Trois-Rivières, 23 septembre 2007 TITRE DU MÉMOIRE : « L’enseignement de la philosophie dès le primaire et le secondaire » Messieurs les Commissaires, Mesdames et Messieurs membres du Comité, Je vous remercie de recevoir avec intérêt mon témoignage et mon espérance. Je me présente à vous comme autodidacte qui cherche la vérité de cette existence, et de certaines situations de la vie; j’essaie surtout de ne jamais m’en lasser. Mon témoignage Il y a à peine quelques années, j’ai réalisé que je n’avais probablement jamais eu la foi; celle-ci étant une grâce accordée de Dieu, ce dernier m’avait ignoré. Très jeune, j’ai cherché à comprendre les dogmes de la très Sainte Église Catholique Romaine tout en cherchant à comprendre le mystère de la vie et de la mort. Il n’y avait rien d’exceptionnel dans cette démarche : tous les humains, selon leur contexte personnel, en font autant. Mais imaginez le mien : • À 7 ans, je ne savais pas encore comment les bébés se faisaient et l’on m’enseignait l’Immaculée Conception! • Du fait même d’être venu au monde, on m’annonçait que j’avais commis là le péché originel et que mon baptême avait lavé cette faute immonde! • Tous les péchés véniels et mortels que j’ai confessés à maintes reprises m’ont finalement condamné au feu éternel; cependant, un jour, je m’en suis donné l’absolution à vie. C’est ainsi que, las d’être coupable de tout, j’ai abdiqué de cette religion, et perdu la foi. Depuis, je me suis donné le droit de ne plus pécher, d’aimer chaque être et d’apprécier chaque chose. Rendu adulte, j’ai effectivement réalisé qu’on avait profité de mon enfance pour me tenir dans l’ignorance, m’endoctriner d’une « Vérité absolue », et me culpabiliser de toutes « mauvaises » pensées. J’ai réalisé aussi que toutes les religions possèdent « La Vérité » et donc, que toutes les religions nous mentent, pas méchamment, mais assurément. 1 Il est heureux qu’enfin, (septembre 2008), toutes les religions du monde et du Québec trouveront à l’extérieur des écoles publiques leur enseignement doctrinal. Il est temps que notre système d’instruction publique enseigne à nos enfants, très jeune, la nécessité du vivre ensemble dans le respect, en dehors des croyances religieuses. Mais il faudrait plus et c’est là mon espérance. Mon espérance Ce n’est pas la foi religieuse qui a fait de moi un citoyen respectueux des autres (enfin, j’essaie quotidiennement); c’est la recherche perpétuelle de la vérité de ce qui est. Et celle-ci n’est jamais finie. Le matin que mon journal local m’a rapporté les décisions réglementaires de la municipalité d’Hérouxville, j’ai d’abord vérifié si nous étions le 1er avril : j’ai presque ri aux larmes, croyant à un bon canular. Mais quelques minutes plus tard, je ne riais plus. En quelques secondes, j’ai repensé à ces autocrates que le siècle dernier nous avait imposés, et qui avaient créé toutes ces guerres raciales et économiques qui ont laminé des dizaines de millions de personnes, femmes et enfants. Le fameux « JAMAIS PLUS » avait encore été oublié ou plutôt, ignoré par nos élites dirigeantes. Un code de vie municipale voyait le jour pour dire à tous : « les personnes différentes de nous autres ne sont pas acceptées chez-nous. » C’était là pour moi une position aussi dangereuse à la préservation de la paix sociale qu’une allumette bien en feu tout près d’un baril de poudre. J’ai cherché à comprendre comment se pouvait-il qu’en 2007 une telle déclaration aussi explosive et irrespectueuse des lois du pays et de la province, pouvait s’écrire et s’adopter par une municipalité du Québec? Ma conclusion fut celle-ci : « Cette déclaration par des édiles municipaux est la preuve par l’absurde de la nécessité de parfaire notre système d’instruction publique. » Ce n’est pas parce qu’on crée d’excellents avocats, ingénieurs, médecins ou techniciens de tout genre qu’on a un peuple cultivé. Québécois de la révolution tranquille, nous manquons tristement de culture historique, philosophique et scientifique pour édicter un tel écrit sans profondeur humaine et raisonnable. L’émotion a pris le pas sur la raison et l’équilibre de nos deux dimensions humaines a été rompu. 2 Je le répète; il est heureux que l’enseignement religieux soit maintenant de la responsabilité des religions. Toutefois, cet espace scolaire doit impérieusement être remplacé par l’enseignement de la philosophie dès le primaire, afin que, très tôt dans leur apprentissage de socialisation, les futurs adultes du Québec sachent bien penser par eux-mêmes, au-delà de toutes croyances préétablies, et qu’ils reconnaissent en chacun les valeurs de la charte Québécoise des droits et libertés de la personne. La liberté a ses limites certes, mais la justice, elle, n’en a pas. Je pense sincèrement que l’enseignement de la philosophie (c’est-à-dire une recherche de sagesse et de capacité de penser par nous-mêmes) doit se faire dans les écoles dès le primaire, mais que tout enseignement religieux (leur histoire et leurs dogmes) doit se faire dans leur lieu respectif, par leurs autorités respectives. Rendu à l’âge de l’adolescence avancée (18 ans et plus), le futur adulte pourra ainsi mieux choisir, s’il le désire, son allégeance à une religion quelconque, et parfaire ses connaissances acquises par les études collégiales et même universitaires. Je pense sincèrement qu’il y va de notre paix sociale et de notre humanité. Cette solution à la crise d’aujourd’hui n’est pas ma trouvaille; elle est une solution d’avenir c’està-dire qu’il faut semer maintenant dans l’esprit de nos futurs citoyens que, la vérité n’est jamais trouvée une fois pour toute, et que seuls la rencontre et le dialogue respectueux entre gens matures favorisent la paix et l’harmonie civiles. L’enseignement de la philosophie à notre jeunesse dès sa tendre enfance forgera des gens qui sauront penser cette quiétude et ce respect mutuel autrement que par les guerres. Il est faux de prétendre qu’il faut préparer la guerre pour avoir la paix; c’est exactement le contraire nous a bien rappelé Théodore Monod parmi tant d’autres : il faut préparer la paix pour avoir la paix. Cette Commission aura ainsi été le début d’un temps nouveau, et le Québec deviendra, comme d’autres nations, un coin de pays où la vie ici-bas trouve un sens altruiste et humanitaire dans ce quotidien à assumer. Si nos enfants sont notre avenir comme nous le voulons, sachons donc les instruire adéquatement dès leur enfance; il y va de notre qualité de vie à tous. Le mystère de la vie et de la mort est immense et sa résolution risque d’être éternel. Concentronsnous donc sur un sens à celui-ci, qui l’harmonisera respectueusement, et … quotidiennement. Je vous remercie de votre bonne attention. François Champoux, Trois-Rivières. 3