3
I - L’immunothérapie aujourd’hui
A-
Qu'est-ce que l'immunologie et les pathologies concernées ?
Il est difficile de parler d'immunothérapie sans parler auparavant du système immunitaire. Le
système immunitaire est un système complexe composé de tissus, d'organes, de cellules (moelle
osseuse, thymus, ganglions, globules blancs...) et de molécules (anticorps
1
, cytokines
2
…)
chargés de défendre notre organisme contre les nombreux agents étrangers qui peuvent
l'agresser. Ces agents sont principalement des microbes (bactéries, virus ou levures), des
parasites et plus généralement toutes substances nocives qui auraient pu pénétrer notre
organisme : piqûres d'insectes, venins, particules présentes dans l'air ambiant ou dans
l'alimentation… Le système immunitaire surveille également notre organisme pour tenter
d’éliminer les cellules indésirables telles que les cellules cancéreuses. En d'autres termes, le
système immunitaire est le système chargé de protéger notre organisme pour qu'il soit libre de
maladies (en latin, immunis veut dire « libre de »). Un fonctionnement inapproprié, excessif ou
insuffisant, du système immunitaire est à l'origine de nombreuses maladies qui sont aujourd'hui
un véritable problème de santé publique.
Ainsi, parmi les maladies du système immunitaire les plus fréquentes, des allergies d'origines
diverses affectent 20 % de la population française alors que 7 % de la population présente
des maladies auto-immunes. Ces maladies auto-immunes résultent d’un dysfonctionnement du
système immunitaire qui se retourne contre les propres cellules de l’organisme, provoquant des
dommages parfois importants chez les personnes atteintes de ces maladies. Une seule de ces
maladies, la polyarthrite rhumatoïde est présente chez 1 à 2 % de la population adulte alors
que le psoriasis, autre maladie auto-immune, affecte 2 % de la population. Enfin, il faut noter
que des maladies considérées autrefois comme des maladies d'autres systèmes sont en fait des
maladies du système immunitaire. Ainsi, le diabète de type 1 (diabète du jeune) qui touche 0,3
à 3 % de la population, considéré auparavant comme une maladie du système endocrine est
une maladie auto-immune. La sclérose en plaques, maladie du système nerveux central, est
également une maladie auto-immune tout comme une maladie du tractus digestif, la maladie de
Crohn.
Globalement, l'immunothérapie consiste à utiliser les composants du système immunitaire,
en les modifiant de façon plus ou moins importante, pour traiter des maladies aussi
diverses que les maladies infectieuses, certains cancers ou les nombreuses maladies du
système immunitaire.
Initialement, l'immunothérapie consistait à utiliser un des composants du système immunitaire,
les anticorps, qui reconnaissent spécifiquement des substances étrangères pour les éliminer.
Ces anticorps préparés chez l'animal, sont injectés sous forme de sérums
3
(sérothérapie). Ces
sérums contiennent un mélange d’anticorps spécifiques de l’agent pathogène à éliminer
(bactéries, virus…), chaque anticorps agissant sur un site précis de l’agent pathogène qui
constitue sa cible. Aujourd'hui, la sérothérapie est toujours utilisée, par exemple pour prévenir la
survenue du tétanos chez un accidenté dont le statut vaccinal est indéterminé ou pour traiter des
morsures de serpents venimeux.
1
Molécules produites par les cellules du système immunitaire, servant à reconnaître les agents pathogènes pour
les éliminer. L’organisme contient un mélange d’anticorps ayant chacun leur cible et leur mode d’action.
2
Molécules permettant l’échange d’informations entre les cellules.
3
Produit contenant un mélange d’anticorps et préparé chez l’animal en lui injectant l’agent pathogène pour
stimuler son système immunitaire qui produit alors, en grande quantité, les anticorps contre cet agent étranger.