membre réseau ASTREDHOR Les Ichneumonides, ennemis naturels des chenilles DESCRIPTION Insectes élancés, ils volettent dans la végétation dense des haies en faisant vibrer leurs longues antennes à la recherche d’un hôte décelable à son odeur. Ce sont des hyménoptères classés dans la super-famille des Ichneumonoidea (lire « lchneumonidés »). Les Ichneumonides constituent une des plus vastes familles d’insectes avec plus de 60 000 espèces répertoriées dans le monde dont environ 3 000 en France. Ces insectes sont avant tout des entomophages, utilisés depuis longtemps par les sylviculteurs. Comme chez l’ensemble des insectes, les adultes ont un corps composé de trois parties : tête, thorax et abdomen. Ils sont caractérisés par un net étranglement entre le thorax et l'abdomen. Les femelles possèdent un ovipositeur mais n’ont pas d'aiguillon. Leur taille comprise entre 5 et 20 mm, est généralement de 10 mm. La tête de forme ovale porte les yeux composés, dorsalement les ocelles, latéralement les antennes longues de 16 articles au moins et ventralement les pièces buccales. Chaque segment thoracique porte une paire de longues pattes, et les ailes sont portées par le méso et le métathorax. La membrane de l’aile est soutenue par des lignes sclérifiées appelées nervures. Les Ichneumonides sont caractérisés par la présence au niveau de la nervation de l’aile antérieure d’une ères cellule résultant de la fusion des 1 cellules submarginale et ème discoïde, d’une 2 cellule submarginale de taille très réduite (=aréolet), de la présence d’une nervure transverse 2m-cu présente, et de l’absence d’une cellule costale (Schéma 1). Photo 1 : Vue d’ensemble d’un ichneumon Diadegma mollipla habitus parasitoïde de la teigne des crucifères Plutella xylostella (source : Gérard Delvare Cirad) Dès 1876 les Ichneumonides sont reconnus comme d’importants ennemis naturels des ravageurs forestiers tels que les chenilles de tordeuses (lépidoptères) ou les larves de Buprestes (coléoptères) dont leur rôle est complémentaire au pigeon Ramier (Mongenor, 1911). En 1913, l’expert forestier A. Barbey écrivait «Ce sont bien les Ichneumons qui sont les meilleurs auxiliaires naturels des forestiers, et l'histoire de la lutte contre les Lépidoptères phytophages prouve que leur concours a toujours été fort apprécié ». Les Ichneumonidea constituent une famille très diversifiée appartenant aux Térébrants. La plupart des espèces sont des parasitoïdes d’insectes ravageurs et ainsi présentent un intérêt économique non négligeable, notamment dans le contrôle des populations de chenilles défoliatrices et de tordeuses. Ces parasitoïdes peuvent agir efficacement dans les cultures florales sans créer de dommage. Source : Schéma 1 : nervation caractéristique d’une aile antérieure d’ichneumon (source : Gérard Delvare Cirad) L’abdomen est relié au thorax par un pétiole bien distinct suffisamment étroit pour doter l’insecte parasitoïde d’une impressionnante capacité de torsion nécessaire lors de la ponte. Le pétiole sépare le thorax du reste de l’abdomen, que l’on appelle gaster. Chaque segment du gaster est formé de deux sclérites. Les derniers segments portent les pièces génitales. Chez les femelles se sont trois paires de valves dont les dernières abritent les stylets permettant de pénétrer dans l’hôte et un ovipositeur. L’ensemble est aussi appelé tarière qui est parfois très longue. Financement : Action pilotée par le ministère en charge de l’agriculture, avec l’appui financier de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques, par les crédits issus de la redevance pour pollutions diffuses attribués au financement du plan Ecophyto 2018 BIOLOGIE ET COMPORTEMENT Les Ichneumonidés sont des parasitoïdes qui ont besoin d’organismes vivants d’une autre espèce pour se reproduire. Généralement ils recherchent un insecte peu mobile donc phytophage. A terme l’hôte choisi est voué à disparaître dans un délai relativement court. Ce sont des insectes holométaboles qui passent par une métamorphose complète. chenilles sont très utiles notamment dans la lutte contre la tordeuse de l’œillet Cacoecimorpha pronubana. Liste d’Ichneumonides d’importance agronomique : Espèces Amblyteles armatorius Ctenochares bicolorus Ichneumon stramentor Ichneumon suspiciosus Hôte Cultures Noctuelles Diverses Chrysodeixis chalcites (noctuelle) Diverses Noctuelles Diverses Noctuelles Diverses Ophion luteus Chenilles diverses Florales et arbustives Pimpla instigator Piéride du chou Crucifères : giroflée Membres de la sous famille des Pimplinae Larves de lépidoptère et symphytes (mouches à scie) Rosacées : aubépines, saule Protichneumon pisorius Chenille du Sphinx Hyposoter didymator Noctuelles défoliatrices Arbres et arbustes : laurier rose… Maïs, cultures maraichères, luzerne Membres de la sous famille des Orthocentrinae Micro-lépidoptères, diptères (Sciarides) Cultures florales avec mouches des terreaux Hyposoter didymator mâle (en haut) et femelle (en bas); la femelle à sa tarière de ponte à l'extrémité de l'abdomen (photo K. Gibard INRA Montpellier 2010) L’œuf toujours immobile peut être, selon l’espèce d’ichneumon, déposé sur la chenille vivante (ectoparasite) ou pondu à l’intérieur (endoparasite). Ce sont généralement des parasitoïdes solitaires avec un seul œuf pondu par hôte. Chez les Eucerotinae, cette sous-famille pond ses œufs sur les feuilles et les larves, qui en sont issues, attendent la venue d'une chenille de Lépidoptère ou de Symphyte pour la parasiter. La larve est différente de l’adulte. Bien qu’active, elle est dépourvue d’ailes et ne fait que grandir sans changement de forme en consommant les organes de son hôte. Elle passe par trois stades larvaires, en général, séparés par des mues. A la fin du dernier stade larvaire, elle s’immobilise protégée dans son hôte ou sort de son hôte pour tisser un cocon protecteur. Elle va ensuite passer au stade nymphal préparatoire de la métamorphose en adulte. L’insecte hôte n’est généralement tué qu’à la fin du développement du parasitoïde, mais sa croissance et sa prise alimentaire sont considérablement réduites. De g. à d. : Ctenochares bicolorus parasitoïde de Chrysodeixis chalcites (photo A. Peuch) ; Ichneumon stramentor qui hiverne sur mimosa (photo D. Guedon) et Amblyteles armatori parasitoïde de diverses chenilles (source www.aramel.free) L’adulte (ou imago) est le stade actif et reproducteur. Les individus mâle ou femelle s’accouplent, s’alimentent de pollens et de nectar. La femelle pond ou parasite des hôtes. De nombreux genres de la sous famille des Ichneumonides sont des endoparasitoïdes de Lépidoptères. Les hôtes les plus courants des ichneumonidés sont des larves ou des nymphes de Lépidoptères et de Coléoptères. Les ectoparasites de Pseudoamblyteles homocerus femelle nettoyant ses antennes après avoir pondu sur une chenille (photos J.C.Bernard) UN ALLIE A FAVORISER Les Ichneumonidés ne sont pas des auxiliaires de lutte en cas d’attaque des cultures, mais ils peuvent être considérés comme des auxiliaires secondaires participant à la réduction de la pression lépidoptère dans l’environnement des cultures. Comme les sylviculteurs, on évitera le débroussaillage intensif afin de préserver les niches naturelles pour l’hivernation des ichneumonidés adultes au mieux à proximité des cultures. Pour exemple, Chasmias lugens et Ichneumon suspiciosius hivernent sous les écorces de pins abattus. Pour certaines espèces l'hivernation se fait dans le sol humide et l'humus épais que les adultes d’ichneumons peuvent occuper par leur proie. A la sortie de l’hivernation, ils recherchent le pollen comme Ichneumon stramentorius bien visible en mars sur mimosa ou comme I. tuberculipes sur l’inflorescence d’Angélique. L’espèce Amblyteles armatorius hiverne dans les grottes et l’été, elle volette sur les ombellifères. Quelques aménagements des espaces verts autour des cultures devraient contribuer au maintien de ces ennemis naturels des chenilles à savoir : des plantes à pollens, des bandes fleuries avec plantes nectarifères, des haies à végétation dense, des zones humides, riches en matière organique et quelques amas de bois ou d’écorce de pins. Sources bibliographiques : BARBEY A., 1913. Traité d’entomologie forestière. Expertise forestière et correspondance étrangère pour la Société nationale d’agriculture forestière. CHINERY, M., 1986. Insectes de France et d’Europe occidentale. Ichneumonoidea p. 230. Ed. Arthaud. 320 pages. DELVARE G, 2009. Reconnaissance des auxiliaires : les hyménoptères parasitoïdes en vue de leur utilisation en lutte biologique et intégrée. ENSAM SUP-AGRO Montpellier 17 et 18 novembre 2009.