De plus en plus de démarches d’élabora-
tion de listes rouges voient le jour dans les
régions françaises, destinées à fournir des
inventaires des espèces menacées et à
guider les politiques régionales de conser-
vation. Ces listes sont élaborées grâce à
la collaboration de nombreuses associa-
tions de protection de la nature. Pour la
flore vasculaire, la Fédération des conser-
vatoires botaniques nationaux appuie les
CBN dans la réalisation de listes rouges
dans toutes les régions, en coordination
avec les DREAL.
La majorité de ces listes sont alisées en
employant la méthode développée par
l’Union internationale pour la conservation
de la nature (UICN). Celle-ci mesure une
probabilité d’extinction au niveau mondial
ou un risque de disparition au niveau ré-
gional. Selon la méthodologie de l’UICN,
chaque espèce peut être classée dans
l’une des 11 catégories de la Liste rouge
en fonction de son risque de disparition de
la région considérée. La première étape
de l’élaboration d’une liste rouge consiste
à recueillir un maximum de données sur
une période suffisamment longue et à
différentes échelles spatiales imbriquées
pour tenter d’évaluer des tendances et
affiner au mieux les connaissances sur
l’état général de l’espèce évaluée. Le clas-
sement des espèces dans les catégories
d’espèces menacées s’opère sur la base
de cinq critères d’évaluation faisant inter-
venir des facteurs quantitatifs tels que la
taille de la population, le taux de déclin, la
superficie de l’aire de répartition ou sa
fragmentation. Il suffit qu’au moins un des
critères soit rempli pour qu’une espèce
soit classée dans l’une des catégories. Ce
principe permet de rendre la méthodologie
applicable à n’importe quel groupe taxono-
mique.
Ces listes constituent un outil de sensibili-
sation destiné à alerter un large public sur
la nécessité d'agir pour enrayer les mena-
ces qui pèsent sur la biodiversité en géné-
ral. Les listes rouges sont un bon indica-
teur pour apprécier l’état de san de la
biodiversité à différentes échelles géogra-
phiques. Elles ont pour vocation d’être des
outils destinés à orienter les actions de
conservation au niveau des régions. Elles
contribuent notamment à l’identification
des priorités d’action pour les espèces
protégées, à l’élaboration des trames ver-
tes et bleues et à la définition des straté-
gies d’aires protégées.
Benoît Toury
http://www.uicn.fr/
Faon de chevreuil observé lors d’une de nos prospections en juin 2013.
Photo : © P. Thévenin juin 2013
N
OUVELLES
BRÈVES
Le 15 janvier 2013 est sorti l’Atlas
des Amphibiens et Reptiles de
France, coédité dans la collection
Inventaires & Biodiversité des Publica-
tions scientifiques du Muséum et Bio-
tope éditions. Ce nouvel atlas des
amphibiens et reptiles de France est
le troisième réalisé par la Société Her-
pétologique de France (SHF). Le pré-
cédent atlas datant de 1989, il s'agit
donc ici d'une mise à jour très impor-
tante. Elle marque un progrès consi-
dérable des connaissances acquises
sur la répartition des amphibiens et
des reptiles de France, pendant ces
20 dernières années. Il est le fruit du
travail d’un millier de naturalistes qui a
permis de quadrupler la masse des
données collectées.
Cet ouvrage présente la distribution
d’un panel de 34 espèces d’amphi-
biens et 39 de reptiles indigènes
vivants en France métropolitaine
(Corse comprise), ainsi que 8 espè-
ces introduites par l’homme (6 am-
phibiens et 2 reptiles).
Pour chacune des espèces sont indi-
qués en plus de la carte détaillée, la
répartition globale, l’écologie et le
statut (espèce éteinte, en danger,
vulnérable, préoccupation mineure,
etc.).
L’ouvrage comprend aussi un chapitre
sur les données fossiles et la mise en
place de l’herpétofaune actuelle dans
notre pays, ainsi qu’un autre sur les
menaces qui pèsent sur les espèces
et les mesures prises pour leur
conservation.
Cependant, des données récentes ne
sont pas incluses. En effet, les outils
collaboratifs et les bases mutualisées
mis en place ces dernières années
ont augmenté de façon importante le
volume de données disponibles. On
comprend ainsi qu’il était difficilement
réalisable d’inclure des milliers de
données au fur et à mesure. Toute-
fois, saluons cette parution et ce tra-
vail conséquent qui a réuni de nom-
breux spécialistes de l'Herpétofaune.
Cet ouvrage richement illustré est
accessible à un large public. À décou-
vrir au plus vite !
Amélie Adamczyk
V
EILLE
ÉCOLOGIQUE
Le nouvel atlas des amphibiens et reptiles de France
La lettre d'O.G.E.
Ce document est réalisé par la société O.G.E. à destination de ses partenaires professionnels exclusivement.
O.G.E. – 5, boulevard de Créteil – F-94100 Saint-Maur-des-Fossés – Tél. 01 42 83 21 21 – Fax 01 42 83 92 13 – mél : contact@oge.fr
Directeur de la publication : J.-F. Asmodé – Rédaction : J.-F. Asmodé, V. Vignon, C. Jérusalem, A. Adamczyk, B. Toury.
© O.G.E., 2013 Textes et photos : tous droits de reproduction intégrale ou partielle réservés.
L
E
P
OINT
SUR
...
Listes rouges régionales des
espèces menacées
Le coup d’œil d’O.G.E. :
P4
P4P4
P4
Page 2 LES DOSSIERS D’O.G.E. : Le Paquet Vert Autoroutier de
Cofiroute (Vinci autoroutes) 2010-2013
Page 3 INITIATIVES : Conservation des forêts anciennes du Mara-
mures en Roumanie
Page 4 VEILLE ECOLOGIQUE :
Le nouvel atlas des amphibiens et reptiles de France
LE POINT SUR...
Listes rouges régionales des espèces menacées
SOMMAIRE
La lettre
de l'Office de Génie Écologique
n°24 – A
NNÉE
2013
REALISATION DE DEUX ECO-PONTS SUR LE RÉSEAU ESCOTA
En janvier 2010, la so-
ciété Escota (Vinci Au-
toroutes) a signé avec
l’Etat un avenant à son
Contrat de Concession
afin de rendre son ré-
seau plus compatible
avec les principes direc-
teurs du Grenelle de
l’Environnement et de
proposer à ses clients
une autoroute plus sûre,
plus respectueuse de
lenvironnement. Cet
avenant a débouché sur
la création du « Paquet Vert Autoroutier » (PVA) qui regroupe des
opérations liées à l’amélioration des conditions environnementales.
Les actions comprennent notamment deux passages supérieurs spé-
cifiques pour la faune : le premier sur l’A8 à Brignoles, le second sur
l’A57 dans la commune de Pignans.
En 2010, O.G.E. a été chargé des études écologiques complétant des
études antérieures alisées à la fin des années 1990. Nous avons
positionné 10 ouvrages dont deux ont été retenus pour le PVA. L’in-
sertion écologique comprend la reconstitution d’une mosaïque d’habi-
tats pour le rendre favorable à une grande diversité d’espèces telles
que des reptiles, des insectes, des carnivores, des chiroptères, des
ongulés… Les aménagements de finition ont été réalisés par un
paysagiste et un consultant, Caryl Buton. L’inauguration de ces deux
éco-ponts a eu lieu le 24 mai 2013.
Ce projet constitue un des rares exemples français de réalisation
d’ouvrages spécifiques pour la faune sur d’anciennes infrastructures
conçues avant les normes environnementales
.
Vincent Vignon
ÉDITO
LE CHANGEMENT DANS LA CONTINUITÉ
Notre société s’est dotée d’un nouveau logo plus en
adéquation avec notre temps que vous pouvez
découvrir sur la première page de
La Lettre
.
De même, nous avons refait notre site internet
www.oge.fr. Celui-ci présente mieux les différents
aspects de notre activité au service de nos clients.
Nous intervenons à différents stades d’un projet :
depuis les phases amont de choix d’un site d’im-
plantation ou de tracé, en passant par la réalisation
du volet milieu naturel de l’étude d’impact, jusqu’à
la mise en œuvre concrète selon les principes du
génie écologique et le suivi des mesures de réduc-
tion d’impact ou mesures compensatoires.
Un exemple remarquable est le travail réalisé par
O.G.E. avec la société Cofiroute pour l’autoroute
A28 et son fameux Pique-prune (Osmoderma ere-
mita). En effet, nous avons travaillé avant le chan-
tier pour trouver un tracé de moindre impact avec
les équipes de maîtrise d’œuvre, puis nous avons
assisté les opérations de transplantation des fûts
d’arbres à cavités. Ensuite, nous avons effectué le
suivi des populations du Pique-prune transplantées.
Cette année nous obtenons les dix ans de ce suivi.
Une décennie de suivi des animaux par capture
recapture ou par radiotracking pendant laquelle
nous nous sommes rendu compte des obstacles à
la dispersion des piques-prunes. Tous les ensei-
gnements ont été utilisés par le Conseil Général de
la Sarthe pour la gestion du site.
Un suivi de dix années pour un projet est excep-
tionnel en France. C’est pourquoi, nous tenons à
remercier la société Cofiroute pour la confiance
qu’elle nous a accordée au long de toutes ces an-
nées.
Je vous souhaite bonne lecture de cette 24
ème
lettre
d’O.G.E.
Jean-François Asmodé
P1
P1P1
P1
A57 Pk 136,2 - commune de Pignans
Dans le groupe Vinci Autoroutes, Cofi-
route a également signé avec l’Etat un
avenant à son Contrat de Concession
débouchant sur la création du « Paquet
Vert Autoroutier» (PVA).
Une partie des actions concerne la pré-
servation de la biodiversité. Pendant 3
années, O.G.E. a accompagné la socié-
té Cofiroute dans cette démarche.
Sur les 1100 km d’autoroutes du réseau
Cofiroute, nous nous sommes attachés à
identifier les ruptures de continuités éco-
logiques liées à l’infrastructure linéaire
différentes échelles spatiales) mais aussi
à valoriser le rôle des dépendances ver-
tes en tant que réservoirs de biodiversité
ou de continuité écologique. L’ensemble
des études réalisées a abouti à un pro-
gramme d’aménagements ambitieux
adapté aux territoires traversés.
Pour chaque partie du réseau, une ana-
lyse des continuités écologiques a été
menée à différentes échelles. Pour cela,
des groupes d’espèces de référence ont
été identifiés en fonction de leurs habi-
tats préférentiels, leur capacité de dis-
persion, leurs modes de vie… Les man-
ques en terme de perméabilité de l’in-
frastructure ont été mis en évidence pour
chacun de ces groupes, à savoir les
ongulés, la petite faune terrestre
(carnivores, reptiles, amphibiens…) mais
aussi les poissons.
Un premier ensemble de buses sèches a
été mis en place pour la petite faune
dans les mosaïques d’habitats les plus
menacées des paysages ruraux (vallées
bocagères avec prairies naturelles, ma-
res, haies structurées et lisières). Il s’agit
des vallées les plus typiques à la traver-
sée desquelles l’autoroute n’était pas ou
peu franchissable par la petite faune.
Sur le réseau Cofiroute, ce ne sont pas
moins de dix buses (ou éco-ducs) qui
ont été foncées sous l’autoroute. Le suivi
écologique, qui a débuté en 2011, a déjà
prouvé l’efficacité de ces dispositifs.
Les dépendances vertes peuvent consti-
tuer des zones refuges pour des espè-
ces menacées par la transformation des
paysages, notamment agricoles. Ces
sites peuvent alors comporter des espa-
ces naturels abritant des cortèges d’es-
pèces végétales et/ou animales de fort
intérêt patrimonial.
Les sites naturels remarquables
O.G.E. a ainsi identifié un ensemble de
sites naturels parmi lesquels 5 ont fait
l’objet d’un plan de gestion suivi d’une
gestion écologique. Nous avons recher-
ché en priorité les milieux présentant le
plus fort potentiel écologique, à savoir
les zones humides (dépressions humi-
des, zones de suintement, mares tempo-
raires, étangs…), les milieux pionniers
(éboulis calcaires, parois rocheuses), les
milieux ouverts de type pelouses calcico-
les et les landes à bruyères. Nous avons
réalisé des inventaires écologiques et
recensé les espèces rares ou protégées
à l’échelle régionale et nationale ainsi
que des habitats naturels à enjeux.
Des mesures de gestion et/ou de restau-
ration adaptées ont été proposées. Notre
société a assisté Cofiroute dans le cadre
de la réalisation des travaux de génie
écologique. Les effets positifs des mesu-
res ont été confirmés sur plusieurs sites
lors de suivis écologiques réalisés par
O.G.E. et par Théma Environnement.
Le site le plus remarquable est un vieil
étang de Sologne. Sa restauration a été
récompensée par un premier prix reçu le
4 octobre 2012 par Cofiroute et O.G.E.
de l’Institut des Routes, des Rues, des
Infrastructures pour la Mobilité.
L’étang localisé sur l’A71 (Pk162) est
dans une emprise enclavée entre une
voie ferrée et l’autoroute. Sans interven-
tion depuis 30 ans, ses berges étaient
en cours de colonisation forestière limi-
tant l’expression de la flore des ceintures
de végétation et de la faune associée.
L
ES
DOSSIERS
L
E
PAQUET
VERT
AUTOROUTIER
DE
COFIROUTE
(
VINCI
AUTOROUTES
) 2010-2013
P2
P2P2
P2
Fonçage d’une buse sous l’autoroute
Photo : Cofiroute
A71 Pk 162 - Evolution de l’étang de Sologne de 1993 à 2012 ©V. Vignon
Juin 2012 : ceintures végétales restaurées
Février 2011 : restauration des ceintures de végétation herbacées en rive
Décembre 2010 : boisement plus haut, plus dense et en progression vers l’étang
Décembre 1993 : Nous avions réalisé une première expertise des sites il y a 20 ans
Fonctionnalité écologique des empri-
ses autoroutières
La perméabilité transversale pour la
petite faune terrestre
Retrouvez nos Lettres sur le site : http://www.oge.fr
O.G.E. accompagne Vita Sylvae
Conservation (fondation présidée par
Bertrand Sicard) dans son projet de
protection des forêts anciennes du Ma-
ramures en Roumanie. Ces forêts font
l’objet de coupes rases qui sont de plus
en plus intenses depuis une dizaine
d’années. La mission d’O.G.E. est de
valider l’intérêt écologique de forêts
pressenties pour une maîtrise foncière.
Un diagnostic écologique des coléoptè-
res saproxyliques et des vertébrés a
été réalisé en juin 2013 par Nicolas
Gouix, du Conservatoire des Espaces
Naturels de Midi-Pyrénées, et Vincent
Vignon, O.G.E. Nous y avons trouvé
les structures forestières et les cortè-
ges d’espèces caractéristiques des
forêts anciennes, notamment un co-
léoptère le Ceruchus chrysomelinus,
une relique glaciaire présente en Scan-
dinavie et Pays Baltes, ponctuellement
dans les Carpates et plus rarement
dans l’Arc alpin. Cette espèce, avec
d’autres, est un marqueur de la conti-
nuité des habitats depuis la recolonisa-
tion forestière postglaciaire, il y a envi-
ron 10000 ans.
Vincent Vignon
D
OSSIERS
SUITES
...
Le patrimoine naturel y est exceptionnel
pour la Sologne. La restauration a no-
tamment consisté à refaire la bonde
pour maîtriser les niveaux d’eau, élimi-
ner les arbustes qui avaient colonisé les
végétations riveraines, ouvrir un taillis,
une lande, reprofiler des mares, etc.
(voir article p.3 de La lettre n°23).
D’autres sites ont été gérés avec des
actions portant notamment sur la limita-
tion de la colonisation forestière de pe-
louses (A10 Pk239,5 et A11 Pk41), de
prairies et parois rocheuses (A28
Pk148,5) ou de landes (A71 Pk107-
109). Il s’agit de sites au patrimoine
naturel de grand intérêt.
La biodiversité ordinaire
Des actions de gestion ont été identi-
fiées sur des milieux dits de « nature
ordinaire » mais présentant un certain
potentiel en tant que continuités écologi-
ques ou en tant que sites refuges. Deux
tronçons ont été étudiés en Beauce et
en Ile-de-France. Ce dernier, d’une di-
zaine de kilotres, a été sélectionné
sur le tronc commun A10/A11 (Pk16 à
26). Des mesures de gestion écologique
ont é propoes sur difrents types
de milieux comme la fauche des prairies
avec exportation, la réouverture de la
végétation sur des bassins autoroutiers,
la restauration de landes à bruyères...
Les résultats obtenus lors des premiè-
res années de suivi sont encourageants
et permettent de démontrer l’efficacité
des mesures mises en place. Ce projet
est réalisé en concertation avec le Parc
Naturel Régional de la Haute Vallée de
Chevreuse. Une convention de partena-
riat a été signée entre le Parc et Cofi-
route.
Christelle Jérusalem
& Vincent Vignon
P3
P3P3
P3
A71 Pk162 - Rossolis intermédiaire
A10 Pk239,5 - Azuré du Serpolet
A10 Pk41 - Pelouse calcicole
A10/A11 Pk19 - Orchis bouc
A71 Pk109 - Landes de Sologne
I
NITIATIVES
C
ONSERVATION
DES
FORÊTS
ANCIENNES
DU
M
ARAMURES
EN
R
OUMANIE
Forêt du Maramures à Rozavlea
A28 Pk148,5 - Orobanche sanglante
Retrouvez nos Lettres sur le site : http://www.oge.fr
Ceruchus chrysomelinus
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