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mon physique, je pouvais faire penser à un lynx avec ma barbe bien fournie et mes yeux
bien ouverts”. A l’instar des autres scouts du camp d’été 1964 sous le thème de la
Première croisade (1096-1099), il fut invité à se donner un étendard et un blason, un signe
distinctif personnel qui le distingue des autres.
Le voici: “L’écu est divisé en quatre parties. Vous y voyez un lynx, une étoile brillante, un
grand livre ouvert et un cœur tourmenté, enflammé d’une croix. Le qualificatif “ordonné”
convenait puisque de toute la troupe, j’étais le seul ordonné prêtre et puis on a toujours dit
que j’étais un homme d’ordre. À dextre, vous trouverez une étoile d’argent à cinq pointes
et trois rayons sur fond azur, une étoile, bien qu’inaccessible, m’a toujours séduit. L’étoile
du matin, c’est Jésus que les Mages ont cherché et trouvé dans une mangeoire d’animaux
à Bethléem. L’étoile, c’est encore Marie, l’Étoile de la mer qui est la patronne des
Acadiens. Ordonné le jour de la fête du Cœur admirable de Marie, Marie a été un peu la
compagne invisible de mes 50 années de sacerdoce.
À senestre, nous voyons le livre de la Bible, avec les lettres grecques alpha et oméga. Si
le lynx représente mon pays d’origine et bien d’autres choses, la Bible représente le prêtre
que je suis devenu. Le prêtre est l’homme de la Parole de Dieu. Le Seigneur, comme aux
disciples d’Emmaüs, m’a donné une certaine intelligence des Écritures et le goût de la
Parole. Un fond rouge sur fond or indique mon appartenance à la Congrégation des
Eudistes. Notre dévotion est le culte des Saints Cœurs de Jésus et de Marie, qui, dans
l’esprit de saint Jean Eudes, ne faisaient qu’un, tellement le Cœur de Marie était accordé
au Cœur de son Fils Jésus. Vous remarquez une grande croix en sinople qui traverse
l’écu: c’est la croix potencée des scouts. Elle indique l’identité chrétienne et souligne la
place de la souffrance et de la croix dans la vie du baptisé et du prêtre. Des armoiries
comportent toujours des devises. La mienne, ce sont les mots de saint Bernard,
prédicateur de la deuxième Croisade à Vézelay en 1146; “Respice Stellam, voca Mariam”.
Dans les difficultés, regarde l’Étoile et appelle Marie à ton secours”.
BILAN SOMMAIRE
Lors de la célébration de son jubilé presbytéral à la Maison des Eudistes de Québec le 8
février 2003, le père Gaspard Martin trace un bilan sommaire de ses 50 années de
ministère, sous un titre énigmatique: ”Bienheureux ceux qui sont fragiles comme le papier,
ils pourront être recyclés”.
“Je dois être bien fragile, car dans ma vie de prêtre, j’ai été recyclé au moins deux fois. En
1966 après treize années de sacerdoce, à la suite d’un événement où j’ai eu une
indication de la Providence, j’ai quitté l’enseignement de la physique dans un collège
classique pour me consacrer exclusivement aux activités religieuses dans l’Église. En
1985 après 32 années de prêtrise, le Seigneur m’a touché par le Renouveau
charismatique et a donné à mon ministère une dimension nouvelle, plus vivante,
gratifiante et peut-être plus rayonnante. Je rends grâce au Seigneur d’avoir ravivé en moi
le don reçu par l’imposition des mains et de m’avoir recyclé pour un meilleur service”.