ENVOL
I.
Tu t’élances sur des routes que l’on n’emprunte qu’à l’envers,
tu es plus que la somme de l’envol et du grand retour, tu es le vol
qui cherche à se voler lui-même, la voltigeuse en quête d’espaces
qui n’existent pas encore, tu kidnappes des pétales d’éternité au
temps qui s’époumone, tu dérobes le hors-saison à l’hiver qui
plastronne, tu soustrais les faux noms, les gestes de granit qui
assassinent l’amour, tu expérimentes le vol à l’envers, presque
“love”, tu déhanches le cercle en direction de ce qui ne se referme,
tu coules à pic dans les fables de l’anti-vie, tu pétris les mots dans
une pureté vingt-quatre carats, tu fais bégayer la mort en lui
tendant une constellation de miroirs, tu caresses le vent qui n’ose
se poser au sommet des premières vagues, tu repêches les ombres
qui se sont confiées au lit de la rivière, tu multiplies les dieux par
les orgies des étoiles.
*
II.
Avant l’envol, seul le rien se tenait, impubère.
Avant ton kidnapping, je n’étais pas.
La fuite a l’élégance de ce qu’elle emporte en ses bagages.
La vérité qui se profile : la fugueuse se laisse conjuguer par
celle qui l’attend.
*
III.
Placer les vocables à la pointe de l’action prompte
Plonger les galaxies dans tes accélérateurs d’émotions
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