Lambert Marie Terminale S

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Lambert Marie
Terminale S
Grandir sur scène
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Sommaire
I) - Ma rencontre avec le théâtre
Mes débuts au théâtre
Pages 3 à 4
Les stages théâtre
Pages 4à 5
Le travail du comédien
Pages 5 à 6
II) - Nos représentations théâtrales
L’Opéra de Quat ‘Sous d’après Bertolt Brecht
Pages 6 à 8
La seconde surprise de l’amour de Marivaux
Pages 8 à 10
II) Ma vision en tant que spectateur
Les Naufragés Du Fol Espoir d’Ariane Mnouchkine
Pages 11 à 12
Le Jeu de L’île de Marivaux
Pages 13 à 14
Les Fiancés de Loches de Georges Feydeau
Pages 14à 16
III) - Conclusion
Pages 17
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I) - Ma rencontre avec le théâtre
Mes débuts au théâtre
Lorsque je suis arrivée au Lycée Condorcet, j’étais une jeune fille très timide qui
n’aimait pas beaucoup se faire remarquer. Un de mes amis est entré à l’atelier
théâtre du lycée, j’avais envie de le suivre mais la peur de jouer, de parler ou de
danser devant des personnes que je ne connaissais pas m’en a empêchée.
A la fin de l’année, j’avais acquis un peu plus de maturité, je me suis dit qu’il fallait
bien qu’un jour ou l’autre je surmonte ma timidité car ce vilain défaut m’aurait
pénalisée dans les années à venir, notamment pour mon oral de français que
j’allais passer l’année suivante. C’est alors qu’{ la rentrée, je m’inscrivis { l’atelier
théâtre du lycée, j’étais { la fois très apeurée mais également très excitée de partir
{ l’aventure dans un domaine que je ne connaissais absolument pas. Mon début
avec le théâtre a été un peu difficile, je ne me sentais pas très { l’aise car j’étais une
débutante à côté de certaines personnes qui faisaient déjà partie de l’atelier
puisque chaque année, l’atelier théâtre regroupe des élèves de seconde, de
première et de terminale. Mon intégration au sein de la troupe s’est faite
progressivement.
Répétition au Conservatoire National d'Art Dramatique de Paris.
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J’ai vite pris un grand plaisir à jouer et ma timidité a disparu doucement. L’atelier
théâtre nous réunit chaque vendredi de 16 heures à 18 heures, ce qui nous permet
de lâcher toutes les tensions de la semaine de cours. Toute l’année nous
travaillons très dur, pour au final, livrer la parole de l’auteur { un public toujours
de plus en plus nombreux dans la salle Maria Casarès au CDN de Montreuil.
Nous avons une très grande chance de disposer d’un atelier théâtre au sein de
notre lycée, ceci a été possible grâce à quatre personnes qui se sont donné du mal
pour aboutir à ce projet dont le but est de nous faire « Grandir sur scène ». Il s’agit
de Joséphine Sourdel, notre metteur en scène, ainsi que Sylvie Fayolle, Françoise
Frauziol et Julien Christen, tous les trois professeurs de Lettres au lycée
Condorcet. Ils nous accompagnent tout au long de l’année, aussi bien dans les
moments inoubliables que difficiles. Nous sommes comme une grande famille,
nous prenons plaisir à jouer ensemble et au cours du temps il se crée une grande
complicité.
Les stages théâtre
Dans l’année, nous faisons environ deux ou trois stages puisque répéter
seulement le vendredi n’est pas suffisant pour travailler une pièce. Ces stages
durent du samedi au dimanche, ils nous permettent d’avancer toujours un peu
plus dans notre travail avant la représentation finale.
Répétition au Conservatoire National d'Art Dramatique de Paris. Une détente avant
de commencer un après midi de travail.
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Ils nous permettre de mettre en place certains déplacements que nous ne pouvons
pas forcément établir dans l’enceinte du lycée, faute de place. Nous faisons
également des exercices, dont le but est de nous donner de l’énergie, d’échauffer
nos voix ainsi que nos corps. Ces stages nous permettent également de nous faire
une meilleure idée de la pièce, pour chaque scène, nous devons travailler sur le
texte, savoir quand le ton change, que signifient certains mots et comprendre
l’évolution de la scène. Comprendre le texte permet de cerner davantage notre
personnage, et ainsi comprendre ses réactions, ses émotions, ses déplacements…
Ces journées de stage sont des moments inoubliables, ce sont des lieux
harmonieux, qui combinent des rires, des tensions, de la fatigue, de l’attention
ainsi qu’une forte concentration. Ces week end sont l’occasion de nouvelles
découvertes sur nous-mêmes ainsi que sur notre personnage, ils nous permettent
de progresser dans le travail de comédien.
Le travail du comédien
Répétition de la pièce de Bertolt Brecht
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Devenir acteur est tout un travail, il faut tout d’abord travailler sur soi-même ;
c'est-à-dire bien articuler les mots du texte, parler de manière suffisamment forte
mais tout en restant compréhensible. Il faut également apprendre à gérer son
corps ; la respiration est l’une des choses primordiales. Il faut savoir quand on
peut reprendre son souffle dans une phrase, car la position de la pause peut
parfois changer le sens de la phrase. J’ai eu beaucoup de mal { travailler sur mon
regard, qui est tout aussi important que la respiration, pour moi il était impossible
de regarder une personne plus de cinq secondes sans me sentir gênée.
Mais après quelques séances de travail et beaucoup de patience, j’y suis arrivée.
De plus, le théâtre requiert un travail approfondi du texte, être comédien ne
signifie pas lire son texte, il faut le comprendre. Comprendre le texte nous permet
de découvrir les pensées et les intentions du personnage. En effet, il faut
comprendre les pensées qui ont amené notre personnage à prononcer chacune de
ses paroles. Il y a toujours une continuité dans la pensée du personnage qui le
pousse à agir, parler, se déplacer d’une certaine façon et c’est cela qu’il faut
découvrir.
II) - Nos représentations théâtrales
L’Opéra à deux balles d’après Bertolt Brecht
L’année où je suis entrée dans l’atelier théâtre, de nombreuses personnes se sont
également inscrites, donc en comptant les anciens et les nouveaux arrivants, nous
étions environ une quarantaine. Ce nombre très élevé posa quelques problèmes
pour le choix de notre pièce. Mais finalement notre metteur en scène a décidé de
nous faire jouer du Brecht « L’opéra de Quat’ Sous ». Jouer une pièce de Brecht
était un vrai challenge à relever, car elle nécessite une grande énergie chez les
comédiens, ce qui n’était pas le cas de toutes les personnes présentes. Au bout de
quelques séances, les moins motivés nous ont abandonnés, ce qui a fait diminuer
le nombre de personnes participant à cette aventure, donc ce qui a rendu la
distribution des personnages un peu plus facile.
Dans cette pièce, nous voulions souligner les caractéristiques du théâtre de
Brecht, car il ne faut pas oublier que Brecht a mis en place le procédé de
distanciation. La distanciation permet de rappeler au spectateur qu’il est en train
de regarder une pièce de théâtre, que rien n’est réel, ce procédé est l’inverse de
celui d’identification. Afin de mettre en avant cette distanciation, nous avons eu
l’idée de placer les acteurs qui s’occupaient de la musique, directement sur scène,
à la vue des spectateurs. J’ai vraiment adoré jouer cette pièce, j’ai pris beaucoup
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de plaisir à jouer avec mes partenaires. On m’a attribué le rôle de Madame
Peachum, qui me correspondait particulièrement, il s’agit d’une femme très agitée
et très nerveuse et surtout … alcoolique. Bien évidement, ce dernier n’est pas un
élément pris en compte lorsque je dis que ce personnage me ressemble.
Néanmoins j’ai pris beaucoup de plaisir à jouer une femme saoule, mais c’est
quand même assez trompeur, ce n’est pas aussi facile qu’il nous paraît. De plus,
lors de ma scène je dois m’évanouir dans les bras de mon mari, j’ai eu beaucoup
de mal à me laisser tomber de peur qu’il ne me rattrape pas. Il m’est arrivé
quelquefois de me retrouver au sol, sans gravité bien sûr. Au final, je tombais sans
me soucier de ce qu’il allait arriver car je lui faisais confiance. Au départ j’avais
beaucoup de mal à rester droite, les pieds ancrés dans le sol, j’ai eu beaucoup de
remarques là-dessus car ma posture n’était pas digne de mon personnage donc il
m’a fallu la travailler. Je trouve que travailler en talons est un bon moyen de se
tenir bien droite.
Répétition de « L’opéra de Quat’ Sous », scène entre Polly et ses parents.
« Vite, un scotch! C'est la seule consolation qui reste à ta mère! »
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L'Opéra de Quat'Sous est une pièce dont l'histoire se déroule à Londres. Madame
Peachum est la femme du patron d'une entreprise qui a pour but de former des
mendiants. Il s’enrichit sur le dos de faux mendiants essayant d’éveiller la
compassion des passants. Monsieur et madame Peachum ont une jeune fille
nommée Polly qui choisit d’épouser le plus grand bandit, Macie le Surineur,
malgré le refus de ses parents. Ils font tout leur possible pour l’éloigner de ce
bandit. A la fin de la pièce, Mackie est livré à Tiger-Brown, chef de la police, par
Jenny-des-Lupanars, l’une des prostitués qu’il a pour habitude de fréquenter. Il est
donc pris au piège et sa seule échappatoire est désormais la mort qui l’attend au
bout de la potence. Mais soudain, la reine arrive, et là, coup de théâtre, elle le
libère, on lui attribue un titre de noblesse et une rente à vie lui est accordée.
Cette pièce met en évidence un monde instable, dépravé et burlesque qui critique
les classes sociales. De plus, Brecht marque aussi les relations entre la police et le
banditisme, en utilisant la complicité de Brown et Mackie. Il dénonce une société
qui se satisfait du fait que les pauvres soient si pauvres. Peachum s’y connaît,
puisqu’il a fait de la misère son fond de commerce.
« La seconde surprise de l’amour » de Marivaux
Voici maintenant deux ans que je fais du théâtre grâce { l’atelier du lycée, mais
cette année nous nous sommes lancé un défi de plus grande envergure. En effet,
nous allons jouer du Marivaux, la pièce que nous avons choisie est La Seconde
Surprise De L’amour. Dès le début, nous avons eu beaucoup de mal à comprendre
et jouer du Marivaux, certain nous ont abandonnés en cours de route, mais les
plus courageux et les plus ambitieux sont restés. Pour pourvoir jouer du
Marivaux, il y a quelque éléments à respecter et à accomplir. Le premier est de
connaître son texte à la perfection et de se le mettre « en bouche », notre metteur
en scène nous répète qu’il faut « mâcher » les mots de Marivaux, c'est-à-dire qu’il
faut bien articuler car la langue est compliquée, mais il faut également savoir
organiser sa respiration dans une phrase.
La respiration est une chose essentielle au théâtre, nous faisons beaucoup
d’exercices l{-dessus, chez Marivaux, il faut savoir quand on doit reprendre sa
respiration et quels mots on souhaite mettre en évidence selon le rythme qui nous
paraît plus approprié.
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Exercice, l’effet miroir avec toutes les Marquises de la pièce au CNSAD
Jouer du Marivaux signifie aussi écouter son partenaire, mettre une pensée sur
chacune des phrases entendues. Pour ma part, j’ai eu quelques difficultés à jouer
avec mon partenaire, car à vrai dire, nous ne nous entendions pas très bien et
nous n’étions pas très à l’aise pour jouer ensemble, surtout pour jouer une scène
d’amour. Notre scène est une scène très importante dans la pièce car elle met fin à
l’acte II. C’est dans celle-ci qu’on voit très bien l’amour caché des deux
personnages, la Marquise et le Comte. Ils n’arrivent pas { s’avouer leur sentiments
ce qui veut dire qu’ils jouent beaucoup avec les mots. Leurs sentiments changent
beaucoup au cours de la scène, ils passent d’un sentiment de dépit au début à un
sentiment d’amour vers la fin. Tout le long de la scène ils essayent de connaître les
sentiments de l’autre en jouant sur les mots. C’est assez dur à jouer car on ne
comprend pas forcément ce que le personnage sous-entend, c’est pour cela que
nous devons beaucoup travailler le texte.
Mais au bout de plusieurs séances de travail, cela est venu progressivement. Pour
cela, un ancien de l’atelier théâtre nous est venu en aide, il nous a raconté
certaines histoires qui nous ont beaucoup affectés, mon partenaire et moi, et cette
tristesse nous a permis de sentir réellement ce que ressent le personnage que l’on
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doit jouer. Je pense que vous vous demandez ce qu’il a bien pu nous raconter pour
nous mettre dans l’état de notre personnage ? Eh bien pour ma part, il a utilisé
mon compagnon, il voulait que je m’imagine qu’un jour, il ne veut plus de moi et
décide de partir loin d’ici et qu’il ne donne aucune explication de sa décision. Il
faut donc je le convainque de rester à mes côtés malgré la colère qu’il éprouve à
mon égard. Cela m’a donné un petit coup de blues et m’a donné une idée de ce que
je devais ressentir en jouant le rôle de la Marquise.
Lorsque le langage ne nous pose plus de problème, lorsque l’on sait le parler, il
faut ensuite comprendre pourquoi le personnage dit ces mots et si l’on comprend
cela, on pourra alors se donner une idée de l’état du personnage.
Pour jouer l’état de notre personnage, il ne faut pas le jouer, il faut le ressentir. Il
faut que le comédien perçoive la souffrance, la joie, l’affliction, la compassion ou
bien la frustration. Toutes ces émotions doivent affecter le comédien pour rendre
cela le plus vrai possible mais aussi afin de se mettre plus facilement dans la peau
de son personnage. Cette année, je joue une Marquise, celle-ci vient de perdre son
mari, elle est complètement anéantie, sa souffrance, sa douleur font qu’elle
commence la pièce dans un état psychique déplorable. Il m’a fallu du temps avant
de pouvoir ressentir ce qu’elle ressent, mais je sens que ce personnage commence,
petit à petit, à venir s’installer en moi.
Cette pièce raconte l’histoire d’une Marquise, une jeune veuve, qui vient de perdre
son époux seulement un mois après l’avoir épousé, et sombre peut à peut dans
une grande dépression. Sa servante, Lisette, tente tout de même de lui remonter le
moral, de la changer physiquement mais aussi de lui retrouver un autre époux…
Elle choisit le Comte, mais elle s’aperçoit que sa maitresse a créé une grande
amitié ainsi qu’une forte complicité avec le Chevalier qui a lui-même perdu sa
bien-aimée Angélique. Cette amitié prend de plus en plus d’ampleur jusqu'{ se
changer en amour, mais cet amour n’est pas facile { révéler. Entre temps, Lisette
flirte avec le domestique du Chevalier, Lubin, mais leur amour est impossible si
leurs maîtres ne se marient pas. À la fin de la pièce, le Chevalier demande la main
de la Marquise et c’est avec beaucoup de joie que celle-ci accepte. Ce mariage fut
d’autant plus agréable pour Lubin et Lisette puisque leur relation est maintenant
possible.
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II) Ma vision en tant que spectateur
« Les Naufragés Du Fol Espoir » d’Ariane Mnouchkine
Nous sommes allés voir cette pièce de théâtre au Théâtre du Soleil { l’ancienne
cartoucherie de Vincennes. Avant toute chose, j’aimerais faire un point historique
sur ce théâtre, en effet il a été construit sur une ancienne cartoucherie qui fut
partiellement détruite par les bombardements de 1945. Ariane Mnouchkine, une
grande metteur en scène, reprit cette ruine pour en faire un théâtre, en 1970,
qu’elle nommera le « Théâtre du Soleil ». Son but a été d’établir de nouveaux
rapports avec le public et ainsi de se distinguer du théâtre bourgeois pour créer
un théâtre populaire de qualité. Elle s’y est donc installée avec toute sa troupe.
La pièce a été inspirée d’un roman de Jules Verne, « Les Naufragés », l’épopée d’un
groupe de migrants sur un bateau en route pour l’Australie mais qui échoue en
Terre de Feu. Ariane Mnouchkine en a fait une merveilleuse pièce de théâtre, avec
beaucoup d’effets à couper le souffle. Cette pièce est un mélange de genres, il s’agit
d’une comédie épique et romanesque. Au fil de la narration, on voit qu’elle se
réfère au siècle où tout s’invente, où tout surgit : électricité, téléphone, aéroplane,
cinématographe et les conflits sur la colonisation de territoires.
C’est l’histoire d’un frère et sa sœur, Jean et Gabrielle, qui décident de tourner une
adaptation de Jules Verne. Pour cela, Félix, un ami qui est le tenancier de la
guinguette nommée le « Fol-Espoir », décide de leur laisser son grenier. Jean et
Gabrielle fondent alors une troupe composée d’une trentaine de comédiens. Ce
film parle d’un voyage d’émigrants partant sur un bateau, baptisé « le fol espoir »
(en hommage { la guinguette) depuis Cardiff jusqu’{ L’Australie. Cependant, en
plein voyage, le bateau fait naufrage sur l’hémisphère Sud, ils décident donc de
fonder une nouvelle société sur cette nouvelle terre, sans se soucier de ce qui les
attend …
Ariane Mnouchkine a voulu utiliser le principe de la mise en abyme. D’une part, le
musicien, placé sur le bord de la scène, participe à la création du rythme de la
pièce, sa musique varie en fonction de l’action qui se déroule. Ensuite, on
l’observe au tout début de la pièce lorsque l’on apprend que les comédiens vont
réaliser un film (muet) sur scène. Enfin, certains acteurs éclairent ceux qui jouent
dans le film avec de gros projecteurs, { l’extérieur du plateau mais de façon à être
tout de même vus. Cette mise en abyme permet de créer une complicité
immédiate avec le spectateur car ce dernier se trouve embarqué dans la
construction du film. Et pour finir, ce sont les acteurs qui réalisent les
changements de décors, dans une remarquable énergie.
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« Les Naufragés Du Fol Espoir » scène de la tempête de neige
Les décors étaient vraiment magnifiques à observer, on pouvait observer de
gigantesques toiles peintes ainsi que des décors manuels comme le navire, les
mouettes et les machines à vapeurs. Certains décors avaient plus une dimension
comique comme le navire, la mouette, alors que d’autres étaient très réalistes. Il y
avait de très beaux effets, comme ceux utilisés pour imiter une tempête de neige,
une banquise, une mer déchaînée et j’en passe. Tout cela fut possible à l’aide de
neige artificielle, de couvertures, de bâches mais aussi grâce à des éléments
auxquels on ne pense pas forcément, comme un ventilateur par exemple.
Néanmoins, ce qui ne m’a pas trop plu, sont les contraintes par rapport au
principe d’un film muet, c’est-à-dire que les sous-titres sont projetés sur la scène
et les paroles sont dites phrase par phrase. Le problème est qu’il n’est pas
toujours facile de savoir où porter le regard. Néanmoins, les quatre heures de
théâtre passent à une vitesse impressionnante, le spectateur est tellement en
admiration devant cette pièce qu’il ne s’en rend même pas compte, ce sont quatre
heures de pur plaisir.
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« Le Jeu de L’ile » de Marivaux
Comment jouer une pièce de Marivaux sans aller en voir jouer une ? C’est pour
cela que nous sommes allés voir « Le jeu de l’île » ; cette pièce est une compilation
de trois pièces marvaldiennes. En effet Gilberte Tsai, la metteur en scène, a réuni
dans un même spectacle L’île des esclaves » (1725), L’île de la raison (1727) ainsi
que La colonie (1750). Elle décide de les représenter dans l’ordre chronologique
de leur écriture. Dans ces pièces, Mariveaux aborde les rapports de classe ainsi
que les rapports humains, Gilberte Tsai veut souligner sa pensée en réalisant une
sorte de trilogie.
« Les naufragés Du Fol Espoir », extrait de l’ile de la raison
La pièce est racontée par un misérable philosophe qui semble noyer ses chagrins
dans l’alcool car dès le début de la pièce, on le voit avec une bouteille à la main.
L’histoire qui se déroule est une sorte de représentation de son rêve. On apercoit
alors sur le plateau un tapis neigeux parsemé de quelque rochers qui représente
une île. La première partie de la pièce est centrée sur L’ile des esclaves, Iphicrate
et Euphrosyne arrivent sur l’ile suivis de leurs domestiques, Arlequin et Cléanthis.
Sur cette île, Iphicrate et Euphrosyne n’ont pas leur place, et Trivelin , le
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représentant de l’île des esclaves, décide de leur faire changer de rôle avec leur
domestique, ils n’ont pas le choix car sinon c’est la mort assurée. Cette punition
qui leur est infligée permet de corriger leur facon tyrannique de traiter leurs
esclaves, et c’est l’occasion pour Arlequin et Cléanthis de jouer les maîtres à leur
tour. La punition sera retirée lorsqu’Iphicrate et Euphrosyne se seront excusés
d’avoir maltraité leurs esclaves. Ensuite, vient la partie qui représente l’ile de la
raison. Sur cette île sont punies toutes les personnes qui ne reconnaissent pas
leurs défauts. Cette punition les fait devenir minuscules jusqu'{ ce qu’ils
retrouvent la raison en reconnaissant leurs défauts auprès d’un peuple de géants.
Et enfin la pièce se termine sur La Colonie, cette partie permet de s’interroger sur
les rapports humains et sur la question de l’égalité homme-femme. En effet, un
groupe d’émigrants arrive sur une terre inconnue et décide de la conquérir et de
fonder de nouvelles lois. Cependant les femmes refusent de se plier aux hommes,
elles veulent avoir plus d’importance et ainsi montrer aux hommes de quoi elles
sont capables.
Cette pièce est très agréable à regarder, les décors sont admirables, les effets tels
que la banquise, le sable, la neige sont très réalistes. Les costumes sont
magnifiques, ils caractérisent bien les personnages, Euphrosyne est vêtue d’une
robe typique de l’époque avec un corset alors que les vêtements que porte
Cléanthis montrent bien qu’elle est une servante. De plus, lors de la deuxième
partie, dans L’ile De La Raison, les personnages punis sont sous la forme de petites
marionnettes, et lorsqu’ils avouent qu’ils ont des défauts, la transformation en
humains m’a beaucoup plu, j’ai trouvé cela très beau à voir.
Euphrosyne est un des personnages qui m’a permis d’apprendre de nouvelles
choses par rapport au personnage que je joue cette année (une marquise). En
effet, sa façon de parler, de se déplacer ainsi que sa posture m’ont donné quelques
nouvelles pistes pour travailler sur mon personnage.
« Le Fiancés de Loches » de Georges Feydeau
Voici une pièce qui m’a beaucoup plu lorsque je suis allée la voir au Théâtre des
Amandiers à Nanterre, il y a maintenant un peu plus d’un an déj{. Je souhaite en
parler car j’ai beaucoup aimé l’humour de la pièce ainsi que son histoire peu
commune et très étrange.
L’histoire commence dans un bureau de placement à Paris, où trois personnages
venus de Loches, Gévaudan, son frère Alfred et sa sœur Laure, débarquent en
croyant tomber dans une agence matrimoniale. Au même moment, le docteur
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Saint-Galmier, directeur d’un asile psychiatrique s’y est rendu pour y trouver
trois domestiques. Lorsqu’il aperçoit les Lochois, il décide de les recruter et les
invite à venir chez lui. Une fois arrivés chez lui, les Lochois font la rencontre de sa
fiancée Léonie et de sa sœur Rachel, ils sont convaincus que c’est le destin qui les a
réunis. Le patron du centre psychiatrique apprend que trois fous se sont
échappés de son centre, donc il pense que justement que les Lochois sont suspects
et que c’est probablement eux qui se sont échappés de son asile. Gévaudan, Alfred
et Laure finissent par être internés dans le centre du docteur Saint-Galmier. Ils ne
comprennent pas ce qu’ils font dans cet asile, le docteur, persuadé que ses
méthodes permettent aux personnes internées de guérir de leur maladie, leur
inflige des douches chaudes et froides, c’est ce que réserve le docteur aux Lochois.
La pièce se termine par la fuite des Lochois, et une explosion de fureur du patron
qui devient lui-même fou et se jette dans une de ses baignoires qui était
normalement destinée aux malades.
Tout d’abord, cette pièce m’a beaucoup fait rire, les Lochois sont complètement
hallucinants, un gros quiproquo en début de pièce fait tout chavirer et c’est avec
cela qu’ils finissent en asile psychiatrique.
Les costumes des Lochois sont assez comiques, en effet les couleurs rouge et blanc
laissent à désirer… lorsqu’on les compare aux autres personnages présents sur
scène. Un élément que j’ai trouvé amusant c’est que malgré tous leurs efforts pour
s’intégrer { de nouveaux éléments et pour plaire à leur futurs époux, Gévaudan,
Alfred et Laure se font prendre pour des fous. Les acteurs sont très dynamiques et
remplis d’énergie ce qui m’a permis de comprendre ce que notre metteur en scène
nous demandait lorsqu’elle parlait d’avoir de « l’énergie ». L’environnement du
troisième acte est très perturbant et angoissant. Il s’agit d’un endroit tout blanc,
avec des grilles et en plein milieu deux énormes baignoires circulaires. En même
temps cet endroit a pour but de ressembler à un endroit où sont enfermés les
Lochois, dans l’asile du docteur, donc l’impression qu’on a lorsqu’on voit les
décors est donc plutôt satisfaisante. Cette scène confronte deux mondes
totalement différents qui s’affrontent, il s’agit du monde comprenant les
personnes qui sont intégrées dans la société (dans cette pièce c’est le cas du
docteur, de sa femme et de sa sœur) au monde qui comprend les personnes qui
n’ont pas trouvé de place ( ici les Lochois ), c'est-à-dire, les personnes différents. Je
trouve cela un peux peineux car cela signifie que toute personne s’éloignant un
peut de « l’Homme modèle » est mise { l’ écart et parfois elle se trouve confrontée
{ des jugements odieux simplement parce qu’elle { décidé d’être différent, ou n’a
pas encore trouver sa place dans ce monde.
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«Les Fiancés de Loche », Les Lochois vêtus de leur costume du dimanche.
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III) Conclusion
Voilà maintenant ma dernière année de théâtre qui s’achève au bout de deux
merveilleuses années. Le théâtre m’a fait beaucoup évoluer, il m’a permis de
contenir mon stress, de prendre confiance en moi et il m’a été d’autant plus utile
pour vaincre ma timidité. Le théâtre m’a permis de dévoiler une autre facette de
ma personnalité, celle que personne n’avait vue auparavant. J’ai appris { travailler
en équipe, à faire face à de nombreuses difficultés et à me surmonter, à donner le
meilleur de moi-même mais ce qui restera comme souvenir de cette expérience
c’est essentiellement les bons moments que nous avons passés comme ma
première montée sur scène, les fous rires, les moments de soutien entre la troupe
et j’en passe. Pour terminer, je tiens { dire que le nom de l’atelier, « Grandir sur
scène » est très bien choisi, car lorsqu’on sort de cet atelier nous sommes plus
autonomes, en un mot, nous sortons… métamorphosés.
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