Les travaux effectués en métropole
Dans bien des cas, les superpositions correspondaient à des exploitations standard pour lesquelles des
propositions naturalistes pouvaient être faites, et intégrées à l'aménagement
. Par contre, un certain
nombre de cas échappent à la démarche
: espèces rares et localisées
; problèmes de dessertes,
exclues des inventaires
; (re)boisements en dehors des zones actuellement considérées comme fores-
tières, bien que réalisés grâce à des aides publiques (Fonds forestier national).
Le détail des aménagements prévus
: type de coupes, mode de régénération, modalités de boisements
et essences retenues, schémas de desserte, projets hydrauliques, etc
., devrait être connu afin de
pouvoir discuter de manière pertinente de leur impact sur le milieu naturel
; ce projet n'a pas encore vu
le jour.
De l'étude est également ressorti le besoin d'une connaissance accrue du patrimoine naturel forestier,
malgré l'apport de l'outil ZNIEFF qui a ouvert des perspectives jusqu'alors ignorées
. On notera, pour
relativiser les problèmes, que l'ensemble des programmes ZNIEFF se chiffre à moins de 10 % des
sommes affectées à l'Inventaire forestier national, aux objectifs certes plus précis mais plus sectoriels ;
la complémentarité des deux types d'inventaires paraît par ailleurs une évidence d'avenir.
AVIFAUNE ET ALTÉRATIONS FORESTIÈRES
II s'agit ici (le terme d'altération étant pris dans sa stricte acception étymologique, la plus neutre :
rendre
autre)
de mesurer l'impact de certains aménagements forestiers (dont l'enrésinement) sur
l'avifaune et, en retour, d'utiliser celle-ci comme indicateur de gestion écologique
. II s'agit d'une étude
réalisée par la FRAPNA-Région pour le compte du SRETIE dans deux situations exemplaires et
contrastées de la région Rhône-Alpes
: le Haut Beaujolais (Rhône) et le Diois (Drôme).
Dans le premier cas, on constate que, des formations les plus naturelles (Sapins
Abies alba
âgés) aux
plus artificielles (jeunes Douglas
Pseudotsuga
menziesii ),
richesse, diversité et densité aviennes nidifica-
trices sont affectées par un facteur de diminution voisin de 2
. Certaines espèces (au nombre de 5) sont
faiblement,
voire
nullement
affectées, dont le Pinson et le Rouge-gorge, espèces à fortes densités ;
d'autres oiseaux (au nombre de 6) sont
moyennement
affectés (baisses de l'ordre de 40 %), dont les
Mésanges noire et huppée, ou le Merle noir
; d'autres enfin (au nombre de 10) sont
fortement
à
totalement
affectées (baisses allant de 65 à 100 %), comme le Bec-croisé des sapins, le Pigeon ramier
ou le Pic épeiche.
Les paramètres forestiers les plus actifs sont d'ordre « horizontal »
: trop
serrés
(la densité étant
mesurée par la surface terrière G, en m
2
/ha) et/ou trop
réguliers
(la régularité étant mesurée par le
coefficient centésimal de variation de la distance entre troncs CV Esp, en %), les peuplements artificiels
découragent l'avifaune par rapport aux formations « naturelles » de référence.
Dans le second cas, on constate que l'enrésinement se traduit par une baisse de 35 % du nombre
d'espèces aviennes entre chênaie
(Quercus
pubescens)
naturelle et pinède
(Pinus nigra
var
.
austriaca)
artificielle à l'étage collinéen
; l'effet est plus modéré (— 12 %) à l'étage montagnard, entre pinèdes
naturelle
(Pinus sylvestris)
et artificielle
(Pinus nigra)
dense
. Le mode d'enrésinement « éclairci » se
montre au contraire bénéfique non seulement par rapport au mode dense (+ 42 %) mais par rapport au
peuplement sylvestre de référence (+ 26 %)
. On confirme l'influence conjuguée des paramètres indigé-
nat/densité/régularité des peuplements, analysables grâce à l'avifaune.
De manière générale, on souligne donc l'intérêt de la prise en compte de l'animal (« consommateur » ou
indicateur ») dans la sylviculture, la forêt étant vue comme « biosystème » et non seulement comme
« lignisystème ».
CONCLUSIONS
A des titres théoriques et pratiques divers, les études présentées, récemment conduites dans la Région
Rhône-Alpes sous l'égide du ministère de l'Environnement, peuvent être considérées comme une
contribution au maintien de la diversité du patrimoine naturel forestier
. Soulignant l'intérêt d'une
approche pluridisciplinaire et novatrice des problèmes écologiques soulevés par la gestion forestière, les
quelques résultats obtenus peuvent contribuer à « objectiver » et dépassionner le débat, et dissiper le
malaise plus ou moins exprimé entre certains naturalistes et certains forestiers.
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Rev
. For
. Fr
. XLIII - n° sp
. 1991