ETTERAVE AB IQUE DE L HN TITUT TEC INS I B ■La Technique B etteravière n° 818 - 10 février 2004 L'ITB sur internet : www.itbfr.org • L'information en temps réel ! • Les Avis de traitement Les notes d'information • Les actualités régionales au quotidien en photos ! • Un moteur de recherche sur la documentation ! La fertilisation azotée A BETTERAVE sucrière a des spécificités propres qui exigent une grande rigueur dans la gestion de la fertilisation azotée. La productivité est affectée autant par une dose excessive que par une sous-fertilisation. L’optimisation de la production et de la qualité technologique est conditionnée par une bonne adéquation entre l’offre en azote et les besoins de la culture. Les besoins en azote issus de l’engrais, moindres que ceux provenant de la minéralisation de l’humus, devront être positionnés lorsque la disponibilité dans le sol est plus limitée. L L'engrais doit être apporté lorsque les ressources du sol sont peu disponibles L'azote absorbé par les betteraves provient principalement de 2 sources : la minéralisation de l'humus du sol et l'engrais. Des études menées par l'ITB ont montré que 2/3 des besoins des plantes proviennent des ressources du sol et 1/3 seulement du complément minéral. L'engrais devra être apporté lorsque les besoins sont mal couverts par la minéralisation de l'humus. Ces besoins sont sché- matisés figure 1. Les cinétiques d’absorption de l’azote montrent que 70 % des besoins totaux de la betterave sont prélevés entre fin mai et mi-juillet. Or la minéralisation du sol est activée par les fortes températures qui sont parfois limitantes en mai et juin dans les conditions climatiques des régions betteravières. C'est donc à cette période que l'engrais doit compenser les faibles disponibilités dans le sol. Une surfertilisation est toujours pénalisante Des expérimentations récentes sur les relations entre l'alimentation azotée et la croissance démontrent l'effet négatif d'une surfertilisation azotée. Un essai Figure 1 - L’azote consommé par la plante provient essentiellement de l’engrais jusqu’en juin puis les ressources du sol mené dans la Marne en 2002, en prennent le relais lorsque les conditions climatiques sont favorables. partenariat avec l'INRA de Laon, illustre ce phénomène (figure 2). On quasiment stable. En présence d'une racines et contribue à dégrader la qualité constate que des doses croissantes surfertilisation azotée, la croissance technologique. d'azote augmentent significativement foliaire domine donc et se fait au détri- Les essais vont tous dans le même sens, la biomasse des feuilles par multipli- ment de la croissance racinaire. Par parmi les plus récents, 3 essais menés en cation des couronnes foliaires. Par ailleurs, l'azote en excès dans les feuilles 2001 et 2002 (figure 3) ont fait l'objet de contre, la biomasse des racines reste est redistribué tardivement dans les mesures du ratio racines/feuilles au cours Figure 2 Courbes d’évolution de la biomasse des feuilles (à gauche) et des racines (à droite). Les doses d’azote croissantes ont un effet significatif sur la croissance des feuilles qu’on ne retrouve pas pour les racines. La rubrique "La Technique betteravière" est rédigée par l’ITB - Reproduction interdite sans autorisation de l’éditeur INSTITUT TECHNIQUE DE LA BETTERAVE - 45, rue de Naples - 75008 Paris - Tél : 01.42.93.13.38 - Fax : 01.42.93.22.84 - www.itbfr.org Président, Luc DÉMAZURE - Vice-président, François LORANT - Directeur Général, Eric CHOPPIN de JANVRY - Directeur Technique, Marc RICHARD-MOLARD Le Betteravier français - n° 818 - 10 février 2004 15 La Technique B etteravière ■ du temps pour différentes doses d'engrais azoté appliqué. On constate systématiquement des ratios sensiblement équivalents jusqu'au stade couverture, quelle que soit la dose d'azote appliquée. En revanche, pour des stades plus avancés, l'écart se creuse de plus en plus dans le sens d'une diminution du ratio racines/feuilles lorsque la dose d'engrais augmente. Une surfertilisation azotée profitera donc essentiellement à la croissance des feuilles. Il ne faut pas non plus négliger la perte de richesse en sucre provoquée par des doses excessives. Le surplus d'engrais a donc plusieurs effets négatifs. Les réseaux azote de l'ITB ont d'ailleurs montré que, dans 83 % des cas, une dose conseillée par la méthode du bilan enrichie de 40 kg/ha d'azote supplémentaire n'augmente pas le rendement sucre des betteraves, voire le pénalise. Comment optimiser son apport d'engrais ? Les résultats du paragraphe précédent montrent l'intérêt d'ajuster au mieux la dose d'engrais apporté. Une dose trop faible pouvant provoquer une perte de rendement et une dose trop élevée une perte de richesse non compensée par une augmentation du poids de racines, sans compter les nuisances environnementales. La première précaution à prendre, admise aujourd'hui par la majorité des agriculteurs, est d'appliquer la méthode du bilan prévisionnel établie par l'INRA. Pour cela, une description précise des parcelles, avec en particulier une mesure du reliquat d'azote en sortie d'hiver, garantira un conseil de dose le plus juste possible. La difficulté réside ensuite dans l'efficacité de l'apport d'engrais défini par le Coefficient Réel d'Utilisation de l'engrais (CRU). Ce coefficient d'azote pris en compte dans la méthode du bilan est en moyenne de 67 %. Mais il est très dépendant des conditions pédo-climatiques lors de l'application de l'engrais et du produit choisi. Les facteurs de risques liés à la volatilisation sont particulièrement marqués en présence de vent et de pH élevés (craie et sols calcaires). Ainsi, même si le CRU est en moyenne de 67 %, il peut varier de 30 à 80 %. La seule méthode qui garantit un CRU élevé est l'enfouissement localisé de l'azote, avec une efficacité moyenne de 78 % et pour laquelle la variabilité est très faible. C'est pour cette raison que des réductions de doses sont possibles en localisation. Dans l'exemple de la figure 4, des besoins pour la culture à hauteur de 220 kg/ha d'azote sont couverts pour 2/3 par les ressources du sol et le tiers restant est fourni par une quantité d'engrais différente selon la méthode d'application. La localisation autorise à faire une réduction de 25 unités d'azote grâce à une meilleure utilisation de l'engrais, aboutissant à un gain économique et environnemental non négligeable. Figure 3 - Ratio racines/feuilles à différentes dates et pour des doses d’azote croissantes. Il diminue lorsque la quantité d’engrais apporté augmente en raison d’une surproduction de feuilles par rapport aux racines. La localisation de l’azote au semis, intérêts pratiques et résultats expérimentaux Comme nous l’avons vu dans le paragraphe précédent, l’enfouissement localisé permet une augmentation du taux d’utilisation de l’azote apporté par l’engrais. Des réductions de doses d’engrais sont alors possibles et les nuisances environnementales liées aux pertes par volatilisation sont limitées. Pour l’utilisateur, cette méthode amène des intérêts pratiques non négligeables, comme la suppression du jalonnage. On supprime aussi les marquages de roues réalisées sur le sol par le passage du pulvérisateur. De ce fait, l’équipement est particulièrement adapté à des situations de préparation d’automne en terres argileuses. Par ailleurs, il n’y a pas de risque de recouvrement dans les bandes de raccord de semoir et la végétation est toujours très régulière en développement et coloration lorsque l’azote a été apporté en localisé. L’intérêt de la localisation est démontré également en parcelles présentant une infestation de nématodes, grâce à une meilleure alimentation en Figure 4 - Calcul des doses d’engrais azoté à apporter pour un besoin moyen de la culture de 220 kg/ha selon que l’application est généralisée ou localisée. Le sol fournit les 2/3 des besoins et l’apport localisé permet une réduction de 25 unités. 16 Le Betteravier français - n° 818 - 10 février 2004 début de croissance et une couverture plus rapide. On peut alors pallier au manque d’enracinement de la plante. L’enfouissement localisé de l’azote peut être particulièrement intéressant dans des parcelles en non-labour avec de nombreux résidus au sol. En effet, les microorganismes qui dégradent les résidus consomment de l’azote pour permettre cette dégradation. Une application d’azote positionnée à proximité des radicelles de la plantule de betterave permettra d’éviter les effets concurrentiels avec ces micro-organismes. TITUT TEC INS ETTERAVE AB IQUE DE L HN I B Figure 5 - Synthèse de résultats expérimentaux ITB. Figure 6 Une synthèse d’expérimentations conduites à l’ITB depuis 1996, soit 45 essais, montre qu’un apport d’azote localisé à la dose conseillée permet un gain moyen de rendement sucre de l’ordre de 3 % par rapport à une application généralisée. Par contre, le SM/pol est supérieur de 3 % en raison d’une augmentation de la teneur en azote alpha-aminé dans les betteraves récoltées (figure 5). Une réduction de la dose d’engrais de 20 kg/ha (DC-20) annule l’effet dépressif sur la Figure 7 qualité technologique et maintient un bon rendement (+ 1 % par rapport à la DC généralisée). Le rendement sucre est maintenu, même à la dose DC-40 dans la majorité des situations. Probeta, les résultats de 3 années d'expérimentation Effet vert significatif du Probeta® (en haut) comparé à l’ammonitrate (en bas). Observation au 07/06/2002 sur l’essai de Baigneaux (45). Le Betteravier français - n° 818 - 10 février 2004 17