
symptomatologie motrice. Elle est conditionnée par le stade évolutif et
l'efficacité des traitements médicaux. Il est actuellement largement
accepté de la commencer tôt, dès le stade initial de la maladie, afinde
ne pas cumuler troubles moteurs en rapport avec la MP et effets
délétères de la sédentarité. L'exercice physique est désormais consi-
déré comme une véritable thérapie au même titre que le traitement
médical. Certaines études ont même cherché à évaluer le potentiel
neuroprotecteur de l'exercice physique [3]. Cependant, l'effet préventif
et de décélération dans le développement de la MP par la pratique
régulière d'exercices physiques reste à démontrer. Il apparaît égale-
ment que les personnes atteintes de MP tirent les mêmes bénéfices de
l'activité physique que les personnes saines à condition d'en adapter
les modalités et l'intensité. Les programmes d'exercices sont cons-
truits pour maintenir les aptitudes physiques que la MP tend à réduire
comme l'adaptation à l'effort, la souplesse, l'amplitude des mouve-
ments ou le déroulement temporel du geste. Ils s'ouvrent à des tech-
niques rééducatives ou des activités ludiques comme le chant
(importance du souffle), le rythme qui agit comme un stimulant pour
réaliser les actions conscientes, la vitesse d'exécution (mouvements
forcés en vitesse sur cycle-ergomètre et/ou tapis roulant) [4] ou le
renforcement musculaire, en particulier au niveau de la musculature
axiale [5]. Il a été montré que l'exercice physique peut être pratiqué
sans risque de modifier la pharmacocinétique des traitements par
levodopa [6]. Aussi voit-on se développer, avec l'avis favorable du
monde médical, nombre d'activités physiques dont certaines ont
démontré leur efficacité comme le tango argentin [7].
À la phase de maladie installée, la MP se caractérise par des fluctua-
tions motrices (effet On–Off), des blocages (freezing), des mouvements
anormaux. Les personnes atteintes de MP se plaignent le plus souvent
de troubles de la marche et de l'équilibre, de lenteur, de troubles de
l'écriture, de fatigue [8]. L'évolution de la MP et ses présentations
cliniques contraignent le kinésithérapeute à s'interroger sur les moda-
lités de la rééducation : le choix des techniques (rééducation en tâches
orientées), l'horaire des séances (rééducation en phases On ou Off),
rééducation individuelle ou en groupe, rééducation au long cours ou
rééducation par stages intensifs entrecoupés de périodes d'auto-réédu-
cation [9].
À ce stade, certains des symptômes paraissent ne pas répondre au
traitement médical. C'est en particulier le cas des signes axiaux, ainsi
nommés car ils touchent l'axe médian du corps. Ils apparaissent
souvent après dix ans d'évolution et sont dus à l'aggravation de lésions
cérébrales non-dopaminergiques donc peu dopa-sensibles [10]. Les
signes axiaux représentent l'essentiel du traitement de kinésithérapie.
Leur degré de sévérité est évalué par 6 des items de l'UPDRS moteur.
L'item 18 (parole), l'item 22 (rigidité), l'item 27 (se lever d'une chaise)
qui explore la motricité globale et fonctionnelle, l'item 28 (posture),
l'item 29 (stabilité posturale), l'item 30 (démarche).
Les principes de la rééducation de la parole par la méthode LSVT
®
(Lee Silverman Voice treatment) ont été appliqués avec succès à la
motricité : rééducation Big and Loud Therapy program [11]. La rigidité
longtemps combattue par des exercices d'assouplissement est désor-
mais traitée par des programmes de renforcement musculaire de type
aérobie contre résistance (avec haltères) [12]. Les troubles de la motri-
cité complexe et globale comme se lever d'une chaise oufaire demi-tour,
mettent en évidence une pathologie des fonctions exécutives. Leur
rééducation fait appel à la dissociation séquentielle du mouvement
complexe et à la représentation imagée du mouvement [13]. Les défor-
mations axiales sont parfois très sévères (camptocormie, syndrome de
la Tour de Pise). Les mécanismes en cause sont encore mal connus. Ils
sont probablement en lien avec un déficit de la musculature paraverté-
brale avec ou non une composante dystonique et probablement un
défaut d'intégration des informations proprioceptives. La rééducation
pratiquée sous la forme de stages intensifs de récupération de l'équilibre
a permis de montrer que les personnes atteintes de MP sont capables
d'apprentissage moteur [14]. Les troubles de la marche sont le miroir de
la symptomatologie motrice. Leur rééducation est :
–d'une part, qualitative, mobilisant l'attention du patient sur des
aspects spécifiques de sa démarche et utilisant des moyens de
contrôles comme l'indiçage sonore et/ou visuel ;
–d'autre part, quantitative : l'enchaînement répété des pas sur tapis
roulant apporte non seulement une amélioration des qualités d'endu-
rance mais également de la régularité de l'allure et de la longueur de
l'enjambée.
La période du déclin est annoncée par les chutes. La personne
souffrant de MP perd son autonomie. La symptomatologie est non
seulement marquée par l'accentuation des signes axiaux, des troubles
de la marche, de l'équilibre, mais également par la fréquence des
signes non moteurs : douleurs, troubles végétatifs et cognitifs.
L'éducation thérapeutique revêt une grande importance aussi, la
conduite du traitement par la rééducation est définie par les différents
acteurs impliqués (le patient, son entourage, le neurologue et le
kinésithérapeute). En fonction du stade évolutif les indications de la
rééducation sont d'ordre préventif afin de préserver l'indépendance
fonctionnelle, d'autres sont symptomatique (micrographie, douleurs,
freezing), d'autres encore sont palliatives (raideurs articulaires, déficit
musculaire, complications liées à l'inactivité). Les modalités d'applica-
tion de la kinésithérapie peuvent être comparée à la dispensation d'un
médicament : une évaluation clinique standardiséepréalable permet de
définir le contenu du programme d'exercices (orientation ciblée des
exercices vers unobjectif déterminé),les modalitésd'application (réédu-
cation en groupe et/ou individuelle), le rythme, la fréquence et la quantité
d'exercices (influence dose/effet de l'exercice), les précautions et/ou
contre-indications, les critères d'appréciation des résultats.
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