Soyez toujours prêts à rendre compte de l`espérance qui est en vous

1.1 Soyez toujours prêts à rendre compte de l'espérance qui est en vous"
(1 P 3,15)
Mesdames et Messieurs, sœurs et frères dans le Christ
Le sujet qui nous a été proposé se base sur un passage de la 1re épître de saint Pierre (3,15).
Commençons par rappeler ici son contexte :
« Et qui vous ferait du mal, si vous devenez zélés pour le bien ? Heureux d’ailleurs quand vous
souffririez pour la justice. N’ayez d’eux aucune crainte et ne soyez pas troublés. Au contraire, traitez
saintement dans vos cœurs le Seigneur Christ, toujours prêts à la défense contre quiconque vous
demande raison de l’espérance qui est en vous. Mas que ce soit avec douceur et respect, en
possession d’une bonne conscience, afin que, sur le point même l’on vous calomnie, soient
confondus ceux qui décrient votre bonne conduite dans le Christ. Car mieux vaudrait souffrir en
faisant le bien, si telle était la volonté de Dieu, qu’en faisant du mal ».
Dans ce passage, on nous a demandé de centrer notre attention sur cette phrase du verset 15 :
« [soyez] toujours prêts à la défense contre quiconque vous demande raison de l’espérance qui est
en vous ».
Notre présentation se veut adressée aux animateurs du CPM, en les rappelant leur rôle fondamental
dans la formation des jeunes couples à travers leur témoignage. Témoignage donné par la parole
mais aussi par la vie, en montrant non seulement ce qu’ils pensent mais aussi ce qu’ils font.
Témoignage basé sur une conscience claire de la pensée de l’Église et vécu en cohérence de vie.
Témoignage vécu à deux, en famille, mais aussi en petite communauté de vie avec d’autres couples
de l’équipe, pour qu’il soit plus riche et plus vrai parce que basé sur une préparation soignée, avec
amour mais aussi avec exigence, car nous savons que, de cette façon, le témoignage sera plus
perceptible et plus efficace.
INTRODUCTION
Pour la préparation de cette conférence, nous sommes partis de notre vécu en couple, Ana et Vasco,
et dans le sacerdoce, Cónego Janela, un couple et un prêtre partageant, au cours de ces dernières 30
années, une expérience de vie qui a débuté précisément avec une expérience de CPM en 1980.
Cette expérience de CPM s’est reproduite quelques fois avec le même groupe de couples animateurs.
À un certain moment, nous nous sommes rendus compte du besoin d’approfondir ce que nous
avions vécu ensemble et nous avons déci de rejoindre les Équipe Notre-Dame, mouvement
ecclésial fondé par celui qui serait aussi le fondateur des CPM, le Père Henri Caffarel
1
.
1
Henri Cafarel (1903-1996), que le cardinal Lustiger a déclaré « un prophète du XXe siècle », s’est senti dès sa jeunesse saisi
par Dieu et a dit « oui » à l’appel divin. Sa vie a pris son orientation en mars 1923, lorsqu’il a rencontré le Christ : il deviendrait
prêtre pour mener les hommes et les femmes de son temps à faire l’expérience de Dieu comme il l’a faite. Ordon prêtre en
1930, il a exercé son ministère auprès des jeunes de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne et ensuite des couples (1935), pour
lesquels et avec lesquels il a fondé la revue de spiritualité conjugale et familiale L’Anneau d’Or (1945) et les Équipes Notre-
Dame (1947). Depuis 1944 il a accompagné des jeunes couples en les préparant au mariage et a été le premier directeur des
Cours de Préparation au Mariage, qui se sont lancés comme service en 1956 avec Jean et Jacqueline Pillias et le Père
Alphonse d’Heilly, nommés par lui-même (cf. Jean Allemand, Henri Caffarel, un homme saisi par Dieu, Équipes Notre-Dame,
1997).
Il est approprié de rappeler que nous avons une racine commune : nous avons le même fondateur,
le Père Caffarel. « À l’époque de la constitution de la Commission de Direction des CPM, son premier
Directeur a éle Père Caffarel, qui déjà en 1944 s’occupait des couples de fiancés, en réalisant des
sessions il faisait des conférences. Mais avant ces conférences, il y avait toujours un échange de
points de vue basé sur les lettres que les jeunes couples devaient envoyer aux dirigeants de la
session avec leurs réactions et les questions […] suscitées par la conférence précédente ». Cette
préoccupation de la part du Père Caffarel aboutirait à la création des centres de préparation au
mariage (CPM).
En 1956, le Père Caffarel confie à Jean et Jacqueline Pillias la responsabilité de la préparation des
jeunes couples afin d’assurer l’unité des efforts
2
.
Eh bien, on peut se demander : qu’est-ce qu’un prêtre et un couple un couple qui s’est initié à
l’activité pastorale avec le CPM et vit un parcours parallèle aux Équipes Notre-Dame peuvent
apporter à cette conférence ? C’est bien la question que nous nous sommes posés dès le début.
Pour répondre à cette question, nous avons fouillé dans les textes du Père Caffarel pour nous
rappeler ce qu’il nous a laissé. Nous avons trouvé pas mal de textes, quelques-uns déjà publiés en
portugais, parmi lesquels un a particulièrement atti notre attention. Il s’agit de son testament
spirituel (présenté à Chantilly, France, en 1987, 14 ans après s’être volontairement éloigné de la
responsabilité du Mouvement des Équipes Notre-Dame). Nous avons trouvé aussi une énorme
source d’inspiration dans la revue L’Anneau d’Or, que le Père Caffarel a éditée en France de 1945 à
1967.
En relisant ces textes admirables de notre Fondateur commun, nous avons senti une admiration
énorme devant sa capacité de voir plus loin, devant son discernement et la clarté de son analyse, et
nous constatons qu’encore aujourd’hui nous nous reconnaissons entièrement dans ses paroles
prophétiques, qui sont d’une actualité impressionnante.
Notre tâche a donc été très facilitée, et aujourd’hui nous nous sentons ici presque comme émissaires
et porte-parole en vous apportant les paroles du Père Caffarel, qui résonnent dans ce que nous
avons vécu au service de l’Église, en plusieurs activités pastorales au niveau paroissial, diocésain et
national.
Ce que nous vous apportons, ce ne sont donc pas nos paroles mais notre vie, selon les paroles du
Père Caffarel. Que Dieu nous aide à vous la communiquer avec clarté.
Dans ces textes, le Père Caffarel nous présente la spiritualité conjugale, vécue et approfondie en de
petites communautés. Ce n’est pas exclusif à aucun mouvement, ni même valable uniquement pour
quelques Chrétiens. C’est une découverte vécue et approfondie en Église au cours de beaucoup
d’années et qui fait aujourd’hui partie du Patrimoine commun. La spiritualité conjugale peut être
vécue de plusieurs façons et selon plusieurs méthodes. Il faut donc bien la connaître afin de pouvoir
la vivre, l’approfondir et la témoigner.
De notre expérience, ce que nous pourrions peut-être suggérer c’est que l’approfondissement de la
spiritualité conjugale soit envisagé aux CPM de façon à ce qu’on puisse évaluer mieux l’avantage de
En 1960, nommé consulteur au Concile Vatican II, il a rédigé à l’intention de la Commission pour l’Apostolat des Laïcs, plusieurs
communications sur le mariage chrétien et la mission apostolique du couple et de la famille.
En 1965, il a fondé la maison de prière de Troussures, au nord de Paris, où, pendant 30 ans, il a animé des semaines de prière
ouvertes à tous et qui ont constitué des opportunités de formation à la prière et à la méditation.
Décédé en 1996, l’ouverture de son procès de canonisation a été officiellement annoncée à Lourdes en 2006.
2
Cf. ALLEMAND Jean, Henri Caffarel, Un homme saisi par Dieu, Équipes Notre-Dame, Paris, 1997.
la divulguer auprès des couples animateurs pour qu’eux aussi puissent éprouver de nouvelles
dimensions de cette découverte admirable et permanente qu’est le don que nous portons et qui
nous a été fait par le Christ : notre sacrement de mariage. Il y a tout un chemin
d’approfondissement dans les perspectives métaphysique, théologique et mystique, et non
seulement sociale, psychologique et morale. En vivant plus profondément leur sacrement, les
couples animateurs ne manqueront pas de témoigner avec plus de profondeur les raisons de leur
espérance fondée sur le Christ ressuscité, vivant au plus profond de notre être en tant que personne
et au plus profond de notre être en tant que couple. Remplis de cette nouvelle nourriture, ils
témoigneront encore mieux de leurs réalités humaines mais aussi de leurs réalités chrétiennes,
puisque les deux font partie de la proposition que l’Église veut mettre dans les mains des jeunes
couples sur le point de se marier.
Dans la fidélité à ce que nous a été demandé, nous avons essayé de structurer notre présentation en
deux grandes parties :
La spiritualité conjugale d’après le Père Caffarel
Une vie en communauté (selon notre propre expérience).
Passons donc à la présentation des notions de spiritualité conjugale auxquelles nous sommes
parvenus à travers les écrits et le témoignage du Père Caffarel.
I LA SPIRITUALITÉ CONJUGALE D’APRÈS LE PÈRE CAFFAREL
En tant que baptisés en Christ, nous sommes tous, laïcs et consacrés, appelés à la sainteté. Mais les
voies vers la sainteté devront être différentes selon l’état de vie de chacun.
Les gens mariés sont donc aussi appelés, par deux, à cheminer vers la sainteté, et le chemin qui leur
est propre est ce que l’on appelle la spiritualité conjugale. Voilà un mot suspect.
Commençons par un texte très court extrait du livre du Père Caffarel Espiritualidade conjugal
3
:
[Quand on parle de spiritualité] les réactions suscitées […] sont très variées. Elles ne sont pas toutes
d’intérêt ou de sympathie. […] Parfois on s’entend dire : « Moi, je ne suis pas un mystique. Être bon
chrétien, ça me suffit : je suis bien trop pris par mes tâches professionnelles, familiales, sociales…
pour m’occuper encore de spiritualité ! ». Et parfois même, c’est un vrai scandale : « S’évader ainsi
du temporel, n’est-ce pas trahir ? Alors que tant de détresses requièrent le dévouement de tous, alors
qu’une civilisation nouvelle s’élabore qui se fera d’ailleurs contre nous, si elle ne s’édifie pas avec
nous ».
Les autres, tout en lui accordant plus d’estime, n’y voient que la science de la prière et de la vertu : il
ne leur viendrait pas à la pensée que la spiritualité puisse avoir un rapport quelconque avec les
responsabilités familiales, professionnelles ou civiques… Les uns et les autres ignorent ce qu’est
exactement la spiritualité.
Comment dissiper les équivoques ?
Il n’est sans doute que de bien préciser ce que désigne le mot spiritualité.
3
(En français Spiritualité conjugale) Récemment publié en portugais par Editora Lucerna, de livre est un recueil d’articles qui
ont paru premièrement dans une revue remarquable sur la spiritualité conjugale : L’Anneau d’Or. Ces articles donnent une
perspective élargie de la spiritualiconjugale et constituent une bonne base pour entreprendre une nouvelle vie à deux. En
voilà quelques titres: « Vocation de l’amour » ; « Pour une spiritualité du Chrétien marié » ; « Symbolisme du mariage » ; « Une
maison de prière » ; « Le couple apôtre » ; « Des curés s’interrogent… ».
La spiritualité est la science qui traite de la vie chrétienne et des voies qui mènent à son plein
épanouissement.
Or la vie chrétienne intégrale n’est pas seulement adoration, louange, ascèse, effort de vie intérieure.
Elle est aussi service de Dieu, à la place assignée par lui : famille, profession, Cité… Aussi bien, les
foyers qui se groupent pour s’initier à la spiritualité, bien loin de rechercher les moyens de s’évader du
monde, s’efforcent-ils d’apprendre comment, à l’exemple du Christ, servir Dieu, dans toute leur vie et
en plein monde.
Dans un autre texte, le Père Caffarel nous raconte les premières interrogations qui se sont posées à
lui:
Alors, avec beaucoup de volonté, de ténacité, nous avons essayé de creuser la doctrine du mariage.
La pensée de l’Église sur tous les aspects du mariage : nous nous sommes demandés comment vivre
chrétiennement les réalités conjugales et familiales. Et puis, nous avons élargi notre question :
comment vivre dans l’état de mariage toutes les exigences de la vie chrétienne ? je crois que c’est
plus exact. Et notamment, il nous est apparu qu’il fallait élaborer une spiritualité de chrétien marié
car, c’était évident, l’enseignement courant de l’Église, des prêtres, à des hommes et des femmes qui
voulaient se sanctifier, c’était une spiritualité élaborée par des moines ou des religieux.
En 1987, le Père Caffarel présentait son testament spirituel et résumait ainsi les fondements de la
spiritualité conjugale :
Le mariage est une œuvre de Dieu et est le chef-d’œuvre de Dieu.
Le mariage a une âme et c’est l’amour, et négliger l’amour, c’est condamner le mariage.
Hommes et femmes ne peuvent pas être fidèles à l’amour sans le secours du Christ, c’est pourquoi il
a inventé le sacrement de mariage.
Les chrétiens mariés, comme les autres, comme les moines, sont appelés à la sainteté, et c’était
assez original. Le Concile n’avait pas encore eu lieu et c’est au Concile qu’il avait été insisté très fort
sur l’appel à la sainteté des laïcs.
La vie conjugale comporte de très grandes richesses et aussi de très grandes exigences. Il faut les
explorer pour mieux les connaître.
Et le Père Caffarel ajoutait :
Il est nécessaire et indispensable d’élaborer une spiritualité du couple, cela ne peut être la
spiritualité du célibataire ou du moine.
Ceci dit, approfondissons un peu ces notions de spiritualité conjugal à travers un texte du Père
Caffarel de 1958.
POUR UNE SPIRITUALITÉ DU CHRÉTIEN MARIÉ (L’ANNEAU D’OR 1958)
La « tentation de la sainteté »
Je me propose donc de vous donner un aperçu de la « spiritualité du chrétien marié ». Mais, dès le
point de départ, réaffirmons-le : il n’y a pas plusieurs saintetés, il n’y a qu’une perfection chrétienne.
Saint Thomas d’Aquin la définissait ainsi : « Tout être est parfait en tant qu’il atteint sa fin, qui est sa
perfection dernière ; or, la fin dernière de la vie humaine est Dieu et c’est la charité qui nous unit à lui,
selon le mot de saint Jean : “Celui qui reste dans la charité demeure en Dieu et Dieu en lui”. C’est
donc spécialement dans la charité que consiste la perfection de la vie chrétienne ». Pour le laïc, pour
le religieux, la sainteté est la même, elle se définit de même.
Tout chrétien et donc tout chrétien marié est appelé à la perfection.
Il faut bien reconnaître, néanmoins, que lorsqu’ils en prennent conscience, les laïcs sont quelquefois
saisis de panique devant cette perspective de la sainteté. Rien n’est impressionnant comme cet aveu
de Jacques Rivière : « Mon Dieu, éloignez de moi la tentation de la sainteté. Ce n’est pas mon œuvre.
Contentez-vous d’une vie pure et patiente que je ferai tous mes efforts pour vous donner. Ne me
privez pas de ces joies délicieuses que j’ai connues, que j’ai tant aimées, que j’aspire tant à retrouver.
Ne confondez pas. Je ne suis pas de l’espèce qu’il faut. Je suis marié et père, je suis écrivain. Ne me
tentez pas avec des choses impossibles. J’y perdrais du temps, du temps que je peux employer
autrement pour votre service ! ».
Nécessité d’une spiritualité du chrétien marié
Donc, une seule sainteté à laquelle tout le monde est appelé et de laquelle il s’agit de dire sans cesse
aux chrétiens qu’ils sont faits pour elle.
Mais des spiritualités ? Des spiritualités, c’est-à-dire des routes pour atteindre à cette sainteté ?
Qu’est-ce qui spécifie, qui caractérise ces routes diverses ? D’abord, comme le suggère le Père
Congar, l’état de vie. C’est bien évident, la doctrine chrétienne, qui est la même pour tous, ne peut
être vécue de la même manière par un moine, par une religieuse enseignante, un membre d’Institut
séculier, par un homme ou une femme mariés. On peut déjà préciser une spiritualité particulière à
chacun de ces états.
Ce qui spécifie également les spiritualités, ce sont les grandes orientations qui ont été données par les
fondateurs des différents Ordres : la louange d’un côté, la réparation d’un autre, ou encore l’accent
mis sur la pauvreté : aspects divers présentant, dans l’Église, des saints aux physionomies
extraordinairement variées. Deux chrétiens médiocres se ressemblent, tandis que deux saints sont
toujours très dissemblables, quoique habités l’un et l’autre par une héroïque charité. Des types de
sainteté variés, des routes variées, tout cela pour réaliser cette unique sainteté et offrir à notre
admiration un visage multiple du Christ, qui reste cependant le même : l’unique visage du Christ.
En quoi va consister la spiritualité du chrétien marié ? On pourrait dire, on dira peut-être un jour, qu’il
y a des spiritualités du chrétien marié. D’ailleurs, dès maintenant, ne voit-on pas des types de foyers
divers ? Il serait intéressant et instructif de posséder une série d’études sur les foyers se rattachant,
par les tiers-ordres ou par un autre lien, aux grands ordres religieux. Mais laissons cela, ce n’est pas
notre sujet. Essayons seulement de voir ce qui vaut pour tous les foyers.
Voyons d’abord, en quelques mots, ce que n’est pas la spiritualité conjugale. Le Père Caffarel écrit :
Pas un plagiat
Elle n’est pas un plagiat de la spiritualité monastique.
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