Conseil international du Café
103e session
23 – 25 septembre 2009
Londres, Angleterre
Les changements climatiques et le café
Contexte
Le présent document contient un rapport sur les effets des changements climatiques
sur les pays producteurs. Il contient les annexes ci-après :
Annexe I : Impact des changements climatiques sur le café : l'avis des parties
prenantes
Annexe II : Organisations octroyant des fonds pour l'adaptation aux changements
climatiques et l'atténuation de leurs effets
Annexe III : Projets de recherche en cours sur l'impact des changements climatiques
sur l'agriculture
Annexe IV : Références
Mesure à prendre
Le Conseil est invité à prendre note de ce document.
ICC 103-6 Rev. 1
16 décembre 2009
Original: anglais
F
LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LE CAFÉ
L'agriculture fait vivre plus de personnes que n'importe quelle autre activité économique ; la
majorité de ces personnes sont des paysans indépendants pratiquant une agriculture de
subsistance et vivant sous les tropiques. En dépit d'une urbanisation rampante, 75% des
pauvres du monde vivent dans des zones rurales et l'agriculture reste la première source de
leurs moyens de subsistance. La mise en valeur de l'agriculture est donc très importante pour
soulager la pauvreté dans le monde en développement, directement (en offrant des emplois)
et indirectement (en créant des emplois hors des exploitations agricoles et en faisant baisser
les prix alimentaires). Il n'est pas surprenant que l'agriculture ait récemment bénéficié d'une
grande attention, alors que la résolution de la question des changements climatiques est le
premier point de l'ordre du jour politique.
Les défis que posent les changements climatiques et les incertitudes qu'ils soulèvent sont
considérables mais ne doivent pas servir d'excuse à l'inaction. Même si l'effet de serre des
émissions de CO2 était compensé par un refroidissement du soleil, comme cela a été le cas au
cours des 10 dernières années, de nombreux scientifiques estiment que nous avons dépassé le
cap de "durabilité" des ressources de la planète et que les conséquences de nos actions se
ressentent sur l'ensemble de la planète. Les perspectives des effets des changements
climatiques son potentiellement catastrophiques pour toutes les espèces vivantes si l'homme
ne modifie pas son comportement, et nécessitent la prise de mesures vigoureuses pour mettre
en place un modèle économique plus vert et plus efficient.
C'est dans ce sens que la réponse aux changements climatiques ne peut pas se limiter à des
actions isolées menées au hasard par les institutions nationales ou internationales. Pour que
les actions soient efficaces à long terme, elles doivent être intégrées dans la stratégie globale
de développement d'un secteur, voire de tout un pays. Tout comme les pays ont besoin de
ressources pour suivre les régimes climatiques, faire des prévisions et évaluer les risques
potentiels, les agriculteurs doivent avoir accès aux technologies d'adaptation, aux outils de
gestion des risques et participer aux mécanismes de piégeage du carbone. Un facteur essentiel
de ce nouveau concept de développement est la production et la diffusion d'information sur
les changements climatiques, en particulier au sujet des préoccupations des utilisateurs finals
comme celles des caféiculteurs.
Tel est l'objectif de la présente étude sur les relations entre les changements climatiques, le
café et le développement. Les informations générales sur les changements climatiques sont
abondantes et facilement accessibles ; elles ne feront donc pas l'objet d'un examen détaillé.
Comme la majorité de la communauté scientifique, on suppose que les changements
climatiques se produiront même si les prévisions relatives aux régimes climatiques futurs
s'accompagnent d'un niveau élevé d'incertitudes.
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1. Changements climatiques et agriculture
Selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), les impacts
négatifs des changements climatiques sur l'agriculture se feront surtout sentir dans les régions
tropicales et subtropicales, en particulier en Afrique subsaharienne et, dans une moindre
mesure, en Asie du Sud. Cela signifie que les régions productrices de café sont très exposées
et doivent faire des efforts supplémentaires pour se préparer. Avant d'aborder les menaces
spécifiques qui pèsent sur le secteur du café et les stratégies d'adaptation possibles, nous
décrirons les principaux éléments d'analyse du climat.
Compte tenu de la vaste gamme de données disponibles, il est très difficile de prévoir les
régimes climatiques mondiaux à venir. Compte tenu des relations complexes entre les
cultures, la composition de l'atmosphère et la température, ainsi que de la complexité des
politiques agricoles et commerciales mondiales, les prévisions sur les effets des changements
climatiques sont nécessairement incertaines, et leurs résultats doivent être considérés avec
prudence. Aux fins de la présente étude, le facteur le plus important est la façon dont ces
projections auront un impact sur les cultures.
1.1 Mesure de l'impact des changements climatiques sur l'agriculture
Plusieurs outils existent pour comprendre les effets potentiels des changements climatiques
sur l'agriculture. Il peut s'agir de modèles à grande échelle représentant le climat planétaire,
les systèmes agricoles et commerciaux alimentaires existants et extrapolés dans l'avenir, ou
d'expériences à petite échelle, au niveau des exploitations ou en laboratoire, destinées à
étudier les réactions physiologiques des plantes aux facteurs d'évolution individuels du
climat. Un examen plus complet des problèmes que pose la mesure des effets des
changements climatiques sur l'agriculture figure dans Peskett (2007).
L'approche la plus courante est de construire des modèles de changements climatiques
planétaires, qui font des projections du climat futur sur la base de la compréhension actuelle
des facteurs d'évolution des changements climatiques et rattache les résultats de ces
modélisations à des impacts potentiels sur les cultures. Trois scénarios principaux (liés aux
émissions futures de gaz à effet de serre, aux concentrations de gaz à effet de serre dans
l'atmosphère et aux changements de température) sont introduits dans les projections pour
modéliser la réponse des cultures. À partir des résultats obtenus, on peut évaluer l'impact
potentiel sur l'agriculture, puis le comparer à d'autres modèles de manière à isoler les effets
spécifiques des changements climatiques des autres variables ou influences.
Outre la modélisation à grande échelle, les chercheurs isolent également en laboratoire une ou
plusieurs cultures et les soumettent à des expériences contrôlées, en changeant la composition
de l'eau, la température, les concentrations de CO2 et d'autres variables du sol et de
l'atmosphère. Il s'agit d'expériences en milieu contrôlé.
Enfin, on se sert également de l'analyse statistique de l'impact des climats passés sur les
cultures pour estimer les réponses futures.
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Des modèles intégrés culturo-climatiques sont en cours d'élaboration pour surmonter les
insuffisances des approches mentionnées ci-dessus, y compris le fait que la réponse des
cultures aux changements climatiques sera vraisemblablement complexe et que les cultures
peuvent être affectées par des variables exogènes, comme les cycles hydrologiques.
1.2 Restrictions et hypothèses des modèles
Des incertitudes importantes existent dans notre compréhension des effets des changements
climatiques sur l'agriculture. Les modèles à grande échelle simplifient nécessairement
certains paramètres qui représentent des phénomènes complexes, même si de telles
simplifications peuvent avoir des implications considérables sur les résultats.
Les principaux domaines d'incertitude sont :
les facteurs d'évolution retenus dans les modèles des changements climatiques
et d'agriculture, tels que les niveaux d'émissions futurs, les changements dans
le rendement des cultures et les réactions du système climatique ;
les hypothèses concernant les processus socio-économiques, telles les
réactions de l'homme aux changements climatiques;
les différences régionales dues à une plus grande disponibilité de
l'information (par exemple, régimes de précipitations) sur les données des
modèles dans les pays développés;
les problèmes d'échelle temporelle liés à l'absence de données sur les
variations saisonnières des conditions climatiques et météorologiques;
la nécessité de résoudre les différences entre les modèles climatiques
mondiaux à grande échelle, qui ont généralement une résolution de plus de
100 km, et la petite taille de la plupart des systèmes agricoles, généralement
inférieurs à 10 km;
les relations entre les changements climatiques et la dégradation des sols;
la disponibilité de l'eau;
la réponse des cultures à la composition de l'atmosphère, notamment
l'influence de la concentration de CO2 sur les cultures, et
la prévision des effets des phénomènes extrêmes sur l'agriculture est
actuellement très compliquée et peu développée dans la plupart des modèles à
grande échelle.
1.3 Résultats
L'association des modèles et des scénarios décrits ci-dessus permet de projeter plusieurs
variables des changements climatiques du siècle à venir. La plupart des études de
modélisation portent sur un jeu de paramètres différents relatifs aux cultures agricoles, en
raison de leur importance dans l'économie mondiale et de leur sensibilité aux changements
climatiques. En général, les résultats des modèles donnent des projections :
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de l'évolution des rendements due à des modifications dans les climats
saisonniers ;
des modifications du potentiel de production en fonction de facteurs tels que
les rendements, les terres disponibles adaptées à l'agriculture et l'allongement
ou le raccourcissement des saisons de croissance ;
de la réponse des cultures aux changements dans la composition de
l'atmosphère (par exemple, la concentration de dioxyde de carbone) ;
de l'évolution des prix résultant des changements climatiques ;
des modifications de la structure des échanges résultant des changements
climatiques ;
de l'évolution du nombre de personnes menacées de famine en raison des
changements climatiques, normalement mesuré par le nombre de personnes
dont les revenus leur permettent d'acheter des céréales, et
du ruissellement des eaux et le stress hydrique.
1.4 Une externalité fondamentale pour l'agriculture le phénomène El Niño
Le phénomène El Niño est un phénomène météorologique très important avec des
conséquences graves pour la production du café. Le terme El Niño (en espagnol "l'Enfant
Jésus") était employé à l'origine par les pêcheurs pour désigner les courants chauds de l'océan
Pacifique qui apparaissent périodiquement a proximité des côtes du Pérou et de l'Equateur
pendant la période de Noël et durent quelques mois. A cause de ces courants, les poissons
sont beaucoup moins abondants. A l'heure actuelle, ce même nom sert à désigner le
réchauffement à grande échelle des eaux de surface de l'océan Pacifique qui se produit tous
les 3-6 ans et qui dure généralement 9-12 mois mais qui peut durer jusqu'à 18 mois, et affecte
de façon spectaculaire le climat du monde entier.
Le phénomène El Niño se produit de façon irrégulière. Sa force est estimée en anomalies de
la pression atmosphérique et anomalies des températures au sol et de la surface océanique.
Le phénomène El Niño affecte considérablement les conditions météorologiques de
nombreuses régions du monde. Il est donc important de prévoir son apparition. Plusieurs
modèles climatiques, modèles de prévision saisonnière, modèles couplés océan-atmosphère et
modèles statistiques sont utilisés pour prévoir l'arrivée du phénomène El Niño dans le cadre
de la variabilité interannuelle du climat. Il est possible de prévoir l'arrivée d'El Niño depuis
les années 1980, lorsque la capacité des ordinateurs est devenue suffisante pour faire face aux
complexes interactions à grande échelle océan-atmosphère.
Les plus fortes manifestations d'El Niño au 20ème siècle se sont produites en 1982/83 et en
1997/98. En 1982/83, El Niño a entraîné des tempêtes importantes dans tout le sud-ouest des
États-Unis et l'une des pires sécheresses du siècle en Australie. En 1997/98, selon
l'Organisation météorologique mondiale, El Niño a été un facteur déterminant dans les
températures record observées en 1997. En 1997/98, l'impact du phénomène El Niño a été
ressenti dans de nombreuses régions du monde. Les Iles du Pacifique-Ouest, l'Indonésie, le
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