2015 2016 Informations pratiques n L’équipe n direction Philippe Adrien collaboration artistique Dominique Boissel n administration générale Marie-Noëlle Boyer Guillaume Moog n administration et comptabilité Alexandre Leguay Philippe Dubois n communication Antonia Bozzi n accueil et relations avec le public Amandine Lesage n rendez-vous Cies Jean-Pierre Dumas n direction technique Bernard Thézan n régie générale & spectacles Gilles David Laurent Cupif Yann Nedelec Michaël Bennoun n bar Didier Rambal n entretien Sandra Ferreira Renseignements et réservations Théâtre de la Tempête - Cartoucherie route du Champ-de-Manœuvre, 75012 Paris 8 01 43 28 36 36 du mardi au vendredi de 11 h 30 à 13 h et de 14 h à 18 h 30 le samedi de 14 h à 18 h 8 collectivités : Amandine Lesage 01 43 28 36 36 Billetterie en ligne www.la-tempete.fr Prix des places 8 plein tarif .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 ¤ 8 collectivités, groupes, seniors, habitants des 12e et 20e arr., de Vincennes et Saint-Mandé. . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 ¤ 8 tarif unique le mercredi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 ¤ 8 - de 26 ans, demandeurs d’emploi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 ¤ 8 groupes scolaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 ¤ Nos formules d’abonnement 8 Carte Tempête 3 spectacles, nominative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 ¤ tarif spécial - de 26 ans (8 ¤ la place). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 ¤ 8 Carte Tempête 5 spectacles, nominative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 ¤ tarif spécial - de 26 ans (8 ¤ la place). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 ¤ 8 Passeport Tempête 10 places, seul ou à deux . . . . . . . . . . . . . . . 100 ¤ Ticket Théâtre 8 découvrez les programmations de 23 théâtres parisiens et de proche banlieue au tarif unique de 12 ¤. 8 renseignements sur le site : www.ticket-theatre.com Accès 8 En métro : ligne 1 jusqu’à Château-de-Vincennes (sortie 6), puis prendre la navette Cartoucherie garée près de la station de taxis (premier voyage 1 h avant le début du spectacle) ou le bus 112, arrêt Cartoucherie. 8 En voiture : à partir de l’esplanade du château de Vincennes, longer le Parc floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide ; au rond-point, tourner à gauche. Entrée parking Cartoucherie, 2e portail sur la gauche. 8 Vélib : voir les stations sur notre site internet : www.la-tempete.fr 11 septembre 2015 Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit 18 octobre LE BIZARRe INCIDENT DU chien d’après le roman de Mark Haddon (éd. Pocket) adaptation Simon Stephens, texte français Dominique Hollier pendant la nuit adapté du roman de Mark Haddon d’après par Simon Stephens mise en scèneMark Philippe Adrien Haddon adaptation Simon Stephens mise en scène Philippe Adrien texte français Dominique Hollier avec Pierre Lefebvre, Jade Herbulot, Sébastien Bravard, Nathalie Vairac, Bernadette Le Saché, Mireille Roussel Laurent Montel, Laurent Ménoret, Tadié Tuéné 11 septembre>>> 18 octobre 11 septembre > 18 octobre 2015 8salle Jean-Marie Serreau du mardi au samedi 20 h dimanche 16 h durée estimée 2 h 30 8rencontre avec l’équipe de création, dimanche 13 septembre après la représentation Renseignements et réservations - tél. 01 43 28 36 36 - billetterie en ligne : www.la-tempete.fr Contacts du spectacle 2015 décor : Jean Haas lumières : Pascal Sautelet assisté de Maëlle Payonne réalisation vidéo : Olivier Roset assisté de Michaël Bennoun musique et son : Stéphanie Gibert costumes : Cidalia Da Costa assistée d’Anne Yarmola maquillages : Pauline Bry mouvement : Sophie Mayer collaboration artistique : Clément Poirée direction technique : Martine Belloc mise en scène Philippe Adrien avec Sébastien Bravard, Bernadette Le Saché, Pierre Lefebvre, Laurent Ménoret, Laurent Montel, Mireille Roussel, Tadié Tuéné, Nathalie Vairac… (distribution en cours) collaboration artistique Clément Poirée, décor Jean Haas, lumières Pascal Sautelet, vidéo Olivier Roset, musique et son Stéphanie Gibert, costumes Cidalia Da Costa, maquillage Pauline Bry, mouvement Sophie Mayer, direction technique Martine Belloc. Christopher Boone, « quinze ans, trois mois et deux jours », mène l’enquête : Qui a tué Wellington, le chien de la voisine ? Christopher aime les listes, les plans, la vérité ; il comprend les mathématiques et la théorie de la relativité mais pas les métaphores et préfère s’en tenir à la réalité objective. Il ne supporte pas qu’on le touche, trouve les êtres humains pour le moins ‘déconcertants’ et ne s’est jamais aventuré plus loin que le bout de sa rue. Quand son père lui dit d’arrêter ses investigations, il refuse d’obéir et se lance alors avec un courage inouï dans un parcours initiatique dont il surmontera toutes les épreuves, jusqu’à triompher dans un concours de mathématiques. A travers les émotions et les vertiges de Christopher, cette histoire d’un enfant singulier et de ses parents nous invite à porter un regard différent sur notre monde, sur les autres et sur nous-mêmes. « Une œuvre exceptionnelle » (sunday telegraph). « Drôle et insolite » (le point). 8administration et diffusion ARRT / Philippe Adrien Marie-Noëlle Boyer Guillaume Moog Caroline Sazerat-Richard Aurélien Piffaretti - tél. 01 43 65 66 54 - www.arrt.fr - [email protected] 8presse Pascal Zelcer - tél. 06 60 41 24 55 - [email protected] Avec vos élèves… CHRISTOPHER. – Je crois qu’on tuerait un chien seulement si a) on le déteste ou b) on est fou ou c) on veut faire de la peine à Mme Shears. Je ne connais personne qui détestait Wellington donc si c’est a), c’est sans doute un étranger. Je ne connais pas de fous non plus, donc si c’est b), c’est sans doute aussi un étranger. SIOBHAN. – D’accord. CHRISTOPHER. – Mais la plupart des meurtres sont commis par quelqu’un que la victime connaît. En fait, on a plus de chances de se faire assassiner par un membre de sa famille le jour de Noël. SIOBHAN. – C’est vrai, ça ? CHRISTOPHER. – Oui, c’est vérifié. Il y a donc beaucoup de chances que Wellington ait été tué par quelqu’un qu’il connaissait. Je connais une seule personne qui n’aimait pas Mme Shears, et c’est M. Shears qui a divorcé de Mme Shears et qui l’a laissée pour aller vivre ailleurs et qui connaissait très, très bien Wellington. Ce qui veut dire que M. Shears est mon suspect numéro un. Nous pouvons organiser une rencontre avec l’équipe artistique, en amont ou à l’issue de la représentation. Un dossier pédagogique est à votre disposition. Contact Amandine Lesage : tél. 01 43 28 36 36 - [email protected] Mark Haddon Né à Northampton en 1962, il est écrivain, illustrateur et auteur de scénarios. Il a écrit de nombreux livres pour enfants avant de connaître le succès avec Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit, best-seller mondial, récompensé par plus de dix-sept prix, dont le Whitbread, le Booktrust Teenage Prize, le prix du livre de jeunesse du Guardian. Son second roman, Une situation légèrement délicate, a paru en 2007. Mark Haddon vit à Oxford avec sa femme et leurs deux enfants. Simon Stephens Né à Stockport (Manchester) en 1971, il est l’un des auteurs les plus en vue parmi la nouvelle génération de dramaturges anglais. En France, ses pièces ont été mises en scènes par Tanya Lopert : Country Music (2006) et Punk Rock (2013) ; Laurent Gutmann Pornography (2010) ; Lukas Hemleb Harper Regan (2011). Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit a remporté 7 Laurence Olivier Awards en 2013, puis 6 Drama Desk Awards et 5 Tony Awards en 2015. Philippe Adrien • Fonde en 1985 l’Atelier de recherche et de réalisation théâtrale (ARRT). • Directeur du Théâtre de la Tempête. • Professeur au Conservatoire national d’Art dramatique de 1989 à 2003 et auteur de Instant par instant, en classe d’interprétation (éd. Actes Sud-Papiers). • A réalisé récemment : – La Maison d’à côté de Sharr White (nomination Molière 2015 du Second rôle) – La Grande Nouvelle de J.-L. Bauer et Ph. Adrien (nomination Molière 2015 de la Révélation féminine) – Boesman et Léna de A. Fugard – L’école des femmes de Molière (nominations Molière 2014 de la mise en scène du théâtre public et Molière 2015 de la Révélation féminine, tournées 14/15/16) – Partage de midi de P. Claudel C’est une amie comédienne qui, ayant assisté sur Broadway à une représentation de The Curious Incident of the Dog in the Night-Time, d’après le roman de Mark Haddon, m’a alerté : le spectacle l’avait transportée. Ce titre, en français Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit, me parut d’abord pour le moins énigmatique, mais mon interlocutrice me communiquait un tel enthousiasme que je l’écoutais volontiers. Si je me fie à de tels élans spontanés, c’est peut-être en songeant à Jouvet pour qui mettre en scène était comme tomber en amour : « aimer et admirer »… Oui, aimer et faire partager à d’autres ce sentiment, ma question étant toujours de renouveler la surprise et le bonheur du théâtre. « C’est l’histoire d’un jeune garçon autiste ! » Il y avait là de quoi m’intriguer… le théâtre m’ayant toujours semblé, comme le disait Kafka dans ses conversations avec Janouch, plus fort lorsqu’il nous met en prise sur la dimension mentale. Un « autiste » : c’est bien sûr la supposition d’autres mondes, d’autres perceptions et d’autres modes d’être… Après plusieurs séances de lecture de l’adaptation théâtrale de Simon Stephens, je commençai à entendre vraiment le texte et singulièrement la parole de Christopher. Une histoire véridique mais débarrassée du pathos qui souvent nous encombre au théâtre et précisément dans le registre dramatique. On pourrait peut-être appeler cela du nom de notre héros, l’effet Christopher. Et pour la première fois, moi qui depuis toujours suis plutôt réticent à cet égard, je vais donc me risquer à mettre en scène sur le mode du « théâtre récit » qui est le parti pris de l’adaptation. Du fait d’une appréhension différente du monde et des autres qui isole Christopher de façon particulière, le régime qui consiste à raconter en jouant et à jouer en racontant – oui, cet effet de « distance » apparaît tout à fait adéquat : le chœur, la troupe de comédiens partage les rôles mais assume également la narration, pour Christopher et avec lui. On se demande du reste qui pourrait résister au pouvoir de ce jeune garçon depuis qu’il a découvert le chien de madame Shears avec une fourche de jardinier plantée dans le corps. Tel Sherlock Holmes, son héros, il se lance le défi de trouver l’assassin de Wellington ! La réalisation scénique de ce récit présente une grande exigence mais aussi quantité de chances à courir. Comme on sait, l’autisme a pour conséquence une perception amplifiée, violente et parfois traumatique du monde extérieur et de ses désordres. Ainsi, plutôt qu’illustrer le parcours de Christopher, nous nous attacherons à éprouver et à transmettre les émotions, sensations, rythmes, syncopes et autres accidents subis ou vécus par lui. Enfin, il me semble que l’écoute de Christopher, comme son expression parlée, pourrait donner à entendre ou simplement à deviner - dans le mouvement de l’énonciation comme au milieu du silence où l’être parlant cherche le chemin de sa pensée – l’énorme travail de la langue : murmures, bruissements, fracas des syllabes et des mots ; tumulte et passion du sens qui, depuis les premiers âges, sans relâche, accaparent l’humanité. • Philippe Adrien (nomination Palmarès du théâtre 2013) – Protée de P. Claudel (Prix Poquelin) – Exposition d’une femme d’après B. Solange – Bug ! de J.-L. Bauer et Ph. Adrien – Les Chaises de E. Ionesco / Cie du 3e Œil – Le Dindon de G. Feydeau (4 nominations aux Molières 2011)… Cette pièce est présentée avec l’aimable autorisation de Warners Bros. Entertainment. Le livre est édité en France par Pocket. L’Auteur original, l’Adaptateur théâtral et la traductrice sont représentés dans les pays de langue française par l’agence MCR, Marie-Cécile Renauld, en accord avec Mark Haddon représenté par Cursing and Sobbing Ltd et Simon Stephens représenté par Casarotto Ramsay & Associates Ltd. Comédie pâtissière texte et mise en scène Alfredo Arias avec Alfredo Arias et Sandra Macedo. espace scénique Alfredo Arias assisté d’Elsa Ejchenrand lumières Jean Kalman costumes Pablo Ramirez assistant mise en scène Olivier Brillet texte et mise en scène Alfredo Arias avec distrib à Venir Et Encore Et d’Autres-Encore 18 septembre>>> 18 octobre 18 septembre > 18 octobre 2015 8salle Copi du mardi au samedi 20 h 30 dimanche 16 h 30 durée estimée 1 h 20 8rencontre avec l’équipe de création, dimanche 20 septembre après la représentation. Renseignements et réservations - tél. 01 43 28 36 36 - billetterie en ligne : www.la-tempete.fr Contact du spectacle 8presse Nathalie Gasser - tél. 06 07 78 06 10 - [email protected] 8diffusion Prima Donna // Hélène Icart - tél. 01 42 47 05 56 - [email protected] 8administration Olivier Brillet - tél. 06 65 00 59 91 - [email protected] Avec vos élèves... 2015 scénographie et costumes : lumières : s musique arrangement : composition sonore : s culptures Daniel Cendron perruques Catherine Saint Sever accessoires Larry Hager. L’enfance d’Alfredo Arias en Argentine coïncide avec le premier mandat présidentiel de Juan Perón, élu en 1946, figure autocrate à la tête d’un mouvement populiste… C’est dans cette patrie péroniste que s’était établie une patrie pétroniste, du nom d’une célèbre cuisinière, Doña Petrona de Gandulfo : personne ne manquait l’émission culte et kitsch qu’elle animait à la télévision et où elle confectionnait, en direct, ses extravagantes créations. La célèbre pâtissière dialogue ici avec un certain Al, double de l’auteur interprété par Alfredo Arias lui-même - qui évoque les conflits de son enfance entre une mère intrusive et un père indifférent. Portrait de l’Argentine des années 50 par un exilé qui transfigure son pays dans un prisme de fantaisie visible et de mélancolie invisible. AL. – C’est une histoire argentine. C’est une histoire de mon enfance… Je ne peux pas m’en empêcher. J’ai toujours ridiculisé tendrement les adultes. PETRONA. – Alors nous renouons les dialogues imaginaires que nous avions abandonnés au seuil de ton adolescence ? PETRONA. – Fidèle à tes souvenirs argentins. Fidèle à ma cuisine bizarre. Est-ce qu’un jour tu oublieras enfin ces histoires minimes ? AL. – Rien n’est minime dans ma façon de me souvenir. AL. – C’est ça. Ce qui vous montre que je vous suis resté fidèle. Nous pouvons organiser une rencontre avec l’équipe artistique, à l’issue de la représentation. Contact Amandine Lesage : tél. 01 43 28 36 36 - [email protected] Alfredo Arias Alfredo Arias est né à Buenos Aires. En 1968, il forme le Groupe TSE et part d’Argentine pour présenter ses spectacles à Caracas, New York et Paris, ville qu’il adoptera dès 1970, et où sa première mise en scène sera Eva Perón de Copi. Son amitié avec l’auteur argentin l’amènera à créer La Femme assise puis Loretta Strong, Les Escaliers du Sacré-Cœur, Le Frigo et Cachafaz. L’univers théâtral d’Alfredo Arias a la marque d’une inventivité débridée et poétique (L’Histoire du théâtre, Comédie policière, Luxe, Vingt-Quatre heures, La Bête dans la jungle d’Henry James). Découvrant le travail du dessinateur Jean-Jacques Grandville, il ouvre la porte du merveilleux et des masques, (Peines de cœur d’une chatte anglaise, Peines de cœur d’une chatte française). Directeur du Centre Dramatique National d’Aubervilliers, il met en scène : La Locandiera de Goldoni, La Tempête de Shakespeare (présentée au Festival d’Avignon), Le Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux et L’Oiseau Bleu de Mæterlinck. Il entretient des collaborations d’écriture avec René de Ceccatty (La Dame aux camélias, La Femme et le Pantin) et Chantal Thomas (Le Palais de la Reine, L’Île flottante). Il aborde un théâtre biographique en tant qu’auteur et metteur en scène : Trio, Famille d’artistes, Mortadela, Faust Argentin et Mambo Mistico. Le music-hall et la comédie musicale sont aussi ses domaines de prédilection : Fous des Folies, Concha Bonita, Divino Amore, et dernièrement Tatouage, Cabaret, Trois Tangos. Il monte pour la Comédie-Française La Ronde de Schnitzler et plus récemment Les Oiseaux d’Aristophane. Il met en scène également des opéras : La Veuve joyeuse, Les Mamelles de Tirésias, Les Contes d’Hoffmann, Les Indes galantes et The Rake’s Progress, Carmen… Il a reçu le prix Plaisir du théâtre (Peines de cœur d’une chatte anglaise), Il Pegaso D’oro et Il Premio Eti en Italie, le prix ACE de la critique argentine, le Molière du meilleur spectacle musical pour Mortadela et Peines de cœur d’une chatte française, et en 2003 un Molière d’Honneur. En Argentine, à l’aube d’une télévision en blanc et noir, une cuisinière présente ses extravagantes créations culinaires. Donia Petrona est aussi l’auteur d’un livre de cuisine, sorte de bible qui trônait sur les étagères de tous les foyers. Dans ce livre, le plus grand succès qu’ait enregistré l’histoire de l’édition argentine, elle présente une série de gâteaux, tous plus surréalistes les uns que les autres : Bateau, Livre de prières, La Chapelle de mon village, L’Epi de maïs, La Ruche, Le Manège, Le Tambour, La Montre, Le Drapeau argentin et Le Coussin Colombien. Les plats salés se métamorphosent aussi en objets incongrus tels un éventail, une horloge ou une chaussure. Ces plats se préparent à partir de recettes exigeantes, onéreuses et tarabiscotées. Pour un gâteau, la capricieuse fée des fours préconise l’utilisation d’une trentaine d’œufs, tandis que les grammes de levure sont à estimer par la ménagère et cela peut varier de 70 à 90 grammes selon la température ambiante. Comédie pâtissière invoque la mémoire de la célèbre cuisinière argentine, parcourant son étonnant monde culinaire et contemplant aussi les événements de la vie d’enfant d’Alfredo Arias : sa relation imaginaire avec la cuisinière lui permet de survivre dans un cadre familial étouffant. Ces dialogues constituent un portrait de la société argentine des années 50, guidé par la vision utopique d’une pâtissière qui voulait transformer la misère des classes modestes en un éclatant luxe pâtissier. • Alfredo Arias Les conflits d’Alfredo Arias avec sa famille ne pouvaient que resurgir sous forme transfigurée, avec douleur, mais aussi ironie, tendresse, fantaisie dans ses spectacles et dans la représentation qu’il pouvait se faire et donner aux autres des rapports familiaux et sexuels. L’origine argentine d’Alfredo signifie surtout la persistance de son enfance dans sa création artistique, au-delà des drames politiques qui l’ont conduit à choisir l’exil et à affirmer son talent dans un environnement culturel européen. Alfredo circule entre les cultures et les genres, exactement comme il circule entre les continents, entre les langues et entre les classes sociales. De son expérience de plasticien à l’Instituto Di Tella, il conserve aussi une habitude de dialogue avec d’autres arts. Déjà, dans Mortadela, il avait évoqué sous une forme onirique et spectaculaire son enfance et tracé les fondements de son esthétique : son goût pour la magie, pour le music-hall, pour les chansons, pour la danse, la revue, la milonga, les boléros, la radio, le rêve, le fantastique, le comique naïf, le mélodrame, les incertitudes sexuelles. C’est argentin, mais c’est aussi universel. • René de Ceccatty Comment pourrais-je construire un lien avec mon passé, mon enfance, sinon par une forme de création ? Le travail sur cette fantasmagorie m’a permis de reconquérir à l’intérieur de moi-même tout un monde relégué depuis longtemps aux oubliettes. Je crois qu’il y a des gens qui naissent et vivent pour être l’écho de la tribu. Ainsi, je ne sais pas pourquoi, mais dès l’enfance je décelais des détails dans l’attitude des êtres, leurs comportements. J’avais remarqué que l’éternel sourire de ma grand-mère était causé par son dentier trop grand, et je réunissais tous ces petits éléments anodins en apparence, je les mettais sur le tapis, j’élaborais des histoires et je les racontais ensuite, à ma manière, dans l’espoir de faire rire. Je crois que m’était échue la tâche de raconter. Comme si la joie et la densité ne pouvaient s’épouser, on peut dire que, dans mon travail, une certaine superficialité distribue la profondeur. Je l’assume d’autant plus que, puisant dans l’enfance, mon imaginaire s’est fondé sur une situation conflictuelle avec la réalité et non sur la contemplation distraite, commode, amusante et mondaine de cette même réalité. • Alfredo Arias 29 octobre 2015 31 octobre ARMINE SISTER mise en scène Jarosław Fret Armine, Sister mise en scène Jarosław Fret spectacle vocal et visuel avec les acteurs et musiciens Davit Baroyan, Ditte Berkeley, Przemysław Błaszczak, Alessandro Curti, Jarosław Fret, Murat İçlinalça, Dengbej Kazo, Aram Kerovpyan, Vahan Kerovpyan, Kamila Klamut, Aleksandra Kotecka, Simona Sala, Orest Sharak, Mahsa Vahdat, Marjan Vahdat, Tomasz Wierzbowski. décor Piotr Jacyk, Maciej Mądry, Krzysztof Nawój, Paweł Nowak, Bartosz Radziszewski et Andrzej Walada lumière Maciej Mądry chant modal sous la conduite de Aram Kerovpyan collaboration vocale Virginia Pattie Kerovpyan. 29 > 31 octobre 2015 8salle Serreau du jeudi au samedi 20 h durée 1h20 8rencontre, débat et projection le samedi 31 octobre (voir page suivante). Renseignements et réservations - tél. 01 43 28 36 36 - billetterie en ligne : www.la-tempete.fr Contacts du spectacle Le “Teatr zar”, établi à Wroclaw en Pologne, est l’héritier du Théâtre Laboratoire de Jerzy Grotowski dont il poursuit les recherches anthropologiques sur énergie, impulsion, action, voix, parole, liées organiquement pour atteindre à la vérité et au sens. Evocation du génocide arménien, il y a 100 ans, cette fresque dramatique, à l’écart de toute reconstitution historique, rend hommage aux victimes par la reviviscence de leur patrimoine culturel et surtout vocal : le cri de révolte est ici un chant, une stèle acoustique et visuelle, une coupole vibratoire qui invoque les présences disparues et rend sensible le thème, cher à Grotowski, du corps-mémoire… par-delà le temps. Artaud : « Le vrai théâtre, parce qu’il se sert d’instruments vivants, continue à agiter des ombres où n’a cessé de trébucher la vie. » 8administration Magdalena Mądra - [email protected] 8presse Joanna Gdowska - [email protected] Il est grand temps que l’on sache Il est grand temps que la pierre s’habitue à fleurir Que le non-repos batte au cœur Il est temps que le temps soit Il est temps. Paul Celan Jerzy Grotowski a marqué, dans les années 60, les destins de la scène européenne en trouvant des réponses concrètes aux intuitions visionnaires d’Artaud concernant le corps comme don et le spectacle comme événement. Dans une seconde période, Grotowski s’est éloigné du théâtre pour se livrer à des actions parathéâtrales nourries de recherches inédites sur la voix, sur les chants, sur la portée du son. Jarosław Fret, qui dirige aujourd’hui à Wroclaw l’Institut Grotowski, s’est imposé grâce à un travail exemplaire sur les chants et le corps dans l’esprit de l’anthropologie grotowskienne. Ses spectacles ont été présentés dans le monde entier. Il propose avec le Théâtre Zar une étonnante représentation, Armine, Sister inspirée par la tragédie du génocide arménien perpétré il y a cent ans. Cri de révolte contre la barbarie de cet acte, le spectacle convie à la rencontre grâce au pouvoir ressuscité des chants venus de cultures aujourd’hui de plus en plus menacées. • Georges Banu Grotowski aujourd’hui encore 8 s amedi 31 octobre 2015 Rencontre-débat proposée et animée par Georges Banu, en présence de : - Ludwik Flaszen, proche collaborateur de Grotowski ; - Leszek Kolankievicz, spécialiste de la période parathéâtrale de Grotowski ; - Thomas Richards, Workcenter de Pontedera ; - Jaroslaw Fret, Institut Grotowski de Wroclaw. Projection du film Akropolis, mise en scène de Jerzy Grotowski (1963). Parution et présentation des livres : - Grotowski & Comp de L. Flaszen (éd. de l’Entretemps) - Au cœur de la pratique de T. Richards (éd. Actes Sud) Dès l’origine, la ‘‘performance’’ a été conçue comme une session où l’on n’invoque pas l’esprit des disparus, mais où les défunts eux-mêmes demandent à ce que la trace du passé soit portée au jour. Le titre, Armine, Sister, est composé de deux mots tirés d’une lettre sans adresse lisible, et donc destinée à errer dans le temps et dans l’espace. A la façon d’Adorno s’interrogeant sur la possibilité d’une poésie après Auschwitz, nous aimerions demander : le XXIe siècle a-t-il quelque chance de ne pas être le siècle de l’ignorance ? Cette pièce interroge l’Europe car nous sommes convaincus que l’Europe est une question : d’histoire, d’identité, de dignité. Armine, Sister, dénonce les tabous et mensonges qui font obstacle à la possibilité et au devoir de témoigner. Nous avons souvent à l’esprit la Fugue de mort de Paul Celan, où les rêves des bourreaux et ceux des victimes se déploient dans un même espace. La ‘‘scène’’, ou lieu de la mémoire, est comme le cadre d’un rêve peuplé de milliers d’êtres. Armine, Sister rend sensible la douleur même du travail de mémoire. C’est aussi une façon de cerner notre place dans l’ordre des générations, de comprendre qui nous sommes, nous qui nous tenons toujours sur l’autre bord de la mémoire, comme de l’autre côté d’une caméra : nous observons le passé à travers un judas et ne voyons alors qu’une trace, une ombre, une idée… Ce projet est le fruit d’une recherche artistique et culturelle : l’étude de l’histoire arménienne et des traditions musicales nous a menés, de 2010 à 2012, d’Istanbul aux villes d’Anatolie mais aussi à Jérusalem, et nous a permis de rencontrer musiciens et chanteurs. Certains d’entre eux prennent part à la ‘‘performance’’ : ainsi, Aram Kerovpyan, premier chantre de la cathédrale arménienne de Paris, dont la contribution a été déterminante. Le chant monodique – tel qu’il se pratique aujourd’hui encore au sein de la diaspora arménienne – a été notre principal objet de recherche. • Teatr Zar 12 novembre 2015 13 décembre Idem création collective Les Sans Cou mise en scène Igor Mendjisky 12 novembre > 13 décembre 2015 8salle Jean-Marie Serreau du mardi au samedi 20 h dimanche 16 h durée 3 h (entracte compris) 8rencontre avec l’équipe de création dimanche 15 novembre après la représentation Renseignements et réservations - tél. 01 43 28 36 36 - billetterie en ligne : www.la-tempete.fr Idem création collective Les Sans Cou mise en scène Igor Mendjisky avec Clément Aubert, Raphaèle Bouchard, Romain Cottard, Yedwart Ingey, Paul Jeanson, Imer Kutllovci, Arnaud Pfeiffer et Esther Van Den Driessche. scénographie Claire Massard et Igor Mendjisky costumes May Katrem régie générale & création lumières Stéphane Deschamps régie son et vidéo Yannick Donet régie plateau Jean-Luc Malavasi animation 2D Cléo Sarrazin. La compagnie Les Sans Cou pratique l’écriture dite de plateau – soit, beaucoup, l’improvisation - à partir d’un thème. Idem traite de l’identité : personnelle, collective, artistique. Lors d’une prise d’otages dans un pays éloigné, un homme perd la mémoire : il se trouvait bien dans un théâtre, mais était-il dans le public, sur scène, ou parmi les terroristes ? Qui sont ces gens qui l’entourent et le plongent dans différents lieux, mondes, époques ? Le parcours brisé de Julien Bernard, son portrait fragmenté ne reflètent-ils pas les incertitudes et les préoccupations d’une génération ? « Le spectacle foisonne d’idées et d’images. Les Sans Cou jonglent habilement avec les émotions des spectateurs et montrent ce dont est capable un théâtre jeune, vivant, brillant. » Contacts du spectacle 8administration Les Sans Cou Emilie Aubert - tél. 06 71 50 43 45 - [email protected] 8production et diffusion Théâtre du Nord - CDN Audrey Ardiet - tél. 03 20 14 24 21 - [email protected] Avec vos élèves... LE CHOEUR Alors si Gaspard Kasper n’est pas Gaspard Kasper mais un autre, qui est cet autre ? GASPARD KASPER Là je vous parle, vous entendez ma voix, mais si vous n’étiez pas là pour m’entendre, qui pourrait me confirmer la réalité de mon existence ? Selon la physique quantique, si tous vous fermez les yeux et que je me tais, il y a autant de chances que j’existe que de chances que je n’existe pas. Vous voyez, je dis « je », mais qui peut dire « je », qui peut dire « moi » ? Sincèrement. Peut-être qu’on peut prendre une minute pour se poser sincèrement cette question ? Nous pouvons organiser une rencontre avec l’équipe artistique, à l’issue de la représentation. Contact Amandine Lesage : tél. 01 43 28 36 36 - [email protected] Les Sans Cou Les Sans Cou se rencontrent lors de leur formation au Studio Théâtre d’Asnières, dirigé par Jean-Louis Martin Barbaz. Ils prennent alors très vite conscience qu’ils ont envie de défendre les mêmes choses sur un plateau de théâtre. Hurler leur envie d’être ensemble, de créer un théâtre de notre temps ; pratiquer l’art de la rupture et du décalage, passer de la comédie à la tragédie, mêler le sublime et le grotesque, la sincérité, le fabuleux et la démesure. Retrouver le goût de raconter des histoires, de grandes histoires, chaque soir, comme à une veillée, être le feu autour duquel les spectateurs se réchaufferont l’âme et les mains. La compagnie « Les Sans Cou » existe depuis 2004. En 2010 ils reçoivent le grand prix du festival d’Angers pour Hamlet. En 2012 ils reçoivent le “prix compagnie Adami“. Leur dernière création J’ai couru comme dans un rêve a notamment été jouée au TGP-CDN de Saint-Denis en avril 2013. En 2013, sur les conseils de Wajdi Mouawad, Igor Mendjisky est invité par Vincent Baudriller et Hortense Archambault à participer aux “Voyages de Kadmos” dans le cadre du festival d’Avignon IN. A partir de la saison 2014/2015, Igor Mendjisky et la compagnie Les Sans Cou sont artistes associés au Théâtre du Nord, Centre Dramatique National de Lille, sous la direction de Christophe Rauck. POur construire notre réflexion sur l’identité, nous avons choisi trois axes : le premier, c’est l’identité individuelle, en partant du principe que nous sommes tous définis par notre physique, notre ADN, notre psychisme… Cadeau ou fardeau, ce bagage est-il immuable ? Le second axe, c’est l’identité au sein d’un groupe. A quel moment les identités deviennent-elles meurtrières ? Le troisième, c’est l’identité artistique : quelle place occupons-nous dans la collectivité ? On accompagne aussi un personnage qui se nomme Gaspard Kasper, auteur d’un roman à succès ; il raconte son histoire à la première personne : l’histoire d’un homme qui perd la mémoire suite à une prise d’otages dans un théâtre. Si notre spectacle est actuel ? C’est quand même très, très étrange, d’y songer après ce qui s’est passé à Charlie Hebdo ou encore à Copenhague. Nous, ça fait onze mois qu’on travaille sur ce spectacle. On a répété huit semaines mais le spectacle vit en nous depuis près d’un an, peut-être même plus. C’est étonnant à quel point, aujourd’hui, l’identité fait débat. Cette question est au centre de notre actualité, et pas seulement : elle est au centre de l’histoire de l’humain. De nos jours, en tout cas, une inquiétude plane et notre génération se demande quelle est sa place. On essaie aussi de monter ce spectacle de manière ludique. Mon modèle, c’est Shakespeare ; ce que je trouve magnifique dans ses pièces, c’est qu’il prend le spectateur par la main, comme si c’était un enfant, en lui disant : je te raconte une histoire mais dans le même temps, tu vas réfléchir à ce que tu es et à ce que nous sommes ensemble. C’est ce que nous tentons avec ce spectacle. • Igor Mendjisky Ce qui se joue, sans jugement moral, c’est le défi de recomposition d’individus solitaires sous le regard de l’autre. L’urgence absolue de se définir pour exister face au monde, face au public. La quête collective de chaque personnage trouve un écho évident en nous, car elle brasse sans hiérarchie, comme dans la vie, l’amour et la reconnaissance, les souvenirs et les sentiments, la politique et l’art. Pour accompagner ce parcours, la scène de théâtre est un parfait écran vierge, qui s’anime de visions fugaces, que l’on finit par reconstituer grâce à de vrais tours de passe-passe scénaristiques et scénographiques, portés par une troupe de comédiens d’une qualité technique et d’une sensibilité extraordinaires. Au mépris, calculé, de toute chronologie, l’histoire se construit en une série de flash-back, de plans cinématographiques qui créent une vraie proximité, et dévoilent un amour du jeu au sens premier, qui est bien plus que désinvolte. • Sarah Elghazi, Les Trois Coups Trois heures durant, les sans cou mènent une course de fond théâtrale et chorale, où les récits comme les destinées se croisent, se répondent et se télescopent. Pas de décor, mais un ingénieux dispositif scénique de plateau surélevé avec ascenseur, effets vidéos, et surtout, un subtil et étourdissant jeu de comédie orchestré par Igor Mendjisky. Immergé dans l’air du temps, leur théâtre est passionnant et généreux. • Jean-Marie Duhamel, La Voix du Nord Le spectacle fait montre d’une idée à la minute… Dans un bel esprit de troupe, les comédiens se donnent avec une énergie communicative, créant ainsi un contraste intéressant avec les scènes plus poignantes. Le public ne s’y est pas trompé : la réception était enthousiaste, et les plus jeunes étaient debout pour applaudir la troupe. • Audrey Chaix, Toute la Culture Trois heures pleines de rebondissements, d’humour et d’émotion. • Elsa Pereira, Time Out Paris 13 novembre 2015 13 décembre FARBEN de Mathieu Bertholet mise en scène Véronique Bellegarde 8salle Copi du mardi au samedi 20 h 30 dimanche 16 h 30 durée 1h 30 8rencontre avec l’équipe de création, mardi 17 novembre 2015 après la représentation. Renseignements et réservations - tél. 01 43 28 36 36 - billetterie en ligne : www.la-tempete.fr Contacts du spectacle 8presse Isabelle Muraour - tél. 06 18 46 67 37 - [email protected] 8administration Fabienne Coulon - tél. 06 83 35 61 64 - [email protected] 8diffusion Olivier Talpaert - tél. 06 77 32 50 50 - [email protected] Avec vos élèves... de Mathieu Bertholet (éd. Actes Sud-Papiers) mise en scène Véronique Bellegarde avec Olivier Balazuc, François Clavier, Hélène Delavault, Laurent Joly, Odja Llorca et Sylvie Milhaud. scénographie Véronique Bellegarde lumière Philippe Sazerat images Olivier Garouste composition musicale Médéric Collignon création sonore Tom Ménigault machines scientifiques et théâtrales Olivier Vallet costumes Laurianne Scimemi accessoires Philippe Binard. L’attribution en 1920 du prix Nobel à Fritz Haber, chimiste allemand, fit scandale : en effet, la synthèse directe de l’ammoniac qu’il avait réalisée n’avait pas seulement servi à augmenter les rendements agricoles mais à produire des gaz de combat. Pour son épouse, Clara Immerwahr, figure centrale de la pièce, et première femme à obtenir en 1900 un doctorat de chimie en Allemagne, cette utilisation militaire constitue une perversion des idéaux scientifiques. Clara se donne la mort le 1er mai 1915. Pièce documentée, évoquant d’authentiques faits et personnages, Farben, œuvre récente d’un jeune auteur suisse, n’en est pas moins une pièce-rêve qui progresse par « échos, bribes, motifs, refrains, éclairs »… FRITZ Tu n’as pas vu la détresse de l’Allemagne. Les officiers se réjouissent de tes doutes. Tu as monté la moitié de Berlin contre moi. Et aujourd’hui ils sont tous là. Pour ma fête. Pour moi. CLARA Ils voulaient voir un juif en uniforme. FRITZ Tu te tiens trop loin hors de la vraie vie. Tu ne veux pas te réjouir pour moi. Pour nous. CLARA Si. (Levant son verre, arrogante.) Pour le bien de l’humanité ! Il la gifle. Elle sort. FRITZ (à l’assemblée) Clara me renforce dans mon opinion, en ne la partageant pas. © photo Philippe Delacroix 13 novembre > 13 décembre 2015 Farben Nous pouvons organiser une rencontre avec l’équipe artistique, à l’issue de la représentation. Contact Amandine Lesage : tél. 01 43 28 36 36 - [email protected] De Berlin au Grütli de Genève, en passant par Los Angeles, Mathieu Bertholet est un dramaturge suisse qui puise dans l’Histoire, les mythes antiques, les mythologies du jour, le cinéma et l’architecture, la matière de pièces dans lesquelles le questionnement sur le monde contemporain importe autant que le renouvellement des formes théâtrales. Sa compagnie MuFuThe est en résidence en Valais (Suisse) et son prochain spectacle en production déléguée avec le Théâtre Vidy Lausanne. Il a été responsable de formation Master de mise en scène à la Manufacture de Lausanne et co-responsable du département d’écriture dramatique à l’ENSATT pendant plusieurs années. Mathieu Bertholet est directeur du Théâtre de Poche / Genève depuis janvier 2015. Véronique Bellegarde Elle crée sa compagnie le Zéphyr en 2000 ; en résidence à la Ferme du Buisson – Marne la Vallée puis au Parc de la Villette, elle développe un travail autour des nouvelles écritures dramatiques internationales en croisement avec le nouveau cirque. Entre 2001 et 2004, elle collabore avec l’AFAA (ancienne dénomination de l’Institut Français) sur différents projets : missions sur l’écriture contemporaine, mises en scènes en Argentine et Uruguay. Parallèlement à l’activité de sa compagnie, elle est artiste associée permanente au Festival La Mousson d’été et à La Mousson d’hiver, pour la jeunesse ; de 2007 à 2013, elle est membre de la commission de l’Aide à la création, au Centre National du Théâtre. Le Zéphyr a créé une quinzaine de spectacles, centrés sur la découverte d’auteurs internationaux contemporains tout en élaborant un langage scénique singulier enrichi d’autres arts : l’image filmée, la photographie, le dessin, la musique et le nouveau cirque. Farben associe une construction dramatique innovante et des faits historiques dont les résonances humaines et politiques sont plus que jamais actuelles : les possibles dérives de la science et du pouvoir. L’Œuvre questionne la responsabilité morale du scientifique. C’est une pièce documentaire structurée de façon architecturale et plastique, visuelle et particulièrement rythmée. Les scènes sont minutées comme une bombe à retardement. La tension dramatique est forte et l’histoire nous touche. Les tableaux oniriques, riches, évocateurs, appellent un traitement pictural et musical. Le frottement d’une forme très contemporaine avec l’Histoire met en évidence le caractère intemporel de la question et avive notre regard. Farben est un objet artistique nouveau sur un sujet fort, abordé sans didactisme, à travers le prisme de la conscience et des émotions de Clara Immerwahr. J’ai été saisie par le destin de cette femme : une fois de plus, la folie du pouvoir, l’intérêt, l’orgueil ont eu raison des idéaux. Son suicide est un symbole fort. Il résonne comme un geste visionnaire et politique. La pièce est composée de micro-séquences, comme autant de morceaux de puzzle : sept lieux différents et une centaine de séquences. Quatre tableaux colorés découpent l’histoire, titrés : Jaune citron, Vert acide, Bleu ciel, Rouge sang : les actes sont des couleurs de gaz. La mise en scène est conçue dans un mouvement fluide, en perpétuelle métamorphose. Chaque épisode rend compte de l’effet d’une couleur sur le psychisme de Clara : kaléidoscope de ses visions. La musique juxtapose un classicisme présent dans le texte (valse viennoise, lied de Wagner…) et une composition contemporaine de Médéric Collignon. La cantatrice, jouée par Hélène Delavault, se mue parfois en chanteuse de cabaret berlinois et interprète des chansons inédites de Frank Wedekind et de Kurt Tucholsky. La poussée des nouvelles formes artistiques heurte la tradition. • Véronique Bellegarde J‘ai écrit l‘histoire d‘une femme avec des rêves trop grands. J‘ai écrit l‘histoire d‘un homme et d‘une femme qui se sont consacrés à la science avec la même conviction : faire le bien de l‘Humanité. Et pourtant, en une nuit, sont morts dix-huit mille soldats anonymes et la première femme chimiste de Breslau. Tous deux ont porté la responsabilité de leurs rêves. Fritz croyait en l’Allemagne, en la recherche et en la science. Clara, en une science pour l‘Humanité. Cette pièce s‘appelle Farben (couleurs), parce que les gaz de combat sont colorés, et parce que Clara rêve en couleurs. • Mathieu Bertholet La mise en scène de Véronique Bellegarde rend palpable le climat d’une société allemande où se mêlent pangermanisme, goût de la fête propre à la Belle Epoque, et croyance forcenée dans le progrès. Entre vapeurs colorées des alambics et chansons signées Schœnberg ou Hanns Eisler (joliment envoyées par Hélène Delavault), Clara Immerwahr avance comme une ombre. De plus en plus solitaire et bouleversante… • Emmanuelle Bouchez - Télérama © photos Philippe Delacroix Mathieu Bertholet 14 janvier 2016 14 février La nuit des rois de William Shakespeare mise en scène Clément Poirée La Nuit des Rois de William Shakespeare texte français Jude Lucas mise en scène Clément Poirée avec Moustafa Benaïbout, Camille Bernon, Bruno Blairet, Julien Campani, Eddie Chignara, Matthieu Marie, Laurent Ménoret, Claire Sermonne… scénographie Erwan Creff, costumes Hanna Sjödin assistée de Camille Lamy, lumière Kévin Briard, musique Stéphanie Gibert, maquillage et coiffure Pauline Bry, collaboration artistique Sacha Todorov, régie générale Farid Laroussi. 14 janvier >14 février 2016 8salle Jean-Marie Serreau du mardi au samedi 20 h dimanche 16 h durée 2 h 30 8rencontre avec l’équipe de création, dimanche 17 janvier 2016 après la représentation Renseignements et réservations - tél. 01 43 28 36 36 - billetterie en ligne : www.la-tempete.fr Contacts du spectacle 8administration et production Lola Lucas - tél. 06 22 03 74 41 - [email protected] 8presse Pascal Zelcer - tél. 06 60 41 24 55 - [email protected] La 12e nuit du temps de Noël, ou Nuit des Rois (Épiphanie), est pour Shakespeare l’occasion d’une variation vertigineuse sur le désir, ses leurres et ses caprices. Le Duc Orsino soupire après l’inaccessible Olivia, recluse dans le deuil. Survient, rescapée d’un naufrage, une jeune fille, Viola, habillée en homme… L’enchevêtrement des intrigues mènera à une totale confusion des identités et des sentiments. Avec Shakespeare, malentendus et entourloupes dont le spectateur est, au fil de la pièce, le témoin amusé, mènent à la réconciliation et donc à la joie. Acte V, Scène 1 Quand j’étais un petit garçon, Dans le vent, ohé ! dans la pluie, Je jouais de mille façons Puisqu’il pleut le jour et la nuit. Mais quand je fus un homme enfin, Dans le vent, ohé ! dans la pluie, A la porte on mit les coquins, Puisqu’il pleut le jour et la nuit. Mais quand vint, hélas ! le mariage Dans le vent, ohé ! dans la pluie, On ne compta plus les outrages, Puisqu’il pleut le jour et la nuit. Le monde est là depuis longtemps, Dans le vent, ohé ! dans la pluie, Et pour notre contentement, Nous jouerions le jour et la nuit. Avec vos élèves... Nous pouvons organiser une rencontre avec l’équipe artistique, à l’issue de la représentation. Contact Amandine Lesage : tél. 01 43 28 36 36 - [email protected] La Nuit des Rois Clément Poirée A mis en scène Kroum, l’Ectoplasme (Théâtre de la Tempête - 2004), et Meurtre de H. Levin (Théâtre de la Tempête - 2005), Dans la jungle des villes de B. Brecht (Théâtre de la Tempête - 2009), Beaucoup de bruit pour rien de W. Shakespeare (Théâtre de la Tempête - 2011, puis festival international Globe to Globe à Londres en 2012 et tournée en 2013), Moscou, la rouge de C. Thibaut (festival de Grignan - 2011), Homme pour homme de B. Brecht (Espace des Arts puis Théâtre de la Tempête - 2013), La Nuit des Rois de W. Shakespeare (Théâtre des Quartiers d’Ivry - 2014, reprise au Théâtre de la Tempête et tournée - 2016) ; et pour le jeune public : Le Jardin enchanté des drôles de petites bêtes d’après A. Krings. En tant que collaborateur artistique de Philippe Adrien, au sein de la compagnie ARRT et de la compagnie du Troisième Œil, il a participé depuis 2000 aux créations de : Le Roi Lear, Le Malade imaginaire, L’Ivrogne dans la brousse, Yvonne Princesse de Bourgogne, Le Procès, La Mouette, Don Quichotte, Ivanov, Œdipe, Le Projet Conrad, Le Dindon, Les Chaises, Bug !, Partage de midi, Protée, L’École des femmes, La Grande Nouvelle… A assisté Chantal Bronner pour la mise en scène de La Double Inconstance. A assisté Philippe Adrien au Conservatoire national (CNSAD) en 2000-2001, et anime des stages de formation pour artistes professionnels. Que désirent les personnages de Shakespeare ? L’idée de l’amour : « the spirit of love », dit Orsino ; l’amour pour une image, l’amour pour un être disparu, l’amour pour la bouteille… Ce ne sont que des amours mortes. La Nuit des Rois, c’est d’abord le portrait amer d’un monde sans relation où chacun se nourrit d’un amour sans objet… et pour parvenir à déchirer le voile de l’indépassable solitude des êtres, il faut le masque. Il faut la transgression, le renversement. Il faut le carnaval. Viola se grime en Cesario, et c’est sous ce déguisement qu’elle séduit involontairement Olivia ; c’est en montant une petite comédie que Maria attire les regards de Sir Tobie et finalement son amour ; le Fou se déguise en curé pour parler avec Malvolio, lui-même rendu cinglé… Ce sont des amours désaccordées, au-delà des genres et des âges, et c’est ce qui me touche. La musique a beau être jouée sur des instruments dissonants, elle n’en est pas moins belle. Si l’amour se nourrit de musique, jouez donc / Donnez m’en à l’excès… • Clément Poirée Clément Poirée réussit le parfait dosage entre humour et poésie, pour raconter cette histoire d’amours folles et de travestissements dans le pays imaginaire d’Illyrie. Un duc qui se désespère de séduire une comtesse en deuil de son frère ; deux jumeaux garçon/fille rescapés d’une tempête, qui croient tous deux que l’autre est mort ; la sœur (Viola) travestie en homme, qui fait chavirer le cœur d’Orsino et d’Olivia… Cette comédie du désir transgenre et de l’amour en fuite tourne à plein régime deux heures trente durant. On rit beaucoup des frasques de Sir Tobie (parent d’Olivia) et de son compère crétin Sir Andrew, réglées comme du Buster Keaton. Malvolio, l’intendant berné, fait un tabac en « bas jaunes » et « jarretières croisées » façon Crazy Horse… Mais dès que l’amour surgit, l’atmosphère devient délicatement onirique et sensuelle. Dans le décor astucieux de palais-dortoir (les lits où se conjuguent le sexe et le rêve), la jubilation se fond dans la mélancolie. Les comédiens sont tous excellents. Avec justesse, modestie et une grâce infinie, Poirée et sa troupe d’amoureux transis réenchantent nos nuits d’hiver meurtries. • Philippe Chevilley – Les Echos Dans cette comédie échevelée et compliquée, Shakespeare fait exploser les genres, les frontières et les interdits. Seul règne le désir. Entre farce et pochade, avec burlesques clins d’œil à aujourd’hui, Clément Poirée réussit un spectacle grotesque et inquiétant à la fois. Musical et diaboliquement dissonant. • Fabienne Pascaud – Télérama 15 janvier 2016 14 février maladie de la jeunesse de Ferdinand Bruckner mise en scène Philippe Baronnet Maladie de la jeunesse texte Ferdinand Bruckner traduction Henri Christophe, Alexandre Plank (coédition Les Théâtrales / Maison A. Vitez) mise en scène Philippe Baronnet avec Clémentine Allain, Thomas Fitterer, Clovis Fouin, Louise Grinberg, Félix Kysyl, Aure Rodenbour et Marion Trémontels. scénographie Estelle Gautier, lumière Lucas Delachaux, collaboration artistique Nine de Montal. 15 janvier > 14 février 2016 8salle Copi du mardi au samedi 20 h 30 dimanche 16 h 30 durée 1 h 30 8rencontre avec l’équipe de création, mardi 19 janvier 2016 après la représentation. Renseignements et réservations - tél. 01 43 28 36 36 - billetterie en ligne : www.la-tempete.fr Contacts du spectacle 8production / diffusion Jérôme Broggini Les échappés vifs / ex-Cie Les Permanents - tél. 06 70 92 57 37 - [email protected] 8presse Francesca Magni - tél. 06 12 57 18 64 - [email protected] Avec vos élèves... Dans une pension de Vienne, cohabitent des étudiants en médecine. Le chassé-croisé de leurs désirs, pour superficiel qu’il paraisse, n’en traduit pas moins une désorientation profonde. Compromission, embourgeoisement, abandon des idéaux, tentation du néant : la jeunesse chez Bruckner se débat dans un monde en ruines. Cette pièce de 1926, au dialogue tendu, à la forme sèche mais séduisante, étonnamment “moderne”, n’a rien perdu de son acuité voire de son actualité. DESIREE Où allons-nous ? D’ici deux ans, j’aurai mon doctorat, comme toi aujourd’hui. C’est ça, l’idéal ? A quoi tu rêves, toi ? MARIE Je ne rêve plus. DESIREE Médecin assistant à l’hôpital. Les odeurs d’iode et de phénol. Toute la vie cette puanteur. MARIE C’était comme une musique pour moi… qui atténuait la douleur de milliers de gens. DESIREE Je n’ai jamais cru aux autres. Quelle maladresse, se perdre au bénéfice des autres. Même si on atténue leur douleur, ils préfèrent être seuls. Nous pouvons organiser une rencontre avec l’équipe artistique, à l’issue de la représentation. Contact Amandine Lesage : tél. 01 43 28 36 36 - [email protected] Maladie de la jeunesse Bruckner est avant tout un intellectuel qui a réfléchi, sa vie durant, sur le monde allemand, sur l’univers humain, sur l’histoire et l’actualité, angoissante parfois, d’un siècle troublé. Il se passionna non seulement pour la scène, mais aussi pour les problèmes de la guerre et de la paix, de l’organisation politique et sociale de son pays et de l’Europe, pour le sort de la jeunesse contemporaine, son manque d’idéal et ses nostalgies éternelles. • Francis Cros Ferdinand Bruckner Bruckner fut chassé d’Allemagne en 1933 par le régime nazi. Il a essentiellement été auteur dramatique et l’un des représentants les plus célèbres de la Nouvelle Objectivité (mouvement théâtral de l’époque) : il sait lier les apports du cinéma, du théâtre moderne et de la psychanalyse. Ses pièces traitent des problèmes actuels (Maladie de la jeunesse, 1926 ; Les Criminels, 1928 ; Races, 1933). Le succès d’Élisabeth d’Angleterre (1930) l’orienta vers les sujets historiques (Napoléon, Bolívar). Le premier sentiment qui saisit à la lecture des pièces de Bruckner est l’effroi devant la sécheresse du document et la précision de l’état des lieux et des consciences. C’est un tableau saisissant de l’idéologie montante et de sa prise sur l’ensemble de la société, sur fond de pulsion de mort. Un personnage parle d’une ‘‘vague immense, mugissante, qui déferle sur l’Allemagne’’. La trilogie de Bruckner comporte Le Mal de la jeunesse – 1926, Les Criminels – 1928, Les Races – 1933, jouée à Paris en 1934. • Anne-Longuet Marx Dans ce texte violent, Bruckner diagnostique une maladie qui pourrait être celle de notre jeunesse dans une Europe en crise ; il livre le portrait de l’adolescence éternelle, mélancolique et tourmentée. La question du passage à l’âge adulte s’impose comme un fil rouge dans mon travail de comédien et de metteur en scène. Aujourd’hui, je suis séduit par le théâtre de Bruckner et par le tableau qu’il brosse de la jeunesse de l’entre-deux guerres. Les personnages de Maladie de la jeunesse sont des athlètes de la pensée, prompts à la joute verbale. Même si elle est souvent le symptôme d’un cynisme désespéré, la conversation est tendue par une vivacité d’esprit réjouissante. T’es cap’ ou pas ? A mi-temps entre le Traité de Versailles (1919) et – ce qu’on ne peut encore savoir – l’avènement d’Hitler au pouvoir, la jeunesse chez Bruckner se lance d’étranges défis… Presque un siècle plus tard, ce questionnement et cette tentative pour en découdre continuent de nous interpeller et de nous parler de notre époque, de notre jeunesse – et sans nul doute, des générations futures. • Philippe Baronnet Philippe Baronnet A notamment joué, dans le cadre de sa formation à l’ENSATT (promotion 2009), avec Alain Françon Les Ennemis de M. Gorki ; Christian Schiaretti Hippolyte / La Troade de R. Garnier ; Bernard Sobel Cymbeline de W. Shakespeare ; Philippe Delaigue Les Sincères de Marivaux et Démons de L. Norén. Il devient ensuite comédien permanent au Théâtre de Sartrouville - CDN et joue avec Laurent Fréchuret : Embrassons-nous, Folleville ! d’E. Labiche, La Pyramide de Copi, L’Opéra de quat’sous de B. Brecht et K. Weill. A également joué avec Kheireddine Lardjam De la salive comme oxygène de P. Sales. En parallèle, il anime des ateliers en milieu scolaire et préside le comité de lecture du Théâtre de Sartrouville. En 2010, il assiste Laurent Fréchuret pour la mise en scène de La Pyramide de Copi. A fondé avec des élèves de l’ENSATT La Nouvelle Fabrique, compagnie au sein de laquelle il met en scène Phénomène #3 de Daniil Harms, dont il avait déjà monté des textes en 2008 (Bam). La dernière année de sa permanence artistique à Sartrouville, il met en espace de Lune jaune de David Greig ; et choisit Bobby Fischer vit à Pasadena de Lars Norén, pour diriger ses deux complices Elya Birman et Nine de Montal – rejoints par Samuel Churin et Camille de Sablet, puis Frédéric Cherboeuf et Astrid Roos – ; le spectacle est repris au Théâtre de la Tempête à l’automne 2013, puis la saison dernière. Au printemps 2014, il met en scène Le Monstre dans le couloir de David Greig, dans le cadre du festival ADO du Préau-CDR de Vire, qui est repris au Théâtre de l’Opprimé en octobre 2015. La compagnie de Philippe Baronnet, Les échappés vifs, est associée au Centre dramatique régional de Basse-Normandie jusqu’en 2018. 21 février 2016 21 février La nuit de juliette d’après les lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo conception Anne de Broca La Nuit de Juliette d’après les lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo conception Anne de Broca avec Anne de Broca et les apprentis de l’Académie Fratellini Clément Malin et Caio Sorana avec Laurent Derache à l’accordéon avec la complicité de Philippe Dormoy. 21 février 2016 8salle Jean-Marie Serreau dimanche 20 h 30 durée 1 h Renseignements et réservations - tél. 01 43 28 36 36 - billetterie en ligne : www.la-tempete.fr Actrice, Juliette Drouet fait la connaissance de Victor Hugo lors des répétitions de Lucrèce Borgia en 1833. Leur première nuit d’amour, du 16 au 17 février, sera ensuite célébrée chaque année, et c’est en 1839 qu’ils contracteront leur « mariage mystique » : elle renonce à sa carrière d’actrice, il fait vœu de ne jamais l’abandonner. Au long des cinquante années de leur relation, elle lui adressera quelque vingt mille lettres : rendez-vous, contrariétés ou jubilation des premiers temps laissent place peu à peu à une “méditation adressée”, panorama d’une âme inquiète, joueuse, avide et concrète mais aussi, pour notre plus grand plaisir, totalement irrévérencieuse. « Je suis très Juju ce soir… et vous, êtes-vous très Toto ? Je ramasse mon bonheur partout où je le trouve, à tous les coins de rue et à toutes les bornes, à midi comme à minuit. Je le quête et je le mendie sur tous les tons avec la plus lamentable persévérance. Je tends le cœur et la main aux moindres aumônes que votre charité veut bien me faire. Je ne supporte pas que tu ne me laisses pas te servir les plus grosses asperges et le dessus de la crème… Je ne demande que la préférence entre moi, la canne et le cure-dent. Mon ambition serait de mourir pour ta fantaisie. » La Nuit de Juliette « Toto est un cochon, Toto est un porc, Toto est un animal immonde ! Je commence à croire que vous serez nommé prochainement à la cacadémie… Ah ! tu es candidat, ah ! tu te mets sur les rangs pour un méchant fauteuil sur lequel tous ces vieux stupides ont laissé leur roupie sur les bras et leur caca sur le siège ! Taisez-vous, vieux sale, et faites votre devoir ou sinon je dis tout. Oui, je dirai à tout le monde que vous avez un orgue de barbarie dans votre chemise qui joue des airs tout seul et sans qu’on le touche ; je crierai par-dessus les toits que vous avez du caca plein votre caleçon et autre ! Baise-moi vieux cochon de salaud et tâche de m’aimer un peu sous ta crasse. » Ces lettres ne sont sans doute que le prétexte, une borne dirait Georges Bataille, pour retrouver chaque année la question du désir et célébrer l’amour fou, celui qui justement nous questionne et nous taraude. Le Théâtre de la Tempête est, cette année encore, le terrain vague de ces retrouvailles, terrain d’un jeu dangereux, celui de la démesure : démesure d’aimer… Chronique d’une liaison de cinquante ans ou hymne à un amour de légende ? Les deux sans doute. Juliette Drouet était à la fois éclairée et écrasée par la gloire de Victor Hugo. Sa vie fut une longue adoration et une longue souffrance. Née en 1806 sous le nom de Julienne Gauvain, orpheline élevée dans un couvent, elle passe de la discipline monacale à l’agitation d’une petite théâtreuse aux mœurs légères et aux succès modestes lorsqu’elle rencontre, en 1833, celui qui n’est encore qu’un jeune écrivain prometteur, c’est pour elle le coup de foudre. Quant à Hugo, il ne tarde pas à deviner en Juliette la femme providentielle qui pourra le consoler de la trahison de son épouse. Très vite, se développe entre eux une passion dévorante, traversée d’orages. Fière d’appartenir à un homme d’une telle valeur, Juliette témoigne tout ensemble d’un goût du sacrifice qui lui vient de son éducation religieuse et d’une jalousie qui confine à l’idée fixe. Or, si « Toto » est incurablement volage, il ne tolère pas que sa maîtresse le soit. Afin de l’avoir constamment sous la main, il la séquestre sans scrupule. De révolte en réconciliation, elle finit par se plier à cet esclavage avec une ferveur idolâtre, affirmant tour à tour le courage d’une aventurière et le dévouement d’une domestique. Lors du coup d’État de décembre 1851, elle brave le danger pour le sauver ; elle le suit dans son exil en Belgique, à Jersey, à Guernesey ; elle consent à végéter auprès de lui, sur une terre étrangère, tapie dans l’ombre et recopiant ses manuscrits, tandis qu’il se produit au grand jour avec sa femme et ses enfants. Prisonnière sur parole, Juliette Drouet sera, jusqu’à sa mort à soixante-dix-sept ans, le symbole des excès, des contradictions et des servitudes de l’amour. • Henri Troyat Au pays des amours de Juliette. Chaque année depuis vingt-six ans, aux alentours de la mi-février, Anne de Broca organise un « rituel théâtral » (c’est son expression) lors duquel elle prête son corps et sa voix à la grande amoureuse. Anne de Broca a croisé le chemin de Juliette Drouet en 1986. Cette année-là, elle interprète le rôle-titre dans Juliette ou la Misérable, mis en scène par Françoise Gerbaulet au Théâtre d’Ivry. Elle découvre alors le texte des lettres et la vie de leur auteure. Apprend que, chaque année durant cinquante ans, Victor et Juliette se sont rituellement échangé un courrier le 16 ou le 17 février, pour célébrer la première nuit qu’ils avaient passée ensemble, en février 1833. En est marquée au point qu’en 1989, elle décide de reprendre le spectacle sous le titre 156 ans déjà mon amour, pour le jouer ensuite une nuit par an pendant cinquante ans ! « Afin de redonner cinquante ans de théâtre à Juliette », explique la comédienne, qui rappelle que la maîtresse de Hugo avait abandonné sa carrière d’actrice pour vouer sa vie au père des Misérables. Depuis, Anne de Broca a respecté l’engagement qu’elle avait pris vis-à-vis d’elle-même, « par pure déraison ». • Libération 17 mars 2016 17 avril dom juan de Molière mise en scène Anne Coutureau 17 mars >17 avril 2016 8salle Jean-Marie Serreau du mardi au samedi 20 h dimanche 16 h durée 2 h 8rencontre avec l’équipe de création, dimanche 20 mars 2016 après la représentation Renseignements et réservations - tél. 01 43 28 36 36 - billetterie en ligne : www.la-tempete.fr Contacts du spectacle 8administration Camille Trastour - tél. 01 42 53 01 25 - [email protected] Dom Juan de Molière mise en scène Anne Coutureau avec Florent Guyot… (distribution en cours) collaboration artistique Mila Savic son Jean-Noël Yven costumes Julia Allègre maquillage-coiffure Solange Beauvineau Sur un thème de comédie, celui du séducteur-abuseur, Molière construit une pièce qui, en vérité, traite de « l’angoisse de l’homme vis-à-vis de son destin ». En bafouant fidélité, honneur, respect, dévotion, Dom Juan ébranle l’ordre social, religieux et familial. Mais où conduit cette liberté sans objet ? Quel écho cette revendication de souveraineté trouve-t-elle aujourd’hui ? Par-delà évolution et révolutions, comment une œuvre de circonstance se transforme-t-elle en résonateur des questions du futur ? DONE ELVIRE C’est ce parfait et pur amour qui me conduit ici pour votre bien, pour vous faire part d’un avis du Ciel, et tâcher de vous retirer du précipice où vous courez. Oui, Dom Juan, je sais tous les dérèglements de votre vie, et ce même Ciel, qui m’a touché le cœur, et fait jeter les yeux sur les égarements de ma conduite, m’a inspiré de vous venir trouver, et de vous dire, de sa part, que vos offenses ont épuisé sa miséricorde… 8presse Francesca Magni - tél. 06 12 57 18 64 - [email protected] Avec vos élèves... Nous pouvons organiser une rencontre avec l’équipe artistique, à l’issue de la représentation, ou des ateliers d’initiation à la pratique théâtrale (durée 2 h), dirigés par Anne Coutureau, autour de Dom Juan. Contact Amandine Lesage : 01 43 28 36 36 - [email protected] Anne Coutureau Comédienne et metteur en scène, Anne Coutureau est la directrice artistique de Théâtre vivant. Née à Paris, en 1970, elle a été formée à l’Ecole Claude Mathieu. Aux côtés de Jean-Luc Jeener, elle participe à l’ouverture du Théâtre du Nord-Ouest en 1997. La singularité de cette aventure la confronte à tous les métiers du théâtre, enrichissant sa formation : de la scénographie à la conduite des équipes en passant par l’administration. Elle y fait sa première mise en scène : La Critique de L’Ecole des femmes de Molière. Depuis 1992, elle travaille dans divers théâtres à Paris et monte Tchekhov, Molière, Corneille, Feydeau, Jeener… en même temps qu’elle joue Andromaque, Ysé, Camille, Marianne, Silvia, Henriette, Elise, Eléna, Phèdre… mais aussi de nombreuses créations : Jean-Louis Bauer, Laura Forti, Benoit Marbot, Mitch Hooper, Carlotta Clerici, Cyril Roche, Hippolyte Wouters… une trentaine de rôles jusqu’à aujourd’hui. En 2002, avec Carlotta Clerici, Mitch Hooper, et Yvan Garouel, elle fonde la compagnie Théâtre vivant dont elle reprendra seule la direction en 2012. Autour des spectacles, d’autres dispositifs voient le jour, affirmant son intérêt pour la recherche artistique et la pédagogie : ateliers d’entraînement, de recherche et de création pour acteurs professionnels et amateurs. Par ces ateliers, elle aborde l’écriture dramatique et vient d’achever sa septième pièce, Eve, créée en juin 2013. En 2012 au Théâtre de la Tempête, elle monte Naples millionnaire ! création en France d’une des plus célèbres pièces d’Eduardo De Filippo pour lequel elle reçoit le Prix du Public Beaumarchais 2012 du « Meilleur Spectacle ». Elle a récemment mis en scène L’Ecole des femmes de Molière au Théâtre du Nord-Ouest où elle interprète actuellement Phèdre de Racine. Dom Juan Dom Juan, ne reconnaissant « ni Dieu ni maitre », menace l’ordre du monde et le monde se charge de le lui rappeler : il devient dès lors un révélateur de la comédie sociale et de l’ambiguïté de la vertu, car tous les personnages semblent prisonniers d’une morale figée ou d’un intérêt personnel déguisé et font figure d’esclaves : face à eux, Dom Juan manifeste une extraordinaire puissance de vie et fait preuve d’un courage et d’une exigence peu communs. Qui l’arrêtera alors ? Dom Juan aimerait trouver sur son chemin une force qui le dépasse et le mouvement qui exprime son goût de l’infini l’entraîne au-delà de la morale des hommes, vers le Ciel. Mais le silence de Dieu est insupportable. C’est ainsi que, suivant une inspiration dérangeante, Dom Juan cherche à commettre l’action la plus noire pour provoquer la colère céleste. Chaque rencontre devient l’occasion d’une provocation métaphysique et Dom Juan se retrouve, contre toute attente, en dialogue permanent avec le Ciel. Jusqu’à l’obsession. Jusqu’à la damnation. Car dans son élan vers le mal, il prend du plaisir. Jouir de la souffrance des autres est une façon de blesser Dieu. Sa provocation ultime, c’est la négation de l’autre comme Autre. Choisir d’inscrire la pièce de Molière dans la cadre de notre société oblige à reconsidérer chaque personnage et à interroger le métissage culturel, la place de la religion, le communautarisme, les rapports de forces entre classes sociales, la famille et l’éducation. Dom Juan seul traverse les siècles (Molière était-il visionnaire ?) et c’est finalement dans l’écrin de notre vingt-et-unième siècle si libéral qu’éclate sa quête de vérité : elle fait apparaître, avec les dérèglements qui s’ensuivent, la figure parfaite de l’homme moderne dont la volonté de remplacer la morale par le désir est peut-être la marque d’un besoin absolu de sens et de transcendance. Ce qui ne peut manquer de nous toucher… • Anne Coutureau A la différence d’Œdipe et de Hamlet – héros du théâtre de la vérité -, Dom Juan n’est pas un préposé au dévoilement et à la suppression du monstrueux. Il incarne lui-même ce monstrueux, il fait corps avec le scandale et se précipite de son propre chef dans ce qui se refermera sur lui. On retrouve certes un thème qui sous-tend également le théâtre de la vérité, puisque l’enquête est présente, tout comme dans les trajectoires d’Œdipe et de Hamlet, mais elle se joue contre le héros, elle n’est pas assumée par lui et ce n’est pas le destin de l’enquête qui constitue le noyau de l’intrigue. La logique sacrificielle offre alors un visage tout différent : condensant sur sa personne le monstrueux et le diabolique, Dom Juan devient la cible de l’opération sacrificielle finale. Les victimes sont, en un certain sens, nombreuses, mais elles obtiennent en fin de parcours la vengeance qu’elles réclament et l’immolation terminale se concentre sur le personnage de Dom Juan. Le théâtre de la séduction s’avère moins sanguinaire que le théâtre de la vérité, la disparition finale de Dom Juan représentant d’ailleurs un facteur d’unification et de réconciliation, comme si la cohésion du groupe se réalisait dans cette disparition. • Monique Schneider 18 mars 2016 17 avril annabella Dommage que ce soit une putain Annabella Dommage que ce soit une putain d’après John Ford traduction et adaptation Frédéric Jessua et Vincent Thépaut mise en scène Frédéric Jessua d’après John Ford mise en scène Frédéric Jessua avec Elsa Grzeszczak, Tatiana Spivakova, Jean-Claude Bonnifait, Baptiste Chabauty, Frédéric Jessua, Thomas Matalou et Vincent Thépaut… (distribution en cours) scénographie Charles Chauvet, costumes Julie Camus, maquillage et effets spéciaux Elodie Martin, lumière et régie générale Marinette Buchy, dramaturgie Vincent Thépaut. 18 mars > 17 avril 2016 8salle Copi du mardi au samedi 20 h 30 dimanche 16 h 30 8rencontre avec l’équipe de création, mardi 22 mars 2016 après la représentation. Renseignements et réservations - tél. 01 43 28 36 36 - billetterie en ligne : www.la-tempete.fr John Ford, une génération après Shakespeare, clôt le cycle des grands dramaturges élisabéthains. Enceinte de son frère Giovanni qui est éperdument amoureux d’elle, Annabella épouse un de ses soupirants, Soranzo, lequel découvrant son infidélité se met à la recherche de l’amant. Averti d’un guet-apens, Giovanni médite sa vengeance… Artaud : « Annabella, c’est l’absolu de la révolte, c’est l’amour sans répit, et exemplaire, qui nous fait, nous spectateurs, haleter d’angoisse à l’idée que rien ne puisse jamais l’arrêter. » ANNABELLA Frère, cher frère, sache ce que j’ai été, Contact du spectacle 8production Elise Chièze / La Boite à outils - tél. 06 29 53 04 33 - [email protected] 8diffusion Gabriel Buguet / La Boite à outils - tél. 06 38 66 46 78 - [email protected] 8presse Francesca Magni - tél. 06 12 57 18 64 - [email protected] Et sache qu’il n’y a plus désormais que le temps d’un déjeuner Entre nous et notre ruine : ne gaspillons pas Ces heures précieuses en propos vains et inutiles. (…) GIOVANNI Ainsi dans l’autre monde nous nous connaîtrions l’un l’autre ? ANNABELLA J’en suis certaine. GIOVANNI Mais croyez-vous que je vous y verrai ? Pourrons-nous nous embrasser, babiller ou rire, Et faire ce que nous faisons ici ? Avec vos élèves... Nous pouvons organiser une rencontre avec l’équipe artistique, à l’issue de la représentation. Contact Amandine Lesage : tél. 01 43 28 36 36 - [email protected] John Ford Annabella Né en 1580 dans le Devon, il fait des études de droit à Oxford puis “monte” à Londres à l’âge de 26 ans pour y parfaire sa formation de juriste. Il commence par écrire des lettres, puis des pamphlets (Le Triomphe de l’honneur en 1606), des poèmes (La Sueur du sang du Christ en 1613), des traités de morale (Un modèle de vie dédié au roi Jacques 1er en 1620). Il se lance en 1621 dans le théâtre en collaborant avec des auteurs affirmés (Dekker et Rowley pour la pièce La Sorcière d’Edmonton, Dekker encore pour un masque Le Bien-aimé du Soleil en 1624). Sa première pièce en solitaire date de 1629, La Mélancolie de l’amant, une comédie sentimentale. Il compose coup sur coup en 1633 trois tragédies où se mêlent ironie macabre et érotisme noir : Dommage que ce soit une putain, Le Cœur brisé et Le Sacrifice de l’Amour. Il termine sa carrière par des comédies sans qu’il soit réellement possible d’établir une date de composition des œuvres. Il n’existe aucune information disponible concernant la vie privée de John Ford. Comme pour la plupart des dramaturges élisabéthains, les registres de caisses des théâtres, les rares publications de pièces, les archives universitaires, les actes de naissance ou de baptême et… la légende, sont les seuls témoins de leur passage parmi nous. john ford ne glorifie pas l’inceste pour les besoins du spectaculaire, mais déroute les attentes en inversant les valeurs religieuses et sociétales. Dans cette Parme, le beau est laid, la justice est injuste, les serments sont mensonges, les amoureux sont égoïstes, les idiots disent la vérité, le crime est réjouissant, le meurtre est érotique et la beauté est une malédiction. On est tenté d’y percevoir un drame joué par une jeunesse qui rejette les apports d’une société corrompue, et qui s’autorise tous les outrages au point de prétendre considérer l’enfer comme l’égal du ciel. Mais Ford va plus loin que cette rébellion en poétisant la recherche du paradis terrestre de Giovanni et Annabella, amoureux d’eux-mêmes mais surtout amoureux d’une aventure qu’ils n’auraient pas la force de mener seuls. Ainsi, par la dureté des images et des situations, la mise en scène entraîne les spectateurs dans un périple, et rend chacun d’eux voyeur de cette fugue à l’envers qui raconte comment le piège mortel que se construisent les amants sera leur plus belle façon de s’échapper. • Vincent Thépaut J’aime à me rappeler que l’œuvre est anglaise, qu’elle est l’émanation d’un peuple insulaire qui à sa Renaissance s’est, de manière presque désinvolte, affranchi du théâtre antique en proposant un univers linguistique et thématique original. Ce phénomène n’est pas sans m’évoquer, plus près de nous, la folie créatrice britannique de la fin du vingtième siècle (tant au niveau du théâtre, de la musique, de l’image et de la mode) : un mouvement entamé dans les années 60 mais dont on trouve des prolongements jusqu’au début des années 90 ; il s’inscrit dans une période politiquement et socialement mouvementée, souvent grave et violente. L’univers visuel sur lequel nous travaillons s’inspire de ces tendances. Les thématiques en jeu – l’aveuglement de la famille, la mise en défaut de la religion face au passage à l’acte, la toute-puissance de la femme dans la relation amoureuse –, permettent à la pièce de traverser les âges. Dans ce projet, j’ai voulu faire la part belle à la jeunesse, en choisissant de m’entourer d’acteurs et de collaborateurs en devenir. • Frédéric Jessua Frédéric Jessua Formation au Studio 34 à Paris. Cofondateur de la compagnie acte6 en 1999, il participe en tant que comédien et directeur de production à la création d’une douzaine de spectacles. Il met en scène Le Misanthrope de Molière (en 2007), puis 7 pièces issues du répertoire du Grand Guignol (en 2008), qui le passionne pour ses similitudes avec le format et l’intensité dramatique des séries télévisuelles contemporaines. Il affine ses compétences en production à la Belle Ouvrage en 2010 puis intègre la section mise en scène du CNSAD en 2011. La même année, il écrit son premier texte, un seul en scène fondé sur son expérience en intervention chez les Pompiers de Paris lors de son service militaire. Souhaitant développer des créations plus contemporaines mêlant son goût pour l’Histoire, l’actualité, la recherche et la médiation, il crée « La Boîte à outils » en 2011, et s’entoure d’artistes et techniciens rencontrés au fil de son parcours. Il participe depuis 2011 à l’élaboration et au développement du Festival NTP en Anjou, en tant que metteur en scène, comédien et responsable de production. Il a signé à l’heure actuelle plus de 10 mises en scène de textes classiques et contemporains et propose des ateliers de pratique conçus dans le prolongement de son travail au plateau. Acteur, il a joué sous la direction de Sébastien Rajon, Frédéric Ozier, Franck Berthier, Valia Boulay, Yves Burnier, Jean-François Mariotti, Isabelle Siou, Carole Anderson, Léo Cohen-Paperman, Lazare Herson-Macarel, Sacha Todorov, Julien Romelard, Jo Boegli, Emilien Diard-Detoeuf, Julien Varin, Raouf Raïs et Thomas Matalou. Au cinéma, il joue sous la direction de Norman Jewison, Jacques Bral et Sarah Léonor. A la télévision il participe à des faux reportages, publicités et clips pour le compte du Vrai Journal de Karl Zéro et de Groland sur Canal Plus, et à des caméras cachées pour le compte du Grand Piège sur M6. Anna Karénine 12 mai 2016 12 juin Anna Les bals où on s’amuse n’existent plus pour moi Karénine d’après Léon Tolstoï adaptation et mise en scène Gaëtan Vassart d’après Léon Tolstoï adaptation et mise en scène Gaëtan Vassart avec Golshifteh Farahani, Emeline Bayart, Xavier Boiffier, Sabrina Kouroughli, Guillaume Marquet, Manon Rousselle, Igor Skreblin, Stanislas Stanic … (distribution en cours). assistante à la mise en scène Laure Roldan, scénographie Clémence Kazemi, costumes Delphine Brouard, lumières Olivier Oudiou, son David Geffard, chorégraphie Marie Fonte. 12 mai > 12 juin 2016 8salle Jean-Marie Serreau du mardi au samedi 20 h dimanche 16 h durée prévue 2 h 15 8rencontre avec l’équipe de création, dimanche 15 mai 2016 après la représentation. Anna Karénine l’insoumise. Celle qui choisit de vivre sa passion, celle qui choisit la liberté de penser, d’aimer jusqu’à en mourir. Renseignements et réservations - tél. 01 43 28 36 36 - billetterie en ligne : www.la-tempete.fr La belle et noble Anna Karénine, mère d’un jeune garçon, mène une vie rangée auprès de son époux, un politicien célèbre, jusqu’à sa rencontre bouleversante avec le Comte Vronski… L’œuvre ne saurait cependant se résumer au récit, sublime, d’une passion fatale. Tolstoï conçoit le roman comme une « expérience de laboratoire ». En synchronisant et en enchevêtrant le destin d’autres couples, Tolstoï place au centre la question de l’authenticité et de la “forme” de vie : tout personnage est le protagoniste d’un drame moral. En cela, le roman s’ouvre au théâtre. Contact du spectacle KITTY. – Comme elle est belle, mais il y a 8administration - production quelque chose en elle qui m’inspire une Olivier Talpaert - tél. 06 77 32 50 50 - [email protected] 8presse Claire Amchin / L’autre bureau - tél. 06 80 18 63 23 - [email protected] immense pitié ! *** ANNA. – Oui, j’ai connu l’amour, j’ai connu le plaisir, comme jamais je ne l’avais connu avant, et comme probablement jamais elles ne le connaîtront. Et elles trouvent normal que je paie le prix fort pour ça ! Kitty, la première… Elle est jalouse de moi et elle me hait. Je suis à ses yeux une femme immorale… Personne ne me connaît, pas même moi, je ne connais que mes pulsions amoureuses, comme disent les petits frenchies… Avec vos élèves... Golshifteh Farahani © photo Arnold Jerocki Nous pouvons organiser une rencontre avec l’équipe artistique, à l’issue de la représentation. Contact Amandine Lesage : tél. 01 43 28 36 36 - [email protected] Léon Tolstoï Orphelin de bonne heure, Léon Tolstoï (1828-1910) est élevé par un professeur français. Après l’université, il retourne dans ses terres pour y soulager le sort des serfs. En 1851 il devient sous-officier d’artillerie et publie sa première œuvre Enfance. En 1858, il voyage en France, en Suisse, en Allemagne. Il se marie en 1862 et écrit, en onze ans, Guerre et paix et Anna Karénine. Tolstoï est porté au rang de père fondateur de la littérature russe, adoré par ses proches contemporains ou héritiers : Dostoïevski, Gorki, Tourgueniev, Tchekhov, Nabokov, Flaubert, Stephen Zweig… Gaëtan Vassart Auteur, metteur en scène et comédien né à Bruxelles en 1978, Gaëtan Vassart a été formé à l’INSAS en sections comédien et mise en scène, puis en Classe Libre au Cours Florent, avant d’intégrer le Conservatoire national supérieur d’Art dramatique. A notamment joué au théâtre avec Philippe Adrien, Bernard Sobel, Eric Ruf, Gérard Desarthe, Michel Didym, Joël Jouanneau… Au cinéma, il joue dans Malaterra et L’Affaire Courjault de Jean-Xavier de Lestrade et L’Exercice de l’Etat de Pierre Schoeller. Joël Jouanneau l’aide à fonder la Compagnie La Ronde de Nuit. Il écrit et met en scène : Toni M. (Aide à la création du CNT et résidence de création à la Chartreuse), présenté à la Chapelle Sainte-Claire au Festival d’Avignon ; Peau d’Ourse d’après le conte italien du Pentamerone, présenté à la Maison de Radio France avec A. Alvaro ; Danseuse, texte qui a reçu les encouragements du CNT et sera créé à la Comédie de Picardie en 2017. Anna Karénine est la première adaptation théâtrale en France du roman de Tolstoï. Anna Karénine notre adaptation est centrée sur la question de l’émancipation des femmes telle qu’elle se dégage du destin conjugal d’Anna Karénine, Kitty Chtcherbatski et Daria Alexandrovna : chacune incarne une problématique propre à l’âge du couple. Anna Karénine fait le choix de vivre sa passion, libre et déterminée. Elle ne peut plus voir son enfant et est bannie de la haute aristocratie. Tolstoï écrit : « Anna Karénine ressemble à la lueur d’un incendie au milieu d’une nuit sombre ». C’est un roman sur la survie. Non pas la survie d’un individu ou d’une famille, mais celle de toute une société, ou même du monde. Ce monde de la fin du XIXe connaît l’essor industriel et la naissance du capitalisme, mais aussi les mouvements contestataires et nihilistes qui portent en germe la question de la méritocratie, notion si sensible pour ma génération. Léon Tolstoï glorifie le monde de la campagne, en lecteur assidu de Rousseau, et promeut l’éducation des masses comme levier de progrès pour lutter contre l’ignorance. Nous pousserons le plus loin possible les scènes de « passion amoureuse », de manière à faire jaillir la vitalité et la pulsation de l’œuvre romanesque ; mais nous n’oublierons pas l’espérance progressiste du père fondateur de la littérature russe. Dans notre période si troublée, où des populations entières versent dans l’obscurantisme, la peur et la paranoïa, nous continuons à penser, comme le personnage de Lévine, que la raison, l’éducation, les sciences, le savoir, l’histoire, peuvent légitimement supplanter la seule émotion, les croyances, les préjugés, les superstitions, le fatalisme, la loi du talion. Et fonder un projet de libération humaine. • Gaëtan Vassart Anna n’est pas qu’une femme, qu’un splendide spécimen du sexe féminin, c’est une femme dotée d’un sens moral entier, tout d’un bloc, prédominant : tout ce qui fait partie de sa personne est important, a une intensité dramatique, et cela s’applique aussi bien à son amour. Elle est incapable de se contenter d’une liaison clandestine. Sa nature loyale et passionnée rend la duplicité inconcevable. Anna donne à Vronski toute sa vie, elle consent à être séparée de son jeune fils qu’elle adore … Anna scandalise la société hypocrite moins par sa liaison amoureuse que par son mépris affiché des conventions sociales. Il y a dans Anna Karénine une question de morale qui n’est pas celle que le lecteur courant s’attend à y trouver. Ce n’est pas que, s’étant rendue coupable d’adultère, Anna doive en payer le prix ; elle n’a été punie ni pour son péché (elle aurait pu s’en tirer) ni pour avoir transgressé les conventions d’une société. Alors, quel est le « message » moral que Tolstoï a voulu transmettre dans son roman ? Les décrets de la société ne durent qu’un temps ; ce qui intéresse Tolstoï, ce sont les exigences éternelles de la morale. Alors apparaît sa véritable intention : l’amour ne peut être exclusivement charnel parce qu’il est alors égocentrique et devient par conséquent destructeur. C’est un amour coupable. Et afin d’exposer son idée le plus artistiquement possible, Tolstoï dépeint et met en parallèle, en un contraste saisissant, deux sortes d’amour : l’amour charnel du couple Anna-Vronski (luttant au milieu de leurs émotions sensuellement riches mais fatales et spirituellement stériles), et l’amour authentique, chrétien, selon Tolstoï, du couple Kitty-Lévine, avec là aussi une richesse sensuelle, mais équilibrée, harmonisée par l’atmosphère pure de la responsabilité, de la tendresse, de la vérité et des joies familiales. Selon une épigraphe biblique : « C’est Moi qui ferai justice, Moi qui rétribuerai, dit le Seigneur ». Quelles en sont les implications ? D’abord, que la société n’a pas le droit de juger Anna, et ensuite qu’Anna n’a pas le droit de punir Vronski en se suicidant à titre de vengeance. • Vladimir Nabokov, Littératures II 13 mai 2016 22 mai chansons sans gêne Nathalie Joly chante Yvette Guilbert mise en scène Simon Abkarian 13 >22 mai 2016 8salle Copi du mardi au samedi 20 h 30 dimanche 16 h 30 8rencontre avec l’équipe de création, mardi 17 mai après la représentation Renseignements et réservations - tél. 01 43 28 36 36 - billetterie en ligne : www.la-tempete.fr Contacts du spectacle 8production Marche la route - tél. 06 52 04 68 90 - [email protected] - http://marchelaroute.free.fr 8presse Cécile Morel - tél. 06 82 31 70 90 - [email protected] Chansons sans gêne Nathalie Joly chante Yvette Guilbert (3 mise en scène Simon Abkarian e épisode) chant, texte, conception Nathalie Joly piano Jean-Pierre Gesbert collaboration artistique Pierre Ziadé conseil artistique Jacques Verzier lumières Arnaud Sauer costumes Louise Watts Je suis Terrienne ; effondrée de reconnaissance, ô Terre… Je suis ta Passante émerveillée. Troisième volet d’un triptyque consacré à la chanteuse Yvette Guilbert : Je ne sais quoi évoquait la reine du Caf ’Conc’ avant 1900 et sa correspondance avec Freud ; En v’là une drôle d’affaire, la période des années 10, où elle inventait l’art du parlé-chanté. Chansons sans gêne est consacré au 3e cycle de sa vie : tout en poursuivant sa carrière de chanteuse – elle donne en 1938 un dernier récital à Paris, Liaisons et trahisons amoureuses –, Yvette Guilbert débute à 61 ans au cinéma. à contre-courant des stars hollywoodiennes, elle affirme sa vitalité en s’opposant aux lois de la mode et de l’image, et prolonge par l’écrit, les conférences et les émissions radiophoniques, son combat en faveur de l’émancipation des femmes. LA BUVEUSE D’ABSINTHE Elle était toujours enceinte, Et puis elle avait un air... Pauvre buveuse d’absinthe ! Elle vivait dans la crainte De son ignoble partenaire Elle était toujours enceinte. Par les nuits où le ciel suinte, Elle couchait en plein air. Pauvre buveuse d’absinthe ! Ceux que la débauche éreinte La lorgnaient d’un œil amer : Elle était toujours enceinte ! Avec vos élèves... Nous pouvons organiser une rencontre avec l’équipe artistique, à l’issue de la représentation. Contact Amandine Lesage : tél. 01 43 28 36 36 - [email protected] Artiste internationale, Nathalie Joly est passionnée par les formes parlées – chantées, à l’origine de tous ses spectacles. Avec la compagnie Marche la route, elle a chanté et réalisé Je sais que tu es dans la salle sur Yvonne Printemps et Sacha Guitry, Cabaret ambulant sur le Théâtre forain, J’attends un navire - Cabaret de l’exil d’après Kurt Weill avec Jacques Verzier, Cafés Cantantes chansons de superstition, Paris Bukarest sur Maria Tanase (mise en scène Maurice Durozier), Je ne sais quoi d’après la correspondance entre Yvette Guilbert et Freud, En v’là une drôle d’affaire - Nathalie Joly chante Yvette Guilbert 2e épisode (mises en scène Jacques Verzier), Diseuses - du parléchanté d’hier au rap d’aujourd’hui (création Toursky novembre 2015), Café Polisson (création Musée d’Orsay septembre 2015 pour l’ouverture de l’exposition Splendeurs et misères, images de la prostitution 1850-1910). Comédienne–chanteuse, elle obtient un 1er prix de chant à l’unanimité au CNR de Boulogne Billancourt, un 1er prix de musique de chambre et une maîtrise de philosophie à la Sorbonne. Elle joue au théâtre avec : Philippe Adrien Rêves de Kafka et Ké voï ; Thierry Roisin Les Pierres ; Michel Rostain Jumelles ; Diego Masson Chansons de Bilitis ; Alain Françon et l’Opéra de Lyon La Vie parisienne d’Offenbach ; Maurice Durozier Brûleur de planches, Cabaret ambulant, Calma de la mar, Désirs de mer ; Lisa Wurmser Marie des grenouilles, La Bonne âme du Se-Tchouan ; Olivier Benezech Le Violon sur le toit… Elle travaille avec les compositeurs Maurice Ohana, le GRAME, James Giroudon et Pierre Alain Jaffrenou, David Jisse, Christian Sebille, Philippe Legoff… Elle a enseigné à l’Ecole Nationale des Arts du Cirque de Châlons-enChampagne de 2006 à 2012 et à l’étranger, notamment à Kaboul en Afghanistan, où elle a réalisé en 2005 le film documentaire Tashakor. Elle jouera dans le prochain film de Joël Farges Campo amor. Chansons sans gêne Je veux dire la joie et le plaisir que j’éprouve à travailler avec Nathalie Joly. Cette collaboration est avant tout un amour que nous avons du cabaret. Yvette Guilbert est une artiste protéiforme, une femme multiple, qui a eu pour but la beauté et l’invention. Notre travail avec Nathalie s’inspire de la comédie musicale américaine, avec tout ce que cela comporte de glamour et de sensualité, mais aussi de drôlerie et d’émotions. Si je devais citer un film, ce serait Sunset Boulevard ou All that Jazz. Mettre en lumière et en forme « le corps musical et charnel Yvette Guilbert » est une gageure. Il faudrait faire trois spectacles. La bonne nouvelle est que Nathalie Joly en a déjà joué deux. Les textes sont en français, le piano aussi. Et c’est très bien. La « Geste Guilbert » est une ode à notre langue… surtout lorsqu’elle est populaire, qu’elle s’exprime, se déploie dans nos imaginaires parfois las des raccourcis verbaux. Il y aura des projections de Yvette/Nathalie chantant, parlant, dansant, jouant. La vidéo joue le miroir qui nous renvoie les vies de cette femme qui fut et reste une exploratrice de la scène, donc de la vie. • Simon Abkarian Chansons sans gêne dresse le portrait de cette pionnière du genre réaliste. Parmi les célébrations de l’année, celle des 150 ans de la naissance d’Yvette Guilbert n’est pas la plus médiatique. Cruelle injustice pour cette pionnière qui sut élever l’interprétation de la chanson au rang de l’art dramatique. Si on connaît un peu moins mal l’œuvre d’Yvette Guilbert, c’est grâce à Nathalie Joly, qui présente son troisième spectacle dédié à celle dont Toulouse-Lautrec immortalisa la silhouette. (…) Il n’est pas nécessaire d’avoir vu les épisodes précédents pour goûter celui-ci. Entre refrains et textes tirés des écrits de la chanteuse, Nathalie Joly et son metteur en scène Simon Abkarian brossent le portrait d’une femme qui a connu la gloire et la fortune mais qui ne se réfugie pas dans un passé mythique : l’âge et l’expérience lui permettent de relever de nouveaux défis, le cinéma par exemple (elle tournera avec L’Herbier, Murnau ou Guitry). Elle donne aussi des conférences où elle plaide pour la cause des femmes. Rares sont les chansons où les femmes ne sont pas au centre : souvent victimes, alcooliques (la poignante Buveuse d’absinthe) ou condamnées au trottoir, mais parfois libres et heureuses de tromper leur mari (A présent qu’t’es vieux, hilarante). Quelle aubaine d’écouter ces classiques oubliés, d’une qualité littéraire sans équivalent aujourd’hui : ils avaient pour auteur le vénéneux Jean Lorrain, l’anarchiste Gaston Couté, le corrosif Xanrof… Au piano, Jean-Pierre Gesbert est bien plus que l’accompagnateur : il est le confident, l’amant ou encore un saisissant Sigmund Freud, pour évoquer l’admiration mutuelle qui liait le père de la psychanalyse et la reine du café-concert. «Il y a en germe chez Yvette toute la chanson française postérieure…» explique Abkarian, metteur en scène sobre et précis qui a incité Nathalie Joly à s’affranchir des repères temporels. Au fil des interprétations, son Yvette va approcher Janis Joplin, Nina Hagen, Catherine Ringer… Les héritières d’Yvette Guilbert ne seront plus condamnées à écrire leur histoire à travers des textes d’hommes, mais emploieront leurs propres mots : Anne Sylvestre, Barbara… C’est cette histoire d’émancipation que retrace Chansons sans gêne, dans un miraculeux équilibre entre l’humour et l’émotion. • François-Xavier Gomez, le 29 mai 2015 © photo Arnold Jerocki Nathalie Joly 26 mai 2016 5 juin une vie bouleversée d’après les écrits de Etty Hillesum traduction française Philippe Noble mise en scène Jean-Claude Fall Une vie bouleversée d’après Une vie bouleversée d’Etty Hillesum traduction française de Philippe Noble mise en scène Jean-Claude Fall conception et interprétation Roxane Borgna création vidéo Laurent Rojol chorégraphie Mitia Fedotenko création sonore Eric Guenou avec la collaboration de Serge Monségu Les photographies présentes dans la création vidéo sont l’œuvre de Marie Rameau. 8salle Copi du mardi au samedi 20 h 30 dimanche 16 h 30 8rencontre avec l’équipe de création, dimanche 29 mai après la représentation Renseignements et réservations - tél. 01 43 28 36 36 - billetterie en ligne : www.la-tempete.fr Etty Hillesum, jeune femme juive néerlandaise, s’engage en 1941 comme assistante sociale au camp de Westerbork et devient le “cœur pensant de la baraque”. Mais où trouvait-elle la force de faire face à la détresse des uns, de faire front à l’ignominie des autres, avec cet inébranlable sentiment de confiance dans la Vie ? Entre théâtre et performance, le spectacle se veut art actif, soit le partage d’une expérience : celui du choc ressenti face à une telle puissance de vie et d’affirmation. « Ce matin, je m’enchantais du vaste horizon que l’on découvre aux lisières de la ville et je respirais l’air frais qu’on ne nous a pas encore rationné. Partout des pancartes interdisaient aux juifs Contacts du spectacle 8administration / production La Manufacture - Cie Jean-Claude Fall : Myriam Gerbaix - tél. 04 99 58 13 73 - [email protected] - www.jeanclaudefall.com Avec vos élèves... les petits chemins menant dans la nature. Mais au-dessus de ce bout de route qui nous reste ouvert, le ciel s’étale tout entier. On ne peut rien nous faire, vraiment rien. Partout où © photo Marc Ginot 26 mai > 5 juin 2016 le ciel s’étend on est chez soi. En tout lieu de cette terre on est chez soi, lorsqu’on porte tout en soi. Les autres peuvent nous dépouiller de nos biens matériels, nous enlever notre liberté de mouvement, mais c’est nous-mêmes qui nous privons de nos meilleures forces, en nous sentant persécutés, humiliés, opprimés, en éprouvant de la haine, en crânant pour cacher notre peur. » Nous pouvons organiser une rencontre avec l’équipe artistique, à l’issue de la représentation. Contact Amandine Lesage : tél. 01 43 28 36 36 - [email protected] Jean-Claude Fall Directeur de compagnie, il crée en 1982 le Théâtre de la Bastille qu’il dirigera jusqu’en 1988, consacrant ce lieu à la création et à l’émergence théâtrale et chorégraphique. De 1989 à1997, il dirige le Théâtre GérardPhilipe de Saint-Denis ; y crée les festivals Africolor et Enfantillages ; accueille et coproduit des compagnies en résidence : celles de S. Nordey, C. Anne et A. Caubet. De 1998 à 2009, il dirige le Théâtre des Treize Vents à Montpellier. Il crée une troupe de comédiens permanents et accueille en résidence J.-M. Bourg, M. Aubert, J. Bouffier. En 2010 il crée sa compagnie « La Manufacture – Compagnie Jean-Claude Fall ». Il a mis en scène notamment Tchekhov, S. Beckett, B. Brecht, Sénèque, Gorki, Kafka, T. Williams…, et les auteurs contemporains : J.-L. Lagarce Le Voyage de Mme Knipper vers la Prusse orientale ; P. Handke Par les villages ; H. Müller, B. Chartreux et J. Jourdheuil, E. Mann, J. Fosse, F. Mitterer, E. Darley, F. Richter… Il a récemment présenté au Théâtre de la Tempête Belle du Seigneur d’après A. Cohen et Tête d’Or de P. Claudel. Roxane Borgna Formation à l’Ecole Florent et au Conservatoire régional de Montpellier. Comédienne permanente au Théâtre des Treize Vents de 2000 à 2010. Elle a joué sous la direction de Jean-Claude Fall L’Opéra de quat’sous de Brecht, Les Trois Sœurs de Tchekhov, La Décision de Brecht, Dors mon petit enfant de J. Fosse, Péchés mortels de F. Mitterer, Histoires de famille de B. Srbljanović, Jean la chance de B. Brecht, Richard III de Shakespeare, Ulyssindbad de Kalogeropoùlou, Famille d’artistes de Kostzer et Arias ; Benoît Vitse Lunaria de Consolo, Les Gros Chagrins de Courteline, Dadaland de B. Vitse ; R-M. Leblanc Ma Solange de N. Renaude, Bobby Fischer vit à Pasadena de L. Norén, Phèdre de Racine, Le Malade imaginaire de Molière, Belle du Seigneur d’après Albert Cohen. L’itinéraire d’Esther « Etty » Hillesum est celui d’une femme sensuelle et moderne qui, en se laissant transformer par l’amour des hommes et les événements du monde, est devenue un être éminemment libre. Le feu intérieur de cette jeune femme juive hollandaise, qui se proposait d’“aider Dieu” au sein de l’enfer des camps, a quelque chose à nous dire de la liberté et de la bonté qui habitent ceux qui consentent à dire “oui” à la vie, quelle qu’elle soit, à dire “oui” malgré tout. Elle œuvra pendant plus d’un an dans le camp de détention de Westerbork comme assistante sociale volontaire auprès des réfugiés juifs (elle s’y sent plus “utile” qu’ailleurs). Déportée anonyme avec ses parents et l’un de ses frères, elle est embarquée le 7 septembre 1943 dans un convoi de 987 personnes et meurt à Auschwitz à l’âge de 29 ans le 30 novembre 1943. Elle laisse derrière elle onze petits cahiers à spirale, confiés à une amie, et des centaines de lettres écrites, qui sont devenus, quarante après sa mort, son inoubliable et unique ouvrage posthume : Une vie bouleversée. Une vie bouleversée Etty hillesum a 27 ans lorsqu’elle commence la rédaction de son journal. Elle veut devenir écrivain. Elle est juive. En 1941. Ces « confessions » constituent un formidable témoignage d’accomplissement, depuis les enthousiasmes juvéniles jusqu’à l’épanouissement d’une âme forte et stable : Etty choisit de demeurer au camp où séjournent les siens. Ce journal, c’est aussi une suite d’exercices de philosophie pratique pour apprendre à vivre libre : un être se découvre, se dévoile sous nos yeux, ose se raconter, se livrer… La force intérieure qu’Etty Hillesum se construit l’amène à une posture où le monde intérieur est plus fort que la situation qui l’entoure. Cette parole n’est ni sombre ni dépressive ; au contraire, en sondant l’ère intérieure des êtres, c’est l’énergie, la lumière et la joie qui jaillissent. Si cette parole a pu naître en ce temps-là, alors elle est de tous les temps. Je veux dire ses mots. Partager l’expérience du verbe comme une expérience physique. • Roxane Borgna « on a bien le droit d’être triste et abattu, de temps en temps, par ce qu’on nous fait subir ; c’est humain et compréhensible. Mais moi je trouve la vie belle et je me sens libre. En moi des cieux se déploient aussi vastes que le firmament. Je crois en Dieu et je crois en l’homme ! j’ose le dire sans fausse honte. Il faut commencer par « prendre au sérieux son propre sérieux », Travailler à soi-même. Ce n’est pas faire preuve d’individualisme. Si la paix s’installe un jour, elle ne pourra être authentique que si chaque individu fait la paix en lui-même, extirpe tout sentiment de haine pour quelque race ou quelque peuple que ce soit, ou bien domine cette haine et la change en autre chose, peut-être même en amour. C’est la seule solution. Je suis une femme heureuse et je chante les louanges de cette vie, oui, en l’an 1942, la énième année de guerre. » • Etty Hillesum 10 juin 2016 19 juin Diasporama Le Professeur Zbigmund revient de la Bible Diasporama Le Professeur Zbigmund revient de la Bible conception et interprétation Zbigniew Horoks distribution en cours… conception et interprétation Zbigniew Horoks 10 >19 juin 2016 8salle Copi du mardi au samedi 20 h 30 dimanche 16 h 30 durée 1 h 30 8rencontre avec l’équipe de création, mardi 14 juin 2016 après la représentation Renseignements et réservations - tél. 01 43 28 36 36 - billetterie en ligne : www.la-tempete.fr « Ce ne fut pas une décision facile. Créer l’univers ou ne pas créer l’univers. Si oui, où, puisqu’il n’y avait nulle part où le créer ? » C’est Dieu qui parle, bien sûr… Ainsi commence la conférence – en diasporama – du professeur Zbigmund, de retour de la Bible, avec ses récits, ses révélations. En bon pédagogue, il démontre par l’expérience ; en homme du spectacle, il illustre par des scènes et des dialogues : iconoclaste certes, mais suffisamment instruit pour être insolent avec pertinence. D’aucuns diront : pure blague ; d’autres puiseront quelques graines de sagesse, mais tous peuvent partager le plaisir d’une réflexion rieuse. « Mesdames et Messieurs, il y a quarante a habité sous la tente successivement avec les ans, les plus âgés d’entre nous s’en sou- patriarches Abraham, Isaac, Jacob, partagé le viennent, le Professeur Zbigmund, par une quotidien de Joseph, dans le palais de Ramses II ; incroyable équation du Temps et de l’Espace, il a traversé le désert avec les Hébreux. est parti dans la Genèse. Oui, vous avez bien entendu, Mesdames et Messieurs, dans la Genèse quand Dieu a donné à Moïse les tables de la de l’Ancien Testament. Loi, sur le Mont Sinaï. Incroyable mais pourtant Mesdames et messieurs, le Professeur vrai : Humains du monde entier, le Professeur Zbigmund revient de la Bible ! Il était présent Zbigmund est de retour. Ne manquez pas ce au moment de la création du monde, il était rendez-vous avec l’histoire, avec la préhistoire, présent lors de la fabrication d’Adam et Eve, il avec notre histoire… » Mesdames et Messieurs, il était présent a assisté au meurtre d’Abel par son frère Caïn, il a survécu au déluge, Mesdames et Messieurs, il Avec vos élèves... Extrait du spectacle Nous pouvons organiser une rencontre avec l’équipe artistique, à l’issue de la représentation. Contact Amandine Lesage : tél. 01 43 28 36 36 - [email protected] Zbigniew Horoks A notamment joué au théâtre avec : Colin Harris Soufflé au clown ; Antoine Vitez La Jalousie du barbouillé de Molière et Hamlet de W. Shakespeare ; Mehmet Ulusoy Le Cercle de craie caucasien de B. Brecht, Dans les eaux glacées du calcul égoïste de M. Ulusoy et Topor-Party d’après R. Topor ; Didier Patard Bernard est mort de D. Soulier ; Daniel Soulier Lewis, Carroll et Alice d’après L. Carroll et Le Vent dans les saules d’après K. Grahame ; William Mesguich Monsieur Septime, Solange et la Casserole de Ph. Fenwick, La Veuve, la Couturière et la Commère de Ch. Escamez et La Vie est un songe d’après P. Calderón de la Barca ; Daniel Mesguich Du cristal à la fumée de J. Attali et Hamlet de W. Shakespeare ; Pauline Bureau La Meilleure Part des hommes d’après T. Garcia… A adapté et mis en scène Enfants, n’oubliez jamais de regarder les étoiles… d’après J. Korczak. Les maîtres connaissent toujours et depuis toujours l’humour, on peut même dire qu’ils savent que, sans lui, n’existe pas la distance nécessaire, le recul pour pénétrer leur théorie, leur pensée. Le premier inventeur de l’humour, c’est Dieu lui-même et nous en ferons la démonstration. Les fameuses blagues juives sont une mise à disposition, une vulgarisation de la Torah et du Talmud : Dieu est un juif, et comme tel, il sait se moquer de lui-même. On prête à Desproges l’idée qu’on peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui. Le fait que je sois issu de la culture juive me protègera, je l’espère, de toute attaque. En revanche, je fais le pari que ce rire, je peux le partager avec tout le monde. En ces temps, à la fois férocement matérialistes, mais aussi de crispation intégriste, il est urgent de ne pas laisser les textes fondateurs aux religieux. Ma devise : faire rire, mais pas aux dépens… « J’ai peut-être ri, mais cela fait partie de l’amour » (Kafka). Musique Klezmer et danses accompagnent le narrateur, Auguste flanqué de son clown blanc, le directeur de la salle de conférence : saynètes, exégèses… Un exemple ? Quand le texte dit « Jacob connut Rachel », je développe et j’imagine une courte scène. Ou quand le texte dit d’Adam et Eve : « Ils connurent qu’ils étaient nus », je mets en scène les quelques premières minutes de leur trouble… - Si ça se trouve, le public retiendra principalement vos blagues. Y en a qui vont dire : l’histoire de la Bible : bof ! Heureusement qu’il y avait les blagues. - Vous n’avez sans doute pas compris que les blagues talmudiques du Professeur Zbigmund sont une émanation de la pensée juive, un commentaire parabolique du Talmud, une façon populaire de divulguer la pensée rabbinique. Une façon aussi d’autocritique, remettant en cause la doxa, et montrant justement que les textes euxmêmes sont contradictoires… • Zbigniew Horoks La Genèse raconte la manière insolite dont naquit le peuple hébreu. Lorsque Dieu annonça une naissance à Sarah, celle-ci n’en crut pas ses oreilles. « Sarah rit en elle-même, disant : Flétrie par l’âge, ce bonheur me serait réservé ! et mon époux est un vieillard ! » (Berechit, 18.12). « Le Seigneur dit à Abraham : Pourquoi Sarah a-t-elle ri, disant ‘ Eh quoi ! En vérité, j’enfanterais, âgée que je suis ! ’ Est-il rien d’impossible au Seigneur ? Au temps fixé, à pareille époque, je te visiterai, et Sarah sera mère » (Berechit, 18.13, 14). Ainsi naquit Isaac, l’enfant improbable, qui doit son nom Il rira au rire incrédule de Sarah. Enfant deux fois « improbable » peut-être, puisque, de surcroît, il s’agira ultérieurement d’un enfant « réchappé » de l’épreuve sacrificielle à laquelle Dieu soumet Abraham, en lui réclamant l’offrande de son fils. Dérision et improbabilité deviennent ainsi les traits originaires scripturaux, gravés dans la chair spirituelle de la descendance d’Isaac… • Gérard Rabinovitch L’humour juif est à la mesure ou à la démesure du judaïsme qui ne prêche rien moins qu’un Dieu des dieux et présume d’une élection dont nul n’a encore vu les avantages. Il guette la désillusion que réserve une illusion aussi grandiose. On attend une reconnaissance - qui ne vient pas -, un Messie - qu’on ne reconnaît pas. Dans l’attente du salut, on n’a que des calamités. D’un côté, l’absolu ; de l’autre, le dérisoire. D’un côté, l’éternité ; de l’autre, l’éphémère. D’un côté, la pureté ; de l’autre, l’impureté. D’un côté, la sagesse ; de l’autre, le crétinisme. D’un côté, ce monde ; de l’autre, le monde à venir. En définitive, Dieu n’est pas si divin qu’il le prétend, ses ministres ne se montrent pas toujours à la hauteur et l’individu est plutôt mal loti. Dieu se dérobe, Dieu s’est dérobé… On ne le renie pas pour autant ; il faudrait plus ou mieux que lui. On reste avec un Dieu éclaté, et l’être n’en est que plus éclaté, la pensée aussi… On nous a promis un destin remarquable et nous végétons dans l’incompréhension la plus totale. C’est une telle dissonance que nous en rions plutôt que d’en pleurer. L’humour juif est une manière de déchanter sans démissionner. Peut-être parce que l’espoir, chez le Juif, est post-désespoir et que si sa condition recouvre, malgré tout, un vibrant assentiment à la vie, c’est parce que rien ne serait plus désespérant que le désespoir. Le rire dilue le pleur ; le pleur dissout le rire. L’humour serait à la croisée de l’un et de l’autre. • Ami Bouganim