Depuis 2006, O.G.E. assiste l’Associa-
tion de la réserve naturelle du marais de
Larchant (ARNML), le gestionnaire de la
RNR ainsi que la société SOMALA, pro-
priétaire du marais de Larchant. Suite à
la réalisation du plan de gestion en 2007
(voir Lettre N°19), notre mission depuis
lors est d’effectuer une assistance à maî-
trise d’ouvrage pour la mise en place du
plan de gestion, ainsi qu’une partie du
suivi de la faune et de la flore du marais.
Une variation du niveau d’eau unique
en Île-de-France
Le Marais de Larchant est unique par la
nature de ses niveaux d’eau. En effet, le
marais est une véritable fenêtre sur une
nappe phréatique profonde, sans doute
celle de Beauce. De ce fait, le niveau est
haut pendant quelques années (7 ans
pour la dernière montée des eaux) puis il
baisse en deux ou trois ans et reste bas
pendant quelques années, avant de re-
monter.
Une des premières actions a été relever
le niveau d’eau du marais de façon heb-
domadaire à plusieurs endroits. Ainsi en
2008, sur un des points la cote 64,60 a
été atteinte, puis le niveau a baissé pour
atteindre un niveau assez bas en 2010
(à la cote 63,30) découvrant une grande
partie du marais.
Ces variations de niveau d’eau permet-
tent de faire certaines opérations lorsque
le niveau est haut. Comme par exemple
faire flotter les fûts des peupliers dans
les canaux pour pouvoir les sortir du
marais sans abîmer les berges, comme
cela a été les cas en 2007.
La baisse du niveau des eaux permet de
faire d’autres actions comme la mise en
pâturage extensif de 32 hectares du ma-
rais avec des juments de race camar-
guaise, et des bœufs de race écossaise
High Land, de façon à lutter contre la
fermeture du marais par la pousse des
saules, qui reprennent leur croissance
lorsque le niveau est bas.
Ces variations de niveau d’eau ont aussi
un impact sur la faune et la flore du ma-
rais. Ainsi, en 2009 lors de la baisse du
niveau d’eau, il y a eu une explosion des
populations de deux libellules proté-
gées : la Leucorrhine à large queue
(Leucorrhinia caudalis) et la Leucorrhine
à gros thorax (Leucorrhinia pectoralis) ;
le niveau beaucoup plus bas de la sai-
son 2010 n’a pas permis de retrouver
ces espèces.
Des opérations de génie écologique
Une opération de réhabilitation de la
végétation de la dune fossile du Chalu-
meau, située en bordure du marais, a
été entreprise. Le but de cette opération
est de reconstituer une pelouse à Can-
che blanchâtre (Corynephorus canes-
cens). Les travaux ont eu lieu en 2008.
Le premier résultat a été la réapparition
en 2009 de la Spargoute printanière
(Spergula morisonii), espèce très rare,
qui n’avait pas été observée depuis le
XIX
ème
siècle sur le marais de Larchant.
En 2010, la pelouse à Canche blanchâ-
tre est en progression.
Un crapauduc pour les amphibiens qui
se reproduisent dans le marais est ac-
tuellement en construction sur la route
longeant le marais, opération réalisée
par la commune de Larchant et le parc
naturel régional (PNR) du Gâtinais, et
sera fonctionnel pour la saison de repro-
duction 2011.
L’éducation à la conservation des
milieux naturels
Un sentier d’interprétation ainsi qu’une
« cabane de la réserve » ont été réalisés
de façon à pouvoir accueillir les scolai-
res. En effet, l’éducation à l’environne-
ment et à la conservation du milieu natu-
rel est une des priorités de la RNR. Un
partenariat avec le PNR du Gâtinais de-
vrait permettre d’accueillir beaucoup plus
de classes dans un avenir proche.
L’accueil du public se fait sur rendez-
vous et en petits groupes de façon à
déranger le moins possible les espèces
qui fréquentent le marais. La tranquillité
du site permet aux espèces d’oiseaux
comme le Busard des roseaux (Circus
aeruginosus) ou le Blongios nain
(Ixobrychus minutus) d’y nicher.
Des réunions régulières avec les bail-
leurs de fonds de la RNR (la Région Île-
de-France, Natura 2000, l’Agence de
l’Eau Seine Normandie) ont lieu afin de
leur présenter le bilan des activités de la
Réserve.
Parmi les projets de 2011 figure la créa-
tion d’un observatoire du marais en col-
laboration avec les Universités Paris-
Sud et Paris Descartes de façon à com-
piler toutes les données connues sur le
marais. Le but de cet observatoire est
d’aider le gestionnaire dans sa prise de
décision.
Jean-François Asmodé
L
ES
DOSSIERS
R
ÉSERVE
NATURELLE
RÉGIONALE
(
RNR
)
DU
MARAIS
DE
L
ARCHANT
(77) :
Assistance à la gestion et participation aux suivis écologiques
Chasse aux insectes – école de Larchant,
juin 2009 © ARNML
Actuellement 32 ha du marais sont pâturés
de façon extensive, ici une jument de race
Camarguaise
Un aspect de la colonisation des vases
avec nombreuses rosettes de Laîches faux
souchet © O.G.E. - A. Beigenger
P
ARLONS
EN
...
ENTRETIEN AVEC : Éric BAS, spécialiste des chauves-souris
La lettre :
Nous travaillons ensemble
sur plusieurs projets. En quoi
consiste cette collaboration ?
Je réalise les inventaires de terrain des
chauves-souris à l’aide d’un détecteur
d’ultrasons pour divers projets d’infras-
tructures notamment. Il s’agit aussi de
cartographier les données : la présence
des espèces, les axes de déplace-
ments, les zones de nourrissage, les
gîtes potentiels, les sites d’essaimage,
etc. puis d’interpréter ces informations
de manière à ce que les impacts soient
limités et que des mesures compensa-
toires puissent être mises en place.
Nous travaillons donc au quotidien en
étroite collaboration avec les ingénieurs
de l’O.G.E..
La lettre :
Comment en êtes-vous
venu à étudier les chauves-souris ?
J’ai commencé à étudier les chauves -
souris il y a 25 ans en Picardie et en
région Centre avec des amis mammalo-
gistes. Nous avions en projet la réalisa-
tion d’un atlas des mammifères sauva-
ges de l’Oise. Il n’y avait que très peu
de données sur les chiroptères de Picar-
die à cette époque et nous allions de
découverte en découverte. Nous utili-
sions aussi l’un des premiers détecteurs
hétérodynes du marché.
Aujourd’hui les chiroptères m’intéres-
sent comme indicateur de biodiversité.
Certaines espèces sont liées aux vieux
peuplements forestiers et sont indicatri-
ces du degré de naturalité de la forêt.
Nous pouvons démontrer aujourd’hui
qu’en forêt, le bois mort qui est une la-
cune des forêts gérées, semble influer
sur la richesse spécifique en chiroptè-
res…
La lettre :
Pourquoi l’intérêt porté aux
chauves-souris est-il croissant ?
Dans les années 1980, les naturalistes
se sont rendu compte de l’effroyable
déclin de la plupart des espèces en Eu-
rope. L’utilisation massive de pesticides
et de certains produits de traitement des
charpentes, la destruction des haies et
des habitats ont eu un impact considé-
rable sur les populations de chauves-
souris. On a commencé à mieux les
connaître en même temps qu’on consta-
tait leur déclin. Certaines espèces me-
nacées de disparition à l’échelle de l’Eu-
rope ont été inscrites dans diverses
directives européennes visant à les pro-
téger.
La disparition des chauves-souris tradui-
sait bien la dégradation générale de
l’environnement et la pollution. Il s’agit
de prédateurs, insectivores, situés en
haut des réseaux trophiques, donc parti-
culièrement sensibles à ces paramètres.
Il est donc plus que nécessaire aujourd-
’hui de mettre tout en œuvre pour non
seulement les protéger, mais aussi pro-
téger leurs habitats. C’est là que notre
collaboration avec l’O.G.E. prend tout
son sens.
Il est temps pour nous, écologues de
terrain, de retrouver la chaleur du bu-
reau et les ordinateurs devenus nos
nouveaux bourreaux, c’est l’hiver !
Lorsqu’il nous arrive de fuir nos rapports
pour nous retrouver dehors, l’églantier
(Rosa canina et autres Rosa sp.), nous
apportent un soutien inestimable pour
affronter la rigueur du climat. En effet,
ramollis par les gelées, les cynorrho-
dons ou faux-fruits de l’églantier, sont
consommables et surtout fort apprécia-
bles avec leur goût fruité, acidulé et
fortement vitaminé (plus de vitamine C
que dans les agrumes).
La dégustation « in situ » se fait alors en
pressant délicatement le fruit entre deux
doigts, ceci suffisant à faire sortir la pul-
pe fraîche et stimulante sans les poils et
graines du centre (à réserver aux far-
ceurs), à la manière d’un tube de denti-
frice.
Ce fruit n’est bien entendu pas seule-
ment connu des écologues de terrain, il
est traditionnellement utilisé pour ses
propriétés médicinales et ses qualités
culinaires dans de nombreuses
contrées.
En Alsace par exemple, la pulpe est
utilisée pour faire une délicieuse confitu-
re ou « buttemüss » en alsacien, per-
mettant de faire le stock de vitamine C.
Pour se faire, armez vous de patience et
de gants pour la cueillette. Les fruits
sont ainsi récoltés après les premières
gelées puis mis à cuire à feux doux
dans une bassine en cuivre avec un
tiers de leur volume en pommes cou-
pées en morceaux. Cela cuira 1/2 heure
et le tout sera passé au moulin à légu-
mes une ou deux fois. La pulpe ainsi
obtenue est ensuite tamisée pour élimi-
ner les derniers poils. Enfin, le peu de
jus restant est cuit avec 750 g de sucre
par kilo jusqu’à ce que la confiture pren-
ne (cuisson rapide), puis mis en pot.
Sa dégustation quotidienne vous préser-
vera des grippes porcine, aviaire, espa-
gnole ou asiatique en renforçant vos
défenses naturelles !
Bonne dégustation !
Florian Schaller
INITIATIVES : C
YNORRHODON
, de la baie sauvage à sa transformation