Des étudiants de l’University of Michigan attendent le Rhinocéros dans les rues de la ville © TRULY RENDER
ÉDITORIAL
Ce qui anime notre projet au Théâtre de la Ville est la volonté de partage. Partage de nos deux
scènes et partage d’un théâtre de création, de ses outils et de ses financements, avec des artistes
de disciplines différentes. Après avoir vu naître la création mondiale du polonais Krystian Lupa
récemment, nous découvrirons celle de Jean-Claude Gallotta, en hommage à Hervé Guibert, puis
celles de deux artistes d’une autre génération, que nous avons associés à cette grande maison:
l’auteur et metteur en scène David Lescot et le chorégraphe Rachid Ouramdane. Le premier créera
Les Jeunes, où il s’empare d’une représentation de l’adolescence, le second verra avec Sfumato sa
« danse documentaire » se déployer sur le grand plateau du Théâtre de la Ville.
Dans ce même mouvement, il nous importe constamment d’accompagner les compagnies d’au-
jourd’hui dans leurs visées artistiques, David Lescot, Rachid Ouramdane, mais aussi en cette fin
d’automne, Marie-Louise Bischofberger qui nous fera découvrir Une petite douleur, pièce rare
d’Harold Pinter.
Nous portons également une attention renouvelée à l’ouverture au monde. Accompagner les
artistes internationaux sur la durée, exposer les expériences singulières qui forment leur réper-
toire, demeurent un axe essentiel de notre Théâtre. Ainsi, après les Chœurs Slovènes de Heiner
Goebbels, pourrons-nous découvrir DESH, solo dans lequel Akram Khan, fidèle compagnon du
Théâtre de la Ville, interroge ses racines.
Cet accompagnement fidèle ne va pas sans le désir douvrir notre maison à ceux qui n’y ont
jamais été présentés: le directeur de troupe ukrainien Vlad Troitskyi présentera son théâtre
rêveur et musical, le collectif berlinois She She Pop une adaptation hautement personnelle du
Roi Lear et le Ballett am Rhein avec deux pièces de son directeur Martin Schläpfer. Tous viennent
pour la première fois au Théâtre de la Ville, qu’ils y soient les bienvenus.
Le Parcours {enfance & jeunesse} poursuit sa deuxième édition. Cette aventure nouvelle à Paris,
développée avec cinq théâtres partenaires, est issue de notre volonté doffrir aux plus jeunes et à
leurs parents un ensemble de grands spectacles de théâtre, de danse et de musique, français et
internationaux, visible dès le plus jeune âge. Tout au long de la saison, ces spectacles sont proposés
à des horaires adaptés aussi bien au temps scolaire qu’à celui de la sortie familiale, et sont
accompagnés d’un vaste projet d’école du spectateur ouvert à tous.
J’ai souhaité que le Théâtre de la Ville s’investisse dans un travail sur la mémoire, proche ou loin-
taine, des arts de la scène. Après la réflexion sur la trajectoire de Merce Cunningham, entamée
bien avant sa disparition, le retour du Berliner et de son flamboyant répertoire ou le portrait
Maguy Marin imaginé pour le Festival d’Automne – le Théâtre de la Ville en a été un partenaire
actif –, nous aurons l’occasion rare de retrouver Jours étranges, une pièce créée en 1990 par Domi-
nique Bagouet, revitalisée par Catherine Legrand et Anne-Karine Lescop avec dix adolescents de
Rennes. Jeunesse et transmission, là encore.
Si centrale que soit la capitale, il importe constamment que le Théâtre de la Ville se « décentre »,
s’ouvre à toutes les nations, d’Europe et du monde, aille pratiquer son art aussi dans ces pays
qu’il invite. Notre compagnie est ainsi partie cet automne durant un mois jouer Rhinocéros de
Ionesco dans quatre grandes villes des États-Unis, grâce tout d’abord au désir de Joe Melillo,
directeur de la Brooklyn Academy of Music à New York, rejoint par d’autres à Los Angeles, Ber-
keley/San Francisco et Ann Arbor/Detroit. D’est en ouest, dans des salles immenses, nous avons
tenté de renouer avec cette grande histoire artistique transatlantique, rencontré au total près de
20 000 spectateurs et mesuré l’immense appétit de tous pour le Théâtre venu dailleurs – beaucoup
plus rare aux États-Unis que chez nous – et pour une langue française qui suscite encore
aujourd’hui un intérêt puissant.
Si la tâche qui nous incombe est de donner du plaisir, des lumières et de l’intelligence aux vivants
que nous réunissons, ce que nous visons c’est la plus grande diversité possible de cette assemblée,
dans un Théâtre où l’acte artistique sous toutes les formes qu’il peut adopter porte toujours une
manière de penser l’à-venir.
Emmanuel Demarcy-Mota
JOURNAL
novembre-décembre 2012
LE
RHINOCÉROS AUX USA 3
novembre-décembre 2012
Théâtre de la Ville PARIS
novembre-décembre 2012
UNE HISTOIRE
La troupe qui accompagne Emmanuel Demarcy-Mota depuis plusieurs années a dabord été une compagnie indépendante. Le
Théâtre des Millefontaines fondé en 1991 a travaillé au Théâtre de la Commune, puis au Forum du Blanc-Mesnil et enfin au Théâtre
de la Ville à partir 1998 (où avec la même équipe d’acteurs, Emmanuel Demarcy-Mota a présenté Peine d’amour perdue de Shake-
speare, puis créé successivement Six Personnages en quête d’auteur de Pirandello, une première version de Rhinocéros de Ionesco et
dernièrement Victor ou Les enfants au pouvoir de Vitrac).
Durant toutes ces années, la troupe crée aux Abbesses plusieurs pièces inédites de Fabrice Melquiot.
À la direction du CDN de Reims, Emmanuel Demarcy-Mota fonde en 2001 le « Collectif artistique » réunissant l’ensemble des
acteurs et les collaborateurs artistiques proches:Yves Collet-scénographe, Fabrice Melquiot-auteur, Jefferson Lembeye-musicien.
Léquipe s’engage alors dans un vaste projet d’éducation artistique et de transmission, et travaille à développer des liens organiques
avec la ville et ses habitants.
Au Théâtre de la Ville, Emmanuel Demarcy-Mota et son équipe artistique engagent de nouveaux partenariats européens (Londres,
Lisbonne, Athènes, Milan, Berlin…), tournent dans de nombreux pays, guidés par un double questionnement: Quest-ce que le
Théâtre apporte à l’Europe ? Qu’est-ce que l’Europe apporte au Théâtre?
Aujourd’hui, l’équipe porte une attention renouvelée à la dimension d’ouverture à l’international, engageant la troupe dans un
voyage sur differents continents. Cet automne Rhinocéros a joué dans quatre villes majeures des États-Unis dans des salles de
1000 à 2000 places, rencontrant près de 20 000 spectateurs nord-américains. Cette saison, la troupe se retrouvera également à
Moscou, puis dans d’autres villes du monde…
LA TROUPE DE  RHINOCÉROS  EN TOURNÉE
COMÉDIENS Serge Maggiani,Hugues Quester,Céline Carrère,Philippe Demarle,Jauris Casanova, Pascal Vuillemot,Gérald Maillet,
Stéphane Krähenbühl,Charles-Roger Bour,Sandra Faure, Sarah Karbasniko,Gaëlle Guillou,Walter N’Guyen
MISE EN SCÈNE Emmanuel Demarcy-Mota, ASSISTANT MISE EN SCÈNE Christophe Lemaire, SCÉNOGRAPHIE & LUMIÈRES Yves Collet,MUSIQUE Jeerson Lembeye,
COSTUMES Corinne Baudelot, MASQUES & ACCESSOIRES Clémentine Aguettant
ÉQUIPE TECHNIQUE FRANÇAISE
RÉGIE GÉNÉRALE Stan Daubié, COORDINATION TECHNIQUE Pascal Baxter, RÉGIE LUMIÈRES Nicolas Bats, INGÉNIEUR SON Victor Koeppel, RÉGIE PLATEAU Romain Cliquot,
HABILLEUSE Séverine Gohier, RÉGIE ACCESSOIRES Kevin Raymond, OPÉRATRICE SURTITAGE Pauline Clément
Quelles conclusions tirez-vous de la présence du
Théâtre de la Ville et de Rhinocéros dans votre
théâtre?
Il est important que vos lecteurs comprennent le
succès artistique énorme de Rhinocéros au Howard
Gilman Opera House de la BAM. La salle contient
2000 places et les trois représentations étaient com-
plètes. Le spectacle a capturé l’imagination de notre
public, les spectateurs étaient à l’écoute des acteurs
travaillant sur la scène, complètement fascinés par le
travail et très généreux avec leurs applaudissements
à la fin de la pièce. Rhinocéros est un triomphe artis-
tique. Emmanuel Demarcy-Mota a réuni un groupe
d’acteurs talentueux, sélectionné des collaborateurs
artistiques très imaginatifs et mis en scène la pièce
de Ionesco avec beaucoup d’énergie, c’était une vision
épique de cette pièce. Ce sera une étape importante
pour le Next Wave Festival 2012 à la BAM.
EXTRAITS DE PRESSE
NEW YORK TIMES Charles Isherwood
[…] Rhinocéros, une œuvre rarement montée sur les
grandes scènes américaines, arrive aux États-Unis
grâce à la troupe du Théâtre de la Ville de Paris et au
metteur en scène Emmanuel Demarcy-Mota. Ce
spectacle de grande envergure se déploie parfaite-
ment sur le plateau modulable du Howard Gilman
Opera. La mise en scène de M. Demarcy-Mota offre
une multitude d’effets théâtraux au service de la
pièce d’Ionesco qui met magistralement en évi-
dence les dangers toujours présents du confor-
misme et du fascisme. […] Monsieur Quester, dans
le rôle de Jean, qui émet de sinistres grognements et
qui se débarrasse avec délectation de son humanité;
Jauris Casanova, Botard, cassant et sceptique col-
lègue de Bérenger; Céline Carrère, dans le rôle de
Daisy, objet de lamour dévoué de Bérenger mais
sans effet sur elle – tous jouent de manière précise
et puissante. Monsieur Maggiani porte le spectacle
sur ses frêles épaules avec une aisance merveilleuse.
D’aspect débraillé, au comportement un peu confus,
semblant toujours à la recherche de ses clés, c’est un
Bérenger tellement tourmenté par l’échec et le doute
de soi, que sa résistance à l’épidémie soudaine de
« rhinocérite » semble l’étonner et même le décevoir.
[…]
LOS ANGELES TIMES Charles McNulty
La mise en scène intelligente et très élégante de Rhi-
nocéros par Emmanuel Demarcy-Mota au Royce
Hall de l’UCLA nous fait accéder à une vision pro-
fondément humaine d’Ionesco, incarnée magnifi-
quement par Serge Maggiani, un Bérenger non
héroïque, à l’humanité débraillée. Les superbes
décors d’Yves Collet et ses éclairages, qui enserrent
l’action dans des puits de lumière, contribuent à la
sensation que cette « rhinocérite » furieuse vient de
l’intérieur. […] Le spectacle équilibre remarquable-
ment réel et surréel: les destructions auxquelles
aboutit l’action sont réellement effrayantes mais
leur puissance onirique fait apparaître linconscient
comme la véritable cible de la maladie. […]
SAN FRANCISCO CHRONICLES Robert Hurwitt
[…] La mise en scène d’Emmanuel Demarcy-Mota,
mêlant effroi spectaculaire et résonances intimes,
est totalement inventive, et ses interprètes incroya-
bles. Il est excitant, aussi, d’entendre Ionesco dans sa
langue originale dont les acteurs excellent à rendre
les jeux de mots et autres délires langagiers. […]
Le passage (hors scène) du premier rhinocéros – au
son tonitruant de la partition bestiale de Jefferson
Lembeye – est un chef-d’œuvre, un chaos chorégra-
phié, collectif et individuel à la fois. […]
LOS ANGELES WEEKLY Steven Leigh Morris
[…] Le Théâtre de la Ville-Paris est l’un des plus
importants théâtres français. […] Une excellente
version de Rhinocéros; mise en scène et scénogra-
phie superbes. Rhinocéros nous parle. C’est un plai-
sir de voir le théâtre international de retour à UCLA,
de voir cette porte s’ouvrir une fois encore. […]
LÀBAS, ICI
Tout au long de cette tournée aux USA, Vie et destin
de Vassili Grosmann a été ma compagnie princi-
pale. On y lit dans la préface ce qu’évoquait Blaise
Pascal : « Quand l’univers l’écraserait, l’homme serait
encore plus noble que ce qui le tue, parce qu’il sait qu’il
meurt, et l’avantage que l’univers a sur lui, l’univers
nen sait rien ». Dans Vie et Destin, l’espoir demeure
car en dépit des dictateurs impitoyables et de la
toute-puissance bureaucratique des forces anti
humaines, le vivant peut être préservé dans la plus
petite, la plus imperceptible cellule de la vie sociale:
la simple bonté humaine. « Je suis le dernier homme,
je ne capitule pas » sont les derniers mots prononcés
par Bérenger dans le Rhinocéros de Ionesco.
De Los Angeles à Berkeley, New York, Ann Arbor, le
public américain a été un exemple de spontanéité
en acte avec Rhinocéros, le dynamisme impulsé par
la mise en scène, l’énergie de chacun.
Hudson Street. Après un tournage en Italie il y a
plusieurs décennies – Harvey Keitel m’a invité chez
lui. Grâce à sa générosité, j’ai découvert le mythique
Actors Studio. Arthur Penn donnait une Cession. Ce
que menseignait mon professeur à Malakoff en
1966 me semblait si proche. Ensuite ce fut une visite
au studio Stella Adler. Les élèves acteurs semblaient
tétanisés par tant d’autorité, face à leur « néant ».
La différence avec Emmanuel est là, il part de ce
qu’est l’acteur, sa nature profonde, ses convictions et
ses doutes. Il lui ouvre des
espaces imaginaires et lui
donne sa respiration à l’inté-
rieur du collectif artistique. Il
place enfin chacun d’entre
nous devant ses propres res-
ponsabilités et sa conscience.
Al Pacino jouait American Buf-
falo, génial, chargé d’électri-
cité comme la foudre, cepen-
dant si seul à la recherche
d’une voix lui indiquant le ni
trop, ni trop peu.
RENCONTRE. À la BAM, le der-
nier soir, Harvey Keitel vient
voir le spectacle, s’enthou-
siasme, nous rejoint en coulisses avec toute sa
famille pour des retrouvailles suivies d’une longue
conversation avec Emmanuel et toute la troupe.
Hugues Quester. USA. sept.-oct. 2012
TROIS QUESTIONS À JOE MELILLO,
DIRECTEUR DE LA BROOKLYN ACADEMY OF MUSIC
Quels sont les points principaux
de votre projet à la BAM?
Lobjectif principal de ma vie
artistique est d’amener à la BAM
les plus importants spectacles
américains et du monde et, en
cela, je suis au service de la ville
de New York. Je travaille pour
faire de la BAM « le Centre Mondial des arts du spectacle de
New York ». Je cherche des aventures créatives originales et
novatrices et qui vont de l’avant dans tous leurs aspects artis-
tiques. Rhinocéros est l’exemple parfait de mes choix en matière
de programmation.
Comment voyez-vous la situation artistique présente et à venir
aux États-Unis?
Nous sommes aujourd’hui dans un contexte difficile, marqué
par un manque de ressources financières suffisantes pour per-
mettre aux artistes de faire leur travail et aux organismes cultu-
rels de produire et présenter des formes artistiques pour leurs
communautés. C’est un très grand territoire géographique qui
compte beaucoup d’artistes et d’institutions culturelles, mais
où les moyens financiers ne se développent pas proportionnel-
lement au nombre d’artistes et d’organisations qui ont besoin
de soutien.
LA TROUPE
DU THÉÂTRE DE LA VILLE
AUX ÉTATSUNIS
Rhinocéros d’Eugène Ionesco, mis en scène par Emmanuel Demarcy-Mota, a été invité cet automne dans quatre
grandes villes des États-Unis (Los Angeles, San Francisco, New York, Ann Arbor). Retours sur une tournée-événement.
CENT ANS APRÈS
« L’origine de Cal Performances
(le Théâtre de Berkeley, banlieue
de San Francisco) remonte
à 1906. La grande tragédienne
française Sarah Bernhardt joua
cette année-là Racine, un mois
après l’immense tremblement
de terre qui ravagea la ville.
Elle dirigeait alors un théâtre
parisien portant son nom, qui
deviendra le Théâtre de la Ville.
Rhinocéros de Ionesco mis en
scène par Emmanuel Demarcy-
Mota, plus de cent années
après, réunit à nouveau nos deux
grandes maisons de Théâtre. »
Matías Tarnopolsky, Directeur du Cal
Performances-Berkeley/San Francisco
2THÉÂTRE DE LA VILLE ITHÉÂTRE DES VILLES DU MONDE
À GAUCHE Salut des comédiens à New York © CHRISTOPHE LEMAIRE // À DROITE Léquipe à l’entrée des artistes du Théâtre de l’UCLA-Los Angeles © J. C.
À GAUCHE Salle du Royce Hall à l’UCLA-Los Angeles © J. C. // À DROITE Les étudiants d’Ann Arbor sont-ils devenus rhinocéros? Power Center for Performing Arts-Ann Arbor (Detroit) © TRULY RENDER
Harvey Keitel AU CENTRE avec la troupe © CL
© EMERIC LHUISSET
Rencontre à l’université de New York sur Rhinocéros,
avec Israel Horovitz, Edward Albee, Marie-France Ionesco
& Emmanuel Demarcy-Mota © DR
PaRCouRS enfance & jeunesse2eédition 5
novembre-décembre 2012
4PaRCouRS enfance & jeunesse2eédition Théâtre de la Ville PARIS
novembre-décembre 2012
IL EST LIBRE, STIRS
Comment vivre le présent lorsqu’à peine vécu, le passé disparaît?
En se réinventant, sans cesse, en toute liberté.
ENTRETIEN AVEC ALEXIS ARMENGOL
Stirs, enfant de neuf ans, ne se souvient de rien au-delà de trois minutes et découvre le
monde par sa nourrice japonaise. Comment peut-il se construire sans mémoire?
ALEXIS ARMENGOL : Cette amnésie pose la question de la transmission, entre les générations, avec
autrui. Stirs ne peut s’inscrire dans une généalogie, dans son histoire. Lindividu souvent est mu
par son passé, par un certain atavisme familial et social. Délié de ces attaches, Stirs est libre mais
doit perpétuellement réinventer son présent et son avenir. Avec sa nourrice, ils conçoivent des
astuces et stratagèmes pour que leur relation perdure dans l’oubli permanent. Comment par-
tage-t-on le souvenir? Par des photos, par des fichiers informatiques, ou par le savoir-faire, le
rapport à l’autre.
Vous êtes parti au Japon, d’abord seul en juillet 2011 puis avec votre équipe un an plus tard.
Qu’avez-vous rapporté?
A. A. : Lors de mon premier séjour, j’ai découvert un pays loin des clichés qui confrontent leffer-
vescence de l’hyper-modernité et la sérénité des temples anciens. Au Japon, l’homme porte en lui
la permanence, la mémoire, la transmission, tandis que les objets sont considérés comme tempo-
raires. Sans doute cette conception est-elle liée à la vulnérabilité des constructions, exposées aux
tremblements de terre et aux tsunamis. J’ai écrit une nouvelle qui a servi de base de travail sur le
plateau. Lors du second voyage, avec l’équipe, nous avons rencontré des gens, filmé, photogra-
phié… Ces matériaux et une immersion physique partagée viennent nourrir la scénographie et la
dramaturgie.
Comment le théâtre, le dessin, le chant, la vidéo et la danse se croisent-ils dans votre écriture
scénique?
A. A. : Ces multiples médias offrent autant de points de vue et de palettes de sensations. Leur
combinaison reflète notre relation au monde, que l’on appréhende par nos différents sens. Elle
permet d’exprimer la richesse de l’instant où se produisent simultanément plusieurs événements,
où les perceptions se superposent, s’entremêlent. Nous essayons ainsi de restituer l’expérience
sensible de la mémoire, de faire surgir l’émotion et d’ouvrir l’imaginaire. C’est le merveilleux para-
doxe du théâtre que de pouvoir s’affranchir du réalisme tout en étant très réel, par le corps de
l’acteur, par la présence, en prise avec l’ici et maintenant.
Entretien réalisé par Gwénola David
CONFIDENCES
S’adresser à tous, quel que soit l’âge, réunir les
générations, tel est l’un des talents de David Lescot.
Le voilà intégré au Parcours {enfance & jeunesse}…
Vous le retrouverez tel quel chez les adultes.
Ladolescence, maintenant que j’en suis sorti (du moins officiel-
lement), je la regarde comme un monde en soi. Elle m’apparaît
comme une fiction à elle toute seule, une sorte de conte fantas-
tique avec ses codes indéchiffrables, son langage hermétique,
ses phénomènes paranormaux, ses personnages aux corps
étranges, son mélange inimitable de bêtise et de génie. La vie à
l’intérieur de ce monde semble plus intense, plus romantique,
plus tragique, plus idéaliste. On y vit plus fort et plus dangereu-
sement.
De plus en plus valorisée mais aussi récupérée dans la société
actuelle, l’adolescence est à la fois un idéal, un paradis perdu, et
un point aveugle. Adolescent, les enfants veulent le devenir le
plus vite possible, et les adultes le rester le plus longtemps pos-
sible. C’est tout à la fois un rêve impossible et un marché
juteux.
En cela, l’adolescence est sans doute un bon sujet pour le thé-
âtre (…) J’ai cherché quel pouvait être ce théâtre de forme ado-
lescente, et je me suis dit « le rock », parce que c’est pour cet
âge le rêve et l’échappatoire absolus, le fantasme le plus
répandu (…). David Lescot
LE MONFORT IA
DU 8 AU 24 NOVEMBRE
HORAIRES P.23
TOUT PUBLIC I À PARTIR DE 8 ANS
CIE THÉÂTRE À CRU
J’avance
et j’efface
CRÉATION
CONCEPTION, ÉCRITURE & MISE EN SCÈNE
Alexis Armengol
CRÉATION SON Frédéric Duzan
CRÉATION LUMIÈRES François Blet
&Rémi Cassabé
SCÉNOGRAPHIE James Bouquard
COSTUMES Audrey Gendre
INTERPRÉTATION Laurent Seron-Keller
DESSIN & INTERPRÉTATION Shih Han Shaw
CONCEPTION & RÉALISATION VIDÉO
Frank Ternier
INTERPRÉTATION, CHANT & COMPOSITION
MUSICALE Camille Trophème
Théâtre à cru est conventionné par le Minis-
tère de la culture et de la communication -
DRAC Centre, la Région Centre et la Ville
de Tours.
COPRODUCTION Centre dramatique régional
de Tours – Théâtre Romain Rolland, Villejuif –
La Halle aux Grains, scène nationale de
Blois – Théâtre Paul Eluard, Choisy-le-Roi.
SOUTIENS & ACCUEILS EN RÉSIDENCE Le Rayon
Vert, scène conventionnée de Saint-Valéry-
en-Caux - CRÉA / Festival Momix / Scène
conventionnée Jeune Public d’Alsace,
Kingersheim.
AVEC LE SOUTIEN DE la Fondation Ecart
Pomaret, de l’Institut Français, de la Région
Centre et du Volapük (Tours).
AVEC LAIDE À LA CRÉATION du Conseil Général
du Val-de-Marne ET LAIDE À LA PRODUCTION
d’Arcadi.
Merci à la ville de Takamatsu et au Festival
du théâtre pour la Jeunesse d’Okinawa
(Japon) pour leurs accueils.
THÉÂTRE DES ABBESSES IA
DU 8 AU 24 NOVEMBRE HORAIRES P.23
TOUT PUBLIC IÀ PARTIR DE 14 ANS
DAVID LESCOT
Les Jeunes CRÉATION
voir aussi p.6
POUR VOUS
ENFANTS,
ADOS,
ADULTES...
Lenfance est l’un des plus sûrs sésames pour accéder à cette
caverne d’Ali Baba que constitue la musique de Maurice Ravel
– ce « rêve d’enfant », ainsi que l’a qualifiée un jour Manuel
Rosenthal. De Ma mère l’Oye (1910) à lopéra L’Enfant et les Sor-
tilèges (1925), son insouciance translucide et ses pouvoirs mys-
térieux irriguent toute l’œuvre d’un compositeur qui, comme l’a
écrit son biographe Hans Heinz Stuckenschmidt, « n’a jamais
cessé de retrouver le ton particulier aux contes, le pont de cristal qui
relie la vie à l’illusion, l’élégance à la naïveté, et qui n’appartient
peut-être, après lui, à nul autre que le poète danois Christian
Andersen ».
Cristallines et féeriques, liquides et lumineuses sont les sonori-
tés que les cinq virtuoses des Percussions Claviers de Lyon par-
viennent à tirer de leurs instruments (vibraphone, xylophone,
marimba). Avec la metteuse en scène Emmanuelle Prager, ils se
sont probablement souvenus des mots de Stuckenschmidt
lorsqu’ils ont conçu ces Trois contes qui, associant vidéo, texte
et musique, entendent réunir la vie et l’illusion, la naïveté et
l’ironie, le passé et le présent, les enfants et les adultes. Plutôt
que vers Andersen, c’est vers l’univers de Charles Perrault quils
se sont tournés, avec le souci d’aborder ses contes – Le Petit
Chaperon rouge, La Belle au bois dormant, Le Petit Poucet – pour
ce qu’ils sont: comme « un petit chef-d’œuvre du classicisme ».
Prenant à rebours les nombreuses entreprises d’édulcoration
qui, au fil des siècles, sont venues brouiller l’œuvre de Perrault,
ils réussissent, dans leur adaptation, à redonner vie à cette
langue « vive, nerveuse, légère, piquante », et à ses histoires
bien moins univoques qu’on ne pourrait le croire. C’est un
même pari de fidélité et de modernité qui a guidé le travail de la
plasticienne Louise Kehl, dont les vidéos, cherchant à renouer
avec l’idée d’illustration au sens de la tradition éditoriale des
contes, adressent quelques clins d’œil aux inoubliables gravures
de Gustave Doré, tout en échappant intelligemment au piège
de la « reconstitution »: elles composent une succession de
tableaux, un film muet qui, suivant la trame de la narration,
s’avère étonnamment parlant. Au même titre qu’une scénogra-
phie tirant parti de toutes les qualités « sculpturales » des instru-
ments de musique, ou que la présence diaphane de la narratrice,
la vidéo contribue à faire re vivre sous nos yeux le monde de
Perrault, puissant mariage entre le clair et l’obscur, l’élégance et
l’innocence – la géométrie et le mystère, pour paraphraser le
mot célèbre de Roland-Manuel au sujet de Ravel.
Car tout autour de cela, présidant à la magie de l’ensemble, il y a,
bien sûr, sa musique. Le Petit Poucet et La Belle au bois dormant
figurent, aux côtés de contes de Mme d’Aulnoy et de Mme de
Beaumont, parmi les histoires que Ravel a mises en musique,
pour les enfants de ses amis Cypa et Ida Godebski, dans Ma
mère l’Oye. Comme toujours chez lui, la pureté classique avec
laquelle s’égrènent leurs lignes mélodiques contient avec peine
des trésors d’émotion, que lon retrouve également, dissimulés
derrières d’incessantes et éblouissantes trouvailles sonores,
dans l’orchestration que le compositeur, dès 1911, réalisa de ce
bref cycle pour piano à quatre mains. Tous ces caractères se
trouvent magnifiés par la dramaturgie musicale imaginée par
Gérard Lecointe, qui, outre Mare l’Oye, a puisé, pour sa
transcription, dans l’ensemble du corpus ravélien: Les Valses
nobles et sentimentales, L’Enfant et les Sortilèges, Le Tombeau de
Couperin, La Pavane pour une infante défunte, Daphnis et Chloé,
Une barque sur l’océan, La Fanfare pour l’Éventail de Jeanne ou
encore Gaspard de la nuit fournissent la trame d’une partition qui
rend pleinement justice à cette musique dont les inépuisables
sortilèges nen finissent pas de résonner en nous.
David Sanson
LA FÊTE CONTINUE
THÉÂTRE DES ABBESSES IA
JEUDI 27 &VENDREDI 28 DÉCEMBRE 19 H 30 I
SAMEDI 29 DÉCEMBRE 15 H & 19 H 30
TOUT PUBLIC IÀ PARTIR DE 7 ANS
LES PERCUSSIONS CLAVIERS DE LYON
MAURICE RAVEL ICHARLES PERRAULT
Trois contes
ADAPTATION, MISE EN SCÈNE Emmanuelle Prager
PROPOSITION ORIGINALE, DIRECTION MUSICALE, TRANSCRIPTION Gérard Lecointe
LA LECTRICE (ÀLÉCRAN) Véronique Bettencourt
AVEC les Percussions Claviers de Lyon
PRODUCTION ADIPAC / Percussions Claviers de Lyon.
COPRODUCTION Théâtre de Vénissieux – le Grand Angle de Voiron, scène Rhône-Alpes
de Voiron – Théâtre de Givors, Les Saisons. Avec le soutien du Théâtre à Châtillon.
AVEC LAIDE DE la SPEDIDAM, du FCM, de la SACEM et de la Compagnie Lyonnaise
de Cinéma.
LÂGE DE CRISTAL
Les cinq musiciens des Percussions Claviers de Lyon
et la metteuse en scène Emmanuelle Prager asso-
cient la musique de Maurice Ravel et Trois contes
de Charles Perrault pour imaginer un spectacle
envoûtant.
© ÉRIC DIDYM
© ALEXIS ARMENGOL
© ARIANE MESTRE
© ARIANE MESTRE
À SUIVRE SUR: www.theatredelaville-paris.com
LES AUTRES SPECTACLES DU PARCOURS:
Mon amoureux noueux pommier à partir de 7 ans
JEANLAMBERT WILD ISTÉPHANE BLANQUET {théâtre & art visuel }
Théâtre national de Chaillot Idu 30 nov. au 8 décembre
Faim de loup à partir de 8 ans
ILKA SCHÖNBEIN ILAURIE CANNAC {marionnettes}
Le Grand Parquet Idu 4 janvier au 3 février
Kathputli à partir de 4 ans
{danse & marionnettes du Rajasthan}
Le Grand Parquet Idu 15 février au 3 mars
Nos amours bêtes CRÉATION à partir de 6 ans
FABRICE MELQUIOT IAMBRA SENATORE {théâtre Idanse}
Théâtre des Abbesses Idu 6 au 13 avril
Sobre la cuerda oja VERSION FRANÇAISE à partir de 8 ans
MIKE KENNY ITEATRO MILAGROS {marionnettes du Chili}
Théâtre des Abbesses Idu 13 au 18 mai
L’Après-midi d’un foehn à partir de 6 ans
PHIA MÉNARD {cirque}
Le Monfort Iddu 21 mai au 8 juin
Le Centquatre Iddu 11 au 15 juin
 LE JEUNE PUBLIC A/À LÂGE DE LA MATURITÉ 
SAM. 20 OCT. DE 10H À 17H30 IAU MONFORT
En présence d’Aurélie Filippetti, colloque organisé par “Scène(s)
d’enfance et d’ailleurs” et ses partenaires
Parmi les nombreux intervenants: des universitaires, Pierre Péju
(écrivain), Claire Rannou (Anrat), Jean-Pierre Saez (Observatoire
des politiques culturelles), Geneviève Lefaure (présidente de Scène(s)
d’enfance et d’ailleurs), Dominique Bérody (CDN de Sartrouville),
Emmanuel Demarcy-Mota…
www.scenesdenfance.com
NOUVEAU!
CARTE PaRCouRS enfance&jeunesse
PRIX DE LA CARTE 16€
TARIF A accompagnant 13 € • jeune - 16 ans 6
TARIF C accompagnant 10 € • jeune - 16 ans 6
1 carte permet l’achat de 7 places maximum par spectacle
du Parcours (1 accompagnant & 6 jeunes ou 2 accom.
& 5 jeunes), dans la limite des places disponibles.
Location ouverte dès à présent sur tous les spectacles
du Parcours.
ENTRETIEN AVEC DAVID LESCOT
On ne le sait pas forcément, mais David Lescot c’est aussi
une compagnie de théâtre, la compagnie du Kaïros qui a
dix ans cette année. Pourquoi avoir créé une compagnie?
À quoi fait référence ce nom de Compagnie du Kaïros?
DAVID LESCOT: Le kaïros est une notion de philosophie politique
qui signifie le bon moment. Il y a des choses qui sont bonnes,
mais seulement dans la mesure où elles sont accomplies à tel
instant et non à tel autre. Cette notion remet en question lab-
solu de la morale. Il n’y a pas de catégories fixes. La réalité ne
cesse de bouger et de se reconfigurer. Il faut être à l’écoute du
mouvement du monde pour s’efforcer d’être en accord avec lui.
Quant à l’envie de créer une compagnie, cela vient, je crois, du
besoin à un moment donné de ma vie de réunir des personnes
avec lesquelles je me sentais des affinités. Le fait de se choisir et
de faire un bout de chemin ensemble, quelque chose qui est lié
en même temps au hasard des rencontres et de la vie est une
idée qui me plaît beaucoup. Cela passe par l’amitié, ladmira-
tion, l’estime réciproque. On se rassemble et puis on progresse.
Vous êtes auteur et metteur en scène. Les deux ont-ils tou-
jours été liés?
D. L.: Oui. Le premier texte que j’ai écrit en tant qu’auteur, ce
nétait pas tant pour être auteur que pour réunir des gens et
inventer ensemble une forme mêlant jeu et musique. C’était Les
Conspirateurs il y a une quinzaine d’années. Cela s’est fait avec
les moyens du bord, sans savoir si on allait le jouer en public.
Dès qu’il a été question de le montrer, j’ai compris que je deve-
nais metteur en scène et non plus seulement l’ordonnateur
d’un projet. Parce que tout d’un coup se posait la question du
public. Le rôle du metteur en scène, c’est de prendre en charge
cette responsabilité du rapport au public. On construit un
bateau, le public c’est la mer. Il y a un architecte, des marins…
Le bateau commence à voguer quand le public arrive. Le res-
ponsable, c’est le capitaine, autrement dit le metteur en scène.
Un homme en faillite, L’Européenne, Le Système de Ponzi
vos spectacles sont très souvent en prise sur le présent. Est-ce
délibéré? Pensez-vous que votre théâtre a une dimension
politique?
D. L.: Ce qui m’intéresse c’est de guetter dans le réel le potentiel
poétique, plutôt que de projeter directement ma propre intério-
rité. Je regarde autour de moi; je suis à l’écoute du monde. J’es-
time faire un théâtre politique, mais pas un théâtre militant. Je
nai rien contre l’agit-prop, mais ce nest pas là que je me situe.
Même si j’ai pu écrire un texte sur les Pussy Riots en août dernier
à la Mousson d’été, parce que je les trouve vraiment courageuses.
Vous êtes artiste associé du Théâtre de la Ville. Qu’est-ce
que cela signie pour vous?
D. L.: Cela s’inscrit dans la continuité d’une relation de fidélité
avec Emmanuel Demarcy-Mota, qui remonte à l’époque où il
dirigeait la Comédie de Reims. Fabrice Melquiot mavait invité
là-bas en tant quauteur. Un homme en faillite a été produit par
la Comédie de Reims inaugurant une collaboration qu’Emma-
nuel Demarcy-Mota envisage comme une construction, c’est-à-
dire quelque chose qui se développe. Il est conscient que ce qui
est acquis aujourd’hui dans le théâtre public ne l’est pas pour
toujours. D’où la nécessité d’une inscription dans le temps qui
fait qu’à un moment on va vous reconnaître, vous identifier et
que cela ne se fait pas en une seule fois. Emmanuel est aussi
sensible au fait que je travaille avec un collectif dacteurs auquel
je suis fidèle. Le fait que nous appartenions à la même génération
est important aussi. Enfin nous sommes tous deux héritiers à
travers nos parents d’une histoire du théâtre public. Emmanuel
est très sensible à ça parce quil a un sens historique. Il a ce
souci d’inscrire le Théâtre de la Ville dans une histoire du théâtre
d’art non seulement en France, mais aussi en Europe.
Propos recueillis par Hugues Le Tanneur
1 ARTISTE ASSOCIÉ // 2 SPECTACLES 7
novembre-décembre 2012
6DAVID LESCOT // ARTISTE ASSOCIÉ Théâtre de la Ville PARIS
novembre-décembre 2012
À GAUCHE Catherine Matisse & David Lescot // À DROITE Alexandra Castellon & Bagheera Poulin en répétition des Jeunes © ÉRIC DIDYM
LE PUBLIC C’EST LA MER
Auteur, metteur en scène, acteur et musicien, David Lescot est artiste associé du Théâtre de la Ville.
Son parcours protéiforme dévoile progressivement les diérentes facettes d’une œuvre sensible et rééchie en prise
avec la réalité du monde.
THÉÂTRE DES ABBESSES IA
DU 8 AU 24 NOVEMBRE HORAIRES P.23
TOUT PUBLIC IÀ PARTIR DE 14 ANS
DAVID LESCOT
Les Jeunes
CRÉATION
TEXTE, MISE EN SCÈNE & MUSIQUE David Lescot
LUMIÈRES Laïs Foulc
ASSISTANTE À LA MISE EN SCÈNE Charlotte Lagrange
SON Michael Schaller
COSTUMES Marianne Delayre
EFFETS SPÉCIAUX Benoît Dattez
RÉGIE GÉNÉRALE Anna Sauvage
AVEC Alexandra Castellon,Bagheera Poulin, Catherine Matisse,
Martin Selze, Marion Verstraeten
MUSICIENS Flavien Gaudon, David Lescot, Philippe Thibaut
COPRODUCTION Cie du Kaïros – Théâtre de la Ville-Paris – le Carreau, scène nationale de
Forbach – Théâtre de l’Union, CDN de Limoges – la Filature, scène nationale de Mulhouse
Le texte du spectacle est édité chez Actes Sud-Papiers.
THÉÂTRE DES ABBESSES IA
DU 9 AU 21 NOVEMBRE HORAIRES P.23
TTHÉÂTRE IDANSE
DAVID LESCOT
Quarante-cinq tours
TEXTE & MUSIQUE David Lescot
CHORÉGRAPHIE DeLaVallet Bidiefono
CRÉATION LUMIÈRES Anna Sauvage
RÉGIE Ludovic Losquin
AVEC DeLaVallet Bidiefono, David Lescot
PRODUCTION Compagnie du Kaïros.
COPRODUCTION SACD & Festival d’Avignon dans le cadre des “Sujets à Vifs” 2011 pour la version
33 tours. Le Théâtre National de Bretagne pour la version 45 tours
AVEC LE SOUTIEN DE la Maison des Arts de Créteil.
LES JEUNES
Deux groupes de rock rivaux s’opposent dans Les Jeunes. Des garçons raisonneurs et des filles un peu fofolles – ados rageurs et
attachants bien décidés à montrer de quoi ils sont capables.
Avec Les Jeunes, vous abordez un âge réputé dicile, l’adolescence. Pourquoi ce sujet?
DAVID LESCOT: J’avais envie de me tourner vers cette tranche d’âge. J’ai une fille qui a 16 ans. Tout d’un coup l’adolescence mest
apparue comme un monde particulier. J’ai l’impression qu’elle est de plus en plus présente autour de nous. Socialement, c’est
devenu une valeur en soi qui fait l’objet d’une promotion intensive. Dans La Commission centrale de l’enfance, je parlais plus de len-
fance, nabordant l’adolescence proprement dite que vers la fin. Là j’ai eu envie d’aller vers d’autres formes, une approche différente.
La musique que je jouais quand j’étais ado et que j’ai apprise c’était le jazz, qui est toujours très présent dans ce que je fais. Mais
j’ai commencé comme tout le monde par jouer du rock quand j’avais 10 ans. Trois accords de guitare et on y va. C’est ce que j’ai
voulu retrouver dans ce spectacle.
Le rock est considéré à tort ou à raison comme la musique de l’adolescence. C’est pour ça que vos personnages montent
des groupes de rock?
D. L.: Oui. Le spectacle raconte l’épopée d’un groupe de rock adolescent. Il y a un groupe de garçons et un groupe de filles, mais les
deux sont joués par les mêmes actrices, chacune jouant un garçon et une fille. C’est complètement écrit, mais je souhaite garder
un côté brut; un peu comme dans L’Instrument à pression dont c’est en quelque sorte le pendant rock. Lidée, c’est que la musique
soit au même niveau que le texte. Je me suis beaucoup amusé dans cette opposition entre les garçons et les filles à faire ressurgir
le garçon que j’ai pu être et à minspirer de ma propre fille. Les catégories sont très tranchées. Les garçons sont dogmatiques, ils
rédigent des manifestes artistiques, veulent changer le monde. Les filles sont complètement filles, dangereuses, sans aucune
limite, elles vont beaucoup plus loin.
Comment voyez-vous l’adolescence? Qu’est-ce qui caractérise cet âge selon vous? Et comment cela se traduit dans le
spectacle?
D. L.: Je minquiète beaucoup pour cette génération. C’est mon instinct de père qui s’exprime-là, bien sûr. Je constate que la violence
est très présente aujourd’hui chez les adolescents. Ils ont une lucidité que nous navions pas. Notre vision du monde était assez ras-
surante au fond. Eux sont confrontés à une complexité plus grande. Le spec tacle dégage, je crois, une vraie violence qui se
mélange avec l’humour que j’essaie d’y mettre. Mais les coups qu’ils prennent, ce sont de vrais coups. Cet âge intermédiaire où l’on
nest plus enfant mais pas encore adulte mapparaît menacé par le monde adulte qui essaie de le récupérer, de l’exploiter. Il y a
quelque chose de ça dans le spectacle. Et puis il y a la musique qui entraîne toute l’affaire, l’énergie du rock.
Propos recueillis par H. L. T.
LA RENCONTRE
L’un a regardé l’autre travailler, et puis ensemble ils ont travaillé, dansé, joué.
Façon de symboliquement se battre pour mieux se connaître.
QUARANTECINQ TOURS
On ne se connaissait pas, ou presque pas. Alors pour le connaître mieux, pour un peu le comprendre, en mars 2011 je suis parti une
semaine à Brazzaville, là où il travaille, où il vit, là où il invente ce qu’il fait. Pendant une semaine donc, j’ai été le spectateur de
DeLaVallet. C’est une bonne manière de commencer à travailler avec quelqu’un.
À Brazzaville, capitale de la République du Congo, il existe un seul studio de répétition pour la danse. Il se trouve au Centre culturel
français, qu’on doit appeler maintenant l’Institut français mais quon appellera toujours “le CCF. C’est une salle en longueur,
assez exiguë, avec une baie vitrée qu’on laisse ouverte sur le jardin. C’est là que DeLaVallet travaille, tous les jours, avec sa troupe
de danseurs, ou avec des danseurs apprentis. Il se met face au miroir, les autres sont derrière lui et essaient de le suivre. Il y a de
la musique enregistrée, mais il y a aussi des vrais musiciens qui jouent de la basse ou de la batterie par-dessus.
Souvent avant l’heure prévue, DeLaVallet annonce la fin de la répétition: « Sinon vous allez mourir », il dit. Par terre il y a de la
sueur, pas des gouttes, des flaques. Certains sont allongés et rient de fatigue, et quand ils se relèvent, la transpiration a dessiné leur
silhouette sur le sol.
DeLaVallet dit que danser au Congo, c’est un combat, c’est comme se battre. Ce ne sont pas que des mots. Ça me fait penser à Heraklès
II ou L’Hydre, un texte de Heiner Müller, où le héros marche au combat, à la rencontre de l’ennemi et, en fait, le combat a déjà com-
mencé et l’ennemi il marche dessus, c’est une forêt et c’est en même temps une bête, quelque chose qui vous avale et qui prend
votre mesure. Lennemi c’est le champ de bataille. C’est peut-être ça aussi la guerre, c’est se battre contre le sol sur lequel on
marche.
Alors DeLaVallet et moi on s’est dit que se battre, se faire la guerre de toutes les manières symboliques possibles, ce serait sûrement
un bon moyen de mieux se connaître.
David Lescot
TOUS LES GARÇONS
ET LES FILLES DE MON ÂGE
Musicien formé par le jazz, David Lescot met en compétition deux groupes
rock, et s’interroge sur les ados d’aujourd’hui, sur leur présent, leur avenir.
David Lescot & DeLaVallet Bidiefono dans 33 Tours, Avignon 2011 © CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE/WIKISPECTACLE
Le testament en question est celui du Roi Lear,
qui, chez Shakespeare, entreprend de léguer son
royaume à ses trois filles. Il na pas réellement
envie d’abandonner le pouvoir, de prendre sa
retraite. Avant tout il veut leur offrir loccasion
de le remercier, et surtout de dire combien
elles l’aiment. Il veut être aimé, regretté, il veut
à tout prix y croire. Y croire jusqu’à en mourir.
Mais la-t-il vraiment mérité, cet amour?
Qu’attend donc un père de ses enfants? Que
peut-il leur offrir? Et comment? Par étapes ou
en une seule fois? Mais dabord, quattendent
les enfants de leur père? Telles sont les ques-
tions posées par les She She Pop, un groupe –
comme son nom ne l’indique pas – allemand,
composé principalement de jeunes actrices
performeuses. Alors, pour traiter clairement de
la situation, chacune met en jeu son propre
père. Un à un ils ar rivent, s’assoient sur des
fauteuils, leurs visages souriants repris en
grand sur écran, tandis que les filles, après les
avoir présentés, dévident leurs rancœurs. Tels
qu’elles les décrivent, nous avons là: un bour-
geois tranquille, un intellectuel hargneux, un
bon vivant. Trois figures courantes de notre
société, de notre temps. Des hommes, des
seniors d’aujourd’hui en pleine forme, qui, pas
plus que Lear, nont réellement envie, quoi
qu’il se passe, d’abandonner leur pouvoir, de
prendre leur retraite.
Évidemment, la première chose à laquelle on
pense, c’est: comment ces jeunes filles sont-
elles parvenues à persuader leur père respectif
de se prêter à un jeu pour le moins risqué? Car
bien entendu personne ne se fait de cadeau.
D’autant qu’après avoir calmement écouté, les
pères s’expriment…
Seulement voilà: avant tout, il sagit de théâtre
et non pas d’un psychodrame chaotique. D’ail-
leurs, pour éviter toute dérive, de soir en soir,
les interprètes des trois filles (deux actrices, un
acteur) changent de personnage, et donc de
père.
Oui, un théâtre d’une énergie joyeusement
féroce, et parfaitement maîtrisé. Et qui rejoint
Shakespeare, dans la mesure où s’élaborent à
partir de la pièce, des situations, des conflits
qui la construisent, la mènent de scène en
scène. Des textes s’affichent sur écran, lus par
le personnage impliqué, qui alors enchaîne sa
propre histoire. Comme encouragé, chacun peut,
sans jamais verser dans le sentimentalisme –
c’est d’autant plus frappant – exposer ses pro-
blèmes, faire exploser sa fureur, sa douleur.
Étranges, bouleversants rappels de ce que le
quotidien le plus banal peut se gaver d’incom-
préhensions mutuelles, de décalages affectifs,
toutes ces petites choses qui parfois font mal,
et quoi qu’il en soit, marquent l’existence.
Sans quitter la réalité de leur présent, avec une
distance non pas d’ironie, mais de tendre
malice, d’humour funèbre, les She She Pop
retrouvent la force de Shakespeare, cette impi-
toyable force de vie qui traverse les siècles. Et
puis, elles ne se contentent pas de suivre
l’exemple, elles poursuivent, elles creusent. Car
après tout, les pères, ils ont eux-mêmes été des
fils. Les filles, elles sont ou seront des mères.
Sans reproche? Comment se situer, avec toutes
ces questions sur ce qu’on a fait, que l’on aurait
dû, mais que l’on na pas… Comment se
connaître, avec tous ces problèmes d’héritage,
d’hérédité, de transmission, de malentendus
ou de conflits générationnels…
La morale de l’histoire? D’un côté, on est
content de soi quand on est fier de la façon
dont on s’imagine avoir élevé ses enfants… De
l’autre, on est content de soi quand on s’ima-
gine « s’être fait tout seul ».
Colette Godard
VLAD TROITSKYI // UKRAINE 9
8SHE SHE POP // ALLEMAGNE Théâtre de la Ville PARIS
novembre-décembre 2012 novembre-décembre 2012
Testament de She She Pop © DORO TUCH
THÉÂTRE DES ABBESSES IB
DU 28 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 20 H 30 IDIMANCHE 2 DÉCEMBRE 15 H
EN ALLEMAND SURTITRÉ EN FRANÇAIS
SHE SHE POP & LEURS PÈRES
Testament
DAPRÈS LE ROI LEAR DE WILLIAM SHAKESPEARE
CONCEPT She She Pop & leurs pères ASSISTANT Kaja Jakstat
CRÉÉ & INTERPRÉTÉ PAR Sebastian & Joachim Bark,Fanni &Peter Halmburger, Mieke &Manfred Matzke,
Lisa Lucassen, Ilia &Theo Papatheodorou
PRODUCTION She She Pop. CORÉALISATION Théâtre de la Ville-Paris et Festival d’Automne à Paris.
COPRODUCTION Hebbel am Ufer Berlin – Kampnagel Hambourg et FFT Düsseldorf. Avec le soutien nancier de la ville de Berlin,
de la ville de Hambourg et les fonds du Darstellende Künste e.V.
Dans le cadre du tandem Paris Berlin organisé à l’occasion des 25 ans d’amitié entre les villes de Paris et de Berlin.
PÈRES
&FILLES
De Berlin à Hambourg, pour la première fois à Paris,
les She She Pop nous regardent, se regardent vivre.
Sans pitié, en tout humour et complicité.
Né en Russie, Vlad Troitskyi grandit en Ukraine. À Kiev, où il suit l’École
polytechnique, tout en fréquentant la scène. Après s’être perfectionné
au GITIS de Moscou, il revient et fonde le Théâtre Dakh. Autrement dit
« le Théâtre sur le toit » puisque c’est à l’air libre sur le toit d’un immeu-
ble de la capitale ukrainienne que tout commence. Puis il s’installe en
périphérie, dans une salle vraiment petite (60 places). En 2004, vient se
joindre le Groupe DakhaBrakha, qui mêle folklore et musiques d’au-
jourd’hui. En 2007 Vlad Troitskyi lance le Festival Gogol, qui chaque
année pendant un mois, entraîne spectateurs et acteurs dans sa fête.
UN GRAND VOYAGE
Gogol, mais aussi Shakespeare, ont inspiré les deux œuvres qu’il nous
présente.
Avec Le Roi Lear - prologue, il s’agit d’un spectacle purement visuel et
musical, autour d’un thème essentiel de la pièce: famille, amour et tra-
hison, avec ses personnages centraux: les trois filles du roi. Ici, un trio
de femmes en robes de mariée, chantant au cœur d’un étrange rituel
païen, patchwork d’influences diverses. Sur fond de musiques non
moins diverses jouées live par « l’ethno-chaos-band », le DakhaBrakha,
on pense aux marionnettes japonaises du Bunraku, manipulées à vue…
Manipulation, mélange qui reflètent la situation aujourd’hui en Ukraine.
C’est encore autour d’une jeune fille que tourne l’histoire de Viï-le roi terre.
Elle est mourante, demande à être veillée par un jeune philosophe élève
d’un séminaire, lequel bientôt se rend compte qu’en fait, elle est la sorcière
qu’il croyait avoir tuée. Et c’est là qu’il rencontre une créature abominable,
venue à la demande de la jeune morte: Viï, le chef des gnomes…
Selon vous, de quoi parle Viï?
VLAD TROITSKYI: Il ne s’agit pas seulement d’un conte d’épouvante, mais
avant tout d’une histoire qui porte à la réflexion, et que depuis long-
temps, je voulais aborder. Cela dit, je ne mets pas en scène le texte littéral
de Gogol, je mappuie sur le travail du dramaturge Klim, autour de
quelques thèmes.
Tout d’abord: la femme. Quest-ce que la femme, principalement en
Ukraine? Et puis je veux insister sur les rapports, les liens entre les
individus d’une même culture ou de cultures différentes, y compris tra-
ditionnelles. Je ne tiens pas à mettre en avant les traditions, je voudrais
dire d’où nous venons, qui nous sommes. Ce n’est pas le folklore qui
m’intéresse, c’est la vie. Dans sa réalité.
Je voudrais montrer une Ukraine inconnue. Une Ukraine différente de
l’image que l’Europe peut s’en faire. Pour moi, ce pays n’est pas compris.
Tout au moins il est mal compris.
À travers cette création, je souhaite éclairer le côté mystique de la culture
ukrainienne, mais pas seulement. C’est-à-dire que je souhaite mappuyer
sur le conflit entre la tendance européenne – que je perçois comme
raffinée, délicate – et quelque chose d’autre, pas encore entaché par une
« pseudo civilisation ». Une culture proche de la terre.
Vous montez i avec deux comédiens francophones, pourquoi?
V. T.: C’est l’histoire d’un voyage, celui de deux étrangers en Ukraine.
Les deux comédiens francophones incarnent parfaitement ces person-
nages. Pour les préparer, je les ai emmenés dans les Carpates, et je les ai
laissés, seuls, dans des conditions assez sévères. Se trouver là-bas, sans
connaître la langue ni personne, c’est un peu comme se perdre dans la
jungle. À mon avis, pour eux comme pour le spectacle il est essentiel
d’avoir vécu cette expérience, loin de la civilisation, proche de la terre,
du peuple. Proche du rite.
D’après le dossier presse de Vidy-Lausanne
«L’homme-clé du renouveau artistique d’une Ukraine qui peine à se trouver une identité. »
Le Monde, Fabienne Darge mai 2011
LE MONFORT IA
DU 28 NOVEMBRE AU 7 DÉCEMBRE 20 H 30 I
DIMANCHE 2 DÉCEMBRE 16 H
VLAD TROITSKYI
Le Roi Lear - prologue
LIBREMENT INSPIRÉ DE William Shakespeare
MISE EN SCÈNE Vlad Troitskyi
LUMIÈRES Mariya Volkova
MASQUES Natalia Marinenko
AVEC Natalka Bida,Daria Bondareva,
Dmytro Iaroshenko,Roman Iasynovskyi,
Ruslana Khazipova,Dmytro Kostyumynskyi,
Tetyana Vasylenko,Solomiia Melnyk,
Volodymyr Minenko,Anna Nikityna,
Igor Postolov,Vyshnya,Zo,
Lytvynenko-Iasinovska Viktoriia
MUSICIENS DakhaBrakha
Marko Halanevych,Iryna Kovalenko,
Nina Garenetska,Olena Tsybulska
PRODUCTION Centre of Contemporary Art “DAKH”
PRODUCTION DÉLÉGUÉE Théâtre Vidy-Lausanne
COPRODUCTION Festival Passages – Metz
THÉÂTRE DE LA VILLE IB
DU 10 AU 14 DÉCEMBRE 20 H 30
SPECTACLE EN UKRAINIEN & EN FRANÇAIS
VLAD TROITSKYI
Viï - le roi terre CRÉATION 2012
DE Klim (INSPIRÉ DE Nicolas Gogol)
CONCEPTION & MISE EN SCÈNE Vlad Troitskyi
TEXTE Klim
TRADUCTION Julia Batinova
AVEC LA COLLABORATION DE René Zahnd
SCÉNOGRAPHIE Dmytro Kostiumynskyi,Vlad Troitskyi
COMPOSITION MUSICALE DakhaBrakha,Roman Iasinovskyi,
Solomiia Melnyk,Vlad Troitskyi
CRÉATION VIDÉO Maksym Poberezhskyi,
Oleksii Tyschenko
CRÉATION LUMIÈRES Zvezdan Miljkovic
CONSTRUCTION DÉCOR Ateliers du Théâtre Vidy-Lausanne
PEINTURE Sibylle Portenier
COSTUMES Kateryna Vyshneva
MASQUES Valentina Voityuk
TRADUCTION & INTERPRÉTATION Maksim Ilyashenko,
Romain Bovy
JEU & MUSIQUE Pierre-Antoine Dubey,Bartek Sozanski,
Anatolii Cherkov, Nina Garenetska,
Marko Halanevych, Nataliia Halanevych,
Tanya Havrylyuk, Dmytro Iaroshenko,
Roman Iasinovskyi, Ruslana Khazipova,
Dmytro Kostiumynskyi, Iryna Kovalenko,
Solomiia Melnyk, Volodymyr Minenko,
Olena Tsybulska, Tetyana Vasylenko,
Kateryna Vyshneva, Nataliia Zozul
PRODUCTION DÉLÉGUÉE Théâtre Vidy-Lausanne
COPRODUCTION Théâtre de la Ville-Paris – Festival Passages, Metz
AVEC LE SOUTIEN DE Ukrainian Art Project, Fondation Landis & Gyr
Création au Théâtre-Vidy Lausanne le 29 mai 2012
REMERCIEMENTS PARTICULIERS À M. Vitalyi Chudnovskyi
Viï – le roi terre est dédié à René Gonzalez.
VLAD TROITSKYI
UN THÉÂTRE DE VIE
Qu’il s’appuie sur Shakespeare ou Gogol, ce metteur en scène qui a fait amboyer
le théâtre ukrainien nous raconte son pays, nous en fait découvrir les complexités
et contradictions.
Le Roi Lear - prologue mise en scène Vlad Troitskyi © THÉÂTRE DAKH
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