saison ils vivent dans l'eau, qu'ils ne quittent qu'à l'approche des
chaleurs, après quoi ils s'abritent
sous
des
pierres, dans les creux des ar­
l'époque de l'accouplement et
n'en sortir qu'au printemps à
, pour
bres,
de la ponte, qui se fait dans l'eau.
etc
..
Il est inutile
Salamandres;
teur.
'ces:
que les Tritons ne sont pas plus à craindre que les
doit même les protéger comme auxiliaires de l'Agricul­
d'ajouter
on
N'habitant que les mares, les fossés,
mêmes de taille
un
peu forte,
ne
quelques petits étangs, les espè­
peuvent pas nuire aux poissons.
Le mâle se distingue � l'époque des amours par' une crète membraneuse
qui s'élève sur son dos à une certaine hauteur, commençant par la tête et se
terminant à la queue.
Pendant leur séjour dans l'eau les deux sexes, possèdent des membranes
natatoires fort développées, mais qui disparaissent dès que l'animal a quitté
.
l'eau.'
La
longueur du triton à crête est de 12-16 centimètres.
dessus, est d'un brun olivâtre ou .d'un -gris brunâtre
Le
breuses tâches noires. Sur les flancs
lants de
un
couleur. blanche. Le dessous
grand
couvert
de
nom­
petits points sail­
jaune orangé, marbré
nombre de
est d'un beau
grandes taches noires.
A l'époque des amours une bande argentée parcourt les cotés de la queue
du mâle. A cette époque le dos du mâle est surmonté d'une crête bien déve­
Joppée, interrompue en dessus des, membres postérieurs et fortement fesde
.
tonnée.
.
Ce
triton, qui se trouve dans toute l'Europe, sauf dans quelques endroits.
du Midi, est très abondant dans. le Nord de la France ainsi que l'Europe
tempérée.
Tr'Ïton Suisse
(Triton �el'veticus)
Cs triton fort
commun en France d'où il s'étend dans la Suisse, dans la
ainsi que dans quelques pays de t'Allemagne ne mesure guère
que 8-9 centimètres. Il est d'un brun ou d'un jaune fauve, quelquefois ver­
dâtre, couvert de taches et de raies de couleur plus foncée. Le dessous est
d'un jaune mat, le plus souvent sans taches, ni points. Au printemps, comme
Belgique,
chez tous les
se
prolonge
-
quée chez
le
tritons,
le
mâle porte
une
crête non dentelée et peu
la queue sans
interruption. Le bout de la
mâle' possède un filament de plusieurs
sur
élevée, qui
queue comme tron­
millimètres de lon­
gueur.
Triton Ponctué
Ce
petit
Europe
.
triton
qui
(Triton punctatus]
que 6-8 centimètres est le plus commun en
dans' beaucoup d'endroits, quoique
Les mâles sont d'un brun olivâtre parsemé de taches
ne mesure
et se trouve en
grande quantité
manquant par place.
rondes de couleur noire, les femelles d'un brun fauve plus ou moins clair
parcouru de. lignes plus foncées et sinueuses. Le dessous est d'un blanc jau­
nâtre
avec
une
'Orangée. La
longe
sans
bande
crète du
longitudinale
interruption jusqu'à
le milieu du ventre de coulenr
à la nuque, est dentelée et
se pro­
l'extrémité de la queue.
Triton des A
Un des
sur
mâle, commençant
tpes
(Triton alpestris)
plus jolis tritons, mesurant 7-10 centimètres. Il est plus trapu que
gris. ardoisé ou d'un brun 'Olivâtre quelquefoispresque
noir en dessus, couvert de taches obscures de forme assez régulière. Le
dessous est d'un jaune safrané chez la femelle, orangé chez le mâle.-
tous les autres, d'un
�'22
La; crête du' mâle d'une hantes"
de jaune et de noir. Elle n'est pas
la queue.
-
moyenne
est tachetée
festonnée, passant
sans
régulièrement
interruption
sur
Pyrénées (Triton pyrenœus)
Triton des
Longueur: 7,5-10,5 centimètres.
Ge triton n'habite que les Pyrénées, où il se trouve par exemple dans le
Lac d'Oncet en grande abondance. Le dessus est d'un brun grisâ.tpe ou
noirâtre, le plus souvent parcouru de taches oblongues. Le dessous est. d'un
gris roussâtre ou d'un jaune rougeâtre. Au lieu d'une crête un sillon median
le long du' dos.
'
Triton de Blasius
(Triton Blasii)
Ge
la
triton, découvert en 1858 par de l'Isle de Drenoef, habite le Nord de.
France, où il est, parait-il, fort rare. C'est le plus grand triton de l'Eu­
rope, car il mesure 15 à 18 centimètres.
Le dessus est d'un brun verdâtre ou d'un vert
pomme, parcouru de
grandes taches noires longitudinales. Le dessous est d'un jaune orangé.
Les doigts et les orteils sont annelés de noir et de Jaune. La crête du mâle
très-haute commence. entre les yeux et ne finit qu'avec la queue, sans être
interrompue. Elle est festonnée tout le long de son parcours.
Triton Marhre
Le
plus élégant
sans
(Triton marmoratus)
doute de toute la famille. Le dessus de
ce
bel
animal;
qui mesure de 12 à 14 centimètres, est d'un brun grisâtre ou verdâtre,
marbré' 'de grandes taches d'un beau vert, ou sur un fond vert, marbré de
taches noires. Le dessous est d'un noir grisâtre ou d'un brun vineux. Tout
le corps est
contours
parsemé de petits points blancs saillants. La
onduleux, mais
non
de la queue, mais n'est pas
Cet animal n'est ni
qui participe
une
(Pletho.dontida).
(uscus)
vraie
des deux
de 7 à U
dessus,
'Le dessous
avec
des
est
centimètres,
lignes
gris
d'un
aux
l'origine
GEOTRITON BRUN
un
(Geotriton
vrai triton. C'est
un
le corps d'un triton, et
temps.
à l'époque de ses amours, le rapproche
même
genre de vie terrestre, excepté
des salamandres.
mesure
crète du mâle
peu au-dessus de
salamandre, ni
en
·80n
Il
un
interrompue.
2° FAMLLLE. PLETHODONTES
animal
'dételée, s'abaisse
Il
a
et est d'un brun cuivré
ou
jaunâtre
en
et des taches confluentes et mal distinctes noires.
brunâtre ou noirâtre, parsemé de taehes claires.
Cette espèce habite le orieux des arbres; elle vit aussi sous des racines,
des pierres, dans des cav-ernes, etc., et se nourrit de petits insectes
sous
comme ses
Sardaigne.
congénères. On
ne
t'a trouvé,
jusqu'à
ce
jour, qu'en
Italie et
en
-
23\
\
plus intéressant. chez cet animal, c'est sa langue qu'il peut
qu'il y
à
projeter plusieurs centimètres, afin de s'emparer d'une mouche ou d'un
Ce
insecte
de
a
quelconque.
3e
FAMIL�E.
PROTÉES
(Proteida).
PROTÉE
(�)roteus. anguinus)
Le seul représentant de cette famille intéressante habite les eaux sou­
terrcines de la Carniole en Autriche, qui le rejettent de temps en temps.
animal adulte
anguilliforme,
mesure
à tête
verts d'une membrane
aveugle.
De
chaque
de 20 à 30 centimètres de' longueur, et
allongée,
et
des yeux qui
a un
corps
sont recou­
tête, il y
a
est donc presque
trois faisceaux de branchies
belle couleur de sang, qui persistent toute la
raison, l'animal mène, toute la durée de sa vie, un genre'
de vie aquatique, respirant par des branchies. D'ailleurs, on ne peut pas
encore affirmer si nous ne nous trouvons
pas en présence d'une larve dont
l'animal parfait est inconnu jusqu'à nos jours, qui habite les cavernes ténébreuses et inaccessibles de la Carniole, et qui, comme l'Axolotl, est douée
de la faculté de se reproduire en état larvaire.
Le, corps allongé possède quatre membres courts et grêles très-éloignés
les uns des autres, dont les antérieurs ont trois doigts, les
postérieurs deux
orteils. La queue est comprimée. La coloration de cet animal mystérieux
est d'une couleur tendre de
chair; mais au contact avec la lumière elle se
brunit, et devient plus tard d'un gris viola,cé ou même ardoisé.
vie. Par cette
.
aplati,
transparente. Cet étrange animal
côté de la
externes ramifiées et d'une
.
museau
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