
144 REVUE FORESTIÈRE FRANÇAISE
Enfin l'érosion glaciaire bat tous les records de vitesse. Au cours
d'une avance de 3 km, le glacier de Hidden en Alaska a érodé son
bassin à la vitesse de 30 000 m3/km2/an, alors que la vitesse maxi-
ma connue pour un bassin de haute montagne non glaciaire (Kosi
hymalayenne) n'atteint que 1 144 m3/km2/an.
Les torrents. glaciaires alpins traduisent, pour leurs- bassins, des
vitesses d'érosion de 1 600 à 1 800, chiffres confirmés, dans leur
ordre de grandeur, par Otto LANSER pour certains torrents glacial
res d'Autriche dans ses « Réflexions sur les débits solides en sus-
pension des cours d'eau glaciaires » (Bulletin n° 10 de l'AIHS
1958).
Les glaciers islandais, groenlandais ou alaskiens, plus puis-
sants érodent leur bassin à des vitesses de 2 000 à 3 000 et même
5 000 m3/km2/an. La part de la dissolution s'efface devant celle de
l'ablation mécanique traduite surtout ¡par des transports en suspen-
sion.
Dans une étude qualitative enfin des vitesses d'érosion, l'auteur
compare les roches calcaires aux roches siliceuses. Très· forte en
climat arctique humide (400 à 500 mm), forte en climat océanique
froid (120 à 240), l'érosion des calcaires est plus lente en climat
continental, méditerranéen ou tropical.
L'érosion des roches siliceuses est incomparablement plus lente
que celle des calcaires variant entre le millimètre par millénaire
pour les climats froids ou tropicaux secs, et 10 mm pour l'équa-
torial humide. L'analyse des autres corps dissous avec la silice et
la mesure du pH des eaux témoignent de l'importance des actions
mécaniques et biologiques pour l'érosion des roches siliceuses.
Observations et conclusions
Cette étude' des vitesses moyennes de l'érosion par le ruisselle-
ment en fonction de la charge des cours d'eau, embrassant le phéno-
mène à l'échelle du globe, permet d'apprécier aussi bien l'influence
respective des facteurs de
relief,
climatiques et lithologiques, que
l'importance relative de divers processus d'érosion fluviale ou gla-
ciaire. De solides données· et arguments sont ainsi fournis à la géo-
morphologie et même à la géologie*.
Certes, le forestier ne peut y trouver que des valeurs moyennes
dans le temps et dans l'espace, des vitesses d'érosion, alors qu'il
est appelé à s'intéresser surtout aux paroxysmes locaux ou tem-
poraires du phénomène. Mais il est bon de connaître les moyennes
pour apprécier à leur juste valeur les paroxysmes.
* On peut discuter sur la vitesse, apparememnt considérable de l'érosion
glaciaire, eri remarquant que la forte charge solide des torrents émissaires
des glaciers intègre non seulement des processus intraglaciaires, mais des pro-
cessus d'érosion périglaciaire et subaériennè très actifs.