Santé Retrouver une vie normale Urban Life Jamais les neurosciences n’avaient connu un tel essor et nourri autant d’espoir. Au sein des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), tout est mis en place pour que les patients bénéficient au plus vite des progrès de la recherche, ceux-ci permettant des avancées diagnostiques et thérapeutiques souvent spectaculaires. «L es dysfonctionnements cérébraux peuvent avoir des conséquences dramatiques sur la qualité de vie», relève le Pr Pierre Pollak, médecin-chef du service de neurologie des HUG. Néanmoins, les avancées remarquables des neurosciences ont de quoi redonner espoir, qu’il s’agisse de formes d’épilepsie résistantes à tout médicament, d’un trouble neurodégénératif tel que la maladie de Parkinson ou d’un accident vasculaire cérébral survenant de manière extrêmement abrupte. Des équipes hypercompétentes et des techniques d’intervention à la pointe du progrès permettent à de très nombreux patients de commencer une nouvelle vie. JULIEN GREGORIO/PHOVEA/HUG grâce aux progrès des neurosciences Patient portant un casque EEG de 256 électrodes qui enregistre l’activité électrique du cerveau milliseconde par milliseconde, combiné avec l’IRM fonctionnelle localisant l’activité cérébrale à quelques millimètres près. Guérir de l’épilepsie Les HUG sont le plus grand centre de Suisse en chirurgie de l’épilepsie. Les infrastructures dédiées à cette spécialité ne cessent de se développer, offrant notamment quatre salles de vidéo-électroencéphalographie. Ces équipements de pointe représentent pour de nombreux patients l’unique chance de retrouver une vie normale. En effet, face à certaines formes d’épilepsie échappant à tout traitement pharmaceutique, la seule issue consiste en une intervention chirurgicale permettant de retirer la zone cérébrale responsable du déclenchement des crises. Or, chez un patient sur dix, des mesures préchirurgicales - au moyen d’électrodes placées sur le crâne – sont nécessaires pour cibler cette zone avec la plus grande exactitude. Les HUG utilisent une technique d’électro-encéphalographie dite à haute densité – 256 électrodes et autant de canaux – qui les place en position de pionniers à l’échelle mondiale. Une étude publiée dans la très réputée revue Brain a démontré que ce type d’EEG dépassait largement toute autre forme d’imagerie cérébrale dans l’extrême précision du geste chirurgical qui aboutit à la guérison totale du patient. Une électrode magique dans le cerveau Une autre technique de pointe particulièrement porteuse d’espoir est la stimulation cérébrale profonde ou DBS (pour Deep Brain Stimulation) qui peut «corriger» des neurones dysfonctionnels par une technique dite de neuromodulation, en implantant une électrode dans les profondeurs du cerveau. Des patients souffrant de la maladie de Parkinson ont été les premiers à en bénéficier. A l’avenir, la neuromodulation, déjà reconnue comme une thérapie efficace pour traiter les troubles obsessionnels compulsifs – les fameux TOC – devrait permettre de soigner des addictions, des migraines invalidantes, des troubles du comportement alimentaire, certains déficits mnésiques, voire des formes spécifiques de maladie neurodégénérative. Prise en charge des AVC: sauver des vies 24h sur 24 Les avancées des neurosciences peuvent aussi sauver des vies dans l’urgence, en particulier en cas d’accident vasculaire cérébral. Les HUG disposent d’une unité neurovasculaire spécialisée, la toute première de Suisse et la seule au niveau romand, équipée pour accueillir des patients à toute heure du jour ou de la nuit. «Nous bénéficions de nouvelles techniques d’intervention spectaculaires pour les AVC. Un patient peut être guéri de son hémiplégie une heure après son arrivée en urgence», décrit le Pr Pollak. L’unité neurovasculaire des HUG – ou «stroke unit» – offre 22 lits, un personnel hyperqualifié et des techniques de pointe, en particulier au niveau de la neuroradiologie interventionnelle. Cette unité est destinée aux habitants du bassin genevois, mais aussi aux victimes d’AVC dans d’autres régions, qui peuvent être transférées par hélicoptère pour bénéficier dans les meilleurs délais de soins extrêmement pointus. Lorsqu’on sait qu’un cerveau en souffrance perd des millions de neurones chaque minute, on comprend toute l’importance d’une prise en charge immédiate par des équipes de professionnels dont l’expertise n’est plus à démontrer. n Catherine Prélaz D É C E M B R E 2 012 - F É V R I E R 2 013 95