Le Canada est le pays qui a le plus long littoral
océanique, avec ses 240 000 kilomètres de côtes(2).
Cette vaste zone côtière, qui désigne d’une façon
générale les eaux à proximité du littoral et les terres
adjacentes, forme un lien dynamique entre des terres
et des eaux d’une grande diversité écologique, dont
l’importance économique est cruciale(3). Les estuaires,
les plages, les dunes, les milieux humides et les zones
intertidales et littorales servent de support à diverses
espèces d’animaux marins et terrestres, en plus de
jouer un rôle primordial dans les pêches et les activités
récréatives. L’infrastructure côtière est essentielle aux
secteurs du commerce, des transports et du tourisme,
et vitale pour de nombreuses municipalités côtières.
Il existe une autre zone qui joue un rôle analogue en
bordure des lacs de grande étendue; c’est pourquoi
les Grands Lacs, en particulier, sont souvent inclus
dans les discussions qui portent sur les zones côtières
du Canada(4). En fait, d’autres grands lacs du Canada
suscitent des questions analogues (voir référence 5).
Des changements climatiques de l’ampleur de ceux
que prévoit le Groupe intergouvernemental d’experts
sur l’évolution du climat (GIEC) pour le présent siècle
toucheraient les zones côtières de diverses manières.
Mentionnons, entre autres, l’élévation des niveaux
d’eau, la modification du régime des vagues, la mag-
nitude des ondes de tempête, ainsi que la durée de
la saison des glaces et leur épaisseur(3). En règle
générale, on accorde beaucoup d’attention aux varia-
tions des niveaux d’eau, qui auraient une ampleur
considérable, quoique variable, dans toutes les zones
côtières. Le long du littoral marin, les variations des
niveaux d’eau subiront surtout l’influence de l’éléva-
tion moyenne du niveau de la mer à l’échelle
planétaire, du fait de l’expansion thermique des
océans et de l’intensification de la fonte des glaciers
et des calottes glaciaires(6,7). Sur les rives des lacs de
grande étendue, les variations des niveaux d’eau
seront liées à la modification du régime régional de
précipitation et d’évaporation. Dans le cas des Grands
Lacs, on s’attend à une baisse des niveaux d’eau dans
les prochaines décennies (référence 8; voir le chapitre
intitulé « Ressources en eau »).
Même s’il existe un fort consensus scientifique sur
l’élévation continue du niveau moyen de la mer à
l’échelle planétaire au cours du présent siècle et par
la suite, certaines incertitudes persistent quant à
l’ampleur de ce changement. Les projections du GIEC,
établies selon divers scénarios concernant les émis-
sions, situent l’élévation du niveau moyen des mers
dans un intervalle compris entre 9 et 88 centimètres
pendant la période de 1990 à 2100(7). La largeur con-
sidérable de cet intervalle s’explique à la fois par la
variabilité des projections des températures et par les
lacunes dans nos connaissances sur les processus
océaniques et hydrologiques(7). Il est également
important de reconnaître que le niveau de la mer con-
tinuera de s’élever, et peut-être plus rapidement, au
cours du prochain siècle, en raison du décalage entre
l’augmentation des températures atmosphériques,
le réchauffement des océans et la fonte des glaciers.
Dans la perspective des impacts et de l’adaptation,
ce sont les variations locales du niveau relatif de la
mer qui importent, et leur courbe pourrait être très
différente de celle des variations à l’échelle planétaire.
Outre les changements climatiques, les variations du
niveau marin à l’échelle régionale seront influencés
par les processus géologiques de la croûte et du man-
teau terrestres qui modifient la position relative des
continents et des océans. De plus, les changements
que subiront le régime des courants, le phénomène
de la remontée des eaux, l’amplitude de la marée et
d’autres processus océaniques auront également une
influence sur le niveau relatif de la mer à l’échelle
locale. À l’heure actuelle, sur de longues portions des
côtes de l’Arctique canadien, le niveau de la mer
s’abaisse en réaction aux processus géologiques, alors
qu’il s’élève à d’autres endroits, notamment sur une
bonne partie des côtes de l’Atlantique et de la mer de
Beaufort(9). À certains endroits, l’ampleur de la varia-
tion du niveau marin est le résultat de l’action
conjuguée de tous ces facteurs. Par conséquent, les
variations du niveau marin ne se produiront pas au
même rythme dans toutes les régions du pays.
Une évaluation initiale de la sensibilité du littoral
canadien à l’élévation du niveau de la mer, présentée
par Shaw et al.(10), conclut que plus de 7 000 kilo-
mètres de côtes sont très sensibles, dont une bonne
«Q
uelque sept millions de Canadiens vivent dans les zones
côtières, souvent dans de petites collectivités tributaires
du tourisme et des ressources de l’océan. »
(1)
Impacts et adaptation liés au changement climatique •Les zones côtieres 1