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LaTechnique Betteravière
L
A BETTERAVE
sucrière a des spéci-
ficités propres qui exigent une
grande rigueur dans la gestion de
la fertilisation azotée. La productivité
est affectée autant par une dose exces-
sive que par une sous-fertilisation.
L’optimisation de la production et de la
qualité technologique est conditionnée
par une bonne adéquation entre l’offre
en azote et les besoins de la culture.
Les besoins en azote issus de
l’engrais, moindres que ceux prove-
nant de la minéralisation de l’humus,
devront être positionnés lorsque la dis-
ponibilité dans le sol est plus limitée.
L'engrais doit être appor
lorsque les ressources du sol
sont peu disponibles
L'azote absorbé par les betteraves pro-
vient principalement de 2 sources : la
minéralisation de l'humus du sol et l'en-
grais. Des études menées par l'ITB ont
montré que 2/3 des besoins des plantes
proviennent des ressources du sol et 1/3
seulement du complément minéral. L'en-
grais devra être apporté lorsque les
besoins sont mal couverts par la minérali-
sation de l'humus. Ces besoins sont sché-
matisés figure 1. Les cinétiques
d’absorption de l’azote montrent
que 70 % des besoins totaux de
la betterave sont prélevés entre
fin mai et mi-juillet. Or la miné-
ralisation du sol est activée par
les fortes températures qui sont
parfois limitantes en mai et juin
dans les conditions climatiques
des régions betteravières. C'est
donc à cette période que l'en-
grais doit compenser les faibles
disponibilités dans le sol.
Une surfertilisation
est toujours pénalisante
Des expérimentations récentes
sur les relations entre l'alimen-
tation azotée et la croissance
démontrent l'effet négatif d'une
surfertilisation azotée. Un essai
mené dans la Marne en 2002, en
partenariat avec l'INRA de Laon,
illustre ce phénomène (figure 2). On
constate que des doses croissantes
d'azote augmentent significativement
la biomasse des feuilles par multipli-
cation des couronnes foliaires. Par
contre, la biomasse des racines reste
quasiment stable. En présence d'une
surfertilisation azotée, la croissance
foliaire domine donc et se fait au détri-
ment de la croissance racinaire. Par
ailleurs, l'azote en excès dans les feuilles
est redistribué tardivement dans les
racines et contribue à dégrader la qualité
technologique.
Les essais vont tous dans le même sens,
parmi les plus récents, 3 essais menés en
2001 et 2002 (figure 3) ont fait l'objet de
mesures du ratio racines/feuilles au cours
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n° 818 - 10 février 2004
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La fertilisation azotée
Le Betteravier français - n° 818 - 10 février 2004
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La rubrique "La Technique betteravière" est rédigée par l’ITB - Reproduction interdite sans autorisation de l’éditeur
INSTITUT TECHNIQUE DE LA BETTERAVE - 45, rue de Naples - 75008 Paris - Tél : 01.42.93.13.38 - Fax : 01.42.93.22.84 - www.itbfr.org
Président, Luc DÉMAZURE - Vice-président, François LORANT - Directeur Général, Eric CHOPPIN de JANVRY - Directeur Technique, Marc RICHARD-MOLARD
Figure 1 - L’azote consommé par la plante provient essentiellement de l’engrais jusqu’en juin puis les ressources du sol
prennent le relais lorsque les conditions climatiques sont favorables.
Figure 2
Courbes
d’évolution
de la biomasse
des feuilles
(à gauche)
et des racines
(à droite).
Les doses d’azote
croissantes
ont un effet
significatif sur
la croissance
des feuilles qu’on
ne retrouve pas
pour les racines.
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Le Betteravier français - n° 818 - 10 février 2004
LaTechnique Betteravière
du temps pour différentes doses d'engrais
azoté appliqué. On constate systémati-
quement des ratios sensiblement équi-
valents jusqu'au stade couverture, quelle
que soit la dose d'azote appliquée. En
revanche, pour des stades plus avan-
cés, l'écart se creuse de plus en plus dans
le sens d'une diminution du ratio
racines/feuilles lorsque la dose d'en-
grais augmente. Une surfertilisation azo-
tée profitera donc essentiellement à la
croissance des feuilles. Il ne faut pas
non plus négliger la perte de richesse en
sucre provoquée par des doses exces-
sives. Le surplus d'engrais a donc plu-
sieurs effets négatifs.
Les réseaux azote de l'ITB ont d'ailleurs
montré que, dans 83 % des cas, une dose
conseillée par la méthode du bilan enri-
chie de 40 kg/ha d'azote supplémentaire
n'augmente pas le rendement sucre des
betteraves, voire le pénalise.
Comment optimiser
son apport d'engrais ?
Les résultats du paragraphe précédent
montrent l'intérêt d'ajuster au mieux la
dose d'engrais apporté. Une dose trop
faible pouvant provoquer une perte de
rendement et une dose trop élevée une
perte de richesse non compensée par une
augmentation du poids de racines, sans
compter les nuisances environnemen-
tales. La première précaution à prendre,
admise aujourd'hui par la majorité des
agriculteurs, est d'appliquer la méthode
du bilan prévisionnel établie par l'INRA.
Pour cela, une description précise des
parcelles, avec en particulier une mesure
du reliquat d'azote en sortie d'hiver,
garantira un conseil de dose le plus juste
possible. La difficulté réside ensuite dans
l'efficacité de l'apport d'engrais défini par
le Coefficient Réel d'Utilisation de l'en-
grais (CRU). Ce coefficient d'azote pris en
compte dans la méthode du bilan est
en moyenne de 67 %. Mais il est très
dépendant des conditions pédo-cli-
matiques lors de l'application de l'en-
grais et du produit choisi. Les fac-
teurs de risques liés à la volatilisation
sont particulièrement marqués en
présence de vent et de pH élevés
(craie et sols calcaires). Ainsi, même
si le CRU est en moyenne de 67 %, il
peut varier de 30 à 80 %. La seule
méthode qui garantit un CRU élevé
est l'enfouissement localisé de
l'azote, avec une efficacité moyenne
de 78 % et pour laquelle la variabilité
est très faible. C'est pour cette raison
que des réductions de doses sont
possibles en localisation. Dans
l'exemple de la figure 4, des besoins
pour la culture à hauteur de
220 kg/ha d'azote sont couverts pour
2/3 par les ressources du sol et le
tiers restant est fourni par une quan-
tité d'engrais différente selon la
méthode d'application. La localisa-
tion autorise à faire une réduction
de 25 unités d'azote grâce à une
meilleure utilisation de l'engrais,
aboutissant à un gain économique et
environnemental non négligeable.
La localisation de l’azote
au semis, intérêts pratiques
et résultats expérimentaux
Comme nous l’avons vu dans le para-
graphe précédent, l’enfouissement loca-
lisé permet une augmentation du taux
d’utilisation de l’azote apporté par
l’engrais. Des réductions de doses
d’engrais sont alors possibles et les nui-
sances environnementales liées aux
pertes par volatilisation sont limitées.
Pour l’utilisateur, cette méthode amène
des intérêts pratiques non négligeables,
comme la suppression du jalonnage. On
supprime aussi les marquages de roues
réalisées sur le sol par le passage du pul-
vérisateur. De ce fait, l’équipement est
particulièrement adapté à des situations
de préparation d’automne en terres argi-
leuses. Par ailleurs, il n’y a pas de risque
de recouvrement dans les bandes de rac-
cord de semoir et la végétation est tou-
jours très régulière en développement et
coloration lorsque l’azote a été apporté en
localisé. L’intérêt de la localisation est
démontré également en parcelles pré-
sentant une infestation de nématodes,
grâce à une meilleure alimentation en
début de croissance et une couverture
plus rapide. On peut alors pallier au
manque d’enracinement de la plante.
L’enfouissement localisé de l’azote peut
être particulièrement intéressant dans
des parcelles en non-labour avec de nom-
breux résidus au sol. En effet, les micro-
organismes qui dégradent les résidus
consomment de l’azote pour permettre
cette dégradation. Une application
d’azote positionnée à proximité des radi-
celles de la plantule de betterave permet-
tra d’éviter les effets concurrentiels avec
ces micro-organismes.
Figure 4 - Calcul des doses d’engrais azoté à apporter pour un besoin moyen de la culture de 220 kg/ha selon que l’appli-
cation est généralisée ou localisée. Le sol fournit les 2/3 des besoins et l’apport localisé permet une réduction de 25
unités.
Figure 3 - Ratio racines/feuilles à différentes dates et pour des doses d’azote croissantes. Il diminue lorsque la
quantité d’engrais apporté augmente en raison d’une surproduction de feuilles par rapport aux racines.
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Une synthèse d’expérimentations
conduites à l’ITB depuis 1996, soit 45
essais, montre qu’un apport d’azote loca-
lisé à la dose conseillée permet un gain
moyen de rendement sucre de l’ordre de
3 % par rapport à une application géné-
ralisée. Par contre, le SM/pol est supé-
rieur de 3 % en raison d’une augmentation
de la teneur en azote alpha-aminé dans
les betteraves récoltées (figure 5). Une
réduction de la dose d’engrais de 20 kg/ha
(DC-20) annule l’effet dépressif sur la
qualité technologique et maintient un
bon rendement (+ 1 % par rapport à la
DC généralisée). Le rendement sucre
est maintenu, même à la dose DC-40
dans la majorité des situations.
Probeta, les résultats
de 3 années d'expérimentation
Effet vert significatif du Probeta® (en haut) comparé à l’ammonitrate (en bas). Obser-
vation au 07/06/2002 sur l’essai de Baigneaux (45).
Figure 5 - Synthèse de résultats expérimentaux ITB.
Figure 6
Figure 7
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