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Le Betteravier français - n° 818 - 10 février 2004
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LaTechnique Betteravière
du temps pour différentes doses d'engrais
azoté appliqué. On constate systémati-
quement des ratios sensiblement équi-
valents jusqu'au stade couverture, quelle
que soit la dose d'azote appliquée. En
revanche, pour des stades plus avan-
cés, l'écart se creuse de plus en plus dans
le sens d'une diminution du ratio
racines/feuilles lorsque la dose d'en-
grais augmente. Une surfertilisation azo-
tée profitera donc essentiellement à la
croissance des feuilles. Il ne faut pas
non plus négliger la perte de richesse en
sucre provoquée par des doses exces-
sives. Le surplus d'engrais a donc plu-
sieurs effets négatifs.
Les réseaux azote de l'ITB ont d'ailleurs
montré que, dans 83 % des cas, une dose
conseillée par la méthode du bilan enri-
chie de 40 kg/ha d'azote supplémentaire
n'augmente pas le rendement sucre des
betteraves, voire le pénalise.
Comment optimiser
son apport d'engrais ?
Les résultats du paragraphe précédent
montrent l'intérêt d'ajuster au mieux la
dose d'engrais apporté. Une dose trop
faible pouvant provoquer une perte de
rendement et une dose trop élevée une
perte de richesse non compensée par une
augmentation du poids de racines, sans
compter les nuisances environnemen-
tales. La première précaution à prendre,
admise aujourd'hui par la majorité des
agriculteurs, est d'appliquer la méthode
du bilan prévisionnel établie par l'INRA.
Pour cela, une description précise des
parcelles, avec en particulier une mesure
du reliquat d'azote en sortie d'hiver,
garantira un conseil de dose le plus juste
possible. La difficulté réside ensuite dans
l'efficacité de l'apport d'engrais défini par
le Coefficient Réel d'Utilisation de l'en-
grais (CRU). Ce coefficient d'azote pris en
compte dans la méthode du bilan est
en moyenne de 67 %. Mais il est très
dépendant des conditions pédo-cli-
matiques lors de l'application de l'en-
grais et du produit choisi. Les fac-
teurs de risques liés à la volatilisation
sont particulièrement marqués en
présence de vent et de pH élevés
(craie et sols calcaires). Ainsi, même
si le CRU est en moyenne de 67 %, il
peut varier de 30 à 80 %. La seule
méthode qui garantit un CRU élevé
est l'enfouissement localisé de
l'azote, avec une efficacité moyenne
de 78 % et pour laquelle la variabilité
est très faible. C'est pour cette raison
que des réductions de doses sont
possibles en localisation. Dans
l'exemple de la figure 4, des besoins
pour la culture à hauteur de
220 kg/ha d'azote sont couverts pour
2/3 par les ressources du sol et le
tiers restant est fourni par une quan-
tité d'engrais différente selon la
méthode d'application. La localisa-
tion autorise à faire une réduction
de 25 unités d'azote grâce à une
meilleure utilisation de l'engrais,
aboutissant à un gain économique et
environnemental non négligeable.
La localisation de l’azote
au semis, intérêts pratiques
et résultats expérimentaux
Comme nous l’avons vu dans le para-
graphe précédent, l’enfouissement loca-
lisé permet une augmentation du taux
d’utilisation de l’azote apporté par
l’engrais. Des réductions de doses
d’engrais sont alors possibles et les nui-
sances environnementales liées aux
pertes par volatilisation sont limitées.
Pour l’utilisateur, cette méthode amène
des intérêts pratiques non négligeables,
comme la suppression du jalonnage. On
supprime aussi les marquages de roues
réalisées sur le sol par le passage du pul-
vérisateur. De ce fait, l’équipement est
particulièrement adapté à des situations
de préparation d’automne en terres argi-
leuses. Par ailleurs, il n’y a pas de risque
de recouvrement dans les bandes de rac-
cord de semoir et la végétation est tou-
jours très régulière en développement et
coloration lorsque l’azote a été apporté en
localisé. L’intérêt de la localisation est
démontré également en parcelles pré-
sentant une infestation de nématodes,
grâce à une meilleure alimentation en
début de croissance et une couverture
plus rapide. On peut alors pallier au
manque d’enracinement de la plante.
L’enfouissement localisé de l’azote peut
être particulièrement intéressant dans
des parcelles en non-labour avec de nom-
breux résidus au sol. En effet, les micro-
organismes qui dégradent les résidus
consomment de l’azote pour permettre
cette dégradation. Une application
d’azote positionnée à proximité des radi-
celles de la plantule de betterave permet-
tra d’éviter les effets concurrentiels avec
ces micro-organismes.
Figure 4 - Calcul des doses d’engrais azoté à apporter pour un besoin moyen de la culture de 220 kg/ha selon que l’appli-
cation est généralisée ou localisée. Le sol fournit les 2/3 des besoins et l’apport localisé permet une réduction de 25
unités.
Figure 3 - Ratio racines/feuilles à différentes dates et pour des doses d’azote croissantes. Il diminue lorsque la
quantité d’engrais apporté augmente en raison d’une surproduction de feuilles par rapport aux racines.