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Source : Financement :
Action pilotée par le ministère en charge de l’agriculture, avec l’appui financier de l’Office national de l’eau et
des milieux aquatiques, par les crédits issus de la redevance pour pollutions diffuses attribués au financement du
plan Ecophyto 2018
Les Ichneumonides, ennemis naturels des chenilles
Insectes élancés, ils volettent dans la végétation dense des
haies en faisant vibrer leurs longues antennes à la recherche
d’un hôte décelable à son odeur. Ce sont des hyménoptères
classés dans la super-famille des Ichneumonoidea (lire
« lchneumonidés »). Les Ichneumonides constituent une des
plus vastes familles d’insectes avec plus de 60 000 espèces
répertoriées dans le monde dont environ 3 000 en France. Ces
insectes sont avant tout des entomophages, utilisés depuis
longtemps par les sylviculteurs.
Photo 1 : Vue d’ensemble d’un ichneumon Diadegma mollipla
habitus parasitoïde de la teigne des crucifères Plutella
xylostella (source : Gérard Delvare Cirad)
Dès 1876 les Ichneumonides sont reconnus comme
d’importants ennemis naturels des ravageurs forestiers tels que
les chenilles de tordeuses (lépidoptères) ou les larves de
Buprestes (coléoptères) dont leur rôle est complémentaire au
pigeon Ramier (Mongenor, 1911). En 1913, l’expert forestier A.
Barbey écrivait «Ce sont bien les Ichneumons qui sont les
meilleurs auxiliaires naturels des forestiers, et l'histoire de la
lutte contre les Lépidoptères phytophages prouve que leur
concours a toujours été fort apprécié ».
Les Ichneumonidea constituent une famille très diversifiée
appartenant aux Térébrants. La plupart des espèces sont des
parasitoïdes d’insectes ravageurs et ainsi présentent un intérêt
économique non négligeable, notamment dans le contrôle des
populations de chenilles défoliatrices et de tordeuses. Ces
parasitoïdes peuvent agir efficacement dans les cultures
florales sans créer de dommage.
DESCRIPTION
Comme chez l’ensemble des insectes, les adultes ont un corps
composé de trois parties : tête, thorax et abdomen. Ils sont
caractérisés par un net étranglement entre le thorax et
l'abdomen. Les femelles possèdent un ovipositeur mais n’ont
pas d'aiguillon. Leur taille comprise entre 5 et 20 mm, est
généralement de 10 mm.
La tête de forme ovale porte les yeux composés, dorsalement
les ocelles, latéralement les antennes longues de 16 articles au
moins et ventralement les pièces buccales.
Chaque segment thoracique porte une paire de longues pattes,
et les ailes sont portées par le méso et le métathorax. La
membrane de l’aile est soutenue par des lignes sclérifiées
appelées nervures. Les Ichneumonides sont caractérisés par la
présence au niveau de la nervation de l’aile antérieure d’une
cellule résultant de la fusion des 1
ères
cellules submarginale et
discoïde, d’une 2
ème
cellule submarginale de taille très réduite
(=aréolet), de la présence d’une nervure transverse 2m-cu
présente, et de l’absence d’une cellule costale (Schéma 1).
Schéma 1 : nervation caractéristique d’une aile antérieure
d’ichneumon (source : Gérard Delvare Cirad)
L’abdomen est relié au thorax par un pétiole bien distinct
suffisamment étroit pour doter l’insecte parasitoïde d’une
impressionnante capacité de torsion nécessaire lors de la
ponte. Le pétiole sépare le thorax du reste de l’abdomen, que
l’on appelle gaster. Chaque segment du gaster est formé de
deux sclérites.
Les derniers segments portent les pièces génitales. Chez les
femelles se sont trois paires de valves dont les dernières
abritent les stylets permettant de pénétrer dans l’hôte et un
ovipositeur. L’ensemble est aussi appelé tarière qui est parfois
très longue.
BIOLOGIE ET COMPORTEMENT
Les Ichneumonidés sont des parasitoïdes qui ont besoin
d’organismes vivants d’une autre espèce pour se reproduire.
Généralement ils recherchent un insecte peu mobile donc
phytophage. A terme l’hôte choisi est voué à disparaître dans
un délai relativement court. Ce sont des insectes
holométaboles qui passent par une métamorphose complète.
Hyposoter didymator mâle (en haut) et femelle (en bas); la
femelle à sa tarière de ponte à l'extrémité de l'abdomen (photo
K. Gibard INRA Montpellier 2010)
L’œuf toujours immobile peut être, selon l’espèce d’ichneumon,
déposé sur la chenille vivante (ectoparasite) ou pondu à
l’intérieur (endoparasite). Ce sont généralement des
parasitoïdes solitaires avec un seul œuf pondu par hôte. Chez
les Eucerotinae, cette sous-famille pond ses œufs sur les
feuilles et les larves, qui en sont issues, attendent la venue
d'une chenille de Lépidoptère ou de Symphyte pour la parasiter.
La larve est différente de l’adulte. Bien qu’active, elle est
dépourvue d’ailes et ne fait que grandir sans changement de
forme en consommant les organes de son hôte. Elle passe par
trois stades larvaires, en néral, séparés par des mues. A la
fin du dernier stade larvaire, elle s’immobilise protégée dans
son hôte ou sort de son hôte pour tisser un cocon protecteur.
Elle va ensuite passer au stade nymphal préparatoire de la
métamorphose en adulte. L’insecte hôte n’est généralement tué
qu’à la fin du veloppement du parasitoïde, mais sa
croissance et sa prise alimentaire sont considérablement
réduites.
De g. à d. : Ctenochares bicolorus parasitoïde de Chrysodeixis
chalcites (photo A. Peuch) ; Ichneumon stramentor qui hiverne
sur mimosa (photo D. Guedon) et Amblyteles armatori
parasitoïde de diverses chenilles (source www.aramel.free)
L’adulte (ou imago) est le stade actif et reproducteur. Les
individus mâle ou femelle s’accouplent, s’alimentent de pollens
et de nectar. La femelle pond ou parasite des hôtes.
De nombreux genres de la sous famille des Ichneumonides
sont des endoparasitoïdes de Lépidoptères. Les hôtes les plus
courants des ichneumonidés sont des larves ou des nymphes
de Lépidoptères et de Coléoptères. Les ectoparasites de
chenilles sont très utiles notamment dans la lutte contre la
tordeuse de l’œillet Cacoecimorpha pronubana.
Liste d’Ichneumonides d’importance agronomique :
Espèces Hôte Cultures
Amblyteles
armatorius Noctuelles Diverses
Ctenochares
bicolorus Chrysodeixis
chalcites (noctuelle) Diverses
Ichneumon
stramentor Noctuelles Diverses
Ichneumon
suspiciosus Noctuelles Diverses
Ophion luteus Chenilles diverses Florales et arbustives
Pimpla instigator Piéride du chou Crucifères : giroflée
Membres de la sous
famille des
Pimplinae
Larves de
lépidoptère et
symphytes
(mouches à scie)
Rosacées : aubépines,
saule
Protichneumon
pisorius Chenille du Sphinx Arbres et arbustes :
laurier rose…
Hyposoter didymator
Noctuelles
défoliatrices Maïs, cultures
maraichères, luzerne
Membres de la sous
famille des
Orthocentrinae
Micro-lépidoptères,
diptères (Sciarides) Cultures florales avec
mouches des terreaux
Pseudoamblyteles
homocerus femelle nettoyant ses antennes après avoir pondu
sur une chenille (photos J.C.Bernard)
UN ALLIE A FAVORISER
Les Ichneumonidés ne sont pas des auxiliaires de lutte en cas
d’attaque des cultures, mais ils peuvent être considérés comme
des auxiliaires secondaires participant à la réduction de la
pression lépidoptère dans l’environnement des cultures.
Comme les sylviculteurs, on évitera le débroussaillage intensif
afin de préserver les niches naturelles pour l’hivernation des
ichneumonidés adultes au mieux à proximité des cultures. Pour
exemple, Chasmias lugens et Ichneumon suspiciosius
hivernent sous les écorces de pins abattus. Pour certaines
espèces l'hivernation se fait dans le sol humide et l'humus épais
que les adultes d’ichneumons peuvent occuper par leur proie. A
la sortie de l’hivernation, ils recherchent le pollen comme
Ichneumon stramentorius bien visible en mars sur mimosa ou
comme I. tuberculipes sur l’inflorescence d’Angélique. L’espèce
Amblyteles armatorius hiverne dans les grottes et l’été, elle
volette sur les ombellifères.
Quelques aménagements des espaces verts autour des
cultures devraient contribuer au maintien de ces ennemis
naturels des chenilles à savoir : des plantes à pollens, des
bandes fleuries avec plantes nectarifères, des haies à
végétation dense, des zones humides, riches en matière
organique et quelques amas de bois ou d’écorce de pins.
Sources bibliographiques :
BARBEY A., 1913. Traité d’entomologie forestière. Expertise forestière et
correspondance étrangère pour la Société nationale d’agriculture forestière.
CHINERY, M., 1986. Insectes de France et d’Europe occidentale.
Ichneumonoidea p. 230. Ed. Arthaud. 320 pages.
DELVARE G, 2009. Reconnaissance des auxiliaires : les hyménoptères
parasitoïdes en vue de leur utilisation en lutte biologique et intégrée. ENSAM
SUP-AGRO Montpellier 17 et 18 novembre 2009.
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