concurrence des industries européennes.
Des difficultés financières
Dès l’année 1830 qui voit l’installation des Français en Algérie et la reconquête de Tripoli par
les Turcs, le pays doit entreprendre la modernisation de son armée qui ne dépasse pas 5000
hommes. La volonté de prestige des hommes du pouvoir les poussent à entreprendre des
travaux somptuaires. Les recettes diminuent, les dépenses augmentent ! Le budget ne peut
supporter cet effort qui n’est justifié par aucune croissance économique. La modernisation de
l’armée est un fiasco. Le pouvoir se laissa embarquer dans des marchés de dupes par des
trafiquants en tous genres : les fusils et les canons ne sont pas fonctionnels, les bateaux ne
tiennent pas la mer, la formation des hommes est inexistante. La construction du palais de la
Mohammedia à Tunis doit être interrompue, faute de crédits.
Pour surmonter ces difficultés, sous l’influence des grandes puissances européennes, une
constitution tente en 1861 d’instaurer un régime à l’européenne dans un pays qui n’y est
nullement préparé. Elle prévoit notamment un partage des pouvoirs entre le nouveau bey
Mohammed es-Sadok et une assemblée de fonctionnaires et de notables : le Grand Conseil. Ce
système permet au Grand Vizir (premier ministre) d’alors, Sidi Mustapha Khaznadar, d’origine
grecque, de s’enrichir et d’étendre son influence. A l’accumulation des dépenses nouvelles
s’ajoutent des prélèvements frauduleux, et dès lors il faut lever de nouveaux impôts et recourir
à l’emprunt. Pour ne rien arranger les caisses de l’Etat sont pillées par des hommes politiques
sans scrupule et les difficultés intérieures : famines, mauvaises récoltes, choléra, péril acridien
retardent les réformes.
L’unité monétaire est la piastre, monnaie d’or et d’argent. La confiance n’existant plus les
détenteurs de ces pièces les thésaurisèrent. Il en résulte un manque de numéraire et une
paralysie des affaires. Le Bey émet alors une monnaie papier et le Premier ministre une
mauvaise monnaie de cuivre dont la quantité incontrôlée désorganisa le commerce. On a alors
recours aux téskérés, bons paiement pratiquement jamais honorés.
Le gouvernement réalise alors un emprunt de 35 millions de francs auprès de financiers
français à un taux d’intérêt de 7% pour rembourser une dette dont le taux est de 12%. En fait,
sur ces 35 millions, la Tunisie n’en recevra que 5, le reste servant à rémunérer les commissions
des intermédiaires et les pots de vin… Mais en même temps qu’on rembourse les anciens titres,
un courtier du gouvernement reprend l’argent en échange de nouveaux bons. Et la dette
s’accroit de 15 millions. On augmente à nouveau les impôts et le peuple qui n’en peut plus se
soulève au printemps 1864 et fait vaciller le pouvoir. Une répression terrible s’abat sur les
populations insurgées.
Intervention des puissances européennes
Le gouvernement en est réduit à toujours emprunter pour rembourser sa dette. L’économie du
pays s’effrite. Dans les années 1860, la France, l’Angleterre et l’Italie assurent à elles seules
90% des échanges tunisiens. Ces 3 pays bénéficient d’un statut privilégié établi par les
Capitulations, traités imposés aux beys par lesquels sont fixés les rapports de ces Etats avec la
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