1.1 Jeunesse 3
commandement, en organisant des jeux militaires dont il
prend la tête. Une bataille de boules de neige, qu'il au-
rait dirigée un hiver, fait partie de sa légende[15]. Son
frère Joseph, ayant abandonné son projet d'entrer au sé-
minaire, étudie le droit, Lucien entre au séminaire d’Aix-
en-Provence et ses sœurs sont éduquées par Mme Cam-
pan.
Son père lui rend visite le 21 juin 1784[16]. Le 22 sep-
tembre de la même année, le sous-inspecteur des écoles
Marie-Antoine-Sérapion Reynaud des Monts fait passer
aux élèves cadets de Brienne l'examen d'entrée à l'École
militaire de Paris, où après un an d'études ils pourront
être affectés à un régiment d'artillerie, du génie, ou de
la marine[17]. Napoléon est jugé apte à y entrer ainsi que
quatre de ses condisciples.
École militaire de Paris (1784-1785) Il quitte l'école
de Brienne le 17 octobre et arrive cinq jours plus
tard à Paris où il intègre la compagnie des cadets
gentilshommes[18]. Le 24 février 1785, Charles Bona-
parte meurt d'un cancer de l'estomac ; le rôle de chef de la
famille échoit à l'aîné Joseph, mais Napoléon le juge d'un
caractère trop faible pour diriger la famille[19]. En sep-
tembre, il passe l'examen de sortie de l'école ; l'inspecteur
des Écoles, Agathon Guinement, chevalier de Keralio, le
juge apte à être affecté à un régiment de la marine, mais
la mère de Napoléon refuse et finalement il est intégré à
un régiment d'artillerie[20] interrogé par le mathématicien
Pierre-Simon de Laplace.
Affectation au régiment d'artillerie de la Fère Ar-
ticle détaillé : Séjour de Napoléon Bonaparte à Auxonne.
Il est reçu sous-lieutenant, (42esur 58) à l’examen de
l’artillerie. Il reçoit son ordre d'affectation au régiment
d'artillerie de la Fère alors en garnison à Valence[20],[21],
qu'il rejoint le 3 novembre 1785.
L'été suivant, il obtient un congé de six mois à partir du
1er septembre 1786. Le 15 septembre 1786, sept ans et
neuf mois après son départ, il repose les pieds sur l’île de
Corse à l’occasion de son congé de semestre.
Il ne rejoindra son régiment que treize mois plus tard
soit le 30 septembre 1787. Dès novembre 1787, il de-
mande un nouveau congé de six mois, qu'il obtient. Il
ne réintégrera son régiment que le 15 juin 1788. Le 1er
juin 1788, il s’embarque pour rejoindre son régiment de
La Fère en garnison à Auxonne et apprendre son métier
d’artilleur. Dans ses loisirs, il travaille assidûment. Ses
nombreuses lectures, qu’il accompagne de Notes[22] té-
moignent du sens dans lequel il a dirigé ses études et des
sujets qui l’ont particulièrement attiré.
Le 9 septembre 1789, il quitte Auxonne pour un nouveau
congé de six mois. Il ne réaffecte son régiment que le 11
février 1791. Le 1er septembre 1791 il demande un nou-
veau congé de trois mois. Ensuite, il ne revient jamais à
son régiment[23].
1.1.3 Premières armes
Article détaillé : Guerres de la Révolution française.
Lorsque la Révolution éclate en 1789, le lieutenant Bona-
parte a dix-neuf ans. Il est présent depuis le 15 juin 1788
au régiment de La Fère, alors à l'école royale d'artillerie
àAuxonne dirigée par le maréchal de camp-baron, Jean-
Pierre du Teil. Ce dernier lui confie la répression de la
première émeute de la faim qui éclate dans la ville le 19
juillet 1789.
En 1791, le lieutenant Bonaparte répond à l'ouverture de
l'armée russe aux émigrés français ordonnée par la tsarine
Catherine II. Son offre est rejetée car la tsarine, qui se
méfie des républicains, est également rebutée par le ca-
ractère prétentieux du lieutenant qui demande son inté-
gration dans son armée avec le grade de major[24].
Présent ponctuellement à Paris, le jeune officier est spec-
tateur de l’invasion des Tuileries par le peuple le 20
juin 1792 et aurait manifesté alors son mépris pour
l'impuissance de Louis XVI. Ce dernier signe, quelques
jours plus tard, son brevet de capitaine ; ce sera l'un de
ses derniers actes publics.
Napoléon retourne à plusieurs reprises en Corse, où les
luttes de clans avaient repris, les paolistes soutenant la
monarchie à l’anglaise, et les Bonaparte la Révolution.
Napoléon se fait élire lieutenant-colonel du 2ebataillon de
volontaires de la Corse en mars 1792, avec 522 voix sur
492 inscrits[25],[26],[27]. Il arrachera de force l’accord du
commissaire du gouvernement. C'est à ce poste de com-
mandant en second du bataillon Quenza-Bonaparte qu'il
fait ses premières armes en février 1793, participant à la
tête de l'artillerie à l'expédition de La Maddalena. Malgré
l'efficacité et la détermination de Napoléon, l'opération
commandée par Colonna Cesari, un proche de Paoli, est
un échec cuisant. Cet événement et l’exécution du roi en
janvier 1793 attisent la division avec les paolistes, provo-
quant une révolte des indépendantistes.
Les désaccords entre Paoli et Bonaparte s’accentuent à la
suite d'une lettre de Lucien Bonaparte à la Convention
pour dénoncer Paoli. La famille de Napoléon, dont la
maison a été mise à sac et incendiée le 24 mai 1793[20],
est contrainte de se réfugier dans une autre résidence, leur
petite ferme de Milleli, puis, quelque temps plus tard, le
10 juin 1793, de quitter l'île précipitamment à destination
de la France continentale.
Débarqués à Toulon, les Bonaparte s’installent dans la
région de Marseille. Napoléon Bonaparte est affecté à
l'armée chargée de mater l'insurrection fédéraliste du Mi-
di. Il s’active à approvisionner l'artillerie en matériel du-
rant l'été 1793. C'est à cette période qu'il rédige le Souper
de Beaucaire, pamphlet politique pro-jacobin et anti-
fédéraliste.