INTRODUCTION
Les élections présidentielles de 2004 aux Etats-Unis ont vu éclater un coup de tonnerre
dans le paysage politique, parmi l’électorat catholique habitué à voter démocrate : pour la
première fois, des évêques menacent d’excommunication ceux qui s’apprêteraient à voter
pour le candidat démocrate John KERRY, coupable de promouvoir l’avortement, le mariage
homosexuel et l’euthanasie. Ainsi, parmi d’autres, Monseigneur SHERIDAN, évêque de
Colorado Springs, est le premier à se faire entendre. Il écrit à ses diocésains en mai 2004 une
lettre à propos des « devoirs des politiques et électeurs catholiques »1 :
« Tout homme politique catholique qui défend le droit à l’avortement, la recherche
illicite sur les embryons ou quelconque forme d’euthanasie, se place ipso-facto en dehors de
toute communion avec l’Eglise et met en cause son salut. Et les catholiques qui votent pour
ces candidats s’exposent aux mêmes conséquences. C’est pour cette raison que les
catholiques, qu’ils soient candidats ou qu’ils soient les électeurs de ceux-ci, ne pourront pas
communier avant d’avoir changé leur position et s’être réconciliés avec Dieu et avec l’Eglise
dans le sacrement de Pénitence. »
Le pavé jeté dans la marre est énorme : car il ne s’agit plus cette fois-ci simplement de
refuser la communion au candidat démocrate, ce qui avait déjà été l’occasion d’une vive
polémique parmi les évêques américains. Mais pour la première fois, les électeurs sont
assimilés au candidat dans une même condamnation : voter est considéré comme un acte de
coopération formelle aux lois moralement injustes qui pourraient se trouver annoncées dans le
programme d’un candidat. Et qu’importe si ce candidat promeut par ailleurs de bonnes et
utiles convictions sur les droits sociaux par exemple, ou contre la peine de mort. Rien ne
justifie que ne soit pas respecté en premier lieu le droit à la vie, premier dans la hiérarchie des
droits à défendre, condition nécessaire de tous les autres, et sur lequel aucun compromis ne
peut être admis ni de la part des élus, ni de la part des électeurs.
Cet évêque, et la majorité de l’épiscopat américain qui va le suivre, s’appuie pour
justifier cette radicalisation des critères de vote, sur un document romain, sorti deux ans
1 Mgr SHERIDAN, A pastoral letter to the catholic faithful of the diocese of colorado springs on the duties of
catholic politicians and voters, 1er mai 2004. ( traduction par nos soins ) publiée sur
http://www.diocs.org/CPC/Corner/pastoralletters_view.cfm?year=2004&month=May visible le 18 mai 2007