
Pour aller de l’hôpital à la maison 
d’arrêt, Claudette Hugon emprunte 
des trajets variés, mais toujours 
à pied. Ça l’aide à prendre du recul 
avant de rencontrer ses patients dans 
l’un ou l’autre de ses deux lieux de tra-
vail. Cette marcheuse à la mince stature 
et au regard décidé est psychologue  
au centre hospitalier depuis quinze ans. 
“Maintenant, je suis spécialisée dans 
les gens qui ont eu à faire avec la 
justice, expose-t-elle. J’ai un mi-temps 
à la maison d’arrêt, et un mi-temps à 
l’hôpital auprès des auteurs d’agres- 
sions sexuelles et de violences conju-
gales sous obligation de soin.”
Prison, hôpital, traumatismes, soins… 
L’univers professionnel de Claudette, 
ce sont les faces cachées de notre 
humanité. Celles enfermées derrière 
des murs ou à l’intérieur des crânes. 
Son métier s’exerce dans la discrétion. 
Ses patients sont des personnes mises 
au ban de la société en raison d’actes 
qu’ils ont commis. Des personnes 
dangereuses ? Elle rectifie : “On confond 
la potentialité de la personne à com-
mettre un crime avec le fait qu’elle ait 
déjà été capable de quelque chose.” 
Et souligne : “le devoir de la société 
est aussi de rappeler que le risque zéro 
n’existe pas.”
Claudette porte une grande attention 
aux mots, ceux qu’elle emploie et ceux 
prononcés par son interlocuteur. A 
propos de son métier, elle dit : “Ce n’est 
pas à moi, c’est à la personne de 
trouver l’articulation pour construire sa 
vie en respectant ce qu’elle ressent, 
tout en respectant la société. Cela 
rejoint la demande sociale, mais ne se 
réduit pas à ça.” Lors d’un premier 
entretien avec un patient, elle explique 
son rôle avec ces mêmes mots. Or, se 
respecter soi-même n’a rien d’évident, 
ajoute-t-elle : “Ça surprend, mais en 
prison on rencontre des gens souvent 
trop intransigeants avec eux-mêmes. 
Ils veulent coller à un idéal et ne res-
pectent pas ce qu’ils sont.” Entre la psy 
et le patient, la relation qui s’instaure 
vise à apprendre à parler pour de vrai. 
“Or, ça prend forcément du temps : cela 
fait des années qu’ils parlent en mettant 
de côté ce qu’ils ressentent.”
La patience, les choses de la vie qui 
prennent du temps, Claudette connaît. 
Ses origines terriennes et son parcours 
lui ont enseigné que rien n’est jamais 
acquis, ni définitivement fermé. A 18 
ans, bac sciences en poche, cette 
Charentaise, petite-fille d’agriculteurs, 
projette de devenir ingénieur agronome. 
Des circonstances familiales en décident 
autrement et il lui faut gagner sa vie 
tout en étudiant. Elle fait alors une 
licence de psycho. Puis, pour des raisons 
de santé cette fois, elle doit interrom-
pre ses études. Elle devient éducatrice 
auprès de jeunes en difficulté… jusqu’au 
moment où elle décide de reprendre sa 
formation et obtient enfn son diplôme 
de psychopathologie clinique, avant de 
postuler à Niort. 
Longtemps référente régionale d’une 
association professionnelle, la psy 
continue à intervenir lors de colloques, 
rencontrant des chercheurs et des 
soignants d’autres équipes. Une ouver-
ture indispensable dans ce métier 
éprouvant, où il faut savoir se remettre 
en question. Pour se ressourcer, Claudette 
cultive son jardin, pratique la méditation. 
Mais surtout, elle marche. Cet hiver, 
elle a parcouru, seule, quelques cen-
taines de kilomètres de sentiers côtiers 
en Bretagne. 
Au sein de son équipe, comme à l’ex-
térieur, elle défend tant  l’importance 
du service public que l’humanité des 
prises en charges. “Pour faire ce métier, 
il faut croire en l’homme. Et en même 
temps, accepter ses limites, son impuis-
sance. On ne contrôle pas tout.”
Sur l’enfermement, Claudette a aussi 
des choses à dire : “à Niort, même si 
la prison est vétuste, il y a un côté 
humain. Les surveillants et les détenus 
se connaissent, l’autorité peut être 
aussi bienveillante.” Et puis elle confie : 
“En prison, je rencontre une vitalité, 
une énergie, que je ne sens nulle part 
ailleurs autant. C’est une belle leçon ! 
Ça me met les pieds sur terre par 
rapport à la réalité sociale ; à l’humain 
en chacun de nous. Et c’est en allant 
en prison que je me suis le plus aperçu 
de la violence ordinaire, quotidienne, 
à l’extérieur.” 
Véronique Duval
“… il faut croire en l’homme. 
Et en même temps accepter 
ses limites.”
Une psy entre les murs
20 VIVRE à NIORT   Mai 2010  N°203
Claudette Hugon
GENS D’ICI
Alex Giraud
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