70ème anniversaire de la libération des camps

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BULLETIN D’INFORMATION DE L’ASSOCIATION FONDS MÉMOIRE D’AUSCHWITZ
Bobigny, une gare entre Drancy et Auschwitz
Journée Internationale de commémoration
en mémoire des victimes de la Shoah
et de prévention des crimes contre l’humanité
ÉDITORIAL
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ès l’année prochaine, sera commémoré le 70ème
anniversaire de l’entrée des troupes soviétiques à
Auschwitz-Birkenau, le 27 janvier 1945 qui y trouveront des déportés grabataires et des malades. Camp
abandonné par les SS le 18 janvier 1945 emmenant avec eux
quelques 60.000 déportés du camp, affamés, épuisés sur les
routes verglacées, où nombreux seront assassinés. C’est ce
que l’on a appelé la Marche de la mort. Les survivants
seront internés pour la majorité à Buchenwald, lequel camp
et les autres camps tels que Bergen-Belsen, Dachau,
Mauthausen, Ravensbrück seront libérés entre février et
mai 1945 par les Russes ou les Américains ou les Anglais.
À partir du 18 juillet 1943, les internés du camp de Drancy sont conduits par autobus à la gare de
Bobigny devant la Halle aux marchandises au plus près des voies ferrées pour être embarqués dans
des wagons à bestiaux à destination des camps de la mort. 21 convois soit 22.407 juifs dont plus
de 3.500 enfants ou adolescents de moins de 18 ans sont déportés à Auschwitz-Birkenau, l’un des
convois pour Kaunas/Reval.
Décidée par le Comité de pilotage pour la réhabilitation et la préservation du site, la restauration
par la SNCF de la Halle des marchandises fait suite à celle du bâtiment voyageurs et constitue une
nouvelle étape pour le devenir de ce lieu de mémoire en complément du Mémorial de Drancy.
Comme le rappelle la plaque apposée le 18 juillet 2013, l’AFMA par son engagement et son travail
de mémoire, a contribué de manière décisive à la reconnaissance du rôle de la gare de Bobigny
dans la déportation des Juifs de France par l’occupant nazi avec la complicité active du gouvernement de Vichy. Nous appelons nos adhérents et amis à nous rejoindre pour le :
Ces libérations seront commémorées à l’appel des Amicales
de survivants et des familles qui organiseront des pèlerinages sur les lieux. La découverte de l’univers concentrationnaire érigé par le nazisme nous concerne tous. Qualifié
de crime contre la paix, crime de guerre et crime contre
l’humanité comme le décrit le tribunal de Nuremberg en
jugeant et en condamnant les principaux dignitaires nazis.
Au total 162.000 personnes ont été déportées de France vers
le système concentrationnaire nazi. 86.000 par mesure de
répression (résistants, opposants nazis, otages), 35.000 sont
morts dont 1.500 en chambre à gaz. 76 000 parce que nées
juives dont 11.000 enfants vers Auschwitz-Birkenau et pour
la majorité victimes des chambres à gaz de la Solution finale.
Moins de 3% sont revenus.
70ème anniversaire de la libération d’Auschwitz
Gare de la déportation
de Bobigny
Mardi 27 janvier 2015 à 10h
- Inauguration de la Halle
de marchandises restaurée
- Libération du camp d’Auschwitz
le 27 janvier 1945.
Photo Serge Barthe
À Paris sera commémorée par l’Union des Déportés
d’Auschwitz la libération d’Auschwitz. À la gare de
Bobigny d’où furent formés des convois de déportation,
c’est l’AFMA qui appelle au rassemblement pour commémorer la libération du camp par l’Armée soviétique pour se
souvenir et rendre hommage à toutes ces victimes innocentes exterminées parce qu’elles étaient juives. AuschwitzBirkenau pris comme symbole du crime contre l’humanité
vu l’ampleur inégalée du nombre de victimes, 1,1 million
dont 90% de Juifs.
70ème anniversaire de la libération du camp
d’Auschwitz-Birkenau *
N’oublions pas qu’en Europe près de 6 millions de juifs
furent assassinés par les nazis. La connaissance et la
mémoire de tels événements doivent être présents en chacun
de nous. Soyons très nombreux à toutes les manifestations
en 2015.
Jacques Celiset
À l’initiative de l’Union des Déportés d’Auschwitz (UDA)
en collaboration avec la Mairie de Paris, du Mémorial
de la Shoah et de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
En avance l’AFMA présente à nos adhérents
et à leurs familles nos meilleurs vœux pour 2015
et les appelle à nous rejoindre à l’Assemblée générale
le Dimanche 22 mars 2015 au Relais Paris-Est à Paris.
Dimanche 1er février 2015 – Hôtel de Ville de Paris
à partir de 15 heures
SOMMAIRE
• Oradour 1944-2014 ................................. p. 3 à 7
• Un député anglais à Drancy ........................ p. 8
• 70ème anniversaire libération Auschwitz .... p. 10
• La mémoire pour ne pas oublier ....... p. 12 à 15
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N 84
Novembre-Décembre
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* Réservations individuelles
avant le 15 décembre au 01 49 96 48 48
ou par mail : [email protected]
À l’occasion du 70ème anniversaire du camp, le Congrès juif mondial invite gratuitement les anciens
des camps d’Auschwitz-Birkenau aux manifestations qui se tiendront dans le camp, le 27 janvier
prochain. Prendre contact avec l’UDA qui transmettra.
La Lettre de l’AFMA bulletin trimestriel de l’Association Fonds Mémoire d’Auschwitz – Loi 1901 – PARIS No 243476
17, rue Geoffroy l’Asnier – 75004 PARIS – Tél. et fax : 01.48.32.07.42 – C.C.P. : 1769182 E PARIS - Site : www.afma.fr
Directeur de la publication : J. Celiset – Commission paritaire no 1212A06296 – Imprimerie SIPÉ, 91350 GRIGNY 3 €
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2015 - 70ème anniversaire de la libération des camps
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’année 2015 sera celle du 70ème anniversaire de la libération des camps nazis. On commémorera la libération des
camps à commencer par celle du camp d’AuschwitzBirkenau le 27 janvier 1945 par l’entrée d’une avant-garde de
l’Armée rouge. Auschwitz-Birkenau pris comme symbole du
crime contre l’humanité vu l’ampleur inégalée du nombre de
victimes 1,1 million dont 90% de juifs. Mais aussi les autres
camps pour ne citer que les plus grands : Buchenwald, BergenBelsen, Dachau, Mauthausen, Ravensbrück, Neuengamme,
Sachsenhausen, Flossenburg, Theresienstadt, Dora-Mittelbau,
Stutthof, Gross-Rosen, Westerborg. Natzwiller-Struthof en
France fut libéré le 23 novembre 1944.
On peut espérer une commémoration nationale à l’initiative du
gouvernement français. On peut aussi espérer une commémoration nationale en Allemagne et en Pologne où se trouvaient ces
camps. Et peut-être une commémoration internationale de
l’ONU. Le Congrès juif mondial invite gratuitement les anciens
du camp d’Auschwitz-Birkenau aux manifestations qui se tiendront dans le camp le 27 janvier 2015. D’autres commémorations et pèlerinages seront organisés à l’initiative d’amicales de
survivants de ces camps.
Ces commémorations seront l’occasion de rappeler que durant
la Seconde guerre mondiale, le régime nazi de Hitler et ses
complices des pays occupés sont responsables de millions de
victimes assassinées.
D’autre camps dit centres de mise à mort furent fermés en 1943
comme Belzec, Sobibor et Treblinka, en 1944 comme Chelmno,
ou Majdanek libéré par l’Armée rouge en juillet 1944. Existentils encore des survivants de ces camps d’extermination pour
commémorer leur existence ? Citons-les :
Belzec ouvert en novembre 1941. Les exterminations par gaz
commencent le 17 mars 1942. Six chambres à gaz. 550.00 juifs
et plusieurs dizaines de milliers de Tziganes y furent assassinés.
En 1943, les cadavres furent déterrés et brûlés en plein air et le
camp fut détruit.
Sobibor ouvert en mars 1942, second camp d’extermination
dans le cadre de « l’Aktion Reinhard » Six chambres à gaz.
250.000 juifs assassinés. Fermé le 14 octobre 1943 suite à la
révolte du Sonderkommando.
Treblinka construit en 1941. Entre en activité le 23 juillet 1942
avec les premières évacuations des juifs du Ghetto de Varsovie.
Six chambres à gaz. 265.000 juifs venant du ghetto de Varsovie
sont assassinés. Nombre total des victimes environ 800.000.
Une révolte déclenchée le 2 août 1943 précède la dissolution du
camp fin août 1943.
Chelmno ouvert en décembre 1941. Des camionnettes transformées en chambres à gaz mobiles. 300.000 juifs et 5.000
Tziganes et occasionnellement des prisonniers soviétiques y
furent assassinés. Arrêt définitif fin 1944.
Majdanek ouvert en octobre 1941, camp de prisonniers transformé en camp d’extermination à partir d’avril 1942. Les chambres à gaz dans les baraques en bois sont remplacées par des
constructions en briques. On estime que plus de 360.000 victimes
sont mortes à Majdanek comprenant une majorité de juifs ainsi
que des polonais et des prisonniers russes. Liquidé en juillet 1944
mais pas entièrement détruit avant l’arrivée de l’Armée Rouge le
22 juillet 1944 qui découvre plusieurs centaines de survivants et
les preuves de l’extermination massive perpétrées par les nazis :
fours crématoires et monceaux de cadavres.
J. Celiset
Sources : La destruction des Juifs d’Europe par Raul Hilberg
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COMMÉMORATIONS 1944-2014
Alors que s’achève l’année 2014 qui fut marquée par de nombreuses commémorations
comme le débarquement du 6 juin 1944, celle du débarquement en Provence, la Libération
de Paris et d’autres qu’on pourrait citer, il en fut une peut-être moins spectaculaire et
moins médiatisée que fut la commémoration du massacre d’Oradour-sur-Glane le 10 juin
1944. Nous aurions dû y consacrer le précédent numéro mais l’abondance des textes ne
nous a pas permis de le faire. Les pages de ce numéro consacrées à ce village martyre est
une contribution à l’histoire et à la mémoire.
Oradour-sur-Glane
10 juin 1944 - 10 juin 2014
Mémoire - Histoire - Mythe
10 juin 1944 - une tuerie perpétrée par une unité de la 2ème SSPanzer-Division Das Reich.
10 juin 2014 - cérémonie commémorative du 70ème anniversaire
de ce massacre.
L'A.F.M.A. était représentée par deux membres de son Conseil
d'Administration.
Belle journée que ce mardi 10 juin lorsque nous arrivons à
Oradour-sur-Glane.
Venant de Saint-Junien, nous laissons sur notre droite le chemin
qui conduit au pont de la Glane et au village mort ; devant nous,
le nouveau bourg ; à ses pieds, le musée-Centre de la Mémoire.
Beaucoup d'animation et une ambiance conviviale dans la rue
principale « avenue du 10 juin », bordée de haies d'arbres et de
jardinières de fleurs.
ligne du tramway qui reliait Saint-Junien à Limoges sont toujours
là, recouvertes de rouille. Nous passons devant la Poste, la station
des tramways, la mairie-école des garçons, l'hôtel Avril, l'école
des filles. Au bas de la rue, une petite place de marché face à
l'église romane ; quelques marches et nous pénétrons dans la nef ;
sur les murs, l'impact des balles. Nous remontons jusqu'au champ
de foire et nous dirigeons vers l'Esplanade du Mémorial où
s'achève la procession, où va se dérouler la deuxième partie de la
cérémonie.
Bureau de Poste
10 juin 2014 - le village-mémorial,
lieu de la commémoration nationale
Marche silencieuse d'une longue procession ouverte par les
enfants des écoles revêtus d'un tee-shirt blanc, suivis des portedrapeaux, des personnalités et de centaines de participants, qui
descend la rue principale Emile-Desourteaux : rue bordée par les
façades grises des habitations, ateliers, boutiques ; les rails de la
Une marche qui m'étreint d'émotion et de tristesse. Même si la
verdure a remplacé les gravats dans les espaces intérieurs fermés
par des barrières de bois, même si les ruines sont régulièrement
restaurées et consolidées, elles gardent une forte puissance évocatrice car le parcours, même artificialisé, est semé de repères :
- les plaques apposées sur les façades éventrées mentionnent la
profession et le nom de ceux qui vivaient là :
quincaillerie L. Milord (chez Léontine)
feuillardier M. Senon
café-coiffeur L. Molieras (chez Lucien)
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- dans les cinq lieux où furent abattus les groupes d'hommes, une
même plaque évoque la scène du carnage.
L’église
à gauche, les hommes répartis en cinq groupes dirigés vers cinq
lieux clos :
le chai Denis, la remise Beaulieu, le garage Desourteaux, les
granges Milord et Laudy.
- 16h massacre des hommes ; au signal, crépitement des mitrailleuses ; les blessés achevés, les corps recouverts de paille et de
bois, brûlés.
- 17h massacre des femmes et des enfants ; explosifs libérant un
gaz asphyxiant, tir des mitrailleuses, le bûcher allumé, l'église et
ses occupants abandonnés aux flammes.
Pillage et incendie.
18h cité des morts 642 victimes dont près de 200 enfants ; une
cinquantaine de corps identifiés
- six rescapés : une femme dans l'église cinq hommes dans la
grange Laudy, quelques hommes dissimulés dans le bourg et un
jeune Lorrain de 8 ans qui s'est enfui de l'école ont échappé à la
tuerie.
et de symboles :
- la carcasse de la voiture dite « voiture du docteur Jacques
Desourteaux » sur le champ de foire,
- les débris de la poussette au pied de la poussette au pied de
l'autel
Un village figé au soir du 10 juin 1944
10 juin 1944 mort d'un village
Un gros bourg de 330 habitants en bordure de la Glane, 1.244
dans les hameaux et lieux-dits des environs, auxquels s'ajoutent
quelques 500 réfugiés : républicains espagnols, Italiens, juifs
d'Europe centrale, évacués ou expulsés d'Alsace et de Moselle en
grand nombre dont les enfants étaient scolarisés dans l'école des
Lorrains, créée pour eux.
Les quelques survivants ont raconté :
Ils se croyaient en sécurité, ce samedi 10 juin ; les enfants à
l'école en attente de visite médicale.
- 14h la colonne de 150 à 200 Waffen-SS avec camions et véhicules blindés traverse le pont de la Glane et remonte la rue principale. Le bourg encerclé, l'irruption des SS dans les maisons, la
population amassée sur le champ de foire, rejointe par les enfants
des écoles et leurs instituteurs ; les véhicules qui patrouillent
dans les fermes et les champs, ramenant les hommes ; l'arrivée
du docteur Jacques Desourteaux qui a terminé sa tournée.
- 15h la séparation en deux groupes :
à droite, femmes et enfants, conduits dans l'église.
Intérieur de l’église
Le lendemain, retour d'une partie du détachement pour effacer les
traces du crime.
La construction du mythe
La visite du Général De Gaulle, Chef du Gouvernement
Provisoire de la République Française, le 4 mars 1945, consacre
la vision d'une communauté paisible, innocente victime de la
barbarie nazie.
Oradour-sur-Glane est le symbole des malheurs de la patrie. Il
convient d'en conserver le souvenir, car il ne faut plus jamais
qu'un pareil malheur se reproduise.
Félix Gouin, qui lui succède à la tête du GPRF, signe la loi du 10
mai 1946 relative à la conservation des ruines classées monument
historique et à la construction du nouveau bourg.
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EN 1945-46, l'heure est à la réconciliation nationale. La reconstruction des institutions républicaines est la priorité. Aussi l'État
fait de Oradour le symbole de la souffrance du pays pendant les
années d'occupation : quelque fut leur choix, collaboration ou
résistance, tous les Français furent en danger pendant la guerre.
L'anéantissement de la communauté villageoise, innocente de
toute activité de résistance, sa rapidité, et l'existence de ruines,
condamnation silencieuse de la barbarie, alimentent la thèse du
massacre « absurde » de victimes honorées comme des « martyrs », non en raison de leur foi mais en raison de leur appartenance nationale.
Le mythe est né.
Une mémoire équivoque
L'État fait d'Oradour-sur-Glane un haut lieu de la mémoire
nationale pour la Seconde Guerre Mondiale, mais détaché de
son contexte historique. Cependant sont au cœur de la tragédie
la Résistance et la stratégie allemande.
1944 Le monde entre dans sa cinquième année de guerre.
Du côté allemand, le reflux inexorable entamé avec la défaite de
Stalingrad (2 février 1943) se confirme sur le front de l'Est :
perte du Caucase puis de l'Ukraine.
Du côté allié se prépare le débarquement à l'Ouest décidé à la
Conférence de Québec (août 1943).
La Résistance intérieure se renforce : les réfractaires au S.T.O
viennent grossir ses rangs et les formations militaires de ses différents mouvements se regroupent dans les Forces Françaises de
l'Intérieur, créées par l'ordonnance du Comité Français de
Libération Nationale le 1er février 1944 ; elles sont placées sous
le commandement du Comité d'Action Militaire (COMAC) du
CNR qui leur donne pour mission l'action insurrectionnelle :
Attaquez l'envahisseur où vous le trouvez ! Harcelez ses troupes !
Tendez des embuscades à ses convois ! Faites dérailler ses
trains ! Faites couler ses péniches ! Coupez ses lignes de communication ! Armez-vous à ses dépens ! Exterminez les traîtres,
agents de la Gestapo, miliciens assassins (…) ! Frappez, frappez, frappez par tous les moyens les bourreaux de notre peuple !
(ordre du jour du COMAC-22 mai 1944 cité dans Le Patriote
Résistant – n°881 déc.2013 –).
Radicalisation de la répression
Face à la montée en puissance des maquis et dans la perspective
de plus en plus probable d'un débarquement en France, toutes
les unités de la Wehrmacht et de la Waffen-SS sont mobilisées
pour la surveillance des populations et le contrôle du territoire
avec la collaboration active des équipes de la Sipo-SD (police de
sécurité) et des forces armées du gouvernement de Vichy :
Groupes mobiles de réserves (GMR) et Francs-gardes de la
Milice.
Conscient que les maquis ne survivraient pas sans la complicité
des populations locales qui leur fournissent ravitaillement et
silence protecteur, le Commandant en chef des forces à l'Ouest
donne l'ordre aux commandants d'unités de riposter à toute attaque de leur propre initiative et par tous les moyens : prises d'otages, exécutions, destructions des habitations. Cette directive du
3 février 1944, dite « décret Sperrle », légalise la violence des
représailles à l'encontre des résistants et des civils sans mettre
fin à l'activité des maquis.
Un enjeu majeur, la lutte contre la Résistance.
À partir de mai, les rapports alarmistes envoyés par la Sipo/SD
des régions de Toulouse et de Limoges sur l'activité des maquis
insistent sur la nécessité de reprendre le contrôle de l'espace entre
Dordogne et Alpes ; en effet, dans l'attente d'un débarquement
qui se ferait au Sud ou à l'Ouest, cet espace, traversé par les voies
de communications reliant l'Atlantique à la Méditerranée occupe
une position-clé dans le dispositif militaire tant pour les forces
alliées : isoler une partie des troupes allemandes, que pour les
forces d'occupation : assurer la mobilité de leurs troupes.
6 juin l'incapacité des Allemands à rejeter immédiatement les
Anglo-Américains à la mer bouleverse la donne. L'évolution de
la situation dans le Massif Central inquiète l'état-major de la
Wehrmacht : les premiers soulèvements ont éclaté dans les
régions de Clermont-Ferrand et de Limoges et le risque est
grand de voir s'y créer une enclave communiste étant donné la
puissance des groupes de résistance FTP. De plus, la menace sur
les communications met en danger les troupes allemandes : isolement des unités au Sud, insurrection des villes du Midi qui
pourrait aboutir à leur libération.
Dans ces circonstances, la lutte contre ces groupes de résistance
qualifiés de « terroristes » devient un enjeu majeur ; pour le
maréchal Von Rundstedt, Commandant en chef des forces à
l'Ouest, la seule solution qui s'impose est une opération militaire de grande ampleur.
La 2ème SS-Panzer-Division, patronyme Das Reich, cantonnée
dans la vallée de la Garonne, est incluse dans le dispositif.
Issue de la SS-Verfügungstruppe (troupe SS à disposition SSVT) garde prétorienne du régime créée en mars 1933, constituée
en division en 1939 : SS-Verfügungs-Division, puis transformée
en division blindée, elle est avec la division Totenkopf, la plus
ancienne formation de la branche armée SS. Elle est à la pointe
de l'offensive allemande en 1939-1941 ; engagée dans l'invasion
de l'URSS, après une première campagne de 10 mois en direction de Smolensk et de Moscou, elle est mise en repos en France
(printemps-décembre 1942) où elle participe à l'invasion de la
zone Sud ; de retour sur le front russe en janvier 1943, elle combat en Ukraine et participe à la reprise éphémère de Kharkov
(mars-août) avant d'être refoulée par la contre-attaque russe.
Très éprouvée, elle est transférée en France, dans la région de
Bordeaux, partiellement en février 1944, puis totalement en
avril, pour se reconstituer en hommes et en matériel.
Une formation expérimentée mais éprouvée, qui a l'aura de
la troupe de choc.
Formation ancienne, elle était constituée d'Allemands nationaux
volontaires levés dans les classes d'âge mobilisables suivant les
critères de sélection physiques, raciaux et idéologiques définis
par le Reichsfürher SS Himmler. Elle se renouvelle avec de jeunes recrues de 17-18 ans, pour l'essentiel des volksdeutsche
(« Allemands de race ») enrôlés de force et volontaires issus de
l'Europe occupée et de l'Alsace-Moselle, peu motivés pour se
battre ; ils sont formés au camp de Souges, près de Bordeaux et
incorporés dans les deux régiments de grenadiers Deutschland
et Der Führer.
Leurs officiers, incarnation de l'Ordre noir, orientent l'instruction à la lumière de leur propre expérience combattante acquise
dans la guerre contre les partisans en Yougoslavie (mars-avril
1941) puis dans la guerre livrée à l'Est, conçue comme une
guerre d'anéantissement : en Pologne, en URSS en 1941 avec le
rattachement de la division à l'Einsatzgruppen B dépendant du
général SS von dem Bach-Zelewski, en 1944 avec la reprise de
Kharkov qui toune au massacre suivi de pendaisons aux
balcons, pillage et destruction des habitations.
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Le général Heinz Lammerding qui a pris le commandement de
la division en décembre 1943 fut pendant quatre mois (28 juillet – 9 décembre 1943) chef d'état-major de Bach-Zelewski
« plénipotentiaire du Reichsführer-SS pour la lutte contre les
bandes » depuis 1942 ; un temps de service bref mais suffisant
pour se forger une solide expérience dans la planification et la
coordination des massacres visant à faire disparaître les communautés juives et à éradiquer les foyers de résistance dans les
territoires de l'Est.
sement d'une enclave communiste ; attaques qui ont révélé la
vulnérabilité des garnisons de la Wehrmacht ; à quoi s'ajoute la
capture humiliante du Major Kämpfe, Commandant le troisième
bataillon du régiment Der Führer, par des maquisards FTP du
groupe de Georges Guinguoin.
Fin mai et début juin, des unités du régiment der Führer, composées de jeunes recrues, procèdent, avec l'appui de la Milice, à
des opérations de ratissage contre les maquis le long des vallées
du Lot et de la Garonne : St-Céré, Figeac, Frayssinet-le-Gelat
entre autres, suivant un scénario d'une grande violence qui va
bien au-delà de l'ordre Sperrle, rappelle les exactions perpétrées
à l'Est et annonce le massacre d'Oradour.
La Das Reich, « colonne infernale » dans le Limousin
8-11 juin 1944.
L'opération militaire décidée le 6 juin est planifiée le 7.
8 juin la division reçoit son ordre de mission transmis par le
LVIIIème Corps d'armée basé à Toulouse auquel elle est rattachée :
« La 2ème division blindée – SS est à rassembler immédiatement
et à conduire dans le secteur Tulle-Limoges... pour une frappe
immédiate et brutale ».
À sa tête, Lammerding, prêt à appliquer les mesures qu'il a préconisées dans le mémorandum adressé le 5 juin à sa hiérarchie
pour mettre fin à l'activité des maquis : il prend acte de l'échec
des contre-mesures prises à l'encontre des « bandes »... « à
visées communistes et destructrices », propose une intervention
militaire rapide, exemplaire :
pour 1 soldat allemand blessé, 3 « terroristes » pendus,
pour 1 soldat allemand tué, 10 pendus, moyennant quoi, il promet une pacification de cette région au 15 juin.
Le 8 juin, la division quitte Montauban avec 8.500 hommes, soit
une partie de ses effectifs, faute d'armes lourdes, de véhicules et
d'essence. Conformément aux consignes, la progression de marche se fait suivant deux axes afin de reprendre le contrôle des
axes routiers :
Villefranche-Figeac-Tulle, Caussade-Cahors-Brive-Limoges
pour la colonne principale.
Des détachements s'écartent de la route principale pour la
sécuriser ; les engagements avec des maquisards se multiplient
auxquels répondent massacres, pillages et incendies.
Parvenue à Brive dans la soirée, la colonne principale prend aussitôt position dans l'espace Dordogne-Indre où des formations
de résistance étaient engagées avec succès dans les combats
contre les unités de laWehrmacht pour la libération des villes :
Tulle, Argenton-sur-Creuse, Guéret. 9 juin les Waffen-SS reprennent Tulle et Argenton-sur-Creuse dans une escalade de violence dont les civils font les frais : à Tulle, 99 otages pendus aux
balcons et 33 exécutions à Argenton-sur-Creuse tandis que
Guéret est reprise par la Wehrmacht avant leur arrivée.
L'ordre de mise en route de la Das Reich pour le front de
Normandie, reçu le 9 juin, joue le rôle d'accélérateur.
Au soir du 9 juin, le général Lammerding préconise dans son
rapport au LVIIIème Corps blindé « une prise en main brutale de
la situation dans la zone » pour contrer les attaques de la résistance, encouragées par le débarquement, avec le risque d'une
interruption des communications, libération des villes, établis-
Le départ fixé le 11 juin à 12h crée l'urgence.
10 juin la 2ème division SS reproduit à Oradour sa politique
d'exécutions préventives expérimentée dans la guerre à
l'Est.
L'opération est préparée par des réunions associant Wehrmacht,
Waffen-SS, Sipo/SD et Milice sur la base des mesures préconisées par Lammerding dans son mémorandum du 5 juin et sous
couvert de l'« Ordonnance du 10 juin 1944 concernant la sauvegarde de l'armée allemande » qui place les départements allant
du Puy-de-Dôme à la Charente sous le droit allemand.
Le choix se porte sur Oradour-sur-Glane, proche de SaintJunien, qui présente les conditions favorables à la réalisation
d'un massacre rapide, sans risque de riposte, par une unité peu
nombreuse et inexpérimentée : implantation à l'écart des zones
de maquis, taille modeste.
L'exécution est confiée au 4ème régiment SS de grenadiers
blindés Der Führer commandé par le colonel Stadler.
Sur le terrain, la troisième compagnie commandée par le capitaine Otto Kahn, appartenant au bataillon I du major Adolf
Diekmann : soit 150-200 SS parmi lesquels une trentaine de
conscrits alsaciens. Une violence rationnellement organisée,
avec une « taylorisation » des tâches :
- arrivée à l'improviste,
- encerclement du village,
- rassemblement de la population dans un espace central,
- séparation des hommes/femmes-enfants,
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- exécution des hommes dans des lieux clos,
- massacre des femmes et des enfants,
- pillage, incendies,
- élimination des corps par le feu ou l'enfouissement dans des
fosses communes.
En l'espace d'à peine quatre jours, l'opération répressive menée
par la formation SS dans le Limousin est couronnée de succès.
« Souviens-toi »
Mémoire et Politique
Sept ans après le procès de Nuremberg, neuf jours après le
verdict, la loi d'amnistie votée le 20 février 1953 par 319 voix
contre 211 (55 abstentions) approuvée par le Sénat (174 voix
contre 78) lave les inculpés alsaciens de la notion de crime au
nom de l'unité nationale. Mais la menace sur l'unité nationale
était-elle assez sérieuse pour justifier l'annulation d'une décision de justice ?
la peine des 2 sous-officiers condamnés à mort est commuée
en détention à perpétuité par grâce présidentielle de Vincent
Auriol. En 1958, tous les condamnés ont été libérés.
À l'arrière-plan : la réconciliation franco-allemande jugée
nécessaire dans le contexte de la Guerre Froide et des prémices de la construction européenne (mise en place de la CECA1951).
Le 11 juin à 12 h, la Das Reich prend la route de la Normandie.
La sentence du Tribunal militaire de Bordeaux.
La 3ème Compagnie du bataillon I du régiment Der Führer est
rendue responsable du massacre. Le tribunal militaire de
Bordeaux présidé par le magistrat Marcel Nussy-Saint-Saëns
assisté de six juges militaires, officiers d'active, s'ouvre en janvier 1953 pour juger 21 accusés de cette unité : 14 Alsaciens en
liberté jusqu'alors et 7 Allemands détenus dans des camps de
prisonniers de guerre et extradés ; ils répondent de l'inculpation
de crime de la guerre.
Le procès se déroule dans un climat passionnel avec les témoignages accablants des survivants et la mise en accusation des
Alsaciens. Pour leur défense, les Allemands invoquent le devoir
d'obéissance absolue aux ordres conformément au serment
qu'ils ont prêté lors de leur admission dans la Waffen-SS.
Les inculpés alsaciens, pour la plupart âgés de 17 ans au
moment des faits, reconnaissent leur participation mais font
valoir qu'ils ont été enrôlés de force et ne se sont pas dérobés par
crainte de représailles pour leurs familles (internement au camp
de Schirmeck ou au Struthof).
Les « malgré-nous » bourreaux malgré-eux ?
Le fait essentiel est qu'ils ont tous obéi et que leur comportement ne s'est pas distingué de celui des Allemands nationaux :
une culture de la violence caractéristique de la Waffen-SS qui
leur a permis de transgresser les règles pour accomplir un acte
hors-norme.
Le verdict tombe le 11 février 1953 :
- condamnés à mort : 2 sous-officiers l'Allemand Lenz et
l'Alsacien Boos engagé volontaire dans la 2ème SS en 1941,
- Allemands condamnés à des peines de travaux forcés de 6 à 12
ans,
- les conscrits alsaciens condamnés à des peines de prison de 5
à 8 ans et à des peines de travaux forcés de 5 à 12 ans,
- 44 Allemands parmi lesquels les officiers, jugés par contumace
et condamnés à mort.
10 juin 2014 une cérémonie républicaine sous le signe de
l'unité.
Une journée conviviale qui a rassemblé les participants dans
la salle des Carderies pour un déjeuner offert par la mairie.
À notre table un groupe d'Allemands qui faisaient partie des
48 cyclistes français et allemands ayant accompli le périple
hautement symbolique Dachau-Oradour : 1.150 km / 2-8 juin.
La deuxième partie de la commémoration se déroule sur
l'Esplanade du Mémorial.
Elle débute avec l'hommage rendu par les pouvoirs publics,
délégations étrangères et nationales, associations à travers
es dépôts de gerbes ; la gerbe de l'AFMA est déposée par
Roger Boksenbaum et Mireille Champion qui représentent
l'association.
La cérémonie s'achève par l'allocution du Premier Ministre
Manuel Valls, emplie d'allusion à l'actualité, dans le contexte
des récentes élections municipales et européennes. Un appel à
l'unité nationale, résolument orienté sur l'Europe et contre ses
détracteurs :
L'Europe comme rempart contre la guerre, porteuse de massacres de populations civiles tels celui d'Oradour qu'il présente
comme un « massacre absurde »... perpétré par « la barbarie
nazie ».
70 ans ont passé depuis la venue du Général De Gaulle, le
mythe est bien ancré qui fait d'Oradour le village martyr,
symbole de l'unité nationale. Cependant, les faits montrent
que le massacre n'a rien d'absurde et obéit à une logique.
Mais la commémoration ne devrait-elle pas être pour
les citoyens un moyen de s'approprier leur Histoire ?
Août 2014
Mireille Champion
Sources :
- Jean-Luc Leleu, La WAFFEN-SS soldats politiques en guerre,
édition Perrin 2007.
- Comprendre Oradour, édition du Centre de la Mémoire - 2000.
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Un député anglais à Drancy
En mémoire de ses grands-parents juifs déportés, Fabian Hamilton, un anglais de 59 ans a parcouru près de 700km
à vélo pour arriver à Drancy.
C’est ainsi que le journal « Drancy Immédiat » du 10 au 15 septembre 2014 a rendu compte de cet événement (voir
ci-joint).
Accueilli par l’AFMA dont il a visité l’exposition, il nous a remis une lettre destinée à Micheline et Lucien Tinader
qui l’avait reçu (voir la traduction)
Chère Madame Tinader,
Merci beaucoup pour votre hospitalité dimanche quand nous étions à Drancy à la fin de mon voyage à vélo depuis Leeds.
Vous m'avez demandé d'écrire quelques mots au sujet de ma famille et son rapport avec Drancy. L'article est ci-dessous écrit en
Anglais.
C'était un grand plaisir de vous rencontrer avec ton mari et M. Berkover. Merci encore.
Feu mon père Mario était fils unique mais sa mère, Louise Sevillia venait d'une famille
de quatre enfants qui ont grandi à Genève entre la fin du 19ème et le début du 20ème siècle. Parmi les frères de Louise un seul a eu des enfants – Jacques a un fils qui s'appelle
Roger – c'est le cousin germain de mon père, âgé seulement de deux ans de plus que
lui, étant né en 1924.
Jacques et Roger s'installèrent à Paris dans les années 30, ainsi que mes grands-parents
et leur fils. Mario fut envoyé dans un internat en Angleterre en 1934 à l'âge de 12 ans
et lorsque Paris s'inclina face aux Nazis en 40 il était alors à l'abri en dehors de la
France, son père Isaac était en Espagne (pays neutre) mais ma grand-mère était coincée à Paris. 1940 était une très mauvaise année pour les Juifs de France mais pour ceux
dont la majorité vivait dans Paris occupée c'était bien pire.
Oncle Jacques et son fils Roger ont refusé de se faire recenser auprès des autorités
nazies et de porter l'étoile jaune. Par conséquent ils ont passé leur temps à se cacher et
à éviter les rafles durant toute la période de l'Occupation. Ils y sont parvenus et ont
ainsi survécu à la guerre. Jacques a été invité à mon mariage en 1980 et il est mort en
1988 à l'âge de 88 ans. Roger vit toujours, il est à Paris et a maintenant 90 ans. Ma
grand-mère a également survécu parce qu'elle a réussi à obtenir la nationalité portugaise. Aussi bizarre que ça puisse paraître les Nazis l'ont laissée tranquille jusqu'à ce
qu'elle décide de quitter Paris pour Bordeaux en 44 et de traverser les Pyrénées
jusqu'en Espagne pour essayer de rejoindre mon grand-père.
En revanche, les parents de Louise et de Jacques ont eu moins de chance. Ils ont fait
leur devoir en se faisant recenser en tant que juifs auprès des autorités Nazies et ont
porté leur étoile jaune. Durant deux terribles nuits de juillet 42, plus de 13.000 Juifs
parisiens ont été arrêtés et emmenés au Vél d'Hiv d'où la plupart s'est retrouvée ensuite
à Drancy au nord-est de Paris puis à Auschwitz. Reina et Isaac Sevillia en faisaient
partie et nous avons une copie de l'acte de décès de Reina transcrit à Birkenau.
Je suis député britannique et membre du Parti Travailliste et ai représenté la communauté juive du nord-est de la ville de Leeds située dans le Yorkshire et ce depuis 1997.
Mon nom de famille est Uziel. Je suis né à Londres en 1955 et me suis installé à Leeds
en 1979. J'ai décidé de rouler à vélo de Leeds à Drancy et de rassembler des fonds pour
Donisthorpe Hall, une maison de retraite juive pour personnes âgées et infirmes où
vivent encore quelques rescapés du génocide. Cet établissement étant situé dans la
circonscription parlementaire que je dirige.
J'ai commencé mon cyclo-tour le 25 juillet en m'arrêtant d'abord à Londres puis ai parcouru le Surrey et le Sussex jusqu'à Port of
Newhaven sur la côte sud de l'Angleterre. J'ai enfin pris le bateau pour Dieppe. J'ai suivi la fantastique "avenue verte" depuis Dieppe,
je suis passé par Forges-les-Eaux, par une petite ville près de Chantilly et me suis enfin arrêté à Drancy à l'heure du déjeuner dimanche 3 août. La distance que j'ai parcourue est de 692 km et j'ai récolté jusque-là environ 4.000 livres pour mon association.
J'avais déjà entendu parlé mais aussi lu beaucoup sur Drancy et le rôle que la ville a joué durant la guerre en tant que camp d'internement pour juifs, tziganes ou autres personnes que l'occupant Nazi avait jugées inacceptables sur le territoire français. J'avais aussi déjà
vu le Mémorial de la Shoah sur google earth via internet mais rien ne m'avait préparé à la Cité dite de la "Muette" ni au wagon de chemins de fer à l'intérieur duquel se trouve une toute petite exposition mais si bien faite.
Ce qui a été encore plus surprenant c'est la rencontre de mon épouse et moi-même avec André Berkover. Nous avons été accueillis à
Drancy par messieurs Mangin et Bartuccio, adjoints au maire de la ville, mais nous n'avions pas réalisé que nous aurions le privilège
de rencontrer un témoin de ces terribles événements en personne. Nous nous sommes rendus dans le local où se trouve l'exposition de
photos et d'objets de cette période, et après avoir vu le petit film très bien fait sur le rôle de Drancy durant la Shoah nous nous sommes
assis et avons écouté fascinés le compte rendu brut de décoffrage de M. Berkover. Il nous a raconté son histoire extraordinaire comme
si elle avait eu lieu hier.
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70ème anniversaire
de la libération des camps 2015
5ème Semaine Internationale de la Mémoire
à Coutances (Calvados)
À nouveau, nos amis de Coutances, nous font
part de leur projet dans le cadre du 70ème anniversaire de la libération des camps en 2015.
Ci-après le mail reçu de M. Christian Savary
professeur d’histoire.
À l’écoute du témoin André Berkover
Alors que j'écoutais M. Berkover je ne pouvais m'empêcher de penser à Reina Sevillia,
la maman de ma chère grand-mère qui avait séjourné dans ce complexe d'habitations à
peine fini transformé en camp d'internement, l'antichambre de la mort. Qu'est ce qui avait
bien pu lui traverser l'esprit à elle une femme âgée de 68 ans à l'époque lorsqu'elle est
montée à bord du wagon surpeuplé qui allait les envoyer à la mort ? M. Berkover est un
survivant hors du commun mais comme il l'a reconnu lui-même il a eu juste de la chance
alors que la grande majorité, notamment sa mère et son frère, n'en ont pas eue.
Dieu merci il a pu raconter son récit de son vivant et être un témoin dont nous devons
tous apprendre quelque chose. Si Reina Sevillia avait vécu je l'aurais rencontrée, elle
aurait eu 81 ans quand je suis né. Je ne m'étonne pas que sa fille ma grand-mère Louise
n'ait jamais évoqué la Shoah.
Le soir de notre arrivée, quand ma femme et moi sommes arrivés à notre hôtel nous avons
cherché l'adresse du site du Mémorial de la Shoah de Drancy et nous avons été choqués
d'y découvrir les noms d'autres membres de la famille Uziel, mon sang, dont on ne
connaîtra jamais les récits. La famille venait de Salonique alors pourquoi ont-ils été amenés à Drancy ? Comment se sont-ils retrouvés à Paris ?
Je suis heureux d'avoir fait ce voyage, d'avoir rencontré M. Berkover et d'avoir vu Drancy
où tant de gens se sont retrouvés. Je suis reconnaissant envers la Municipalité de Drancy
pour le rôle de mémoire qu'elle joue. Je n'oublierai jamais ma visite.
Avec tous mes meilleurs vœux,
Fabian Uziell Hamilton
Député Travailliste de Leeds Nord Est,
Chambres des Communes,
Londres
Royaume-Uni
Traduction J. Wierzbicki
M. Hamilton devant le wagon
Chers amis,
J'espère que vous allez bien et que vous
conservez la même énergie pour transmettre et
faire connaître l'histoire et la mémoire de la
déportation et de la Shoah.
De mon côté, je poursuis mes travaux avec mes
élèves et prépare un séjour en décembre avec
une cinquantaine de Jeunes qui nous conduira
successivement à Prague, Terezin, Treblinka,
Varsovie, Lublin, Wlodawa, Sobibor, Auschwitz,
Birkenau et Cracovie.
Le temps et les moyens m'ayant manqué pour
leur organiser une visite préalable approfondie
à Paris, j'aimerais néanmoins leur proposer de
visiter le site de Drancy le Mercredi 10 décembre pendant notre trajet aller. En fonction de
vos disponibilités et de la possibilité d'organiser également une visite de Mémorial de la
Shoah rue Geoffroy-l'Asnier le même jour, je
me propose de finaliser ceci dans les jours qui
viennent.
Je sais que vous tenez à organiser un témoignage en complément de la visite du site.
Malheureusement, le temps imparti ne le permettrait pas. Néanmoins, fin février/début
mars, nous aurons à Coutances la Cinquième
Semaine Internationale de la Mémoire. Le
témoignage pourrait trouver toute sa place et
son écho à cette occasion. Je me tourne donc
vers vous afin de proposer à l'AFMA toute sa
place dans cet événement.
De notre point de vue la journée du Lundi
2 mars serait la grande journée de témoignages
relatifs à la déportation et à la Shoah avec
2 conférences consacrées au 70ème anniversaire
de la Libération d'Auschwitz et au retour des
Déportés.
Autour de ces conférences, nous souhaitons
comme d'habitude proposer de nombreux
témoignages tant leur valeur auprès des Jeunes
est essentielle à la connaissance et à la transmission. Le thème central de la Semaine de la
Mémoire sera "Commémorer" en écho aux
célébrations de l'année 2015. Le témoins doivent pouvoir être entendus très fortement à
cette occasion. Pensez-vous que nos amis
déportés que nous connaissons pourraient se
déplacer à Coutances avec vous pour cette
occasion ?
Voilà, dans l'attente de votre réponse et de préciser certainement les contours de chacune de
mes propositions, recevez Lucien et Micheline
Christian Savary
toute mon affection.
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70ème anniversaire de la libération des camps
Le Bus pour Drancy, témoigner encore et toujours
A
lors qu'on célèbre le 70ème anniversaire de la Libération, la romancière Cécile Oumhani, invitée de
BibliObs, a lu "le Bus pour Drancy", de
Dominique-Marie Godfard.
De 1941 à 1944, le camp de Drancy fut le
principal lieu d'internement des Juifs parisiens avant leur déportation vers les camps
d'extermination nazis. (©Alfred/SIPA)
Si tôt ou tard choses et êtres chers sont
voués à cesser d’exister, il en va autrement
de l’onde de choc laissée par leur départ.
Elle inscrit au cœur de nos vies des blessures dont les cicatrices sont parfois aussi
invisibles que ces calcifications découvertes un jour au hasard d’une radiographie.
Les chemins des uns et des autres se croisent, les destins se frôlent sans se rencontrer, sans se confier, même aux plus proches. Sans doute la plaie reste-t-elle trop
douloureuse, la crainte de voir déferler le
passé trop forte pour que des mots soient
posés, pour qu’une histoire soit racontée.
Ne rien dire ni aux siens, ni à soi-même...
Endiguer pour survivre.
C’est d’une brèche dans un silence de plusieurs décennies qu’est né « le Bus pour
Drancy ». Léa a évité de parler à ses
enfants du drame qu’elle a vécu à Paris, le
16 juillet 1942. Dans ce roman tiré du
récit que Léa lui a fait au fil de leurs
conversations, Dominique-Marie Godfard
raconte l’exil d’une mère et de ses trois
filles, arrivées de Bessarabie en 1929.
Patiemment, elle reconstruit les morceaux
d’un passé fracassé et tente de combler les
nombreux blancs restés dans la mémoire
de Léa. Les relations mère-fille étaient
alors très différentes de ce qu’elles sont
aujourd’hui. Il y avait tant de questions
que Léa n’aurait pas envisagé de poser. Et
puis comment ne pas être coupée du
monde, comment ne pas tâtonner pour le
comprendre, après avoir passé huit années
dans l’orphelinat israélite où la mère dut
placer ses filles, d’abord pour se soigner,
puis pour travailler ?
Avec le tact de qui s’approche pour
toucher une blessure encore béante,
Dominique-Marie Godfard évoque le
voyage de Paula et de ses filles, depuis
Chisinau jusqu’à Paris, les désillusions, la
précarité. Sans jamais tomber dans le
pathos, elle rend une forme de vie à cette
famille qui s’efforce de survivre dans le
Paris d’avant-guerre. La peur de voir leur
mère se remarier, les premières amours,
l’exiguïté du deux-pièces qu’elles habitent avenue d’Italie après avoir quitté l’orphelinat, la visite de la babouchka qui
passe plusieurs mois avec elles... On entre
dans un univers intime et d’autant plus
émouvant qu’on le sait si proche de disparaître.
L’Histoire s’accélère, sans que Paula et
ses filles se doutent de l’ampleur que
prendront les événements. L’inéluctable
spirale s’amorce avec la guerre qui éclate,
un premier exode en province, le retour à
Paris, le port de l’étoile jaune, jusqu’à la
visite tard le soir du 15 juillet 1942 d’un
jeune homme venu prévenir la mère de
Léa du danger imminent. « Pourquoi tu
veux qu’on nous embarque ? Pour nous
faire travailler bien sûr ! », rétorque Paula
à sa fille cadette après son départ, avant
d’ajouter : « De toute façon, moi, le travail, ça ne me fait pas peur ! » Paula et
Renée, son aînée, seront raflées le lendemain matin par la police française... Elles
ne reviendront pas d’Auschwitz.
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« Le Bus pour Drancy » n’est pas un
récit linéaire. Il oscille constamment entre
le passé que met en scène DominiqueMarie Godfard et le présent, où Léa réfléchit, s’interroge, s’adresse à l’auteure du
livre. Le lecteur est ainsi rappelé à tout instant à un désastre qui n’en finit pas d’exister, hors du temps, hors de l’espace. Si
Paula et Renée ont été arrachées sans
retour à Léa, la béance de leur absence,
minée par ce que celle-ci ne pourra jamais
élucider tout à fait, n’a pas cessé de se
creuser en elle. Garder le silence tant d’années n’a pu refermer la déchirure d’un
deuil de toute façon impossible. Essayer
de colmater, de masquer en se taisant
n’aura pas effacé l’effroyable barbarie
d’une tragédie dont Léa a voulu protéger
les siens presque jusqu’à la fin de sa vie.
Livre nécessaire, puisqu’il a pu apporter à
Léa une forme d’apaisement, il l’est aussi
pour nous tous. Témoignage, il vient continuer un travail de mémoire devenu de plus
en plus difficile au fur et à mesure que disparaît la génération directement impliquée
dans cette époque. Il s’impose en un temps
où certains cherchent à nier, à minimiser
l’innommable. Le monde a vite fait de
mettre le passé à distance, continuant
inexorablement de tourner les pages de
l’Histoire, de répéter tragédies, exodes,
guerre et massacres. Témoigner, encore
et toujours, est une nécessité, un devoir
envers tous ceux qu’a anéanti la barbarie,
tous ceux qu’elle continue, quelque part
à la surface de cette terre, de vouloir
anéantir.
Cécile Oumhani
Le Bus pour Drancy, par DominiqueMarie Godfard, Editions Chèvre-Feuille
Étoilée, 150 p, 15 euros.
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Institut Saint-Dominique
de Mortefontaine
Texte transmis par Mme Caroline BitschBesson, professeur.
Lorsque nous sommes arrivés à Drancy le
6 octobre, l'après-midi venait à peine de
commencer et c'est sous un ciel nuageux
que nous avons été accueillis par Monsieur
et Madame Tinader, membres de l'association AFMA (Association Fond Mémoire
d'Auschwitz).
Aujourd'hui, dans cette cité HLM, peu de
choses rappellent qu'il y a plus de 70 ans,
des hommes, des femmes et des enfants
ont été parqués là, dans cette antichambre
de la mort. Voitures, arbres et verdure ont
remplacés les barbelés et la place vierge
qui occupaient autrefois le centre de barres
d'immeubles inachevées. Malgré tout, à la
place du portail, se dresse maintenant un
monument à la mémoire des déportés
ayant transité dans ce camp, et c'est là que
nous avons commencé notre visite.
Après nous avoir expliqué la signification
de la sculpture de Shelomo Selinger, nos
guides nous ont conduits près d'un wagon
semblable à ceux dans lesquels les quelques 75.000 Juifs français déportés à
Drancy ont voyagé vers l'Allemagne ou la
Pologne dans des conditions effroyables.
La remise en état et l'aménagement de ce
wagon pour accueillir une exposition rendent parfois difficile une appréciation de
l'horreur d'un tel voyage mais la présence de
celui-ci derrière le monument, de par sa
portée symbolique, ne laisse pas indifférent.
d'un survivant de l'holocauste nous ont
permis d'être confronté à certaines réalités
concentrationnaires et constituèrent ainsi
une sorte de prologue à notre voyage à
Auschwitz-Birkenau prévu dans quelques
mois.
Marie Lubineau, élève de terminale
Voyage à Auschwitz
« Du Jeudi 8 au Dimanche 11 Mai 2014,
un groupe de 45 personnes âgés de 17 à 65
ans a voyagé en direction de son histoire.
Le DEJJ, Département Educatif de la
Jeunesse Juive, s’est lancé le défis d’organiser pour ses jeunes un voyage de
mémoire en Pologne et ce, dans le cadre de
son programme de formation.
L’idée était de permettre à ces éducateurs
de demain de vivre une expérience identitaire indispensable pour la transmission de
l’histoire de la shoah aux générations futures afin que ce crime contre l’humanité ne
puisse jamais se reproduire.
Afin d’accompagner la jeunesse tout au
long du voyage pour les guider, les aider
à comprendre l’histoire et surtout libérer
leur parole nous avons choisi de convier
des adultes proches du mouvement et
cadre communautaire : Ariel Amar
(FSJU), Gerard Souffir (CASIP), Ariel
Kandel (Agence Juive Pour Israel), Johan
Zittoun (OPEJ), Julie Zittoun (PASSERELLE).
Guidé par un professionnel de l’éducation
juive – Ariel Kandel – C’est à Varsovie que
ce voyage de mémoire a commencé.
Nous avons débuté par la visite du cimetière
pour ensuite se rendre à la maison d’enfants
de Janusz Korzcak pour présenter le récit de
sa vie et reprendre la chanson de Yves
Duteil – Prendre un enfant par la main –.
Le lendemain nous nous sommes rendus à
Cracovie vers l’un des lieux représentatif
de la cruauté humaine et emblématique du
système totalitaire du IIIe Reich : le camp
de concentration de Auschwitz puis
Birkenau. Après une journée difficile et
émouvante nous avons fait le choix de
nous recueillir devant la synagogue du
Rama puis d’aller visiter l’usine d’Oscar
Schindler (Juste parmi les nations).
Nous ne pouvions terminer ce voyage sans
retourner à Varsovie pour reproduire le
parcours de la bravoure et entendre le récit
de la vie de Mordehai Anielewicz. En terminant la journée par la pose d’une pierre
symbolique sur la tombe de Janusz
Korzcak à Treblinka le DEJJ, mouvement
d’éducation populaire, a voulu mettre l’accent sur l’éducation et la transmission de
cette histoire.
Ce voyage a permis à 30 jeunes venus de
Paris, Marseille, Nice et Lyon ainsi qu’à 15
adultes de découvrir ces lieux de mémoire
de la shoah. Tout cela n’aurait pas été possible sans le soutien des bénévoles et donateurs de l’association, du FSJU, de l’OPEJ,
de l’Agence Juive et de l’AFMA.
Afin que cela ne se reproduise plus.
NEVER AGAIN.
Jérémie Wizman
Directeur du DEJJ Paris
Une fois le wagon visité, nous nous sommes promenés dans le camp, nous arrêtant
ici ou là pour voir une plaque, écouter une
anecdote ou simplement essayer d'imaginer ce qu'avait pu être la vie derrière ces
murs. Nous avons également pu visiter une
exposition sur les camps, la guerre et le
sort des juifs et de tous les déportés durant
le second conflit mondial. Affichés là, des
images et des textes tout aussi bouleversants que le témoignage de Monsieur
Peireiha, que nous avons écouté quelques
minutes plus tard.
Ce fut une histoire poignante, et le silence
qui régnait dans la salle du mémorial de la
Shoah à ce moment-là témoignait d'un
intérêt commun : à travers le récit de son
enfance, le témoin nous a ramenés dans le
passé pour tenter de nous faire percevoir
l'atrocité de ce qu'il avait vécu. Est ensuite
venu le temps pour nous de regagner
Mortefontaine.
Particulièrement riche en émotions, cette
visite du camp de Drancy et le témoignage
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La mémoire pour ne pas oublier
Evacuation du KL-Natzweiler par les nazis
Une cérémonie commémorative a eu lieu sur le
site les 21 et 22 juin 2014.
Il y a 70 ans, en septembre 1944, les nazis commençaient l’évacuation du camp de concentration
de Natzweiler-Struthof. Quelques 6.000 déportés
furent transportés vers Dachau puis vers les camps
annexes de Natzweiler situés outre-Rhin. Fin
novembre 1944, les soldats américains pénétraient
sur le site et découvraient le premier camp de
concentration à l’ouest qui était vide. Seuls subsistaient les bâtiments témoins d’une horreur dont le
monde entier prenait peu à peu conscience.
Transférés plus à l’est, l’administration du camp
continua son efficace besogne pendant de longs
mois jusqu’en avril 1945. Dans les derniers mois,
ultimes évacuations et marches de la mort achevèrent de décimer la population concentrationnaire
de Natzweiler.
*********
Gare de Nanteuil-Saàcy
70ème anniversaire du dernier convoi
La cérémonie qui marque le 70ème anniversaire du
dernier convoi de déportation en Seine et Marne a
eu lieu le samedi 16 août 2014 à 18 heures sur
l’Esplanade de la gare de Nanteuil-Saàcy, à
laquelle assistaient plusieurs centaines de participants et 40 porte-drapeaux. Ce convoi emportait
2.400 résistants et résistantes extraits de la prison
de Fresnes et du Fort de Romainville qui ont quitté
Paris (gare de marchandises de Pantin, quai aux
bestiaux) le 15 août 1944.
La cérémonie fut marquée par le témoignage de
deux hommes Clément Verfaillie (89 ans) et Henri
Ramolet (88 ans), deux des derniers survivants
venus tout spécialement pour cet événement. À
leurs côtés quelques descendants des neuf compagnons de la Libération montés dans le train ce
sinistre jour du 16 août 1944. Tous deux ont
raconté leur entrée dans la Résistance, leur arrestation suite à une dénonciation, leur interrogatoire
musclé, leur déportation à Buchenwald et leur
libération par les Américains.
Le 16 août au matin, ce train de la déportation s’est
arrêté dans la plaine de Luzancy car le pont ferroviaire enjambant la Marne avait été détruit par
l’aviation britannique. Les prisonniers encadrés
par les SS vont parcourir plusieurs kilomètres pour
rejoindre un autre train dans la tranchée située
à la sortie de la gare de Nanteuil-Saàcy. Ce
train conduira en une semaine les hommes à
Buchenwald et les femmes à Ravensbruck. La plus
grande partie des hommes sera ensuite transférée
dans l’enfer des camps de Dora, Ellrich et
Nordhausen. (85%) n’en reviendront pas. Dans ce
train, il y avait 9 Compagnons de la Libération et
aussi plusieurs centaines de déportés étrangers
dont 158 aviateurs alliés dont les avions avaient été
abattus au-dessus de la France.
Le Mémorial a été inauguré en juin 2012 grâce à
l’appui des Pouvoirs publics, des collectivités
locales, de la SNCF, des organisations locales,
départementales et nationales et de nombreux
donateurs.
Commémoration libération
du camp de Drancy
Suite à notre invitation à commémorer la libération du camp de Drancy, nous avons reçu de la
part de M. Pascal Beaudet Maire-conseiller général d’Aubervilliers, absent ce jour, une lettre d’excuses et ses vœux de réussite pour cette cérémonie.
Egalement de messages d’excuses de M. Michel
Teulet, Maire de Gagny, de M. Lemoine, maire de
Montfermeil, du cabinet du Maire de Saint-Ouen,
de M. Romain Bentegeat secrétaire de la section
PS de Bobigny.
*********
Sur la libération du camp, un cahier spécial de
Bonjour Bobigny n°724 a publié un article de
M. Stéphane Parivski basé sur le témoignage
entre autres faits de Mme Suzanne GrumbachCitron internée à Drancy qui a vécu cette libération et que nous publions à l’attention de nos
lecteurs.
« Depuis hier, nous sommes libérés ! »
Dans le nord parisien, l’Allemagne nazie a installé l’un des maillons clés de sa politique d’extermination des Juifs : le camp de Drancy.
Arrivée à Drancy des juifs raflés
par la police française en 1941
« Nous sommes consignés dans nos chambres. On
ne sait pas au juste ce qui se passe. Brünner est
parti ce matin dit-on ». Ce jeudi 17 août, Suzanne
Grumbach-Citron, internée au camp de Drancy,
écrit ces lignes dans le journal qu’elle tient.
Depuis plusieurs semaines l’espoir d’une libération grandit parmi les quelque 1.500 internés du
camp de Drancy. On sait les alliés tout proches.
Mais « c’est un espoir contenu car la peur d’un
dernier convoi demeure » explique Annaïg
Lefeuvre, du Mémorial de Shoah de Drancy.
Avec sa sœur, elle ramassait les nombreux messages laissés sur les voies par les déportés. « Nous
les expédions après avoir recopié les adresses sur
des enveloppes. » Mais à l’époque aucun panneau
ne prévenait de la destination de ce qu’on appellerait les trains de la mort…
Depuis juillet 1943 le SS Aloïs Brünner a pris le
commandement du camp et l’une de ses premières décisions est d’organiser le départ des convois
de la mort de la très discrète gare de Bobigny. Le
12 août il a essayé de former un ultime convoi afin
de déporter quelque 1.000 internés : sa tentative
échoue. Les cheminots sont entrés en grève. Estce à ce moment précis que les nazis décident
d’évacuer le camp ? Trois jours plus tard, il fait
bruler les archives, dans les cuisines – mobilisant
pour cela des internés, qui réussiront cependant à
en sauver une partie.
Minutes décisives. Ce jeudi 17 août à 10 heures,
donc Emmanuel Langberg – l’interné auquel les
nazis ont confié l’administration du camp –
s’adresse par note à l’ensemble des internés.
« Probablement nous vivons des minutes décisives, et je demande à tous de conserver le sangfroid le plus complet. » À 16 heures il pourra
écrire : « Les Allemands viennent de partir, la
libération approche. Les modalités de cette libération seront discutées ce soir-même entre le commandant de la gendarmerie et nous. »
Entre-temps, les habitants de Drancy et Bobigny
ont assisté à une scène sans doute inédite : Aloïs
Brünner et ses SS emportant 51 otages, parcourant à pieds et mitraillette au poing les quelque
deux kilomètres qui les séparent de la gare de
Bobigny. Ils ont réussi à trouver trois wagons et
prennent la fuite vers l’Allemagne. « Il y a eu un
moment de flottement parmi les 1.467 détenus »,
raconte Lucien Tinader de l’AFMA.
Une incertitude qui se mêle à une incroyable exaltation. « Cela s’est fait comme un vertige incroyable, écrit dans son journal Suzanne GrumbachCitron, comme sur l’écran d’un film (…) déjà nous
sommes dans un autre pays ». Des sentiments auxquels déjà se mêle l’exigence de mémoire.
Depuis trois ans, la cité de la Muette est devenue
le principal lieu d’internement des Juifs de
France. Dès 1942 – et la mise en œuvre de la
« Solution finale » – c’est la dernière étape avant
la déportation vers les camps d’extermination.
Une soixantaine de convois français de déportés
juifs sont partis d’ici : sur les 76.000 hommes,
femmes et enfants juifs déportés de France,
67.000 le furent à partir de Drancy.
« Je vous demande en souvenir de nos 70.000
camarades déportés d’observer ce soir à 19 heures deux minutes de silence », a écrit l’administrateur Langberg le 17 au soir. Dans les jours qui suivent, la Croix-Rouge fait son entrée dans le camp.
Le consul de Suède Raoul Nordling (qui joua un
rôle clé dans les négociations de la Libération) fait
distribuer à chaque interné 200 francs et un saufconduit.
Machine de mort. Que savaient les Balbyniens
de l’odieuse machine de mort qui s’était mise en
branle à leurs portes ? Pas grand-chose sans
doute… Ginette Germenot, qui habitait face à la
gare de Bobigny, racontait dans nos colonnes en
Le camp de Drancy sera libéré plus d’une semaine
avant l’arrivée des soldats de la 2ème DB, la « division Leclerc ». Quant à la Muette, elle restera camp
d’internement jusqu’en 1946 : pour accueillir cette
fois les Français suspectés de collaboration.
LA LETTRE DE L’AFMA
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2000 avoir été témoin des « malheureux rassemblés sur cette esplanade, avant d’être poussés
sans ménagement dans les wagons stationnés sur
les voies ».
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Commémoration
à la Gare du Bourget
La traditionnelle commémoration des déportations
par la Gare du Bourget a eu lieu le Vendredi 10
octobre à 18 heures devant la stèle portant la plaque inaugurée par l’AFMA en présence du
Sénateur-maire du Bourget, M. Vincent CapoCanellas qui a prononcé un discours (voir extraits)
et des élus parmi lesquels M. Stéphane Troussel,
président du Conseil Général de Seine-SaintDenis et de M. Jean-Christophe Lagarde députémaire de Drancy. L’AFMA présente a déposé une
gerbe en hommage à toutes les victimes passées
par cette gare à destination des camps d’extermination.
Extraits du discours : « Il y a plus de 72 ans partit
de cette gare un premier convoi de déportés français pour Auschwitz. Ce convoi a d’abord été
formé depuis le camp de Drancy, principal, centre
d’internement et de rassemblement des Juifs… de
1942 à 1944 67.000 des 75.000 Juifs déportés de
France en sont partis vers le camp d’extermination
d’Auschwitz-Birkenau. Deux gares jouèrent un
rôle essentiel dans ce dispositif : celle du Bourget
puis celle de Bobigny. De juin 1942 à juin 1943…
41convois déportèrent près de 40.000 Juifs… puis
à partir de Bobigny, 21 convois et 22.500 personnes… au total 63 convois de déportés partis des
gares du Bourget et de Bobigny dont 58 ont rejoint
Auschwitz-Birkenau. 75.721 Juifs dont 11.400
enfants déportés vers les camps nazis dont entre
2.500 et 3.000 ont survécu.
Etre présent ici, c’est pour nous souvenir de cette
page sombre de l’histoire de France et de l’histoire
Bourgetine. La gare du Bourget et le camp de
Drancy constituent en effet avec le site d’Oradoursur-Glane les témoignages les plus saisissants
de l’horreur de la seconde guerre mondiale. Antichambres des camps de la mort, ils furent le théâtre de la tragédie de la déportation au nom d’une
idéologie qui a fait basculer l’Europe dans l’horreur en refusant toute forme d’altérité. Au cœur de
notre ville la Gare fut le témoin malheureux d’un
processus de mise à mort implacable qui a mis le
progrès technique et les infrastructures ferroviaires au service de génocidaires pétris de haine…
En tant que citoyens d’une République démocratique et apaisée nous sommes tous les héritiers
d’une histoire qui a conjugué le splendide et l’abject… Ces circonstances révélèrent des êtres d’exceptions… Résistants, compagnons de la Libération et Justes parmi les Nations ont sauvé l’honneur de notre pays… Je tiens également à saluer
les survivants, hélas de moins en moins nombreux… leur expérience est précieuse…cette
flamme du souvenir entretenue auprès de nos jeunes scolarisés dans les établissements du Bourget
qui prennent conscience que l’abjection absolue
du national-socialisme s’est aussi manifestée dans
leur environnement immédiat. La visite du Mémorial de Drancy peut les aider.
Car au-delà de son bilan macabre – 6 millions de
morts – la Shoah est aussi une addition de destins
brisés, une interminable litanie de noms honorés
par le Mémorial de Yad Vashem. Que certains ont
aujourd’hui le culot de minimiser l’ampleur de ce
génocide ou de nier l’existence des chambres à
gaz. Citant les écrivains de la littérature mondiale
et aussi témoins Robert Anthelme, Elie Wiesel,
Primo Levi, Jorge Semprun, il conclut : Quand
souffle l’esprit de haine alimenté par la peur,
quand les groupuscules se révèlent ouvertement
racistes et antisémites, quand l’actualité internationale nous rappelle que l’horreur n’est hélas
encore pas si lointaine, il me semble important de
toujours rappeler notre vigilance. Telle est notre
responsabilité aujourd’hui.
Photo Nicolas Pamart
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Dépot de gerbe ?
*********
Explosion de haine antisémite en Allemagne
Prenant prétexte des événements au ProcheOrient, des débordements antisémites ont eu lieu
dans plusieurs villes d’Allemagne venant autant de
l’extrême droite que de militants musulmans
extrémistes. À Dortmund et à Francfort, des néonazis s’étaient joints aux manifestants. À Berlin,
un iman doté d’un passeport danois a appelé à
compter les Juifs et à les tuer jusqu’au dernier.
Pour le Président du Conseil central des juifs en
Allemagne : Nous assistons actuellement à une
explosion de haine malfaisante et violente contre
les juifs qui nous choque et qui nous consterne.
Nous n’aurions jamais cru possible de voir de
notre vivant des slogans antisémites scandés dans
les rues allemandes de manière la plus nauséabonde et primitive. La police de Berlin massivement présente lors des manifestations mais qui n’a
pas réagi aux slogans antisémites a été critiquée.
Selon un porte- parole, Mme Merkel estime que
ces débordements et déclarations antisémites sont
une attaque contre la liberté et la tolérance et une
tentative de porter atteinte à nos valeurs démocratiques. Nous ne pouvons et nous n’allons pas les
tolérer.
Sources : M. Frédéric Lemaître Le Monde du 25 juillet
2014.
*********
Un néonazi allemand au Parlement européen
Les trois grandes formations politiques n’ont pu
éviter un symbole très voyant : Udo Voigt eurodéputé du Parti national-démocrate d’Allemagne
(NPD) siègera au sein de la commission des libertés civiles durant cinq ans. Président de cette formation jusqu’en 2011, il n’hésite pas à afficher ses
convictions révisionnistes, antisémites et pro-hitlériennes. Réaction du Congrès juif européen qui
estime que cette présence dans cette commission
jette un discrédit sur l’institution.
Eric Zemmour, défenseur de Pétain
Ce polémiste que l’on voit sur les plateaux de télé,
chroniqueur au Figaro et à la radio RTL dans son
livre le « Suicide Français », entre autres affirma-
tions contestées, dédouane l’Occupation en soutenant que Pétain a cherché à protéger les Juifs français ! Il met en doute le livre de l’historien américain Robert Paxton pour son livre, « Vichy et les
Juif ». C’est faire l’impasse : Sur le Statut des Juifs
du 3 octobre 1940, annoté de la main de Pétain
et de sa propre initiative sans pression des
Allemands, aggravé en juin 1941 qui dépouillait
les Juifs français comme les Juifs étrangers et marque une extension sensible des interdits professionnels – création du Commissariat général aux
questions juives (CGQJ) – aryanisation économique – Sur la dénaturalisation des Juifs devenus
français après 1927, condamnant les personnes
concernées à la déportation (c’est ainsi que mes
parents, mon frère et moi fûmes arrêtés le 16 juillet 1942, mon père redevenant Polonais, ma mère,
mon frère et moi bien que nés en France devenant
apatrides).
Si les premières rafles en mai et août 1941 concernaient les juifs étrangers, celle du 12 décembre
1941 concernait 743 Juifs Français la plupart des
notables, avocats, professions libérales, anciens
combattants. Plus de la moitié feront partie du premier convoi parti de France le 27 mars 1942 de
plus de 1.100 personnes. À partir du convoi n°2 du
5 juin 1942, les déportations concerneront en
majorité les juifs étrangers. Elles furent souvent
menées sans égard à la nationalité des victimes
sans que le gouvernement de Vichy cherche à
intervenir efficacement.
Nombreuses personnalités comme le sénateur
Pierre Masse, le Président de l’UGIF Max
Heilbronn, le poète Max Jacob sont à compter
parmi les victimes. Vichy considérait ceux qui possédaient la nationalité française comme une monnaie d’échange dans ses négociations avec les
nazis ! Des 75.000 déportés de France, environ
24.000 étaient Français, naturalisés compris dont
au moins 8.000 sont des enfants nés en France de
parents étrangers ou apatrides).
Parmi les sujets abordés dans ce livre et les nombreuses critiques, citons les réactions indignées
suivantes : – Jacques Sémelin, directeur de recherche au CNRS et professeur à Sciences Po. qui
parle d’une falsification idéologique et souligne
que si 90% des juifs français ont été sauvés pendant l’Occupation, c’est d’abord grâce à la population française elle-même. – Robert Paxton sur le
zèle de Vichy dans la déportation des juifs de
France et pour qui dénoncer les crimes du régime
du maréchal Pétain, ce n’est pas critiquer la France
– Serge Klarsfeld quand la police de Pétain et de
Laval livrait des enfants juifs aux nazis et qui rappelle que c’est lors d’une réunion le 2 juillet 1942
entre les chefs SS et René Bousquet, secrétaire
général de la police française que le sort des juifs
a été scellé. Protestations de nombreuses associations issues de la Résistance et personnalités politiques.
Rappelons que Zemmour comme Alain Soral antisémite obsessionnel ont été condamnés par la justice pour leurs propos racistes. Un récent sondage
montre que 62% des personnes interrogées
condamnent le livre.
J.C
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Les Juifs se sont laissé conduire
comme des moutons à l’abattoir.
Lu dans le Patriote Résistant n°890-octobre 201411-01.
Pas comme des moutons !
Chers amis du Patriote Résistant, j’ai écouté les
derniers cours de Michel Onfray qui, durant tout
l’été, a disserté une heure par jour sur les ondes de
France Culture, station du service public, faut-il le
rappeler ?
Le talent d’animateur de Michel Onfray n’est plus
à démontrer. En bon philosophe, il réfléchit et
incite son auditoire à réfléchir. Rien à redire ! Cet
été, il a choisi de philosopher sur des faits historiques dont celui-ci : « Les Juifs se sont laissés
conduire comme des moutons à l’abattoir ». Il s’en
étonne et trouve « ahurissant qu’il n’y ait pas eu
un seul cas de révolte dans un seul camp de
concentration. » Et moi qui croyais qu’au 21ème siècle, il n’y avait plus que des ânes pour croire à ces
histoires de moutons ! Ce qui est ahurissant, c’est
cette ignorance ! On sait pourtant depuis bien
longtemps que, par exemple, les Juifs déportés du
ghetto de Varsovie avaient été bernés. Ils croyaient
qu’on les envoyait travailler à la campagne. Les
Allemands poussaient parfois la bonté jusqu’à leur
donner des confitures pour le voyage. Pas de quoi
se révolter. Malgré cela, la résistance s’est organisée à l’intérieur même du ghetto et la nouvelle de
son insurrection, du 19 avril au 16 mai 1943, a
empli les juifs du monde entier d’une immense
fierté. Tenez, le 7 octobre, on commémore la
révolte du Sonderkommando d’Auschwitz-Birkenau
(1944), qui permit l’évasion de quelque 200 déportés : elle suivait celle du camp de Treblinka en
août. Un peu partout il y a eu somme toute des
moutons enragés, et pas moins parmi les Juifs que
parmi les non Juifs. Peut-être Michel Onfray
devrait lire et faire lire le livre de Lucien Steinberg :
Pas comme des moutons – Les Juifs contre Hitler
(Les Balustres/MRN). Il ne lui en couterait que 10
euros.
Nicole Mokobodzki
Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide/
UJRE, Paris.
*********
Mineurs de charbon à Auschwitz
C’est le titre d’un livre de Christian Langeois
fondé sur les témoignages de 47 déportés publiés
dans le livre Jawischowitz annexe d’Auschwitz
dont l’AFMA détient les droits. L’auteur dresse le
portrait de plusieurs de ces déportés qui furent
parmi les 6.000 venus de toute l’Europe occupée et
internés à Auschwitz, choisis pour leur vigueur
relative et qui travailleront dans cette mine du 15
août 1942 au 18 janvier 1945. 3.800, les plus fragiles périront sur place d’épuisement. D’autres, à
bout de forces, victimes des coups des kapos, de la
dénutrition, du froid, de la maladie et d’accidents
seront gazés.
De ces portraits, celui de Henri Krasucki, jeune
juif résistant devenu mineur, celui de Henri
Moschovitch dit Henri Moraud devenu Secrétaire
général de l’Amicale d’Auschwitz et un de fondateurs de l’AFMA et d’autres déportés militants
de la mémoire à leur retour des camps : Sam
Radzinski, Roger Trugnan, Henri Hersztenzang,
Max Sieradzki, Maurice Livartowski, Moïse
Kranzler pour n’en citer que quelques-uns.
L’auteur s’est attaché à démontrer que la question
de la résistance occupe une part importante de ce
travail de collecte de témoignages réalisée durant
les années 1980 ajoutant que les relations, les
réflexions, les conversations qu’induisent les projets de résistance, qu’elle qu’en soit la forme,
ouvrent la place à des questions intellectuelles,
culturelles et contribuent à maintenir une volonté
de vivre supérieure au simple réflexe de survie
dans ce camp dominé par la course aux biens de
base. Le bilan de la résistance dans le camp de
Jawischowitz est impossible à chiffrer mais le plus
important, sans doute est sa valeur symbolique.
Christian Langeois Mineurs de charbon à Auschwitz
Editions Cherche Midi Prix : 17 euros.
J.C
*********
Activités Drancy
La saison de témoignages dans nos locaux de
Drancy 2014/2015, a débuté le 13 septembre par
des adultes du Comité Randonnée Découverte et
Patrimoine, ce club de marcheurs vient tous les ans
aux mêmes dates. Chaque année il retrace ce qui
s‘est passé 70 ans plus tôt. Le témoin ce jour-la
était notre ami Claude Bloch, qui vient régulièrement de Lyon.
Le deuxième groupe de ce club est venu le 25
octobre le témoin était Victor Perahia, longtemps
interné à Drancy. Ce qui suit sont quelques extraits
du mail de remerciement, que ne manque pas de
nous envoyer leur président M. Jacques Dufour.
Je tenais à vous remercier pour ce MAGNIFIQUE
dernier épisode de notre Chemin de Mémoire
1940-1944 Drancy/Bobigny et pour l'extraordinaire moment d'émotion partagé grâce à notre
grand témoin... Depuis cinq ans, nous n'avons
jamais pu nous ''habituer'' à l'horreur et à l'indicible mais aujourd'hui, le long moment de silence
des participants qui a suivi la fin de l'exposé, d'une
si grande intensité émotionnelle, ne peut se traduire en mots..
À remarquer, entre autre, le collège Chabanne
venu de Pontoise, 9 élèves de 3ème qui participe au
concours du CNRD 2014/2015, accompagnés de
leur professeur d’histoire géo. Mme Le Bihan
(Chargée de mission CNRD 95 auprès de
l’Inspecteur d’Académie). Ces élèves, venus le
matin pour entendre le témoignage d’un enfant
caché, en l’occurrence moi-même, et l’après-midi
entendre un déporté André Berkover.
Lucien Tinader
LA LETTRE DE L’AFMA
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Concours national de la Résistance
et de la Déportation 2014-2015
Le thème : la libération des camps nazis, le retour
des déportés et la découverte de l’univers concentrationnaire. Le concours (CNRD) est ouvert aux
collégiens de troisième et aux lycéens en France et
dans les établissements scolaires français à l’étranger. Pour participer au concours, les établissements scolaires doivent inscrire leurs candidats
auprès de la direction académique des services de
l’Education nationale de leur département. Un
dossier pédagogique préparatoire a été publié par
la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.
*********
Disparitions
Abraham Fridman s’est éteint à l’âge de 87
ans. Membre du Conseil d’Administration de
l’AFMA, il intervenait fréquemment dans les
établissements scolaires de la Mayenne pour
transmettre et maintenir vivante la mémoire de
la Shoah. Né en 1927 à Paris de parents
Polonais, il sera arrêté le 22 juillet 1944 et
déporté pour Auschwitz par le dernier convoi
du 31 juillet parti de Bobigny. Il sera libéré
le 11 avril 1945 à Buchenwald par les
Américains. Son récit : Je n’ai rien oublié est
publié par l’éditeur les quatre roses. Comme il
aimait le dire, chaque déporté a vécu une aventure particulière qui lui est personnelle. Le
Bureau de l’AFMA s’associe à la peine de
sa famille et lui présente ses condoléances
attristées.
Elie Sajovic nous a quittés après une longue
maladie. Membre du Conservatoire Historique
du Camp de Drancy, porte-drapeau de
l’Amicale des anciens internés et déportés
du camp de Drancy, membre du Conseil
d’Administration de l’AFMA, Elie s’est éteint
à l’âge de 84 ans. Durant l’occupation la
famille trouva refuge en Dordogne et fut sauvée par des habitants de la commune de
Couloniex-Chamiers qui reçurent la médaille
des Justes. Grand observant de la Torah, il laissera un vide pour tous ceux qui l’ont connu. Le
Bureau de l’AFMA présente ses condoléances
attristées à sa famille.
Cécile Hercberg, veuve de notre camarade
Albert Hercberg est décédée le 4 octobre 2014
à l’âge de 90 ans. Elle fut toute sa vie une militante. Juive, elle rejoint la Résistance dans le
10ème arrt., ne porte pas l’étoile et rentre dans la
clandestinité. Communiste, elle sera agent de
liaison et secrétaire de l’adjoint d’André Tollet,
président du Comité parisien de Libération à
partir de juin 1943. Médaillée de la Résistance.
Conseillère municipale à Bobigny. Albert qui
fut interné à Drancy était un militant de la
mémoire, adhérent de l’AFMA et décédé l’année passée à 89 ans. Le Bureau de l’AFMA
présente ses sincères condoléances attristées à
ses enfants, ses petits-enfants et arrière-petitsenfants.
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16 juillet 1942 - 25 août 1944
Pour ne pas oublier
3 octobre 1940, le Statut des Juifs français
promulgué et annoté de la main de Pétain
définit un régime discriminatoire envers les
Juifs. Législation antisémite aggravée par le
second statut du 2 juin 1941. Les Juifs
deviennent des citoyens de seconde zone sans
aucune pression allemande et dans une indifférence de la population.
21 juin 1941, un décret signé Pétain enlève la
nationalité française à mon père qui redevient
polonais. Ma mère, mon frère et moi nés en
France et Français par déclaration devenons
apatrides.
16 juillet 1942, vers 5 heures du matin, deux
policiers français frappent à notre porte et
nous intiment l’ordre de nous préparer.
Tandis qu’un des deux policiers monte dans
un autre immeuble pour procéder à l’arrestation d’une autre famille, l’inspecteur en civil
qui nous garde, cédant aux supplications de
ma mère, j’avais 12 ans, me laisse m’échapper, pour mon frère âgé de 16 ans, il prétexte
qu’il ne connait pas son collègue, lui-même
venant d’un autre arrondissement.
Jusqu’en 1944, je vais vivre, réfugié chez une
tante, tant bien que mal scolarisé, contraint
aux multiples interdits frappant les Juifs,
échappant à deux reprise à deux rafles dans la
rue, la seconde menée par des miliciens français, évitant le métro et cachant mon étoile
dans la rue.
11 juillet 1944 en fin d’après-midi, la police
française, vraisemblablement sur dénonciation, procède à l’arrestation de ma tante à son
domicile. Déportée le 31 juillet 1944, elle
sera sélectionnée et gazée à Auschwitz.
Ce jour-là, au sortir du CEG où j’étais scolarisé, un camarade m’a retardé, ce qui me
sauva la vie. En arrivant chez ma tante, avenue Daumesnil, la concierge m’annonça que
les deux policiers m’avaient attendu et qu’ils
venaient de partir. Ils savaient donc que j’habitais avec ma tante d’où le soupçon de
dénonciation.
N’ayant plus de domicile, j’arrache mon
étoile et je rejoins Vincennes où une cousine
pourrait me loger.
19 août 1944 un samedi, je quitte Vincennes
pour me rendre dans le quartier de la Bastille
où habite ma grand’mère. Tout le long du
cours de Vincennes, c’est le désert. Point de
métro par la grève déclenchée. Place des
Vosges, des affichettes collées sous les arcades appellent à l’insurrection et au combat
contre le Boche. Il n’est plus question que je
retourne à Vincennes. La concierge de ma
grand’mère me prête une chambre.
Ma grand’mère qui est très pieuse, veut que je
l’emmène à la synagogue rue des Lions
St-Paul. Quelques pratiquants, on a pu faire
un miniam (il faut dix hommes) pour
que l’office ait lieu. Avant de se séparer, celui
qui est responsable, Monsieur Bloom
annonce que la libération est proche et que
nous reverrons bientôt nos familles disparues… les Armées alliées avancent sur Paris.
Il nous engage à ne pas traîner dans les rues.
En sortant une voiture allemande tire une
rafale sur le côté impair Bd. Henri IV sur un
drapeau bleu blanc rouge.
Dans le quartier, les jours suivants, on sent
que la fin est proche. Je croise un copain
et nous allons à la permanence FFI rue
François Miron. Lui, plus âgé reçoit une grenade à manche. À la pointe Rivoli où se trouve
un grand café, depuis lors disparu, on dit que
c’est la Résistance polonaise qui possède des
armes. Devant l’église St-Paul, une voiture
allemande calcinée, probablement abandonnée par ses occupants. Rue du Petit Musc au
30 où je loge, des hommes qui se sont emparé
d’un camion de la Wehrmacht en panne d’essence, chargé de bouteilles de gaz essaient en
le poussant de le mettre à l’abri dans la cour.
Cette nuit-là, les habitants désertent leur
logement de peur que les Allemands reviennent chercher leur camion.
Rue St-Antoine au croisement de la rue Castex,
il est décidé d’élever une barricade à laquelle
nous participons mon copain et moi. Avant
qu’elle ne soit achevée, un char allemand
venant de la place de la Bastille pénètre dans la
rue St-Antoine, c’est la fuite, il va contourner la
barricade par la chicane et devant l’impasse
Guéménée fait demi-tour sans tirer alors que
nous sommes réfugiés accroupis derrière un
comptoir d’un commerçant.
On dit que des combats se déroulent dans
Paris et place de la République.
Le soir du 24 août, vers 21 heures, des bruits
répandus annoncent une colonne allemande
venant des quais. Nous nous précipitons mon
copain et moi et d’autres vers Sully Morland.
En fait ce sont les chars de Leclerc qui montent vers l’Hôtel de Ville. Quelle explosion de
joie !
Le 25 août, place de l’Hôtel de Ville, aux
côtés d’une voiture de militaires, j’assiste à la
venue du Général de Gaulle, tandis qu’une
fusillade éclate venant des toits et c’est la
débandade, les gens fuient, on trouve éparpillés des chaussures, des sacs à main. Les soldats répliquent dans un bruit épouvantable.
Le soir même venant des immeubles, rue
St-Antoine et à la Bastille, des cortèges se
forment, la foule crie sa joie d’être libre. On
va vite démolir la barricade Castex. Rue de la
Cerisaie, une femme est tondue. C’est merveilleux de ne plus avoir peur d’être arrêté.
Les jours suivants, j’aperçois le policier en
uniforme venu nous arrêter et arborant la
croix de Lorraine… Quelques mois après,
une procédure contre la concierge de l’immeuble où habitaient mes parents, poursuivie
pour vol et complicité avec l’occupant,
échoue. Notre logement a été entièrement
vidé.
En 1945, j’irai plusieurs fois au Lutétia, montrer les photos des miens à des déportés dans
le fol espoir d’avoir de leurs nouvelles. En
vain, personne ne reviendra.
Je deviens pupille de la Nation. Toute ma
famille soit 22 personnes ont été massacrées
à Auschwitz et Sobibor.
Jacques Celiset
Voyages du 70ème anniversaire
de la libération des camps
Mémorial de la Shoah 1945-2015 : 70ème
anniversaire de l’entrée des troupes soviétiques à Auschwitz. Voyages de Mémoire
organisés par le Mémorial de la Shoah :
dimanches 25 janvier, 8 février, 15 et 22
mars 2015. Participation aux frais, 360
euros par personne. Renseignements :
Contacter Valérie Ezra. Tél. 01 53 01 17 15
À Buchenwald. L’Association française
Buchenwald-Dora et Kommandos organise
un voyage qui se déroulera du samedi 11
au jeudi 16 avril 2015.
Prix par personne au départ de Paris en
autocar 650 euros. Clôture des inscriptions
12 décembre 2014. Renseignements :
s’adresser à l’association, Adresse postale
BP 170 75921 Paris 19 PDC.
Tél : 01 42 85 44 93 ou :
[email protected]
À Mauthausen. Mai 2015. Quatre formules selon la durée et prix en conséquence :
de 250 à 650 euros. L’Amicale réservera
uniquement les vols AR depuis Paris et le
prix du billet s’ajoute aux prix indiqués.
Remboursement des frais de transport pour
les familles de déportés morts au camp.
Renseignements et inscription à l’Amicale
de Mauthausen 31, bd. Saint- Germain
75005 Pari. Tél. 01 43 26 54 51 ou : [email protected]
À Auschwitz-Birkenau. Avril 2015
Pèlerinage sur deux jours à l’étude.
Contact : Union des Déportés d’Auschwitz
(UDA). Tél. 01 49 96 48 48 ou :
[email protected]
Voyage du souvenir et de la mémoire en
Pologne organisé par l’AFMA. Octobre
2015. 4 jours et 3 nuits. Renseignements,
programme et pré-inscriptions :
AFMA, 4, rue Arthur Fontaine, Cité de la
Muette - 93700 Drancy. Tél. 01 48 30 56 89
ou : [email protected]
LA LETTRE DE L’AFMA
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AFMA 84
21/11/14
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Sur votre agenda
CERCIL-Musée-Mémorial des enfants du Vel d’Hiv.
Exposition du 30 septembre au 4 janvier 2015.
Thème : Les engagés volontaires juifs dans les deux
guerres (14-18 et 39-45). 45, rue du Bourdan-BlancOrléans. Du mardi au dimanche des 14h à 18h. Mardi
nocturne jusqu’à 20h. Tél : 02 38 42 03 91 ou :
[email protected] Exposition conçue par l’UEVACJEA.
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Neuilly (92)
Dimanche 30 novembre 2014 à 11h45
À l’appel de la Mairie, de la communauté et des FFDJF
de France, hommage aux 17 enfants juifs en bas-âge
raflés par la Gestapo le 25 juillet 1944 et déportés par
le dernier convoi parti de Drancy le 31 juillet 1944 à
Auschwitz où ils furent assassinés. Cérémonie au 67,
rue Edouard Nortier à Neuilly devant la plaque commémorative que les FFDJF ont apposée en octobre 1994
qui porte l’état-civil de chacun de ces enfants et qu’ils
fleurissent régulièrement. Venez nombreux.
M. Fromentin maire, P. Besnaou président de la communauté et S. Klarsfeld prendront la parole. Chorale
Robert et Suzanne Meyers.
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Mémorial de la Shoah
30 novembre à 14h30
Présentation de l’ouvrage « La fille aux yeux bleus » de
Isabelle Choko par l’auteure. Animé par Philippe Weyl,
responsable de la collection « Témoignages de la
Shoah ». Isabelle née en Pologne, enfermée à 11 ans
dans le ghetto de Lodz, déportée à Auschwitz-Birkenau
et transférée à Bergen-Belsen d’où elle sera libérée en
1945 par les troupes britanniques. Isabelle est co-présidente de l’AFMA.
14 décembre à 14h30
Présentation de l’ouvrage « Seule à 14 ans à Ravensbrück
et Bergen-Belse » de Marie Vaislic par l’auteur. Animé
par Pierre Lasry dans la collection « Témoignages de la
Shoah ». Arrêtée à Toulouse en juillet 1944 sur dénonciation, déportée à Ravensbrück, transférée à Bergen-Belsen
et libérée. Très affaiblie, elle survivra.
Mairie de Paris 12 décembre 2014
Libération du territoire et redémarrage de la
République
Colloque à l’Auditorium 5, rue Lobau, organisé par
l’ANFFMRF (Association Nationale des Familles de
Fusillés et Massacrés de la Résistance Française et de
leurs Amis). Inscription obligatoire soit par tél :
au 01 42 70 01 17 ou par e-mail :
[email protected]
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Courrier des lecteurs
- De Florence Sarti (Lycée du Sacré Cœur à Aix).
Madame,
Professeur d’histoire, j’ai organisé en janvier un voyage
à Paris pour deux classes de Terminale. Grâce à vous,
nous avons pu rencontrer Mme Kolinka, « Ginette »
comme l’appellent affectueusement mes élèves ! Ce fut
un moment fort nez notre séjour à Paris. Ayant par la
suite remercié Mme Kolinka, elle m’a adressé une
magnifique lettre, une des plus belles qu’il m’a été
donné de recevoir, touchante et si drôle ! Alors, pour
tout cela, un grand merci à l’AFMA. Bien cordialement.
- D’une visite à l’exposition de l’AFMA.
… Je suis venu voir l’exposition de Drancy lors des
Journées du Patrimoine. Je vous remercie de votre
accueil chaleureux. Je ne souhaitais pas prendre vos
documentations. Vous avez très bien fait d’insister : je
les ai lues avec beaucoup d’intérêt et d’émotion. Je
vous adresse une petite contribution pour vous aider à
continuer cette admirable mission. Veuillez agréer mes
respectueuses salutations.
COTISATION 2014 - Appel aux adhérents
Lors d’un précédent rappel, vous avez été nombreux à acquitter votre cotisation. Au seuil de cette nouvelle année,
nous vous renouvelons notre appel. L’acquittement de votre cotisation est pour nous un geste de confiance afin que nous
continuions notre activité de transmetteur de la Mémoire d’autant plus nécessaire que jamais, compte tenu que notre
société est aujourd’hui traversée par des fléaux qu’on croyait révolus.
Au grand jour, les slogans antisémites et racistes sont scandés. Pour la première fois depuis la fin de l’Occupation on
entend hurler les Juifs dehors, les francs-maçons, les musulmans, les homosexuels sont également visés. Bien que ces paroles de haine soient minoritaires, elles ne sont pas sans rappeler la période des ligues factieuses de 1930. Un humoriste
Dieudonné, reprenant les thèses de son mentor Alain Soral et du négationniste Faurisson, nie la Shoah etpropage un venin
contestataire et antidémocratique. Il met les Juifs et les nazis sur le même plan et refuse de choisir !
Après la bestialité des meurtres commis dans une école juive à Toulouse, du quadruple meurtre au Musée juif de Bruxelles,
les victimes sont assassinées pour la seule raison qu’elles sont juives, victimes de fanatiques d’un islam radical.
Oui, il y a danger : banalisation des propos antisémites et xénophobes, agressions en augmentation, attaque
contre des commerces tenus par des juifs. L’antisémitisme n’est pas une opinion, c’est un délit puni par la loi.
Comment répondre ? En utilisant la loi Gayssot qui permet de poursuivre ceux qui nient le crime contre l’humanité qu’a
constituée l’anéantissement de près de 6 millions de Juifs.
La prévention consiste sur le plan pédagogique à renforcer l’enseignement dans les programmes diffusés dans les
établissements scolaires. Les associations de mémoire dont la nôtre ont un rôle à assumer dans la transmission de la
mémoire.
C’est ce rôle que votre association s’efforce d’assumer en accueillant à son exposition permanente à Drancy des
élèves, collégiens et lycéens mais aussi des adultes avec la participation de témoins anciens déportés, en aidant financièrement des établissements scolaires à participer à des voyages à Auschwitz-Birkenau, en exportant notre exposition
itinérante en banlieue et en province comme à Pavillons-sous-Bois en février dernier.
Dans ce rôle de transmetteur de la mémoire, nous privilégions les explications historiques qui ont conduit à la Shoah.
Cet enseignement que certains estiment trop important !
Aujourd’hui, les témoins sont de moins en moins nombreux. Nous devons laisser des repères pour les générations
futures que cela fut. Le projet de faire du site de l’ancienne gare de Bobigny, lieu conservé de la déportation des
Juifs de France progresse, votre association participe activement dans le Comité de pilotage chargé de la réalisation. L’AFMA s’est engagé à financer l’espace commémoratif le long des rails conservés, voie des déportés, symbolisé par la liste des 78 convois de la « solution finale ». Chaque convoi portera le numéro, la date et le lieu du
départ, sa destination, le nombre de déportés.
Ainsi, vous pouvez constater que votre association œuvre sans relâche pour la Mémoire. Nous sommes certains que
vous approuvez son activité. N’hésitez pas, ne remettez pas à plus tard le règlement de votre cotisation.
Pour poursuivre son action, l’AFMA a besoin de votre soutien.
NB. Pour la validité des CERFA, les chèques doivent être encaissés avant le 31 décembre 2014.
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Pour poursuivre son action, l’AFMA a besoin de votre soutien !
D’avance merci pour votre confiance. Bien cordialement à vous.
Nom :
Prénom :
COTISATION 2014
Profession (facultatif) :
Adresse complète :
Préciser bâtiment ou appartement
Courriel :
Membre adhérent
Cotisation Adhérent :
32 €
Donateur
Abonnement au bulletin :
10 €
Par
Chèque bancaire
Chèque postal
Don de soutien :
Soit un total de
Je suis un étudiant, je verse 15 €
Date
Signature
Bulletin Accompagné du règlement à retourner à l’AFMA - 17, rue Geoffroy l’Asnier - 75004 PARIS
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