Père Gaspard Martin

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Père Gaspard Martin
26 juillet 1927 / 7 octobre 2012
NOTICE NÉCROLOGIQUE
Fils d’Achille Martin et d’Alma Chaput, le père Garpard Martin est né le 26 juillet 1927 à StLéonard-Parent, au Nouveau-Brunswick. Il a été incorporé à la Congrégation de Jésus et
Marie le 8 septembre 1952. Il est décédé à notre Infirmerie provinciale à Québec le 7
octobre 2012. J’ai présidé ses funérailles en la chapelle de la Maison des Eudistes à
Québec le 10 octobre 2012. Ses cendres ont été déposées au Cimetière de St-LéonardParent.
CLOCHER DE MON VILLAGE
Je ne peux me rappeler tous les cantiques que l’on chantait au beau pays du Madawaska
lorsque j’étais évêque d’Edmundston, mais le chant “Clocher de mon village” a sûrement
retenti en la paroisse de Saint-Léonard-Parent: “Clocher de mon village, clocher tant aimé,
qui m’a vu naître et qui m’a baptisé, clocher de mon village qui m’a vu courir, qui m’a vu
grandir, accroché à la vie comme le cœur au corps”. Le clocher était un témoin vivant, une
sentinelle vigilante, symbole de la vie. Né au jour anniversaire de la fête de Sainte Anne,
Gaspard s’est joint à maintes reprises, aux foules venues l’honorer en son sanctuaire
diocésain, à quelques vingt kilomètres de chez lui: “Et toi, ô Sainte Anne, ô Mère bénie,
écoute mon âme, intercède et prie. Et quand, ô sainte Anne, au soir de ma vie, j’irai vers
mon Dieu, mon âme ravie, sois là, ô sainte Anne, debout près de moi, qu’à jamais je goûte
le ciel avec toi”.
SAINT-LÉONARD-PARENT
Les documents ne manquent pas pour décrire la paroisse St-Léonard-Parent: le père
Thomas Albert dans sa célèbre Histoire du Madawaska écrit plusieurs pages sur les
origines de cette paroisse qui a été fondée en 1872: elle relevait alors du diocèse de
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Chatham jusqu’en 1938, puis de celui de Bathurst jusqu’en 1938 et enfin du diocèse
d’Edmundston depuis 1944. Malgré une faible population de quelques 250 familles, elle a
donné à l’Église douze prêtres et vingt religieuses.
FAMILLE REMARQUABLE
“J’appartiens à une famille de treize enfants, douze garçons et une fille”, écrit le père
Gaspard le 31 janvier 1994. “Si l’on exclut les deux garçons morts en bas âge, je me situe
au milieu de la famille. On m’a raconté que j’avais mis en danger la vie de ma mère
lorsque je suis venu au monde. Mes parents étaient pieux et travailleurs. Ma mère était
intelligente et fière, mon père était ingénieux et entreprenant. Par leur exemple et leurs
paroles, ils ont élevé leurs enfants dans la franchise et la droiture, dans une ambiance de
foi chrétienne et dans l’amour du travail bien fait. Ma mère, par l’importance qu’elle
accordait à l’instruction, et mon père, par son souci continuel d’améliorer sa condition sur
une ferme qu’il exploitait avec sagesse, ont fait de leurs enfants - il faut le reconnaître
avec humilité - des travailleurs et des personnes instruites.
Notre famille compte un chimiste, un avocat, deux prêtres et des gens d’affaires. Six
enfants ont obtenu leur baccalauréat-ès-art et tous ont pu faire des études supérieures. A
un moment donné, nous étions quatre à l’Université Sacré-Cœur de Bathurst; trois autres
ont étudié chez les Eudistes à Edmundston et à la Pointe-de-l’Église. Mes deux frères
aînés ont étudié au Collège Sainte-Anne-de-la-Pocatière. À l’intérieur de la famille et dans
la parenté, nous avons vécu le malaise qu’a connu le Diocèse d’Edmundston au sujet de
l’éducation et des pères Eudistes, lors de la fondation du Collège Saint-Louis. Étant
devenu eudiste, je n’ai pas toujours eu la vie facile. La situation a bien changé depuis,
avec la venue de deux évêques eudistes”.
ÉTUDES COLLÉGIALES
Gaspard a fait ses études élémentaires à l’école de Power’s Creek, dans le district
scolaire de St-André, près de Grand-Sault. Âgé de 14 ans, Gaspard débute ses études
secondaires, d’abord au Juvénat Saint-Jean Eudes (1941-1944) puis au Collège SacréCœur de Bathurst (1944-1948). Un collègue de rhétorique, Louis-George Dupuis, écrit le 4
juin 1948 dans le journal du Collège, “L’Écho du Sacré-Cœur”, les lignes suivantes:”Qu’on
ne se méprenne pas! Ce n’est pas le mage à la peau noire, au visage décoré d’une longue
barbe, qui, conduit par une étoile, se rendit en compagnie de deux autres astrologues,
jusqu’au berceau de l’Enfant-Dieu! Notre Gaspard nous vient de la “République du
Madawaska” et n’a aucune ressemblance physique avec le vieux roi d’Orient. C’est un
étudiant jeune, actif et plein d’ambition. Logicien et métaphysicien-né, Gaspard est le bon
génie de la classe. Il tranche rapidement les questions épineuses qu’on lui soumet.
Psychologue, il parle peu et observe beaucoup. Les postes de confiance qu’il a occupés
témoignent de son habileté à manier les affaires. Vice-président de notre caisse étudiante,
il est aussi président du comité chargé d’organiser notre futur magasin coopératif.
Gaspard a beaucoup d’idéal. Il ambitionne de s’adonner plus tard à deux nobles tâches:
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celle de prêtre et celle d’éducateur. Il a bonne confiance de pouvoir réaliser ce double
idéal en devenant eudiste”.
PROBATION, THÉOLOGIE ET ORDINATION
Après avoir complété ses études philosophiques, il entre en probation au Séminaire
Sacré-Cœur de Charlesbourg, le 7 septembre 1948. Il avait écrit au Supérieur provincial
pour être admis chez les Eudistes: “Bien souvent, j’ai redit avec le psalmiste: “Seigneur,
faites-moi connaître la route où je dois marcher”. Les lumières du Saint-Esprit aidant,
après un scrupuleux examen de mes attitudes et de mes aspirations, je me suis arrêté
généreusement à donner à ma vie une orientation nouvelle et élevée. Je crois entendre la
parole du divin Maître: “Viens, suis-moi”. Et même il me semble qu’il me souffle à l’oreille
ces mots: “Viens te donner de bon cœur aux autres. Un tel appel est trop sublime pour ne
pas écarter tous les obstacles et les quolibets. Malgré ma faiblesse et mon indignité, je
veux d’une âme ardente et répondre à cet appel du Maître.”
De 1949 à 1953, il étudie la théologie. Le 8 février 1953, il est ordonné prêtre à l’Université
Saint-Louis d’Edmundston par Mgr Joseph-Roméo Gagnon, la même année que les pères
Jean-Marie Beauchemin et Fernand Lapointe. À l’endos de son image d’ordination, il
inscrit: “Dieu m’a fait prêtre pour annoncer sa Parole, pour offrir son pardon et distribuer le
Pain de vie”.
COLLÈGES, PAROISSES, MOUVEMENTS, AUMÔNERIE, RETRAITE
Après une année d’enseignement à l’Université Sacré-Cœur de Bathurst, il est professeur
à l’Externat classique Saint-Jean-Eudes à Québec (1956-1966). Il fait une année d’étude à
Paris, puis il est à nouveau professeur, cette fois-ci, au Collège des Eudistes à Montréal
pendant deux ans (1967-1969). Commence alors son ministère pastoral en paroisses:
d’abord à la paroisse Bon-Pasteur à Laval (1969-1972), puis à la paroisse Saint-JeanMarie-Vianney à Gagnon, au diocèse de Baie-Comeau (1973-1978), et à la paroisse
Sainte-Maria-Goretti à Québec (1978-1979). Il est directeur du Centre diocésain de
pastorale à Bathurst (1979-1982), curé de la paroisse Saint-Joachim à Bertrand, N.-B.
Après avoir été chargé de sessions catéchétiques et bibliques au diocèse de Bathurst
(1982-1986), il devient répondant des groupes de prières au diocèse de Hull (1986-1989)
tout en étant vicaire à la paroisse Saint-François de Sales à Pointe-Gatineau. Il devient
répondant du Mouvement Renouveau Charismatique à l’archidiocèse de Québec (19901996), et ensuite aumônier des Sœurs de la Charité de Saint-Louis à Lauzon (1996-2003).
A l’automne 2003, il vient résider à la Maison des Eudistes de Québec.
BLASON PERSONNEL
Pendant cinq années, le Père Gaspard fut l’aumônier de la Troupe Scoute Saint-JeanEudes de l’Externat Saint-Jean Eudes, la XVe de Québec. A son arrivée à la Troupe, il
acquiert le totem de “loup compréhensif”. Peu après, il reçoit celui de “lynx ordonné”. “Par
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mon physique, je pouvais faire penser à un lynx avec ma barbe bien fournie et mes yeux
bien ouverts”. A l’instar des autres scouts du camp d’été 1964 sous le thème de la
Première croisade (1096-1099), il fut invité à se donner un étendard et un blason, un signe
distinctif personnel qui le distingue des autres.
Le voici: “L’écu est divisé en quatre parties. Vous y voyez un lynx, une étoile brillante, un
grand livre ouvert et un cœur tourmenté, enflammé d’une croix. Le qualificatif “ordonné”
convenait puisque de toute la troupe, j’étais le seul ordonné prêtre et puis on a toujours dit
que j’étais un homme d’ordre. À dextre, vous trouverez une étoile d’argent à cinq pointes
et trois rayons sur fond azur, une étoile, bien qu’inaccessible, m’a toujours séduit. L’étoile
du matin, c’est Jésus que les Mages ont cherché et trouvé dans une mangeoire d’animaux
à Bethléem. L’étoile, c’est encore Marie, l’Étoile de la mer qui est la patronne des
Acadiens. Ordonné le jour de la fête du Cœur admirable de Marie, Marie a été un peu la
compagne invisible de mes 50 années de sacerdoce.
À senestre, nous voyons le livre de la Bible, avec les lettres grecques alpha et oméga. Si
le lynx représente mon pays d’origine et bien d’autres choses, la Bible représente le prêtre
que je suis devenu. Le prêtre est l’homme de la Parole de Dieu. Le Seigneur, comme aux
disciples d’Emmaüs, m’a donné une certaine intelligence des Écritures et le goût de la
Parole. Un fond rouge sur fond or indique mon appartenance à la Congrégation des
Eudistes. Notre dévotion est le culte des Saints Cœurs de Jésus et de Marie, qui, dans
l’esprit de saint Jean Eudes, ne faisaient qu’un, tellement le Cœur de Marie était accordé
au Cœur de son Fils Jésus. Vous remarquez une grande croix en sinople qui traverse
l’écu: c’est la croix potencée des scouts. Elle indique l’identité chrétienne et souligne la
place de la souffrance et de la croix dans la vie du baptisé et du prêtre. Des armoiries
comportent toujours des devises. La mienne, ce sont les mots de saint Bernard,
prédicateur de la deuxième Croisade à Vézelay en 1146; “Respice Stellam, voca Mariam”.
Dans les difficultés, regarde l’Étoile et appelle Marie à ton secours”.
BILAN SOMMAIRE
Lors de la célébration de son jubilé presbytéral à la Maison des Eudistes de Québec le 8
février 2003, le père Gaspard Martin trace un bilan sommaire de ses 50 années de
ministère, sous un titre énigmatique: ”Bienheureux ceux qui sont fragiles comme le papier,
ils pourront être recyclés”.
“Je dois être bien fragile, car dans ma vie de prêtre, j’ai été recyclé au moins deux fois. En
1966 après treize années de sacerdoce, à la suite d’un événement où j’ai eu une
indication de la Providence, j’ai quitté l’enseignement de la physique dans un collège
classique pour me consacrer exclusivement aux activités religieuses dans l’Église. En
1985 après 32 années de prêtrise, le Seigneur m’a touché par le Renouveau
charismatique et a donné à mon ministère une dimension nouvelle, plus vivante,
gratifiante et peut-être plus rayonnante. Je rends grâce au Seigneur d’avoir ravivé en moi
le don reçu par l’imposition des mains et de m’avoir recyclé pour un meilleur service”.
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ÉCRIVAIN PROLIFIQUE
Tout au long de sa vie, Gaspard écrit... Déjà le 15 janvier 1947, “L’Écho du Sacré-Cœur”
de Bathurst publie un de ses écrits qui manifeste son habileté et ses talents d’écrivain.
Sous le titre de “Patiti Patata” il fait l’éloge des “créatures” qu’il juge alors les plus
importantes pour lui.
“Elles sont belles, saines, de taille moyenne et, je vous le certifie, elles ne sont pas
atteintes de la jambe noire ni de la gale. Leur visage reflète une expression de santé et de
soumission; leurs beaux grands yeux sont inoubliables et leur personnalité des plus
marquées. Elles sont mes plus serviables amies, comme elles sont les vôtres. Sans elles,
je ne pourrais, ni ne voudrais vivre. Leur indispensabilité les a rendues accessibles au
riche comme au pauvre, au savant comme à l’ignorant et leur a acquis une personnalité
universelle...”
Et oui, Gaspard fait l’éloge des patates du Madawaska si belles, si bonnes et si humbles. Il
ajoute: “Vous allez me dire que je suis dans les patates. Je n’ose vous contredire. Il se
peut que je sois de nouveau à contempler ce que le Madawaska produit le plus! Je suis
“dans les patates” et je compte y demeurer!”
Observateur, il sait manier ironie, caricature et même satire. Presque trente ans avant sa
mort, prévoyant, Gaspard écrit à ses éventuels embaumeurs: “Tu poseras mon corps dans
un cercueil ordinaire, après l’avoir habillé de vrais habits. Ma pudeur serait blessée de ces
apparences de vêtements qui s’attachent au corps avec des élastiques... qui peuvent
casser. Tu éviteras de me peindre le visage et les lèvres, de me farder, ne voulant pas,
après avoir affiché toute ma vie une pâleur cadavérique, apparaître dans mon cercueil
comme un mort en bonne santé. Je te dispense de poser mes vieilles lunettes à cheval
sur mon nez. Même avec elles, je ne serai pas plus beau et je ne pourrai pas reconnaître
mes amis. Ne t’en fais, à ce moment-là, je regarderai le monde et Dieu avec d’autres
yeux”. Et il poursuit en parlant des fleurs à disposer, d’un agenouilloir à placer, d’une
heure de prière à adresser au Seigneur pour le pardon de ses péchés, et même de
l’humus qui recouvrira sa dépouille dans le sein maternel de la terre.
PARLONS DE...
Le 24 février 1985, le Père Gaspard lance son premier livre intitulé “Parlons de...”. C’est
un recueil de 176 pages qui comprend 195 articles qu’il a publiés dans les hebdomadaires
du Nord-Est du Nouveau-Brunswick (Le Voilier/Le Point de Caraquet, The Northen Light)
sous les thèmes majeurs de l’éducation de la foi, du monde, de l’Église et de la Bible. Les
Chevaliers de Colomb de l‘Assemblée Mgr Paquet de Caraquet ont organisé le lancement
du recueil, grâce à l’aimable participation du Fidèle Navigateur Évangéliste Frigault.
L’archevêque de Moncton, Mgr Donat Chiasson, lui écrit: “Beau travail! En plus d’instruire
et de susciter la réflexion, cet exercice de la plume tient l’esprit alerte”. Mgr Gérard
Dionne, évêque d’Edmundston, écrit “C’est une mine à exploiter. Je serais heureux de voir
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ce livre se répandre: il rendra service aux éducateurs, aux parents et aussi aux pasteurs”.
Le père Rénald Hébert, Supérieur provincial des Eudistes, note “Il y a vraiment là de quoi
nourrir la réflexion et la méditation sur des sujets variés et significatifs. J’espère que ce
livre trouvera une large diffusion”.
GERBES DE BLÉ
Forts de tels encouragements et de ceux de ses fidèles lecteurs et lectrices, il écrit plus de
25 fascicules de 36 pages chacun, qu’il réunit sous le titre: “Collection Gerbes de blé”.
Amateur d’astronomie et de photographie, le Père Martin s’est senti poussé à écrire de
courts articles en apportant sa collaboration, non seulement à la Revue “Selon sa parole”
mais aussi aux hebdomadaires de son milieu. Il a ainsi écrit 680 articles! Les sujets ne
manquent pas d’originalité: La parade des animaux, Notre monde merveilleux, Paraboles,
Petites histoires pour cœurs d’enfant, Prodiges de Marie, Le grand miracle de
l’Eucharistie, etc. Au long de ces pages, il est possible de regarder un beau ciel et de
l’admirer, de maîtriser un monde et de l’aimer, de découvrir Dieu et de l’adorer. Il est
possible d’y rencontrer les personnes de l’Évangile, telles Marie, Jean, Matthieu, Zachée.
À TEMPS ET À CONTRETEMPS
Les articles et les fascicules du père Gaspard Martin suscitent parfois des consensus mais
aussi des controverses, tant les sujets sont “chauds”. Il écrit au sujet du référendum
politique sur l’indépendance du Québec, sur le drapeau acadien, sur la langue française. Il
donne son opinion sur l’attaque terroriste à New-York du 11 septembre 2011, sur la
nomination des évêques, le Mouvement féministe, les Commandements de Dieu, les
apparitions à Medjugorje, etc. Autant de sujets polémiques. Chercheur de vérité, il voit le
mensonge qui se manifeste dans telle situation, dans tel conflit; l’on dirait à première vue
qu’il voit du “mal partout”, que le diable fait son œuvre de Malin. Mais en relisant ses
textes, l’on se rend compte qu’une grande espérance l’habite.
C’est pour cette raison qu’à ses funérailles le texte des ossements desséchés (Ézéchiel
37) a été proclamé: “la vision du prophète Ezéchiel constitue une hymne remplie
d’espérance. Cette vision est loin d’être macabre. Ézéchiel visait la résurrection du peuple
de Dieu dispersé, exilé. Nous pouvons évoquer les chrétiens qui se sont affadis,
desséchés; nous pouvons penser à ces communautés, à ces personnes qui ne répondent
plus à l’appel de l’Esprit. Mais au fond de ces cœurs, un cri de foi, d’espérance et de
charité peut surgir et changer la face de la terre. C’est à ce grand ministère que se livrait le
Père Gaspard: redonner souffle aux baptisés de notre temps”, ai-je dit lors de l’homélie de
ses funérailles.
LE CREDO DU PÈRE GASPARD
Le Père Gaspard croyait en la capacité constante de transformation de la vie par l’Esprit
Saint. Par ses paroles et ses écrits, il affirmait une foi vive: “Je ne crois pas à la ré-
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incarnation mais je crois en la résurrection. Le Christ est ressuscité, cela je le crois. Je
crois que je pourrai ressusciter avec Jésus après le passage de la mort. Je crois qu’il
dépend de moi d’entrer et d’entraîner mes frères dans les profondeurs de cette victoire sur
la mort”. Tout au long de sa vie, le Père Gaspard tentera de discerner ces transformations,
ces transfigurations.
A L’ÉCOUTE DE L’ESPRIT
Le Père Gaspard s’est vraiment livré à un ministère de discernement et de prière. Ses
activités et ses écrits en sont la preuve. Il a cherché à discerner les signes des temps. Au
sein des groupes de prières, au sein des communautés chrétiennes qu’il visitait ou qu’il
animait, il a pu sentir à travers les changements de notre société et de notre Église,
l’Esprit du Seigneur qui était constamment à l’œuvre et qui voulait des gens heureux. “Une
fois, il m’est arrivé d’aller animer une journée de ressourcement en oubliant chez moi les
beaux textes que j’avais préparés. Sur place, j’ai emprunté une Bible et j’ai laissé le Saint
Esprit faire le reste. Prêtre pour le pardon de Dieu, le Seigneur m’a fait découvrir sa bonté,
sa tendresse et sa miséricorde. J’ai vu des merveilles dans le sacrement de la paix et
dans les prières de guérison” écrit-il. Il croyait que grâce à ce même Esprit il connaîtrait la
joie de la vie et de la résurrection éternelles.
EXORCISTE
Le dimanche 12 septembre 2004, “Le Journal de Québec” consacrait une page entière au
père Gaspard Martin sous l’entête suivant: “Prêtre-exorciste, le Père Martin a chassé le
Malin” et deux autres articles: “J’agis au nom de l’Église” et “Des signes diaboliques”. La
journaliste Marie-France Bornais fait alors des révélations. Elle écrit: “Lorsqu’il a pratiqué
des prières de délivrance des petits et des grands exorcismes, le Père Martin ne s’est
jamais senti autrement que dans son état normal. Pas de transe ni d’état second. “Je ne
sens rien. J’agis au nom de l’Église”, affirme le prêtre. Il n’a jamais non plus senti la peur
et n’a jamais été projeté sur un mur ou violenté, contrairement à ce qui est présenté au
cinéma. “Le Christ est plus fort que le Diable”, dit-il. “Ce sont la prière, le jeûne, les
sacrements, spécialement le sacrement du pardon, qui permettent de triompher sur le
Mal”.
Le père Martin soutient que les prêtres exorcistes ont souvent à payer pour s’attaquer au
Malin, qui ne se laisse pas déloger en vain. Le prêtre refuse de s’attribuer des pouvoirs
magiques, un don de quoi que ce soit qui soit inhabituel. “L’exorcisme est une prière de
foi. Il ne s’agit pas de pouvoir mais d’un ministère”. D’après le père Martin, les figures
hideuses et déformées des possédés, les représentations phalliques, les scènes de
corbeau et de vermine présentées dans le film “L’exorciste- le commencement”, sont
vraisemblables. Reconnu par le diocèse de Québec pour être pieux, éclairé, prudent et de
vie intègre, répondant ainsi aux critères du Code droit de l’Église, le père Martin n’a rien
d’un conteur d’histoires. Il n’accorde que peu d’entrevues et se fait prudent dans ses
commentaires. “Je ne suis pas là pour faire la publicité du Diable et je n’aime pas le
sensationnalisme”, dit-il.
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Les descriptions qu’il donne des exorcismes donnent froid dans le dos. “Tu vois des yeux
de feu qui veulent te dévorer”, dit-il. “La voix du Diable est une voix rauque, qui émane
parfois du corps sans que la personne n’ouvre la bouche”. “Des cas de possession
impliquant des vomissements, des convulsions, des cris, à l’image du film, sont plus rares.
Néanmoins, entre 1996 et 2000, le père Martin a reçu 122 personnes, des hommes et des
femmes âgés entre 11 et 84 ans, religieux ou non. Il a été consulté par téléphone à 97
autres reprises et les demandes d’aide sont venues de sept autres diocèses”, conclut en
toute honnêteté la journaliste Marie-France Bornais.
GRACIEUSE COLOMBE
Je termine cette notice en citant une page du père Gaspard, extraite de son fascicule “Des
animaux parlent aux hommes”, et intitulée: “La gracieuse colombe”.
“A ma façon, je glorifie le Dieu de la création. J’ai l’impression d’avoir été l’animal qu’il
aime. Dans l’histoire du salut des hommes, j’ai été appelé à apporter ma collaboration. La
première, je suis sortie de l’arche de Noé et je lui ai rapporté un rameau d’olivier. Quand
Jésus a été présenté au temple, j’étais là et je m’offrais en sacrifice à la louange du
Seigneur. On a comparé le Peuple de Dieu à une colombe (Osée 7,11) et quand Jésus a
envoyé ses disciples en mission, il leur a recommandé de se montrer simples comme des
colombes. Mon plus grand privilège, ça été d’avoir été choisie pour représenter le SaintEsprit. Vous vous souvenez du baptême de Jésus dans le Jourdain? Au moment où il
remontait de l’eau, Jean-Baptiste vit les cieux se déchirer et l’Esprit, comme une colombe,
descendre sur Jésus... Moi, image de l’Esprit, de la grâce et de la paix! Le Seigneur me fit
beaucoup d’honneur. Et vous, que le Christ a visités et sauvés, je vous dis en roucoulant:
Oubliez le signe, mais regardez la réalité. L’Esprit Saint a été répandu sur vous et vos
corps sont devenus sa demeure. Qu’il vous renouvelle et vous inspire, pour que, par vous
et avec vous, Jésus continue sa présence et son œuvre d’amour et de salut!”.
François Thibodeau, c.j.m.
FT/DT
2013 01 21
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