La dénonciation du Zollverein à la fin de la Première Guerre mondiale imposait une
réorientation économique. En 1921 fut créée l’Union économique belgo-luxembourgeoise
(UEBL). De nombreuses petites et moyennes entreprises traditionnelles, orientées avant
la guerre vers le marché allemand, avaient de grandes difficultés à s’adapter.
Suite au départ des capitaux allemands, les usines sidérurgiques furent reprises par les
groupes à capitaux franco-belgo-luxembourgeois. Malgré le contexte de concurrence
croissante due à l’émergence de nouveaux pays producteurs, la sidérurgie luxembour-
geoise réussit à diversifier ses débouchés, à augmenter sa productivité et à accroître sa
production avant que la crise mondiale ne produise ses effets à partir de 1930.
Les années 1930 constituent une période de marasme économique, même si une embellie
passagère en 1937 fait remonter le tonnage de produits laminés à son niveau de 1929.
Pendant les années de guerre, la production d’acier ne dépassera le faible niveau de
1939 qu’au cours d’une seule année (1943).
Les variations de la production de minerai de fer reflètent les cycles de l’acier. Après
une croissance continue jusqu’en 1913, la Première Guerre mondiale apporte une baisse
importante de la production minière. La conjoncture favorable dans la sidérurgie au
cours de la deuxième moitié des années 1920 et la crise des années 1930 se répercutent
directement sur le volume de minerai extrait. En outre, le niveau global de la production
des mines de fer luxembourgeoises qui a été atteint à la veille de la Première Guerre
mondiale ne sera pas dépassé par la suite. Même la croissance importante de la production
d’acier de 1945 à 1974 ne se traduit pas par une augmentation parallèle de l’extraction
des minières.
En fait, le minerai du Luxembourg (Minett) était «pauvre» en fer et la sidérurgie recourait,
dès avant la Première Guerre mondiale, à du minerai plus «riche» provenant de France
et, après la Seconde Guerre mondiale, également du Brésil et de Suède. La part du mi-
nerai indigène consommé par l’industrie sidérurgique luxembourgeoise passa de 56%
en moyenne dans les années 1920 à 44% dans les années 1930. À partir du début des
années 1960, cette part recula de façon significative en atteignant 30% en moyenne de
1970-1974. Il s’agit d’un signe précurseur d’un mouvement qui va aboutir, en 1981,
à la fermeture de la dernière mine de fer.
En ce qui concerne le marché du travail dans l’entre-deux-guerres, la main-d’œuvre
immigrée a joué un rôle de régulation. En 1922, la part de la population étrangère –
environ 33 400 personnes – dans la population totale n’était plus que de 12,8%, contre
15,3% en 1910. Conséquence de la conjoncture relativement favorable de l’acier dans la
deuxième moitié des années 1920 et d’une nouvelle vague d’immigration, le pourcen-
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L’ÉCONOMIE LUXEMBOURGEOISE
1900 145 313
1913 1 115 004
1919 312 271
1929 2 127 282
1939 1 470 190
PRODUITS SIDÉRURGIQUES LAMINÉS (en t)
Source: Groupement des industries sidérurgiques luxembourgeoises