Un parterre de fleurs roses au cœur de l`hiver valaisan

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Balade
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20 FÉVRIER 2014
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1. Avec sa floraison qui démarre
en février déjà, les bulbocodes
se trouvent régulièrement pris
sous un tapis de neige. 2. Le
chemin longe un socle rocheux
poli par le glacier du Rhône lors
de la dernière glaciation.
3. De la taille d’un moineau,
le bruant fou porte sur sa tête
grise un masque facial noir.
4. Ces mousses, lichens,
orpins et joubarbes entourent
une petite fougère à feuillage
persistant, le cétérach officinal.
5. Jérôme Fournier examine la
coquille d’une hélice strigelle.
6. Ne pas confondre le bulbocode
avec le crocus. 7. Cette plante un
brin échevelée est un asplénium
septentrional, une fougère.
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LES FOLLATÈRES
Un parterre de fleurs roses
au cœur de l’hiver valaisan
Partir à la découverte de fleurs sauvages en plein mois de février,
alors que la neige saupoudre le paysage, pourrait passer pour une bien
étrange démarche. A Branson, dans le Bas-Valais, la chose est habituelle.
C’est le temps des bulbocodes, plantes à bulbe à floraison hivernale.
B
iologiste travaillant pour le bureau
d’études de l’environnement Drosera
de Sion, le Valaisan Jérôme Fournier
se passionne pour les Follatères depuis plus
de trente ans. «La floraison très précoce du
bulbocode de printemps constitue à elle
seule un bon motif pour une balade aux
Follatères, dit-il. Cette fleur est une grande
amatrice de soleil. Son apparition au milieu
des feuilles mortes et des herbes sèches
représente aussi une belle amorce aux
nombreuses floraisons qui vont se succéder
sur ce coteau orienté plein sud.»
Prenant la petite route en dur qui monte à
gauche du parking situé en bordure du canal de Fully, lieux de départ de notre balade,
nous bifurquons d’abord à droite une centaine de mètres plus loin pour suivre ensuite un sentier grimpant directement à
travers les vignes. Vieux murs en pierres
sèches, tas de cailloux et broussailles se
succèdent alors que nous progressons à
travers les ceps. «Bien que très petits
pour certains, ces divers milieux
grouilleront d’une biodiversité variée à la belle saison, explique le
biologiste, tout en désignant une
terre brune d’allure compacte.
Ces entrées de galeries, par
exemple, sont des terriers
d’abeilles et de guêpes fouisseuses.»
Ayant rejoint une petite route
facilitant l’accès au vignoble,
nous grimpons alors sur un étroit sentier le
long duquel nous tombons sur un premier
bulbocode, puis quelques pas plus loin sur
un champ entier de ces splendides fleurs
roses. La forêt enneigée qui nous domine
rend alors le contraste assez saisissant.
«Afin d’éviter l’embroussaillement de ce
sol propice à cette plante de la famille des
Colchicacées qui, dans notre pays, ne
pousse qu’en Valais, des ânes y sont mis à
pâturer plus tard dans la saison», explique
Jérôme Fournier. Le point culminant de
notre parcours atteint, nous longeons à
flanc de coteau la magnifique
transversale menant à
Branson alors que la neige se met à tomber.
Jérôme Fournier regrette un peu ces conditions atmosphériques. «Avec un bon ensoleillement, nos chances auraient été bonnes
d’observer quelques insectes. Des abeilles,
voire un papillon. Il n’est pas rare d’en voir
voleter lors des belles journées d’hiver
sous ce climat très sec.»
Une diversité qui rappelle le sud
L’oreille du spécialiste se dresse alors que
nous étudions la steppe herbeuse qui
constitue l’une des particularités de l’adret
valaisan. Le cri ne retentit qu’une fois,
cela lui suffit toutefois pour repérer
un joli passereau. «C’est un bruant
fou. Il fait partie des oiseaux rencontrés ici à longueur d’année.»
Les bulbocodes n’étant plus présents sur ce tronçon de la balade,
Jérôme Fournier repère d’autres
plantes insolites, comme cette
étrange fougère, l’asplénium septentrional, et, plus loin les premières
feuilles de la coquelourde, un grand
silène rouge qui ne fleurira qu’en juin.
«S’ils devaient rater la floraison du bulbocode, qui s’étale tout de même jusqu’à fin
mars, les amateurs de flore ne manqueront
pas d’apprécier l’éclosion des anémones ou
de l’étoile jaune des rochers, une plante à
bulbe elle aussi. C’est une autre rareté botanique du Valais.»
Daniel Aubort
Y ALLER
En voiture Sortie No 21 Fully sur l’autoroute
A9 Lausanne-Sion. Suivre Fully. Passer le pont
sur le Rhône puis, au rond-point, prendre la
direction de Branson. Un parking est situé tout
de suite à droite, le long du canal de Fully.
Train et bus Gare de Martigny sur la ligne
CFF du Simplon. Le car postal No 311 relie
Martigny à Fully. Descendre à l’arrêt «Pont du
Rhône» de Branson. Trajet de 4 minutes.
LE PARCOURS
Ce parcours sans difficulté peut s’effectuer à
longueur d’année. Si le temps de marche est
d’environ 1 h 30 pour la boucle, en compter le
double, ou même davantage, n’est pas excessif
tant il y a matière à observer. Après une montée
à travers les vignes (indiqué par la lettre D pour
départ sur la carte), le chemin longe un sentier à
flanc de coteau avant de redescendre sur le
village de Branson. A noter que d’autres petits
sentiers permettent de relier le haut et le bas de
ce parcours. Bonnes chaussures recommandées.
SE RESTAURER
Le pavillon agritouristique Fol’terres. Dégustation de vins et vente de produits du terroir.
Tél. 027 746 13 13.
L’Hôtel de Fully propose des spécialités de
poisson et fruits de mer. Fully, rue de l’Eglise,
tél. 027 746 30 60.
SE RENSEIGNER
Les Follatères grandeur nature, Raymond
Delarze, édité par le Département de l’environnement du Valais.
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© PHOTOS DANIEL AUBORT
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