PRIX LEENAARDS 2011
POUR LA PROMOTION DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
LES VAISSEAUX LYMPHATIQUES COMME CIBLE
THERAPEUTIQUE
Le système vasculaire lymphatique joue un rôle physiologique majeur dans le transport de
fluides et dans la défense immunitaire contre des pathogènes. De plus, il joue un rôle dans le
développement de nombreuses maladies comme le cancer et les maladies inflammatoires
chroniques. Une malformation congénitale ou des dommages causés aux vaisseaux
lymphatiques peuvent entraîner le lymphœdème, une des conséquences indésirables mais
fréquentes après l’ablation de certains types de tumeurs. Le but de ce projet est d’étudier les
mécanismes de formation des vaisseaux lymphatiques et de développer de nouvelles
approches thérapeutiques permettant d’influencer le contrôle de la fonction de ce système
vasculaire.
Les vaisseaux lymphatiques et les maladies humaines
Le système lymphatique régule l'homéostase du fluide, le transport et le trafic des cellules
immunitaires ; il joue également un rôle important dans l'inflammation, ainsi que dans la
progression du cancer. La présence de cellules tumorales dans les ganglions lymphatiques est
un facteur déterminant pour le pronostic de la plupart des tumeurs malignes de l'homme qui,
souvent, oriente les décisions thérapeutiques. D’où l’importance d’une meilleure
compréhension des mécanismes moléculaires des métastases lymphatiques. La croissance des
vaisseaux lymphatiques est également associée à une inflammation chronique, observée dans le
psoriasis, l’arthrite rhumatoïde et pendant le processus de rejet de greffes. Les récentes études
des modèles génétiques ont de plus mis en évidence l’implication des vaisseaux lymphatiques
dans le développement de l'obésité et de l'hypertension. L’espoir est donc né qu’en modulant la
croissance et la fonction des vaisseaux lymphatiques, nous pourrions améliorer le traitement de
nombreuses maladies humaines.
Des mécanismes fondamentaux aux approches thérapeutiques
Dans le passé, on a souvent attribué aux vaisseaux lymphatiques le rôle passif « d’égouts »
tissulaires. Grâce à la recherche fondamentale intense de ces dernières années, en particulier
la recherche sur les modèles génétiques, nous sommes aujourd’hui conscients du rôle crucial -
et actif - des vaisseaux lymphatiques dans de nombreuses pathologies humaines. Identifier et
comprendre les programmes génétiques et les voies de signalisation impliqués dans le
développement et la fonction de ce système vasculaire constitue la prochaine étape essentielle
dans la mise en place de futures stratégies thérapeutiques. Les études préliminaires dans les
groupes de Tatiana Petrova et Brenda Kwak ont suggéré que certains facteurs de transcription,
comme FOXC2 et NFATc1, et la communication intercellulaire par les connexines sont
importants pour la formation et la fonction des vaisseaux lymphatiques. Dans un premier
temps, le présent projet de recherche vise à étudier le développement des vaisseaux
lymphatiques en utilisant des modèles génétiques dans lesquels les gènes-clés ont été inactivés.
Dans un deuxième temps, il portera sur l’étude de la contribution de nouveaux mécanismes de
signalisation dans la croissance des tumeurs et dans la dissémination des cellules tumorales par
les vaisseaux lymphatiques. Finalement, les chercheurs vont se pencher sur les mécanismes
régulés par ces voies de signalisation dans les cellules lymphatiques endothéliales, en utilisant
l’expertise en bioinformatique et biostatistique du groupe de Mauro Delorenzi, ainsi que les
outils spécifiques qu’il a developpés.
Le projet bénéficiera des compétences complémentaires de trois chercheurs spécialisés dans le
développement des vaisseaux lymphatiques (groupe T. Petrova), dans la communication
intercellulaire (groupe B. Kwak) et dans la bioinformatique (groupe M. Delorenzi). Un niveau
élevé de collaboration favorisera des synergies allant au-delà des champs de recherche
individuels de chacun des groupes. Un élément important sera aussi le partage d'expertise en
recherche et le transfert de technologie entre les groupes. L’objectif dans le cadre de cette
collaboration inter-institutionnelle et multidisciplinaire est de proposer de nouvelles approches
thérapeutiques pour traiter les maladies dans lesquelles les vaisseaux lymphatiques jouent un
rôle important.
Biographies
Tatiana Petrova, professeur-boursier FNS
Département d’oncologie expérimentale, Centre pluridisciplinaire d’oncologie (CePO), Centre hospitalier
universitaire vaudois (CHUV) et Département de biochimie de l’Université de Lausanne
Tél. : + 41 (0)21 692 58 28 - Email : tatiana.petrova@unil.ch
D’origine russe et diplômée de chimie de l’Université de Moscou, Tatiana Petrova a fait son
doctorat en biophysique des calciprotéines en 1996, dans le Département de biochimie de
l’Université de Genève. Soutenue par le Fonds national suisse (FNS), elle a mené son projet
post-doctoral sur la maladie d’Alzheimer de 1997 à 1999, à l’Université Northwestern de
Chicago aux Etats-Unis. Arrivée à Helsinki en 1999, Tatiana Petrova a travaillé sur les
mécanismes fondamentaux du développement des vaisseaux lymphatiques, d’abord comme
postdoctorante et, ensuite, comme chef de groupe ; ses travaux ont été soutenus par une bourse
pour chercheurs avancés de l’Académie des sciences de Finlande. En 2008, elle a obtenu un
poste de professeur-boursier du FNS et établi son groupe de recherche à Lausanne. Ce dernier
est rattaché au Centre pluridisciplinaire doncologie du CHUV et au Département de biochimie
de l’UNIL. Ses intérêts scientifiques se centrent principalement sur le rôle des facteurs de
transcription dans le système vasculaire et le cancer. Le but de ses recherches est de développer
une vision globale des réseaux des gènes qui contrôlent la formation et la croissance des
vaisseaux et des cellules cancéreuses, et de mettre en place des approches nouvelles pour le
traitement des dysfonctionnements du système vasculaire lymphatique dans les maladies
humaines.
Tatiana Petrova collabore avec des spécialistes de différents domaines tels que la
bioinformatique, la recherche clinique sur le cancer et la bioingénierie. Depuis 2008, le groupe
de Tatiana Petrova est membre du « National Center of Competence in Research (NCCR) in
Molecular Oncology ». Ses travaux sont financés par le Fonds national suisse, La Ligue suisse
pour la recherche sur le cancer, et diverses fondations (Téléthon Action Suisse, Fondation
Emma Muschamps, Lymphatic Research Foundation, Fondation Medic, Association for
International Cancer Research).
Brenda R. KWAK, professeure associée
Département de pathologie et immunologie, Département de médecine interne, Faculté de médecine,
Université de Genève (UNIGE)
Tél. : + 41 (0)22 382.72.33 - Email : Brenda.KwakChanson@unige.ch
D’origine néerlandaise, Brenda Kwak a étudié la médecine à l’Université d’Amsterdam aux
Pays-Bas, de 1984 à 1988. Elle a obtenu son doctorat (PhD) en 1993, dans le laboratoire du Prof.
H.J. Jongsma, Département de physiologie de l’Université d’Amsterdam. Elle a ensuite mené
des projets post-doctoraux dans le Département de physiologie médicale à Utrecht, de 1993 à
1996, ainsi que dans le Département de morphologie et le Département de médecine interne,
Service de cardiologie à Genève, de 1996 à 2001. En 2002, Brenda Kwak a obtenu une bourse
Marie-Heim-Vögtlin du Fonds national suisse (FNS) puis, en 2003, une bourse de professeur-
boursier du FNS ; cette dernière lui a permis de créer son propre groupe de recherche au sein
du Service de cardiologie des Hôpitaux universitaires de Genève. Elle a développé une
thématique à l’interface entre la recherche fondamentale et la cardiologie clinique. En février
2010, Brenda Kwak a été nommée professeure associée à la Faculté de médecine de l’Université
de Genève, avec une double affiliation au Département de pathologie et immunologie et au
Département de médecine interne. Son intérêt scientifique se centre principalement sur le rôle
des connexinesprotéines déterminantes pour la communication intercellulaire dans les
maladies cardiovasculaires, en particulier l’athérosclérose et la resténose. Ses travaux sont
financés par le Fonds national suisse, le Fondation suisse de cardiologie, et diverses fondations
(Fondation Dr. Henri Dubois-Ferrière Dinu Lipatti, Fondation Carlos et Elsie De Reuter,
Fondation Novartis et Wolfermann-Nägeli Stiftung).
Mauro Delorenzi
Responsable de recherche, Département de formation et recherche (DFR), Centre hospitalier universitaire
vaudois (CHUV) et Directeur de groupe, Bioinformatics Core Facility (BCF), SIB Institut Suisse de
Bioinformatique, Tél. : + 41 (0) 21 692 40 97 - Email : mauro.delorenzi@unil.ch
Né au Tessin en 1960, Mauro Delorenzi a étudié la biologie moléculaire à l’Université de Zurich
(1979-1985), il a obtenu son master en 1985, dans le laboratoire du Prof. Max Birnstiel, à
l’Institut de biologie moléculaire, et son doctorat (PhD), en 1990, dans le laboratoire du Prof.
Marianne Bienz, à l’Institut de zoologie.
Après une parenthèse de presque 10 ans comme enseignant de mathématiques, de biologie et
de physique dans un lycée, Mauro Delorenzi est retourné à la recherche scientifique. Il a
travaillé pendant quelques années (1999-2002) au célèbre institut « Walter and Eliza Hall » à
Melbourne (Australie). Il y a acquis la maîtrise des nouvelles méthodes de la bioinformatique
dans le groupe du Prof. Terry Speed. En parallèle, il a réalisé un master es statistiques à
l’Université de Zurich (2000).
En 2002, Mauro Delorenzi a rejoint le l’Institut suisse de recherche expérimentale sur le cancer
(ISREC) en tant que spécialiste des analyses de données. Nommé chercheur associé à l’ISREC,
puis directeur de groupe au SIB Institut Suisse de Bioinformatique, il a établi un groupe de
soutien à la recherche biomédicale. Ce groupe s’est spécialisé comme partenaire de grands
projets multidisciplinaires, impliquant la recherche moléculaire basée sur les nouvelles
technologies à haut débit, et de la recherche médicale translationelle. Ces projets ont besoin
d’une expertise méthodologique statistique et bioinformatique pour l’analyse des données et
pour la compréhension des résultats qui sont générés.
Le groupe de Mauro Delorenzi est membre du « National Center of Competence in
Research (NCCR) in Molecular Oncology ». Ses travaux récents ont été financés par le Fonds
national suisse (NCCRs et SystemsX.ch), La Ligue suisse pour la recherche sur le cancer, le
programme-cadre de l'Union européenne pour la recherche et le développement technologique
et la Fondation Medic. Ce groupe entretient aussi des collaborations avec l’industrie.
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