De fait, les médias et la classe politique française reproduisent un discours de méfiance à
l’égard de ceux que l’on persiste à nommer "les immigrés", alors que nous sommes en
présence d’une troisième génération composée de Français ou de binationaux.
A la recherche du bouc-émissaire
Le "maghrébin", "l’Arabe", le "musulman" sont encore perçus comme une menace et un
facteur de dissolution du lien national. Ajouté à l’affaiblissement de l’Etat-nation, en raison
des transferts de compétence qu’implique la construction européenne, une large part de la
société française se cherche de nouveaux boucs-émissaires.
Dans l’entre deux guerres, ce sont les populations juives qui firent les frais d’une
représentation identitaire refermée sur elle-même. De nos jours, les chrétiens et les juifs
tendent à déserter églises et synagogues, tandis que nos concitoyens d’origine musulmane
pratiquent davantage leur foi, refoulée jadis par les ouvriers immigrés, et désormais
revendiquée de bon droit.
Paupérisées par la mondialisation, les classes moyennes et populaires voient dans le
"musulman", l’incarnation du déclassement dont elles se sentent menacées.
Français à part entière, ou entièrement à part ?
L’islam est alors réifié sans nuance tandis que cette migration de tradition "musulmane"
pratique, dans son immense majorité, un islam tout à fait compatible avec la laïcité. Nos
concitoyens d’origine maghrébine qui demeurent attachés à leurs pays d’origine (y compris
les nouvelles générations), tout en signifiant leur appartenance pleine et entière à leur pays
d’accueil ou de naissance, s’intègrent largement à la société française contrairement à une
idée communément répandue.
Ils désirent, à l’heure des migrations globalisées, être des Français à part entière et non des
Français entièrement à part. La double appartenance ou la bi-nationalité impliquent ainsi une
redéfinition des contours de l’identité nationale à l’aune de leur apport démographique et
culturel.