ETH Q25 Anthropologie appliquée au développement: Bouju / cours 10-11 / séance de rentrée 5/09/11
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I Présentation du cours
Contexte
Avec la fin de la colonisation, la Guerre Froide a internationalisé les questions de croissance économique, de pauvreté
et d’inégalité, conduisant à l’émergence d’agences nationales et internationales pour la promotion du développement
dans le « Tiers-Monde ». Aujourd’hui, pourtant, la foi dans le développement et le progrès a été profondément
ébranlée par la crise environnementale, l’échec des programmes de développement, et l’accroissement constant de
l’écart séparant les riches et les pauvres. En même temps, la distinction géographique entre les « développeurs » et les
« développés » ne cesse de se brouiller. Les centres urbains dans le monde auparavant considéré comme « Tiers » sont
des espaces hybrides où le « centre » et la « périphérie » sont étroitement entremêlés, où « développés » et « sous
développés » coexistent.
Objectifs & contenu
L’objectif de ce cours est de vous initier à l’anthropologie appliquée1 au développement. On n’aura pas le temps dans
ce cours de présenter la longue histoire des relations entre l’anthropologie et le développement, ainsi que les bases
théoriques qui l’ont construite comme domaine académique. Par contre, les thèmes centraux de l’anthropologie du
développement seront abordés. Certaines questions générales relatives à la culture et aux cultures seront évoquées en
relation avec les problèmes soulevés par l’intervention. On montrera que les explications du progrès ou de la crise
formulées dans les termes du discours économique dominant et des institutions de la modernité sont inadéquats pour
rendre compte des réalités sociales. En effet, tandis que la diffusion de la modernité et la multiplication des
programmes de développement ont pu apporter la prospérité, l’optimisme et des occasions de changer de condition
pour certains ; Pour d’autres elles ont apporté la pauvreté, la détérioration de la qualité de la vie et l’émergence de la
violence. Ensuite, après avoir clarifié les différences épistémologiques entre la recherche et l’application, on montrera
comment les travaux récents tentent d’interpréter les différences entre « anthropologie du développement »
(caractérisée par la critique anthropologique de la théorie et des pratiques du développement) et « anthropologie dans
le développement » (caractérisée par des écrits de praticiens travaillant dans des projets pratiques). L’anthropologie
d’intervention dans développement s’engage dans l’action pour comprendre comment les gens des pays du « Sud »
s’organisent pour transformer, refondre et complexifier les modernités dont ils font l’expérience. Enfin, après avoir
esquissé une théorie de la pratique — par une analyse des conditions épistémologiques, méthodologiques et éthiques
impliquées par l’intervention dans le développement — on montrera, qu’ainsi définie, « l’anthropologie
d’intervention » caractérise positivement le métier de praticien en anthropologie du développement.
Dans la première partie (S1) on analysera la relation entre l’anthropologie et le développement et la place de la culture
dans la rencontre à l’interface du projet. La seconde séance (S2) sera consacrée à l’histoire du développement et de
ses contradictions ; la troisième séance (S3) présentera l’anthropologie du développement et l’anthropologie
appliquée au développement, on examinera en quoi l’anthropologie a une méthode particulièrement adéquate pour
découvrir et comprendre les contextes locaux; la quatrième séance (S4) abordera la question du « projet de
développement », de sa nature, de la manière dont ils sont utilisés par les agences de développement pour mettre en
œuvre des changements sur le terrain ; la cinquième séance (S5) abordera la question centrale des données dans le
processus projet ; Dans la séance six (S6), on décrira le métier de praticien, ses rôles et fonctions, ses méthodes (S7,
séance 7) ; l’importance de la méthode nous conduira à faire une séance de clarification spécifique sur la méthode
(S8) ; la séance 9 (S9), sera consacrée à la valorisation de vos compétences professionnelles et aux questions
d’éthique ; les séances 10 et 11 seront consacrée à vos exposés.
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1 L’anthropologie appliquée définie par Gilles RAVENEAU comme « l’acceptation du chercheur à s’inscrire dans une relation d’aide et de
transformation d’une situation » (RAVENEAU 2005 : 170).