La «menace islamique

LeTemps.ch | De la Guerre froide au djihad, Portes ouvertes préserve les chrétiens
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religion Vendredi 20 septembre 2013
La «menace islamique»
islamique», cheval de bataille de l’
l’ONG
évangélique Portes Ouvertes
Par Céline Zünd
Créée dans les années 1950 pour envoyer des bibles aux chrétiens derrière le
Rideau de fer, l’
l’organisation évangélique Portes Ouvertes s’
s’inquiète
aujourd’
aujourd’hui du destin des minorités chrétiennes dans les pays musulmans
Yattara Mohamed Ag Mossa, dit pasteur Bouya, n’a pas assez de mots pour louer l’intervention
militaire française qui a mis fin à l’offensive djihadiste au Mali, au début de l’année: «Dieu nous a
envoyé François Hollande pour exaucer nos prières et nous libérer des extrémistes», affirme ce chef
d’une église évangélique de Tombouctou.
Le pasteur Bouya était l’invité jeudi de la section suisse de l’ONG évangélique Portes ouvertes, à
Romanel-sur-lausanne, aux côtés du journaliste nigérien Illia Djadi. Tous deux se faisaient l’écho
d’une préoccupation lancinante au sein de la communauté chrétienne: le sort de ses minorités dans
les pays musulmans.
Au Mali, la cohabitation entre groupes religieux «n’était pas un problème», souligne le pasteur, vêtu
d’une longue toge bleue. «D’ailleurs, nous organisions des campagnes d’évangélisation en plein air.»
Jusqu’à ce que les rebelles touareg et leurs alliés islamistes s’emparent du nord du pays. Le 1er avril
2012, les combattants salafistes d’Ansar Dine entrent dans Tombouctou. Le pasteur et ses 100 fidèles
prennent alors la fuite. «Si on était restés, ils nous auraient égorgés», affirme Yattara Mohamed Ag
Mossa. Depuis que les forces militaires franco-maliennes ont chassé les djihadistes, la communauté
chrétienne respire. «Tombouctou est appelée la ville des 333 saints. Le président français est le
334e», déclare le pasteur Bouya.
Le Mali n’est pas la seule préoccupation de Portes ouvertes. L’ONG, basée en Hollande et présente
dans 20 pays dont la Suisse, publie chaque année depuis 1997 un «index mondial de persécution» des
chrétiens. «Nous constatons une forte progression des menaces islamistes violentes en Afrique»,
souligne son porte-parole, Raymond Favre.
Créée en 1955, en plein climat de Guerre froide, pour venir en aide aux chrétiens «persécutés derrière
le Rideau de fer», l’ONG Portes ouvertes a peu à peu déplacé son attention des pays communistes vers
le monde musulman. La Corée du Nord figure encore au premier rang de son index de mauvais
traitements. Mais le destin des chrétiens en Afrique du Nord et au Moyen-Orient est désormais lui
aussi au premier plan, observe Jean-François Mayer, directeur de l’Institut Religioscope: «Nul doute
que les échos de l’actualité des dernières années sur ces régions y contribuent, avec le sentiment que
les chrétiens ne bénéficient pas, dans certaines parties du monde, de la liberté religieuse dont
jouissent ici les minorités musulmanes.»
A la peur du «péril rouge» s’est peu à peu substituée celle de «l’islamisation». «Portes ouvertes,
comme toute ONG, a besoin de fonds et l’islam est un thème porteur auprès de ses donateurs,
essentiellement protestants et évangéliques», souligne Christophe Monnot, de l’Institut de sciences
sociales des religions contemporaines (ISSRC) à Lausanne.
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«Nous ne voulons pas combattre l’islam, ni faire du prosélytisme, affirme le directeur de
l’organisation, Eric Lecomte, ancien cadre chez Nestlé. Nous venons en aide aux chrétiens en
difficulté.» Chaque année, la filiale suisse de l’organisation récolte 4,5 millions de francs sous forme
de dons, qu’elle emploie essentiellement pour distribuer des bibles et de l’aide au sein de
communautés chrétiennes établies dans une cinquantaine de pays.
© 2013 Le Temps SA
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