Cité du Vatican, dimanche 19 décembre 2004 (Zenit) –
«L’Eucharistie est la crèche où l’on peut adorer le Verbe
incarné », a constaté le père Raniero Cantalamessa
OFMCap, prédicateur de la Maison Pontificale.
« L’année de l’Eucharistie nous aide à saisir l’aspect le
plus profond de Noël. La mémoire véritable et vivante de
Noël n’est pas la crèche mais précisément l’Eucharistie »,
a déclaré le père Cantalamessa au cours de sa troisième
prédication de l’Avent pour le pape et la curie, vendredi
dernier.
Le prédicateur capucin a poursuivi sa méditation de
l’hymne « Adoro te devote ». Il a commenté la troisième
strophe de l’hymne qui est la suivante :
Sur la croix, se cachait ta seule divinité,
Mais ici, en même temps, se cache aussi ton humanité.
Toutes les deux, cependant, je les crois et les confesse,
Je demande ce qu’a demandé le larron pénitent.
« L’art chrétien a exprimé de mille manières le lien entre
la naissance et la mort du Christ, explique le prédicateur.
Dans certains cadres de peintres célèbres, l’Enfant Jésus
dort sur les genoux de sa Mère, ou étendu sur un drap,
dans la position exacte dans laquelle il est toujours
représenté dans les dépositions de Croix ; l’agneau
attaché que l’on voit souvent dans les représentations de
la Nativité, rappelle l’agneau immolé ».
« Les artistes ont exprimé de cette manière une profonde
vérité théologique. Le verbe s’est fait chair, écrit saint
Augustin, pour pouvoir mourir parmi nous. Il est né pour
pouvoir mourir », poursuit-il.
« Nous ne nous détachons donc pas de la signification de
Noël si, sur les traces de cette strophe de l’hymne, nous
méditons sur la relation entre l’Eucharistie et la Croix,
explique le prédicateur. L’année de l’Eucharistie nous
aide à saisir l’aspect le plus profond de Noël. La mémoire
véritable et vivante de Noël n’est pas la crèche mais
précisément l’Eucharistie ».
Le père Cantalamessa cite alors Jean-Paul II :
« Tandis que l’Eucharistie renvoie à la passion et à la
résurrection, écrit le pape dans Ecclesia de Eucharistia,
elle se situe simultanément en continuité de l’Incarnation.
A l’Annonciation, Marie conçut le fils de Dieu dans la
vérité même physique du corps et du sang, anticipant en
elle ce qui dans une certaine mesure se réalise
sacramentellement en tout croyant qui reçoit, sous les
espèces du pain et du vin le corps et le sang du Seigneur »
(n.55).
« Dans la troisième strophe de l’Adoro te devote, l’auteur
se déplace spirituellement sur le calvaire, explique le père
Cantalamessa. Parmi toutes les personnes présentes sur le
calvaire l’auteur en choisit une en particulier avec qui il
s’identifie, le bon larron ».
« Avant tout, poursuit le prédicateur, celui-ci adresse un
reproche au compagnon qui insulte Jésus : Tu n’as même
pas crainte de Dieu, alors que tu subis la même peine !
Pour nous c’est justice, nous payons nos actes ; mais lui
n’a rien fait de mal (Lc 23,40 sq). Le bon larron se
confesse totalement de ses péchés. Sa pénitence est de la
plus pure essence biblique. La véritable pénitence consiste
à s’accuser soi-même et à disculper Dieu ; s’attribuer la
responsabilité du mal et proclamer que Dieu est innocent.
Dans la Bible, la formule constante de la pénitence est : tu
es juste dans tout ce que tu as fait, toutes tes voies sont
droites et justes tes jugements, quant à nous, nous avons
péché (cf. Dn 3, 28 sq ; cf. Dt 32, 4 sq) ».
« Il existe une profonde analogie entre le bon larron et
celui qui s’approche avec foi de l’Eucharistie, explique
encore le prédicateur capucin. Sur la croix, le bon larron
vit un homme, de plus condamné à mort, et crut qu’il était
Dieu, lui reconnaissant le pouvoir de se rappeler de lui
dans son Royaume. Le chrétien est appelé à faire un acte
de foi, d’un certain point de vue plus difficile encore ».
Mais « il ne suffit pas de croire dans le secret du cœur, il
faut également professer sa propre foi publiquement »,
rappelle le père Cantalamessa.
« La vérité théologique centrale dans cette strophe,
poursuit-il (chaque strophe, nous l’avons noté, en
comporte une) est que le Christ est réellement présent
dans l’Eucharistie, avec sa divinité et son humanité, corps,
sang, âme et divinité, selon la formule traditionnelle ».
Le prédicateur du pape précise : « Il ne suffit pas de
croire, il faut aussi professer. Nous devons
immédiatement ajouter : il ne suffit pas de professer, il
faut aussi croire ! Le péché le plus fréquent des laïcs est
de croire sans professer, cachant sa propre foi par respect
humain ; le péché le plus fréquent chez nous, hommes
d’Eglise, peut être celui de professer sans croire ».
« Il faut toutefois distinguer le manque de foi de
l’obscurcissement de la foi et des tentations contre celle-
L’Eucharistie est la crèche
où l’on peut adorer le Verbe incarné.