CHAPITRE IV. EFFETS DU THROMBOXANE A2 SUR LES PARAMETRES VASCULAIRES SYSTEMIQUES IV.1. INTRODUCTION Dans l’introduction de ce travail, nous avons rappelé que la régulation du tonus vasculaire par l’endothélium s’effectue via la libération de nombreux facteurs de relaxation et de contraction des cellules musculaires lisses sous-jacente. A l’état physiologique, la production vasculaire de TXA2 est faible et surtout d’origine plaquettaire (Moncada & Higgs, 1986 ; Smith et al., 1986). Dans ces circonstances, le TXA2 interviendrait surtout dans la régulation de l’hémostase (Chan et al., 1986 ; Moncada & Higgs, 1986 ; Halushka et al., 1995 ). Cependant, de part son effet vasoconstricteur, le TXA2 pourrait intervenir dans la modulation de la vasomotricité. L’inhibition de la thromboxane synthase (TXS) ou le blocage du récepteur TP dans certaines études sur des humains et animaux normotendus, n’entraînaient pas d’altération significative de la pression artérielle, suscitant des interrogations sur le rôle exact du TXA2 dans la régulation du tonus vasculaire et de la pression artérielle (Chan et al., 1986 ; Moncada & Higgs, 1986 ; Smith et al., 1986 ; Nasjletti & Baer, 1988 ). Wilcox et al. suggèrent un rôle du récepteur TP dans la régulation de la pression artérielle et des variations hémodynamiques dans divers modèles d’hypertension, d’artériopathie et de choc (Wilcox et al., 1991). Le TXA2 serait impliqué dans la régulation du débit sanguin rénal, l’élimination rénale de sodium (Baylis et al., 1987 ; Remuzzi et al., 1992 ; Welch & Wilcox, 1992), et l’interaction avec le système rénine-angiotensine (Lin et al., 1991 ; Nasjletti & Arthur, 1998). En effet, une action combinée de l’angiotensine II et du TXA2 entraînerait une vasoconstriction rénale et systémique, une épargne sodique au niveau rénal, et une stimulation de la prolifération des cellules musculaires lisses des parois vasculaires (Sachinidis et al., 1995). D’autres endoperoxides dont le PGH2, seraient également impliqués dans le contrôle de la pression sanguine puisqu’on notait dans une étude expérimentale chez des souris dépourvues du gène de la TXS, une élévation paradoxale de la pression sanguine après administration d’arachidonate ; effet supprimé par l’administration préventive d’un antagoniste du récepteur TP (I-Shing et al., 2004). Ces données suggèrent ainsi une implication potentielle du TXA2 et d’autres endoperoxides dans la pathogénie de l’hypertension, par action au niveau du récepteur TP (Francois et al., 2004). Toutefois, les effets vasomoteurs précis du TXA2 ainsi que les mécanismes physiologiques qui les soutendent in vivo sont peu connus. Objectif de l’étude L’objectif principal de cette étude expérimentale est donc d’évaluer les effets du TXA2 sur les paramètres hémodynamiques systémiques dans un modèle in vivo d’hypertension systémique. Dans cette optique, nous avons étudié les effets d’un de ces plus puissants agonistes, l’U46619, sur l’hémodynamique systémique avant et après administration du BM-573 chez le porc. La circulation systémique est représentée par un modèle windkessel à 4 éléments. (Grant et al., 1987 ; Lambermont et al., 1999 ; Lambermont et al., 2003b). IV.2. MATERIELS ET METHODES IV.2.1. Préparation chirurgicale Les expériences sont réalisées sur 12 porcs sains de race pure piétrain, des deux sexes et pesant entre 20 et 30 kgs. Les animaux sont préparés et équipés selon les modalités décrites dans les méthodes générales (Chapitre III). IV.2.2. Préparation chimique U-46619 (Cayman chemical, Ann Arbor, MI) est mis en solution alcoolique et dilué dans du NaCl 0.9% , afin d’obtenir une solution finale de 10 µg/ml. Le BM-573 est fourni par le Laboratoire de Chimie pharmaceutique de l’Université de Liège. Il est dilué dans du propylène glycol afin d’aboutir à une concentration de 20 mg/ml. Nous avons démontré que la solution de propylène glycol n’avait aucun effet sur les paramètres hémodynamiques et agrégométriques (Rolin et al., 2003 ; Ghuysen et al., 2004]. IV.2.3. Protocole expérimental Après une période de stabilisation de 30 minutes, les animaux sont repartis de façon aléatoire en deux groupes. Dans le premier groupe (n=6) (groupe agoniste), les animaux reçoivent six injections consécutives d’une même dose de U-46619 (1,25 µg/kg) à 30 minutes d’intervalle. Les injections de U-46619 sont répétées toutes les 30 minutes en raison de caractéristiques spécifiques de cet agoniste décrits notamment par Fiedler et al. (Fiedler et al., 1990). Brièvement, une administration unique de U-46619 (1,25 µg/kg) chez le porc entraîne une élévation transitoire de la pression artérielle. Cet agoniste étant rapidement métabolisé, la pression artérielle et les autres paramètres hémodynamiques retournent aux valeurs basales après une vingtaine de minutes. De ce fait, nous avons opté pour des injections répétées de U46619 toutes les 30 minutes, parce qu’elles n’entraînent pas d’effets cumulés. Un protocole similaire est d’ailleurs utilisé dans l’évaluation des effets dose-dépendant d’un antagoniste du thromboxane A2 (Bay-U-3405). Les données hémodynamiques sont enregistrées avant chaque injection de U-46619 (T0), 2 (T2) et 15 minutes (T15) plus tard. Les paramètres enregistrés inclus la pression artérielle pulmonaire (PAP), le débit cardiaque systémique (CO), la pression auriculaire gauche, la pression artérielle systémique (BP) et la fréquence cardiaque (FC). Dans le deuxième groupe (n=6) (groupe antagoniste), des doses croissantes de BM-573 sont administrées par voie intraveineuse 10 minutes avant chaque administration de U-46619, à l’exception de la première. Les animaux reçoivent donc 0,125 mg/kg de BM-573 avant la deuxième, 0,250 mg/kg avant la troisième, 0,500 mg/kg avant la quatrième, 1/mg/kg avant la cinquième et 2 /mg/kg avant la sixième injection de l’agoniste (U-46619). Dans ce groupe, les paramètres hémodynamiques sont enregistrés avant chaque administration de l’antagoniste (Anta 0, Anta 0,125, Anta 0,25, Anta 0,5, Anta 1, Anta 2), 10 minutes plus tard (ce qui correspond à la période qui précède l’administration de l’agoniste) (T0), et 2 (T2) et 15 minutes (T15) après l’administration de U-46619. Dans les deux groupes, les séquences d’administration de l’agoniste et d’enregistrement des données (T0, T2, T 15) sont appelées respectivement Run 0,125, Run 0,250, Run 0,500, Run 1, Run 2 en fonction de la dose d’antagoniste administrée. L’acquisition et l’analyse des données sont réalisées selon la méthodologie décrite au Chapitre III. IV.2.4. Etude de l’agrégation plaquettaire ex-vivo et mesure des taux de BM-573 Le potentiel anti-plaquettaire du BM-573 est déterminé selon une méthode précédemment décrite (Dogne et al., 2000). Les porcs ne sont pas traités ni par aspirine, ni par AINS. Brièvement, le sang est prélevé dans des tubes contenant 1 :9 de citrate (concentration finale 0,38%). Le plasma riche en plaquettes (PRP) est obtenu de la fraction soluble après centrifugation de la solution pendant 20 minutes à 90 g (25°C). La fraction restante est centrifugée à 1200 g pendant 10 minutes (25°C) et sa portion soluble fournit le plasma pauvre en plaquettes (PPP). La concentration plaquettaire du PRP est ajustée à 3.108 cells/ml par dilution avec du PPP. Les tests d’agrégation sont effectués selon la méthode turbidimétrique de Born à l’aide d’un agrégomètre à 4 canaux (bioData Corporation, PAP4) (Born et al ; 1963). Le PPP est utilisé pour ajuster les mesures photométriques à la densité optique minimale. Le PRP (225 µl) est introduit dans une cuvette et agité (1100 rev/min). L’agrégation plaquettaire est initiée par l’addition de 5/µl d’acide arachidonique (600 µM de concentration finale) ou 1 /µl d’ADP (5 µM de concentration final) ou 1/µl de collagène (1 µg/ml de concentration finale). Afin d’évaluer l’agrégation plaquettaire, l’augmentation maximale dans la transmission de la lumière (amplitude de l’agrégation plaquettaire) est déterminée à partir de la courbe d’agrégation six minutes après l’addition de l’inducteur. Les mesures de BM-573 sont effectuées sur les échantillons sanguins en utilisant une technique ultra-performante de chromatographie en phase liquide (HPLC). IV.2.5. Analyse statistique Les données sont exprimées en termes de moyenne ± erreur type de la moyenne (SEM). La comparaison inter-groupe à des moments spécifiques, de même que les tests intra-groupe pour les différences statistiques aux différents moments sont effectués en utilisant un test de Wilcoxon (Mann-Whitney) non-paramétrique et bivarié. Les résultats des tests statistiques sont considérés comme significatifs au niveau d’incertitude de 5 %. Ainsi, des valeurs de p<0.05 indiquent une différence inter ou intra-groupe (en fonction de la situation analysée). IV.3. RESULTATS IV.3.1. Variables hémodynamiques conventionnelles L’évolution au cours du temps des données hémodynamiques conventionnelles dans les deux groupes est représentée dans la Figure IV-1. Groupe Agoniste Du Run 0 au Run 0,250, on ne note pas de variation significative de la fréquence cardiaque (FC) après l’injection de U-46619 ; au Run 0,5, on note une évolution particulière c’est à dire une tachycardisation continue de T0 à T15 (p=0,14) . La FC augmente de façon significative (p<0.05) de 129±10 bat/min (T0) à 145±9 bat/min (T2) au Run 1, et de 119±3(T0) à 162±15 bat/min (T2) au Run 2. Le débit cardiaque moyen (Qmoy ) décroît de 78 ± 1.8 ml/s (T0) à 62.6±2.2 ml/s (T2) (p<0.05) après l’administration de U-46619 au Run 0. Cette diminution s’aggrave au cours du temps, et Qmoy décroît dans le dernier Run de 61.6±1.8 ml/s (T0) à 55.6±2.2 ml/s (T2) (p<0.05). On ne note pas de variation significative de la pression moyenne (Pmoy) après l’administration de U-46619 du Run 0 au Run 2. Groupe Antagoniste On ne note aucune différence significative entre les groupes ago et anta au Run 0 pour toutes les variables hémodynamiques conventionnelles. Dans chaque Run, FC et Qmoy ne varient pas après les injections de U-46619 qui suivent celles de BM-573. On ne note pas de variation significative de Pmoy après l’administration de U-46619 du Run 0 au Run 2. FC 200 180 160 140 bat/min 120 100 80 60 40 20 5 T2 T1 2 An ta T0 5 T2 T1 1 T0 An ta 5 T1 T0 T2 0, 5 5 An ta T2 T1 0 0, 25 T0 5 An ta T2 T1 5 0, 12 T0 5 An ta T1 T0 T2 0 Qmoy 90 80 70 60 ml/s 50 40 30 20 10 0 T0 T15 Anta 0,125 T2 T0 T15 Anta 0,5 T2 T0 T15 Anta 2 T2 Pmoy 140 120 100 mmHg 80 60 40 20 0 T0 T15 Anta 0,125 T2 T0 T15 Anta 0,5 T2 T0 T15 Anta 2 T2 Figure IV-1. Evolution au cours du temps des variables hémodynamiques conventionnelles dans le groupe Ago (cercle noir) et dans le groupe Anta (carré blanc) avant (T0), 2 min (T2), et 15 min (T15) après l’injection de U-46619 dans les groupes Ago et Anta et, dans le groupe Anta, avant l’administration de BM-573 (Anta 0,125, Anta 0,250, Anta 0,500, Anta 1, Anta 2, en fonction des doses de BM-573 injectées (mg/kg)). FC, fréquence cardiaque; Qmoy, debit cardiaque moyen; Pmoy., Pression aortique moyenne. IV.3.2. Paramètres hémodynamiques systémiques L’évolution au cours du temps des paramètres vasculaires systémiques fournis par le modèle windkessel (WK4) est représentée dans la Figure IV-2. Groupe agoniste Au Run 0, on note une élévation des résistances vasculaires périphériques (R2 ) de 0,91±0.09 (T0) à 1,32±0,04mmHg.sec/ml après l’administration de U-46619 (T2) (p<0,05), sans retour complet à la valeur basale à T15 (p<0,05). Au cours des Run suivants, R2 augmente de T0 à T2 avec retour aux valeurs basales à T15. L’élastance artérielle effective (Ea ) suit la même évolution que R2. Il augmente à T2 après l’injection de U-46619 et retourne aux valeurs basales à T15, sauf au cours du dernier Run. On observe une diminution de la compliance vasculaire (C) et de l’impédance caractéristique (R1 ) au cours des premiers Runs après l’administration de U-46619 (T2) (p<0,05). Mais aucune variation significative de ces deux paramètres n’est observée au cours des Run suivants. Groupe Antagoniste Du Run 0.250 au Run 2, on ne note pas de variation de R2 et Ea après l’injection de U-46619. C et R1 montrent une diminution durant les premiers Runs après l’administration de U-46619 (T2), mais ne varient pas de façon significative dans les autres Runs. C 1,4 1,2 ml/mmHg 1 0,8 0,6 0,4 0,2 0 T0 T15 Anta 0,125 T2 T0 T15 Anta 0,5 T2 T0 T15 Anta 2 T2 T15 T2 T0 Anta 2 T15 T2 T0 Anta 1 T15 T2 T0 Anta 0,5 T15 T2 T0 Anta 0,250 T15 T2 T0 Anta 0,125 T15 T2 T0 mmHg.s/ml R1 0,12 0,1 0,08 0,06 0,04 0,02 0 R2 3,00 2,50 2,00 1,50 1,00 0,50 0,00 Ea 9,00 8,00 7,00 mmHg/ml 6,00 5,00 4,00 3,00 2,00 1,00 T15 T2 T0 Anta 2 T15 T2 T0 Anta 1 T2 T15 T0 Anta 0,5 T15 T2 T0 Anta 0,250 T15 T2 T0 Anta 0,125 T2 T15 T0 0,00 Figure IV-2. Evolution au cours du temps des paramètres hémodynamiques dérivés du modèle de windkessel à 4 éléments dans le groupe Ago (cercle noire) et le groupe Anta (carré blanc) avant (T0), 2 min (T2), et 15 min (T15) après l’injection de U-46619 dans les groupes Ago et Anta et, dans le groupe Anta , avant l’injection de BM-573 (Anta 0,125, Anta 0,250, Anta 0,500, Anta 1, Anta 2, en fonction de la dose de BM-573 injectée (mg/kg)). R1, impédance caractéristique ; C, compliance vasculaire ; R2, résistance vasculaire périphérique ; Ea, élastance artérielle effective. IV.3.3. Etude de l’agrégation plaquettaire ex-vivo et mesures du BM-573 Les effets du BM-573 sont étudiés sur l’agrégation plaquettaire induite par l’acide arachidonique, le collagène et l’adénosine diphosphate (ADP). La figure IV-3 illustre bien que l’administration de U-46619 dans les conditions basales (basal + U-46619) n’a aucun effet sur l’agrégation plaquettaire provoquée par les trois inducteurs mentionnés plus haut. L’agrégation plaquettaire est maximale et irréversible. Dix minutes après l’administration de 0,125 mg/kg de BM-573 (Run 0,125), on observe une légère diminution dans l’amplitude de l’agrégation plaquettaire quand l’acide arachidonique est utilisé comme inducteur, alors que l’agrégation induite par l’ADP et le collagène reste maximale. Après l’administration de doses de BM-573 supérieures ou égales à 0,250 mg/kg (Run 0,250, Run 0,500, Run 1 et 2), L’agrégation plaquettaire induite par l’acide arachidonique est complètement inhibée. Au cours des mêmes Run, l’agrégation provoquée par les autres inducteurs (ADP et collagène) diminue légèrement mais demeure maximale et irréversible. Les concentrations plasmatiques de BM-573 sont déterminées après chaque injection de BM573. Les résultats sont représentés à la Figure IV-4. Les taux plasmatiques de BM-573 augmentent pour atteindre un maximum de 13,3 µg/ml après le Run 2. Trente minutes après le Run 2, la concentration plasmatique de BM-573 décroît à 1,6 µg/ml. amplitude de l'agrégation plaquettaire 60 AA ADP Collagène 50 40 30 20 10 2 mg/kg 1 mg/kg 0,5 mg/kg 0,25 mg/kg 0,125 mg/kg basal+46619 basal 0 Figure IV-3. Effets du BM-573 sur l’agrégation plaquettaire induite par l’acide arachidonique (AA), le collagène et l’adénosine diphosphate (ADP). concentration plasmatique (µg/ml) 16 14 12 10 8 6 4 2 0 0,125 0,25 0,5 1 2 2 + 30min Dose de BM-573 injectée (mg/kg) Figure IV-4. Evolution des concentrations plasmatiques de BM-573 après chaque injection. IV.4. DISCUSSION Cette partie de notre travail vise à mieux comprendre les effets vasomoteurs du TXA2 in vivo en étudiant les effets d’un de ses agonistes (U-46619), sur les paramètres vasculaires systémiques avant et après administration de BM-573 chez le porc. On constate que les injections de U-46619 induisent une nette élévation des résistances vasculaires systémiques (R2), associée à une diminution de la compliance vasculaire systémique (C). L’impédance caractéristique (R1), qui reflète les propriétés élastiques de l’aorte, est moins affectée par l’injection de U-46619. Le résultat global de l’effet sur ces paramètres élémentaires est une élévation significative de la postcharge ventriculaire gauche exprimée par l’élastance artérielle (Ea). L’administration de BM-573 bloque complètement cette élévation de Ea et stabilise Pmoy et Q moy aux doses supérieures ou égales à 0,500 mg/kg. Dans une précédente étude portant sur des rats chez lesquels le gène codant pour les récepteurs TP avait été supprimé, l’administration intraveineuse de U-46619 entraînait une élévation transitoire de la pression artérielle systémique, suivie d’un collapsus cardiovasculaire chez les rats sauvages. Toutefois, U-46619 n’entraînait pas de modification des paramètres hémodynamiques chez les rats dénués du gène codant pour les récepteurs TP, suggérant ainsi que les effets observés impliquaient exclusivement les récepteurs TP (Thomas et al., 1998). Une autre étude sur des lapins, avait démontré que des injections de U-46619 par l’oreillette gauche entraînaient une chute de la pression artérielle systémique et une bradycardie par stimulation des branches cardiaques afférentes du nerf vague (Wacker et al., 2002). Dans notre étude, Pmoy augmente pendant les premiers Run après les injections de U46619, et décroît ensuite aux Run 1 et 2, chute qui entraîne une tachycardie compensatrice. De plus, l’administration de U-46619 induit dans tous les Run une diminution transitoire du débit sanguin moyen systémique (Qmoy), qui peut s’expliquer par l’élévation significative de la postcharge du ventricule gauche (Ea). Dans une étude portant sur les effets de la coarctation aortique sur les performances ventriculaire gauche, on observait une chute similaire du Qmoy quand le ventricule gauche était confronté à une élévation des résistances vasculaires proximales et distales (R1 et R2) (Kolh et al., 2003). Rappelons que Lambermont et al. ont mis en évidence une élévation des résistances vasculaires pulmonaires et donc de la pression artérielle pulmonaire après l’administration de U-46619 (Lambermont et al., 2003a). Cette élévation de la postcharge du ventricule droit peut également contribuer à la chute de Qmoy par réduction de la précharge du ventricule gauche. Dans notre étude, l’administration de U-46619 entraîne une élévation de la postcharge du ventricule gauche qui peut s’expliquer par les effets notés au niveau des résistances périphériques (R2), mais de façon surprenante, on n’observe pas de variations significatives de Pmoy. Cette élévation aiguë de la postcharge du ventricule gauche entraîne une altération de ses performances mécaniques qui se traduit par une diminution de Qmoy, effet précédemment décrit (Kolh et al., 2003). Notre étude démontre, en outre que, les effets hémodynamiques systémiques induits par l’agoniste stable du TXA2, U-46619, sont réduits de façon significative par l’administration préventive de BM-573. De plus, l’administration de doses de BM-573 supérieures ou égales à 0,500 mg/ml entraîne une inhibition complète de l’agrégation plaquettaire provoquée par l’acide arachidonique. Dans les mêmes conditions, l’agrégation plaquettaire induite par l’ADP et le collagène n’est pas affectée. Ces résultats montrent que le BM-573 exerce, par ses propriétés de modulateur du thromboxane A2, une action effective sur les plaquettes. L’amplitude de l’agrégation plaquettaire observée chez le porc est inférieure à celle observée chez l’homme. En effet, nous avions évalué précédemment les effets du BM-573 comme antiagrégant sur du plasma humain riche en plaquettes (3.10 8 cells.mL-1) (Rolin et al., 2001 ;Dogne et al., 2004b).Toutefois, les données restent interprétables et sont en accord avec les effets anti-plaquettaire du BM-573 observés in vitro et in vivo chez d’autres espèces (Rolin et al., 2003 ; Dogne et al., 2004b). Dans notre étude, nous confirmons par ailleurs la métabolisation rapide du BM-573 après son administration intraveineuse puisque les taux plasmatiques apparaissent non cumulatifs. Nous observons ainsi que 30 minutes après la dernière injection (Run 2) de 2 mg/Kg de BM-573, son taux plasmatique décroît de façon significative (88%). Nous démontrons de plus que le BM-573 est un ligand à haute affinité des récepteurs TP, agissant comme un antagoniste sélectif et compétitif de ces derniers (Rolin et al., 2001 ; Dogne et al., 2004b). Ainsi, les effets du BM-573 peuvent être expliqués par son action antagoniste sur le U-46619 au niveau des récepteurs TP. CONCLUSIONS L’administration de l’agoniste stable du TXA2, U-46619, entraîne une élévation des résistances vasculaires systémiques (R2), et une altération de la compliance vasculaire systémique (C). Elle a peu d’effets sur l’impédance caractéristique (R1), reflet des propriétés élastiques de l’aorte. L’intégration de ces données se traduit par une élévation aiguë et transitoire de la postcharge du ventricule gauche, à l’origine d’une altération des performances mécaniques de ce dernier reflétée par l’effondrement du débit cardiaque. Ces effets sont prévenus par l’administration de BM-573 qui se révèle capable de bloquer l’action du TXA2 au niveau de ses récepteurs présents dans la circulation systémique.