« Le Verbe sest fait frère »
Voici qu’approchent les jours où la Nouvelle va résonner : « Ne craignez pas, voici que je vous
annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : aujourd’hui, dans la ville
de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. » Luc 2, 10-11
Dans la nuit du monde, la nuit de notre terre, nos nuits personnelles, cette annonce de joie vient
tracer comme un chemin pour celui qui nous manifeste, en prenant chair de notre chair, la proximité
inouïe de Dieu à notre humanité.
La nuit est dense, nous le savons. A Alep, en Erythrée, en tant de lieux de notre terre. La nuit est
profonde chez nous, dans notre pays, beaucoup manquent du nécessaire pour vivre dignement.
La nuit est tenace en nous, quand la maladie, la solitude, la séparation nous coupent de la relation
nécessaire, vitale avec nos frères.
Noël serait-il une illusion ? Une parenthèse furtive et finalement désespérée cherchant à nous faire
oublier quelque peu la dureté des temps ? Nous ne pouvons nous résigner à cela. Au contraire en
nous rendant dans la nuit, ou au jour de Noël, en ces lieux avec d’autres nous allons accueillir et
célébrer cette nouvelle, nous voulons accueillir cette lumière fragile comme un don fait à nos vies et
comme une responsabilité pour la rayonner, la partager largement autour de nous.
À Noël, nous accueillons le verbe de Dieu qui se fait chair, sa parole qui s’inscrit en notre humanité.
Noël, c’est Dieu qui vient au milieu de nous, c’est Dieu qui, en son fils, vient prendre chair en chacun
de nous. Désormais, sa parole nous rejoint, sa présence nous enveloppe, sa vie prend chair en nous.
Désormais nous savons que nous sommes habités par plus grand que nous. Il nous appartient de
recueillir ce mystère, de le protéger, de le déployer. Il nous appartient aussi de le chercher pour
l’accueillir en chaque homme qui nous est donné comme un frère, parce que habité lui aussi de la
même parcelle de lumière venant de notre Dieu. Prenons en soin pour nous-mêmes, prenons en soin
pour chacun de nos frères.
Nous célébrons ce temps de Noël alors que la vie de notre Eglise locale et le chemin synodal qu’elle
parcourt actuellement se déploie. L’assemblée synodale s’est constituée avec sa première rencontre
le 10 décembre dernier, pour accueillir et reconnaître le visage de chacun, pour entrer ensemble
dans la mission qui nous est confiée : discerner, reconnaître et nous engager sur les chemins que
Dieu nous indique pour être aujourd’hui l’Eglise du Christ, l’Eglise de son fils.
Si nous sommes porteurs du Christ, de quoi avons-nous besoin pour le reconnaître, en vivre, et en
témoigner de manière plus réelle ? Accueillir le Verbe, Porter le Christ en nous, le laisser grandir, le
recevoir et l’annoncer à nos frères peut se déployer de bien des manières.
Nous sommes désormais engagés dans ce temps de discernement.
Sans préjuger de ce que nous partagerons, nous savons que l’accueil du visage de Dieu au sein de
notre humanité nous invite à nous laisser rejoindre et appeler par Celui qui fait de nous des
disciples ; à tourner notre regard vers tout visage humain pour le reconnaître comme celui d’un
frère ; nous invite aussi à une attention toute particulière à nos familles humaines, en ce temps
elles vont se rassembler, mais aussi, l’absence de tel ou tel ou les ruptures vont peser plus
durement.
Ce temps nous appelle également à élargir notre regard, à n’exclure personne, à nous rendre plus
proches aussi de ceux que la violence, la guerre, ou les conditions de vie ont jetés sur les routes de
l’exil.
Noël nous ouvre de manière dense et profonde à la proximité de notre Dieu que l’enfant de
Bethléem, peu à peu va nous apprendre à nommer Père. Noël nous ouvre aussi à une relation à
l’autre, quel qu’il soit, comme à ce frère aimé du Père, et avec lequel je suis invité à parcourir un
chemin d’humanité et de fraternité.
A Noël, Le Verbe s’est fait chair. Le verbe s’est fait frère.
Ce jour inaugure l’aube d’un temps nouveau.
Que cette douce lumière nous rejoigne et nous donne d’accueillir le don qui nous est fait ; qu’elle
nous accompagne aussi sur le chemin à parcourir à la rencontre de tout homme, de tout frère.
+ François Fonlupt
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